1970… le mois de Juillet de l’ennui… (1)

Frédérique 1970

Cette année là (là là), mes parents et mes grands-parents paternels s’y étaient pris trop tard pour notre location à Lancieux (Côtes du Nord à l’époque) où nous avons passé tous nos mois de juillet de 1968 (mois de juillet mémorable, puisque l’arlésienne est née le 14 avril 1969, et que nous avons retrouvé une carte postale il y a quelques années, envoyée par maman à son père : « le 14 juillet s’est bien passé, retraite aux flambeaux, feu d’artifice, ETC… ») jusqu’en 1975 où nous avons opté pour très longtemps pour les Saintes Maries de la mer…

(Pour la carte postale, inutile de vous dire qu’après un gros tri il y a quelques mois, elle est dans la boîte qui va bien, à savoir celle dans laquelle il y a les cartes qui comptent, et non pas « bons baisers » d’on ne sait pas qui)…

Où partir en juillet ? Je vas vous le dire : dans le haut du Cotentin, aux Gougins St Marcouf, à l’époque bled paumé, et je n’irai pas faire un tour pour voir si cela a changé… Cet endroit là méritait plutôt de s’appeler « le bout du monde », ou « le trou du cul du bout du monde ». Une ex voisine de mes grands-parents y habitait désormais, et était ravie de nous trouver une maison à louer (on peut la comprendre, cela lui ferait de la distraction pendant au moins un mois), ce qui  n’était pas difficile, vu que les rares propriétaires d’une maison de famille allaient forcément  passer leurs vacances ailleurs, à l’époque. En fait c’était la deuxième fois que nous nous rendions là-bas, et toujours pour la même raison : impossible de trouver ailleurs (c’est dire…). La deuxième maison fut largement plus grande et confortable que la première, c’était une exigence de mon grand-père.

J’avais pour instruction de Mrs Morgan de lui écrire au moins deux fois par semaine pendant les vacances qu’elle ne passait pas avec nous (elle vint avec son mari 3 ou 4 années de suite à Lancieux, dans une autre location que la nôtre. J’aimais déjà bien écrire, et en plus, dans la réponse, il y avait toujours un billet à dépenser).

Je viens de retrouver dans les courriers que nous trions toujours vu que mes parents ont tous ceux de Mrs Morgan et certains adressés à Mrs Tricot et son mari, une lettre que Mrs Morgan avait annotée « à garder soigneusement », envoyée par moi, et dont je respecte le contenu et l’orthographe…

« Ma chère marraine (elle l’était en plus d’être ma grand-mère)
« Je te remercies beaucoup pour le billet de 10 F, S et N aussi (mon frère et ma soeur, 10 F c’était beaucoup…) (nous avons tout dépensé en tubes de lait Nestlé, c’était notre période, et puis il n’y avait pas de boutique où acheter quoi que ce soit d’autre que de la bouffe…)
« Je suis contente que tu ailles bien et que vous aillez beaux temp. J’espaire que tu va continuer à te baigner tous les jour. Moi je me baigne tous les jour mais hier et aujourd’hui, je n’ai pas pu a cause du temp : il y a beaucoup de vent. (Tous les jours ce n’était pas tous les jours, et vous allez le comprendre rapidement : c’était venteux comme endroit).
« Cette après midi nous allons en escurssion et j’aime pas ça tu le sait (Mrs Bibelot avait l’horrible habitude de nous emmener visiter des vieilles pierres, et à l’époque je détestais les vieilles pierres et c’était un après midi de plage de gâché). Mais comme nous allons allez assez loin, j’espère que nous allons nous baigner s’il y a moins de vent. (Espoir sans doute vain).
« J’ais été malade, heureusement rien de grave, seulement une petite angine de 4 jours environ (mais sinon je me baignais tous les jours…). Maintenant je suis tout à fais rétablie.
« N… sais nager, enfin elle flotte et fait au moins 20 brasses avant de couler, elle est très fière… (sous entendu : pas de quoi vu qu’elle coule… (il est à noter que c’est là quelques années plus tôt que j’avais fait moi-même mes premières brasses avant de couler à pic également, il faut absolument que je retrouve la date fatidique du moment où j’ai su nager (en plein vent) …)
« L’arlésienne sur la plage est à mourir de rire (c’est elle en photo, et il devait y avoir du VENT !). Elle est souvent (5 jours dans le mois en gros) toute nue avec un petit chapeau sur la tête. Quand on lui dit « vient faire plouf plouf dans l’eau, elle accourrre (avec trois r) en riant ou se sauve d’un air coquin. La plage est mieux que ce que l’on pouvait penser, mais voici ce que cela donne (suit un schéma très précis) :
« Digue
« Sable
« Varech
« Sable
« Galets
« Mer.
« On va sur la droite et là il n’y a presque pas de varech (il est à  noter que ce varech nous pourrissait la vie) mais toujours du vent, et la petiote peut aller où elle veut, son grand plaisir c’est de démolir les pattés que mamie fait, elle s’amuse bien… (qui n’a jamais eu d’enfant ne peut savoir que l’on fait des pâtés, que le gosse les écrase, et qu’on se lasse avant lui…)
« Il n’y a aucun risque à ce que maman se lance à la traversée de la Manche, elle trouve (souligné) l’eau trop froide, trouve car nous les enfant on la trouve bonne (je précise que c’était l’époque où à 12°j’essayais d’attirer ma mère, et mon frère et ma soeur également, en prétendant que l’eau était « bouillante »).
« Au gougins aussi le temps est très instable, aujourd’hui il fait beau, alors qu’hier… (il devait y avoir trop de vent…)
« Il y a encore tout de même beaucoup de vent.
« Francine une amie à mamie nous a acheté de la pâte à ballons, alors mamie nous en a acheté car on avait tout usé… (nous étions très occupés, d’ailleurs nous avions des avions à faire voler DANS LE VENT, c’était SUPER ! )
« Les gougins je trouve cela triste, il n’y a même pas une librairie (en souligné, pour moi c’était l’horreur !), heureusement il y a une bibliothèque et Francine me prête tout ce que je veux… (c’est ce mois là que j’ai lu une bonne partie des signes de piste, mais sinon, la mer était bonne)
« Le coq du clocher tourne et vire toutes les 5 minutes, on dirais une vrai girouette (il aurait fallu me préciser que c’en était une vraie, car vu LE VENT, pas étonnant que le coq tourne et vire !)
« L’amie à mamie m’a apprise à jouer à la crapette (jeu de cartes). J’ai appris à papa et papa a appris à maman, on y jouent tous, on ne manque pas de distraction… (une personne bien intentionnée devait surveiller mes parents, car il n’y a pas eu de bébé avril 1971, et qu’est-ce qu’ils devaient se marrer, à jouer à la crapette l’après midi, le soir étant OUF ! consacré à la lecture, car tout le monde passait son temps à la bibliothèque tenue par Francine).
« Maman va comme moi à la bibliothèque de Francine tous les jours, elle ne lit, elle, que des tagada Christine.
« Je t’embrasse très fort, je te souhaite beau temps et moins de vent que nous, bonne santé.
« Coraline »

