Le restau sur les champs… (1)

Un beau jour de décembre, avec Mrs Bibelot, nous avons décidé d’aller « traîner » à Paris, avec les filles.

Au mot « traîner » qu’il s’agisse de moi ou de ma plus jeune soeur, ou pire, d’un trio infernal, Jean-Poirotte demandait avec philosophie à sa femme de lui acheter des tripes pour son déjeuner et/ou son dîner. Ne sait quand  reviendra, ne peut à sa tour monter, et il fallait qu’il se sustente le pauvre… (comme il adorait les tripes il se les réservait pour quand sa femme n’était pas là, car elle, bof…) (tout le monde s’en fout, j’adore écrire ce genre de trucs !)

Les filles étaient encore petites, en CM2 et CE1 et étaient ravies de cette ballade à Paris.

Le programme était plutôt sympa : voir les illumination de Noël sur les Champs, aller prendre une glace chez Haaaagen Dazzzz, faire une visite chez Virginnnnne et Séfffora, et dîner sur place dans un bon restaurant.

Nous voici donc parties. Les filles ne pensaient qu’à une chose : la glace, ou les glaces chez le renommé marchand, et éventuellement Virginnnne dès fois que je leur achète une cassette ou un CD.

Pour contempler les illuminations, il fallait attendre la nuit, donc nous avons fait Séfffora avec Mrs Bibelot (« berk » des filles, surtout de Pulchérie qui avait juré craché alors que je l’enregistrais qu’elle ne se maquillerait, épilerait, etc, jamais…). Devant leur hâte et leur hyper-salivation évidente, nous nous sommes rendues chez le marchand de glaces pour leur offrir le goûter qui, nous l’espérions, marque un enfant, en buvant nous, un thé (Mrs Bibelot et moi n’etions pas fans des glaces, oui ça existe, comme moi qui ne suis plus fan de chocolats…). Après, Virginnnne où je me suis faite escroquer d’un CD de « Ace of Base », enfin la nuit, et du temps pour contempler les illuminations.

Et Mrs Bibelot et moi, non rassasiées par un thé au lait, même avec 2 toasts, de chercher un restaurant. Sur les Champs, ça ne manque pas, et nous avions prévu d’aller chez Lééééon de Bruuuuxelles que nous n’avions jamais testé.

Nous n’avions pas tout prévu, fort hélas…

Les filles en promenade

Promenade_200396161_001Quand on habite à la campagne, forcément la forêt est un endroit que l’on va visiter souvent, via la promenade.

Les chiens à sortir, les enfants à aérer, et se détendre un peu, voilà le but de la promenade. A certaines périodes on ramasse des mûres, des champignons, des chataîgnes. Bref, tout le monde est content, sauf les enfants au départ, pour qui la promenade en forêt est une corvée (avant la promenade, après c’est la complainte « pourquoi on est rentrééééées »).

La promenade en forêt c’est pourtant chouette. Il y a l’arbre abattu sur le tronc duquel on marche en s’imaginant être un grand aventurier (maman tenant tout de même la main). Il y a la cabane à construire en mettant pile poil la main sur un nid de fourmis rouges pour récupérer de la mousse destinée à garnir le toît. De zolis marrons à ramasser à la pelle pour qu’ils se déssèchent sur une commode où ils avaient été posés pour faire beau. Il y a une vieille grotte où l’on joue à l’homme préhistorique, et le parcours du combattant où l’on s’imagine être un super grand aventurier (avec maman derrière, c’est bon, on peut y aller). Il y a les mûres avec lesquelles on fait une super tarte en rentrant, voire même des confitures, et qui n’a jamais vu mes filles racler une vieille bassine à confiture, noires de partout et rigolant, ne sait pas ce que c’est que d’être bêtement heureux. Il y a les chataignes que l’on fait griller, les champignons à éplucher, bref, que du bonheur.

Il y a aussi des bestioles et là les choses se gâtent. C’est Pulchérie ramassant du muguet (y’en a de trop j’aime bien chercher – y’en a pas assez j’aime pas chercher), découvrant une petite araignée se faufilant entre les feuilles de muguet et se mettant à sautiller en criant au secours « Au secours, à moi ! Papy au secours !, y’a des araignées ! » (Papy n’étant pas venu, pas si fou…). Dans la mesure où nous étions bien loin du chemin, elle a sautillé comme ça pendant un quart d’heure, horrifiée de la précision : on peut compter 1 million d’araignées à l’hectare (+ 1 tonne de vers de terre).

Il y a les limaces (c’est rigolo), les bousiers (berk, qu’est-ce qu’ils font maman ?), parfois un lapin, mais jamais, jamais de grands animaux. J’en voyais quand j’allais me promener toute seule et elles le savaient pertinemment. « Pourquoi on n’en voit jamais nous des cerfs et des biches, et des chevreuils, et des sangliers ? ».

Vu le bruit qu’elles faisaient dans la forêt leur seul espoir était la vieille bête sourde et quasi aveugle, rhumatisante qui plus est pour ne pas pouvoir se carapater en les percevant aux vibrations…

Il est à noter, et c’est important, que malgré 10 000 hectares de forêt aux alentours, il y aura fatalement un moment où les enfants viendront vous marcher sur les pieds…

Car la vie n’est qu’un long calvaire…

2 H 15 derrière l’armoire

Attente_tlp769507Ces femmes là attendent chez le coiffeur que cela sèche, elles ont de la lecture, ce sont des femmes heureuses (même si elles ont franchement une tronche de cake sur ce coup là).

Je vous ai fait la belle soeur dans le placard, je vais vous faire la sorcière derrière l’armoire (moi donc, et c’est tout à ma gloire)…

Déjà je rectifie, ce n’est pas une armoire, c’est une bonnetière… Dans la maison que nous avions achetée avec Albert, nous avions une énorme cheminée. Large et profonde. A gauche mon bureau (genre elle fait ses papiers comme personne, sans ordinateur dessus ça ne se faisait pas), et à droite la bonnetière dans laquelle nous avions mis la TV, la chaîne stéréo, etc… Pour faire joli nous avions harmonisé l’emplacement de la bonnetière avec la limite de la cheminée, ce qui laissait de la place derrière…

Albert m’ayant quittée, prenait régulièrement à l’époque ses filles, pour les lourder le dimanche soir (façon siège éjectable) en me précisant que Pulchérie n’avait pas fait ses devoirs, de préférence quand il se pointait à 23 heures, et ce n’est pas une heure pour coucher des enfants, donc, pire, leur faire faire leurs devoirs. Je faisais louper régulièrement la classe à Pulchérie le lundi matin parce que la maîtresse (une salope celle-là, la seule de ma carrière de mère, mais elle était tellement gratinée qu’elle aura son post), était contre le divorce et malgré mon mot d’excuse, flanquait 100 lignes à l’innocente vraie (pour une fois…).

