Pourquoi Pulchérie ?

Parfois on me pose la question, comme ça au passage. Pourquoi avoir choisi pour ma fille ainée, sur mon blog, le pseudonyme de Pulchérie ?

J’avais rencontré ce prénom tout à fait par hasard. Je travaillais chez un avocat qui avait deux avocates stagiaires, dont une avec laquelle j’avais vraiment des atomes crochus. Et sa fille s’appelait Pulchérie. Cette gamine passait son temps à gerber la nuit et je ne sais pas combien de fois j’ai pu entendre que le mari avait super bien dormi alors que Pulchérie avait vomi. La mère elle, avait la mine de celle qui a tout nettoyé et fait une lessive à deux heures du matin. N’empêche que… Je la voyais bien la Pulchérie, avec ses nattes blondes et une tête de chipie. Elle trônait en photo sur le bureau de sa mère, et je m’étais dit que si j’avais la chance d’avoir une fille, ce serait une Pulchérie.

J’étais allée regarder d’où cela pouvait bien venir. En fait du latin Pulcher, l’enfant normalement. A l’époque j’avais juste le gros dictionnaire latin/français de Mrs Bibelot. Maintenant si vous écrivez « Pulchérie » sur google, vous allez même tomber sur une sainte. Ma fille est une sainte, merci mon dieu, il ne me manquait plus que ça !

Le prénom est plus que très peu répandu. Genre, 544 personnes ont été prénommées Pulchérie en France depuis 1900, d’après mes dernières sources (dont une Pulchérie que je connaissais par ouïe dire). Moi qui voulais un prénom à connotation latine, comme le mien (Calpurnia était la femme de Jules César et mon vrai prénom est totalement latin d’origine), rare, original, j’avais touché le gros lot. Sauf qu’en l’entendant Albert eut les zieux qui s’exzorbitèrent. J’en avais un autre en réserve : Azalaïs (prononcer AZA-LA-IS). Pour l’achever pensa-t-il. Les femmes enceintes sont de graves malades mentales, c’est bien connu.

Albert méprisa Pulchérie (boîte à outils) pour me préciser avec quoi rimait Azalaïs (femme à p..is). Albert était un spécialiste du « avec quoi que ça rime » et, ricanant devant mon « Valentine » (trou à p.ne) me présenta le vrai prénom de Pulchérie comme une aubaine, sauf que le vrai rimait comme avec celui de Pulchérie. En plus le diminutif de Pulchérie était tout trouvé non ? Mais Albert était un irréductible : il faudrait lui passer sur le corps avant que sa fille ne s’appelle Pulchérie. J’ai hésité, mais il avait encore au moins une fille à me faire, et ce n’était pas le moment de lui passer sur le corps pour la bonne cause.

Je suis donc une femme frustrée. En effet quand j’arrivais à l’école et criait « ELODIE ! », il y avait 12 merdeuses pour répondre « OUI ! », sauf ma fille (qui elle était un trésor en sucre et non une vulgaire merdeuse). Avec « PULCHERIE », elle aurait sû que c’était bien d’elle qu’il s’agissait et pas fait semblant d’être dissimulée dans un pommier (où elle était d’ailleurs généralement pour traumatiser toute l’école). (Pulchérie a révélé son vrai prénom ici la première, donc, n’est-ce pas, bien sûr, mais elle restera Pulchérie dans mon blog, c’est ma satisfaction à moi, et sinon, vous allez vous perdre, ne me remerciez pas).

Pour Delphine, j’ai re proposé Azalaïs et Pulchérie un soir où Albert ne me semblait pas avoir toute sa tête, après avoir trop réfléchi avec son beau frère aux mérites comparés du bordeau face au bourgogne. Echec total. Il avait encore assez de neurones en fonctionnement pour ne rien signer, alors que j’avais préparé papier et stylo. C’est ainsi qu’il m’arracha le « Delphine » dont je ne voulais pas, tellement je tombais raide de fatigue parce qu’une femme enceinte est une dormeuse en puissance, c’est bien connu.

Fort heureusement j’accouchais dans la douleur, et devant la mienne, en me conduisant à la maternité le klaxon à fond, Albert me déclara, cet inconscient : « finalement on l’appellera comme tu le voudras ». J’ai donc opté pour le deuxième prénom choisi, le premier (Delphine) m’insupportant quelque peu, et comment j’avais pu dire oui ? Klaxon coincé ou pas et col ouvert ou non, pour Pulchérie ou Azalaïs, il se serait arrêté en disant, « faut qu’on parle ». Pour obtenir l’un ou l’autre prénom, j’aurais dû chier ma pastèque sur le parking de Rauchan, je me suis dégonflée car il y a des moments où l’on ne pense pas que l’homme traumatisé ne mouftera quand on déclarera en hurlant aux pompiers « elle s’appelle Pulchérie/Azalaïs ».

Je suis donc une femme frustrée. Moins pour Delphine il me faut le reconnaître, mais juste au sujet du prénom. En fait elle s’appelle Estelle et en ce jour, je vous bénis le révèle. Mais pour vous elle sera toujours Delphine.

