Lou mistrau…

aigues-mortes-1Le mistral est un vent catabatique (des explications j’attends, et essayez de placer cela dans une conversation) de nord-ouest à nord, frais ou froid et souvent violent, qui concerne le nord du bassin de la Méditerranée occidentale. Généralement sec et accompagné d’un temps très ensoleillé, son caractère dominant lui confère un rôle important dans l’originalité du climat provençal.

Il peut souffler à plus de 100 km/h en plaine, notamment dans la basse vallée du Rhône. (source : Internet).

Sinon, en dehors de mes sources fort savantes, je connais bien le mistral pour avoir passé de nombreux mois de juillet en Camargue ainsi qu’un automne/hiver à l’époque de ma folle jeunesse où je faisais plein de conneries…

En Camargue, le mistral est infernal passé Arles où rien ne l’arrête plus jusqu’à la mer. La tradition dit qu’il souffle 3, 6 ou 9 jours, mais je n’ai jamais constaté de régularité 3/6/9 en ce qui concerne ce vent.

Le vent violent a une particularité : il énerve. Bêtes et hommes au bout d’une journée ne sont pas à prendre avec des pincettes, et je plains sincèrement ceux qui ailleurs, se coltinent des vents de sable par exemple, ou le blizzard : cela doit être à devenir fou. Rajoutez la pleine lune et il y a de quoi faire serial killer.

L’autre particularité du mistral est de refouler les nappes d’eau chaude vers le large. Après une mer à 26° quasi tout l’été, la Grande Motte nous avait accueillis avec un bon 24°. 2 jours de mistral et c’était du 18° dans lequel je n’arrive plus à m’immerger.

Bien naturellement pas de plage quand le sable balaye à 2 mètres, pas de baignade non plus, c’est dangereux car on peut très vite être emporté vers le large. Nous sommes donc restées à lire tranquillement dans le jardin Mrs Bibelot et moi, moi allant dès 16 H (heure d’ouverture) à la piscine de la résidence dont le peu de chaud n’avait pas été emporté au large, pour profiter encore et toujours de l’eau, encore de l’eau, que d’eau que d’eau…

Mais le vent avait raison de nos nerfs, à tourner les pages des livres, à faire s’envoler la moindre liste (de courses). Le deuxième jour de lou Mistrau, Mrs Bibelot et moi sommes allées à Aigues Mortes, ville que je ne louperais pour rien au monde quand je pars dans cette région là.

Hors de question de faire le tour des remparts de la ville sous peine de s’envoler, restaient les allées piétonnes, les magasins à faire, revoir l’église où Saint Louis avait reçu ses bénédictions avant de partir pour 2 croisades, et la tour de Constance.

C’est une promenade dans le passé que l’on fait malgré soi, malgré la boutique piège où l’on trouve toutes les confiseries possibles et imaginables ou celle qui vend de la fringue qui tue.

Non croyante, dans cette église je regarde les traces du temps, certains piliers n’ayant jamais été rénovés et jurant avec ceux qui devaient l’être. Je regarde ces dalles sur lesquelles tellement de personnes ont marché. Je me suis souvenue de Mrs Tricot disant avec émotion en parlant du saint « nous marchons où il a marché » et de mon grand père émettant des doutes sur la sainteté véritable du souverain. C’était hier, c’est tellement loin…

Aigues morte, j’y ai toujours 9 ans, ce sont nos premières vacances aux Saintes Maries de la mer, c’est en août exceptionnellement, c’est le raisin si bon, la barbe de faire les vieilles pierres parce qu’il y a du mistral, le ras le bol de Constance, c’est ma jeunesse, elle est là, sur les pierres usées par le temps, dans les caniveaux moyen-âgeux en plein milieu de la chaussée.

C’est la fin de mon enfance qui me remonte à la gorge et je sais depuis longtemps que c’est cette ville précisément qui m’a donné le goût du moyen âge, des croisades, des rois maudits.

Tout comme Arles la même première année, m’avait donné le goût des romains, des grecs, et de l’antiquité.

La jeune grand mère que je déplore ne pas être, a comme de coutume versé une petite larme devant l’orange pressée qu’avec maman nous prenons toujours traditionnellement au café des remparts, depuis la première fois. En cachette de ma mère bien sûr, toujours prompte à s’inquiéter des états d’âme de sa progéniture.

A Aigues Morte, on vend des calissons d’Aix, de multiples confiseries, du nougat, mais pas de madeleines…