Retournement d’opinion… (1)

Filles_chahutantJe n’ai jamais connu une personne capable de changer aussi  radicalement d’opinion qu’Albert qui pour moi a la palme.

Au hasard : les filles, les miennes, les nôtres, les siennes.

Au départ, après la naissance de Pulchérie, il était en admiration devant sa progéniture « les petites mains, les petits pieds, et gnagnagna » (heureusement que le nouveau né ne chausse pas d’emblée du 38…), puis il le fut par son « charabia développé », et un beau jour devant son imagination débordante.

Je travaillais à mi-temps le matin, et c’est maman en particulier qui s’occupait du trésor adoré pendant que je bossais. Albert travaillant avec Jean-Poirotte avait donc l’occasion de voir souvent sa fille dans la matinée, puis la retrouvait le soir au domicile conjugal.

Pulchérie s’était prise d’affection pour les « FOUMFES »  en regardant la télévision aux heures autorisées, et détestait « GARGOMEL » le méchant. Elle avait une particularité : elle détestait être seule, cela a duré un bout de temps, et il lui a fallu atteindre un âge appréciable avant d’être capable d’aller aux WC toute seule…

L’appartement que nous occupions quand elle est née, et où sa soeur et elle ont été conçues, était très bien agencé. Pulchérie s’installait donc pour jouer dans l’entrée, ce qui lui permettait de ne pas nous perdre de vue quand nous étions à deux dans le salon, ou moi seule dans la cuisine, son père faisant ses mots fléchés du soir, en regardant d’un oeil vague la télévision (tous des cons).

Elle jouait donc aux « FOUMFES » dans l’entrée, au son  de « petits FOUMFES attention, fuyez votre maison… » pendant qu’Albert sensé la surveiller pendant que je préparais le dîner ne prêtait qu’une oreille fort distraite à ce que racontait et fourbansait sa fille, qui, cachée sous le bureau, préparait des pièges pour Gargomel, elle l’a assez dit et répété…

Parfois, il venait me retrouver dans la cuisine histoire de voir quand ce serait prêt et pour me pincer les fesses au passage, et d’un air extatique me disait « elle en a une imagination ».

Lui, était bien loin des Schtroumpfs… Il ne voyait que l’intelligence certainement hors norme de sa fille (cela venait de son côté) et admirait son langage châtié et bien avancé pour son âge, même si elle zozottait un peu.

Le premier retournement d’opinion fut le passage de :

  • Quelle imagination elle a (ton admiratif)
  • PDBDM quelle imagination elle a TA fille (ton désapprobateur, la génétique de Pulchérie devenant soudain la mienne seule)

Albert n’avait pas entendu LUI, alors que j’étais dans la cuisine, que Pulchérie pour se protéger de Gargomel, avait mis POUR DE BON  un piège dans le couloir (qui lui apparaissait comme une longue bande sombre et menaçante). Il cherchait « petit félin en 4 lettres » et avait eu jusqu’à l’inconscience de me demander si j’avais une idée (en mots fléchés je suis nulle), avant de filer direct aux toilettes, car quand un homme a envie de pisser, cela ne peut jamais attendre 5 secondes.

N’imaginez pas qu’il allait allumer la lumière du couloir et regarder où il mettait les pieds. Les toilettes étaient droit devant quand on passait la porte du couloir, sa fille sous le bureau, et pour une fois muette, lui semblait toujours vivante (il avait vérifié au passage), donc il avait foncé comme un malade.

De la cuisine j’entendis un bruit affreux, de porte de placard qui s’ouvre et se referme avec violence, d’une chute horrible avec tête dans la porte des toilettes, et une bordée d’injures comme Albert s’était promis de ne jamais la prononcer depuis que sa fille savait parler et répétait tout…

Et également une petite voix futée venant de dessous le bureau situé dans l’entrée « Gargomel il est tombé ! ».

Le piège c’était toutes les chaussures d’Albert que sa fille avait silencieusement sorties du placard pendant que son père la surveillait, et disposées dans le couloir. Albert s’était bien évidemment pris les pieds dedans, avait essayé de se rattraper à la poignée d’un placard du couloir qui en comptait cinq, et avait fini par se rétamer par terre, en se cognant la tête dans la porte des toilettes alors que la porte du placard se refermait avec un synchronisme parfait (portes en accordéon, très pratiques).