Ma soeur était venue s’installer chez moi dès la désertion d’Albert. Jean Pascal faisait son service militaire et revenait le WE. Un dimanche soir, Albert par téléphone (le portable n’existait pas) signala à ma soeur qui avait décroché, qu’il serait en avance et déposerait les filles vers 19 H.

Là, j’ai fondu mon premier fusible, je ne sais quelle idée m’est passée par la tête, mais je ne voulais pas être là pour le recevoir. Sauf que j’étais là.

  • « Tu n’as qu’à te planquer » me suggère ma soeur d’un ton tranquille, vu que c’est un jour d’hiver verglacé et que je n’ai pas envie d’aller me réfugier chez mes parents (pour attendre un coup de téléphone salvateur, pas question d’aller planquer sur un parking et revenir au moment où Albert arrive, en me vautrant dans un fossé (ma voiture est donc bien en évidence)).

  • Bonne idée, mais où ? Il est capable de monter visiter l’étage ce rat, sous prétexte d’installer ses filles. Filles qui vont chercher maman partout c’est évident… (elles l’ont fait d’ailleurs)

  • « Derrière la bonnetière » est mon idée lumineuse. Y’a de la place…

  • Effectivement c’est parfait. J’y emmène un tabouret. Je m’installe 1 minute, TVB, sauf que je ne peux pas fumer car la fumée me trahirait (malgré la cheminée allumée plein pot et ma soeur et mon beau frère clopant à mort). J’ai tout bien testé, ma soeur est toute OK pour emmerder Albert en le réceptionnant elle-même et en lui demandant pourquoi il n’a pas fait faire ses devoirs à Pulchérie et c’est indigne de sa part, elle ne veut pas se mêler de notre séparation, mais il chie dans la colle sur ce sujet là…

  • Voiture s’arrêtant dehors, je me précipite derrière la bonnetière et je m’installe. J’ai pris un livre, mais je n’y vois pas assez pour lire. Me reste à écouter…

  • Ouverture et fermeture de porte d’entrée. Le classique, qui énervait tant mon père quand maman ne nous tombait pas sous les yeux illico « où elle est maman ? » (petits coeurs…)

  • « Ah Albert » dit ma soeur sans se démonter, « Coraline n’est pas rentrée, ce serait sympa de ta part de faire dîner les filles ». Je me fige derrière la bonnetière. Quelle idée lui est passée par la tête ? Elle est folle ? il n’a jamais été question de ça !!! Juste qu’il donne des « explications j’attends » sur les devoirs de Pulchérie, les mette éventuellement en pyjama, et basta !

  • « Tiens Coraline n’est pas là ? il y a sa voiture pourtant ! »

  • « On la ramènera en retard, et je suis trop fatiguée pour faire diner les poussinettes, tu t’en occupes ? »

  • Je suis tétanisée d’horreur. Je suis là pour au moins deux plombes… Je ne sais pas quel compte ma soeur règle avec moi…

Il n’allait pas dire non ce rat. Le voilà en train de fouiner pour trouver du tout fait, et moi je commence à me morfondre sans nicotine, parce que je sais qu’il va lui falloir un siècle pour faire cuire quelques pâtes, car le tout fait manque cruellement dans le congélo. En plus j’ai envie de faire pipi. Je sais c’est comme ça, ça prend quand ça veut…

  • Je n’avais qu’une envie (outre me précipiter aux toilettes), me tirer de ce trou à rat, mais je ne pouvais pas le faire discrètement et avec grâce… J’étais piégée derrière ma bonnetière…

  • J’entendais Albert tourner dans la cuisine pour faire cuire des pâtes, les passer, chercher le beurre, les servir, avec de la sauce, et « Pulchérie termine ton assiette ! » (ça pouvait prendre une heure !) alors que ma soeur feignait l’indifférence la plus complète (non je ne lèverais pas mon cul du canapé pour t’aider…) (elle faisait tante indigne avec dignité et soeur sadique avec)

  • Arriva le moment où ma soeur sentit l’alerte rouge pointer et mon beau frère aussi, qui avaient mis la TV à fond : la chienne qui, depuis qu’elle était réveillée était allée fêter ses petites soeurs, et me cherchait partout, dont le nez enfin sollicité tout à coup fonctionnait trop bien… Et il fonctionnait trèèèès bien…

  • « C’est bon Albert (dégage !), je vais les coucher, merci de les avoir fait dîner » « je m’occuperai de la table après » (dégage !)

  • « De rien, c’est normal, je suis leur père après tout… » (départ précipité, la chérie attend à Paris et il a deux heures 16 minutes de retard)

  • Exit Albert au moment où Chloée (la chienne) me repérait derrière la bonnetière à grand coup de snif snif ! Qu’elle renifle c’était une chose, mais qu’elle se mette à remuer la queue en même temps signifiait « j’ai trouvé ! » Albert le savait et les filles aussi…

  • « Il était temps » me signala Jean Pascal en douce, en faisant se coucher la chienne dans le panier alors qu’elle manifestait l’envie de venir me rejoindre vu qu’elle ne pouvait pas vivre sans moi… (et la chienne se glissant derrière la bonnetière en faisant son petit « ouarf » de contentement, aurait été moyen pour mon auréole d’absente)

  • Pendant ce temps là, ma soeur faisait monter les filles pour les mettre en pyjama. Impossible qu’elles puissent raconter à leur père qu’en fait j’étais derrière la bonnetière. Pendant le débarbouillage, je pris le large pour ouvrir discrètement la porte d’entrée et la refermer à grand fracas !

