Exaspération… (part 2)

femme-en-colere-exasperation-2… Ma soeur m’appelle vers 16 H : ils sont toujours aux urgences, tout le monde s’engueule pour savoir dans quel service Jean-Poirotte va être admis.

Pas trop gênée (comme moi), elle a consulté les notes de la pierre tombale du SAMU qui discute toujours avec le réanimateur des urgences, et me donne ses conclusions sur les anomalies de l’ECG et le reste. Je note. Le soir nous allons squatter Internet pour comprendre le jargon des pierres tombales.

Ce n’est pas la peine de nous faire la morale, si c’est secret, ils n’ont qu’à garder leurs papiers avec eux. C’est grâce à une négligence de ce type que Jean Poirotte a su en novembre qu’il était atteint d’une infection nosocomiale…

Finalement Jean-Poirotte est admis en USIC (Unité de Soins Intensifs Cardiologiques). Ma soeur apprend au cours du retour avec maman, qu’il a eu des palpitations il y a 3 jours mais qu’ils n’ont pas voulu nous inquiéter.

Curieusement, ça m’énerve… Faudrait peut-être que je fasse reconversion gentille sorcière/bonne soeur contemplative.

Mais bon, pour les parents c’est un fait acquis désormais, il nous appartiendra de nous gendarmer en cas de besoin.

Maintenant c’est le parcours du combattant qui démarre avec les pierres tombales (les médecins hospitaliers), parcours d’autant plus difficile que Jean Poirotte a un seuil de tolérance très élevé face à la non information, et pose peu de questions.

Le samedi, maman va le voir avec une amie. Elle sait juste au retour, qu’il a des anomalies sur l’ECG, qu’il n’a pas vu de médecin, et qu’il est dans l’ignorance la plus totale de ce qu’il lui arrive. La seule chose qui est sûre, c’est que tout le monde a écarté l’hypothèse de l’embolie pulmonaire.

Le soir, il l’appelle un peu abattu : il a finalement vu un médecin qui lui a dit qu’il avait le coeur fatigué. Cela remonte le moral c’est sûr. Il ne va plus rien faire sans se demander si ce n’est pas de cueillir une pâquerette qui va le tuer, et maman ne va plus pouvoir supporter de le voir se lever avec 1/4 d’H de retard…

Maman ne se sent pas bien du tout, et je lui rappelle que Tante Hortense est DCD à 99 ans et 11 mois, avec un coeur fatigué depuis 30 ans et un traitement nettement moins au point que ce qui se fait de nos jours…

Me revoici sur Internet à chercher le pourquoi du comment, à essayer de comprendre, de savoir. Acromion m’assommerait : il déteste que l’on prenne des renseignements médicaux sur Internet. Mais j’ai besoin de savoir, et j’y passe une partie de la nuit.

Dimanche midi : papa a téléphoné à sa femme. Il a revu un autre médecin qui lui a parlé potassium surtout et l’a collé la veille au soir sous diurétique à haute dose. Moralité, il a passé sa nuit à aller pisser tous les quarts d’heure. Sa femme n’a pas osé lui dire qu’il avait eu un aperçu de ce que c’est qu’être enceinte de presque 9 mois : elle le lui dira plus tard.

Il doit passer un angioscan le lundi. Il ne sait pas ce que c’est mais la pierre tombale est partie trop vite pour qu’il pose des questions. La bonne nouvelle c’est qu’il a quitté l’USIC et qu’il est au troisième étage où l’on trouve de tout (y compris des peintres), mais qui n’est pas un service cardiologie. On lui a dit que son ECG était à nouveau normal, que l’oedeme était résorbé, et qu’il restait à attendre les résultats de l’examen.

