Les filles ! au pied ! (toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ne sera ni fortuite ni involontaire)

les-filles-au-pied

Les filles vous venez IMMEDIATEMENT !
J’ai dit IMMEDIATEMENT !

Bon, inutile de faire cette tête là, vous vous asseyez sur le canapé… LA ! et vous quittez vos airs de…

Bon sang Pulchérie, on dirait Pulchérie vierge et martyre, vierge j’ai encore un espoir mais martyre… Je suis ta mère non ? Tu n’es pas en train de te faire canoniser ? ou de subir le martyre…

Non… Mais vu ta tête on peut se demander…

Martyre ? OUIIIII…. Bien sûr….

Si j’en ai pour longtemps ? Ca dépend… On verra si vous êtes martyres APRES ce que j’ai à vous dire où si c’est moi la martyre.

Il y a déjà une sainte Anne ???? OUIIIIII je sais. Mais je ne m’appelle pas Anne et si l’histoire des saintes vous intéresse, je ne vous empêche pas de vous instruire.

Tout d’abord il faut que je vous dise que face à l’état de cet appartement, à l’air hagard des voisins, et à tout un tas de choses dont précisément je veux vous parler, j’ai décidé de REPRENDRE LES CHOSES EN MAIN !

Parfaitement !

Delphine arrête de sourire bêtement niaisement.

Pulchérie je t’ai très bien vu mettre un coup de coude à ta sœur. Tu arrêtes de te foutre de ma gueule, et ta sœur aussi parce que CELA VA BARDER !

Vous n’allez pas rigoler longtemps, c’est moi qui vous le dit… Ah tiens, on redevient sérieuse.

Je suis toute seule pour vous élever devant l’absence chronique de votre père que je comprends finalement mieux depuis quelques temps…

Pulchérie sort tes doigts de ton nez et arrête de RICANER !

C’est bien les filles : ça ricane, ça cancane. LES MAINS SUR LES GENOUX ET ON M’ECOUTE !

Bon !

Donc je disais… : Delphine je sais que je l’ai déjà dit et répété, mais je le répèterai jusqu’à ce que vous ayez compris : JE SUIS SEULE POUR VOUS ELEVER ET CA NE VA PLUS DU TOUT.

UN : cet appartement est un foutoir !
Pardon ? Je n’ai qu’à faire le ménage plus souvent ?

Mais vous avez 15 et 17 ans et vous pouvez peut-être faire un petit effort non ?!!

Un exemple : c’est quoi ce soutien gorge accroché au lustre depuis dimanche ? Non Pulchérie ce n’est pas celui de Delphine, Delphine fait un 95 C : c’est le soutien gorge qui est par terre dans l’entrée. Là je vois de loin qu’il s’agit d’un 80 bonnets A alors arrêtes d’accuser ta sœur lâchement et contre toute logique.

Quand ton arrière grand mère m’a fait cadeau de ce lustre en cristal de Venise véritable (que je déteste, mais papy prend son temps pour venir le décrocher) pour célébrer ta naissance, elle ne pensait pas que tu y rajouterais un jour des pendeloques supplémentaires !

Et inutiles en plus ! D’ailleurs il est sale ce soutien gorge… C’est pour cela que tu ne le portes pas en ce moment ? Et il est où le panier de linge sale ? Pas dans la cave que je sache. Il est dans la salle de bain et tu y vas tous les jours. CELA TE FATIGUERAIS DE METTRE TON LINGE SALE DANS LE PANIER AU LIEU DE L’ACCROCHER AU LUSTE ? Décroches moi tout de suite ce soutien gorge, le jean qui va avec et le tee shirt que Joséphine t’a prêté !

C’est quoi cette manie d’emprunter les affaires de tes copines ?

Et de leur refiler le neuf que tu m’as extorqué injustement puisque c’était pour le prêter ?

Bon. Pour en revenir au panier de linge sale, il n’y a qu’à l’ouvrir et à y déposer… Comment ? JETER SI TU VEUX, ton linge sale dedans.