  • « Maman t’es làààààà ? » (petits coeurs) (Maman était rentrée, tout allait bien…)

  • « On n’aime pas quand on rentre que tu ne sois pas là » (petits trésors) Tu nous aime maman hein ?

  • Oui mes chéries… Je vous aime très fort et je n’aimerais jamais personne plus que vous (et ça c’est vrai). Gros calin du soir (après pipi obligé) et extinction des feux…

Le résumé c’est que moi comme une conne, rien que pour emmerder Albert et lui faire croire que j’étais partie crapuler ailleurs (et que sa copine lui fasse une scène finalement, grâce aux idées lumineuses de ma soeur, ce qu’elle fit, je l’ai sû après), je suis restée assise sur un tabouret de merde, derrière une bonnetière, pendant 2 H 15 (ce qui n’était pas prévu au départ)… Et qu’encore heureux que la chienne dormait quant je me suis glissée derrière le meuble… Sinon elle m’aurait dénoncée dès le début en décidant de s’installer avec moi pour ressortir dire bonjour à ses petites soeurs, avant de revenir me rejoindre…

La vie n’est qu’un long calvaire… (et vous trouvez ça drôle ?)

Une journée vraiment mémorable…

Cette journée là fut donc mémorable, car tous les survivants s’en souviennent avec nostalgie (pour Albert je ne sais pas trop et pas envie de l’appeler pour lui demander s’il s’en souvient aussi avec regrets… alors que je sais que mon ex belle soeur s’en souvient elle très bien…).

Nous partîmes donc à 4 voitures pour la première étape : le pont du Gard. A l’époque le site était encore agréable. Nous connaissions ce pont par coeur, mais c’était toujours un plaisir de le revoir.

Mes deux soeurs n’avaient pas envie de monter sur le pont d’avignon y dansons… Elles voulaient se baigner dans le Gardon. Ma grand mère se proposa pour les surveiller et s’installa confortablement sur les cailloux pour faire sauveteur qui nage comme une planche à repasser… J’aurais bien fait comme mes soeurs, mais comme une cruche, j’avais oublié de prendre mon maillot de bain.

« Viens donc chérie » m’intima Albert qui n’avait jamais vu le pont du Gard ce veinard. L’année précédente, papa m’avait fait le coup de sortir de la conduite d’eau (tout en haut) au son de « tu ne risque pas de tomber, c’est large, et la vue est vraiment magnifique ». C’est large oui (2 mètres il appelle ça large ?), mais moi j’ai le vertige, je n’ai rien vu du paysage et j’ai rampé jusqu’à la prochaine trappe donnant sur la conduite pour y pénétrer la tête la première et faire le rétablissement du siècle, à la grande surprise de ceux qui, pas fous eux, restaient à l’intérieur à admirer le débit que cela devait représenter vu qu’on y circule à l’aise, debout…

Arrivée dans la conduite (ça monte et il fait chaud) avec Albert me promettant de me tenir la main à l’étage au-dessus pour que m’éviter d’être terrorisée. Je n’ai point peur, j’ai le vertige, nuance, ça ne s’explique pas, c’est comme ça, j’ai des ventouses qui me poussent au bout des pieds et tout le sang qui descend dans les ventouses. Je reste dans la conduite, tu sors si tu veux… Les romains étaient peut-être des constructeurs géniaux mais moi, j’ai dû me farcir cette fichue conduite 10 fois, ça fera 11 (mais pourquoi suis-je montée ?). Pendant ce temps là mon frère et ma future belle soeur s’engueulaient comme de coutume, et pour la même raison : il voulait qu’elle monte et elle ne voulait pas : ça raisonnait bien dans la conduite. Les hommes terminèrent le pont du Gard sur le dessus, les femmes dans la canalisation supérieure en ce demandant bien diable pourquoi elles avaient grimpé : « c’est la dernière fois que ton père m’a sur ce coup là » me déclara Mrs Bibelot qui se fit gruger encore 10 fois…

J’ai toujours adoré d’ailleurs, tout de même finir par sortir et aller au premier étage où je n’ai pas le vertige vu que si je tombe c’est dans l’eau., pour toujours y trouver un ou deux énergumènes munis d’un fil à plomb pour vérifier que l’ouvrage est bien droit… Bien sûr qu’il est droit banane, il tient depuis 2000 ans et des poussières ! Que construisons-nous qui tiendra autant de temps ? Moi perso j’aimais bien regarder les inscriptions faites par les compagnons du tour de France, et nul besoin d’un fil à plomb pour constater que l’édifice tiendra bien encore 2000 ans si un boeing ne se crashe pas dessus…

Une fois les hommes redescendus, conciliabule car la prochaine étape c’est la fontaine de Vaucluse. Un océan de verdure dans la Provence qui brasille sous l’été… On mange là-bas ou on trouve un restau sur la route (les hommes étant affamés…) ?. On décide d’aller jusque là-bas, on trouvera bien de quoi se restaurer. Les hommes boudent à l’idée d’un hamburger ou hot dog, on les fait taire, c’est rare, on en profite.

Effectivement, un restaurant magnifique, au bord de l’eau, avec une terrasse extérieure bien à l’ombre, au son de l’eau glacée qui coule un peu plus bas. Le restaurateur est ravi de nous voir tous arriver (nous sommes 9 et nous devons avoir l’air affamés). Juste une table de prise à côté, par deux anglaises d’un certain âge qui débutent au pastis et ce n’est pas du tout comme cela que je me représentais Miss Marple. Elles ont l’air d’apprécier le pastis, elles en commandent un deuxième pendant que nous nous absorbons dans la lecture du menu (dis donc, ce n’est pas cher !) tout en buvant également l’apéro (les hommes un pastis, les femmes un kir, on se demande pourquoi). Ma grand mère généreuse décida qu’elle invitait tout le monde et prit le plus cher pour ne culpabiliser personne.

Je ne sais pas si après avoir pris la commande, le restaurateur aura continué son job ou décidé d’aller cultiver du haricot rouge en Finlande pour le restant de ses jours. 9 personnes qui changent d’avis tout le temps, ça doit être usant. Son calepin était bourré de ratures, et il avait deux épis qui pointaient dans sa chevelure trop longue.

