Des retrouvailles qui font plaisir…

6222-000049Actuellement je suis plutôt dans le creux de la vague par tempête de force maximale sur l’échelle du dauphin. N’empêche QUE…

Il y a quelques semaines, peu en fait, car maman n’est jamais morte que depuis à peine 1 mois 1/2, j’ai réalisé que je n’avais pas prévenu Evelyne.

Evelyne est une fille d’une petite cousine de mon grand-père maternel, côté Benoist (le coureur automobile), sa mère étant la nièce de ce dernier.

La dernière fois que je l’avais vue, avec maman, c’était pour les 100 ans de son père en 2012. Je n’avais pas son adresse, mais son n° de téléphone, et je l’ai donc appelée pour lui apprendre la triste nouvelle.

Continuer la lecture de « Des retrouvailles qui font plaisir… »

La vie en dent de scies…

Parents 1955Si l’on savait à l’avance, nous ne pourrions pas vivre, c’est ainsi qu’il est écrit (et c’est moi qui vous dit cela ! ) : « tu ne sauras ni le jour ni l’heure ».

Heureusement !

Il n’empêche qu’il faut faire avec ce que la vie nous donne jour après jour. Un deuil, c’est toujours douloureux, perdre ses parents est peut-être normal, dans l’ordre des choses, mais n’empêche…

Continuer la lecture de « La vie en dent de scies… »

Un exemple de P.A.C : l’album de BB…

Album BBD’après l’homme de l’art qui ne manque jamais de poésie, le PAC est un piège à con.

C’est valable d’ailleurs pour le piège à conne, car on voit rarement un père s’emparer du fameux « ALBUM DE BB » (dont vous avez compris finement qu’il va être question) pour le remplir. Il faut aimer M6 et ses scènes de ménages pour voir un père  plus maternel que la mère…

C’est la mère qui s’y colle,  à l’album pour BB, qu’elle a acheté elle-même avec masochisme, ou qu’on lui offre avec sadisme quand on s’est déjà reproduit… Continuer la lecture de « Un exemple de P.A.C : l’album de BB… »

Famille, pas toujours facile… L'enterrement

EnterrementNous avions décidé d’y aller, et donc, forcément, personne n’aurait pu nous empêcher de le faire sauf un avion de ligne s’écrasant sur notre route, deux heures avant notre départ…

J’avais la conscience clean, mais je me sentais mal à l’aise. Ma tension avait pris 2 points. Et puis, dès l’arrivée à l’église, le fait d’être trop entourée, alors que 7 magrébins me regardaient d’un sale oeil (ce n’est pas de ma faute, mais les 7 personnes installées chez le cousin de papa n’étaient pas alsaciens, suédois, mexicains, russes, ou tibétains) me dérangeait considérablement.

Catherine fut impec : gros bisous à toute la famille du côté paternel de Marc, et à papa, insistant bien :  « j’ai prévu un goûter pour après le cimetière, j’insiste pour que vous veniez ».

Sissi arrive et curieusement m’embrasse (le baiser de Judas ? car elle ignore les autres)  tout en me chuchotant le plus bas possible « vous ne parlez pas de Marc et du reste aujourd’hui, compris ? ». Manque de bol, mon frère l’a entendue, et précise que nous ne sommes pas venus pour ça. Elle rougit.

Un assez bel homme la suit, je pense que c’est son frères, ils ont les mêmes yeux, dommage qu’ils n’en aient que deux tellement ils sont beaux. Mais la dernière fois que j’ai vu le petit frère, il devait avoir 5 ans, et moi 10, donc, nous avons vachement changé.

Tout le monde s’installe dans l’église : le clan Dabra (côté paternel de Marc) à droite, et le clan côté maternel + les braves gens, à gauche (quand on rentre dans l’église). Les péquins étrangers à la famille sont rares : en fait, il n’y a que les voisins d’en face : deux personnes.