Aller dans la salle de bain tu sais faire…

D’ailleurs tu as encore vidé le ballon d’eau chaude ce matin à toi toute seule ! Et il n’y a pas de « pfuit ! »

Parfaitement : moi je me suis lavée à l’eau froide. Non le ballon n’est pas insuffisant, non le ballon n’est pas trop petit. Il fait 500 litres ! Il ne te faut pas ½ m3 d’eau chaude pour te laver non ? Si Delphine, 500 litres c’est la moitié d’un m3. On reparlera de tes brillantes études plus tard…

L’eau était tiède ? Evidemment pour chauffer 500 litres depuis hier soir après que Delphine ait vidé le ballon pour se laver les dents, et rincer son henné il faut du temps.

D’ailleurs à ce sujet, je dois impérativement vous parler des problèmes de plomberie et des bouchages de baignoire perpétuels qui font vivre Monsieur Smussen depuis 6 mois : c’est simple il a abandonné toute sa clientèle pour être prêt quand je l’appelle. Je suis le pilier de son entreprise, la clef de voûte de son chiffre d’affaire !

Mais je n’ai pas les moyens de faire vivre le plombier du coin. Je vous rappelle que je travaille dur, pour que l’on ne vive pas trop mal mais pas au dessus de nos moyens. Hors payer le plombier 3 fois par semaine pour qu’il débouche la baignoire, cela commence à être au dessus de mes moyens !

Pardon ? Je n’ai qu’à dévisser le siphon ? Delphine puisque tu es si portée sur le siphon je ne t’empêche pas d’intervenir. Mais la dernière fois que tu l’as fait tu as inondé le voisin du dessous… Ah c’était toi Pulchérie finalement ? On en apprend des choses… PERSONNE NE TOUCHE A CE SIPHON ! Qui c’est qui se tortore les problèmes avec l’assurance quand le voisin du dessous est inondé ? Pas vous alors mollo…

Oui je sais que mollo c’est une vieille expression mais je suis vieille et lasse et je dis ce que je veux.

La première qui quitte ce canapé s’en prend une !
ASSISES !

Donc j’aimerais savoir ce qui bouche la baignoire régulièrement.

Le henné, je suis au courant, l’argile qui vous garde un teint blanc et délicat aussi, MAIS IL Y A AUTRE CHOSE !

Monsieur Smussen a trouvé une bouillie infâme dans le siphon. On dirait des feuilles !!!! Mélangé à de l’argile et du henné cela peut boucher une canalisation jusqu’au rez de chaussée.

Ce n’est pas drôle du tout : nous habitons au 5ème je vous le rappelle.

Hein ? C’est bien des feuilles ? Ah… ?

Des feuilles de chêne tu dis Pulchérie ? Bien sûr. C’est normal. TOUT LE MONDE A DES FEUILLES DE CHENE DANS SES CANALISATIONS…

Pour le bain de Delphine ? Bon sang mais c’est bien sûr !

C’est vrai de vrai ? Delphine tu peux m’expliquer ?

Tu TE PURIFIE L’AME ?

Ah c’est un charme de magie blanche que Bénédicte t’a refilé ? OUIIII…. Tu fais une infusion de feuille de chêne dans la baignoire et tu te poses un gland sur le front pendant toute la durée du bain en récitant des prières en sanscrit ?

Et bien on est bien parties…

Et le gland tu en fais quoi ?

Tu le jette dans le vide ordure ? Et allez donc ! Il va falloir que je paye un débroussailleur pour dégager la gaine dans deux ans. Le plombier + un jardinier, il ne faut que cela pour faire mon bonheur.

Et les feuilles tu ne peux pas les ramasser et les jeter aussi à la poubelle, enfin dans le vide ordure, enfin n’importe où ?

Ca t’esclave trop ?

Parce que ça ne m’esclave pas moi d’être accrochée au plombier ? Depuis deux semaines il a l’air de penser que je bouche la baignoire exprès pour le voir. Il m’a fait des propositions !!!!!

Comment ça à mon âge ? J’ai 40 ans je ne suis pas canonique !!!!! Seulement le plombier n’est pas mon type. J’aime les grand bruns et c’est un grand blond. D’ailleurs vu son nom vous voyez bien que c’est un norvégien… Je m’égare…

Bon, ce problème de bouchage de baignoire étant éclairci : merci Pulchérie…  Delphine !! ce n’est pas la peine de fusiller ta sœur du regard pour m’avoir aussi bien renseignée, nous allons passer à la suite.

