Je suis écolo : je couve…

M_sange_GA10426Pulchérie ne manquait pas d’idées, on l’aura deviné (ou alors on manque autant d’intuition qu’une pompe à vélo). Je me dis que si sa soeur avait été du même acabit, je vous écrirais de St Anne… (remarquez que vous ne savez pas tout de Delphine : son tour viendra (sauf qu’avec elle c’est vachement compliqué, il me faut pleins d’autorisations)

Donc elle (Pulchérie !)  allait régulièrement se promener avec sa meilleure amie : Vivie. « Interdiction d’aller vous promener n’importe où les filles, les bois sont plein de violeurs potentiels de pré-adolescente, d’exhibitionnistes, voire pire encore » (je savais de quoi je parlais même si je n’étais plus pré-adolescente…).

« Vi maman chérie » (cause toujours !). Elles avaient 11 ans et quittaient le CM2. Elles étaient grandes, et de plus en plein émoi écologiste à mort, traquaient par exemple les mégots dans le village de mes parents qu’elles nous rapportaient scrupuleusement.

J’apprends un beau jour qu’elles vont se promener au lieu dit « les buissons », régulièrement. Mon sang ne fait qu’un tour. C’est un de mes endroits de prédilection quand je vais promener les chiennes, dont ma malinoise. Et un certain jour, devant un homme, soit-disant inoffensif (on dit toujours que les exhibitionistes sont inoffensifs, mon cul !), me déballant son service 3 pièces (pas à montrer à mon avis, mais il ne le partageait pas), j’avais été bien contente que ma chienne sente que j’avais peur. Elle lui avait sauté dessus et je me demande toujours si elle n’avait pas mordu ce qu’il fallait. Bref. Personne n’a porté plainte pour défigurage de service 3 pièces. Moi j’ai tout de même téléphoné à la gendarmerie qui m’a confirmé qu’il y avait eu attentat sexuel et attouchements, dans ce secteur précis. J’ai donc changé un de mes endroits de prédilection.

J’appelle la mère de Vivie : les filles n’ont pas à aller se promener n’importe où, même deux par deux. Moi, même armée de ma chienne très efficace pour la protection rapprochée quand j’ai peur (elle le sent), j’ai un cran d’arrêt avec moi (oui c’est moi…). La mère absente toute la journée s’insurge contre sa fille.

OK, elles cèdent. Elles iront tous les soirs se promener sur le stade. Rien à redire. Là il ne peut rien leur arriver, à moins que des extra-terrestres ne décident d’atterrir là. Mais voyez-vous on ne peut pas tout interdire à ses mômes sous des prétextes aussi fallacieux…

Donc il ne pouvait rien leur arriver à ELLES. Je reste formelle. Par contre tout le monde n’était pas protégé sur le stade.

Un beau soir, voiloù Pulchérie et Vivie, découvrant sous un sapin sous lequel elles avaient décidé de parlotter (quelle curieuse idée !), un nid d’oiseaux, avec des oeufs dedans et pas de parents.

J’avais dit et répété de ne jamais caresser un faon sur lequel on pouvait tomber par hasard, que les parents n’ont jamais abandonné leur couvée, progéniture, etc… J’avais dit et répété que les parents se sont juste barrés en nous entendant arriver. En bonne petite fille et fille de chasseurs, élevée dans la nature, j’avais seriné l’essentiel aux filles.

« Vi maman chérie » (cause toujours).

Pulchérie devant les oeufs abandonnés décide de les couver. J’imagine bien la détresse des parents planqués non loin en la voyant s’allonger sur le nid en demandant à Vivie d’aller lui chercher à manger, vu qu’elle va devoir couver un certain temps (tout pour louper la dernière semaine d’école : Pulchérie ? elle couve !).

A peine le temps de voir arriver Vivie en quête d’un casse croûte, d’un quart de pomme (faut suivre) et d’un peu à boire, que voici ma progéniture arrivant la tête basse, le T shirt plein de jaune d’oeuf.

« Je ne sais pas comment font les oiseaux, mais moi j’ai toussé et ça a fait splotch ! »

D’après les débris rapportés, il s’agissait d’un nid de mésanges. Vu l’époque, nous n’avons pu que prier qu’elles aient pu remettre une couvée en route ces pauvres mignonnes petites bêêêtes.

Et sur ce coup là, comme j’étais une mère indigne, Pulchérie s’est prise une claque à lui démonter la tête + une semonce de son grand père :

« Mais enfin on t’a dit et répété… »

« Vi » (cause toujours)…

La vie n’est qu’un long calvaire, surtout pour les oiseaux ce jour là… D’un autre côté une de mes filles peut déclarer fièrement qu’un jour elle a couvé… On se demande pourquoi pas plus de fermières devant l’absence d’une poule vraiment pondeuse, n’ont pas décidé de remplacer la poule…

Edit du soir : espoir : alors je dois avouer que j’avais bien visualisé ma fille en train de couver (de toutes manières elle était capable de n’importe quoi), mais maintenant de m’en imaginer d’autres (hem !) en train de faire du bouche à bouche à un hamster ou autre, je suis au bord de l’apoplexie tellement j’en rigole (pauvres petites bêêêtes…)

Nous les femmes et les enquêtes (part 3)

Espionne_3_a0006_000364a_copierQuand on veut savoir, on veut savoir… Inutile de se voiler la face se dit un beau jour ma copine Sophaline qui s’était soi-disant fait brûler les cheveux avec une permanente ratée par la pétasse d’Albert.

La voici un beau jour débarquant à la maison (je zonais chez mes parents). Ce n’est pas le tout, mais son mec lui semble plus que louche, enfin tout au moins son comportement. Il en aurait une autre (ou deux) sur le feu que cela ne lui semblerait pas extraordinaire…

Pas de problème, on va enquêter

L’enquête débute mince. Pas de téléphone à piéger, pas de minitel à consulter (enfin si, mais il est sur liste rouge). Tous les soirs l’innocent traverse juste le village pour aller faire des travaux payés au noir chez de multiples personnes, qu’il dit pour expliquer son absence. Moralité il consacre à Sophaline une soirée par semaine. Pour un début d’histoire c’est pauvre, ça fait louche.

Seule solution : une filature à 1 ou 2. Pas de portable pour communiquer par contre et pas de talkie walkies non plus (c’était rigolo ces trucs, enfin les vrais de vrais)… Je propose ma voiture à Sophaline + une perruque avec laquelle les filles se déguisent régulièrement. En cherchant bien on trouve des lunettes super top ne modifiant pas la vision dans les collections de Mrs Bibelot.

