Heu… Toc toc toc… Le schtroumpfissime…

Là je m’adresse surtout aux filles, encore que les garçons ne soient pas exclus…

Vous connaissez l’histoire du schtroumpfissime j’espère (les filles et moi avons toujours adoré les schtroumpfs), et le fameux « moi je vote pour moi ! » (et comment que je vote pour moi…)

Et bien là, pour la deuxième fois depuis que je tiens ce blog, je m’en vais quémander quelques votes.

Je vous ai indiqué que j’écrivais pour Holala, sous la houlette de Pulchérie, rédactrice en chef de la rubrique psycho. Bien sûr, j’ai récupéré plusieurs articles de mon blog que j’ai adaptés (et il m’en reste encore à revisiter), car je n’ai pas l’étoffe de Balzac, Hugo ou Zola pour l’imagination…

Actuellement il y a un concours, et depuis samedi, je suis la première des top auteurs. Enfin ce mercredi 8 à 18 H 31, je suis toujours la première. Je n’en peux plus de contentement : moi qui aime tant écrire, je me sens enfin récompensée…

Mais angoisses bien sûr, car un coup d’état est aussi vite arrivé qu’une chute des cours de la bourse : vais-je encore trouver l’inspiration, jusqu’à la clôture des votes, le 30 novembre minuit ? Bien sûr, le concours terminé je continuerai cette rubrique avec la complicité de ma fille, mais là c’est une question de vie ou de mort.

Et donc j’ai besoin de vous. J’ai besoin de votes, de commentaires, de messages perso… Jusqu’au 30 novembre. Je ne peux pas passer ma vie à voter pour moi, d’autant que les compteurs sont remis à zéro chaque début de mois et qu’il faudra vous y recoller dès le 1er novembre (comme chez moi pour les top commentateurs, mais je n’y suis pour rien…)

Par contre, si vous acceptez de me donner un coup de main, je vous demande d’être honnêtes et de ne voter, commenter, mailer, que pour les articles qui vous plaisent vraiment, Je suis parfois dans d’autres rubriques (comme couple ou vie ordinaire, ce style), quand la top rédactrice en chef, Caro, décide que mon article psycho serait mieux ailleurs. Normalement les articles d’un même auteur sont regroupés, mais avec des limites, et il n’y a que moi dans mon espace perso pour tous les compter, et parfois je me demande comment j’ai pu autant parlotter ailleurs que sur mon blog…

Une tablette de toblerone sera autorisée pour celle ou celui qui pourra dire sans se tromper combien j’ai écrit d’articles pour Holala depuis le début. Même moi, je m’y perds… Si vous n’aimez pas le Toblerone, vous pourrez toujours vous rabattre sur ce que vous préférez, avec l’autorisation de la sorcière…

Merci d’avance pour votre soutien que j’espère ardent et massif. Vous et moi en prenons jusqu’à la fin du concours…

Quand je vous le dis que la vie n’est qu’un long calvaire… Vous voilà ici, pire que pendant une campagne présidentielle… Et j’espère que je n’aurais pas le temps de répondre à tous les commentaires. Voilà, c’est dit. J’ai presque honte…

Votre sorcière sur Holala

PS : je n’avais pas réalisé en allant vérifier que j’étais toujours première, qu’il y a ma photo…

PPS : pour voter, si vous estimez que je mérite  cinq points, il faut cliquer sur l’étoile de droite. La première fois que j’ai voté pour moi, je me suis collée un point seulement…

Merci maman !

Je n’ai pas la mémoire des chiffres. Je suis restée bloquée à l’âge de 18 ans. Je me souviens farpaitement de mon premier numéro de compte en banque qui ne m’a servi que 2 ans, alors que je n’ai toujours pas mémorisé mon numéro au crédit vinicole que je fréquente depuis 1995 (déjà !).

