Je suis un peu larguée là…

Enfant pleurantJe vous ai déjà parlé de Blaise (ICI) mon petit voisin de pallier qui est un éternel mécontent, et là je me sens totalement larguée par l’éducation tout court donnée aux enfants, malgré mes petits coups de gueule sur l’évolution de l’éducation des chiards.

Déjà qu’aujourd’hui j’ai lu dans le Parisien qu’une nounou avait « avoué » avoir couché sur le ventre un BB juste avant son décès. Moi quand Pulchérie est née, c’était LA REGLE. Donc on aurait extorqué des aveux à une nounou qui aurait couché un enfant sur le dos (ce qui désormais est LA REGLE). Continuer la lecture de « Je suis un peu larguée là… »

Les parents chiants…

Etre assistante maternelle n’est pas forcément une sinécure. Sauf que comme elle est « chez elle », beaucoup n’imaginent pas que c’est un travail à plein temps. Parfois plus d’ailleurs, parce qu’il faut avoir de bons nerfs pour supporter certains parents.

Il y a celui sur lequel on ne s’étend pas : qui dépose son enfant à l’heure le matin, en donnant juste un ou deux renseignements pouvant être intéressants, le récupère le soir, toujours à l’heure, en 4 minutes, vient le récupérer s’il tombe malade, et n’est pas trop intransigeant sur les méthodes éducatives de la « tatie » qui ne supporte pas d’être mordue. Quand il y a un RTT de pris par le père ou la mère, ils sont trop contents de s’occuper eux-mêmes de leur enfant, et préviennent à l’avance. Ca c’est l’idéal absolu dans un monde non idéal.

Mais ça se gâte souvent :

  • Il y a le mari qui trompe sa femme et qui dépose donc l’enfant avec 1 H 1/2 d’avance, sans prévenir. Quand l’horaire prévu est 10 H – 19 H et que l’on a prévu de commencer sa matinée tranquillement en allant faire ses courses, il est toujours sympa de le voir arriver si tôt.
  • Il y a le mari qui trompe sa femme et qui récupère donc l’enfant avec 1 H 1/2 de retard, sans prévenir. Injoignable sur son portable évidemment, et c’est le jour où la « tatie » a RV chez le médecin pour les rappels de vaccin de ses enfants à elle.
  • Il y a le père qui vient récupérer son môme, s’avachit dans le canapé, très décontracté, en donnant plus que nettement l’impression qu’il n’attend qu’une chose : qu’on lui propose un apéritif.
  • Il y a la mère qui doit travailler toute seule dans un bureau sans voir personne de la journée, et qui n’a qu’une envie : tailler une bavette avec « tatie », quand elle vient récupérer sa fille. Moralité elle s’incruste pendant 1/2 H sans s’imaginer que « tatie » a une deuxième journée après le départ des enfants qu’elle garde.
  • Il y a la mère qui en 3 ans de temps, ne manquera jamais 1 H de boulot. Quant le gosse est malade, qu’on l’avertit qu’il a 39, elle ne viendra pas plus tôt et le déposera le lendemain matin avec l’ordonnance et les médocs. A la nounou de jongler pour aller chercher ses enfants à l’école, avec un « petit » 40° pendant 3 jours. Le jour où cette mère met son gamin à l’école, elle est scandalisée d’être appelée pour venir chercher son gosse malade, tout de suite, immédiatement, sans délai, car l’école n’est pas une infirmerie (chez la nounou non plus)
  • Il y a ceux qui, quoique prenant un RTT de temps à autre, laisseront tout de même l’enfant à l’ass-mat, même s’ils n’ont qu’à se faire bronzer dans le jardin et pas l’excuse d’avoir la cuisine à repeindre. Ce sont généralement les mêmes qui fourguent leur môme aux grands parents quand ils partent en vacances, on se demande pourquoi ils ont fait des gosses (ou un, après on espère qu’ils s’arrêteront là).
  • Il y a l’angoissée végétarienne qui espère et le répète matin et soir, chaque jour que dieu fait, que la nourrice forcément indigne à un moment ou à un autre, ne lui a pas refilé un peu de jambon.
  • Il y a les adeptes de l’éducation très permissive. On ne doit dire « non » à leur gosse sous aucun prétexte et le laisser s’épanouir en pourrissant la vie des autres. C’est facile à éduquer ça (et on craque toujours).
  • Il y a ceux qui pour avoir la paix plus tôt le soir, demandent à la nourrice de zapper au maximum la sieste du chiard. 1) c’est le moment où elle peut souffler un peu, 2) les enfants ont besoin de sieste, 3) quand on essaye de zapper la sieste on se trimballe un môme infernal tout l’après midi.
  • Il y a ceux qui vous déposent un enfant avec une gastro très contagieuse, sans prévenir, et surtout sans linge de rechange.
  • Il y a le père qui en déposant l’enfant le matin, laisse entendre à la nourrice qu’elle peut le recoucher tout de suite, parce que n’est-ce pas, bien sûr…
  • Il y a le et la maniaque qui en première demande exigent que « tatie » porte des manches longues et pantalons pour qu’il n’y ait pas de contact peau/peau entre elle et l’enfant (authentique). Qui grimacent quand l’enfant s’est amusé un peu dans la pelouse parce qu’il y a une tache de vert sur la salopette en jean. Qui déposent un ballot de linge pour que l’enfant soit changé toutes les heures. Qui ne comprennent pas qu’un enfant ne se garde pas dans sa chaise haute pour rester aseptisé…