Oui… Mais non. Elle se dégonfle. Elle est persuadée qu’il va la reconnaître en zieutant son rétroviseur. Hors rien qu’avec la perruque faudrait être voyant extra lucide pour savoir que c’est elle. Avec les lunettes en plus, c’est encore pire, même ses parents ne la reconnaitraient pas…

Ce n’est pas grave, je vais m’y coller, pour la remercier du fait qu’elle ne soit jamais allée se faire louper une permanente chez la pétasse d’Albert mais attestera du contraire devant un jury, tout en racontant super bien l’histoire aux filles. Rusée, je ne vais pas prendre ma voiture que l’autre doit connaître vaguement, mais piquer celle de Jean Poirotte qui s’insurge : c’est quoi ces conneries ?

Quand il me voit débarquer avec la perruque et les lunettes pour lui prendre « les papiers afférents à la conduite du véhicule » et lui demander où sont ses jumelles, il frôle un cactus dans le myocarde. « Ma fille est folle ! » (pas faux). Ma mère se marre, mes filles aussi, sauf Pulchérie qui se précipite pour remettre les jumelles à leur place (faut suivre), Sophaline rigole nettement moins mais bon, j’y vais pour une bonne cause… Je la retrouve chez elle après la filature.

Voici l’innocent qui passe avec sa voiture, à l’heure dite. Je démarre derrière lui, je le suis. Mais bon à force de le suivre il va remarquer quelque chose. Je décide donc de le suivre en le précédant. Ca vous la coupe hein ? Sur une nationale c’est possible, surtout avec un respectueux du code de la route (il avait au moins une qualité). Je suis devant lui et il met son clignotant à droite, je fais de même. Il prévient qu’il va tourner à gauche : idem. Limite il se demande pourquoi il me suit. Comme je le précède en tout incognito, il ne se doute de rien, le malheureux. Quand je vois ma tronche dans le rétro avec la perruque brune courte et frisée et les lunettes rondes et gigantesques, je me fais peur. Le rétro ne s’est pas cassé : c’est un miracle.

Dernier clignotant vers la gauche, je fais de même et je m’engage… dans une impasse. Il est cuit ou bien moi… Il va venir cogner au carreau en me demandant pourquoi je m’obstine à le précéder… Il a reconnu la voiture de Jean-Poirotte et donc moi également malgré mon déguisement à faire fuir mon chat.

Je vais au bout de l’impasse, je me gare, et je descend discrètement avec ma perruque et mes lunettes pour aller zieuter là où qu’il s’est arrêté. Une femme l’attend et les voici en train de se bécotter comme deux aspirateurs dans la véranda (mauvaise nouvelle à apprendre à Sophaline, et puis en plus le genre ventouses, ça m’a toujours énervée, je ne sais pas pourquoi).

Je gare ma voiture dans le bon sens (le sens départ) et j’attends. C’est ça une planque. Je plains les flics. Je grille cigarette sur cigarette et j’ai faim. Bon ça va c’est un rapide, 1H 30 après il ressort et je reprends ma filature. Au passage, je pourrais peut-être savoir où il habite, car il reste très mystérieux sur son adresse…

800 mètres plus loin, nouvelle maison dans une rue peu fréquentée. Il se gare. Je reste derrière ce coup ci, bien à l’abri de son regard. Idem que précédemment, je descend discrètement pour suprendre une nouvelle séance « aspirateur ». Il a de la santé ce mec là, et merde il n’habite pas là. Quel salaud… Je ne vais pas attendre plus longtemps, je rentre faire mon rapport. J’ai noté les adresses. Sophaline délègue une autre copine le lendemain pour aller relever les noms sur les boîtes aux lettres, le minitel va jouer avec une 4ème copine (quand je vous le dis que c’est une conspiration…)

Pauvre garçon. Il n’a jamais compris pourquoi il s’était pris un petit larousse dans la tronche au son de « et Catherine, c’est qui Catherine ? Et Julienne, c’est qui Julienne ? » (y’avait les prénoms dans le minitel !)

Comme la curiosité est un vilain défaut, nous avons sû, peu de temps après, que Julienne et Catherine l’avaient lourdé également suite à une dénonciation anonyme. Sur ce coup là je suis innocente comme l’agneau qui vient de naître. Il me fallait encore m’occuper du cas d’Albert…

Finalement elle a fait ce qu’elle a voulu après son enquête et ses résultats.

Ah pour les innocents qui traînent on sait aussi décrypter les relevés de cartes bleues, les n° de téléphone enregistés sur les portables, et j’en passe (on ne va pas tout vous dire non plus).

Une femme c’est pour les RG, point barre…

Hors du monde, hors du temps…

Vir_eJ’avais oublié. On oublie vite. Et puis vite finalement… 9 ans tout de même… On réalise que le temps passe trop vite, beaucoup trop vite, de plus en plus vite.

J’avais oublié le chômage. Il me revient de tous les côtés avec d’antiques souvenirs, de l’époque où l’on allait « pointer », où la seule façon de trouver était d’acheter le journal jour après jour pour entourer les petites annonces intéressantes d’un crayon rageur.

J’avais oublié les questions importantes comme « comment vais-je m’en sortir avec ça ? ». Et encore, la dernière fois, nous étions trois… Là je suis toute seule à souffrir éventuellement du non achat possible. Je dois reconnaître d’ailleurs que quand nous étions trois, les filles ont toujours été très « matures », à ne rien exiger et à me demander « maman ça on peut ? »

En 9 ans tout à changé. Tout se passe avec Internet, y compris les échanges avec les ASSEDIC et le mec sensé m’aider à retrouver un emploi, délégué par l’ANPE. C’est une angoisse de plus : quand l’ordinateur mouline un peu, on se dit que s’il nous lâche c’est la débâcle, un trou considérable dans le budget, un genre de naufrage, la cata totale et complète, mais c’est normal, c’est la série…

On retrouve un travail à mi-temps : squatter Internet et les multiples sites proposant des emplois. On se retrouve avec 15 posts-its rappelant les identifiants et mots de passe imposés. On clique 62 fois pour répondre à une annonce sur le site ANPE X 4 fois. On sursaute à chaque appel sur le portable. On s’use les yeux, la patience, le moral (quel moral ?)

On retrouve avec l’angoisse de la recherche, la perte d’appétit ou la boulimie de chocolat, et surtout, cette sensation étrange d’être hors du monde, hors du temps… C’est ce que je vis en tous cas.

