Fête des mères : comment être aveugle et sourde…

Pulchérie avait 18 mois pour sa première vraie fête des mères, à savoir un âge où l’on comprend un petit peu. Alors j’avais briffé Albert afin qu’il s’occupe de cette fête des mères qui lui passait un peu au dessus de la tête. Les traditions se doivent d’être instaurées tôt. Nous étions donc partis faire les courses du samedi, quand il disparu dans une boutique avec la petite après m’avoir fait signe que ce n’était pas pour moi.

Première difficulté : elle avait bien compris que c’était un cadeau pour maman, que c’était à elle de me le donner, mais pas forcément qu’il fallait le donner le lendemain. Elle ressortit donc de la boutique en hurlant, parce que son père avait gardé le petit paquet choisi par elle : « c’est pas pour toi, c’est pour mamannnn ! » Devant ses sanglots et son désespoir, craignant une émeute des passants outrés de voir un enfant martyrisé devant tout le monde, Albert céda et lui donna le petit paquet tout en lui expliquant encore que c’était pour le lendemain, avant de la prendre dans ses bras parce qu’elle était fatiguée. Je suivais le père et la fille en faisant mine de rien, et la chipie le sourire retrouvé, me montrait régulièrement le paquet d’un air de « bisque bisque rage ! » et nous avions du mal à garder notre sérieux. Albert eu toutes les peines du monde à lui faire « cacher » le cadeau et heureusement que je ne voyais rien ni n’entendais rien.

Le lendemain matin, du lilas dans une main, le paquet dans l’autre, Pulchérie déboula dans la chambre au son de « bonpète maman ! » me donna le paquet et garda le lilas qu’Albert alla mettre dans un vase après m’avoir déposé sur les genoux, non sans une certaine violence, le plateau d’un petit déjeuner au lit.

Pour Delphine, elle avait été elle, briffée par sa soeur et sa réaction fut toute différente. Pulchérie avait son cadeau fait à la maternelle, Albert se colla à celui de Delphine. Elle comprit très bien, ressorti d’une boutique les mains derrière le dos en me regardant d’un air ironique, puis me tourna le dos pour rejoindre la voiture en tenant son père par la main… A peine rentrée à la maison elle alla elle-même cacher le dit cadeau, et passa le reste de la journée à me regarder en rigolant et chuchotant avec sa soeur. Fort heureusement je ne remarquais rien.

Maternelle. Ah ces petits visages angoissés des enfants sortant de l’école avec leur cadeau/surprise derrière le dos… Pourvu que maman loupe un épisode ! Pour ma part le vendredi soir (beaucoup d’enfants manquant le samedi matin) avant veille de fête des mères, je dépêchais Albert ou s’il n’était pas disponible, ma mère, ma soeur, ou mon père. Soulagement des filles en ne me voyant pas, rentrant à la maison pour filer dans leur chambre alors que j’étais « occupée ailleurs ». A chaque remise de cadeau elles étaient ravies de leur ruse et de leur habileté « tu n’avais rien deviné hein maman ? ».

Non mes chéries, je n’avais rien deviné, pas plus entendu la récitation répétée avec votre père, ni fait attention à vos sourires en coin et conciliabules multiples depuis quelques temps. Une maman, avant son anniversaire et la fête des mères, se doit d’être aveugle et sourde. Et ce plateau petit déjeuner au lit, avec une fleur et des croissants, je ne m’y attendais pas du tout non plus !

Bonne fête à toutes les mamans passées, présentes, et à venir !