Une journée qui compte… part 3

Delphine m’avait assuré que je pouvais me garer dans la cours de l’immeuble. Sauf que je n’étais pas au volant de ma voiture, mais d’un break que je conduis une fois tous les 4 ans et dont les mesures ne sont pas exactement dans ma tête. Et que la manoeuvre me semblait légère pour passer le portail fort étroit et le couloir qui suivait, et me retrouver coincée dedans vu les voitures mal garées devant le dit portail.

Ma fille crispée, insistant, et moi négative définitivement. J’avais pu me garer sur un emplacement « privé » que je pouvais donc occuper à condition de rester à proximité du véhicule pour le dégager le cas échéant. Mais Delphine était toujours crispée, parce que j’étais en retard. Mère en retard, liaison dans le tiroir, c’est bien connu…

Je me suis déplacée pour voir ce qu’il fallait charger et j’ai tout de suite vu que tout ne tiendrait jamais dans le break. J’ai déjà déménagé 13 fois, j’ai l’oeil. Là, Delphine m’a précisé de la boucler, et que comment que tu me parle ma chérie ? qu’elle était assez stressée comme ça, alors qu’en fait j’avais en tête déjà qu’il faudrait faire un deuxième aller et retour et m’en réjouissais très secrètement à l’avance. Dans ces cas là, charger au maximum, et se tirer rapidement pour pouvoir revenir le plus vite possible. Quant on n’a pas le choix, autant prendre l’option la plus rapide, et c’est l’âge qui vous apprend cela.

Mais l’emplacement du véhicule la crucifiait et elle insistait pour que j’aille coincer le break de papa dont l’attestation d’assurance était obsolète, dans le portail de la fichue entrée de sa fichue cour. Fort heureusement, des voisins compatissants lui ont refilé un chariot roulant et le chargement a pu commencer.

Je vous passe les détails, c’était assez folklorique. Et puis Delphine tout à coup a réalisé qu’effectivement tout ne tiendrait pas dans le coffre aux sièges rabattus, et qu’il fallait donc charger la place passager. Gendre n° 2 prendrait le train pour m’aider au déchargement. C’est là que j’ai dit qu’il fallait revenir, et encore, je n’avais pas vu tout ce qu’il restait, non encore dans la cour. Donc inutile que je voyage seule et lui aussi, d’autant que pour le retour, lui qui connaissait bien le quartier pourrait peut-être trouver tout de suite le boulevard Henri IV…

Ma fille s’est décrispée. Tout irait bien, tout serait déménagé le bon jour, et s’il fallait faire un autre voyage, puisque j’étais d’accord pour le faire… En fait elle ne savait pas que je serais disponible pour un deuxième voyage, mes journées étant tellement occupées…

Nous voici donc partis avec gendre n° 2. Nettement plus sympa de voyager avec quelqu’un à qui causer, qui aime bien la musique que l’on écoute. Et puis ils m’avaient trouvé un itinéraire de retour nettement plus simple. A gauche, encore à gauche, tout droit et là : place de la concorde. Là je suis quasi chez moi. J’ai pu remonter les champs en pestant contre les parisiens et en zigzagant comme eux, et en avant pour la province.

Le seul hic, c’est que nous avions pu fermer le coffre de justesse, et qu’une lumière restait allumée sur le tableau de bord. Je compte sur vous pour ne pas le dire à mon père, mais en fait, le coffre était mal fermé à cause du chargement, même s’il semblait réellement bloqué. Je roulais donc doucement, avec une vision du coffre s’ouvrant sur le périf, et les affaires de Delphine se répandant sur la chaussée, créant un accident gigantesque avec plein de morts et une attestation d’assurance toujours non valide. Ne jamais dramatiser surtout. Nous sommes arrivés à bon port pour tout décharger et repartir en réfléchissant bien à l’itinéraire cette fois. Le coffre fermait normalement, tout allait bien.

Exit la porte de Passy, je suis sortie porte Dauphine, j’ai enquillé l’avenue Foch comme je sais si bien le faire, puis les champs, pour, après la place de la concorde, me retrouver sur les mêmes quais que le matin. Bien la peine de m’être fait suer à passer place de l’Alma et j’en passe. Evidemment, nous étions alertés gendre n° 2 et moi sur la nécessité de prendre le boulevard Henri IV que nous avons loupé. Pour finalement nous y retrouver tout à fait par hasard (l’entrée doit être dans une autre dimension). Gendre n° 2 avait reconnu un trajet qu’il faisait EN BUS. Sauf qu’à un moment donné, seuls les bus avaient le droit de passer et que je n’ai pas osé en suivre un en faisant celle qui n’avait pas vu le panneau « interdit aux voitures ». Nous avons un peu tourné et puis tout à coup il a pu voir, parce qu’il ne surveillait pas un scooter à l’oeil vicieux, que nous étions dans le fameux boulevard, et nous sommes arrivés rue des Tournelles comme une fleur, pour trouver Delphine détendue, qui avait d’ailleurs fait les soldes et portait une fort jolie marinière que je lui piquerais bien.

Retour chez mes parents à 18 H, avec les embouteillages de rigueur, déchargement de la voiture, plans pour le vrai emménagement. Il faudra absolument 2 voitures (donc si possible gendre n° 1 pour en conduire une, il connaît Paris comme la garde robe de Pulchérie), dont le break, et bien étudier l’entassement du « presque rien » de Delphine, dont une TV, un four, un futon, une imprimante, un ordi, de la vaisselle, du linge de maison, une tonne de livres on dirait sa mère, le reste (dont la garde robe et les papiers) bref, pas grand chose (9 m2 finalement c’est grand quand il faut les déménager).