  • Virée : la claque, et en même temps, un certain soulagement tellement la peur de l’être a dominé les derniers mois. J’avais tenu grâce à des pilules roses, mais le traitement n’était jamais vraiment adapté.

  • Premier stade : se battre pour obtenir une transaction correcte. 2 semaines passées à angoisser à cause de cela. Cauchemars la nuit : j’étais toujours au boulot. Vous avez eu la joie de vivre avec moi cette extraordinaire période.

  • Deuxième stade : transaction obtenue. Je m’accorde de vraies vacances avec un préavis de 2 mois à faire chez moi. Mais dans ma tête je sais que ce ne sont pas des vacances. N’empêche que je fais comme si… Habitude de se lever tard après 3 heures d’insomnie la nuit (alors que pendant les vraies vacances je dormais super bien).

  • Ne plus savoir quel jour je suis, car je ne tape pas la date 70 fois par jour. Des projets, mais difficiles à réaliser car :

  • Subitement mon corps se rappelle à moi. Sciatique (plein le dos), bras en vrac (j’ai pas les épaules pour supporter tout ça), genou qui se vrille (je ne peux plus avancer), cheville idem (idem). Pourtant je suis toujours en préavis, je fais toujours partie de la boîte. J’ai du temps pour faire plein de choses, mais je ne peux pas les faire. Quelque chose bloque. Et si on allait me rappeler ? C’est ridicule comme pensée, mais elle s’impose à moi quand j’arrive à dormir : j’y retourne. J’y suis d’ailleurs. C’est normal en même temps : je suis toujours payée.

  • Le travail est toujours là dans ma tête. Les collègues sympas prennent des nouvelles. Bon ou mauvais ? Je n’en débattrais pas.

  • Sensation d’être hors du monde : pas grave si je mets mon vieux jean et si je me coiffe à la va-vite. Pas grave si je me lève tard. Pas grave si je ne me maquille pas : ma peau repose. Pas grave si je regarde les petites annonces à 4 heures du matin, en attendant que le sommeil revienne. Pas grave de vivre en décalé, d’aller manger chez papa et maman parce que sinon je ne mange pas. Pas grave en fait, je suis en vacances, en préavis. Cela va bientôt se terminer.

  • Un beau jour, franchissement des portes ASSEDIC/ANPE. Je m’y sens seule désormais dans ces endroits où chaque rendez-vous est programmé. Jadis, je pouvais y discuter avec ceux faisant la queue comme moi, nous partagions beaucoup. Là tout est étouffé, déguisé, anonyme, aseptisé. J’ai l’impression d’être la seule dans ma situation.

  • RV pris par l’ANPE qui me dirige vers un cabinet spécialisé dans la recherche d’emploi. Un peu de chaleur humaine. Quel que soit l’âge, tout le monde souffre, qui de la tête, du ventre, de n’importe où. Le « coach » qui nous a demandé de nous exprimer nous explique que c’est normal. Chacun somatise où il peut. Moi généralement c’est le squelette. En face de moi une jeune femme pliée en deux par des spasmes abdominaux, un homme qui se plaint de migraines horribles, un autre qui pour faire bonne mesure s’est cassé la jambe, n’a rien à faire là, mais juste à envoyer un arrêt de travail aux ASSEDIC. Il est surpris : il était prêt à prendre un poste avec ses béquilles. Le pire c’est le monsieur à mes côtés qui souffre visiblement d’un eczéma/psioriasis aigü : ça l’a pris quand on l’a jeté. « Jeté » est l’expression qui revient unanimement. Je suis assise à une table pleine de kleenex et j’en suis un.

  • Mais là tout à coup, infantilisation à mort… Faut faire ci, ça, pas comme ci, pas comme ça. Faudrait être là tous les jours à y dépenser le peu que l’on peut en essence et parc-mètre, pour mobiliser un ordi et faire ce que l’on fait chez soi. L’impression d’arriver à l’école. C’est normal docteur que je rêve de l’école maternelle pour la première fois depuis au moins 40 ans ? Le docteur n’a pas de réponse. Il s’arrache les cheveux devant ma capacité à faire les effets secondaires de n’importe quoi, et cherche juste à m’équilibrer le sommeil (pas gagné, mais j’ai peut-être un poste en vue : testeuse de médicaments)

  • Impression curieuse de se dédoubler. C’est à la fois moi, et pas moi. Il y a 9 mois je souffrais peut-être, mais j’avais mon job, je m’y accrochais. Là, j’ai l’impression de n’être plus rien. Finalement se battre, c’est ce pour quoi on est fait. Mais là la lutte semble difficile, voire même parfois : inutile. Il y a des moments où c’est tout juste si l’on n’attend pas la mort. Enfin la paix… C’est ce que m’a dit la jeune femme pliée en deux par son ventre, en pleurant. En arriver à penser cela avec un bout de chou de 10 mois : c’est dire ce qu’elle a vécu et ne veut plus vivre à moins de 25 ans à vue de pif.

  • C’est contre cette sensation que lutte le « coach » qui est un jour passé par là. Nous ne sommes pas chômeurs, mais « trouveurs d’emploi ». Tout est mis à notre disposition pour… Nous sommes priés de n’échanger que nos impressions positives : silence qui plane. Horrible silence. Tout le monde s’est senti trahi autour de la table, sauf le seul licencié économique dont la boîte a carrément fermé : le seul d’ailleurs qui ne somatise pas, allez savoir pourquoi.

Il n’empêche que l’on se couche comme on peut, que les nuits sont fragmentées, que le réveil ne sonne plus, que l’on a deux panoplies vestimentaires pour affronter un employeur potentiel et que le reste du temps c’est vieux jean et autre… Que l’on regarde le portable en se demandant pourquoi il ne sonne pas, et que l’on vérifie 5 fois par jour si la batterie est OK.

Il n’empêche que l’on se précipite sur le mail annonçant une super annonce (râté, c’est pour un comptable), que l’on s’use les yeux sur l’écran de l’ordi pour la survie duquel on fait brûler un cierge. Il n’empêche qu’on ne raisonne plus comme les autres. En allant à un rendez-vous dans une boîte d’intérim sérieuse, j’avais l’impression de ne croiser que des actifs bien dans leur peau, qui n’avaient rien à prouver, d’être une extra terrestre.

Il n’empêche que l’on doit se préparer à plein de tests, se préparer à l’entretien que l’on espère et auquel on se rendra le coeur et l’estomac dans les godasses.

