La guerre des nerfs…

La_guerre_de_nerfs_53272600Je voulais intituler ce post « la guerre des boutons », mais comme pour « les mouches » quand j’avais des IVNI chez moi, j’ai été dans l’obligation consternante de constater que le titre était déjà pris…Je suis née trop tard dans un monde trop vieux…

Cette femme un peu ironique, c’est la tante Alphonsine, celle qui déménageait les meubles (on dira que c’est elle).

Une femme super, dont je vous reparlerai, maintenant que vous la connaissez. En avance sur son époque et tout et tout. C’était tout de même la tante de la mère de Mrs Bibelot, donc, mon arrière arrière grand tante. Elle nous a laissé plein de souvenirs supers d’un temps désormais dépassé de beaucoup et a gardé pour elle ses gène miraculeux qui feront l’objet d’un post exclusif… (mais qui lui venaient tout de même d’un ancêtre commun, et c’est pas juste)

L’oncle Jules (son mari) avait une bonne situation, donc tante Alphonsine était femme au foyer. A l’époque pour travailler il fallait Zola et faire blanchisseuse genre Gervaise, ou le fond de la mine genre Germinal… Pour la moyenne classe, la femme ne travaillait pas.

L’oncle Jule avait une bonne situation dans les assurances et en outre il était syndiqué. Ca l’occupait pas mal. Il avait de plus un énorme défaut. Quand un problème échappant à sa jeune épouse lui revenait, il rétorquait « je m’y mets demain », sans sourciller et sans s’y mettre. Toute femme comprendra Alphonsine.

Lorsqu’ils louèrent leur première petite maison dans le bordelais après leur mariage, dans les années 732, ils furent heureux de ce grand 4 pièces qui pourrait accueillir un héritier. Sauf que la peinture du plafond du salon cloquait et s’effondrait régulièrement par terre vu qu’il y avait 3 couches de mal posées, ce qui irrita tante Alphonsine qui à 20 ans n’était pas née que pour balayer le par terre.

Elle fit part de son irritation à l’oncle Jules qui imprudent et jeune marié déclara « samedi je m’y mets ». Il ne travaillait déjà pas le samedi et vit donc plus tard, les grèves de 1936 passer sereinement…

Le samedi : rien. Le dimanche non plus. Patiente, la jeune mariée attendit 3 semaines et un beau lundi soir, l’oncle Jules se coucha en constatant avec consternation qu’il lui manquait un bouton à sa veste de pyjama. Diantre ! où était-il passé ? Il s’en ouvrit à sa jeune épouse qui lui rétorqua qu’il était vraiment maladroit. Elle avait autre chose à faire qu’à recoudre un bouton avec le boulot que lui donnait ce plafond merdique.

On reconnaitra bien là l’homme et son absence de signal « danger »… L’oncle Jules s’endormit tracassé par ce bouton manquant. Le lendemain matin, il lui manquait un bouton à son pardessus. Et impossible de s’en ouvrir à Alphonsine qui balayait le salon suite à des chutes inopinées de peinture cloquée au plafond…

Le soir il n’y avait plus de boutons du tout sur le pyjama et il s’entendit accuser de négligence aggravée « mais que diable fais-tu avec tes boutons, j’ai autre chose à faire avec ce plafond ! ». Le lendemain matin, le pardessus ne comptait plus aucun bouton non plus. Il saisit l’allusion au plafond et décida de résister coûte que coûte. L’homme est ainsi fait qu’il préfère lutter plutôt que de se rendre quand il en est temps… La grande histoire grouille de ce genre de petites histoires, avec des morts partout et non pas des boutons perdus…

Les boutons étaient bien recousus, sur ses chemises, son pardessus, ses pantalons, mais ils lâchaient traitreusement au moment le plus inoportun.

Après 8 semaines à vérifier sa braguette, l’oncle Jules rentra un soir avec de la peinture et ce qu’il fallait pour l’étaler. Le plafond fut refait le samedi suivant, et les boutons tinrent bon.

Chose curieuse : il lui fallut toujours un certain temps à se demander pourquoi diable il avait perdu un bouton de pyjama

Deux de ses fils encore en vie à 97 et 96 ans le confirmaient : c’était toujours pour un bon motif que les boutons tombaient… Ils ont vécu eux aussi ce calvaire…

Si les guerres se faisaient toutes comme cela… Ce serait marrant non ????

Et vous la guerre des nerfs matrimoniale, ça vous parle ?

Scène de ménage : Terrines et haricots…

scene-de-menage1Mes parents en cuisine, c’est toujours super…

Fort heureusement cela ne dégénère jamais, mais je préfère rester neutre, on n’est jamais trop prudent…

Sauf quand on me demande mon avis. Forcément, je le donne… Là j’ai été d’une imprudence folle !

Dimanche nous fêtons l’anniversaire de la petite dernière et il y aura donc :

  • Un pâté fait maison par Jean-Poirotte
  • Un gigot avec des haricots frais, et donc à écosser. Dans la famille nous appelons d’ailleurs cela des haricots écossais, depuis qu’un fermier du village avait mis un panneau « à vendre : haricots écossais ». (Tout le monde s’en fout…). Ce qui pourrait nous faire passer pour des ignares, aux yeux de ceux qui ne connaissent pas le gag…

On a commencé par les haricots écossais…

Chacun sa technique.

