Voyage de noce part 2 – Royan et autres

Pied blesséDonc, récapitulons un peu, nous avons commencé notre voyage de noce avec 5 mois de retard, par Royan que nous ne connaissions pas Albert et moi. Nous avions beau savoir que la ville avait été quasi détruite à la fin de la guerre alors que les allemands occupaient encore cette fameuse poche, nous ignorions que les architectes de la reconstruction avaient aussi mauvais goût. Royan ne nous emballa pas du tout, aussi il fut décidé que nous n’y resterions que deux jours et deux nuits. C’est assez pour en faire au moins un post.

Premier jour : moi la mer à proximité, ou un plan d’eau, ou de quoi se tremper, m’attire comme de la confiture attire les fourmis. La veille nous avions pas mal roulé et l’après midi se devait donc d’être consacré à la plage pour le repos du bébé. Pour moi plage = baignade sinon je me tire, faire le lézard sur le sable ne m’ayant jamais vraiment plu.

Albert ayant tâté l’eau du gros orteil pour la trouver trop froide, décida d’aller excursionner dans les rochers de la marée descendante, pendant que je me consacrais à mon sport favori : nager et faire la planche. Là quand je faisais la planche c’était plutôt marrant, mon ventre qui dépassait de l’eau évoquant quelque peu une baleine (mais une toute petite baleine), et Albert se mit à se moquer de la baleine, tellement qu’il loupa un rocher et, se rétablissant comme il le pouvait, se fit très très mal aux pieds parce que les rochers parfois, ça coupe.

Aie le sable dans ses petites blessures. Aie le sel de l’eau de mer dans ses petites blessures. Aie ses petites blessures. Le voyant agoniser sur la serviette de bain j’ai fini par sortir de l’eau au bout de 2 heures. En bonne épouse je pu constater qu’effectivement cela saignait juste un petit peu, mais bon, il me fallait bien songer à le soigner, la gangrène le guettant. J’empruntais un seau à un gamin pour aller chercher de l’eau de mer pour rincer les pieds d’Albert afin qu’ils sèchent sans sable dans les petites blessures. Au contact de l’eau de mer Albert poussa des cris de putois et un CRS arriva pour voir ce qu’il se passait (authentique !). Peut-être  que certaines serial killeuses tuent les hommes avec un seau d’eau de mer…

Une fois les petits petons secs et sans sable (à répéter 52 fois très vite), Albert rechaussé, nous voici partis pour la pharmacie, lui boitillant derrière moi avec un « aie » à chaque pas. Il fit l’acquisition du strict nécessaire : désinfectant, compresses, pansements, bandages pour 3 personnes, toute une pharmacie, le pharmacien se frottait les mains. Restait à soigner le blessé qui s’allongea sur le lit dans la chambre d’hôtel, en criant à chaque fois que je m’approchais avec une compresse et le désinfectant. Finalement il décréta que ce n’était rien, d’ailleurs il était temps d’aller dîner. Le voici parti en gambadant sans boiter vers la salle à manger, alors que je contemplais avec la tentation de la lui faire avaler, la compresse que je tenais à la main…

Cette nuit là Albert dormant comme un bienheureux malgré les blessures des pieds pieds, je fus réveillée par une douleur atroce dans le dos, poignante comme une contraction à ce que l’on m’en avait dit. Et là, réveillée par la peur de perdre mon bébé, car il était bien trop tôt pour accoucher, puis par la peur de mourir tellement la douleur revenant était intense et insupportable, je me suis levée frénétiquement et j’ai secoué Albert.

  • « Chéri je suis en train de mourir ! »
  • « C’est bien ma chérie » me répondit-il avec un sourire crispant, les yeux à peine ouverts « CONTINUES ! »

Ce n’était QU’UNE crise de colite néphrétique, des spasmes à jamais non expliqués, mais le blessé pu continuer à dormir alors que :

  • J’appelais la réception tout en allant et venant dans la chambre en souffrant le martyr
  • La réception arrivait avec le médecin
  • Le médecin m’examinait, décrétait qu’il n’y avait rien de dangereux pour le bébé, et me faisait une piqûre d’anti-spasmodique
  • Le médecin attendait que cela fasse effet, faute de quoi c’était l’hôpital direct, même si ce n’était rien, mais il ne faut pas paniquer une femme enceinte
  • Le médecin partait en claquant vicieusement la porte rapport à Albert dont le sommeil de plomb l’avait pétrifié.

