Ma chienne… Part 1

Voilà ce que c’est que de trier des photos. J’y pense souvent mais là j’avais carrément les larmes aux yeux.

Elle s’appelait Chloé. C’était un berger belge malinois. C’est le chien que l’on voit de plus en plus souvent avec les forces de l’ordre, à la place du berger allemand…

Nous venions d’acheter notre maison, un peu isolée et je voulais un chien de garde. Pas n’importe quel chien rapport aux filles.

L’épagneul breton classique dans la famille était à exclure, tout au moins pour garder la maison : ceux de mes parents et de mon grand père ont toujours été du genre à faire une léchouille au cambrioleur ou à se mettre sur le dos pour se faire gratter le ventre par n’importe quel étranger. Le type de bête féroce qui part vers la grille ou le portail en aboyant férocement en remuant la queue de plaisir à l’idée qu’il y a une visite qui va changer de l’ordinaire…Je savais que le Colley s’entend très bien avec les enfants, mais sur le plan garde… Exit bien évidemment le dogue de Bordeaux, la mâtin de Naples ou autre molosse qui demandent un maître à poigne vraiment conséquente et d’acheter un semi remorque pour le trimballer avec le reste de la famille. Exit également le yorshire qui sur le plan « garde », ne me rassurait pas vraiment même s’il prend peu de place dans une voiture. Je n’étais pas chaude pour le berger allemand, sachant à l’époque qu’il y en avait plein de vendus sans certitude des origines, ce qui a posé pas mal de problèmes car certains étaient véritablement tarés ce qui a beaucoup nuit à la réputation des authentiques (j’avais une copine et son mari qui en avaient un super. Ils lâchaient la gamelle de soupe sur le sol de la cuisine, se précipitaient hors de la cuisine en refermant la porte en catastrophe, car le chien avait tenté d’en bouffer un rapport à sa gamelle… Autres joyeusetés : une fois sur deux le chien refusait de les laisser rentrer chez eux et ne supportait pas qu’ils se fassent un bisou : il sautait en mordant sur l’un OU l’autre). Moi me faire terroriser par un chien : hors de question. Me battre toute la journée aussi !

Jean-Poirotte nous conseilla un malinois. Je n’avais jamais entendu parler de cet animal là. D’après lui c’était idéal en famille, et vraiment rassurant sur le plan du gardiennage. Je commençais donc à enquêter sur le berger belge en général et le malinois en particulier. Pour finir par appeler un éleveur qui avait des chiots à vendre d’ici peu (comprendre que la chienne était vachement en cloque). Le prix de l’animal ne fit pas reculer Albert qui voulait également ce chien et je partis un beau jour avec ma soeur pour aller choisir ma chienne née la semaine précédente comme l’avait précisé l’éleveur qui m’avait appelée pour m’annoncer la bonne nouvelle (ma soeur se souvient d’ailleurs de cette expédition qui vous fera rire un jour, rappelez-le moi éventuellement…).

Pourquoi une chienne ? Parce que toute la famille en possession d’un chien avait une chienne. En cas d’absence et d’obligation de confier la bête c’était plus pratique. Oui, parfaitement, car une femelle en chaleur + un mâle = un long calvaire.

L’éleveur s’est dûment renseigné (il était temps, j’avais rejoint le nord de Paris depuis mon sud des Yvelines). Apparemment il n’était pas du genre à vendre son chien à n’importe qui, et cela me rassura. J’avais du terrain où le toutou chéri pourrait s’ébattre, je ne travaillais pas, la forêt était proche, nous avions l’habitude des chiens, je pouvais le rassurer sur sa vie à venir.

La première fois que je l’ai vue, la mère avait été enfermée de l’autre côté du grillage du chenil et m’impressionna par les dents qu’elle nous montrait : un vrai loup avec le sourire (le « peigne » comme disait mon pôpa). Une bonne mère, inquiète pour ses petits qui paraît-il faisait le même sourire à tout visiteur non attendu. J’ai eu du mal à croire que la bestiole qui tenait dans la main, aurait un jour cette tronche là.