Pendant ce temps là, les anglaises avaient visiblement opté pour le menu gastronomique auquel les plus solides appétits avaient renoncé malgré les encouragements de celle qui invitait. Une bouteille de blanc descendit chez elles, arriva une de rouge. On dit que les anglais sont réservés : celles-là ne l’étaient pas du tout. Elles riaient bien fort, tout en descendant également les plats sans sauce à la menthe. Elles ont même réussi à nous faire taire à les écouter, tous les 9, ce qui était un exploit, car on cause tous beaucoup dans la famille et que toutes les femmes peuvent suivre 3 conversations à la fois. Nous étions fascinées par la descente des anglaises, qui nous faisait songer à la montée que nous allions devoir faire pour visiter le site.

Tout à coup, arrivée d’une guêpe. Ma belle soeur (allergique et ayant oublié son cachet salvateur), se lève comme une folle et agite sa serviette. La guêpe furieuse fonce droit sur les anglaises dont une se lève également et part en courant jusqu’à la rambarde à laquelle elle s’adosse comme elle peut, en faisant des moulinets avec les bras.

Que s’est-il passé ? Tout à coup l’anglaise bascule par dessus la rambarde. Angoisse et horreur brèves puis on entend un « PLOUF ! » horrible (c’était mieux qu’un splatch sur les pierres). Tout le monde se lève, Albert retire déjà ses chaussures, Jean Poirotte précise que l’eau est glacée, et mon frère va mollement regarder ce qu’il se passe : il le sait que l’eau est glacée, il y est tombée il y a 6 ans, entraînant une de mes chaussures au passage…

Tout va bien, l’anglaise est bien tombée dans l’eau, elle a pied et semble se demander ce qu’il lui arrive. Elle crie « very cold ! », ma grand mère croyante entend « miséricorde » et se signe à tout hasard. Arrive le restaurateur alerté par 10 cris simultanés au moment du passage par dessus la rambarde. Il saute sans réfléchir. Re « PLOUF » (je pense qu’il est bien en Finlande à y bien réfléchir). On regarde le sauvetage. Tout le monde a largement pied, c’est pas le tout, il faut sortir de l’eau maintenant. Ce qu’ils font péniblement chez le collègue d’à côté qui, tel un habitué, sort une échelle qu’il met dans l’eau avec une maestria pas possible.

Nous terminons le repas allègrement. L’anglaise trempée est revenue s’asseoir et termine son menu gastronomique avec entrain. Une autre bouteille de blanc : elle sèche à vue d’oeil. Nous voici bien gais (une deux bouteilles d’offertes par le fils du patron pour s’excuser de l’émotion), partis visiter le site enchanteur. Ca monte et il fait chaud.

Arrivée à la pierre fatale. C’est de celle là que mon frère voulant se tremper les pieds a atterri dans l’eau glacée en me faisant perdre une précieuse sandale (je suis rentrée ce jour là avec un pied ruiné par le macadam brûlant). Bien évidemment Albert veut tâter l’eau du pied. Il se rend sur la pierre, se déchausse. Je lui signale l’incident d’il y a 6 ans, il s’en tape. Il tâte du pied : c’est glacial, et comment l’anglaise n’est-elle pas morte ?

Arrive ma soeur qui bouscule les chaussures d’Albert. Il en rattrape UNE de justesse (comme moi il y a 6 ans…) . L’autre part dans l’eau dont le courant est trop vif pour songer à la rattraper. Il est à noter que Delphine perdra une sandale sur la même pierre 8 ans plus tard, alors qu’elle était sous la garde de son père, et ma mère une espadrille exactement dans les mêmes circonstances l’année suivante et toujours au même endroit… d’où le surnom de pierre fatale.

Albert reste sur sa pierre, contemplant l’eau tumultueuse avec rancune. Il refuse de monter voir la fin du site à cloche pied. On le récupère au passage au retour, un peu sombre. Le macadam est brûlant (je sais, mais comment qu’il radote qu’il a mal à la plante des pieds !). Il ne va pas pouvoir conduire avec un pied nu (tant mieux, je vais prendre le volant, quand il conduit j’ai peur).

On ne peut pas faire la suite prévue à l’origine avec un homme dépourvu de sa chaussure droite. On rentre donc, directement au bercail.

Ben non, la rentrée n’a pas été directe, vous le savez… Mais pour fêter cette excellente journée, le soir, Albert ayant récupéré une paire de basket entière, nous avons donc dîné au restaurant. Ma grand mère généreuse a encore invité tout le monde.

Elle riait trop après la chute de l’anglaise et le passage  en défilé dans la ferme, pour envisager seulement de faire une salade de tomates…

La vie n’est PAS TOUJOURS UN LONG CALVAIRE !

Tourne à droite c’est un raccourci…

Femme_perdue_57210948Ou une journée mémorable…

Jean Poirotte et Mrs Bibelot louaient chaque année depuis mes 14 ans, la même baraque en Camargue pour tout le mois de juillet. La propriétaire les contactait dès janvier pour s’assurer de leur présence.

La location n’était pas chère du tout et la maison pouvait recevoir 10 personnes. Elle était très mal conçue, mais nous y avons passé des vacances merveilleuses jusqu’en 1988.

Un beau mois de juillet, nous étions quasi 10 dans cette maison, du 7 au 31 juillet. Mes parents, ma grand mère, mes deux soeurs (eux pour le mois complet), mon frère et sa future femme, Albert et moi (qui n’avions pauvres malheureux que 3 semaines de congés à prendre).

9 personnes, 4 voitures. Vous allez me dire que l’on peut faire 5 + 4 = 2 voitures, mais ce n’est pas le problème. Il y avait celle de mes parents dans laquelle mes deux soeurs se flanquaient des coups de pieds à l’arrière et se haïssaient comme il se doit, celle de ma grand mère arrivant seule et aimant son indépendance (et repartant direct chez sa soeur à Dijon pour 3 semaines, donc elle se véhiculait toute seule), celle de ma belle soeur (et donc de mon frère) arrivés un jour après Albert et moi qui avions notre voiture à nous, et na !…

Un beau jour, nous voici décidant d’aller le lendemain faire une excursion. Je détestais cela quand j’étais petite (une journée de plage de loupée), et mes deux soeurs firent donc la tronche, comme moi avant mes 18 ans.

