Backdraft… (la guerre du feu part 2) (…)

200471538-001Après un premier feu de ronces et de bois mort, la semaine suivante après 3 jours de pluie, il nous fut impossible d’allumer un deuxième feu, et le débroussaillage continuait, dont les ouvriers les plus acharnés mettaient les débris en tas. Tas qui grossissaient…

Pulchérie a une haine particulière pour les ronces qui s’entassaient dans son coin, les hommes s’occupaient plutôt des arbres morts. Bilan : 2 énormes tas, encore de quoi alimenter un feu. En attendant le reste à venir…

Quand j’étais adolescente, l’équipe de chasse de mon père et de mon grand-père, consacrait un ou deux dimanches après la fermeture, pour dégager un ou deux layons sur le territoire du patron de la dite chasse. Pour dégager là aussi, il fallait terrasser les ronces, les épines noires surtout, les arbres envahissant l’endroit normalement essarté, le tout étant brûlé dans une clairière bien dégagée. Certains dimanches, le tas de braise pouvait faire près d’un mètre et en fin d’après midi, tout le monde faisait griller merguez et saucisses sur un feu que l’on n’entretenait plus, le laissant s’éteindre.

On m’a donc inculquée très jeunes des bases importantes de prudence élémentaire face à un feu, concernant particulièrement le retour de flammes ou de chaleur soudain. Les moins de 18 ans s’approchant trop du feu s’en prenaient une (sans que personne ne porte plainte). S’assurer que le feu est vraiment éteint avant de partir faisait également partie des règles de base, donc tout le monde ne partait qu’à la nuit tombante, quand la moindre petite braise se repère bien.

Là dans le petit bois de Pulchérie, le dimanche suivant celui où faire un feu s’était révélé impossible, il avait fait très beau toute la semaine et tout était sec archi sec. J’ai pu allumer mon feu du premier coup, le seul problème étant que ce jour là, il y avait du vent assez fort, tournant sans cesse, et que l’alimentation de MON feu se faisait donc au fur et à mesure à petite dose.

Plus haut, les « jeunes » ont eu l’idée saugrenue d’allumer LEUR tas de ronces et de bois mort (le tout bien sec), plutôt que de le déplacer au fur et à mesure chez moi.

Le résultat fut que le tas bien haut s’embrasa d’un coup, projetant des flammes tournantes à plus d’1 mètre de haut. Ma soeur fut persuadée quelques minutes s’être crâmé les cils et les sourcils, et il fut impossible de s’approcher du brasier pendant près d’1/2 heure, pendant que je rouspétais un peu plus bas sur une telle imprudence. Peine perdue, la vieille prône toujours une prudence excessive et est toujours en train de flipper pour RIEN !

Avec mon petit feu dont j’ai passé 3 heures à faire le tour pour éviter les flammes tournantes et les fumées faisant de même, il parait donc que je « flippais » stupidement. N’empêche que quand le brasier du haut commença à se calmer, on m’apporta les brouettes de « à brûler » au lieu d’alimenter l’autre feu qui en avait pour des heures, c’était évident.

Ceci avec ma petite nièce gambadant autour de MON feu, inconsciente totalement du fait qu’elle pouvait trébucher et tomber dedans, ou qu’un brusque retour de flamme pouvait l’atteindre (c’est impressionnant des flammes qui partent tout à coup à l’horizontale, pas pour longtemps, mais de quoi vous brûler grave) .  Seule la menace de « s’en prendre une » la calma un peu, l’idée d’être happée par une flamme soudaine l’interpelant peu, tout comme l’idée qu’elle pouvait se casser la figure.

Vint le moment où il fallu cesser d’entretenir les feux, pour qu’ils s’éteignent, ceci en plein bois pour le feu « des jeunes », avec le risque que le vent (particulièrement fort et tournant ce jour là (bis)) n’emporte des braises assez conséquentes pour enflammer le sous-bois. Et un pompier vous le dira : une braise conséquente cela peut être une cigarette non éteinte… Vous visualisez la taille de la braise…

Gendre n° 1 fut vraiment sensible à mes avertissements, les autres aussi d’ailleurs (depuis je fais la vestale et ma soeur vérifie que le feu est bien éteint).

Car là, cela aurait pu être « adieu petit bois pour le mariage »… On ne sait jamais avec le feu. Tout peut s’embraser d’un coup, ou refuser de s’allumer…

Mon feu vraiment éteint, toutes braises écrasées et ne dégageant plus de chaleur ou de fumée, il fallu se résigner à recouvrir de terre l’autre foyer qui pouvait visiblement vivre de lui-même plus ou moins en douce, pendant des heures.

Les garçons ont donc recouvert de mottes de terre glaise l’ensemble de ce foyer, et nous sommes partis la conscience en paix.