  • Putain De Bordel De Merde, c’est quoi ce piège à la con !
  • Ah elle en a de l’imagination TA FILLE, je me demande de qui elle tient, moi j’étais sage comme une image (sa grand-mère ricana à l’énoncée de cette vérité qu’elle réfutait avec force)
  • La vérité c’est que cette enfant est bien trop en avance pour son âge : pourquoi on la laisse regarder cette putain de télévision ! Dans deux ans, elle nous fera chier avec des discours appris par coeur en regardant l’assemblée nationale l’après midi !
  • Tes parents sont trop laxistes avec elle, et toi aussi d’ailleurs…
  • Je vais reprendre cela en main IMMEDIATEMENT !
  • Pulchérie je t’ordonne d’arrêter de faire ta cabane sous le bureau et plus de piège pour Gargomel compris ?
  •  VI ! Cause toujours.

Albert pu aller pisser tranquille pendant que Pulchérie sous ma houlette, rangeait le piège à la bonne place. Le dîner fut sombre, malgré la fricassée de poule, et Albert eut un bleu magnifique pendant 3 semaines sur sa hanche gauche qu’il montrait à tout le monde, en s’abstenant désormais de faire de la publicité sur sa fille si magnifiquement intelligente et imaginative…

Mais l’homme a la mémoire courte. Sinon, après la première bataille du monde, il n’en aurait pas refait d’autres…

La vie n’est qu’un long calvaire…

 

Le guet-apens, le traquenard, le piège (2) (part two)

57520741Delphine tire légèrement la tronche dans la voiture, alors que nous allons à Conforama.

Je pourrais peut-être les emmener à Ikéa tout de même, s’ils ne trouvent pas (ils ne trouveront pas, les dés sont pipés).

Je peux bien faire cela pour eux (1 euro pour chaque fois où j’ai entendu « tu peux bien… », valable aussi pour les Jules d’ailleurs…)

Evidemment, ils ne trouvent rien à Conforama, le fauteuil qu’il y a le même en moins cher à Ikéa n’existe pas dans cette enseigne, et ils le savaient très bien.

Devant la trombine de ma cadette, je cède, furieuse. En route pour Plaisir…

Il me faut préciser que jamais je n’ai pu aller chez le suédois en conduisant, sans me perdre à l’aller, ou au retour. Un jour j’ai erré dans je ne sais plus quelle commune en maudissant les ponts et chaussées et leur fléchage de merde, pendant 1 heure, chargée de 3 bibliothèque qui faisaient un bruit suspect à l’arrière…

Là nous avons fait la totale, l’iphone de Delphine ayant rendu l’âme de ses batteries en cours de route, adieu GPS. Nous nous sommes donc paumés à l’aller, et nous avons erré à la recherche d’un panneau fléchant « Ikéa ».

Plaisir c’est grand. Puis nous avons vu le panneau, après une errance diabolique et mal fléchée, mais nous nous sommes trompés de route pour rejoindre l’enseigne, bien en grand, et nous narguant, alors que nous étions sur une sombre déviation. Ce sont les grandes vacances, il y a des travaux partout.

Enfin, nous sommes arrivés à bon port, et les deux jeunes ont bien compris que j’étais plutôt mal lunée et qu’ils avaient intérêt à trouver la merveille en magasin en 50 exemplaires (Delphine avait vérifié avant la panne de batteries).

Finalement nous avons trouvé le fauteuil, leur carte bancaire faisait l’objet d’une erreur, et j’ai réglé avec la mienne, et nous voici repartis vers la voiture et l’aventure.

Car évidemment au rondpoint fatidique, c’est toujours aussi mal fléché, et nous avons pris la mauvaise direction. Les dernières fois, c’était le jeune marié qui conduisait et quand je ne conduis pas j’ai peur je ne regarde pas les panneaux…

Evidemment la direction de merde nous a menés immédiatement sur une voie rapide d’où il était hors de question de sortir. Les fléchages suivants, toujours aussi merdiques, me proposaient tous de mauvais choix. Tout à coup, un bon => Trappes.

Je suis la route, mais Trappes passe à la trappe à un moment donné. En fait la sortie qui y mène n’est pas fléchée, il faut avant s’engager sur la bretelle pour voir le panneau indicateur… en haut de la bretelle. Donc on le voit trop tard…

Je suis totalement incapable de décrire notre périple. L’oeil sur mon compteur m’a permis de constater que nous avions fait 35 km au lieu de 12, quand enfin, j’ai pu rejoindre la RN10 salvatrice.

