Celle là, c’est la meilleure…

6222-000049En achetant mon appartement j’avais le choix entre : un garage fermé (à l’autre bout de la résidence), ou une place sous mes fenêtres, vu que l’appartement était vendu avec les deux. J’ai opté pour la place (je le regrette l’hiver quand je dois gratter mon pare-brise)  qui coûtait moins. Car figurez-vous que ces places réservées, nous les achetons, nous payons même taxe foncière et taxe d’habitation (un comble) pour.

Les places sont numérotées, il est précisé à l’entrée que les places non numérotées sont des places visiteurs. On ne peut être plus clair.

Aux débuts, les filles se sont beaucoup amusées. En effet, peu de personnes prenaient la peine de prévenir leurs visiteurs du problème des places numérotées, et je retrouvais régulièrement la mienne occupée par des voitures squatters. Généralement quand je revenais de courses avec le coffre plein. Cela met de bonne humeur, surtout une personne comme moi qui s’agace de peu de choses.

Quand les filles étaient rentrées avant moi, elles me guettaient en commentant « Mouth (c’est moi) va piquer une crise ». Ce n’était pas grave vu que du coup elles étaient fin prêtes à descendre m’aider à vider le coffre…

J’ai donc pris l’habitude dès le départ, de klaxonner jusqu’à ce que quelqu’un vienne déplacer sa voiture. Généralement les personnes ne s’excusent pas, elles ont en plus un air outragé qui en dit long. M’en fous, pour peu qu’elles dégagent.

Ma réputation a été assez vite faite, et il est devenue très rare que l’on me prenne ma place. J’ai même fait école : les autres occupants d’une place numérotée au lieu d’aller se garer en visiteur à 200 mètres en maugréant, se sont mis à faire comme moi. Les rares copropriétaires qui ne prenaient pas la peine de prévenir leurs visiteurs, ont été rapidement mis à l’index et ont fini par prévenir leurs visiteurs… Vous avouerez que c’est la moindre des choses !

Revenant du muguet, (comme chaque année, c’est sacré) voici ma place prise. Rien ne me fait tourner le sang plus vite donc je klaxonne. D’autant que deux places visiteurs sont libres. Je ne dis rien que quand la voiture porte un caducée, mais c’est rare (infirmières, kinés, et médecins trouvent toujours à se garer où il le faut !)

Je klaxonne, je klaxonne, je klaxonne. Je suis têtue, que l’on ne compte pas que j’aille me garer ailleurs que chez moi. Un jour j’ai même sonné chez tout le monde, jusqu’à ce que le coupable se dénonce. Tout le monde regarde par la fenêtre et je ne sais qui, a dû dire à son visiteur d’aller dégager sa voiture vite fait, vu que j’ai empêché l’immeuble de sauter, tout de même (vieille histoire qu’il faudra que je réédite un jour), et que de toute évidence, je ne bougerai pas de là sans avoir récupéré MA place.

Je vois donc arriver un monsieur à l’air pas content. Il s’approche de moi l’air mauvais (même pas peur) en jouant avec ses clefs de voiture.

  • C’est quoi le problème ? (il essaye de m’intimider ce naïf)
  • Vous êtes garé à ma place monsieur, et je vous prie de bien vouloir me la rendre
  • Votre place, votre place… Vous… avez le sens de la propriété hypertrophié non ? (les bras m’en tombent)
  • Pour les voitures on peut faire échange ? Je préfère la vôtre à la mienne, et puisqu’elle est chez moi…  (elle est flambant neuve)
  • Vous voulez garder votre voiture ? Prendre la mienne ? Voici mes clefs, donnez-moi les vôtres…
  • … (air stupéfait)
  • Vous avez le sens de la propriété sacrément hypertrophié dites moi ! Sinon, je vois que vous êtes immatriculé en Côtes d’Armor. J’aimerais avoir votre adresse : si j’ai l’occasion de m’y rendre, je viendrais me garer chez vous avec plaisir…

Il a dégagé. Pour aller se mettre sur une autre place numérotée. Pas de bol pour lui, le propriétaire de la dite place, rentrant du boulot avait aussi le sens de la propriété hypertrophié… Et mauvais caractère figurez-vous, car comme l’autre ne daignait pas se montrer, il lui a dégonflé un pneu…

Ceci après avoir juste klaxonné deux fois, car la patience n’est visiblement pas son fort…

Puis une heure après, il est redescendu poser un autocollant plastifié (par lui) format 21 X 29,7, juste devant la tronche du conducteur, sur le pare-brise (où donc, d’ailleurs ?)…

C’est un voisin qui est charmant d’ordinaire, mais a mauvais caractère et je regrette fort, quand j’avais la main mise chez Truchon, sur la plastifieuse, de ne pas avoir eu cette merveilleuse idée de me préparer une trentaine d’autocollants « vous êtes sur une place réservée, le parking visiteur n’est pas fait que pour des cons » (authentique).

J’ai guetté, sadique, le propriétaire de la voiture,  mais il a dû repartir trop tard. Dommage.  Le voir ôter le truc ultra collant en grattant bien après coup + mettre sa galette de secours (maintenant les roues de secours n’existent plus), m’aurait certainement réjouie…

On n’a pas idée non plus, d’avoir le sens de la propriété hypertrophié ET plastifié ! (+ autocollant).

Un jour, je le sens, il y aura une bataille rangée sur ce parking. Car ce n’est pas la première fois qu’il y a des drames rapport à « c’est MA place », « m’en fous », etc…

Il y a des jours comme ça, où un rien m’amuse.

Car la vie n’est pas toujours un long calvaire…