Le gâteau au citron…

Retour de chez mon avocat tordu, en février 1996 (comme le temps passe). C’est un mercredi, je crains le pire. Pour pallier les défaillances éventuelles de ma progéniture chargée de certaines corvées ménagères comme : passer l’aspirateur, vider le lave vaisselle, étendre le linge, j’ai pour habitude de téléphoner à 18 H en annonçant « attention j’arrive ». Donc je suis là dans 20 minutes…

Combien de fois ai-je ri en descendant de voiture, en entendant l’aspirateur vrombir 2 étages plus haut (mon père l’avait surnommé « le cyclotron »), en catastrophe. Ce truc faisait un bruit abominable, et évidemment, elles s’y mettaient toujours au dernier moment. Je les imaginais bien émergeant de leur plumard en hurlant « au secours, elle arrive ! »

Ce jour là, elles ont tout bien prévu, sans doute passé l’aspirateur en début d’après midi, fait leurs petites corvées, en temps et en heure. Mon arrivée est grandiose : sur le visage de mes puces une certaine fierté inhabituelle et aucun relent de disputes ce qui est louche par définition…

La table est mise, la salade composée prévue est faite, et au milieu de la table, trône un magnifique gâteau au citron qui sent fort bon. De plus, comble de la surprise, l’évier est intact, aucun signe de cuisine (je découvrirai l’état du lave vaisselle le lendemain matin en voulant y caser mon bol).

Du coup je me détends, et j’accorde toutes mes félicitations pour le travail bien fait et la surprise du gâteau.

Le dîner se déroule donc dans la bonne humeur, nous tombons d’accords sur le programme du soir, TVB. Ce sont des instants à savourer et que l’on n’oublie pas.

Le lendemain matin, je pars, juste après elles because nos horaires, et je croise ma voisine d’en dessous.

  • « Alors, il était bon ce gâteau ? »
  • « … Oui… Comment savez-vous qu’elles m’ont fait un gâteau ?
  • « Elles sont venues m’emprunter 4 oeufs hier pour faire un gâteau à leur petite maman. Qu’est-ce qu’elles sont mignonnes vos filles »

Le soir, je relève la boîte au lettre, ma voisine de pallier arrive.

  • « Alors, il était bon ce gâteau ? »
  • « Oui… Vous étiez au courant ? »
  • « Elles sont venues m’emprunter 250 g de farine. Je leur ai donné le kg, c’est cadeau ».

Je récapitule donc pour vous éviter toutes les demandes « alors il était bon ce gâteau ? » (question posée par tout l’escalier, jour après jour…)

  • La voisine du dessous : 4 oeufs
  • La voisine d’en face : la farine
  • La voisine du dessous mais en face : de la crème fraiche
  • La voisine du dessus de l’époque, qui n’était pas madame Vampire : 2 sachets de sucre vanillé et de la levure
  • Celle d’en face : du dessus : 1 citron et une râpe à zest tupperware
  • Pour le dernier étage : encore 4 oeufs car elles avaient loupé la séparation blanc/jaune, et mobilisation de la dernière femme pour qu’elle leur désigne ce qui dans mes moules était un moule à manqué…

Tout ceci au son de « on veut faire une surprise à maman qui travaille dur, mais il nous manque… »

Je crois que pour un homard à l’armoricaine, tout le monde se serait mobilisé. Je vois bien le monsieur du 3ème filer à  la poissonnerie d’ailleurs, et se proposant pour tuer et découper la pauvre bête…

Car tout l’escalier m’a demandé si le gâteau était bon et précisé que j’avais des filles adorables. D’un autre côte quand elles cuisinaient comme ça, par surprise, elles évitaient de se hurler dessus, donc cela a dû les changer.

Ce qui ne retire rien à l’attention adorable du petit gâteau pour maman, à qui on va faire une super surprise.

OUINNNNNNN ! (ce n’est rien, juste un coup de mou dans le genou, comme dirait Louisianne)…