Vient la bénédiction (nous échappons à la grande messe chantée) attendue impatiemment par :

  • Ma mère qui n’a même pas fait sa communion
  • Mon père et ses deux soeurs que leur mère a dégoutés de la religion
  • Mon frère qui lui non plus n’a pas fait sa communion et qui en plus, ne supporte pas l’odeur d’encens ni la musique d’église (alors que pour mes tantes, mon père et moi, même sans croyance, nous adorons la musique d’église et les vieilles pierres).
  • Le concubin d’une de mes tantes, qui s’est placé derrière moi (pour parer toute attaque sournoise) et qui ne semble pas être plus croyant que nous.
  • Moi-même, qui à chaque fois que l’on parle du mort en disant qu’il est assis à la droite du seigneur maintenant, n’arrête pas de se dire « on va être un monde fou » (je sais, j’ai mauvais esprit).

Les répons sont faibles… Dans l’église du village de mes parents, c’est tellement fréquent qu’il y a au moins 4 femmes qui se déplacent pour pallier cette carence insupportable, chanter les cantiques et réciter les prières.

Du côté maternel de Marc, ce n’est pas mieux, ils savent tout juste faire le signe de croix. Les musulmans du banc arrière ne font que se lever ou s’asseoir, cela se comprend (mais je n’aime tout de même pas les regards vipérins qui me fixent).

Après, c’est le moment joyeux du cimetière, ou tout le monde se dit « un jour ce sera moi dans le cercueil qui descend », car la mort des autres nous fait penser à la nôtre et que c’est comme ça.

Les pauvres gens s’attardent. Ils savent qu’un goûter est prévu chez Catherine, et ils attendront vainement d’y être invités.

Et puis après, il y aura la trêve, aucune allusions aux sales mots dits. Sissi a été chapitrée par sa mère, ou elle s’est renseignée. Elle ne s’adresse à moi que pour demander des précisions sur la famille, avec le sourire. Même à un moment où nous nous retrouvons seules dans la cuisine, elle ne fait allusion à rien.

Un enterrement c’est aussi le moment où l’on évoque les disparus plus anciens, où on les replace dans l’arbre de la famille en prenant des notes pour les généalogistes, où l’on cite une anecdote amusante, c’est la famille qui se soude tout à coup, une tasse de thé ou de café à la main, un gâteau dans l’autre…

C’est une cérémonie après la solennelle, le sale coup du cimetière, un peu de chaud au coeur.

Quand nous sommes partis, Catherine m’a embrassée en me murmurant « faites ce qu’il y a à faire ».

La parenthèse était refermée, nous avons fait ce qu’il y avait à faire…

Car la vie n’est qu’un long calvaire…

(Photo : la gentille sorcière)

(Musique accompagnant l’arrivée du cercueil dans l’église (donc forcément remonte moral…)… J’aurais gagné 1000 euros si quelqu’un avait soutenu le pari que ce n’était pas l’Adagio d’Albinoni mi5xaMIX_h8)

Le muguet du mois de mai…

muguet-3Cela fait tellement longtemps qu’avec Mrs Bibelot, c’est notre bref plaisir de l’année… On ne sait plus depuis quand finalement. Depuis que je suis petite, alors je ne compte plus…

Il parait qu’il porte bonheur. Je n’ai rien remarqué…

Le muguet dure 3 semaines, 4 certaines années, allez savoir pourquoi. En 2007 nous avons arpenté jour après jour,  notre coin favori sous la pluie, sans renoncer d’aucune manière. Et cela donne ce qu’il y a sur la photo : 5 à 6 bouquets que nous remplaçons jour après jour, quand le plus ancien sent le « tourné » et que les clochettes virent au jaune…

Et il y a toujours « la dernière cueillette », le jour où face à du blanc à perte de vue, nous nous rendons compte que ce blanc est en train de virer au jaune pour préparer l’année d’après, que les brins sentent le « tourné ». Nous n’y touchons pas. A quoi bon cueillir une fleur qui sera morte demain ? Mais nous repartons le coeur gros, quelques brins encore valables dans la main, dont nous respirerons le parfum jusqu’à son dernier souffle. Et c’est brutalement que nous décidons que nous n’irons pas en chasse du dernier dernier brin demain.