La semaine d’après nous attendaient de magnifiques briques de toutes les formes sur le fameux foyer…

Grâce au mariage de Pulchérie et du gentil, nous venions de ré-inventer la poterie… Ils auraient pu faire des boules rondes pour un kit pétanque, mais même pas… Ne parlons pas de jarres ou de timbales…

Ce qui ne m’empêche pas de penser que puisqu’on inflige à ces pauvres gosses le code de la route au collège, on pourrait faire se déplacer des pompiers pour 2 ou 3 heures afin de leur expliquer, les dangers du feu, ce qu’il faut faire ou pas.

Combien d’accidents de barbecues chaque année ? Combien de friteuses qui s’enflamment ? Combien de victimes qui auraient pu être épargnées ?

Faire du feu c’est sympa. Ne JAMAIS oublier qu’il se nourrit de tout, et que sa vie souvent nous échappe, car elle est incompréhensible même si fascinante

Hommage au passage, à tous ces hommes et femmes qui ont donné leur vie pour lutter contre lui. Le véritable héros du film Backdraft est bel et bien le feu.

Nous le maîtrisons finalement à peine pour peu qu’un vent tournant vienne nous dérouter, alors n’oublions pas nos limites !

Mais bon, Pulchérie et le gentil n’en avaient toujours pas fini ce jour là, avec le petit bois…

La guerre du feu (part 1) (Le mariage de Pulchérie…)

200471538-001J’ai découvert ce livre très jeune, et plus tardivement que JH Rosny Ainé avait écrit d’autres livres sur la préhistoire, dont un concernant l’ancêtre de Naoh… (collection Bouquin ou Omnibus, je ne sais plus trop, car offert à papa et donc dans sa bibliothèque alors que je suis chez moi).

Je suis donc allée, en cloque de Pulchérie jusqu’au menton, voir le film de JJ Annaud en 1981. Pour ressortir de la salle en me demandant comment je pouvais marcher sur du macadam, tellement le film était prenant. Film tellement extraordinaire que l’on n’a pas besoin de vrais dialogues pour tout comprendre. Car de dialogues, il n’y a pas vraiment…

Deux choses m’avaient frappée dans ce film. La véritable angoisse nait quand on sait que l’homme n’est pas loin. Plus forte que face aux animaux féroces, la peur de l’homme domine l’histoire. De la tribu trop proche, on doit se méfier. C’est toujours valable. C’est en nous, ancré profondément que l’homme est un loup pour l’homme (et ce n’est pas sympa pour les loups). La peur de l’autre a engendré le racisme et elle vit toujours en nous. Perdus je ne sais où, à la vision d’un feu ou d’une lumière, nous ne nous rendrions pas immédiatement d’où vient la vision, sans appréhension…

Et puis évidemment, il y a cette attraction pour le feu qui réchauffe, qui cuit, qui protège, qui éclaire la nuit incertaine, ce feu qui fera que l’homme dominera le monde animal parce qu’il le maîtrise.

Enfin, qui sait le conserver avant de savoir l’allumer… C’est le plus important du film, ceux qui savent et ceux qui apprennent… Il y a ceux qui partent chercher du feu pour le conserver, et ceux qui vont leur apprendre à le créer.

Dans le petit bois de Pulchérie que l’on dégageait, j’ai pu constater que cet attrait pour le feu était toujours d’actualité.

Via moi tout d’abord. Allumer, entretenir un feu de cheminée ou autre  j’adore. Je fais cela très bien, même si je me sers d’allumettes et de papier journal en me demandant parfois comment putain diable nos ancêtres pouvaient procéder sans ces ingrédients du progrès.

Et puis mon neveu et ma nièce étaient aussi impatients que moi à l’idée d’allumer un feu et de l’entretenir. La première fois, le tas de brindilles et de ronces refusait de s’embraser et j’allais y laisser mon briquet. Mon neveu est donc parti dare dare chercher de quoi procéder à l’allumage chez mes parents. Puis sa soeur arriva avec des herbes archi sèches en gros paquets et avant le retour du minot, le feu flambait.

Qu’elle revenait alimenter en m’apportant d’autres morceaux de bois et de ronces, sans se lasser. Son frère revenu, mis de côté journaux et allumettes pour entretenir lui aussi ce feu quelque part sacré, que nous avions pu allumer (avec un briquet…).

La soirée et notre départ approchant, il fallu bien laisser s’éteindre le brasier, à leur grand désarroi. Ils étaient prêts à l’entretenir toute la nuit ce feu… Me voir épier les dernières braises et les noyer d’eau a été pour eux un moment de grande tristesse…

Instinct,  souvenirs ancestraux ?

Avec tout de même ça et là, un certain manque d’instruction concernant les dangers du feu…

Mais vu le boulot dans le petit bois, nous n’étions pas prêts de voir se terminer notre film à nous…

Car : la vie n’est qu’un long calvaire !