Au programme : l’habituel de chaque année. Le pont du Gard incontournable, les Alpilles et les Baux de Provence, Fontvielle, etc… Nous gardions Arles pour une autre journée, et le reste pour une encore autre journée.

Comment s’y rendre ? En voiture évidemment. Facile. Ma grand mère étant malade à l’arrière décida de prendre sa voiture à elle. Elle prit donc avec elle une de mes soeurs, ce qui évitait à mes parents de se coltiner deux pestes en train de se crêper le chignon à l’arrière.

Problème, Albert et moi étions malades à l’arrière aussi. Ma belle soeur a peur quand elle ne conduit pas, et mon frère ne supporte pas de se trimballer à l’arrière où sa fierté de mâle en prend un coup. Donc deux couples : 2 voitures. C’était l’époque où l’on ne se rationnait pas trop l’essence.

Nous partîmes 500 mais par un prompt renfort en retard, parce que pour la seule fois de l’année, Mrs Bibelot qui est matinale comme pas possible ne s’était pas réveillée pour sonner de la corne de brume aux pro de la grasse mat, en très grande majorité dans la baraque (et nous comptions tous sur elle pour nous faire lever, telle le clairon de l’armée).

Nous nous vîmes 5000 en arrivant au port : en cohorte de 4 voitures se suivant, ma grand mère suivant son fils pour ne pas le perdre de vue, Albert et moi la suivant pour la pister au cas où elle ne s’égare, ma belle soeur fermant la marche en ayant interdit à mon frère de conduire, ce qui fait qu’il fit la tronche même sur le pont du Gard d’où la vue est magnifique et moi tétanisée par le vertige restant avec Mrs Bibelot dans la conduite d’eau d’où l’on ne voit rien (pourquoi s’obstiner à monter, je vous le demande). Pendant ce temps là d’ailleurs mes deux soeurs faisaient trempette dans le Gardon sous la surveillance de ma grand mère qui avait un alibi pour ne pas monter sur ce fichu pont (tu parles d’un alibi, elle n’avait pas fait sauveteur de métier et nageait comme mon chat, c’est à dire qu’elle surnageait quand en se redressant elle avait de l’eau aux genoux…).

Cette journée mémorable méritera un deuxième post, sinon vous en avez pour 3 plombes (j’en entends qui soupirent).

Mrs Bibelot a le sens de l’orientation, ce qui nous ramène au titre, et a le mérite d’être souligné. Les femmes sont réputées pour ne pas avoir le sens de l’orientation. Quand on regarde Delphine cette réputation est 200 % exacte. Moi, j’ai le sens de l’orientation quand je suis toute seule (sinon je compte sur le mâle qui sait toujours où est le nord), enfin on dira que je prends des points de repère très stricts. Pulchérie tient de sa grand mère elle ne se perd jamais, sauf désormais en voiture (hé hé…), mais à sa décharge les routes ont été conçues n’importe comment…

Jean Poirotte faisait donc totalement confiance à sa femme pour faire co-pilote, d’autant qu’elle avait le guide truc qui précise « faites 423 mètres après avoir passé la ruine du moulin, et tournez à droite ».

Nous rentrions donc ce soir là, revenant des alpilles en groupe de 4 voitures bien collées (facile à doubler pour un fou du volant), un peu fatigués et espérant voir la ligne droite après Arles qui nous ramènerait au domicile sans plus avoir besoin de nous suivre les uns les autres. Toujours dans le même ordre de marche…

Tout à coup, la voiture de tête tourne à droite, dans ce qui semble être un chemin de campagne. C’est l’instant précis où Mrs Bibelot à dit à son époux « tourne à droite, c’est un raccourci« . Jean Poirotte à cru qu’elle avait consulté le guide truc, et a donc tourné à droite sans voir que sa femme contemplait waterloo morne plaine les champs de lavande et se fiait à son instinct (exact en fait, à vol d’oiseau c’était un raccourci, mais nous roulions, nous ne volions pas…).

Tout le monde à donc tourné à droite. Albert a eu un doute car juste à l’entrée du chemin il y avait une boîte au lettres…. Impossible de manoeuvrer pour faire demi tour dans ce chemin de merde juste bon pour une voiture, avec deux roubines le bordant (les roubines sont les fossés plein d’eau et très profonds du midi et non pas une allusion graveleuse…).

L’histoire se passe ainsi :

  • Jean Poirotte et Mrs Bibelot sont arrivés dans une immense cour de ferme (de mas) pour constater que c’était une impasse. Ils se sont arrêtés pour s’excuser de déranger. Ne voyant personne ils ont fait demi tour, 3 chiens gambadant en aboyant comme des fous furieux autour de leur voiture.

  • Ma grand mère a croisé son fils qui lui a expliqué qu’elle pouvait faire demi tour dans la cour à 10 mètres, qu’elle s’excuse si elle voyait quelqu’un et qu’elle fasse gaffe à ne pas écraser un chien.

  • Ma grand mère qui nous croisait après avoir fait demi tour, nous a expliqué à Albert et moi qu’il fallait qu’on se pousse un peu pour la laisser passer  (et comment qu’on allait se jeter dans la roubine) et qu’on pourrait faire demi tour sans problème d’ici peu en faisant attention à n’écraser aucune pauvre bête, ce qui nous a fait peur (un troupeau de moutons ?).

  • Albert et moi avons pénétré dans la cour pour voir une femme à l’air louche en train d’attacher trois chiens

  • Ma belle soeur et mon frère ont fait précipitemment demi tour aussi vite que possible en voyant un homme sortir du mas avec un fusil sous l’apparente impulsion d’une femme à l’air toujours louche qui tenait un chien en laisse pendant que deux autres se débattaient comme des fous en aboyant comme pas possible…

Nous n’avons sû ce que chacun avait vu, qu’à l’arrivée sans encombre (et sans plus de raccourcis). Du coup pour rire tranquillement en dînant, nous sommes tous allés au restaurant.

Il reste que dans ce bout du monde, nous avons laissé ce jour là, un couple qui ne voyait jamais aucune voiture (même pas celle du facteur), complètement traumatisé par le passage en 8 minutes de 4 voitures…

Qui sait quel drame nous avons créé ?