Il n’empêche que l’on a tout à prouver à nouveau, tout à essayer de prouver. Que l’on vit de travers. Il est déclaré qu’une partie importante des « trouveurs d’emploi » se lève très tard pour se coucher très tard également. Je n’ai pas voulu regarder toutes les statistiques, car je n’avais pas envie de me miner le moral plus (Docteur, c’est quand que je dors, sans faire d’amnésie antérograde à votre traitement miracle qui m’a foutue dans le coltard ?)

Il n’empêche que les conversations changent. Du « comment vas-tu ? » on passe à « tu en es où ?. Le coach demande des preuves de recherche d’emploi : la panne d’imprimante il s’en moque et apprécie du coup moyen que je lui fasse parvenir une copie de tous les mails de réponses (négatives) que je lui transmets. Il faut que je prouve que je me bouge pour les ASSEDIC qui ne me verseront rien avant début mai. Si je veux du fric avant, il faut bien que je me bouge. Je le fais via ordinateur, ça ne fait pas brûler de calories, mais ça a le mérite d’exister. Sauf qu’on se bouge sans se bouger vraiment : sommes-nous faits pour ça ?

Il n’empêche que l’on vit comme en vacances, un peu comme on veut sur le plan horaires, certains nous envient presque. Sauf que l’on n’est pas en vacances. On est tout simplement hors du monde réel, hors du temps, déconnectés en quelque sorte, de la réalité…

Nous les femmes et les enquêtes (part 2)

Espionne_2_200386207_001_copierAlbert ayant interrogé habilement ses filles, sû donc que mon grand père m’avait refilé du plein de fric pour payer un détective privé (explication pour lui du « il y a un monsieur qui te suis partout »). J’imagine encore sa tronche. C’était crédible en plus parce que mon grand père avait de l’argent. Donc Albert y a cru. (les filles si vous me trahissez, je vends définitivement tout en viager et vous n’aurez RIEN)

Il m’annonça un beau jour qu’il ne pourrait plus prendre les filles le mercredi, car il déménageait. Resta secret sur les lieux du déménagement, comme si Pulchérie et Delphine n’étaient pas capables de reconnaître le lieu, non loin de chez leurs grands parents ou d’estimer la distance (« quand c’est qu’on arrive ? » au bout de 5 km)… Comme si Pulchérie au pire, n’était pas capable de lire un nom de ville… (Delphine était encore à la maternelle, je précise, donc ne savait pas lire elle !)

J’avais fort heureusement en bonne espionne mon réseau d’indics. Les grands parents maternels d’Albert en premier lieu qui lui en voulaient à mort de m’avoir larguée et détestaient leur gendre, ce qui nous faisait un sujet de discussion interminable (car je détestais mon beau père pour ceux qui débarquent). + un ami d’Albert qui restait en contact en répétant tout à sa femme qui me répétait tout à moi sans le dire à son mari : ça c’est une copine. En plus elle n’avait pas son pareil pour espionner les conversations téléphoniques de son mari (+ lui faire les poches, et j’en passe). En ++ ils étaient en relation avec ceux qui ne voulaient plus voir Albert pour ne s’être pas remis de l’avoir vu débarquer avec une autre que moi, à qui ils causaient et qui me répétaient également tout.

La grand mère d’Albert, je l’adorais vraiment. C’était une femme d’une gentillesse extraordinaire que les filles adoraient également et qui a eu bien de la chance, ayant fait de la résistance, de n’avoir jamais été interrogée par la Gestapo. Parce que moi je confirme : on pouvait tout lui faire dire, du moins par téléphone (je ne remets rien en doute concernant son engagement et son réel courage). Enfin moi, j’arrivais à tout lui faire dire et je n’étais pas la Gestapo, mais une bonne copine à elle, qui me manque beaucoup.

J’appris donc par elle, en faisant mine de ne pas vouloir savoir (très important), (« Albert ? Bof ») que l’autre pétasse de Coraline avait ouvert un salon de coiffure à Langeais, qu’elle et Albert habitaient au dessus un vieil appartement classé par les monuments historiques, et que l’autre Coraline en avait ras le chèche de voir débarquer le furoncle tous les matins pour un coup de peigne (et surtout trier les sous vêtements…). Sur ce coup là je n’étais même pas compatissante (bien fait !). J’ai décidé de louer mon minitel à moi pour ne plus déranger ma belle soeur à 22 H 45, et j’ai bien évidemment trouvé le salon de coiffure (en plus Langeais, ce n’est pas Paris).

Les filles restaient discrètes sauf sur quelques bribes de conversation glanées ça et là, prouvant de plus en plus s’il en était besoin que l’autre Coraline avait mis le paquet pour me piquer Albert. En fait j’ai compris après, concernant la nouvelle habitation, qu’Albert prenait des routes pas possibles pour qu’elles ne comprennent pas réellement où elles étaient. Comment bouffer de l’essence en maudissant sa future ex femme en surveillant le rétroviseur pour vérifier la présence ou non d’un détective suiveur… (hi hi hi !)

Là encore j’attends mon heure. J’apprends un beau jour aux innocentes  (rhooo la mauvaise mère), que je suis allée faire une excursion en Touraine avec ma copine Sophaline, alors qu’elles étaient en vacances 8 jours avec uniquement leur père. Que Sophaline avait besoin d’une permanente de manière urgente. Nous nous sommes donc arrêtées dans un salon de coiffure comme ci, comme ça, à côté d’un château comme ci, comme ça, que j’ai visité pendant qu’elle allait se faire friser…

  • Le regard des innocentes s’illumine : mais c’est chez Coraline !

  • Je sais mes chéries

  • Grâce au monsieur qui suit papa partout ?

  • Oui mes chéries ! En tous cas elle a loupé Sophaline, elle lui a brûlé les cheveux ! Sinon elle lui en a raconté des choses, c’est bavard une coiffeuse… Moi je ne suis pas rentrée, bien sûr, elle aurait pu me reconnaître puisqu’il y a des photos de moi chez vos arrières grands parents…

  • Ah bon, elle lui a brûlé les cheveux ? On peut le dire à papa ? (je précise que les filles n’ont jamais été fans de leur belle-mère qui était plus qu’infecte avec elles et qu’elles la détestaient même carrément. Donc aucun scrupule à parler mal d’elle…)

  • Si vous voulez le dire à papa vous faites comme vous voulez. Mais ne lui dites pas que nous sommes allées là parce qu’on savait par le monsieur qui le suit partout que c’était le salon de coiffure de Coraline et surtout ne lui dites pas que je sais qu’ils habitent au dessus tous les deux.