Et le lendemain matin, le blessé des pieds se réveilla tout sourire, s’étira et me demanda avec une innocence contristante « tu as bien dormi ma chérie ? »

N’eut été l’ordonnance et la note du médecin, il ne m’aurait jamais crue…

Et c’est l’époque où j’ai commencé sérieusement à envisager l’achat d’une corne de brume, au cas où mon véritable accouchement se déclencherait LA NUIT…

La vie n’est qu’un long calvaire…

12 réponses sur “Voyage de noce part 2 – Royan et autres”

  1. Je suis sans mot devant cette histoire… C’est tout simplement stupéfiant comme situation ! Oh que je comprends le médecin d’avoir claqué la porte en partant…

  2. Oui, bon, on ne se moque pas des gens qui ont le sommeil profond, hein ! ;-))

    L’an dernier, en pleine nuit, ma fille a déclenché par accident l’alarme anti-cambrioleurs (dont, je précise, un des haut-parleurs est dans le couloir , à environ 10 cm de ma tête de l’autre coté du mur de ma chambre)

    J’ai dormi pendant l’alarme, pendant le coup de sonnette et la visite des flics , et pendant toutes les discussions entre la maréchaussée, mon mari et ma fille …
    C’est tout juste si nous nous sommes crus les uns les autres le lendemain !

    (et un téléphone -fixe!- qui sonne sur ma table de chevet ne me réveille pas non plus …)( ni les pires des orages)

    Et je sens chez mes proches un certain agacement (voire un agacement certain) alors que CE N’EST PAS MA FAUTE !!

  3. Vous pensez que même un seau d’eau (bon, pas forcément d’eau de mer, on est pas des brutes) n’aurait pas réussi à réveiller Albert? Je comprends bien qu’il ait le sommeil trop lourd et qu’il a dit ça dans un sommeil paradoxal, mais au « c’est bien ma chérie continues », je sais pas comment vous avez fait pour ne pas lui mettre une paire de baffes. (coup de bol que son sommeil soit devenu moins lourd après la naissance de votre aînée, d’ailleurs, il y en a qui, bébé ou pas, n’y arrive jamais)
    En revanche, je ne râlerais plus jamais après le warrior, qu’il faut limite maîtriser en le plaquant au sol (et en le menaçant de révéler au monde entier des photos de lui petit en costume traditionnel polonais) alors que ses plaies à la main se sont rouvertes et que ça pisse le sang.
    « C’est pas grave », il paraît. « c’est pas comme si j’avais perdu ma main ».

      1. Ah ouais, quand même, ne pas se réveiller après une baffe, c’est TRÈS fort! J’ignorais que c’était possible (et je compatis d’autant plus, du coup). Pour mon homme, non, rien d’aussi classe (je veux pouvoir rentrer dans la basilique Saint Pierre à cheval à défaut d’être canonisée, c’est mon but dans la vie), juste un pieu enfoncé là où il ne fallait pas en chantier archéologique. (S’il me parle d’aller fouiller du côté de Bethléem, je vais commencer à flipper).

        1. Tu me fais rire ! Si tu as le droit de rentrer dans la basilique Saint Pierre à cheval, préviens-moi : je ferai un article !!!
          Et sinon, ton homme vit dangereusement 🙂

  4. Ohh!!!
    En colo, une serviette mouillée avait permis de réveiller une fille qui chantait en latin ^^
    Impossible d ela réveiller autrement!

  5. Ayant lu les deux billest l’un après l’autre, je me marre comme une baleine (c’est de circonstance) derrière mon écran. Heureusement que ma collègue est sortie s’acheter à manger…

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