Il faut faire les foies gras ma chérie !

scene-de-menage1Depuis plusieurs années, Jean Poirotte et Mrs Bibelot font eux-même le foie gras pour les fêtes.

Ce foie gras a une particularité d’ailleurs, « il était toujours meilleur l’année dernière »…

Nous savions que papa bénéficierait d’une « permission » de sortie pour les fêtes, mais pas encore qu’il sortirait définitivement de sa maison de rééducation le 23 décembre.

Donc, il n’était pas question qu’il puisse faire les foies avec maman (qui voulait à tout prix les faire cuire le mercredi au plus tard), ce qui était bien dommage. Généralement quand j’entends le mot « terrine », je prends la fuite, après avoir assisté aux tendres échanges concernant le sel, le poivre, les épices, l’alcool à mettre…

Là, je n’allais pas y couper, en me disant qu’après tout, je saurais à l’avenir, comment procéder.

Sauf que, maman est tellement habituée à se boutiquer avec papa pour des broutilles, que ça aussi m’est tombé dessus.

Deux foies de canard au départ. Maman a rouspété parce que le sien était moins propre que le mien et qu’elle avait plus à dé-veiner et dénerver. Du coup elle a échangé les foies, et là j’ai râlé qu’elle était gonflée.

Car moi je m’en tirais comme si j’avais fait des foies gras toute ma vie.

Est arrivé le moment où il fallait peser le plat avant d’y mettre les foies à mariner, pour savoir après remplissage du plat, combien nous avions de foies à assaisonner.

C’est tout simple, il suffit de faire une règle de trois. YAKA !

Ce qui n’était pas simple, car les deux balances de Mrs Bibelot se sont révélées être hors d’usage. Après 40 années d’utilisation, il est scandaleux de voir l’appareillage de cuisine tomber en panne.

Maman a donc appelé Marie Françoise, une de leurs amies, qui nous a gentiment prêté sa balance.

Donc nous avions 835 g de foies gras. Pour lesquels il convenait donc de mettre sel, poivre, armagnac, porto, 4 épices, en partant d’une base de « pour 500 g ».

Les règles de trois ont été faites non sans difficulté, le 5 g devant-il compter ou pas ? c’est après que nous avons attaqué un problème digne du certificat d’étude, concernant l’alcool, dont il fallait 5 cl… (si notre règle de trois était juste)

Ce soir là, nous aurions été recalées direct…

Maman avait sorti un de ses antiques tupperwares mesurant en ml.

  • 5 cl d’alcool ça fait combien Coraline ?
  • Un doute m’étreint
  • 50 ml ?
  • Maman, regardant d’un oeil un peu torve, le mesureur en ml, et ce que représente 50 ml : « ça ne fait pas beaucoup ». Tu es sûre que c’est 50 ml ?
  • J’ai comme un doute, mais 500 ml cela ferait beaucoup trop…

En plus, j’ai une tare désormais, car ayant travaillé 9 ans dans le traitement des eaux, j’ai pris l’habitude de compter en m3/H, ce qui ne nous arrangeait pas spécialement (pour les m3/h ou m3 simples je suis vachement fortiche)

Car toutes les deux nous avions un doute en regardant la contenance indiquant 50 ml…

Du coup nous avons appelé Marie Françoise, qui a eu un doute elle aussi, et a demandé confirmation à son mari.

C’était bien 50 ml.

Ca ne faisait pas beaucoup. Nous avons donc hésité à téléphoner à l’homme de l’art à la Grande Motte, mais nous nous sommes dégonflées… D’autant que nous avions été prise d’un fou rire pas possible, à compter et recompter combien un litre contient de ml, de cl, de dl…

Nous avons donc versé les 50 ml, maman persistant à trouver que cela ne faisait pas beaucoup du tout, quand nous avons touillé délicatement la préparation, avant de la mettre au frais.

Et comme il faut mélanger plusieurs fois, et bien, à chaque fois, nous trouvions que cela ne faisait pas beaucoup, d’autant que le tout se fige au froid. Le lendemain matin, cela a paru sec à maman, et elle a remis, direct, 50 ml de mélange porto/armagnac.

Sur le coup nous n’en avons parlé à personne, nous attendions de savoir si les consommateurs trouvaient qu’il y avait trop de porto et d’armagnac.

Mais non. Le foie gras était délicieux et ne sentait pas du tout trop l’alcool.

Mais il était meilleur en 2010…

La vie n’est qu’un long calvaire