Maman et moi, même combat : nous ne voulons pas savoir que nous sommes en train de ramasser la fin. La dernière cueillette se passe d’ailleurs toujours de la même manière. Maman me dit « ça me dégoute trop de laisser tout ça qu’on ne peut même plus ramasser », et j’obtempère en disant que j’ai mon dernier bouquet moi aussi et que nous pouvons partir et reprendre le chemin vers la voiture garée loin de là. Tous les ans nous nous relayons pour dire « non, pas demain »‘…

Je sais ce que je pense moi, quand je regagne la voiture, en respirant avec avidité ce dernier bouquet (personne n’a su créer un parfum « muguet » pouvant se confondre avec notre muguet des bois, le vrai). Tous les ans je peux surmonter Noël, le jour de l’an, mais pas le dernier bouquet de muguet.

Où serai-je, et où en serai-je quand les prochains brins fleuriront l’année prochaine ? Qui serai-je quand je ramasserai le premier brin odorant en souriant, avec du bonheur plein la tête, les yeux, le nez ? Serai-je encore là seulement  ?

Et bien sûr, je sais que maman y pense aussi, avec une nostalgie et une appréhension supérieures à la mienne, car elle a 20 ans de plus que moi.

Mes grand-mères ne sont plus là pour nous accompagner. L’ombre des anciens passe, silencieuse, sur nos places…

Bien sûr que, reniflant notre provende sur le chemin du retour, silencieuses comme toujours, ce jour du dernier bouquet, nos pensées nous rapprochent, nos appréhensions aussi. Mais nous ne le disons pas… Enfin ELLE ne dit rien donc MOI non plus…

Il m’est toujours douloureux de voir ma mère se taire, face à ses propres interrogations… Je préfèrerais franchement ne pas être la seule  à avouer (ici) que je songe à l’adage du midi (dont je recherche désespérément la véritable phrase en provençal).

Qu’à l’an qui vienne, si nous ne sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins.

Peuchère… Tout cela pour du muguet…

Après plusieurs années de 3 semaines d’avance, cette année, le muguet retrouve le souffle de ma jeunesse, avec ce que l’on appelle désormais « du retard ».

Nous n’y allons jamais le 1er mai, trop de monde, mais cette année 2012 il ne sera pas « fini » pour mon anniversaire du 9, comme les trois dernières années.

Nous avons 3 semaines devant nous après cette fête du travail qui me fait bien ricaner.

Car de travail, je n’ai point, et l’on me l’a dit, peu de chance que j’en retrouve. Alors je n’ai rien à fêter.

Si : une journée à glander totalement parce que je ne sortirai même pas de chez moi pour une fois.

Et ceux qui vont parler travail ce premier mai, je n’écouterais même pas leurs discours….

Car la vie n’est qu’un long calvaire, même si j’attends avec une palpitation secrète, le moment où je vais ramasser mon premier brin, et les autres… Et ces soirées où je me shoote au bouquet de muguet qui sent si bon…

(Photo : Pulchérie en 2010)

Ps : là c’est chez Mrs Bibelot. Généralement j’ai le même alignement sur ma table basse.

La femme qui murmurait à l'oreille des nourrissons… (1000ème)

femme-et-bb-copierNon, là ce n’est pas l’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux (snif) mais un documentaire que j’ai vu, très tard dans la nuit, dans la mesure où je vis à nouveau beaucoup la nuit.

Le principe de ce médecin psychiatre : un enfant entendrait sans le comprendre, ce qu’on lui dit, très tôt après sa naissance. Qu’il ne comprenne pas n’a aucune importance : ce qui lui a été dit s’enregistrerait quelque part dans les tiroirs de sa mémoire, qui s’en servirait le moment venu.

Séduisant comme hypothèse.