La vie n’est qu’un long calvaire…

Le super retour de Crête…

BalaisJ’ai déjà évoqué les retours de voyage… Le retour de Crête fut épique naturellement. Il ne pouvait pas en être autrement, nous traversions une période de chance intense

Après 3 jours de calme que je savoure un maximum,  assez bien remise (vous allez voir à quel point) car rassurée sur le sort de Pulchérie et pouvant dormir enfin, départ le 4ème jour. Mrs Bibelot a pris RV avec un chirurgien orthopédiste pour le 5ème jour (il était précisé que ce n’était pas à 24 heures près), dans la mesure où nous devions atterir à Roissy vers 18 H…

Tout a été prévu par Europe Assistance, la compagnie aérienne a été prévenue qu’il y avait une blessée mutilée à prévoir (et donc 3 sièges pour elle toute seule parce qu’elle devait avoir la jambe toujours à l’équerre, la chaise roulante que je dus louer comportait d’ailleurs une gouttière pour qu’elle ait toujours la jambe en l’air (déjà que la tête ce n’était pas ça…). A l’arrivé re-chaise roulante avec gouttière et un ambulancier me ramenant à la maison (enfin chez mes parents chez qui je vivais, mais à la maison…). Tout bien prévu donc…

Voyage en car correct, Pulchérie se prélassant en prenant toute la place sur les sièges arrières avec sa jambe à l’équerre et sa résine avec laquelle elle peut assommer n’importe qui, en rigolant avec son copain Nicolas et sa soeur qui reste crispée (elle le resta longtemps, cet accident l’avait réellement traumatisée et j’ai sû après qu’elle avait essayé elle aussi de tout faire pour dégager sa soeur, et cru mourir de l’entendre hurler comme ça quand l’ascenseur est reparti vers la descente et de voir du sang partout…). Arrivée à l’aéroport : prise en charge immédiate : on m’attend avec une chaise roulante avec gouttière pour Pulchérie, on me fait passer devant tout le monde pour enregistrer nos 3 valises (ben voui…) et nous montons dans l’avion les premières, Pulchérie dans les bras d’un steward très beau gosse qui l’installe sur les sièges qui lui sont réservés. Sa soeur et moi sommes derrière elle.

L’avion se remplit. A l’époque il y avait encore une zone fumeurs et je suis donc allée retrouver régulièrement mes amis du club à l’arrière (mère indigne !).

Consignes de sécurité habituelles et où sont les gilets de sauvetage. Dans un silence relatif (tout le monde pense vaguement à ce qu’il peut se passer dans un avion, surtout s’il tombe) s’élève la voix cruellement forte de Pulchérie : « ah mais si l’avion tombe dans l’eau c’est pas possible, je n’ai pas le droit de mouiller ma résine… ». Silence de mort quelques secondes. Je lui signale que ce n’est pas le problème à cette emmerdeuse et désobéïssante en plus « ah mais je ne me suis pas fait greffer le pied pour tomber avec un avion dans l’eau ! » Re-silence de mort… Il y a la poisse à bord. Non une méchante pesteuse tout simplement (pardonne moi ma chérie, mais là je l’ai vraiment pensé…)

Tout se passe bien (l’avion ne tombe pas dans l’eau), sauf que dans l’avion nous faisons connaissance avec les gens de l’autre club (celui que je n’avais pas pris à cause du parachute qu’il n’offrait pas) qui eux sont ra-vis… Ils ont mangé des grillades tous les soirs et midi, crétois à mort, des langoustes à plusieurs reprises, le club enfant était super, les activités aussi, et les excursions aux prix indiqués. Il y avait un ascenseur certes, mais à 2 pas d’Héraklion… Les lettres sont en place dans toutes les têtes de mon club. Nous, nous avons passé des vacances plutôt merdiques (même sans l’accident de Pulchérie) et « les autres » en tombent par terre d’entendre ce que nous avons mangé, et tout ce qui n’allait pas (et dieu sait tout ce qui n’allait pas !).

Atterrissage à 18 H :

  • 18 H : Madame on vous garde dans l’avion, nous avons commandé une chaise roulante pour la sale gosse et désobéïssante en plus petite mais elle n’est pas là (la chaise)

  • 18 H 30 : Madame désirez-vous une petite collation pour vous et vos filles dont une emmerdeuse de première ? la chaise roulante tarde (Delphine veut bien de la collation et nous aussi du coup)

  • 19 H : on annonce la chaise roulante pour la reine des emmerdeuses la malheureuse greffée du pied

  • 19 H 15 : voici la chaise roulante

  • 19 H 30 : nous arrivons avec l’homme de peine qui pousse la chieuse Pulchérie qui doit faire à tout casser à cette époque 20 kg (elle faisait limite anorexique en plus !), à l’endroit ad hoc pour récupérer nos valises

  • 19 H 35 : inutile d’attendre, plus de valises sur le tapis roulant qui devrait donc arrêter de rouler. La faute à qui ? Je ne vous le demande pas : la faute à une cascadeuse dans les ascnseurs.

  • 19 H 45 : voici l’endroit où je vais pouvoir récupérer mes valises en théorie, quand l’emmerdeuse de première Pulchérie aura fait pipi grâce à toute une gymnastique dans les toilettes avec l’aide de Delphine et de maman dont la sciatique se précise parce qu’il faut lui tenir la jambe en l’air (déjà que la tête, bis repetita…)

  • 20 H : les voici (les valises) (« maman j’ai faim » (Delphine, dite « bouffe tout » par l’emmerdeuse de première et mal embouchée en plus sa soeur aînée qui ferait bien de se faire oublier, (jambe en l’air ou pas))

  • 20 H 05 : pas d’ambulancier comme prévu, il est reparti (maman j’ai toujours faim, et c’est un scancale qu’un ambulancier ait abandonné de pauvres petits enfants (bouffe tout désobéïssante également et l’emmerdeuse de première à qui je m’en vas bientôt, si elle continue, flanquer une claque, pied ou pas…)

  • 20 H 15 : madame, j’ai réussi à joindre l’ambulancier, il revient (maman j’ai encore faim !) (Non politiquement correct)

  • 20 H 45 : l’ambulancier arrive. Marre d’attendre me précise-t-il (moi pas, j’adore attendre…). Il a pensé qu’il y avait eu un loupé. « J’avais terminé ma journée, mais je suis revenu quand on m’a dit que c’était une jeune femme et moi qui suis dans un état ! avec deux jeunes enfants bien entendu innocents » (merci Monsieur) (et Delphine a toujours faim et lui, rien à lui donner à manger)

  • 22 H 15 : arrivée chez mes parents, Chloée (la chienne, pour ceux qui n’auraient pas suivi)  nous ayant senties arriver attendant ses petites soeurs et surtout sa maman, et ma maman à moi qui commençait à s’inquiéter (pas de portable à l’époque) sur le balcon (Jean Poirotte ne trouvant pas obligatoire d’attendre sur le balcon, plutôt que devant la TV, avachi répandu avec grâce dans son canapé).