  • Jean-Poirotte : pourquoi tu coupes l’extrémité des cosses Bibelot ? Regarde, ça se fend tout seul !
  • Mrs Bibelot : parce que j’ai très mal à mon articulation du pouce droit, et que de couper l’extrémité c’est mieux pour ne pas forcer…
  • Mais regarde : ça se fend tout seul !
  • Evidemment quand on n’a pas mal à la main, ça va tout seul.
  • Déjà que j’ai mal aux genoux…
  • Je ne vois pas le rapport…
  • Coraline… Toi aussi tu casses l’extrémité ?
  • Oui, j’ai toujours fait comme ça…
  • Pourtant, regarde, ça se fend tout seul.
  • … … …
  • Tu vas finir par terminer les 2 kg de haricots tout seul !
  • Quel caractère ! mais je persiste à dire qu’il n’y a pas besoin de couper l’extrémité des cosses, regarde, je vais 2 fois plus vite que toi vous !
  • Tant mieux tu pourras terminer tout seul.

Vlabadaboum, vla le pâté à faire maintenant.

Je vous épargne les détails concernant la quantité de sel à mettre, ou plus, ou moins, tu es sore ?  tout à fait sore, et le moment où j’interviens tout de même en rappelant que pour éviter toute guerre nucléaire dans la cuisine en cas de pâté attitude, j’ai personnellement moi je, noté les quantités de sel dans le livre de cuisine phare de Mrs Bibelot… Ils vérifient et tombent d’accord sur mon dos, comme quoi j’écris comme un cochon, ce qui est totalement faux.

Au lieu de rectifier de leur écriture, ils sont donc obligés de ressortir l’antique livre de cuisine de la tante Marie, qui appartenait à mon arrière arrière grand-mère et qui est annoté de partout…

Il y a ensuite l’horrible choix à faire parmi les terrines de Mrs Bibelot, dont certaines ont 1 siècle et demi, car on garde tout dans la famille.

Elle revient toujours avec 3 terrines (je précise qu’elle en a en tout une dizaine, de toutes les tailles) :

  • La trop petite
  • La plus grande
  • L’autre un peu plus grande, mais plus arrondie.

Le cérémonial diabolique du choix de la terrine ayant lieu environ 6 fois par an, je sais que la plus grande et l’autre plus grande mais plus arrondie, font exactement la même contenance, depuis que j’ai suggéré de vérifier en en remplissant une d’eau, et en reversant cette eau dans l’autre terrine.

Car Jean-Poirotte fait toujours des pâtés de la même taille. Pour le foie gras de fin d’année, c’est une autre guerre…

J’ai fait le même coup à ma mère qui refuse toujours malgré tout, de prendre un des jolis bols bleus à fleurs de son arrière grand mère, sous prétexte qu’ils sont trop grands pour le thé. Ils font exactement la même contenance que ses bols en pyrex, mais rien à faire. Si elle ne veut pas s’en servir, elle n’a qu’à aller les enterrer dans le fond du jardin ou carrément le dire.

  • Cette terrine là est trop petite
  • Bon alors essaye la plus grande
  • J’ai l’impression qu’en fait elles font la même taille
  • Ca m’étonnerait !
  • Jean-Poirotte se lève et refait le coup de la flotte : les deux terrines contiennent exactement la même quantité
  • Recommence, je n’ai pas vu ce que tu traficotais dans l’évier

Et là, je ne pouvais même pas m’esbigner, car je devais aller acheter le gigot avec maman, dès fois qu’elle se perde (mais c’est toujours un plaisir de faire des petites courses ensemble…)

Dans la voiture d’ailleurs, j’ai tout de même eu droit à un :

  • Ton père est d’une mauvaise foi pas possible.

Je n’ai pas creusé pour savoir s’il s’agissait des haricots écossais, ou de la contenance des terrines…

Quand nous serons à la Grande Motte, j’ai prévu un carnet pour prendre des notes !

La vie n’est qu’un long calvaire !

Scène de ménage :-)

scene-de-menage1Parfois mes parents réussissent très bien dans cette série qu’ils ne connaissent pas…

Fort heureusement cela ne dégénère jamais, mais je préfère toujours prendre la fuite, on n’est jamais trop prudent…

Jean Poirotte doit aller chez le marchand du coin récupérer de l’outillage qu’il a commandé (parce que chez le petit marchand du coin c’est moins cher qu’à Casto…).

  • Bon, je vais y aller, je préfère que tu me prépares le chèque à l’avance
  • Et pourquoi ? Tu ne peux pas prendre le chéquier ? (Mrs Bibelot)
  • Je n’aime pas me trimballer avec le chéquier, vous les femmes, au moins, vous avez un sac à main, moi le chéquier ça m’encombre…
  • Bon et bien, voici un stylo, tu n’as qu’à faire le chèque toi-même, tu es assez grand !
  • Oui bien sûr que je suis assez grand.
  • … (il va chercher le sac à main de sa femme)
  • … (il en extirpe le chéquier)
  • … (rédaction du chèque)
  • … (habillage du père)
  • … (départ du père)

Mrs Bibelot regarde partout pour remettre le chéquier dans son sac à main puisque c’est elle qui a la garde de la chose.

  • Ben il est où le chéquier ?
  • Papa est parti avec (moi).

Oui. Il a bien rempli le chèque parce qu’un chéquier est encombrant, mais il est parti avec le chéquier à la main, sous mon regard ironique…

Le retour…

  • C’était bien la peine de remplir le chèque pour partir avec le chéquier…
  • Oui mais cela m’a évité de prendre mes lunettes. Tu comprends, vous les femmes, vous avez un sac à main, moi mes lunettes ça m’encombre…
  • Oui et si tu as à remplir un constat amiable tu fais comment ?
  • Bon ben moi j’y vais, à demain !

On sait quoi lui offrir pour la fête des pères…