Pour les n° de téléphone c’est pareil. Je me souviens évidemment de celui de meilleure amie en 1974, de celui de mes parents à l’époque et après le déménagement que je vous raconterai un jour, de celui de tous mes grands parents il y a maintenant un bout de temps, mais pour le reste actuellement, comme il y a le système de mémoire sur les téléphone, on détraque forcément la nôtre. Je n’en connais que peu par coeur : celui des parents qui n’a pas bougé depuis 20 ans, les deux portables des filles, celui de ma soeur, de meilleure amie et de tatie chérie. C’est déjà pas mal, et ça me fait mal de me souvenir encore du n° de mon ancienne boîte, alors que je n’arrive pas à mémoriser celui de la nouvelle où je me sens revivre…

Donc, au départ je causais de ma mère (z’avez qu’à lire le titre d’abord).

Mrs Bibelot a un moyen mnémotechnique imparable pour se souvenir des numéros de téléphone.

J’ai toujours admiré.

Non seulement elle va se souvenir du numéro, mais en plus au passage elle vous apprend plein de dates. Car son moyen mnémotechnique passe par des dates, célèbres ou non.

  • Alors ton nouveau numéro de téléphone ma chérie (je revenais sur Rambouillet) ? Donc, c’était avant l’époque du n° à 10 chiffres. Indicatif de la ville (on va dire au hasard 34 84). Ah pour le reste c’est facile : 68 comme mai 68 et 41 comme Pearl Harbor. C’est là que j’ai mémorisé que Pearl Harbor c’était en 1941. Avant, je connaissais Pearl Harbor, mais pas la date.
  • Alors ton nouveau numéro de téléphone ma chérie (je quittais Rambouillet, toujours avant le n° à 10 chiffres) ?. Indicatif de la ville, tiens, je ne le connaissais pas celui là. Donc 34, comme dans le coin, 36 comme le front populaire, 42 comme la bataille de Stalingrad et 88 comme la date de naissance de tante Hortense (je n’ai donc pas oublié qu’elle était de 1888…). Elle aurait pu dire aussi, c’était son style : 88 comme 4 ans après la naissance de Delphine, date que je ne risque pas d’oublier, mais non, elle a préféré me rappeler l’année de naissance de tante Hortense.
  • Alors ton nouveau numéro de téléphone ma chérie (je n’arrêtais pas de déménager) ? Tiens ils ont changé l’indicatif pour Rambouillet ? C’est quoi ce 30 41? Bon alors 30 comme la chanson 1930, 41 comme Pearl Harbor, c’est vrai qu’ils doivent être saturés les france téléjtecause… 36 comme la date de mariage de mes parents (je me souviens donc que Mrs Morgan et mon grand père se sont mariés en 36) et 94 comme 1794 quand Danton a été guillotiné. Le meilleur moyen de ne pas oublier que Danton a été guillotiné en 1794 c’est ma mère qui note un numéro de téléphone…
  • 73 ce n’est pas compliqué, en 732 Charles Martel arrête les arabes à Poitier, tu retire le 2 c’est tout simple (personne n’est né, ou ne s’est marié, en l’an 1873 ou 1973? c’est ballot)
  • Le meilleur qu’elle m’ait fait c’est tout de même, au sujet de je ne sais plus quel numéro dont je n’arrivais pas à mémoriser la fin : 92-14, mais enfin Coraline ce n’est pas compliqué. 1492 c’est la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, il suffit juste d’inverser. Ce n’est pas 14-92, mais le contraire

Sinon il y a :

