Le fou du matin

EndoraTous les matins pour aller travailler, je prends ma petite et vieille voiture (qui fait vraiment tas de boue, mais pour 20 km par jour, elle me suffit parfaitement). 13 minutes pour aller travailler c’est honnête. Si je prenais le train, il me faudrait une heure.

Comme je suis à la campagne (enfin quasiment), j’ai le choix entre la RN 10 totalement encombrée et une petite route de campagne à 50 % dans la forêt. Stupidement je choisis cette option (j’ai oublié de vous le dire : je suis blonde).

Ma petite route traverse un petit bled avec enfants traversant pour aller à l’école (le parking a été positionné de manière volontaire lors de la réfection de la route, de l’autre côté de celle-ci pour que cela soit bien dangereux lorsqu’ils se rendent à l’école, alors que le contraire était tout à fait faisable, et permettait en plus de créer un virage obligeant à ralentir). Après elle se perd dans la forêt et la vitesse, jusqu’au prochain bled (et aux prochains mômes), y est STUPIDEMENT limitée à 50.

Pour tous les gens du secteur, cette limitation n’est aucunement stupide et il nous arrive même de rouler à 40. CAR, nous avons tous été un jour confronté au sanglier qui traverse la route, à la laie avec sa troupe de marcassins, au chevreuil égaré, au cerf errant.

Et un sanglier qui traverse, traverse nonobstant le bruit de votre voiture (rien à battre, il la pulvérisera de toutes manières), le chevreuil et le cerf idem. Et se prendre un cerf à grande vitesse c’est signer son arrêt de mort (dans certains pays c’est attention à l’élan ou à l’orignal, idem, cela traverse coûte que coûte)

Donc je roule doucement là où je sais que… Depuis 4 semaine, un immatriculé « 78 » (donc normalement du secteur, un nouveau sans doute), me double comme un fou furieux. Suivant l’heure à laquelle je suis partie de chez moi, il me double dans le premier village, juste à la sortie de l’école en klaxonnant comme un débile, ou dans la ligne droite qui concerne justement les animaux précédemment cités, voire même dans une côte extrêment dangereuse où il n’y a que des tournants et aucune visibilité.

Le plus drôle c’est qu’arrivée au feu rouge qui marque l’entrée de la ZI où je travaille, je retrouve généralement cet abruti, coincé par le feu. Celà lui a été très utile de risquer sa vie (c’est son problème) et celle des autres (cela me concerne plus) pour en arriver au même point, à la même heure, que moi dans mon tas de boue (j’assume).

Ce matin le fou me double juste avant l’école (j’étais en avance), double une autre voiture très dangereusement. Je continue à rouler, gentiment et là…

La belle voiture du fou dans le fossé, visiblement amochée, l’autre voiture arrêtée derrière.

Je m’arrête (civique). Le fou hébété, mais visiblement entier, contemplant sa voiture (fichue). Il venait de percuter un sanglier monstrueux (au moins 1 tonne à l’écouter, même en Australie ils n’ont pas, pourquoi pas un éléphant pendant qu’il y était ?) qui avait osé traverser devant lui sans clignotant et surtout sans klaxon. L’autre type et moi nous sommes regardés un court instant. On le connaît ce monstre, un gros mâle qui traverse là tous les jours, matin et soir (un coup dans un sens, un coup dans l’autre, toujours aux mêmes heures), pourvu qu’il aille bien, on s’y est habitués !

Et le propriétaire de l’autre voiture de constater « vous n’avez rien ? » « Non » « C’est bien fait pour vous, vous n’avez qu’à rouler normalement, vous me doublez tous les matins comme un cinglé la prochaine fois vous vous tuerez et j’espère que vous ne tuerez personne d’autre… »

Sur ces bonnes paroles, ne pensant pas utile d’intervenir plus, (un fou c’est un fou et apparement le dialogue allait mal tourner)  je suis remontée dans ma caisse qui roule encore ELLE, j’ai laissé le fou du matin s’expliquer avec l’autre qui n’était visiblement pas déterminé à lui trouver la moindre excuse et je me suis dis que je j’allais désormais rouler tranquille le matin…

J’espère que le sanglier s’en est remis. Ce soir en rentrant j’ai croisé la voiture du fou, toujours dans le fossé, mais débarassée de ses enjoliveurs.

Un sanglier sans doute…

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