Non pas tout de suite. Je vous interdis désormais de passer plus de 4 minutes sous la douche. J’en ai marre de me doucher à l’eau tiédasse, et d’entendre le ballon chauffer nuit et jour : comment avez-vous su comment le mettre en chauffe le jour, alors que j’ai un tarif spécial pour qu’il ne chauffe que la nuit ?

C’est écrit dessus ? Maintenant vous savez  et vous ferez ce que vous voudrez : on va voir !

La première qui fait basculer de « nuit » à « jour » s’électrocutera : je vais piéger le système.

Parfaitement. Je ne sais peut-être pas dévisser un siphon, mais je sais électrifier les touches du tableau de bord EDF. Comment ? Ce n’est pas le problème. Enfin, bon, je vous déconseille de toucher à la touche incriminée dans deux jours…

Et avant de vous rincer les cheveux du henné ou de l’argile, vous mettrez désormais une passoire avant le siphon pour que la baignoire puisse enfin s’évacuer.

Ceci étant vu… Il faut que je revienne aux vêtements accrochés au lustre ou répandus par terre.

Je rentre à 19 H 30 en étant partie à 8 H, j’ai autre chose à faire qu’à passer derrière deux greluches de 15 et 17 ans pour ramasser leurs affaires….

J’ai dit greluches ? J’ai dit greluches. Maintenant je vais me pencher pour ramasser les affaires et je les met à la poubelle !!

Ne ricanez pas. Je n’ai pas dit la poubelle d’ici où vous pourriez aller les récupérer. Je peux emmener vos vêtements pour les jeter AU BOULOT ! CRIC CRAC les soutiens gorges, les jeans, les petits hauts, etc… TOUT A LA POUBELLE.

Quand vous n’aurez plus qu’un soutien gorge, un slip, un pantalon et un pull, on verra qui rigolera qui n’aura pas les moyens de vous racheter autre chose RAPPORT AU PLOMBIER !

On rigole moins. Les yeux au ciel c’est superflu, abstenez-vous, ça ne m’impressionne pas.

Donc les affaires vont être rangées ou mises au sale, la baignoire va fonctionner à nouveau et le plombier se refaire une clientèle.

Ah. Il y a un autre problème.

Les voisins.

Vous savez pertinemment que nous habitons une vieille résidence et qu’il y a beaucoup de vieilles personnes dans cet immeuble.

Les pauvres ont été ravis de me voir arriver avec vous il y a 5 ans. De la jeunesse enfin ! et polie en plus ! (vous ne pouvez pas n’avoir que des défauts). Depuis ils ont changé d’avis !

Il y en a qui ne me disent même plus bonjour ! Les autres me fusillent du regard.

Ils sont peut-être vieux mais ils ont tous leurs moyens. Moi je ne vois qu’une solution pour eux, eu égard au bruit, c’est de se cotiser pour prendre un tueur à gages pour nous éliminer toutes les trois !!!!

PULCHERIE CE N’EST PAS DROLE.

DELPHINE ARRETE DE TE GRATTER LE NEZ !

Non mais comment vous ai-je élevées !!! Oui, comme ça, je sais, mais nous étions en pavillon.

Vous êtes bruyantes !

SI !

D’ailleurs dans les deux semaines qui ont suivi notre emménagement la chaîne stéréo de votre chambre a déclenché une émeute chez les voisins d’à côté : ce sont des vieilles personnes je vous le rappelle et qui n’avaient jamais envisagé le mot DECIBEL sous ce jour là.

Le monsieur d’à coté qui est par ailleurs charmant m’a déclaré l’autre jour que votre chaîne en fonctionnement continu lui rappelle une batterie d’artillerie pendant la déroute de 40. Moralité : il ne dort plus : vous avez ravivé de mauvais souvenirs.

Je vous préviens : si votre chaîne tombe en panne, je ne la change pas.

La mienne ?

C’est la mienne et ça n’est pas le problème.

Vous voyez très bien comment est fait l’immeuble : nous donnons au nord pour les chambres et au sud pour le salon.

Et les voisins sont obligés de supporter Mickaël Jackson plein nord, avec du classique au sud.

Les deux chaînes à fond pour se couvrir mutuellement. Les vitres tremblent.