  • « Mamie j’ai faim » (les deux !)

  • « Papy a fait sauter plein de crèpes mes chéries. Il va vous les faire manger, et après, au lit et maman me racontera tout… »

  • 23 H Coucher final des chieuses trésors » Bisous maman, on t’aime tu sais » (les zamouuuurs) « t’es la meilleure super des mamans !!!! et mamie la super meilleure des mamies, et papy le super meilleur aussi » (petits trésoooors à moi) (je sais : … c’est ça les gosses…)

Comme vous avez pu le constater, maman avait beaucoup à raconter, mais la sienne aussi (Mrs Bibelot).

  • Elle apprend l’accident via Jean Poirotte qui a reçu l’appel capital et piétine en attendant qu’elle rentre de ses sacro-saintes courses du jour (Mrs Bibelot est perverse, elle adooooore aller visiter ses commerçants chaque jour que dieu fait, elle adooore faire les courses).

  • Elle contacte ma première belle soeur qui travaille dans l’import/export et se charge, de son boulot de faire sauter tous les standards pour avoir Europe Assistance qui ne sait pas, après 32 appels, combien de temps d’hospitalisation est prévu

  • Elle ne peut pas me laisser toute seule comme ça (très réel) en Crête, elle arrive (ma mère. Ca me rassure réellement).

  • Elle se renseigne (via ma première belle soeur toujours mobilisée, france télécommm aurait pu griller sur cette histoire là) trouve même un hôtel proche de l’hôpital où séjourner avec moi et Delphine que bien entendu Mrs Bibelot ira récupérer au club. Que ce soit écrit partout en grec ne la dérange pas : elle a fait grec ancien, mais il paraît qu’on s’y retrouve en grec moderne… (confirmé par une copine de « philo » qu’elle a appelée)

  • Mrs Bibelot décide de partir en se demandant si elle pourra faire un tour au musée d’Héraklion pour le moins, quand elle apprend que Pulchérie quitte l’hôpital (même sans portables, nous arrivions à communiquer juste à temps, via Nicky et mon ex-belle soeur assiégeant tous les n° de téléphone possibles et utiles).

  • Elle cherche un chirurgien qui pourra prendre en charge Pulchérie dès son arrivée… Elle trouve, après 12 coups de fil au cours desquels je lis la lettre écrite en anglais pour que l’on transmette bien au chirurgien ce qu’il se passe… (finalement le poseur de résine a bien fait de se faire attendre pendant 3 heures…)

  • Elle s’est fait un sang d’encre… Limite pire que moi… Je sens d’ailleurs qu’elle m’en veut de tous ces tourments…

PS : quand je le dis que la vie n’est qu’un long calvaire…
PPS : ce sont les pires, mais il y a d’autres vacances…
PPPS : il y a la suite : le pied de Pulchérie jusqu’à la guérison..

Z’avez rien signé, mais c’est pour en chier, la vie n’étant qu’un long calvaire…

Les supers vacances en Crête (part 3)

Les_supers_vacances_en_cr_teLa journée passe après l’opération et la première nuit déjà bien entamée quand j’ai retrouvé ma fille  (77200 heures, j’ai tout bien compté).

Un animateur du club est venu apporter des livres à Pulchérie et le bisou de tout le monde le premier matin (envoyé par le chef de club : pouvait pas se déplacer lui-même ?). Je lui donne le numéro de téléphone de mes parents afin que Colette (la maman du petit garçon copain) les prévienne. Je ne sais pas pour combien de temps je suis coincée là avec juste mon sac à main et un peigne + une brosse à cheveux. Il repart m’acheter de quoi me sustenter un peu car je n’ai pas eu de petit déjeuner et pas voulu ôter le pain de la bouche de l’opérée.

Pas de soins particuliers pour Pulchérie, je suis surprise. Elle a un pansement curieux sur la cuisse gauche mais nous n’osons pas le soulever pour regarder de quoi il s’agit. Sauf changement de perf, et je vois bien qu’elle a des antibiotiques (même écrit en grec, avec la traduction anglaise ça se repère à 2 km) j’ai l’impression de ne voir personne (donnez moi un médecin qui m’explique tout) depuis tout ce temps. Et toujours, je me ronge en me demandant « pourquoi un plâtre ? » sur une blessure ouverte comme elle l’avait…

Deuxième nuit. Pulchérie qui n’est plus sous l’effet de l’anesthésie générale n’arrête pas de pleurer « mais pourquoi j’ai fait ça ». Ca ? Parce qu’il fallait que je sache, donc elle a avoué… LES AMES SENSIBLES PASSEZ LES PROCHAINS PARAGRAPHES !

Elles ont pris l’ascenseur pour descendre (Delphine encouragée par sa soeur car n’aimant pas désobéir à maman), et l’ont pris pour remonter me retrouver pile poil au bon moment, vu que je terminais de me démêler, quand Pulchérie s’est aperçue qu’elle avait oublié je ne sais quoi en bas. Et là elle a fait ce qu’elle avait vu ses grand-parents faire dans leur ascenseur quand elle était toute petite : déclencher du pied la sécurité pour le bloquer et repartir en sens inverse. Sauf qu’il n’y avait pas de sécurité. Son pied s’est coincé entre le sol de la cabine et la parois défilante jusqu’à l’arrivée alors qu’elle commençait à hurler.