  • Le 24 comme la St Barthélémy, ça tu n’oublieras pas (je ne risque pas…)
  • Pour mon portable la fin c’est simple : 76 08, c’est le mois d’août de la sécheresse 1976, sauf que tu mets l’année avant le mois.
  • 21 : 21 janvier la mort de Louis XVI (je n’avais pas vraiment percuté la date, l’année m’échappe, mais le 21 janvier j’ai une petite pensée pour lui alors que je ne suis pas royaliste du tout)
  • M’enfin, le 22, c’est la date de naissance de ton père, tu te souviens ? le 22 mars ?. Elle pourrait aussi préciser : le lendemain de la mort de Louis XVI.
  • 13, comme 1913, l’année où ton arrière grand père a été grièvement blessé sur le front de (là, ça m’échappe), mais je ne peux pas oublier qu’il a été blessé grièvement en 1913.
  • 30-31 : alors là c’est aisé à se souvenir : LE 30 MAI 1431 LA MORT DE JEANNE D’ARC ! (elle pouvait faire plus simple, mais du coup, là non plus je n’oublie pas…)
  • 10-83, c’est quand ton père a eu son cactus dans le myocarde. Tu te souviens, c’était octobre 1983 ?
  • 80-00 c’est le couronnement de Charlemagne, moins 1 zéro.
  • 56, 56, je réfléchis… C’est la date de mariage de mes parents, mais 20 ans après : tu connais Alexandre Dumas, tu t’en souviendras…
  • 58-12-18, faut que je trouve un truc… Ils m’emmerdent avec leurs codes…

58 c’est mon année de naissance, Delphine est du 12 octobre, et Pulchérie du 18 décembre, soit 18/12… Mais si je lui dis cela elle va taper 58-18-12 et se fera avaler sa carte de fidélité à la parapharmacie de Rauchant.

La vie n’est qu’un long calvaire…

Compte rendu du dimanche : "les transformés"

Les_transform_sVous pouvez vous fier à la couverture : c’est un très vieux livre. Il a environ mon âge.

Mon père me l’avait donné à lire alors que j’avais environ 12 ans, en m’expliquant la base de l’histoire qu’il n’était pas certain que je puisse comprendre toute seule en lisant le livre. Il avait raison, sans le théorème de base, je n’aurais pas tout compris.

John WYNDHAM est un auteur assez connu apparemment, pour ses excellents livres d’anticipation.

Ne vous fiez pas à la couverture…

Un jour, bénédiction, Mrs Bibelot et Jean Poirotte dans un moment d’égarement, m’ont donné ce livre. C’est limite si je n’ai pas fait venir un prêtre pour le bénir (le livre). Et Charles Hubert n’a rien trouvé de mieux que de LE JETER pour faire de la place à ses livres qu’il ne lisait pas, mais qui faisaient bien dans la bibliothèque.

Ayant retourné la cave, le dessous de mon lit sous lequel il y a des livres de poche rangés dans des casiers en bois pour bouteille, mes bibliothèques où c’est parfois rangé en deux rangées, il m’a fallu me rendre à l’évidence. « Les transformés » avaient disparus.

Enfer et damnation, Charles Hubert je te maudis jusqu’à la 7ème génération de ta race.

Je me suis débattue sur Internet pour découvrir que John WYNDAM se vendait bien (il est d’ailleurs cité par Stephen King dans « coeurs perdus en Atlantide ») et j’ai récupéré « les transformés ». Livre que j’ai reçu jeudi mais que je m’étais réservée pour le vendredi soir et le samedi. L’aspirateur attendra. C’est un livre qui se lit d’une traite…

Aucune déception. Un style, une traduction parfaite, une histoire parfaite et bouleversante. Un livre qui prend dès le début et empêche même de manger…

C’est de l’anticipation, de l’époque où les éditions « fleuve noir » donnaient un peu dans tout. C’est de l’époque où la guerre nucléaire terrorisait tout le monde. C’est de juste avant ma naissance.

C’est l’histoire d’un monde après le notre. Il s’est passé quelque chose et c’est cela que Jean Poirotte m’avait expliqué : cela se passe après une guerre nucléaire, dans le monde qui a survécu. Après cette explication, je pouvais tout comprendre.

Il reste UN livre. Ce n’est pas la bible. C’est un livre écrit par un survivant de l’apocalypse, qui, devant les mutations dues aux radiations, décide de mettre en écrit, ce qu’est un homme, conçu par Dieu.