Maman va le voir avec celle qui n’est pas comme tout le monde. Elle rentre assez rassurée.  Elle l’a trouvé rajeuni de 10 ans, tellement il est dégonflé et reconnaît que j’avais raison (tout de même), mais qu’elle ne s’est rendu compte à quel point il était gonflé avant, qu’en le voyant débarrassé du superflu…

Le lundi, nous attendons les résultats de l’angioscan. Rien à l’horizon, et enfin, Jean Poirotte va sortir de sa non curiosité pour enquêter. Comme on lui a retiré sa perf, il peut gambader dans les couloirs et ne va pas s’en priver…

  • Car déjà, sa femme ne vient pas le voir avec moi comme prévu, pour ne pas arriver pendant qu’il passe son examen auquel on le prépare depuis la veille car il est allergique à l’iode (donc je prévois limite une réanimation suite au choc à l’iode)
  • Il sait que du coup j’ai entraîné ma mère au muguet pour lui changer les idées (ça marche toujours)
  • A 16 H comme personne n’est venu le chercher pour l’examen il se déplace jusqu’au bureau des infirmières, où il apprend ravi, qu’il n’a jamais été prévu qu’il passe un angioscan. En tout état de cause le service interrogé n’a pas eu connaissance d’un Jean Poirotte à examiner ce jour là. Là il commence une grosse colère car on le traite tout de même contre une allergie éventuelle. C’est incohérent ! Qu’il s’énerve est très rare chez lui, mais généralement ça compte.
  • Le cardiologue de service du 3ème le prend de haut « mais monsieur je ne vous connais pas, je n’ai même pas votre dossier ».
  • Jean-Poirotte peut crier plus fort que le médecin dont il note le nom, il le prouve et donc ça s’entend. Des portes de chambres s’ouvrent discrètement.
  • Après avoir dit sa façon de penser au connard, après une discussion houleuse avec un homme plein de morgue, il descend à l’étage inférieur (la cardiologie), et tombe par le plus merveilleux des hasards sur son cardiologue. Qui lui demande stupéfait ce qu’il fait là, en PYJAMA !
  • Jean Poirotte le lui explique
  • L’autre (et son service) n’a jamais été averti de son hospitalisation. Sinon sa collègue l’aurait bien entendu visité le vendredi après midi (celle qui a opéré 2 fois Jean Poirotte, et qui était de garde le WE)
  • Il examine son patient et trouve que tout est parfait. Pourquoi un angioscan ?
  • Il appelle l’USIC
  • Les médecins s’engueulent
  • Mon père est furieux. Du coup pour arpenter les couloirs, il n’a plus mal au dos (il y a des miracles)
  • Son cardiologue aussi est furieux, qui revoit l’ordonnance tout de même suite à ce que l’on vient de lui transmettre, et compte rendu pris du boîtier du défibrillateur qui fait aussi big brother et note toute anomalie.
  • Mon père toujours furieux décide de gambader jusqu’à l’USIC pour avoir des explications j’attends.
  • On lui répond que l’oedeme résorbé son ECG redevenu normal, tout est rentré dans l’ordre.
  • C’est un fantôme sans doute demande-t-il, qui lui a parlé de l’angioscan alors qu’il ne connaissait même pas le terme et n’avait pas pu l’inventer. (Pour la coronaro, le scanner simple, l’échographie intra oesophagiene il est imbattable par contre…)
  • Il remonte voir son cardiologue qui lui dit qu’il sort le lendemain… En fait il suffisait (de ce qu’on lui en dit) de terrasser le taux trop haut de potassium et de le faire pisser pendant 8 H. Mais nous avons eu raison d’appeler le SAMU tout de même.
  • Donc, ordonnance renforcée, mais le cardiologue/rythmologue est rassurant : le coeur va bien, il n’est pas « fatigué ». Lui par contre  (le cardiologue) si, par les multiples merdes de communications entre services, dont certains vont entendre parler…

Donc je suis à nouveau exaspérée. Par le manque de coordination entre les services, le mutisme de certains médecins, ET le fait que putain j’en ai marre d’avoir toujours raison (enfin dans certains cas).

Quand je lui avais signalé que je le trouvais gonflé, il lui aurait suffit de voir Acromion ou son remplaçant, et jamais il n’en serait arrivé à avoir les poumons engorgés (d’où les symptômes), un ECG perturbé et j’en passe.

Parce que le peu qui lui a été fait à l’USIC (terrasser le potassium et le faire éliminer), Acromion pouvait le faire tout seul vu que la cardiologie c’est tout de même beaucoup son rayon… Son cardiologue a confirmé que s’il était venu le voir « entre deux » 8 jours plus tôt, il n’y aurait pas eu d’hospitalisation…

Mais rien ne s’est passé normalement, car la vie n’est qu’un long calvaire.