Message bien reçu. Le divorce tournait à bloc et Albert déménagea chez ses parents chaque nuit passé 20 H pour éviter un constat d’adultère (ça je l’ai sû par la grand-mère et j’ai trop rigolé sur ce coup là, sans lui avouer que le constat d’adultère, c’était surtout dans les films d’une certaine époque, elle aurait pu le répéter et lui dormir au domicile extra-conjugal en toute quiétude).

C’est bête, je le reconnais, mais j’ai bien rigolé pendant toute la procédure (9 mois à dormir chez ses parents chaque nuit, pauvre chou !).

Je sais, je suis une garce immonde. Je sais pour les filles…  mais comme elles répétaient tout, autant qu’elles répètent de l’utile (et de l’agréable) pour moi…

Et puis bon, se rappeler qu’à cette époque glorieuse mes petites vengeances mesquines m’empêchaient de sombrer définitivement dans le trou noir du chagrin… Ce n’était pas de l’espionnage à proprement parler (sauf par téléphone, quelles ruses ai-je dû déployer avec certains) mais une opération intox parfaitement réussie !

Utiles précisions…

Dans mon post sur les enquêtes (et il y en a d’autres à venir sur le même sujet), mon propos était juste de souligner de quoi sont capables les femmes, isolées ou en groupe, lorsqu’elles veulent enquêter sur leur Jules en cas de doutes. Généralement à posteriori, c’est assez marrant…

En aucun cas il n’était question pour moi de débattre des responsabilités d’Albert ou de sa copine : qui était le plus responsable de la séparation était hors sujet en ce qui me concerne.

Je précise tout de même que je sais parfaitement que certaines femmes se font piéger par des menteurs de première, pour avoir été victime de l’un d’eux un jour, qui profitait du fait que sa femme était en tournée pour deux mois et demi. La chute fut rude…

Mais j’ai sû également très rapidement après le départ d’Albert, qu’il avait quelqu’un. Ceci par des amis communs qui l’avaient rencontré avec elle chez d’autres amis communs. Eux ignoraient qu’il ne serait pas là avec moi, et ne savaient rien de notre séparation. Cela les a ulcéré et vexé comme pas possible (d’ailleurs ils ne l’ont jamais revu après).

C’est eux qui m’ont relaté donc, et ça fait toujours plaisir, qu’Albert la connaissait depuis des mois. Elle s’est très largement vantée d’avoir eu du mal à lui mettre le grappin dessus. Qu’il ait femme et enfants, elle s’en fichait. Comme il renaclait à tout casser, elle a usé des grands moyens, quitté son mari et son fils pour s’installer seule au son de « sans toi ma vie ne vaudra plus rien, je n’ai qu’à mourir ». Albert avait du charme et de l’argent (l’argent pas en me connaissant, il ne pouvait donc pas m’accuser d’avoir été intéressée), et c’était visiblement une personne très attachée au vison et à la bague qu’il lui avait offerts…

Albert n’avait certes pas à se laisser faire et pouvait partir en courant, mais je ne pouvais nullement la considérer comme étant innocente.

Lui passer un coup de téléphone totalement anodin car je suis restée très correcte, avait pour seul but qu’Albert sache que je savais avec qui il était et où il demeurait. Ceci dans le cadre d’une procédure de divorce qui devenait très conflictuelle.

J’ai regretté par la suite, quand elle s’est montrée infecte avec les filles qui font qu’elles la détestent toujours, essayant de séparer leur père d’elles, et manquant de peu de réussir, de ne jamais lui avoir téléphoné pour cette fois lui dire le fond de ma pensée…

Maintenant si l’espionnage intensif de nos Jules en cas de pépin réveille chez vous de mauvais souvenirs, je préfère passer à la catégorie « champignons de nos campagnes » (non encore créée) ou bien vous refaire l’intégrale de la guerre de 100 ans… (je n’en veux à personne du tout, mais il faut parfois savoir changer de sujet…)

Nous les femmes et les enquêtes…

Espionne_1_200556821_001_copierIl y a un fait établi qui me surprend toujours : c’est que les enquêteurs ne soient pas plus féminins que masculins.

Farpaitement. J’ai testé. Vous mettez 3 ou 4 copines ensembles pour enquêter sur le traitre, l’adultère, le menteur : c’est simple, il est cuit, à plus ou moins brève échéance. Déjà qu’une femme seule est redoutable…

Un exemple comme ça, au hasard. Je savais qu’Albert avait une nana. Ben oui, les filles étaient revenues innocement de WE en me signalant que « papa était avec une copine« . Tu parles que je la voyais bien la copine, qui, comble de l’indécence s’appelait comme moi (je suis donc résolument contre l’analyse du caractère d’après le prénom, mon horrible ex belle soeur s’appelant également comme moi (une autre aussi d’ailleurs qui n’a rien d’horrible, comme quoi cette analyse est de la daube, mais je m’égare tout en le pensant fortement…).

Bref il me fallait savoir qui était cette salope femme, car j’avais des indices précis sur le fait qu’elle ait été à l’origine de la séparation (grâce à la copine qui vous raconte de supers trucs). Je voulais juste faire chier Albert et j’ai parfaitement réussi (ah mais !).

Attention, le plan mérite d’être détaillé et remis dans son contexte. 1989 : pas de téléphone portable, pas d’internet, juste un minitel (que je n’avais pas) et un des tous premiers téléphones sans fil qui fonctionnait quand ça lui chantait.

Les filles ont interdiction formelle de révéler l’histoire à leur père sous peine d’être définitivement déshéritées.

Marrez-vous donc.

  • Albert prenait au début de notre séparation ses filles chaque mercredi après-midi pour me les ramener à 17 H pétantes.

  • Le mercredi suivant la révélation de la copine, je décide d’aller faire des courses et de rentrer en retard. Oui. Parce que si je suis bien en retard, il va fatalement appeler l’autre pour lui indiquer qu’il sera en retard également (CQFD, ne cherchez pas les mecs c’est un raisonnement de femme, mais qui fonctionne toujours).

  • Je débranche le téléphone normal (qui ne mémorise pas le dernier appel) que je planque dans la réserve à bois, pour ne laisser en évidence que le sans fil qui lui mémorise le dernier appel.

  • Je rentre avec 1 H 1/2 de retard. Albert est furieux.

  • Dès qu’il est parti comme un pêt sur une toile cirée, je demande aux filles s’il a téléphoné. Réponse positivite. Il a appelé quelqu’un pour dire que l’emmerdeuse était en retard et qu’il fallait reporter la séance ciné.