« Et chaque homme aura deux bras, et chaque bras sera terminé par une main, qui comportera 5 doigts… ». Et chaque homme aura deux jambes terminées par deux pieds dont la taille… ». Etc…

Le narrateur est le fils d’un pasteur. Chaque enfant né est soigneusement examiné et s’il ne convient pas à la définition de l’homme, il est envoyé dans les « franges » (zones encore infectées) et sa mère est punie d’avoir péché pour avoir mis au monde une déviation. Désormais elle peut être répudiée, il y a 100 ans, on l’aurait fouettée et exilée. Avant on l’aurait brûlée… Encore la femme seule coupable devant ce qu’on ne comprend pas

Lui est tout à fait normal, mais il souffre d’un problème dont il n’ose pas parler : il a le pouvoir de communiquer par la pensée avec certaines personnes.

Il en parle à un oncle très ouvert, qui s’inquiète pour lui et lui demande de se taire. Cet oncle navigateur a vu le monde, des terres qui brillent la nuit, des hommes parfaits s’ils n’étaient pas complètement noirs, des zones totalement brûlées et désertiques de manière incompréhensible. Cet oncle a entendu parler des anciens et croit en leur existence alors que tout le monde commence à douter.

Et nait sa petite soeur, Pétra, qui est dotée de ce don également, mais à puissance X 1000

Ce livre est remarquable parce que l’on a l’impression de vivre ce moyen âge d’un futur incertain. Parce que l’auteur se révolte contre la ségrégation qui sévit contre les « déviations » (le mot « mutant » n’est jamais employé !), lorsqu’il perd une amie d’enfance qui avait 6 orteils, lorsqu’il découvre qu’un homme des « franges » est le frère ainé de son père dont les jambes ont été jugées trop longues pour qu’il soit catalogué comme « homme ». La lutte contre les déviations, sévit également contre les épis de blés anormaux, tout ce qui ne correspond pas à la Bible de cette époque. Aucun animal n’est épargné : chevaux trop grands, chats énormes. On brûle encore les déviation animales et végétales, mais plus les déviations humaines… Les humains partent dans les « franges » où l’on s’occupera d’eux… On ne les tue plus. C’est déjà une époque qui progresse…

L’histoire est passionnante. Elle véhicule l’histoire des « anciens » dont on raconte qu’ils savaient converser à de très longues distances, et le narrateur pense finalement qu’il est un VRAI homme via la télépathie. Elle montre ce qu’il pourrait arriver s’il ne restait que des bribes de notre histoire.

Je sais, je suis super sympa, je vous conseille de lire un livre excellent qui se trouve maintenant uniquement via internet. Il m’en a coûté 7 Euros, ce n’est pas la mer à boire NON PLUS.

Du côté ouest je suis en train de le recopier et mon impression vous coûtera beaucoup plus cher : j’ai le portefeuille anorexique d’une post chômeuse et Picsou peut s’aligner avec moi…

Du côté est je vous le conseille vivement. Plus que vivement. Je l’ai lu à 12 ans, à 30 ans, et maintenant à 50, sans déception aucune.

D’ailleurs je préviens les filles tout de suite : je veux être enterrée avec. Je pourrais être plus chiante sur le plan de la convention obsèques. Sauf que j’ai déjà dit « sans fleurs ni couronnes, SURTOUT PAS ».

Mais là je m’égare. Et je sais que si ma soeur lit ce post elle va se pointer et me flanquer un couteau sous la gorge ! « les transformés ou la vie ».

Maman, j’ai peur…

Tout en ayant peur, je demande à la personne qui m’a emprunté « la nuit des temps » de Barjavel, de me le rendre avant hier, parce que depuis 6 mois que je le cherche, je commence à m’énerver légèrement…

Désormais, c’est clair, net et précis : je ne prête plus mes livres sans décharge signée et exclusivement à mes parents, ça limite la casse…

Et si j’en donne un (quand je vais commencer à perdre la boule) faites moi signer une décharge, c’est mieux pour vous.

Je vous rappelle que la vie n’est qu’un long calvaire….

