Les cow-boys…

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C’était le jour du grand départ de Madame Vampire. Mais nous ne le savions pas…

13 H 30 : grand raffut dans hall d’entrée, ouverture sauvage de la porte du hall donnant sur les escaliers, on frappe violemment à la porte du rez de chaussée. La dame travaille ELLE, elle n’est pas là.

Puis, après cavalcade musclée, on cogne violemment chez le vieux con d’en dessous. J’entends avec surprise « police ! Ouvrez !’. Ca y’est il va croire que j’ai porté plainte contre sa TV mise plein pot, pourvu que cela s’ancre en lui…

Vient mon tour évidemment, heureusement que je suis déjà enfin levée…

Moi je demande avant d’ouvrir. Comme si je n’avais pas entendu le boucan précédent.

  • Police ! Ouvrez immédiatement !

Ca y’est, au cours d’une crise de somnambulisme, j’ai cambriolé le crédit vinicole et j’ai été repérée. J’ouvre ma porte, l’air mal aimable, à 3 jeunes flics l’air aussi aimable que moi. Le « ouvrez immédiatement » ça va deux minutes dans ma résidence car c’est tout sauf la zone, même pas peur, parce que je n’ai rien à me reprocher.

  • Haut les mains. Vous êtes madame Vampire ?
  • Non ! (je suis la sorcière de l’escalier)
  • Vous êtes certaine ?
  • Oui, madame Vampire c’est juste au dessus ! Je sais encore qui je suis…
  • Personne n’a son nom sur la porte, c’est très chiant ! Pièce d’identité je vous prie !
  • Non. Je ne suis pas madame Vampire et point barre, je vous dis que c’est au dessus ! Que se passe-t-il ?
  • Cela ne vous regarde pas !!! (prends toi ça dans la gueule la sorcière !)
  • Mais enfin que se passe-t-il avec madame Vampire ?
  • Vous avez des coordonnées de ses enfants par hasard ?
  • Oui j’ai les coordonnées de son gendre (que je donne, en signalant encore que madame Vampire c’est juste au dessus, mais ils ne m’ont pas crute). Mais enfin que se passe-t-il ? (oui je sais, je commence à radoter…)
  • On s’en occupe madame !

Ils me claquent MA porte au nez et continuent de s’en occuper à aller frapper partout, sur le même ton. J’entends ma voisine du dernier étage leur demander s’ils se sont déjà pris un coup de rouleau à pâtisserie dans la tronche, et je me marre (oui, j’ai l’oreille collée à la porte, je sais, ce n’est pas bien, mais c’est bien pratique pour comprendre ce qu’il se passe).

On frappe à nouveau, au dessus de chez moi, au bon endroit, depuis le temps qu’on leur dit que c’est là… Je reste perplexe : madame Vampire a-t-elle violé le vieux con d’en dessous ? Vu l’air mauvais des trois flics, on peut TOUT imaginer.

Je sais que son fils handicapé est présent. Mon dieu mais que se passe-t-il ?

5 minutes après, voila les pompiers. Mais que se passe-t-il ? (je vous ai dit que je commençais à radoter)

On évacue quelqu’un… Madame Vampire ? Elle a eu un nouveau malaise ?

Les flics plient les gaules en refusant de donner la moindre explication à la voisine d’en face qui s’inquiète, les pompiers que personne n’a voulu déranger, s’en vont à toute vitesse, nous nous retrouvons à discuter dans l’escalier, tous inquiets. Il y a eu assez de morts en janvier 2009 dans l’escalier d’en face… Là, le grand froid nous rappelle de mauvais souvenirs…

Quelqu’un pense qu’elle est partie avec son fils promener le chien, et qu’elle a fait un malaise. Quelqu’un est certain d’ailleurs qu’en fait les flics venaient fermer la porte qu’elle laissait toujours ouverte. Cette explication me laisse à juste titre dubitative…

Car quelqu’un l’a bien vue partir avec le fils et le clebs. Quelqu’un sème le doute et n’a bien entendu rien vu du tout… Les « témoins » qui en fait spéculent tout haut, c’est énervant…

A-t-elle eu un malaise comme l’année dernière ? Auquel cas si c’est elle qui a été évacuée, a-t-on prévenu les frères et la soeur du fils qui ne peut pas rester seul ? Ont-ils eu un malaise tous les deux ? Intoxication ? Qui sait combien de brancards sont partis ? Que va devenir le chien ?

Nous aurons tout faux sur les spéculations. En fait, madame Vampire n’avait pas de papiers sur elle, c’est le voisin qui avait précisé ses noms et adresses. Le portable était déchargé et impossible donc de piocher dans le répertoire pour avertir quelqu’un, et les flics venaient prévenir toute personne présente chez elle, du malaise qu’elle avait eue (en fait qu’elle était morte, en gros). Ceci, quasi 2 H après le décès. Au moins devaient-ils enquêter pour joindre la famille proche…

Alors pourquoi le « êtes vous madame Vampire ? », question posée à toutes les femmes ouvrant la porte, alors qu’ils savaient qu’elle était morte ?

Et puis s’ils nous avaient briffés, nous, les voisins, nous aurions précisé que oui, elle avait son fils handicapé chez elle, et qu’il fallait le manier avec plus que délicatesse.

Après avoir été terrorisé par le « police ouvrez », en n’osant ouvrir, il s’y était résigné et au « votre maman est décédée », le fils a fait un malaise grave avec crise d’épilepsie, d’où les pompiers…

Et nous sommes restés pendant quasi tout le WE à nous demander ce qu’il se passait VRAIMENT, pour apprendre la triste vérité le lundi 11, avec tous les détails, via les fils et le gendre, parce que le voisin qui avait découvert madame Vampire dans sa voiture, était parti tout de suite dare dare chez ses enfants, avec sa femme, pour se remettre… Il était le seul à ce moment là, à savoir que madame Vampire n’était plus…

Ce n’est pas mon style de dire du mal de la police, mais là, franchement, ils n’ont pas assumé DU TOUT ! C’était même du grand n’importe quoi !

Un peu d’explications et on aurait évité peut-être, la crise d’épilepsie, permis à ce pauvre garçon de bénéficier d’une prise en charge autre que « direction les urgences »… Et puis tout le monde ayant ça et là les coordonnées des enfants, nous aurions pu prévenir tout le monde autrement que via « Police, ouvrez immédiatement bien vos oreilles ! »

Et attendre avec celui qui n’est pas comme les autres, l’arrivée d’un frère ou d’une soeur, nous aurions pu faire… Nous l’aurions fait d’ailleurs, la cage d’escalier étant un ramassis de coeurs d’artichauds…

Ben non. Faire le cow boy dans un escalier fait-il partie de la formation d’un membre de la police nationale ?

J’ai des doutes…

La vie n’est qu’un long calvaire.