Si, elles tremblent. J’en ai tremblé également l’autre soir en descendant de voiture. Un jour vous allez me péter la baie vitrée. Et qui paiera la vitre de 3 m sur 5 ? MOI ! et je n’ai pas envie de démarrer une idylle avec le vitrier qui ne m’inspire pas plus que le plombier bordel de merde !

Delphine, je suis ravie que tu aimes la musique classique. J’ai au moins réussi cela dans ma vie. MAIS ARRETE DE PASSER LE REQUIEM DE MOZART A FOND ET EN BOUCLE LE MERCREDI APRES MIDI. Tu ferais mieux de réviser tes mathématiques primaires et savoir enfin que 500 l c’est bien ½ m3.

ET TOC !

La voisine du dessous qui a 90 ans a l’impression d’entendre la messe de sa mort tous les mercredi, au moins 3 fois !

C’est magnifique ? Je suis d’accord. Mais en boucle quand on croit qu’on est dans le cercueil, cela peut être stressant !!!! Tu verras quand tu auras 90 ans et que moi je serai enfin tranquille !!!!!

Oui je sais que tu ne souhaites pas ma mort, mais parfois j’y songe comme à une échéance… agréable…

Pour en revenir à ton requiem tu ne peux pas mettre le casque ?

Comment ça je vous ai interdit le casque ? Mais PAS DU TOUT ! Je vous ai interdit de mettre le casque AVEC la musique à fond qui risque de vous démolir définitivement l’oreille interne !!!

Delphine, si tu veux savoir ce qu’est l’oreille interne tu vas regarder sur ton encyclopédie que j’ai acheté fort CHER, A TA DEMANDE, et qui semble toujours neuve.

Tu en profiteras pour aller te documenter sur les m3….

Alors : le linge sale, la plomberie, le bruit… Ah !

Il y a QUELQU’UN qui, tous les après midi du mercredi, à savoir que c’est l’une ou l’autre, ou les deux, va dans ma chambre, ouvre la fenêtre, y fait je ne sais quoi, et laisse la fenêtre ouverte.

Je vous rappelle que nous sommes en janvier et qu’il fait 2° DEHORS !

Et que tous les mercredi soirs je me couche dans une chambre glaciale.

Des explications, j’attends….

Pulchérie, inutile de mettre des coups de pieds à ta sœur : si elle a quelque chose à dire, qu’elle s’exprime, comme tu t’es exprimée sur les feuilles de chêne…

Hein ? Le voisin de derrière ?

Quoi ce petit con de grand brun qui me regarde d’un air ironique ? PULCHERIE l’épie avec les jumelles de… DE PAPY ?

PAPY qui cherche ses jumelles partout et qui est persuadé avoir perdu la tête ?

Hein ? Pulchérie laisse ta sœur parler. Arrêtez de vous foutre des coups de pied. Delphine va dans le fauteuil, hors de portée…

Donc, Pulchérie est amoureuse de Schmurf qui habite la maison du fond (ça lui passera)… j’ai compris. Sa chambre donne sur notre immeuble j’ai compris également.

Ce que je ne comprends pas c’est que, munie des JUMELLES DE PAPY QUI LES CHERCHE PARTOUT  elle espionne Schmurf de MA chambre et non pas de la VOTRE !

Parce qu’il faut ouvrir la fenêtre pour avoir une meilleure visibilité derrière les rideaux et que Delphine ne supporte pas de dormir dans une chambre froide ?

COMME JE LA COMPRENDS !

Donc tu viens dans MA chambre espionner SCHMURF QUI ME FAIT CHIER CELUI LA. Et pourquoi ne refermes-tu pas la fenêtre ?

… Parce que tu te précipites en m’entendant rentrer… Oui… Tu sautes sur le lit d’un bond gracieux…

Pulchérie tu arrêtes d’ironiser sur ta sœur et moi. Sur que quand on fait 40 kg pour 1 m 55 et qu’on chausse du 80 A on saute toujours gracieusement sur les lits !!!!!

Tu t’esbignes quand tu m’entends rentrer…. Avec les jumelles de ton grand père…

Je ne sais pas si tu te rends compte Pulchérie que ces jumelles ont 40 ans, et que de les avoir perdu a persuadé papy qu’il perdait la tête ! Il a rendez-vous la semaine prochaine pour un dépistage d’ALZAIMER PRECOCE. Tu trouves cela drôle ?