Sur les 7 chiots de la portée, 4 femelles dont il m’avait choisi, d’après lui, la plus jolie (la plus charbonnée en fait). Elle avait son petit museau tout plat comme tous les chiots qui tètent encore, me renifla en pleurnichant et en couinant après sa mère. Je l’aurais bien embarquée tout de suite, mais c’était impossible. Le chiot a besoin de sa mère et d’apprendre les codes de la meute avec elle et ses frères et soeurs. Il faut attendre les 2 mois, c’est l’idéal.

L’éleveur avait bien senti que j’étais très intéressée par ce type de chien qui s’était endormie dans mon cou en me tétant l’oreille. J’étais prête à lui faire faire de l’agility, à la présenter à d’éventuels concours. En me documentant sur le malinois, j’avais découvert un monde extraordinaire, celui de l’élevage, des concours, car l’amour tout court de son animal, je connaissais déjà. Mais là, il s’agissait d’un autre chien que celui qui ravissait mon grand-père, mon père et mon frère : le chien de chasse (d’où l’épagneul breton dont un de mes ancêtres a contribué à créer la race)…

Restait à lui trouver un nom…

Le chien de garde (que nous gardons en fait…) (1)

skd186195sdcL’homme de l’art est tombé dans un piège qui n’était pas un PAC*, car à l’occasion de son anniversaire, son épouse avait projeté de lui faire la surprise de l’emmener faire l’Arctique en raquettes, ce qui était son rêve de toujours (et à elle donc…)

Nous avions été mis au courant à la Grande Motte, avant que papa ne nous prenne la tête avec son genou (je m’admire une fois de plus  :-))

Pourraient-ils garder le chien, Tibère, pendant une absence de 10 jours (j’ai dit l’Arctique), en gardant le secret puisque c’était une surprise ?

Evidemment la réponse a été » oui », malgré le fait que Tibère, cocker noir, soit un chien d’une dangerosité sans pareille et d’une férocité sans précédent.

Les circonstances étant ce qu’elles sont (je reprendrai la saga de Jean-Poirotte plus tard), et papa étant en maison de rééducation, c’est maman et moi qui avons pris livraison du fauve dimanche soir.

Avec tout ce qu’il faut pour qu’il survive :

  • Sa grande petite couette
  • Ses petites croquettes
  • Sa petite brobrosse
  • Son petit comprimé pour le coeur à prendre tous les jours
  • Ses petites gouttes pour les noeils (décidément c’est mon trip actuellement)
  • Sa petite grande serviette de toilette au cazoù
  • Ses petites gamelles au cas où l’on penserait à le nourrir et l’abreuver.
  • + quelques conseils concernant son bien être : l’emmener en voiture n’importe où : il adore (d’ailleurs après s’être amusé comme un fou chez moi, il y dort serein), et lui donner une petit morceau de pain après chaque repas, etc…

Tibère avait déjà séjourné chez mes parents, donc il a très vite pris ses marques, le chat étant même venu lui faire ses amitiés (c’était mignon…) que Tibère avait bien rendues. Ils se congratulent actuellement plusieurs fois par jour et réciproquement, donc tout va bien de ce côté là.

Comme chien de garde, je n’ai aucune confiance en lui par contre : j’ai trop été habituée à ma malinoise qui était vraiment de bonne garde, et lui a comme seule qualité de donner l’alarme en aboyant (sauf que pour l’instant nous n’avons pas encore compris contre quoi il nous alertait). Mais bon, pour la nuit, c’est toujours cela de pris, donc, je dors un peu mieux sur ses deux oreilles à lui.

  • Le premier jour il a sauté férocement sur les deux jardiniers, en aboyant et remuant la queue pour réclamer une caresse.
  • Le deuxième jour il a gémit de voir le facteur s’éloigner sans avoir eu une caresse.
  • Puis il a été très traumatisé par l’absence de son ami le chat, parti passer sa journée chez le vétérinaire (mais c’est une autre histoire, la suite en fait).