La vie n’est qu’un long calvaire.

Photo : l’Arlésienne prise par votre gentille sorcière avec son premier appareil, offert pour sa communion, que Jean-Poirotte faisait la gueule à l’idée d’avoir à payer des développements débiles, mais, miracle, avec cet appareil, je n’ai fait que des photos magnifiques ! (enfin je trouve que celle-ci n’est pas mal, d’instinct j’évitais de centrer le personnage et il paraît que c’est mieux).

NB : on verra que le vent était une de mes préoccupations principales (interdiction de se baigner dans beaucoup de cas) et que je n’évoque que très peu, ou pas du tout, la pluie qui n’avait pas le temps de s’attarder. Il faut dire que nous nous étions fait des copains, et que les jours de pluie, nous avions de formidables occupations…

A suivre… Même si après 1970 nous avons évité soigneusement le Cotentin…

Mon Dieu quelle Rhorreur !

57417023Tout le monde dit que l’orthographe se perd. Il n’y a qu’à aller sur Face de bouc ou lire les commentaires qui atterrissent sur notre blog ou ceux des autres, pour constater que c’est hélas vrai.

Pour les très jeunes, c’est même carrément catastrophique. Mon père est rescapé de plein de choses, mais fort heureusement il n’a pas internet sinon il se pendrait illico, et ma mère s’ouvrirait les veines…

(Bon si ma mère entend dire que j’ai supposé qu’elle puisse s’ouvrir les veines sur le corps de mon père à peine froid, mais dépendu, vous lui direz que j’ai lu ça dans un roman de Tagada Christine, elle saura de quel auteur il s’agit…)

Je suis comme certains (je parle de ceux qui causent sur le net avec en général une bonne orthographe et une grammaire correcte), il m’arrive d’en laisser passer chez moi. Des fôtes. Mauvaise relecture ou pas de relecture du tout, distraction, je me relis parfois longtemps après, en hurlant sur l’horreur que j’ai écrite, que je m’en vas corriger aussitôt.

Par contre il y en a d’autres,  à qui il arrive de ne pas faire de fautes.

Un vrai miracle, un coup du hasard, un ange gardien qui se prend la tête à relire son client… Et franchement, ange ou pas, il y a des moments où l’on préfère intervenir… Ou bien où l’on regrette de ne pas le faire… (perso, je ne corrige jamais un  commentaire, même si cela me démange…)

Pour les moins jeunes ce n’est pas toujours glorieux non plus. Je me souviens de mes relectures chez Truchon, de la prose des ingénieurs (sauf 2 très pointilleux en ce domaine très précis) que je devais corriger, en me demandant comment ils avaient pu en arriver à bac + 6, avec une écriture niveau CE1…

Quelques exemples…

  • A fait du grant tri sa fait du bien et sa continu (le ça : connais pas)
  • Je vous donnerez des nouvelles des que j’en auré (après vous, logique de mettre ez non ? Mais le é qui se rajoute plus loin à l’énormité, m’augmente ma tension de 2 points)
  • Bonne anniversaire (oui anniversaire c’est du féminin, c’est bien connu)
  • Quel régale ! (ah oui, ça devait être bon)
  • Grasse a toi ma journée a commencer sous de bon hospice (bon là je ne sais pas comment je dois prendre le grasse, je passe rapidement sur le er mal-t-à propos, et pour l’hospice également, je me pose des questions…)
  • Je suis fanne (même de radis il n’y a qu’un n)
  • Jé tentais en vin de me servir de céte machine (alors là, je gis sur le dos, les jambes en l’air…)
  • ETC… (hélas)

Où allons nous ? Je sé bien cune lengue doi évoluez mé fo pa chariez…

LA VIE N’EST QU’UN LONG CALVAIRE !

PS : toutes mes condoléances aux instituteurs et profs de français… Ou alors ils ont baissé les bras. On le ferait à moins… (à ma place je t’en foutrais moi, une dictée par jour, la santé pour toujours…)

PPS : au moins en cas de guerre, nul besoin de coder les messages. L’ennemi parlant parfaitement le français n’en aura pas fini de se prendre la tête pour trouver ce que le message veut vraiment dire (ce qu’il dit en fait)… A moins que certains ne se décident à brouiller l’écoute des hommes chargés de traduire les messages pour remettre les pendules à l’heure…