Après des années d’expérience, on doit voir les parents d’un autre oeil…

La pub d'enfer…

Avec gendre n° 2, pour ceux qui vont bientôt suivre, nous revenions de Paris en écoutant de la musique. Nos goûts sont assez semblables (quel délicieux garçon !), et quand le nom d’un chanteur nous échappait, nous avions pris l’adage « si tu ne sais pas tu me demande ! ». Nous avons eu l’occasion de le faire plusieurs fois entre Paris/Yvelines Yvelines/Paris et Paris/Yvelines (faudra suivre).

Commentaires sur la signification de la chanson quand elle dit autre chose que « bip ah beloup ah ! », chants dans la voiture, c’était sympa.

Plage de pub c’est obligé, et là, une qui nous a vraiment fait rire.

  • Cela fait 3 heures que vous faites les soldes et tout à coup votre enfant vous dit :
  • « Mamannnn, mais commennnnnt tu faiiiis pour être aussi en foooorme, depuis le temps que tu fais les sooooldes ? » (ton niaiseux à souhait)
  • « C’est parce que je n’ai pas les jambes lourdes mon chéri » (ton niais également, on sait de qui le chiard tient)
  • « En effet grâce aux Omégas 4, à l’extrait d’ortie bleue et gnagnagna, maman n’a plus jamais les jambes lourdes (et les pieds en compotes, et les mauvaises pompes, et le trou de balle en choux fleur…)
  • « ah bon, je comprends mieux (le trésor niais…). Tu es une super maman ! »

Donc, pour ceux qui n’ont pas d’enfants, je vais vous restituer le bon dialogue. Les jambes lourdes, le bambin chéri ne sait même pas ce que c’est !

  • Cela fait 3 heures 1 heure à peine que vous faites les soldes et tout à coup votre enfant vous dit :
  • Maman, j’ai chaud, j’ai soif, j’ai faim, je m’ennuiiiiiiiie !
  • T’as vu comme elle est mooooche la dame ?
  • T’es grooooossse là dedans !
  • Je veuuuuux rentrer à la maisoonnnnn !
  • Je veuuuuux une glaaaaace ! et un cocaaaaa !
  • C’est quaaaaand qu’on reeeentre ?
  • Je te dééééteste et j’en veux paaaaas de ton jeaaaan !
  • Je le dirai à papaaaaa que tu as priiiiis sa caaaarte bleuuuue !

Je pense que grâce aux omégas 5, à l’extrait de méduse non filtré et au sirop maillet, vous pourrez faire vos soldes tranquillement (ne rien rayer dans la composition du remède anti chiard).