Ce chien souffre par contre d’un syndrome que je ne connaissais pas, enfin qu’aucune des chiennes de la famille n’a jamais présenté.

Je vous explique.

  • Nous sommes deux dans la maison depuis son arrivée.
  • Dès que l’une de nous deux claque la porte d’entrée pour sortir, il doit recevoir comme une décharge électrique au niveau des pattes et du cerveau…
  • La jonction des deux décharges se situe sans doute au niveau de la glotte.
  • Moralité, il se met à hurler à la mort. A 20 mètres on l’entend.
  • Du coup celle qui est restée et s’était traitreusement dissimulée dans les toilettes, ou prenait sa douche, surgit tout à coup en lui demandant si cela va la tête.
  • Alors il sort une bulle au dessus de sa tête « ah bah merde alors, je croyais qu’on m’avait abandonné ».
  • Et il se recouche.

Il souffre également d’un autre syndrome, celui du chien de traineau.

Dès qu’on le met en laisse, il a sans doute le souvenir d’une vie antérieure au cours de laquelle il a dû tirer des charges énormes, et il tire de toutes ses forces.

Si l’on n’est pas dûment prévenu, on peut faire le drapeau derrière et/ou s’écraser par terre car il démarre sans prévenir.

Nous avons proposé à papa de l’atteler à son fauteuil roulant, mais Jean-Poirotte s’est dégonflé… Même pour un petit tour, il préfère se déplacer tout seul

La vie n’est qu’un long calvaire…

Surtout qu’il a fallu lui donner un bain…

*PAC = Piège A Cons ou Couillons, suivant votre état d’esprit… Piège qui a parfaitement fonctionné puisqu’il n’a rien vu venir…

Prenez garde au chien…

Albert et moi avons décidé, quand nous avons acheté notre pavillon à retaper (histoire du retapage en plusieurs épisodes), de faire l’acquisition également, d’un chien de garde, tout neuf lui.

Notre choix s’est porté sur une malinoise pur sang avec pedigree, et c’est aussi une histoire en plusieurs épisodes, sauf celui-ci.

Lorsqu’elle est arrivée à maturité (sexuelle, c’est le moment où les chiens essayent de voir qui est le dominant ou non), nous avons rencontré avec elle quelques problèmes de comportement et nous nous sommes décidés à consulter un maître chien assez renommé qui devait devenir célèbre, qui habitait juste à côté.

Donc, j’ai emmené la chienne tous les jours, pendant 2 semaines (pas le samedi et dimanche) pour y être moi, dressée par le maître chien (ne nous égarons pas…), car généralement c’est le maître qui commet des erreurs, même si à son sens, mon « sens du canin » n’était pas trop mauvais. Lui, rappelait à la chienne les codes de la meute en me les expliquant, et après, à moi de faire.

Ce qui fait qu’avec moi, elle débuta l’obéissance la plus simple, puis le pistage, l’agility, la défense du maître. Le malinois est un grand joueur intelligent, de plus en plus utilisé par les services de police. Ce qui peut paraître corvée comme cela au profane, est pour le chien un jeu, et surtout, effectué pour l’amour du maître. Un bon dressage, est sans violence, avec amour partagé, récompense, amusement.

Le dresseur devant le pedigree et les résultats rapides, avait détecté une future championne. Père champion de France, grand-père dont tous les dresseurs se souvenaient encore : Vidocq du Boscail… Elle avait l’étoffe des champions, et il se proposait pour l’emmener en concours si j’avais la flemme. Sauf que c’était ma chienne.

Déjà avec Albert qui faisait semblant d’écouter les conseils du dresseur, elle n’en faisait qu’à sa tête, vu que pour elle, visiblement, il ne connaissait pas les codes. La seule fois où il a voulu faire un tour de piste d’agility avec elle (et dieu sait qu’elle aimait ça !), elle a folâtré à ses côtés : le maître chien en était fou. Alors qu’avec moi c’était impec et parfait. Et si le chien adore l’agility en règle générale, je puis attester que c’est très bon pour le maître aussi : j’ai perdu en 10 semaines, mes 5 kg excédentaires de l’époque.