Dans le midi où nous avions beaucoup d’amis, quand je l’ai présentée, tout le monde m’a dit « ça c’est un prénom de chez nous ». Oui dans le sud est, non avare en Marius, César et autres prénoms romains, Estelle était la bienvenue.

Tout le monde aimait Elodie bien sûr, depuis sa naissance également. Mais je pense que Pulchérie aurait remporté un franc succès. J’aurais eu la chérie et la belle, en ces terres où le surnom est très important.

C’est pratique un blog. Mon prénom choisi a son succès ici.

Et Azalaïs reste la troisième fille que je souhaitais tant, et qui n’est jamais venue.

Parce que la vie et ses Albert, n’est qu’un long calvaire (les filles arrêtez de dire « ouf, je ne m’appelle pas comme ça ! » finalement je suis certaine que cela aurait fini par vous plaire)

Et puis le principal, c’est que ce sont mes filles et que je ne voudrais les échanger pour personne d’autre, que je n’imagine pas ma vie sans elles, et que grâce à elles, je ne vis jamais le « si c’était à refaire », parce qu’il me faudrait absolument les refaire pour être heureuse.

La seule chose que je voudrais refaire, c’est moi à la mairie en les déclarant sous le prénom que je veux et Albert : POUET !

Et bon WE à tous que vous partiez ou pas !

Mauriiiiiice !

C’était un bel après midi d’été, un moment idéal pour se reposer dans un transat à l’ombre d’un arbre, un bon livre à la main. Les voisins recevaient leurs enfants, et, manque de bol pour le repos dominical, leurs petits enfants. Difficile aux bruits et aux splotchs dans la piscine de savoir combien ils étaient, mais une chose était certaine, il y en avait un qui était plus infernal que les autres :

  • Mauriiiiice arrête de vider la piscine dans la pelouse !
  • Mauriiiiice ne frappe pas ta soeur !
  • Mauriiiiice on ne joue pas avec la hache !
  • Mauriiiiice laisse des gâteaux pour les autres !
  • Mauriiiiice rends nous les clefs de l’audi !
  • Mauriiiiice !!!!!

Un beau dimanche, à se croire en semaine. Epoque où je pointais déjà au chômage et où je passais pas mal de temps dehors quand les beaux jours étaient là. Et dehors c’était à 20 mètres du terrain de sport de l’école qui servait aussi parfois de cour de récréation, avec les commentaires qui allaient avec :

  • Maurice, au foot on ne plaque pas ses camarades !
  • Maurice, au foot on ne garde pas le ballon, surtout sous le coude !
  • Maurice, on ne donne pas de coups de pied !
  • Maurice tu retire les doigts de ton nez quand je te parle !
  • Maurice tu feras 50 lignes !
  • C’est Maurice m’sieur !

C’était Maurice. Pauvre Maurice qui un jour ruina le tibia de Delphine à tel point qu’elle rentra à la maison avec un bleu tuméfié gros comme ça. Le sang de Pulchérie ne fit qu’un tour : elle était la seule à avoir le droit de flanquer des coups de pied à sa soeur. La voici donc partie à l’heure de la sortie de l’étude, en expédition punitive, moi suivant un peu derrière pour éviter le carnage. Maurice faisait 2 bonnes têtes de plus qu’elle, mais elle était bien du genre à sauter en l’air pour lui flanquer un pain et dieu sait ce qu’il pouvait advenir s’il venait au grand dadais l’idée de rétorquer.

J’avais tort d’avoir peur pour Pulchérie. Quand Maurice entendit le fatal « Hep Mauriiiice ! » et qu’il vit l’air aimable de ma fille aînée qui fonçait tête baissée, il choisit de faire profil bas et commença à se défiler, la mine peu fière, voire même terrorisée. Ce n’était pas le méchant cheval, juste un pré-ado un peu embarrassé par sa grande taille, brutal parce que maladroit, et, le maître me l’avait glissé au passage, pas élevé du tout.

Evidemment les copains copines rigolaient bien de le voir fuir devant ma mini terreur, et Delphine venue me rejoindre, riait plus fort que les autres. Il était à ce point terrorisé qu’il ne vit même pas sa mère venue pour une fois le chercher.

« Que se passe-t-il ? » me demanda l’innocente, alors que je bloquais Pulchérie en précisant que cela suffisait : il avait eu peur, c’était très bien. Pour toute réponse, Delphine lui présenta son tibia droit. Elle eut un haut le coeur mais resta digne. Et là chers lecteurs, vint LA PHRASE QUI TUAIT :

« Mon dieu, mais quelle idée avons nous eu de l’appeler Maurice ? »

Oui on se demande quelle idée ont certains parents de donner à leur progéniture qu’ils n’ont pas l’intention d’élever spécialement, des prénoms qui vont soi-disant avec un caractère difficile ou une turbulence annoncée. Les bras vous en tombent certainement, comme les miens l’ont fait ce soir là. Je suis rentrée avec ma progéniture à la maison avec sur le coeur une répartie peu amène.

Quant à moi je suis résolument contre les traits de caractère allant avec le prénom, ayant eu une méchante belle soeur, et les filles une méchante belle mère, ayant le même prénom que moi. Tout de même je me pose encore la question : pourquoi diable l’avoir appelé Mauriiiiice ????