Il est à noter qu’à 15 ans ils ne comprennent pas toujours ce qu’on peut bien leur dire, surtout quand cela concerne les tâches ménagères et les devoirs à faire… J’en oublie bien sûr, étant désormais sortie de la fosse aux lions pour rejoindre la fosse aux ours qui n’est pas toujours plus agréable…

Donc on peut toujours espérer que le futur adolescent/pré-adulte/adulte enregistrera dès après sa naissance, les recommandations suivantes :

  • Ton père et ta mère, toujours tu écouteras
  • Quand on te le demandera, tu rangeras ton bordel
  • Avec joie aux tâches ménagères tu participeras sans hululer que cela ne te concerne pas
  • Le sol de ta chambre, d’aucun objet tu ne joncheras dans ta chambre le bordel ne foutras pas
  • Ton père et ta mère, toujours tu écouteras
  • A tes parents, toute ta vie, d’utiles conseils tu demanderas sans dire VI, cause toujours
  • Un langage fleuri toujours tu utiliseras
  • Tes père et mère semblables tu respecteras
  • La musique à fond n’écouteras pas et tes tympans épargneras et ceux des autres au passage merci
  • Des technologies modernes au maximum tu t’éloigneras et VI cause toujours point ne diras
  • Ton père et ta mère, toujours tu écouteras
  • Sur ou dans n’importe quel engin de déplacement, prudent tu seras et les limitations de vitesse point ne dépasseras, et le VI cause toujours point ne diras
  • La violence tu ignoreras
  • Sans regimber tes études feras
  • Toujours souriant tu seras
  • Ton père et ta mère, toujours tu écouteras.

A répéter 15 fois par jour pendant au moins 3 mois, et même quand il dort, cela rentrerait mieux.

Cette certitude n’engageant que celle qui cause à l’oreille des nourrissons à qui il faut faire comprendre que si leur mère ne les aime pas, c’est parce qu’ils sont le fruit d’un viol en réunion…

Avantages : cela n’est pas très fatigant, cela peut peut-être porter ses fruits.

Inconvénients : il n’est pas prouvé que cela portera ses fruits, vous vous sentirez seul(e) souvent, et vous serez obligés de punaiser sur sa porte de chambre, les 1000 commandements des parents qui en ont marre de tout répéter…

Car la vie n’est qu’un long calvaire…

PS : inutile de lui demander en plus de rester courtois sur ses vieux jours, vos petits enfants s’en chargeront après votre départ, chacun ses merdes…

En réalisant que c’était mon 1000ème post, j’ai cru que j’allais sécher lamentablement… Donc, c’est lamentable…

Soignez vos grands parents !

grands-parents-3Déja, il vous faut comprendre qu’entre vos parents et vos grands parents, il y avait déjà un fossé, moins profond qu’entre vos parents et vous, quoique. Et donc, par conséquence, n’est-ce pas bien sûr, qu’entre vos grands parents et vous, c’est parfois le grand canyon du Colorado à tout le moins.

Apprendre à faire avec :

Le téléphone : les grands parents l’ont vu débarquer dans leur vie alors qu’ils avaient 20 ans (au mieux, et sauf exception). Cela reste pour eux un moyen de communication essentiel mais rapide : « venez déjeuner dimanche, bisous, à dimanche ». S’ils ont quelque chose à vous dire, ils le feront dimanche. Seule exception : la grand-mère veuve qui n’arrive pas à joindre votre mère-ce-qui-est-un-scandale et s’épanche sur votre épaule via le combiné. Ne soupirez pas : un jour elle vous manquera.

Evitez de les appeler trop rarement, surtout si c’est pile poil à l’heure où ils dinent, c’est à dire quand vous sortez du troquet où vous avez bu un pot avec des copines après le boulot. En bref, quand ils se préparent à passer une bonne soirée et vous à démarrer enfin la journée pour de vrai.

