Comment changer radicalement d’avis… (part 3)

Elodie 1ère année maternellePulchérie continuait à faire partie de la bande à Zoël, et pour plus de commodités morales pour les mâles, elle était même devenue son amoureuse complètement folle. La femme du chef : ça se respecte et ça peut tirer au fusil, leur moral(e) l’exigeait…

Pendant ce temps là, son cousin faisait partie d’une seconde bande, mais celle à Baader (qui faisait tristement parler d’elle à l’époque, enfin, la vraie), dans son école. Lui, il fabriquait des bombes, sa bande et lui méprisant la guerre. Après la naissance de Delphine et une visite chez mes beaux-parents, le cousin expliqua à Pulchérie qu’il n’y a pas que les tireurs, il y a aussi les poseurs ou lanceurs de bombes, les terroristes, ou bien des poseurs de mines, entre les tranchées, à la rigueur, si elle y tenait… Continuer la lecture de « Comment changer radicalement d’avis… (part 3) »

Retournement d’opinion… (2)

Elodie 1ère année maternellePulchérie devait entrer à la maternelle en septembre 1984 (pile poil AVANT la naissance de la petite soeur prévue pour octobre, ce qui est mieux concernant l’histoire de la jalousie de l’aîné) et attendait ce moment avec impatience, s’ennuyant seule à la maison, même si elle pouvait me brosser les cheveux et faire du tricycle dans le nouvel appartement dont le couloir formait un U.

Le jour J, c’est une enfant enthousiaste que j’ai conduite à l’école, et je suis revenue le midi avec une gamine hurlant qu’elle voulait rester à l’école, ce qui fait toujours plaisir, et en tout cas faisait l’envie des mères dont les gosses hurlaient, eux, qu’ils ne voulaient pas y retourner.

Après avoir mal mangé comme de coutume, elle commença à déambuler dans l’appartement, en hurlant « pan ! pan ! » et en pointant l’index et le majeur, les autres doigts bien repliés, d’une manière très caractéristique. A son père arrivé pour bien manger lui, elle tira dessus : « pan papa, tu es mort ! ».

  • « Eh bien me fit Albert philosophe, s’ils commencent à jouer à se tirer dessus dès 3 ans, l’humanité n’est pas sortie de l’auberge… »

Lui non plus  ne l’était pas, mais il l’ignorait encore.

J’appris petit à petit, en discutant avec l’institutrice, une routarde à qui on ne la faisait pas, et à sa collègue non plus (deux classes : petits/moyens, et moyens/grands), que Pulchérie s’adaptait trèèèèèèès bien à l’école et que je n’avais pas à me faire de soucis pour elle.

Les choses se passaient toujours de la même manière, c’était hallucinant d’ailleurs, depuis 25 ans qu’elle exerçait cela n’avait pas changé.

  • Le premier jour, les garçons se tiraient dessus, les filles faisaient de même,stimulées par leurs petits camarades.
  • Le deuxième jour, les garçons se divisaient en deux clans : les méchants, et les gentils.
  • Les gentils avaient la tranchée n° 1 (bac à sable n° 2, le plus loin possible de l’oeil exercé des maîtresses, qu’ils croyaient)
  • Les méchants ‘les boches » (eh oui, il y a 30 ans, les enfants avaient entendu parler des « boches », Pulchérie avait d’ailleurs des arrières grands mères et une arrière arrière grand tante qui avaient « fait » 14/18), avaient la tranchée n° 2 (bac à sable n°1)
  • Restait aux filles, les cantinières par tradition, le bac à sable n° 3 dans lesquelles elles faisaient du sable fin pour nourrir les gentils (je faisais la même chose…).
  • Pour éviter les disputes et crêpages de chignon, les gentils et les méchants changeaient une semaine sur deux de bac à sable, pour changer de statut.

Pulchérie décréta le 3ème jour que faire du sable fin (cantinière ou « la cantine » comme elle me le racontait) n’était pas pour elle, et décida d’aller jouer dans la tranchée n° 2 (bac à sable n° 1) dans laquelle elle débarqua son arme fin prête (la main correctement disposée) pour s’entendre dire que les filles, ça ne fait pas la guerre.

Le chef de la bande qui ne savait pas que Pulchérie était Pulchérie, et qu’elle avait l’habitude de jouer avec son cousin qui n’avait qu’un mois de plus qu’elle, se prit une bonne claque pour lui apprendre si les filles ça ne faisait pas la guerre Puis une deuxième parce qu’il avait eu l’audace de dire « même pas mal ». Après conciliabules avec le reste de la bande, il fut convenu que Pulchérie ferait partie des combattants.

« C’est un cas de figure qu’on ne voit pas tous les ans, les filles vraies combattantes sont extrêmement rares »  nous raconta la maîtresse, alors qu’Albert était venu avec moi la récupérer un samedi midi. Il en éclatait presque de fierté !

Mais mon trésor en sucre rose réalisa le jour même de sa prise de position qu’elle faisait partie des méssants, et décida de passer à l’ennemi et d’investir le bac à sable n°2, donc la tranchée n° 1.

Où un dénommé Zoël, qui commandait les  zentils, l’avait priée de déguerpir, car il ne voulait pas de fille chez lui.

Zoël se prit donc un bourre pif magistral, et déclara en revenant de l’infirmerie avec du coton dans les narines, que Pulchérie était acceptée dans la bande.

Acceptant d’être une méssante une semaine sur deux, Pulchérie continuait à s’entrainer à la maison, ce qui amusait beaucoup son père, qui se mit à jouer avec elle en tirant également avec son index. Pour parachever le chef d’oeuvre, il lui apprit l’art de l’embuscade, et nous passions notre temps à la chercher partout.

SA fille avait su s’imposer, ne se laissait pas marcher sur les pieds, nous n’avions pas à nous faire de soucis pour elle, effectivement. La maîtresse était une sainte femme très psychologue. « Hein ma chérie ? ».

« Ma chérie » commençait à compter les contractions, tout en ne trouvant pas très bien de laisser les enfants s’entretuer comme cela, mais bon, l’ouverture de la chasse avait eu lieu, des fusils, Pulchérie savait ce que c’était, que l’on n’y touche JAMAIS, et que cela tuait des lapins, des faisans, était-il utile de lui faire déjà un discours sur les horreurs de la guerre et ce qu’est réellement la mort ?

Et aurez-vous le courage de lire les autres épisodes, bien évidemment sanglants ?

La vie n’est qu’un long calvaire…