  • L’emmerdeuse remet en service le téléphone normal et va rebrancher l’autre ailleurs. Là, le gag. Peur que le n° ne se perde : il faut enregistrer le n° effectué. Hors il ne s’affiche pas, à l’époque ce n’était pas prévu. Je mets en route mon enregistreur et je fais bis.

  • L’enregistreur enregistre le n° en train de se composer. Soit une série de bips. Je raccroche avant que la communication ne se déclenche. 10 fois de suite.

  • Ma soeur rentre. On fait dîner les filles, on les couche après leur avoir fait prendre du sirop maillet, et nous voici en train d’écouter l’enregistrement et de compter les bips. Oui, pour un 3 cela faisait bip bip bip, pour un 7 bip bip bip bip bip bip bip, etc… C’était ultra rapide, je ne sais pas combien de fois nous avons écouté les bips en n’étant pas d’accords « c’est un 3 ? » « non moi j’entends 4 bips ».

  • N° dûment noté à 22 H après 1 H 30 à écouter les bips et les compter

  • J’ai donc un numéro et un prénom. C’est vague. Je sais que la copine est coiffeuse. Sans savoir où. Je pense qu’Albert aurait bien aimé que j’appelle tous les salons du secteur en demandant Coraline. Manque de bol, le n° noté correspond à Paris et j’appelle ma belle soeur, la première femme de mon frère. Elle a un minitel. A elle de chercher un salon de coiffure qui correspond au numéro.

  • Elle rappelle à 23 H 45 : ça y’est, elle a le nom du salon, celui de sa gérante et propriétaire (dont le prénom est bien similaire au mien), l’adresse et tout. On peut aller péter la gueule à cette salope qui habite juste à côté du père Lachaise et jeter le cadavre par dessus le mur.

  • Je garde sous le coude le nom et le numéro de téléphone et je vais me coucher toute contente, ma soeur aussi (il ne nous faut pas grand chose)

  • Je décide d’attendre mon heure…

Donc j’attends. Fatalement Albert va faire un pas de travers. Ce qu’il ne manque pas de faire un samedi de début juin où il vient chercher sa progéniture et part en oubliant les robes. Petites robes indispensables pour une fête de famille.

Je décroche donc mon téléphone, pensant qu’il repartait de chez moi pour aller récupérer sa belle, et j’appelle chez elle…

  • Oui bonjour, excusez moi de vous déranger (quelle hypocrite !!!) je suis la femme d’Albert et il y a un problème

  • Il a oublié les toilettes de ses filles et comme je pense qu’en revenant de Paris il va repasser devant chez nous (enfin à 500 mètres), il faudrait qu’il s’arrête pour prendre les petites robes, elles vont être malheureuses sans…

  • Vous êtes la femme d’Albert ?

  • Ouiiiiiiiii !

  • Mais il ne repasse pas me chercher (je vais tout savoir) et d’ailleurs comment avez-vous…

  • Merci de faire la commission (et raccrochage sauvage).

Retour d’Albert le dimanche soir, ramenant sa progéniture, la bave aux lèvres.

  • J’exige tu m’entends, j’exige que tu me dise comment tu as sû qui elle était et son numéro de téléphone !

  • Moi tout sourire : tu exige ce que tu veux, mais tu ne sauras RIEN tu m’entends ? RIEN

Claquement de porte. Les filles redescendent après avoir faussement fait semblant de se coucher. Ma soeur est morte de rire sur le canapé.

  • Maman, comment tu as sû ? Ils n’ont parlé que de ça hier soir et dans la voiture ce soir !

  • Mes chéries (que je vous explique) je paye tout simplement un monsieur qui suit votre père partout. C’est votre arrière grand père qui m’a donné les sous… C’est comme cela que j’ai sû qui c’était… (oh la menteuse !)

Message reçu, je ne vous raconte pas les ruses d’Albert par la suite (se croyant suivi), et le résultat du déctive privé aux trousses du coupable… Mais siiiiiii, je vous raconterai comment qu’un commando de copines peut battre les RG…

Les filles et le foulard islamique…

SourireSuper coup des filles, que j’ai failli oublier… Heureusement Pulchérie a évoqué les accessoires dont foulards sur son blog (je sais que je date, mais j’ai 150 posts d’avance)

Nous avions vu le film « jamais sans ma fille », et on commençait vaguement, oh, très vaguement à parler du port ou non du foulard à l’école, collège, lycée. Bref on en parlait tout de même, mais cela restait discret. Dans le film on voit la technique adoptée par la femme pour mettre en place son tchador ou foulard…

Mrs Bibelot et moi avions l’habitude d’aller faire un tour le soir, quand le programme TV n’était pas à la hauteur. Donc souvent. C’était l’époque merveilleuse où j’étais revenue chez papa et maman avec mes deux filles, en attendant des jours meilleurs… (oui époque merveilleuse où j’étais encore un peu nnocente et les filles à la maison)

Un beau soir d’hiver (et de match de foot que Delphine aimait bien regarder avec son grand père, parce qu’il la faisait rire avec ses commentaires), nous voiloù décidant d’aller faire notre tour. Et Pulchérie décide de nous accompagner.

Elle s’habille bien, demande un foulard à sa grand mère (« cette petite est pleine de sagesse, tu devrais mettre un bonnet ma chérie, il fait froid ») (je déteste avoir quelque chose sur la tête, c’est comme ça, et personne n’a réussi à me trainer en Sibérie inférieure par moins 40° pour me prouver que si, c’est possible et utile).

Pulchérie se noue bien le foulard, et fait deux clics comme dans le film (« jamais sans ma fille », suivez un peu). Me voici avec la chair de ma chair qui porte un tchador un peu trop coloré, mais bon, ça fait tchador tout de même.

Au bout de 300 mètres, elle m’énerve.

  • « Pulchérie met ton foulard correctement ».

  • « Non, je fais cela en hommage aux petites filles que l’on oblige et que l’on voile, que l’on torture et que l’on enterre vivantes ». (GLUPS)

  • « Cette idée est merveilleuse et toute à ton honneur ma chérie (elle a quel âge déjà ?), mais là, personne ne peut apprécier le geste, il fait nuit et nous n’allons croiser que des voitures » (retire ton foulard, tu m’énerve grave ! et ma mère qui se tait lâchement)

  • « Je garde mon foulard comme ça et plutôt mourir que de le retirer ». Qui va brutaliser sa fille sur un bord de route pour une histoire de foulard, devant la grand mère 200 % pour sa petite fille ? Pas moi en tous cas, mais j’avais les nerfs devant sa tronche de cake (parfaitement !) sous foulard islamique.