De bonne humeur, vous l’imaginez bien…. Je rêvais d’un thé au lait avec un croissant au beurre, mais arrivés enfin dans le village de mes parents, nous avons constaté non sans irritation qu’en fait le boulanger ne fermait pas le dimanche à venir, mais avait fermé le dimanche précédent.

Et un « fermeture annuelle », n’a jamais rempli un estomac criant famine et calmé une colère juste en train de s’éteindre.

Je ne sais pas QUAND l’une des chairs de ma chair osera prononcer le mot Ikéa ou Emmaus devant moi…

Car là, je risque pour une fois, d’être très ferme. Je suis comme ça, il me faut le temps, mais quand trop c’est trop, c’est la goutte d’eau qui met le feu aux poudres, ou l’étincelle qui fait déborder le vase, et là, je peux être très butée et obstinée.

M’en fous, j’irai pas… j’irai plus, sauf bien sûr si on me kidnappe sournoisement et que l’on m’orne d’un baillon, dans le coffre fermé ce sera mieux.

Parce que, qu’est-ce que j’ai pu éructer et dire des gros mots pendant ce long calvaire…

Le guet-apens, le traquenard, le piège (2) (part one)

57520741Delphine et gendre n° 2, sont venus passer 4 jours chez mes parents, pour se mettre un peu au vert.

Ca tombait super bien, mes parents n’osaient pas leur demander de venir garder la maison et les 3 chats (ils ont récupéré ceux des jeunes mariés pour 3 semaines) pendant 2 jours où ils devaient s’absenter.

Ils sont donc arrivés (les jeunes) le mardi, la piscine a été gonflée et remplie, mais manque de bol le temps s’est détraqué le mercredi, nous empêchant de profiter de l’eau. Et puis nous préparions une petite soirée pour le départ des jeunes mariés pour Tahiti, et l’anniversaire du marié.

Au cours du repas du soir, Delphine m’a demandé avec un air innocent dont je me méfie toujours trop tard, si je pouvais les conduire le lendemain ou le vendredi, chez Emmaus. Ca me manquait tiens ! Mais bon, ils ont besoin d’un fauteuil, et comme je vais leur emporter mon chat pour 3 semaines en septembre, ça tombe hyper bien maman, tu nous apporteras le fauteuil par la même occasion (avec le chat chantant ramona à l’arrière, dans sa boîte…).

Je pense que mes filles pourraient faire fortune avec le mode d’emploi qu’elles n’ont pas manqué de rédiger un jour : « comment truander Mouth (c’est moi) en 15 leçons et lui faire avaler n’importe quelle couleuvre ». Mode d’emploi contenant bien sûr les éléments suivants :

  • Comment amener la conversation sur le sujet qui peut fâcher
  • Utiliser le conditionnel c’est primordial
  • Comment avoir l’air triste de me déranger éventuellement
  • Comment me laisser entendre que si je dist « non », je suis une mère indigne
  • Et gnagnagna !

C’est subtil, c’est très bien joué, j’admire toujours… Après coup…

Donc, comme ni l’un ni l’autre n’ont le permis, je ne pouvais pas y couper : j’allais bien entendu les emmener chez Emmaus, le temps ne me permettant pas de dire qu’il fallait me laisser mourir tranquille dans la piscine…

Saloperie de météo…

Donc, arrivée chez Emmaus, où l’on m’a demandé des nouvelles du mariage. Delphine et gendre n° 2 ont fait le tour de la boutique en 7 minutes pour constater que rien ne leur plaisait.

Eventuellement au retour, pourrais-je les arrêter à Conforama, c’est sur le chemin ?

Parce qu’il y a un fauteuil qui leur plait bien sur le site de Confo.

D’ailleurs, il y a le même en moins cher à Ikéa, mais bon, ils savent bien que Ikéa et moi, ce n’est pas du tout la grande histoire d’amour. Sinon ils pourraient éventuellement aller chez le suédois parisien, mais le fauteuil à trimballer dans le métro, bonjour l’angoisse.

Et puis ben non, ils n’ont pas de copains à voiture pouvant leur rendre un petit service…

Qu’à cela ne tienne, nous allons aller chez Conforama…

Le guet-apens, le traquenard, le piège…

ikea-copierJe suis d’une naïveté, parfois je me mettrais des claques…

Pulchérie et le gentil (Vianney), devaient venir vérifier et ranger leurs colis le samedi 27 février.