Tu rends les jumelles à ton grand père ! Ne fais pas cette mine horrifiée… Tu n’as qu’à les remettre à leur place… Non ce n’est pas le bon truc à faire parce qu’il va se croire VRAIMENT FOU et que mamy va se croire folle également pour ne pas les avoir vues….

TU RENDS LES JUMELLES A TON GRAND PERE AVEC TOUTES TES EXCUSES ET PLUS VITE QUE CA !

ET TU ARRETE DE TRANSFORMER MA CHAMBRE EN GLACIERE.

Mercredi prochain j’ôte le matelas de mon lit, et tout le reste, et je tends le dessus de lit sur un vide sidéral : on verra si tu sautes gracieusement !

Delphine arrête de rire bêtement : ta sœur est tellement niaise qu’elle est capable de se casser la jambe !

Bon : j’ai passé en revue certains sujets importants, il me faut maintenant aborder le sujet du TELEPHONE.

Le TELEPHONE est un instrument très pratique qui permet de communiquer avec des gens qui sont hors de portée de voix.

Nous sommes d’accord.

Que faites vous du téléphone ? Des explications, j’attends…

Vous vous précipitez dessus aussitôt rentrées à la maison pour appeler Marine (ceci pour Delphine) ou Valérie (Pulchérie, oui, tu es visée aussi), alors que vous avez passé la journée avec elles et que vous venez à peine de les quitter.

Et comme elles ont des portables, mes factures de téléphone rivalisent dangereusement avec celles du plombier.

Bon, j’ai terminé pour ce soir. On y reviendra demain. NON, il n’y a pas contrôle de maths de 17 à 23 H, demain. RV donc, demain, à la même place… Et non vous n’aurez pas la variole.

Je pense qu’on a ENCORE des choses à régler…

Pour ma part je vais me coucher, et si je vous entends parlotter, CA VA CHIER !

Illustration : Chloé, voir mes favoris.

Les informations du jeudi 2 avril 2009

Je ne regarde que peu le journal de 20 H trop long, je préfère le 6 minutes sur M6. C’est vrai, la vie est assez triste parfois pour ne pas s’infliger toutes les misères du monde (et le foot).

J’ai été particulièrement ravie ce soir là, à tel point que j’ai pris des notes.

  • Madame OBAMA caressant le dos de la reine d’Angleterre. J’ai déploré qu’elle n’ait pas terminé par une petite claque sur le royal postérieur. Notez que je ne critique pas la première dame des USA, mais juste le protocole anglais. Il paraît que personne n’a le droit de toucher la reine. On se demande comment le prince Philips a réussi à lui faire des enfants. C’est un virtuose cet homme là, on l’admire.
  • Il y a des problème à la SNCF dans certaines régions, avec les aiguilles du chemin de fer. Magnifique.

Mais le top du top étant notre Président, parlant du G 666 qui venait de s’achever. Parce que voyez-vous :

IL FAUT BIEN PROCEDER AU REFONDEMENT DU SYSTEME.

Ca fait plaisir, mais ça fait craindre le pire.

Parce que d’une part la REFONTE je voulais bien l’accepter et applaudir des 2 pieds, mais le REFONDEMENT, forcément, on va se faire avoir quelque part, car si ça ne fonctionne pas, ils auront toutes les excuses.

Et, d’autre part, soit il improvisait, soit celui qui lui écrit ses discours ne doit JAMAIS devenir ministre de l’éducation nationale.

Nous sommes donc dans de beaux draps, mais on le sait déjà…

Car la vie n’est qu’un long calvaire (parsemé (le calvaire) ça et là de fous rires inexpliqués devant les informations)…

Edit du samedi : les aiguilles pour la SNCF n’était pas une faute. Mea culpa…

J'étais dans la résistance ma petite fille…

C’est comme ça, je ne me vante pas. C’est venu un peu contre mon gré, sans que je ne me rende compte. D’ailleurs je n’ai pas fait grand chose : je passais juste des messages, dissimulés sous mon porte jarretelles…

Tu la vois la Loire là ? Au fond du jardin ? De l’autre côté c’était la zone libre, nous, nous étions en zone occupée. Le pont, je le prenais régulièrement depuis longtemps, sur ma bicyclette, pour aller à la ferme qu’il y a juste de l’autre côté de l’eau. C’était là, d’après le grand-père d’Albert, mon Valentin, que l’on trouvait le meilleur lait, les meilleurs oeufs, le meilleur beurre. Cela faisait des années que je prenais ma bicyclette pour aller acheter le nécessaire de l’autre côté de l’eau.