Dans la même catégorie, reléguez votre portable au vestiaire quand vous êtes chez eux, vous voir déambuler dans leur salon en parlant petit chinois les exaspère profondément : ces jeunes ne peuvent pas se passer d’appeler pendant 6 heures ? Si ! vous pouvez vous passer de téléphone pendant 6 heures.

Toujours en parlant de téléphone, arrêtez de leur proposer un portable pour qu’ils soient joignables n’importe quand : ils n’ont pas envie d’être joignables n’importe quand. Et puis ils auront du mal à lire le clavier pour faire un numéro, et puis il vous faudra leur mettre en place tous les programmes, tout cela  pour que finalement le portable se pétrifie d’horreur dans un placard.

Ne leur parlez pas petit chinois : sms, mms, google, internet, blog, site, facebook, moteur de recherche, mozilla, firefox, c’est un autre monde pour eux. Vous pouvez évoquer très vaguement les anti-virus à l’époque où ils doivent se faire vacciner contre la grippe.

N’apportez pas votre portable chez eux : le minitel ils trouvaient cela saoulant et l’ordinateur est donc un engin presque maudit. Et puis vous courez tout de même le risque qu’ils « s’y mettent ». Et quand vous ferez la hot line en leur expliquant comment vider la corbeille et fermer la fenêtre vous saurez vraiment ce que c’est que d’avoir des regrets…

Non, mamie et papy ne vous serviront pas de sushis et de tofu. Résignez vous et faites régime dès l’avant veille car chez eux c’est cuisine bien de chez nous avec deux excentricités : le chili con carne et la moussaka voire même pour certains, couscous et paella. Suggérez par contre un de vos plats préférés que vous ne savez pas faire, ils seront ravis de vous faire plaisir.

Faites les parler, ils seront contents d’évoquer pour vous leurs souvenirs, leur vie, quelque part vos racines. Et puis il est toujours très drôle d’apprendre que la grand-mère a failli faire clamser son arrière grand mère avec un tout premier « black jean », et que le grand-père a scandalisé sa tante à péter des fauteuils à l’Olympia en allant écouter Gilbert Bécaud qui lui, cassait des pianos.

Evitez le short ras du cul  : ça rappelle à papy votre grand mère qui déchirait sa race dans les années 50/60 en scandalisant la population du village à montrer quasi complètement son cul (dixit l’arrière grand-mère de mamie qui la voyait partir en étant au bord de l’apoplexie), et trop cruellement que plus de 50 ans ont passé trop vite.

Ils sont passés avec plaisir au CD musical et même au DVD qui prend moins de place que les cassettes VHS pour lesquels ils étaient à la pointe du progrès. Inutile par contre de leur causer MP3 et autres modernités qui n’existaient pas encore il y a 10 ans, là, ils saturent malgré leur TV grand écran dernier modèle qui se règle comme une merde dès qu’il est question de TNT.

Enfin, n’oubliez jamais que vous les avez assez traumatisés comme cela quand vous étiez en CE1, à leur demander s’ils avaient connu Vercingétorix.

Vous avez pris un coup de vieux…

coup-de-vieuxSoudain, l’évidence  vous saute aux yeux comme un coup de pied aux fesses : vous n’êtes plus de toute première jeunesse.

C’est comme ça, parfois le regard un peu glauque de vos gamins de 25 ans vous signale que vous parlez de quelque chose qu’ils ignorent, pire encore quand il s’agit de vos neveux et nièces qui ne savent même pas ce qu’était le mur de Berlin.