Elle voulait bien, s’amuser moyen avec le maître chien, mais on sentait bien qu’elle n’avait pas trop le goût, surtout si je n’étais pas loin

Car le maître chien ne perdait pas de vue de devenir champion avec ma chienne et me recevait donc quand je le voulais, gratuitement, en me surveillant du coin de l’oeil. Nous n’avons pas tenté le pistage avec Albert. Elle me retrouvait en 10 minutes planquée n’importe où, mais elle aurait pu le laisser crever de froid planqué dans un buisson, en cherchant plutôt du lapin ou autre chose, car malinois ou pas, toute bête à poils lui plaisait bien…

Donc c’était de la graine de championne, nous le savions. J’avais du temps à y consacrer, et ce fut le départ d’Albert qui coupa net cette vocation de championne, car je n’avais plus de temps à perdre consacrer. Et surtout, la proposition du maître chien (toujours lui) apprenant le départ d’Albert et me proposant une forte somme pour ma chienne, ma consolatrice, celle qui m’épaulait en venant me donner un coup de museau quand je pleurais, m’avait un peu dégouté de l’endroit où il exerçait. Comment avait-il pu songer que l’argent me ferait oublier celle qui m’aimait sans partage ?

Bref. C’était donc une graine de championne, nous le savions, et un beau jour dans le secteur une histoire qui fit le tour de la ville et eut l’honneur des journaux (du coin).

Un homme vivant avec un setter irlandais fort sage, eut un malaise cardiaque grave. Alerté par l’immobilité du maître (d’après les médias), une odeur particulière (d’après le maître chien) ou un sixième sens, le setter qui avait toujours une ouverture sur le jardin, se mit à faire un ramdam pas possible, à tel point que les voisins s’alertèrent. Le comportement du chien était anormal qui aboyait comme un fou, ou hurlait à la mort. Son maître ne se manifestait pas, sa voiture était là, et c’est là qu’il y eu intervention pour sauver l’homme de justesse, le setter (pas commode d’ordinaire), laissant entrer le voisin qui alerta les pompiers avant de recueillir la brave bête qui avait sauvé la vie de son maître, tout le temps de l’hospitalisation de ce dernier.

L’histoire grouille d’histoires réelles dans ce genre. Albert et moi en discutions un beau soir pendant que les pizzas chauffaient dans le four. Et de l’histoire du chien du mineur qui l’attendait toute la journée, et ne l’avait pas vu remonter cadavre après un coup de grizou, et a terminé sa vie à attendre à la sortie du puits de la mine snif (histoire vraie), nourri par toute une population attendrie.

Nous nous sommes donc installés devant un bon film, avec nos pizzas sur la table basse et Albert s’est posé la question fatale.

« Et elle, tu crois qu’elle ferait quelque chose si elle nous voyait inanimés ».

Bonne question. Et si on faisait l’expérience ?

Nous sommes tombés raides, lui sur le canapé, moi sur le fauteuil. Un coup de museau pour me soulever le bras (mort), l’autre bras (mort également), un coup de snif, autant pour Albert.

J’espère qu’elle a su que nous n’étions pas morts ou en danger. En tout état de cause elle a pensé que nous étions hors d’état de lui nuire, car, sans plus se préoccuper de nous, elle s’est précipitée sur les pizzas coupées en petits morceaux par Albert, en sautant sur la table basse, ce qui lui était strictement défendu depuis toujours.

C’est sans commentaires… Notre résurrection instantanée n’a pas eu l’air de la surprendre, mais elle s’est juste trouvée bête avec le dernier morceau pas encore englouti, au bout de la truffe…

Au premier qui rigole, rendez-vous derrière chez moi, dans le pré, au petit matin (vers midi).

Comme j’ai le choix des armes, je choisis la mitrailleuse… Z’êtes prévenus…