Je ne sais plus comment tout a commencé, et le pourquoi du premier jour où j’ai franchi le pont avec la peur au ventre, en sentant trop fort le billet roulé rangé sous un élastique de mon porte jarretelles. Toi évidemment, tu portes des collants, tu ne connais pas grand chose de ce qu’étaient nos sous-vêtements.

J’avais aussi une combinaison en soie, et bien sûr des bas. La première fois, les allemands m’ont juste saluée au passage comme de coutume depuis qu’ils étaient là. Ils me connaissaient. Ils me regardaient et me disaient toujours « cheune matdmoizelle ». J’ai su longtemps après ce que cela voulait dire. Je n’étais plus une matmoizelle, j’avais déjà ma fille, ta belle-mère… Mais pour eux j’étais la cheune matmoizelle qui revenait avec du lait, des oeufs, du beurre… Je revenais surtout, avec le coeur plus léger qu’à l’aller, débarrassée enfin de ces messages qui finissaient par peser si lourd que je peinais à pédaler.

Je n’avais rien dit à Valentin. C’était secret de faire partie de la résistance. Je ne lisais jamais non plus les messages : interdit. Si j’étais prise je n’avais rien à dire… Je ne connaissais même pas le vrai nom de celui qui me donnait les papiers, et Je n’imaginais pas trop comment on pourrait me poser des questions mais j’obéissais aux consignes.

Et puis, tout s’est enchainé, et l’on m’en a demandé un peu plus. Et puis il y a eu ce soir, où ils ont frappé juste un coup à la porte avant de l’enfoncer.

Ils étaient 5. 3 en uniforme avec mitraillette, et 2 miliciens avec pistolet ou révolver, peu importe, à la main. J’ai eu un révolver (ou pistolet) sur la tempe et mon cher mari aussi. Et je m’en voulais. Je savais que c’était de ma faute, que c’était moi qu’ils cherchaient. J’aurais dû le prévenir tout de même un petit peu, voire lui demander la permission. A l’époque, une femme se devait d’obéir à son mari.

Il y avait juste 5 balles dans la bonbonnière décorant la bibliothèque. 5 balles que l’on m’avait confiées en me disant que parfois il manque juste une balle. Alors… 5… Je les avais planquées comme je le pouvais. Je sentais que ces hommes allaient ouvrir la bonbonnière et qu’il en serait fini de nous. Mon pauvre mari innocent allait payer pour mon inconscience et pourrait mourir en me maudissant. Je voyais les livres valdinguer par terre, entraînant la bonbonnière, et les balles s’écoulant sur le parquet…

Je me souviens de mes jambes qui flageolaient, de mon coeur qui battait de travers, de la peur absolue qui était la mienne. Et la petite, qu’allaient-ils faire à la petite dormant à l’étage, quand ils auraient la preuve que je faisais partie des forces judéo-maçonniques ? Qu’allait-il advenir de nous ? de lui ? d’elle ? Nous ne savions pas tout à l’époque, mais perdre ma fille de vue me faisait vraiment peur.

Ils n’ont rien trouvé. Ils n’ont pas ouvert la bonbonnière et ils sont partis en s’excusant, car leur réputation d’être Korrekts, ils y tenaient. Et je suis tombée par terre en disant « pardon » alors que Valentin me relevait en disant « pardon » également.

Il nous a fallu une heure pour nous comprendre ma petite fille. Lui croyait qu’ils étaient venus pour lui et il s’en voulait de ne m’avoir rien dit. Moi je pensais qu’ils étaient venus pour moi et je m’en voulais de lui avoir tout caché…

C’était lui mon chef de réseau. Je suis devenue tout à coup pour lui « la femme courageuse » qui passait des messages et il est devenu livide en songeant aux risques qu’il m’avait fait courir. Je savais enfin qui donnait à « Monsieur Pierre » les messages si importants à emmener en zone libre. Enfin bref, c’était lui, c’était moi, c’était nous.