  • Vous vous souvenez où vous étiez quand vous avez appris la mort du président Kennedy (c’est mon cas et j’avais un peu plus de 5 ans)
  • Votre premier pape s’appelait Paul VI (en apprenant qu’il y en avait un qui s’appelait Pie 7 vous aviez fait HI HI HI !)
  • Vous pensiez que le Général serait toute votre vie votre président
  • Vous vous êtes maquillée les cils pour la première fois avec un cake et une brosse indépendante
  • Vous aviez interdiction de vous laver les cheveux plus de deux fois par mois à l’adolescence
  • Vous avez dépavé une rue de Paris en mai 68 pour balancer des pavés aux CRS SS
  • Vous vous souvenez d’Armstrong posant le pied sur la lune et de l’émotion de tous le monde
  • Vous ne mangiez des tomates qu’en juillet, août et septembre
  • A l’école la blouse était obligatoire, et le pantalon interdit aux filles
  • Ce que disait le maître ou la maîtresse c’était parole d’évangile
  • Vous aviez des PATINS A ROULETTES et non pas des rollers
  • Vous en faisiez d’ailleurs sans casque
  • 90 % de la famille n’avait pas le téléphone
  • Il y avait des télégrammes à envoyer en cas d’urgence
  • On pouvait téléphoner en PCV
  • Vos parents avaient une vieille Olivetti mécanique datant de la dernière guerre mondiale, pour vous apprendre le clavier
  • La queue de cheval n’était autorisée qu’après la formation
  • La frange c’était mauvais genre
  • Vous avez vu l’avènement de la première mini-jupe
  • On ne savait pas si c’était fille ou garçon avant ponte de la pastèque
  • Les grands parents avaient un « garde manger » et les cabinets dans le fond du jardin, et pas l’eau chaude courante
  • Pour se chauffer à la campagne, il n’y avait que les poêles à bois ou à charbon
  • Vous avez connu plein de gens qui pouvaient vous parler de 14/18 et 39/45
  • Vous pouviez jouer aux billes dans les caniveaux en rouspétant contre les deux voitures garées dans la rue…
  • La mixité balbutiait
  • Le boucher ne demande plus ce que la demoiselle veut, mais « et à la petite dame, qu’est-ce que je lui sers ? »
  • Les gamins ne vous regardent plus biner votre jolie courette, mais précisent « je regarde le pépé faire son jardin »
  • Vous savez qui sont Poulidor, Anquetil, Nash et Mac Enroe (entre autres)
  • Quand vous parlez de quelque chose, vous dites « il y a 30 ans »…
  • Vous envisagez de prendre une convention obsèques.
  • Vous vous êtes émerveillé devant la première TV couleur
  • Vous vous souvenez du moment où le sphinx a perdu son nez…

La vie n’est qu’un long calvaire.

Ils étaient deux…

Ils étaient deuxIls étaient deux, cheminant côte à côte, dans cette région où les fermes ou mas, éloignés de la ville, abritaient des personnes qui parfois restaient des semaines sans se rendre à la ville précisément.

Des personnes qui vivaient en autarcie à une époque où l’on se contentait de peu dans un monde campagnard hostile. Des personnes pour qui le monde se résumait à un troupeau de chèvres ou de moutons, le rucher à surveiller, les cultures à faire prospérer.

Des personnes pour lesquelles un repas de fête c’était des chataignes grillées, avec le dernier fromage blanc de chèvre sucré au miel. Des personnes qui parlaient le soir à la lueur du feu de cheminée. Des personnes hors du temps.

Des personnes qui ne se rendaient à la ville que pour négocier un animal ou deux, du lait, du miel à meilleur prix. Des personnes qui ne voyaient que rarement le facteur, et ne lisaient pas les journaux…

Ils ne marchaient pas, leurs monture le faisaient pour eux. Et les bêtes portaient sur le dos le poids d’une souffrance et d’un devoir difficiles, à tel point que les cavaliers ne les pressaient pas. Les deux chevaux hahanaient dans la côte, même pas vexés par les chèvres gambadant à leurs côtés.

Bien sûr que tous les hommes avaient reconnu leur uniforme depuis le matin, sans comprendre. Mais il y a eu ce couple là.

L’homme savait depuis 14 jours qu’un danger le menaçait, rôdait. Il n’avait trop rien dit à sa femme de ce qu’il avait appris en descendant au bourg pour vendre 5 chèvres pleines. Il n’avait pas trop compris pourquoi un Archiduc assassiné pouvait menacer sa vie. Mais il avait palpé la peur des hommes et était remonté au mas avec celle-ci au ventre.