Il m'a dit…

Je l’ai appelé parce que l’on m’avait précisé qu’il l’avait demandé. Sinon, comme nous ne nous téléphonions jamais, je n’aurais pas osé appel2r un mourant à l’hôpital, comme ça, par hasard. « Tiens, je passais par là dis-moi, et j’ai vu que tu étais à l’hosto en phase terminale, alors je t’appelle hein ? ».

N’importe quoi…

Donc on m’a dit qu’il voudrait bien que je lui téléphone. J’avais sa voix encore dans la tête. Décidément la mémoire des voix est plus forte que la mémoire des images, de l’odeur que l’on aime et qui s’oublie si vite. Son image je l’avais en tête, celle de la dernière fois où je l’avais vu. J’avais un souci avec ma chienne à faire garder et il s’était proposé : il l’adorait et réciproquement. Je suis donc allée la lui déposer et un mois plus tard la récupérer avec son léger surpoids… Ce n’est pas pour rien qu’elle l’adorait, elle n’avait que la gueule de bonne et c’est lui qui mangeait la croûte du camembert..

J’ai été obligée de calculer avant de l’appeler, à quand remontait notre dernière rencontre. Impossible de me souvenir de la date exacte. Tout ce que je sais c’est que je travaillais, que mes parents qui gardaient ma chienne qui ne supportait pas l’appartement, étaient partis en vacances, et qu’il me fallait donc la confier impérativement à quelqu’un, pour éviter qu’elle ne hurle à la mort pendant mon absence, soit toute la journée…

Bref. Cela faisait un bail de toutes manières. Et là il me fallait l’appeler. On ne refuse pas ses dernières volontés à un mourant. Je tombais un peu de l’armoire d’ailleurs. Il avait été opéré d’un crabe il y a plus de 15 ans, et déclaré définitivement guéri il y a 10 ans environ. Tous les ans il allait se faire contrôler tout de même et c’est tout juste si la SS (la SECU !) ne l’avait pas déclaré hors la loi.

S’agissait-il du même crabe qui avait laissé un bout de patte quelque part pour survivre ? Ou d’un autre ? On ne saura jamais, cela n’intéresse que les chercheurs. D’un simple cancer de la prostate « banal », il s’est retrouvé avec ablation de vessie, de testicules, d’un bout d’intestin. Déjà plus que largement suffisant pour avoir envie que cela cesse, mais en plus il y avait des métastases partout ailleurs, sauf dans le cerveau, ce qui lui laissait toute sa tête. Lui qui ne fumait pas, qui ne buvait pas, qui était diète à mort… L’envie que cela cesse, c’est que la maladie cesse, pas la vie…

