NON, vous comprenez parce que ce jour là…

non-copierDire NON n’est pas toujours une chose évidente, et ce sont les bonnes résolutions de début d’année de certaines qui m’ont fait réfléchir à cela.

Pourtant le NON est spontané, et c’est souvent un des premiers mots du cher ange après « papa » et « maman ».

Mon père m’avait prévenue avec Pulchérie, et ça n’a pas loupé… Un NON bien franc et ferme devant une proposition de « vavout », et il n’y avait pas à revenir là dessus. 3 ans plus tard, Delphine malgré son côté moins révolte que sa soeur, nous a sorti un NON admirable, (car elle n’était pas de nature contrariante…).

Il faut dire qu’en tant que parents, nous ne pleurons pas le « non » à notre progéniture :

  • Non on ne  met pas les doigts dans la prise de courant
  • Non on ne joue pas avec une fourchette
  • Non on ne touche pas à l’ordinateur de papa
  • Non on ne tire pas le chat par la queue
  • Beaucoup d’occasions de dire non.

J’ai longtemps souffert d’un gros handicap : ma mère est incapable de dire non franchement, il lui faut toujours l’assortir d’une explication, même si tout le monde sent bien que c’est du pipeau…

Au dentiste qui lui propose le  mardi 15 à 16 H, elle ne peut pas dire tout simplement « non, proposez moi autre chose », mais se croit obligée de préciser « non 16 H ça ne m’arrange pas, c’est l’heure où je vais voir ma tante Hortense à la maison de retraite car vous comprenez blablabla… ». Je passe un peu là-dessus, car elle un une liste d’excuses longue comme ça !

J’avais pris l’habitude de faire comme elle, l’ayant toujours vue  fonctionner de cette manière : toujours une excuse, comme si dire non était grossier et mal élevé. Il m’a fallu faire la connaissance avec ma chère psychologue pour m’entendre dire « quand on pose une question, il faut s’attendre à une réponse négative éventuelle, vous n’avez pas à vous justifier tout le temps et encore moins à rajouter que vous êtes désolée ! ».

Peu de temps après, je rentrais chez Truchon. Au départ le patron c’était l’oncle, avec lequel je m’entendais bien, et qui m’avait téléphoné d’ailleurs après mon licenciement pour me préciser que s’il avait été encore en place, les choses se seraient passées différemment (ça m’a fait des jambes ravissantes, vous imaginez bien).

Avec lui, il avait été convenu que de temps à autre, je serais amenée à faire du rab le soir. A charge de revanche bien sûr. Sauf que son neveu (Truchon), n’en avait rien à faire du « à charge de revanche ».

Il ne demandait jamais d’ailleurs à ce que l’on reste plus tard. Simplement il fallait que ce soit terminé pour le soir. Ce qui lui permettait, quand nous avions besoin de partir plus tôt un jour, de nous répondre « non » sans motif et sans être désolé, et de nous préciser que si nous étions restés régulièrement plus tard le soir ces temps derniers c’est parce que nous l’avions bien voulu…

Donc à l’oncle qui demandait, je répondais régulièrement « non, désolée, mais… » assorti d’un prétexte fallacieux, genre RV chez l’orthodontiste pour Delphine, le médecin pour Pulchérie, etc (garagiste, parents, grand-mère…), jusqu’au jour où dépité parce qu’il avait vraiment besoin de moi, il m’a précisé que j’avais vraiment des filles en mauvaise santé, une voiture de merde, des parents chiants, et une grand mère qui n’avait pas besoin de ma visite tous les quatre soirs…

Qu’à cela ne tienne, j’étais outrée qu’on m’en demande de plus en plus (sans être payée plus), sans jamais aucune compensation (je ne notais pas les minutes non plus), et  j’ai pris la décision de dire simplement « NON », à la prochaine demande.

Qui s’est passée 8 jours après :

  • Coraline j’aurais besoin de vous un peu plus tard ce soir. Vous pouvez rester un peu plus ?
  • NON Monsieur Truchonnet ! Je ne peux pas rester un peu plus ce soir (point final, et perplexité de l’adversaire).

GRAND PROGRES, je n’ai pas précisé « désolée« , et je n’ai donné aucun motif. A compter de ce jour, Truchonnet qui était si chiant et qui après son départ nous a tant manqué pourtant, n’a plus jamais eu besoin de moi le soir.

Son neveu si, et de plus en plus, mais la demande était toujours faite par mail interne, dont il savait que je l’imprimais pour l’emporter chez moi, et à compter de ce jour, j’ai toujours pu bénéficier du 1/4 d’heure, de l’heure ou de quoi que ce soit comme espace temps, en cas de besoin, sans conflit, car je n’ai jamais abusé.

Et ne me dites pas que c’est pour cela qu’il m’a virée un jour, nous avons très bien fonctionné après cet épisode, pendant 7 années.

Simplement, il savait que je savais dire NON. Et cela me rendait respectable à ses yeux, lui qui savait si bien manier ce mot.

Surtout depuis ce jour où il m’avait demandé si je pouvais m’occuper du traiteur et faire le service pour de gros clients belges et où j’avais répondu :

  • Je veux bien commander au traiteur, mais faire le service, NON, c’est hors de question !

Le « hors de question » rajouté au « NON », a un immense avantage : généralement l’autre ne revient pas sur sa demande… Du coup ils sont tous allés au restaurant.

NON parce que vous comprenez, faut pas charrier non plus car la vie est assez un long calvaire comme ça !

Une fois que l’on a appris, cela se passe comme une fleur…