Après la révélation, nous sommes restés silencieux un long moment. La petite dormait toujours là-haut. Nous nous sommes promis l’un contre l’autre, dans le lit conjugal, d’arrêter nos conneries. Cela a été peut-être la plus belle nuit de notre amour.

Nous nous sommes avoué en 1957 seulement, que nos conneries, nous ne les avions pas cessées du tout. Nous avions juste changé de réseau, en expliquant chacun pourquoi à qui de droit, pour nous retrouver du coup, toujours liés par le même mensonge. Il n’y avait pas 36 réseaux de résistance près de Langeais…

J’aime rire ma petite fille. J’adore tes filles qui sont mes arrières petites filles. Mais il te fallait savoir que je n’ai pas toujours été cette vieille femme drôle et parfois semblant naïve. Le révolver sur la tempe me réveille souvent la nuit et j’ai à nouveau peur.

Et depuis qu’IL n’est plus là, j’ai de plus en plus peur. Il est parti mon mari, mon chef de réseau, celui avec qui j’ai tant partagé dont une partie de ma vie sans le savoir. 5 ans, c’est peu, cela peut être tout.

Rappelle à tes filles que je n’étais pas que l’arrière grand mère rigolote, que je n’étais pas qu’amour et insouciance, que je n’étais pas que celle qui fait un « super réveillon du jour de l’an » avec du jambon et des nouilles.

J’ai été aussi l’inconsciente qui ne savait pas vraiment ce qu’elle faisait, qui durant toute l’occupation a promené dans sa culotte ou son porte jarretelle, des messages ultra importants. Et rappelle à tes puces que leur arrière grand-père si bonhomme s’est révélé capable de tuer un ennemi parce que c’était comme ça et sinon bien plus de morts. Nous nous ne sommes jamais sentis héroïques : juste pris dans un temps fou qui passait sur nos vies. Ce n’est que trop tard que nous avons su ce à quoi nous nous étions exposés. Mais c’était trop tard car si à refaire : refait…

Je t’embrasse ma petite fille.

Maria.

PS : je n’étais que la femme de son petit fils, mais elle m’a toujours considérée comme étant sa petite fille.

Et pour les filles : oui c’est bien elle…  Comme quoi…

C'était un jour comme les autres…

C’était un jour comme les autres, une consultation de routine, une de celle que toute femme vit régulièrement.

Il y a eu le moment où la gynéco s’est un peu figée, où son ton a changé, où elle a insisté sur la zone qu’elle palpait, en refusant tout à coup de continuer à parler. Il y a eu ce moment où Jacqueline s’est sentie tomber dans un gouffre, ce moment où son coeur s’est serré pour trop longtemps. Il y a eu l’ordonnance pour la mammographie, les paroles rassurantes qui ne rassuraient pas parce que le ton était déjà pour trop longtemps différent, trop neutre.

Il y a eu l’attente dans l’arrière boutique du radiologue, où elle se sentait transie, glacée de l’intérieur, comme déjà à la morgue, son coeur battant la chamade, un refus absolu planté en elle : le refus de mourir. Pas déjà, pas maintenant ! Un jour peut-être, un jour c’est sûr, mais pas dans trop peu de temps. Trop d’attente pour trop de clichés de contrôles…

Il y a eu la ponction et l’attente des résultats, mais elle savait. Elle savait que ce n’était pas un kyste. Elle a pleuré de n’avoir pas allaité ses enfants puisqu’il paraît que cela protège du cancer du sein. Elle payait d’être une mauvaise mère, la Faculté le lui a laissé entendre, même si nous lui disions que non, et que rien n’est vraiment prouvé.

Il y a eu la boule que l’on retire, sans retirer celles d’angoisses qui coincent la gorge, les enfants trop enthousiastes et optimistes à son chevet. Elle n’avait que les copines Jacqueline, pour en parler vraiment, pour pleurer, pour refuser la pitié, tout en ayant besoin de soutien, besoin que l’on écoute et partage ses angoisses et cette peur qui la faisait téléphoner souvent à 3 H du matin. Il y avait le téléphone qui la reliait à celles qui parfois, jadis, avaient pu lui donner une fausse impression de ne pas l’apprécier et qui maintenant lui tendaient les bras. Elle découvrait Jacqueline, que la solidarité féminine existe, et cela lui réchauffait le coeur, terrassait parfois sa peur.