  • Il m’a dit : « Je suis content d’entendre ta voix pour la dernière fois ». J’ai fait « glubs »
  • Il m’a dit : »Mes filles ne se rendent pas compte que je suis sur la fin, je ne sais pas si je pourrai les revoir une dernière fois ». Là encore, j’ai fait « glubs ». Souvent les proches se protègent en niant la gravité de la maladie du mourant qui se sent encore plus seul. Je le sais, je l’ai vécu avec mon premier grand-père dont personne n’avait voulu accepter le fait qu’il soit sur la fin. Et maintenant, il existe tout de même un congé d’accompagnement à un proche mourant.
  • Il m’a dit : ‘je veux rentrer chez moi, je ne veux pas mourir à l’hôpital ». Qui veut mourir à l’hôpital ? Il y a des structures pour cela non ? Enfin par chez moi, il y a un organisme qui s’appelle le Palium, créé par le Dr Acromion, qui permet à un malade en fin de vie, de mourir chez lui, avec tout l’accompagnement nécessaire. C’est pour cela entre autres, qu’on le bénit.
  • Il m’a dit « je vois le mur en face de moi, j’ai peur, je freine, mais rien à faire, il se rapproche ». Il a fait tilt sur mon angoisse de la mort, la mienne, celle des autres. Je n’ai pas de souvenir d’avoir vécu un jour dans mon passé, sans l’angoisse de la mort. Et quelque soit notre affection et notre envie du partage, la mort des autres nous renvoie forcément à la nôtre, car l’égoïsme est tout d’abord un instinct de survie.
  • Il m’a dit « j’ai tellement peur ! Ils ne veulent pas me donner des médicaments qui m’enlèveraient l’angoisse, parce qu’il ne faut pas que je puisse m’y habituer. Alors que j’en ai pour 3 semaines maximum ».
  • Il m’a dit « je ne souffre pas, mais même si c’est grâce à elle, je déteste la morphine ». Je le comprends. J’en ai eu après mon opération de l’épaule. Ce n’est pas un sommeil, c’est une mort. On ne souffre pas certes, mais au réveil on se demande dans quel monde on était. Ce n’est absolument pas comme un antalgique qui nous laisse conscient, ou comme un sommeil dû à un somnifère. La morphine, c’est le rien. Que ce ne soit plus la souffrance c’est une chose, que cela soit le rien total, en est une autre.
  • Il m’a dit « j’ai des remords d’avoir mis mes filles au monde ». Pas parce qu’elles ne venaient pas le voir (pas le temps), les visites qu’il avait chaque jour étant celle de la mère des filles, son EX femme.
  • Il m’a dit « je n’avais jamais pensé qu’en donnant la vie à un enfant, on le condamnait à mort quoi qu’il puisse advenir. Maintenant que je suis face au mur, j’ai peur pour elles aussi ».
  • Il m’a dit « j’ai peur » « j’ai peur » « j’ai peur ». Il a pleuré, maudit ses parents, s’est maudit lui-même de ne pas avoir donné la vie, mais la mort. J’avais mal et peur pour lui et pour moi, pour tout le monde. Ce n’était pas possible, on ne pouvait pas le laisser vivre certes sans douleurs, mais avec cette peur accrochée au ventre. Je l’imaginais sur son lit, regardant la fenêtre en voyant le mur s’approcher, avec la question essentielle : qu’est-ce que je vais vivre à ce moment là ? C’est quoi la mort ? Qu’est-ce que je vais ressentir ? Toutes ces questions que l’on peut se poser quand on n’a pas la foi qui sauve, car…
  • Il m’a dit « je regrette de ne pas avoir la foi, de ne croire en rien. Si j’y croyais je n’aurais pas aussi peur, mais je n’arrive pas à y croire et pourtant j’essaye… ». « Ceux qui croient pensent à l’après, moi je vais juste rentrer dans le mur et puis plus rien… »
  • Il m’a dit « j’ai trop aimé la vie pour accepter la mort… »

Je n’ai rien su lui dire. Petite, à 11 ans, quand je me croyais déjà grande, lors de vacances où sa femme, ses filles et lui avaient loué la maison voisine de la nôtre, en Bretagne, je lui avais confié mon angoisse de la mort et il avait voulu me rassurer. Il savait que je le comprenais et il s’en fichait d’en rajouter une couche, et bien raison, parce que quand on est devant le mur, on a tous les droits…

J’ai juste appelé le centre médico psychologique de son secteur en expliquant longuement le problème au psy qui a été mis en ligne avec moi.

Je l’ai rappelé 3 jours après. Il n’avait plus vraiment peur, juste soudain de bons souvenirs, et se sentait prêt ou à tout le moins résigné. Il n’avait pas l’air de délirer, juste normal pour un mourant qui n’a plus peur de mourir. Il m’a précisé qu’on lui avait rajouté des médicaments qui le faisaient se sentir beaucoup mieux. Et puis que, miracle, ses filles étaient à ses côtés, dormant dans l’hôtel voisin. Une gentille dame venait le voir matin et soir, avec qui il pouvait parler librement, et cela lui faisait beaucoup de bien.