Et puis au passage aller faire un tour chez Emmaus (toujours pour acheter des trucs pour le mariage) et puis éventuellement chez Ik*a. Irais-je avec eux pour ces « petites courses » ?

A 50 km de là, derrière son écran, Pulchérie a dû me sentir me crisper au mot Ik*a. Je déteste y aller (même si ce n’est pas moi qui conduit). Trop de monde, trop de bruit, trop chaud, des lumières qui me déclenchent des étourdissements, l’obligation de passer un peu partout, bref, je déteste. Et puis tourner avec elle dans les rayons en rajoute une couche pour les étourdissements…

Ma fille est d’une rapidité diabolique quand elle sillonne les allées du suédois. Elle marche comme une parisienne : elle sèmerait un montagnard pure souche en 2 minutes 60…

La dernière fois que je les avais accompagnés, il n’y avait pas trop de monde (c’était le soir), mais je m’étais promis de ne plus jamais renouveler cette expérience, le tournicotage dans les rayons, l’attente à la caisse, etc…

Les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent c’est bien connu

Je vais donc chercher mes deux jeunes à la gare, qui ont besoin de la voiture de Jean Poirotte (on ne sait jamais ce qu’ils vont dégoter, un break c’est toujours pratique). Finalement, bonne nouvelle,  Ik*a NON, ils ne vont qu’à Emmaus…

Tu peux bien venir avec nous maman, on ne se voit pas si souvent (exact). Ce n’est pas pour dire mais je n’ai pas la majorité de mes conversations avec mon ainée quand elle fait des courses. Je me traîne plutôt derrière elle, la repérant à la haute taille du gentil qui est lui, résigné, en soupirant au fur et à mesure que le temps passe et qu’elle retourne sur ses pas.

Je ne me suis pas méfiée (voila ce que c’est que de faire confiance), car à la sortie d’Emmaus, paf, il manque des trucs : il va falloir aller chez le suédois…

Comme il n’y avait qu’une voiture bien sûr, j’étais coincée, piégée, obligée de supporter l’interminable périple chez le nordique, qui vend peut-être du bien et du pratique à pas cher, mais chez lequel je me sens aussi à l’aise qu’une dorade dans un bac à sable…

Le gentil contrôlait tout de même un peu (lui non plus n’adore pas aller chez le suédois) et nous sommes sortis juste au moment où un mal de tête pointait chez moi, et une légère exaspération qui devait être visible.

Non, je ne suis pas asociale comme mon aînée le prétend, non je ne souhaite pas passer mes journées enfermée chez moi. Simplement les trop grands magasin, je ne supporte plus, et ça ne date pas d’hier. Plus le temps passe et plus c’est grand. Les hyper marchés sont désormais à mon sens inhumains, je déteste l’ambiance de presse et de stress qui y règne, les lumières me dérangent, le bruit aussi, c’est TOUT que j’y déteste, y compris y parcourir des km pour avoir tout ce qu’il y a sur la liste parce que c’est rangé n’importe comment (ceci étant fait volontairement pour nous pousser à acheter).

J’étais d’autant plus exaspérée que feu mon lampadaire hallucinogène étant à remplacer, je me suis dit que j’allais profiter de l’occasion pour en acheter un neuf, et que je n’ai pas trouvé ce qu’il me fallait, ni aucun vendeur pour me renseigner, en essayant de ne pas me perdre…

J’imaginais bien en effet, mon aînée passant une annonce genre « la petite Coraline Dabra est attendue à l’accueil par sa maman », comme je l’avais fait un jour pour Mrs Bibelot.

Je n’avais en effet pas oser dire que j’avais perdu ma mère, à 40 ans passés… (quand ma mère traîne, elle traîne…)

Enfin pour le Suédois, je pense qu’elle aurait préféré la solution du portable… Vive le modernisme ! (« où es-tu maman ? » – « J’essaye un lit »…)

Pour un prochain guet-apens, je pense qu’ils vont avoir plus de mal… S’ils y arrivent, ils viendront me récupérer dans la piscine à balles où j’irais m’éclater avec les gosses en me coinçant 3 vertèbres.

La vie n’est qu’un long calvaire…

(PS : NON je ne me fiche pas du tout du mariage de Pulchérie, mais face à sa logistique, je me sens tout simplement comme une poule qui a pondu une clef anglaise (en pensant chier une pastèque)…)