D’un autre côté, faut vraiment avoir la circulation en vrac pour ne pas refiler un môme à une bonne poire avant d’aller faire les soldes… Quelque part le cerveau manque d’irrigation…

Un temps pour tout…

Il y a trop de temps à vivre dans notre vie, pour les passer tous en revue. Il y a malgré tout le temps où il faut tourner la page, il y a le temps où il faut regarder devant et non derrière, il y a le temps du souvenir qu’il faut laisser mourir. Non pas oublier, mais se rappeler sans amertume et sans larmes. Il y a le temps de la sagesse qui doit venir.

Qui étais-tu petite ? Et quelle était ta destinée ? Elle était écrite dès ta naissance, comme pour chacun d’entre nous, mais personne n’aurait pu y croire… C’est à cause de destinées comme la tienne qu’il vaut mieux ne pas savoir. Que c’est une bénédiction de ne pas savoir.

Les parents imaginent toujours pour leurs enfants, comme un chemin parsemé ça et là de cailloux blessants, mais un chemin qui va le plus loin possible, vers de lointains paysages. Tu devais contempler de ton regard bleu les vertes prairies, les torrents impétueux, les étoiles brillantes, les forêts enchantées. Tu avais devant toi un long chemin, des enfants à venir, des souvenirs à engranger, des amours à pleurer, des amours à aimer.

Pourquoi ta destinée était-elle finalement de laisser une plaie béante dans le coeur de ceux qui t’aimaient ? Pourquoi devais-tu laisser tes parents suffoqués par le chagrin, étouffés de larmes, pleurant silencieusement au coeur de toutes les nuits trop noires, après toi ? Pourquoi ta destinée était-elle de changer certains regards pour toujours et à jamais ? Les destins restent muets, sans doute honteux, et toi, tu ne savais pas pourquoi… Tu ne le voulais pas ce pourquoi, tu ne la voulais pas ta destinée. Tu ne l’avais pas choisie, car nous la subissons tous.

Pourquoi 5 syllabes ont-elles suffit à tout changer ?

Leucémie aigüe. Tu étais née trop tôt après la guerre pour qu’il subsiste le plus petit espoir qui existe désormais, même si parfois on l’oublie. A l’époque de l’annonce faite à tes parents, 100 % de décès, c’était la règle, le même taux de mortalité qu’avec la rage. Aujourd’hui peut-être aurais-tu une chance, même infime, malgré tout un espoir vrai.

Tu n’avais que 3 ans et juste 2 années encore à vivre, brûlée de rayons, gonflée des médicaments du dernier espoir, de l’ultime tentative, bourgeonnant de tests de la dernière chance que personne ne voulait t’infliger, ni te refuser, souffrant sans comprendre, aimant encore rire avec ta soeur et votre langage secret, et faire des farces. 2 années à avoir toutes les maladies, toujours quelque chose de forcément terrible pour toi. 2 années d’espoirs vains mais ne voulant pas mourir. 2 années à ne rien, ne surtout rien te dire, à t’imaginer de méchants contes et d’affreuses sorcières pour t’expliquer tes misères et tes gros malheurs. 2 années pour toi à parfois exiger de dormir avec ton reflet, ta jumelle, comme si elle pouvait te transfuser la vie non menacée qu’elle portait. 2 années à rejeter ta mère pour te blottir contre celle avec laquelle tu avais partagé 8 mois de vie et d’espérance de devenir. 2 années pendant lesquelles finalement tu savais… Et c’est cela le plus atroce.

L’hôpital était devenu ta promenade habituelle, l’endroit où ta mère t’emmenait en perdant dès la veille un kg de larmes et de perte d’appétit. Les prises de sang te faisaient toujours pleurer, les ponctions lombaires aussi. On te disait courageuse, mais le courage c’est affronter ce que l’on comprend, et toi tu ne comprenais pas. C’était juste ton innocence et ton amour de la vie que l’on perçait avec des aiguilles ou des trocarts inhumains, devant une mère paralysée par ta souffrance. Un simple rhume te repoussait aux frontières de la vie, une grippe n’était pas envisageable, une rougeole pouvait te tuer. Tout le monde était vacciné contre tout ce qu’il était possible de t’apporter risquant de te tuer.