Le temps passe, l’idée fait son chemin, on parle de plus en plus de ce fichu (!) foulard. Je travaille chez mon avocat déjanté. Appel : c’est le collège. Je m’inquiète bien évidemment : c’est forcément Pulchérie qui s’est ruiné une jambe ou un bras en grimpant où c’était interdit…

  • « Madame Dabra, pouvez-vous venir récupérer votre fille qui refuse de retirer son foulard ? »

  • « Quel foulard ? et quelle fille ? » (c’était une des deux années fatales où elles y étaient toutes les deux, au collège, suivez vraiment)

  • « Son foulard Islamique, elles sont cinq à le porter aujourd’hui »

  • « Vous plaisantez ou quoi ? Mes filles ne sont même pas baptisées… »

  • « Je ne vois pas le rapport, (il y en a un pourtant, il n’est pas question de religion dans la famille)  Delphine porte un foulard noué à l’islamique et refuse de le retirer » (v’la la cadette à présent, qui s’y met)

  • « Passez là moi, s’il vous plaît, merci d’avance ! »

  • « Delphine qu’est-ce que tu fais avec un foulard islamique sur la tête ? »

  • « Ah Mouth, je t’ai emprunté ton beau foulard de chez Souleïado (ben tiens, pas folle la guèpe, elle n’a pas pris le plus moche) … Bah, c’est en hommage aux pauvres petites filles (etc…), avec Mariette et Gloriette et d’autres, on a décidé de marquer le coup »

  • « Tu me retire ce foulard illico ! »

  • « Plutôt mourir ! » (Sainte Blandine : c’est ma fille)

  • « OK j’arrive ! Tu vas regretter de me faire quitter le boulot en plein rush… » (privée de TV et de chaîne stéréo pendant 8 jours, Sainte Blandine préfère se récuser…)

  • « Bon, je cède » (là j’ai été super mouth super autoritaire)

  • « C’est bon madame, elle l’a retiré. Je vous passe votre deuxième fille ou elle va céder aussi  spontanément ? »

  • « … (intraduisible) » « Non, passez-la moi ! »

  • OK je cède, d’ailleurs, j’étais en train de céder… Je t’imagine, je ne sais pourquoi, de mauvaise humeur…

Delphine et ses meilleurs copines, Pulchérie et sa Vivi (vous entendrez parler de la meilleure amie de Pulchérie) portant le foulard… Oubliant de préciser avec banderole « en hommage aux petites filles enfermées sous un voile, etc, etc… » pour éviter l’esclandre, et que l’on appelle les parents n’importe quand et n’importe comment…

Et ne venez pas me dire que la vie n’est pas un long calvaire…

Diabolos (complainte éternelle…)

Je_parle_au_chatVous pouvez me sortir vos chats multiples et curieux : Diabolos est le roi des emmerdeurs, c’est tout ce que j’ai à dire…

Outre que ce chat ne peut s’abreuver qu’au robinet, en gaspillant un max de flotte… Sauf en mon absence où il doit se résoudre à boire bêtement dans un saladier (je prévois la dose)

Outre qu’il se déplace avec toute la grâce et la discrétion d’un troupeau d’éléphants marchant dans le salon la nuit.

Outre que pour monter boire au robinet il me salope régulièrement mon évier et mon plan de travail avec de la litière. Car ce chat n’est pas comme les autres : il trimballe de la litière partout. J’ai essayé toutes les marques : rien à faire. J’en retrouve soudain dans tous les coins de l’appartement.

Outre qu’il va régulièrement dans les toilettes s’installer sur le siège avec un air inspiré, on se demande par quoi et pourquoi, dans la baignoire pour chercher de l’eau et moralité me flanquer des poils partout.

Outre qu’il cause tout le temps avec des variantes entre le miaou classique, le « maman » parfaitement réussi et le vague cri rauque du cormoran le soir au dessus des joncs…

Oui, outre tout cela, Diabolos a des marottes et de mauvaises manies.

  • Je m’ouvre un jour une boîte de haricots verts, parce qu’il faut manger du vert (sinon vous imaginez bien que je n’ouvrirais pas un truc pareil) et que je m’en vais les mettre dans ma soupe. Le chat devient fou. Il en veut, il en veut. Donc je lui en donne. Je me suis ruinée en haricots verts pendant 4 semaines (fallait de la marque en plus). Maintenant quand je lui en mets, c’est tout juste s’il ne pête pas dessus. Alors que j’ai préparé un stock pour passer l’hiver…

  • J’ai récupéré chez ma voisine qui déménageait, un grand panier qui va m’être utile. Je ne sais pas à quoi d’ailleurs, mais il va m’être utile un jour, le jour où Diabolos aura décidé de dormir ailleurs. Généralement ses secteurs pour la sieste et le sommeil véritable durent 8 jours maxi avant qu’il ne change d’endroit, c’est classique chez un félin. Là cela fait 3 mois qu’il squatte exclusivement le panier, dans lequel j’ai été priée à grand renfort de « mamannnn ! » de lui mettre un coussin confortable et une couverture (pauvre pérot !)

  • Dernière marotte pour l’instant inexplicable : il me pique l’éponge de la salle de bain pour l’emmener dans son panier où il passe un temps fou à la mettre en équilibre sur le bord… (il se coucherait dessus je pourrais comprendre !)

Pour les mauvaises manies :

  • Diabolos a décidé de se purger après ses haricots verts, en s’attaquant à une plante verte à moi dont j’ai vérifié qu’elle n’est pas toxique (et non, ce n’est pas le ficus décédé). L’envie de gerber le prend dans la cuisine où il y a du carrelage.

  • Peut pas vomir sur du carrelage, c’est im-pos-sible. Faut qu’il revienne sur la moquette du salon et fasse cela sous mes yeux éblouis. Encore heureux qu’il ne choisisse pas le canapé.

  • La nuit il fait cela devant ma porte de chambre. Je me lève à 3 heures du matin pour aller me laver les mains et fatalement je mets le pied dedans

  • Quand je ne suis pas là, il choisit la porte d’entrée. En ouvrant j’étale bien tout et je mets parfois le pied dedans si j’ai une distraction et pas remarqué que…

Les chats sont un long calvaire.

Ode à…

EndoraElle tenait le coup depuis 10 ans. Elle résistait à tous les coups du sort. Elle luttait avec vaillance, fidèle au poste chaque jour.