Nous n’avions rien mangé de la journée tellement nous avions tout fait vite, et mes parents après nous l’avoir proposé, ont vu disparaître le reste de paëlla du dimanche. Ceci sur fond de questions sur le prochain grand jour : la sortie garde meuble et l’autre départ sur Paris…

Serait-ce encore une journée qui compte ?

Une journée qui compte… part 2

Au départ c’était sympa, cela roulait bien, et puis j’écoutais de la musique. Dans ma voiture je n’ai pas d’auto radio ou autre, donc je cogite ou je m’ennuie. Je profitais donc de la musique en me disant « pour l’instant ça va ». Oui jusqu’à l’entrée sur le périf nord cela ne pouvait qu’aller, je connaissais par coeur.

A la sortie Porte de Passy les choses se sont gâtées car je n’étais jamais passée par ce coin là. Je reluquais donc mon itinéraire que je m’étais recopié en le schématisant, et je conduisais, un oeil sur la route, un oeil sur l’itinéraire, un pied sur le frein, l’autre sur l’embrayage et le troisième je ne sais trop où d’ailleurs. Mais tout allait bien, d’un troisième oeil je visualisais le nom des rues et j’avais tout bon.

Puis j’ai attaqué les quais la mort dans l’âme, comme c’était écrit toujours sur l’itinéraire, avec en tête que quai Henri IV il me fallait prendre à gauche le boulevard Henri IV puis la rue Lesdiguières (comme dans Angélique, donc je me souvenais), puis la rue des Tournelles dans le prolongement. C’était tout simple et pour un peu je me serais esclaffée.

Il y a eu un loupé quelque part, peut-être au moment où un 4×4 m’a bouché la vue sur la gauche (un 75 bien sûr, qui voyait bien que je cherchais et qui donc m’a klaxonnée en doublant), car tout à coup j’avais deux options : Bercy ou Nancy, Paris Nord, etc. J’ai compris que j’étais mal embarquée et faire demi tour sur les quais vous me direz comment faire tant qu’il n’y a pas de pont ou de feux qui le permettent. Je savais qu’une fois emmanchée dans la direction opposée, il me restait à chercher la direction « Bastille » et qu’au pire, Delphine viendrait m’y chercher. Sauf que piétonne dans Paris, elle ne connait pas les sens interdits.

J’ai suivi la direction Bercy la mort dans l’âme en attendant une occasion de changer de cap. Normalement j’aurais dû arriver rue des Tournelles et Delphine, bien réglée sur l’exactitude de sa mère, a commencé à s’inquiéter et mon téléphone portable a sonné. Hors je ne décroche JAMAIS quand je conduis. Il y avait beaucoup de flics et je n’ai pas imaginé une seule minute que des poids lourds envisageaient une opération escargot et je me suis arrêtée avec les warnings de papa en route, la larme à l’oeil, pour expliquer à un pandore très sympathique que j’étais perdue et que plus jamais, je ne remettrais mes roues à Paris.

Je lui ai fait peine et il m’a montré le feu rouge à 5 mètres, qui me permettait de faire demi tour. Il m’a conseillé de prendre direction Bastille et après enquête n’a pas su me dire où se trouvait le boulevard Henri IV.

Me voici donc ayant fait demi tour, guettant la direction « Bastille » (arrêtez de ricaner, c’est insupportable !), mon portable sonnant à nouveau, musique coupée pour mieux me concentrer. J’ai pris à droite au bon moment et j’ai fait trois fois le tour de la place de la Bastille en cherchant un endroit où me garer pour appeler au secours.

C’est là que deux contractuelles sont apparues, pour moi comme des anges sauveurs : ELLES devaient savoir où était le boulevard Henri IV. Effectivement. J’y étais. Elles ont compris à ma tronche que je ne me fichais pas du tout d’elles, confirmé de continuer tout droit en respectant les feux rouges, et j’ai pu appeler enfin Delphine pour lui dire que j’étais devant la banque Truc du début de la rue des Tournelles.

Sauf que j’étais garée à un endroit stratégique, idéal pour faire un casse. C’est ce que m’a expliqué un flic également sympa finalement qui venait de me demander les papiers afférents à la conduite du véhicule, pendant que son copain avait la main sur une arme à feu, alors que je venais de raccrocher mon téléphone portable. Il paraît que j’étais idéalement placée pour récupérer des complices surgissant de la banque avec plein de sous dans un sac de voyage (mon rêve, le sac de voyage plein de billets…). Pur hasard bien sûr (enfin en ce qui me concerne, et si j’avais un casse à faire je ne le ferais certainement pas à Paris) et je pense que mon histoire de boulevard Henri IV et la suite les a vraiment déridés et que c’est pour cela qu’ils n’ont pas vu, ou fait semblant de ne pas voir que l’attestation d’assurance de papa datait de 2 ans (la bonne est toujours dans son enveloppe, dans le tiroir de gauche du bureau, maman la mettra dans la voiture quand elle y pensera, en 2009).

Enfin, me voici devant le bon numéro de la rue des Tournelles. Gendre n° 2 m’attends, il m’a ouvert le portail, je n’ai qu’à rentrer dans la cour…