Il y a eu cette nuit où la médecine t’a réanimée sous les yeux de tes parents qui ne pouvaient même plus pleurer. Et puis 3 jours plus tard, il y a eu ton départ, et une famille à jamais endeuillée, se demandant le pourquoi de 3 nuits plus tôt, et pourquoi ne pas t’avoir épargné 3 jours de souffrances qui faisaient taire ton babillage. Il y a eu deux personnes qui plus jamais n’ont pleuré après toi. Il y a eu tes frères et soeurs à jamais coupables d’avoir survécu. Il y a eu ce jour sombre et pourtant si ensoleillé où l’on t’a emmenée vers ta dernière demeure, cette tombe restée volontairement sans croix, sans pierre gravée, ce petit monticule de terre sous lequel tu repose depuis 45 ans…

Quand on le regarde ce petit monticule, il y a l’image insoutenable du fin squelette que tu es devenue sous cette terre mangeuse de chair, la négation absolue de la mort, que nous portons en nous. Et puis on ferme les yeux pour mieux penser à toi, et il y a les enfants que tu n’as pas eus, les amours que tu n’as pas vécues, les forêts enchantées que tu n’as pas parcourues, toute une vie que tu n’as pas vécue mais que tu aurais pu vivre sans parcourir des chemins forcément différents pour tous.

Et maintenant le temps rapproche de toi ceux qui t’aimaient, et se profile le jour où tu les accueilleras dans ce quelque part que nous n’imaginons pas et parfois en lequel nous ne croyons pas. Enfin tu seras victorieuse, quoique sans joie. Et le temps comble le fossé de ton absence, de chairs pouvant encore attendre, d’âmes perdues par le manque de mémoire, d’accidentés partis trop tôt…

A jamais et pour toujours pourtant, il y a tes grands yeux bleus qui ne comprennent pas, tes tresses blondes dont la lumière semble soufflée, éteinte, par la maladie. Et pour ceux qui restent, il y a du chagrin, de la peine à croire en une entité d’amour et de justice, un refus souvent, de rentrer seulement dans une maison du culte. Pour encore longtemps, il y aura des fleurs poussant comme seules sur ta tombe, abreuvées malgré tout des larmes de ceux qui silencieusement, en douce, avec culpabilité, viennent de temps à autre te rendre visite, en s’excusant de vivre.

Et il y a toujours la survie de l’espoir, pour ceux qui t’ont mise au monde, et espèrent envers et contre tous, envers et contre eux-mêmes, malgré ce en quoi ils ne croient pas, malgré tout…

Il y a ce moment qui viendra fatalement, où tu les attendras, tes petites mains ouvertes se tendant vers eux en criant « papa ! maman ! » de ta voix à jamais enfantine et enfin joyeuse. Tu sentiras le bébé trop aimé et le soleil qui ne brûle pas et non plus le désinfectant honni. Tu chanteras les comptines qui t’ont été refusées mais qu’ils ont tout de même chantées pour toi, et tu aimeras trop fort ceux qui sont nés après toi dont tu diras que tu les protège. Et tu mettras tes petits bras autour du cou de ceux qui ont tant à t’apprendre même si tu as tout compris, tu pourras leur dire que tu les aime tellement fort que tu peux enfin accepter de mourir, et que ce n’était pas la peine qu’ils souffrent autant… Tout le monde pleurera, mais enfin de joie, là où tu les attends.

Ils le savent, c’est une certitude pour eux : tes yeux seront bien d’azur, et tes nattes dansant dans ce paradis fait pour toi et pour eux, auront la blondeur rayonnante de l’enfance et de l’espoir. Dans l’au-delà où, ils y croient très fort malgré eux, tu les attends, tu seras vivante pour toujours et à jamais indemne et heureuse enfin, fleurant bon l’amour, l’avenir et le bonheur sans nom. Et les rides du chagrin s’effaceront, et les sourires refleuriront, et les regards redeviendront purs et sans larmes.

Il fallait le dire, mais le dire enfin, c’était le dire vraiment. A celle qui restera pour toujours l’éternelle enfant victime d’une injustice affreuse, pendant que nous vieillissons petit à petit pour aller la rejoindre…

Adieu petite…

1958 – 20 juin 1963