La mère indigne (suite…)

Donc la première mésaventure de Cendrillon fut close sur un : « Tu es contente hein ? Tu as gagné ! Si il y a une chose qui est certaine c’est que les joints c’est plus jamais ! J’espère que tu as compris !« .

Sauf qu’elle n’allait pas tenir parole. De 6 ans plus âgée que sa soeur, elle débuta ses études supérieures avec plusieurs handicaps :

  • Un mère pas marrante du tout d’où son surnom de marâtre (elle en parlait toujours comme cela il y a deux ans)
  • Une petite soeur préférée et ultra gâtée, ce qui la poussait elle, à se dépasser et parfois à oublier qu’il lui fallait se dépasser.
  • Un père prof dans son IUT, impossible de falsifier les notes ou autres
  • Les parents se détestant cordialement depuis leur divorce 12 ans plus tôt et l’arrivée d’une demie-soeur chez le père elle aussi chouchou gâté.

Cendrillon était plutôt branchée math, chimie et autres joyeusetés généralement plus masculines (si si, c’est la raison pour laquelle certaines sections très scientifiques sont une mine à mecs pour les filles).

Cendrillon se dirigea vers le « génie chimique » (qui vaut mieux que le génie militaire) et fit la connaissance de Bob qui allait devenir son mari. Et Bob, lui, les joints, il en fumait souvent, pas trop mais, assez pour que Cendrillon y goûte à nouveau sans être malade.

Elle incrimina donc des tomates moisies pour son malaise vieux de 4 ans et Bob et elle réussirent à se procurer un plan de cannabis lorsqu’ils s’installèrent ensembles, hélas, non loin de chez la marâtre qui, finançant le deux pièces exigeait d’en avoir la clef (je me vois m’introduire chez les filles en leur absence, cela ne me viendrait même pas à l’esprit).

Et donc le cannabis prospérait grandement.

  • « Vous avez une plante verte admirable dans votre salon » déclara un jour le furoncle la marâtre
  • « D’ailleurs je vous en ai pris une branche, je vais essayer de la bouturer »
  • « Ca s’appelle comment ? Jamais vu ça chez Jardineyland »
  • « C’est joli, et touffu, et tout et tout ».

Bob marmonna un nom en « um » et « us » pour faire savant, et s’en alla faire le café. Cendrillon, elle, ne connaissait bien évidemment pas le nom de la plante qu’une copine très sympa lui avait ramenée d’Amsterdam offerte pour son anniversaire.

Et puis la marâtre constata au fil de ses visites officielles ou officieuses, que la plante périclitait. Elle perdait anormalement ses feuilles, malgré un arrosage lui semblant correct, alors que chez elle la bouture prospérait. Feuilles d’ailleurs dont on ne retrouvait jamais les cadavres sur la moquette, elle pouvait féliciter sa fille pour sa conscience à bien passer l’aspirateur tous les jours…

Elle leur apporta même de l’engrais dont ils se débarrassaient à petite dose dans l’évier pour faire croire qu’ils s’en servaient. On ne sait jamais l’engrais, à fumer c’est peut-être redoutable…

Et le cannabis termina sa vie déplumé, malgré l’engrais, des soins constants, et même la marâtre qui venait lui mettre de la musique de temps à autre puisqu’il paraît que les plantes aiment la musique… (ça doit être pour ça que mon ficus survit dans l’entrée…)

Et la revanche de Cendrillon était toute prête : elle avait encore la clef du domicile maternel (comme beaucoup d’enfants qui se respectent), et la plante verte qui prospérait si bien chez sa mère, commença à perdre ses feuilles aussi. Le dilemne était grave car ils étaient quasi certains de fumer AUSSI de l’engrais, mais bon… le raisin est sulfaté à y bien réfléchir et ça ne les empêchait pas de boire du vin…

Feuilles qui disparaissaient également, et la marâtre d’en chercher les cadavres partout (bien fait !). Jusqu’au jour où elle ne retrouva que les branches sans rien comprendre : plante verte morte, pas de feuilles mortes par terre…

Je n’ai pas tout compris (faisaient-ils sécher les feuilles encore vertes ou avaient-ils un moyen pour qu’elle sèchent sur pied, je suis nulle dans la culture et l’utilisation du cannabis).

L’affaire dura 2 ans. Puis Cendrillon et Bob décidèrent d’être parents une fois leurs études terminées et un travail trouvé, et là, plus royalistes que le roi, ils cessèrent alcool, cigarettes, et bien sûr cannabis ou tout autre truc malsain. Depuis la naissance de Jack, ils font la morale à tout le monde d’ailleurs, en ce qui concerne ce genre de produits, et ont même arrêté le café.

Rien n’est pire qu’un converti. Et les serments pathétiques donc, vous imaginez ce que j’en pense !

« Tu es contente hein ? Tu as gagné ! Si il y a une chose qui est certaine c’est que les joints c’est plus jamais ! J’espère que tu as compris ! »

D’un autre côté la marâtre n’en a rien su… et je trouve que c’est bien dommage…