Je l’ai entendu parler sans peur, sans reproche, sans angoisse, sans solitude, forcément on lui avait collé la dose d’anxyolitiques qui agissent immédiatement. Je ne suis certainement pas la seule à y être pour quelque chose. Mais vu ma Delphine et ses études, j’ai le réflexe « centre médico psychologique ». C’est bel et bien un psychiâtre qui s’est déplacé, qui a imposé un traitement au sujet duquel l’accoutumance n’était plus un problème, et qui a aidé cet homme à mourir sereinement…

C’est bien la moindre des choses que nous puissions espérer…

Saurons nous utiliser nos progrès pour faire mieux que nos ancêtres, mieux qu’à l’époque où l’on mourait chez soi, entouré, mais sans médicaments contre la souffrance ou pour garantir la sérénité ?

Je ne sais pas, je l’espère…

La mort aussi est un long calvaire. Et si l’on peut l’éviter…

Il est rentré dans le mur le 2 octobre avant l’aube. On dit qu’un mourant qui voit le soleil se lever, peut espérer une journée de plus. Il est rentré dans le mur avant.

Et j’ai regardé ce soleil toute la journée sans savoir que tout était fini pour lui. Ce soir du 2 octobre, en lui préparant cet hommage, j’ai le coeur gros…

Adieu Serge ! Tu es toujours beau dans mon coeur, dans celui de tes filles, dans le coeur de ceux qui t’aimaient.

Poussière d’étoile…. Nous le sommes tous, avec ou sans croyance…

LA peur de ma vie, et de la sienne…

Dimanche mi septembre, ma Delphine est venue me voir avec Gendre n° 2. Au départ c’était prévu la semaine précédente, mais une crève de fin d’été, l’avait clouée au lit.

Le dimanche soir n’est pas la meilleure soirée de la semaine pour moi, comme pour beaucoup. Quand en plus j’ai vu une des filles ou les deux, c’est un peu difficile et elle le sait très bien. Après avoir repoussé le départ d’une heure, elle m’avait fait promettre de ne pas cafarder, d’écrire un peu, de me détendre et de m’occuper de moi. Delphine est très attentive à sa vieille mère et ne lui fait jamais la morale.

J’ai donc véhiculé mes deux jeunes vers la gare, et j’en suis partie avec un petit gros coeur tout de même, les bons moments passent toujours trop vite.

3 enfants jouant sur le trottoir de droite. C’est un réflexe, mais quand je vois des enfants sur le trottoir (même avec leurs parents), je lève le pied, c’est systématique, et idem d’ailleurs quand il y a un chat ou un chien non tenu en laisse.

Dieu bénisse l’amérique soit loué de ce réflexe de lever le pied qui a fait klaxonner l’autre voiture derrière. A combien étais-je ? Largement en dessous de la vitesse limite. Et tout à coup, un petit bonhomme, maximum 3 ans, qui jaillit de je ne sais où, dissimulé par une voiture garée sur le bas côté, qui se précipite devant moi, qui veut traverser la route en courant.

J’écrase le frein, un miracle que l’autre derrière ne me rentre pas dedans, tellement j’ai pilé sec. Je n’ai rien entendu. Je ne l’ai pas touché. Pourvu que ma certitude soit juste… Il est trop petit, je ne le vois pas, maudites soient ces voitures trop hautes désormais. Je descend flageolante, alors qu’un monsieur promenant son chien gentiment, me fait un signe rassurant de la main et me crie « tout va bien madame ».

Le petit garçon est bien debout à 10 cm de mon capot, il a eu la peur de sa vie lui aussi. Au moment où il traversait en courant, il a vu une grosse voiture s’arrêter devant lui en faisant du bruit, car machinalement, j’ai appuyé aussi sur le klaxon.

Le père sort de la maison, le gosse hurle, sanglote, la mère m’invective de l’étage. Le père me regarde d’un sale oeil alors que je tiens à peine sur mes jambes et le monsieur au chien et puis un autre témoin sorti soudain de sa maison avec sa femme, calment le papa rapidement. L’enfant n’a rien, je roulais vraiment doucement, et j’ai freiné comme il le fallait, A 10 cm du gosse… qui n’a donc pas été touché. Ce dernier explique et hurle toujours :

– « A traversé papa, a traversé et puis… Pardon papa, a traversé… A traversé « .