J’ai fait jurer sur la Bible à ma mère de m’écouter, ou d’écouter ma soeur ou mon frère, la prochaine fois.

Cause toujours : elle est totalement athée…

Ca m'énerve…

Si je suis une adepte d’Internet, il n’en demeure pas moins qu’il y a un reflet de cette haute technologie qui m’énerve prodigieusement : le mail.

Au départ c’est très pratique pour communiquer, mais j’ai été saturée à l’époque où j’étais encore chez Truchon. Les consignes étaient en effet claires : toute demande devait être faite par mail interne. Même si vous vous trouviez à 2 mètres du correspondant.

Comme notre informaticien de génie n’a jamais su pourquoi nous ne recevions pas d’avis d’arrivée de mail, il me fallait aller vérifier ma boîte tous les 1/4 d’heure. Pour trouver un mail de Truchon (toujours lui) : « passez moi machin ». Il était en effet incapable de faire un numéro de téléphone, mais il pouvait me passer devant sans me préciser qu’il fallait que je lui passe machin : il lui fallait faire un mail. Je l’aurais pilé égorgé, écartelé, châtré, grillé, noyé, fusillé, parachuté sans parachute.

Nous étions nombreux à avoir un certain sens de la communication, et à nous donner nos consignes verbalement. Pour ma part j’avais un ANTIQUE cahier sur lequel j’inscrivais ce que j’avais à faire. Je rayais quand c’était fait. Mon premier chef direct aimait bien ce système qui lui permettait de vérifier où j’en étais, et il m’a avoué plus d’une fois que cela le rassurait… Mais Truchon détestait voir mon cahier, celui d’autres également, ou bien des post-it : ça ne faisait pas moderne… le moderne c’était le mail, l’agenda sous outlook, ou autre joyeuseté.

Mais là où cela commence à coincer, c’est que certaines personnes maintenant, semblent incapables de décrocher leur téléphone quand elles ont quelque chose à vous dire. Elles envoient un mail. Or, moi, j’ouvre ma boîte deux fois par jour : une fois le matin et une fois le soir. La personne qui m’envoie à midi un mail « viens prendre le thé vers 16 H 30 » peut toujours m’attendre. Je précise qu’elle est à 3 km, a le téléphone, et moi aussi… Et qu’elle m’enverra un mail pour me demander ce qui a pu m’empêcher de venir…

Et ça se corse encore. Il y en a qui nonobstant l’existence des post-its, petit carnet sur lequel on prend des notes, s’envoient des mails pour ne rien oublier. C’est pratique quand le serveur décide de faire grève. C’est agaçant quand on a pris nous, la peine de leur téléphoner pour leur demander quelque chose.

« Bon pas de problème, mais envoie moi un mail, je me le transmettrai au boulot, comme ça je suis sûre de penser à ton truc ». Et en plus macache… elle n’y pense pas plus. Et on a perdu du temps après l’avoir appelée pour lui faire un mail vachement important qui finira dans la corbeille.

C’est à tel point d’ailleurs, que Mrs Bibelot peste régulièrement. Elle n’a pas d’ordinateur, donc pas Internet, et ce n’est pas maintenant qu’elle va s’y mettre. Elle fait partie d’une association et ne reçoit donc régulièrement, jamais les convocations qui sont envoyées systématiquement par mail à tous les participants éventuels. Or sur ces participants, ils sont 3 à ne pas avoir Internet, mais il ne vient à l’esprit de personne de leur téléphoner, pour leur préciser que c’est champagne vendredi soir à 19 H…

Sans parler des familles qui communiquent à la maison à deux étages par msn (ou téléphone portable) (au pire) « chérie c’est l’heure de passer à table, on t’attend dans la cuisine ». Déjà pour certains, c’est Monsieur et Madame, assis chacun devant leur ordi, à 2 mètres l’un de l’autre, et qui dialoguent via msn.

Je l’ai vu de mes yeux, j’étais abasourdie… J’espère que c’est un cas vraiment isolé…