Je n’y faisais même pas attention, honte à moi. Je n’avais pas de pensée particulière pour elle, jour après jour, nuit après nuit.

Pourtant, elle était malade et avait besoin de soins, d’attentions particulières, d’être mise au repos définitif peut-être.

J’ai des remords. Ce n’est pas souvent pourtant. J’aurais dû m’alerter plus tôt, y faire attention, lui parler gentiment, lui faire voir qu’elle comptait pour moi.

J’ai tout loupé en ce qui la concerne.

Est arrivé le dernier jour, qui pour nous tous arrivera un jour.

Dans un grand vent de tempête du mardi 15 janvier, la cordelette de mon store de droite dans le séjour/salon a décidé de rendre l’âme en claquant net, malgré le remontage des stores au maximum, alors que je constatais la triste fin de mon ficus dont je m’était fort bien occupée par contre.

A savoir que le store s’est écroulé par terre avec un manque de grâce total, fort heureusement freiné par deux pots de fleurs sans fleurs qui trainaient sur le balcon.

Depuis, je vis à moitié dans le noir, attendant samedi où deux mâles costauds vont pouvoir démonter le store pour passer avec moultes jurons la nouvelle cordelette dans le trou ad hoc. J’attends avec impatience de pouvoir à nouveau remonter cette saloperie de store et retrouver un semblant de vision pour dépoter la plante décédée et la remplacer par une autre (bouger le pot ? Et mes lombaires !!!)

2 décès dans une même journée, c’était peut-être ce qu’il me fallait pour aller à nouveau de l’avant…

La vie n’est qu’un long calvaire…

La copine qui vous raconte de supers trucs…

T_l_phoneJe n’en ai que peu à avoir traversé ma vie ou la partageant toujours, mais elles (ils c’est plus rare) sont redoutables. Elles vous racontent leur vie comme si vous saviez tout sur elle alors que c’est faux et vous êtes priés de suivre, puisque forcément vous avez tout suivi depuis le début (un jour où elle vous a téléphoné alors que vous suiviez un polar à la TV, sans avoir posé la question indispensable à mon sens « est-ce que je te dérange ? »).

Et pourtant je suis bavarde.

Malgré ce travers je ne bavarde de choses et d’autres qu’avec ceux qui connaissent forcément ces choses et autres.

Hors d’autres, tiennent pour acquis que vous savez forcément de qui ils parlent, ce qui est totalement faux.

A une certaine époque après la défection d’Albert, quand je décrochais mon téléphone c’était pour tomber forcément sur Agnès une fois sur deux. J’aimais beaucoup Agnès qui était la femme d’un ami d’Albert qui avait été révolté par la manière dont il m’avait plaquée et qui avait décidé de choisir un camp (personne ne le lui demandait, mais je dois avouer honteusement que j’ai été ravie qu’il choisisse le mien…). Elle me téléphonait pour me remonter le moral. Je branchais le magnétoscope sur mode « enregistrement » et j’envoyais les filles me chercher le nécessaire à ongles quand elles n’étaient pas déjà couchées…

Car Agnès était capable de me tenir au téléphone pendant 2 ou 3 heures (c’est elle qui appelait). En me parlant de personnes parfois qui ne m’évoquaient  jamais rien… Je me disais donc qu’elle avait dû m’en parler un jour où j’étais dans le cirage chagrin le plus absolu ou un peu distraite (au bout de 2 heures on peut) et que j’allais la vexer en lui demandant « qui c’est ? ». En fait j’avais non seulement peur de la vexer, mais qu’elle ne réponde avec précision, ce qui était sa spécialité. Avec elle les précisions pouvaient prendre 4 heures, donc j’évitais (j’espère qu’on me comprend sur ce coup là…).

Je l’ai donc écouté discourir de « Madame Chiche », sans jamais comprendre de qui il s’agissait, ni de son mari d’ailleurs (Monsieur Chiche), pendant quasi des années… J’ai cru comprendre vaguement que Monsieur Schmurtz qui revenait régulièrement dans la conversation était un vague voisin (ou un cousin de son mari, va savoir, mais un emmerdeur ça c’est certain). Il y avait toujours un moment où tout en me faisant les ongles, j’arrivais à la faire dévier sur la famille d’Albert et en avant pour la mise à mort (là je suivais).

Fatalement elle en revenait à Madame Chiche (qui diable était-ce ?) ou à sa famille, malgré mon chagrin (ou mon ennui). Je n’ai jamais sû combien elle avait de frère et soeurs : je m’embrouillais dès qu’elle prononçait un prénom et au mot « maman », je me hérissais comme une poule scancalisée parce que l’oeuf est coincé… Après 15 ans de fréquentations et coups de téléphone, je n’ai jamais réussi à visualiser les frères et soeurs donc, ni même sur la fin si sa mère était toujours vivante. C’est grave docteur ? Elle les mélangeait tellement allègrement avec les chiches, les schmurtz et les dupont, sans préciser « mon frère, ma soeur » ou le prénom, que je m’y perdais fatalement, alors qu’elle savait, elle, très bien de qui elle parlait (enfin je l’espère)

Quand elle évoquait ses gosses ça allait : je suivais bien, je connaissais le prénom. Tout fut gâché le jour où sa fille se trouva un jules portant le même nom que son frère…  Adieu la terre ferme… J’étais paumée à mort (et lequel des deux est ambulancier déjà ?)…

J’ai eu une collègue de la même matière chez mon avocat tordu… Elle me parlait de truc et machin, et trucmuche comme si je savais de qui il s’agissait… Son ami Edouard « celui qui est marié avec une pétasse » (précieuse indication), sa copine Nathalie « celle qui est mariée avec un connard » (ah oui je vois qui c’est) (macache). Elle avait passé un super WE avec Edouard et Nathalie et le barbecue était sympa (je ne savais pas de quoi elle causait et j’avais du pain sur la planche, merci Martine). C’est elle qui m’a infligé en film un mariage où elle me disait « ça c’est truc », « ça c’est le père du marié », etc… Rien à battre et deux heures de perdues à contempler de farpaits inconnus dont elle m’avait forcément parlé mais…

Je ne veux pas plagier Florence Foresti avec les gosses, mais arrêtez de nous parler de vos copains ou de votre voisin, ou de n’importe qui comme si nous savions forcément de qui il s’agit : on ne sait pas alors on s’en fout !!!! Ou alors vérifiez qu’on sait, donnez d’amusantes précisions et tout ira bien !

Téléphoniquement parlant (voire même autrement), la vie n’est qu’un long calvaire…