Et son père de lui dire, lui redire sans doute, qu’on ne traverse pas la rue comme ça sans regarder. Que la grosse voiture aurait pu l’écraser et le transformer en purée. Le monsieur au chien écoute le père et l’autre témoin et sa femme se préoccupent de moi. Je dois être livide. Mon coeur bat la chamade, l’adrénaline m’imprègne jusqu’à la pointe des cheveux. Le conducteur de la voiture derrière est descendu et s’excuse : il n’avait pas vu les enfants et donc pas compris pourquoi je roulais si doucement avant de piler. Et je ne sais que dire, comme une andouille :

– « Ce n’est pas ma faute, je roulais doucement, je roulais doucement ». Je revis mon réflexe coup de frein, et le gosse que je ne voyais plus…

Les autres témoins me rassurent. Ils ont tout vu de leur perron et ont eu aussi très peur. Le gosse a jaillit comme une fusée alors que je ne pouvais pas le voir et le prévoir, je ne l’ai pas touché. La femme me propose un cognac pour me remonter, non ce n’est pas une bonne idée, un thé alors. Je tremble. L’adrénaline que l’on ne brûle pas, c’est terrible. Rien du tout. Juste retrouver mes jambes, rentrer chez moi, pleurer un bon coup, et bonjour le dimanche soir…

Le père du gosse qui hurle toujours sa peur d’avoir traversé (enfin en partie), vient à son tour me voir, et me rassure : l’enfant a juste eu peur, tant mieux, il fera désormais attention (cause toujours).

Et c’est là que le monsieur au chien, grand père très probablement et même arrière grand père, demande au père du petit ce qu’un enfant de cet âge là, fait à jouer sur le trottoir de la rue de la gare, forcément passante ? C’est une bonne question et je suis contente qu’il la pose. Moi j’ai les neurones en vrac.

Et c’est là que le monsieur au chien, incendie le père : quelle conscience du danger a un enfant avant un âge avancé ? Et si la dame lui était rentrée dedans, elle n’avait plus qu’à s’ouvrir les veines, alors qu’elle roulait doucement, qu’il est témoin, que l’enfant était imprévisible, et invisible car trop petit et donc dissimulé par la voiture garée..

Et c’est là que le monsieur au chien, rappelle que j’aurais été considérée 100 % responsable, alors qu’un môme de 3 ans maximum, n’a rien à faire à jouer dans la rue, alors que les parents ont un grand jardin.

Et c’est là que d’autres parents sont sortis appeler les gosses qui jouaient sur le trottoir. Au plus vieux, 5 ans maximum… Tous habitant des pavillons avec cours et jardin…

J’ai pu repartir, au pas, toujours tremblante. En me posant LA question sur la vitesse et le temps de freinage… Cela s’est joué à combien ?

Combien a-t-il fallu pour que je ne sois pas inculpée pour homicide involontaire, malgré les témoins ?

Et vous les parents, vous savez quel risque cela représente de laisser votre gosse jouer dans la rue, sur le trottoir ? Jusqu’à un âge avancé le gosse partira derrière son ballon, sa balle, ou aura une urgence à vous dire. Sa vision n’est pas celle d’un adulte, son champ visuel n’est pas le nôtre, son sens de la distance et du danger non plus. On peut leur seriner ce que l’on veut, c’est oublié dans l’urgence du jeu. Mon neveu de 10 ans a ainsi été pris en flagrant délit d’imprudence grave en vélo, malgré toutes les recommandations parentales…

Et tout le monde ne roule pas comme moi, à 20 à l’heure maxi, quand il y a des gosses sur le trottoir.

Vos gosses n’ont pas à jouer sur le trottoir. Les gosses c’est dans la mine, à pousser le wagon. Farpaitement. Parce que le tranxène pour écluser le traumatisme, c’était pour moi… A mon avis, les parents ont très bien dormi le soir…