Prenez garde au chien…

Albert et moi avons décidé, quand nous avons acheté notre pavillon à retaper (histoire du retapage en plusieurs épisodes), de faire l’acquisition également, d’un chien de garde, tout neuf lui.

Notre choix s’est porté sur une malinoise pur sang avec pedigree, et c’est aussi une histoire en plusieurs épisodes, sauf celui-ci.

Lorsqu’elle est arrivée à maturité (sexuelle, c’est le moment où les chiens essayent de voir qui est le dominant ou non), nous avons rencontré avec elle quelques problèmes de comportement et nous nous sommes décidés à consulter un maître chien assez renommé qui devait devenir célèbre, qui habitait juste à côté.

Donc, j’ai emmené la chienne tous les jours, pendant 2 semaines (pas le samedi et dimanche) pour y être moi, dressée par le maître chien (ne nous égarons pas…), car généralement c’est le maître qui commet des erreurs, même si à son sens, mon « sens du canin » n’était pas trop mauvais. Lui, rappelait à la chienne les codes de la meute en me les expliquant, et après, à moi de faire.

Ce qui fait qu’avec moi, elle débuta l’obéissance la plus simple, puis le pistage, l’agility, la défense du maître. Le malinois est un grand joueur intelligent, de plus en plus utilisé par les services de police. Ce qui peut paraître corvée comme cela au profane, est pour le chien un jeu, et surtout, effectué pour l’amour du maître. Un bon dressage, est sans violence, avec amour partagé, récompense, amusement.

Le dresseur devant le pedigree et les résultats rapides, avait détecté une future championne. Père champion de France, grand-père dont tous les dresseurs se souvenaient encore : Vidocq du Boscail… Elle avait l’étoffe des champions, et il se proposait pour l’emmener en concours si j’avais la flemme. Sauf que c’était ma chienne.

Déjà avec Albert qui faisait semblant d’écouter les conseils du dresseur, elle n’en faisait qu’à sa tête, vu que pour elle, visiblement, il ne connaissait pas les codes. La seule fois où il a voulu faire un tour de piste d’agility avec elle (et dieu sait qu’elle aimait ça !), elle a folâtré à ses côtés : le maître chien en était fou. Alors qu’avec moi c’était impec et parfait. Et si le chien adore l’agility en règle générale, je puis attester que c’est très bon pour le maître aussi : j’ai perdu en 10 semaines, mes 5 kg excédentaires de l’époque.

Elle voulait bien, s’amuser moyen avec le maître chien, mais on sentait bien qu’elle n’avait pas trop le goût, surtout si je n’étais pas loin

Car le maître chien ne perdait pas de vue de devenir champion avec ma chienne et me recevait donc quand je le voulais, gratuitement, en me surveillant du coin de l’oeil. Nous n’avons pas tenté le pistage avec Albert. Elle me retrouvait en 10 minutes planquée n’importe où, mais elle aurait pu le laisser crever de froid planqué dans un buisson, en cherchant plutôt du lapin ou autre chose, car malinois ou pas, toute bête à poils lui plaisait bien…

Donc c’était de la graine de championne, nous le savions. J’avais du temps à y consacrer, et ce fut le départ d’Albert qui coupa net cette vocation de championne, car je n’avais plus de temps à perdre consacrer. Et surtout, la proposition du maître chien (toujours lui) apprenant le départ d’Albert et me proposant une forte somme pour ma chienne, ma consolatrice, celle qui m’épaulait en venant me donner un coup de museau quand je pleurais, m’avait un peu dégouté de l’endroit où il exerçait. Comment avait-il pu songer que l’argent me ferait oublier celle qui m’aimait sans partage ?

Bref. C’était donc une graine de championne, nous le savions, et un beau jour dans le secteur une histoire qui fit le tour de la ville et eut l’honneur des journaux (du coin).

Un homme vivant avec un setter irlandais fort sage, eut un malaise cardiaque grave. Alerté par l’immobilité du maître (d’après les médias), une odeur particulière (d’après le maître chien) ou un sixième sens, le setter qui avait toujours une ouverture sur le jardin, se mit à faire un ramdam pas possible, à tel point que les voisins s’alertèrent. Le comportement du chien était anormal qui aboyait comme un fou, ou hurlait à la mort. Son maître ne se manifestait pas, sa voiture était là, et c’est là qu’il y eu intervention pour sauver l’homme de justesse, le setter (pas commode d’ordinaire), laissant entrer le voisin qui alerta les pompiers avant de recueillir la brave bête qui avait sauvé la vie de son maître, tout le temps de l’hospitalisation de ce dernier.

L’histoire grouille d’histoires réelles dans ce genre. Albert et moi en discutions un beau soir pendant que les pizzas chauffaient dans le four. Et de l’histoire du chien du mineur qui l’attendait toute la journée, et ne l’avait pas vu remonter cadavre après un coup de grizou, et a terminé sa vie à attendre à la sortie du puits de la mine snif (histoire vraie), nourri par toute une population attendrie.

Nous nous sommes donc installés devant un bon film, avec nos pizzas sur la table basse et Albert s’est posé la question fatale.

« Et elle, tu crois qu’elle ferait quelque chose si elle nous voyait inanimés ».

Bonne question. Et si on faisait l’expérience ?

Nous sommes tombés raides, lui sur le canapé, moi sur le fauteuil. Un coup de museau pour me soulever le bras (mort), l’autre bras (mort également), un coup de snif, autant pour Albert.

J’espère qu’elle a su que nous n’étions pas morts ou en danger. En tout état de cause elle a pensé que nous étions hors d’état de lui nuire, car, sans plus se préoccuper de nous, elle s’est précipitée sur les pizzas coupées en petits morceaux par Albert, en sautant sur la table basse, ce qui lui était strictement défendu depuis toujours.

C’est sans commentaires… Notre résurrection instantanée n’a pas eu l’air de la surprendre, mais elle s’est juste trouvée bête avec le dernier morceau pas encore englouti, au bout de la truffe…

Au premier qui rigole, rendez-vous derrière chez moi, dans le pré, au petit matin (vers midi).

Comme j’ai le choix des armes, je choisis la mitrailleuse… Z’êtes prévenus…