Il y a eu les rayons pour l’aider à terrasser la bête qui se nourrissait de sa vie. Elle ne voulait pas arrêter de travailler Jacqueline, parce que son travail c’était aussi sa vie. Elle s’y rendait après ses séances pour entendre, muette et épuisée, son patron se plaindre de son rhume… Avec tout un personnel horrifié par le comportement de l’avocat tordu, devant et derrière elle pour lui ordonner de s’arrêter et de se reposer. Mais elle ne voulait pas se reposer pour trop penser au moment où elle deviendrait poussières.

Elle a pleuré Jacqueline, trop pleuré peut-être, sachant que le véritable espoir était bien loin dans le temps. Pas envie de mourir, pas envie de vieillir pour savoir si elle vivrait ou non, tout en sachant qu’un jour qu’elle voulait le plus lointain possible, la mort aurait gain de cause.

Elle a écrit son journal Jacqueline et commencé à aider les femmes comme elles, souffrant dans leur féminité de cette tumeur injuste.

Et puis le temps a passé. 10 ans déjà !!!! Les examens étaient bons. Toujours bons, toujours négatifs pour le mauvais, toujours parfaits quoi. Et il y a eu le jour où le cancérologue lui a dit qu’elle était considérée comme guérie, définitivement guérie de cette fois là. Parce qu’il peut toujours en venir un autre, un crabe… Ailleurs, on ne sait pas pourquoi…

Il y a eu le vendredi 17 octobre 2008 où elle a entendu le mot « guérie madame ! n’ayez plus aucune inquiétude ! » « maintenant je vous revois dans 2 ans, juste pour la tranquillité d’esprit »

Il y avait toutes ces années où elle ne pouvait s’empêcher de se palper les seins, de guetter le moindre symptôme qui pouvait être le signe que le crabe n’était pas mort, oubliant qu’il métastase généralement ailleurs. Il y avait un pan de sa vie qui n’avait été qu’attente, et enfin, au bout du chemin, le résultat trop espéré.

Elle était tellement heureuse Jacqueline, qu’elle a envoyé un texto à ses enfants « enfin guérie, je suis trop heureuse et je vous aime trop ». C’était le restaurant pour le samedi 18 octobre 2008, avec champagne à volonté et taxi pour ramener tout le monde. C’était le premier jour vraiment heureux depuis trop longtemps.

Et puis c’était un jour comme les autres pour tout le monde. Elle est sortie de l’hôpital en lévitant, tellement elle était heureuse, pour rejoindre sa voiture. C’est ce que l’on imagine vu le texto… Il faisait beau, même si un peu froid ce vendredi, et elle était guérie. Même si le déluge avait été là, elle l’aurait trouvé magnifique. Il était 15 H 35.

Elle n’a pas vu le bus Jacqueline… Le conducteur l’a vue trop tard, elle s’est quasi jetée sous ses roues. Et la camarde qui l’attendait depuis si longtemps devait ricaner derrière un peuplier quand le SAMU est arrivé trop tard. Dès le choc, il était trop tard. Et, des médecins sortis sur l’alerte, celui qui pleurait le plus, était paraît-il son cancérologue… On peut le comprendre. Avoir annoncé sa guérison à une patiente, dans cette spécialité là, et la voir mourir bêtement 10 minutes après dans un accident de la route, c’est à se pendre…

Quand j’ai reçu le mail en rentrant d’une bonne soirée passée avec Louisianne, j’ai été pétrifiée. La joie et le bonheur sont autant assassins que le malheur. Jacqueline, tu avais prévu les amies à prévenir avec une liste mail, mais pas pour cette nouvelle là…

Prenez donc garde à vous. Sur un coup de joie, n’oubliez pas de regarder en traversant, de conduire normalement, que la vie ne vous est pas assurée à jamais même si fatalement elle se terminera un jour.

Adieu mon amie. Nous sommes 10 ce soir, pour qui tes enfants ont pris la peine de donner de mauvaises nouvelles, mais nous savons que cela leur a fait quelque part un peu de bien…. Nous découvrons en même temps que ton départ à quel point nous comptions pour toi. Et demain ils en auront l’assurance et le réconfort.

Décidément c’est la période où je vous régale vraiment de posts les plus gais possibles…