Quand il les a vus arriver il a compris tout de suite. Ces deux gendarmes tranquilles venaient lui apporter son avis de mobilisation, et il se souvenait qu’il aurait à rejoindre son régiment le plus vite possible.

Restait à l’annoncer à sa femme, sa toute jeune femme, celle qu’il aimait comme on aime quand tout simplement on ne sait qu’aimer.

L’enfant, leur enfant, regardait ces hommes inconnus apporter le malheur, son instinct très sûr le lui disant. Il y avait le cheminement des chevaux, l’air accablé des gendarmes, et puis tout à coup le père prenant sa veste en laissant tout en plan.

Et puis il y avait sa mère, à qui l’homme n’avait rien dit, mais qui avait bien senti qu’il n’était plus le même depuis qu’il était remonté de la ville la dernière fois.

Les gendarmes ont détourné les yeux en la voyant s’effondrer sur le banc à droite de la porte d’entrée. Combien de femmes blessées depuis ce matin ? Combien d’hommes ne sachant rien, et fauchés à tous les sens du terme par la nouvelle ? Combien de pleurs et d’incompréhension ?

Le Phil savait bien qu’ils lui apportaient son avis de mobilisation. Il leur a servi le coup de l’étrier, le 15ème depuis le matin, qui allait rajouter à leur accablement.

Et après leur départ, il est allé directement préparer son paquetage pour partir le plus tôt possible, comme il l’était indiqué, laissant une femme statufiée et un enfant ne comprenant plus rien à l’existence.

« Une petite promenade contre les allemands et je reviens ».

Il n’est jamais revenu.

Et la Phil, n’a jamais compris pourquoi on était venu lui prendre son homme, son amour, sa vie. Elle a tout laissé en plan en son absence, survivant jour après jour en l’attente d’une lettre, faisant la honte de ses soeurs ayant à coeur de tout faire marcher aussi bien, voire mieux, en l’absence de l’homme.

Quand le maire 16 mois plus tard est venu lui apporter le mortuaire, elle n’était plus que l’ombre d’elle-même. S’égarant par une nuit glacée dans la pierraille alentours où elle cherchait son mari, elle est morte à 24 ans d’une chute mortelle dans une crevasse que la neige dissimulait. Morte de folie, de l’absence, de l’injustice du monde.

Elle ignorait alors qu’un 11 novembre verrait venir la paix, enfin. Pour elle la guerre avait été perdue dès le départ de son mari, de son homme, de son amour. Elle ne pouvait pas mourir en paix, elle emportait la guerre avec elle pour l’éternité.

Elle ignorait alors qu’un jour le 11 novembre serait un jour béni par beaucoup car jour de congé.

Son Phil aussi, mort sur une terre froide à mille lieux de sa vie natale…

Cet homme non dépourvu de bon sens, qui n’a jamais compris qu’il devait mourir parce que l’on avait tué un archiduc si loin de chez lui, de cette France dont il était fier et qu’il vénérait.

Je ne sais pas si maintenant on comprend. Je ne sais pas si l’on peut vraiment se mettre à leur place, même un court instant. Maintenant on porte plainte parce qu’un soldat volontaire a été tué au combat. Maintenant, ces hommes et femmes happés par cette tourmente effroyables sont tous morts.

Maintenant il n’y a plus personne pour venir dire que c’était atroce, une génération sacrifiée, trop de morts et de chagrin.

Plus personne ne se souvient non plus de cette époque où l’on pouvait vivre loin de tout, ignorant le monde extérieur qui pouvait vous rattraper pour le pire…

Maintenant, il n’y a plus personne pour porter plainte. Et c’est pour cela que l’ETAT (qui est nous), commence à reconnaître les erreurs, les errements, les égarements, et l’absurdité.

De cette guerre inhumaine dont nous portons le poids d’une manière ou d’une autre, en toute conscience, ou sans le savoir…

Si dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer paraît-il…