Et là, un imbécile en bas, entendant hurler à appelé l’ascenseur pour « savoir ce qu’il se passait » (dixit le crétin doublé d’une andouille (un belge, désolée pour mes lecteurs belges fidèles, il y a des crétins dans tous les pays)) qui avouera son forfait plus tard  en toute innocence car je devais avoir l’air vachement aimable en l’écoutant, au risque donc que je le trucide avec un pied de parasol (non mais vous entendez hurler dans un ascenseur, vous l’appelez ou vous montez à pied voir ce qu’il se passe en bloquant tout ?)).

Les deux soeurs n’avaient pas pensé à ouvrir la porte pour arrêter le trafic, pendant que Pulchérie essayait de se dégager en espérant que je n’en saurais rien, ce qui fait qu’elle a fait la redescente (l’ascenseur appelé du bas), ensanglantant toutes les portes au passage en s’arrachant le dessus du pied… JE VOUS AVAIS PREVENUS !

Nuit d’enfer, je n’en peux plus, j’ai l’impression d’être là depuis des siècles. J’essaye de me coucher à côté de Pulchérie qui rouspète, alors que les grands-mères présentes ont leur super fauteuil de jardin dans lesquels elles ronflent en plus, pour me narguer… Et le lendemain matin, arrivée vers 11 heures d’un fort bel homme (et moi qui suis dans un état… Je me suis lavée comme j’ai pu dans les toilettes, mais bon, j’ai la mine que l’on imagine après deux nuits quasi blanches, et les cheveux comme pas possible (j’ai oublié ma barette salvatrice)…)

  • « Bonjour madame ! » (aucun accent)

  • « Bonjour ! Dieu soit loué : vous parlez français ! » (j’en pleure)

  • « Oui madame, j’ai fait toutes mes études en France, quel beau pays… Calmez-vous, tout va bien » (ah bon ?) (toujours aucun accent)

J’ai préparé mon laïus (mensonge 100 % digne de Mrs Bibelot) pour sortir de là et rentrer en France : je suis secrétaire médicale à l’hôpital truc, du chirurgien machin, je reprends le travail dans trois jours (non finalement deux), ma fille serait très bien dans mon service, etc… Inutile. Mais je me voyais coincée là pour des jours. Mrs Bibelot prévoyait de me rejoindre, c’était la révolution en France et au Club… Et ma petite Delphine, la laisser rentrer en France toute seule même avec Europe Assistance ? Que d’angoisses depuis l’accident, si proche pourtant, alors que j’ai l’impression d’avoir passé des jours dans cet hôpital… Je me prépare à plaider le rapatriement sanitaire… Difficile dans certains pays où l’on est très susceptible … (on sait faire aussi…)

Le médecin m’explique. Pulchérie avait le tendon du pouce sectionné net et le pouce donc, mal barré qui pendouillait (me semblait bien aussi…). Elle a eu de la chance d’ailleurs de ne pas le perdre, cela aurait compliqué l’opération (brr ! et qui serait allé à la recherche du pouce ?). Elle avait une grande partie de la chair du dessus du pied arrachée (ça j’avais vu : ça pendouillait également) d’où nécessité de faire une greffe de peau (et explication du pansement qu’elle a sur la cuisse gauche sur laquelle on a fait le prélèvement), l’ongle du pouce partiellement et celui du deuxième orteil également (arrachés). Elle a été opérée par le spécialiste mondial (le premier à faire) des membres sectionnés ou arrachés (je ne savais pas qu’il oeuvrait à Héraklion) qui arrive d’ailleurs…

Avec toute son équipe, comme tout professeur qui se respecte et me salue vaguement, comme si je n’étais pas la maman morte d’inquiétude (c’est l’autre qui traduit). Il découpe le plâtre et le retire, Pulchérie tétanisée et pour une fois muette. Je jette un oeil et je ne vois qu’une bouillie immonde qui a l’air de satisfaire tout le monde, car tout le monde regarde. L’autre médecin me précise (traduisant les commentaires aux internes) qu’il est satisfait du résultat, que Pulchérie peut sortir aujourd’hui, mais qu’auparavant il va lui faire mettre une résine, plus confortable et plus légère qu’un plâtre… Parce que le tendon a été remis en place avec un « cup buttom » (un genre de bouton pression) et qu’elle ne doit pas bouger le pied pendant au moins 6 semaines, moment où le tendon sera de nouveau rattaché à l’os (d’où l’immobilisation obligatoire et l’explication du plâtre et le fait qu’elle ait perdu de la souplesse dans le pouce (et ceci pour toujours) car il manque un morceau de tendon..). Je précise pour les âmes sensibles : quand le tendon est rattaché le cup buttom tombe de lui-même…. Et parce qu’il ne va pas laisser repartir une patiente en France avec un plâtre. La résine c’est mieux, c’est plus moderne et plus confortable et les médecins français ne penseront aucun mal de lui, il tient à sa réputation… (les français tous des cons avec leur plâtre !)

Il me précise qu’il a laissé 2 ou 3 morceaux de matrices d’ongles en place pour que plus tard elle puisse s’en coller des faux sur les morceaux qui repoussent. On va me donner une lettre à remettre au chirurgien orthopédiste qui doit la voir dans 4 jours, 5 maximum (je rentre le 4ème jour…) et décidera lui-même de la fréquence des soins. Exit le rapatriement sanitaire ouf !

(sauf qu’il y aura un raté dans la lettre qui précisera « left foot » au lieu de « right foot »… mais bon le chirurgien qui allait s’occuper d’elle le verrait bien…)

Je préviens le club que je reviens, avec la complicité de Nickie qui normalement ne doit pas me confier le téléphone (j’ai plutôt une mémoire auditive, mais je la revois très bien…). Le gars d’Europe Assistance arrive : c’est lui qui doit affrêter le taxi qui va nous ramener au club, et acheter les antibiotiques prescrits… Nous attendrons 3 heures le poseur de résine avec ce qu’il faut en dessous sur la blessure (un martyre pour Pulchérie, car il y a un moment où il appuyait sur le vif pour la mise en place), et enfin nous sortons.

Je le constaterai une autre fois, les chauffeurs de taxi grecs c’est l’enfer sur terre, même Pulchérie a peur et j’ai beau avoir sommeil à en tomber, je ne risque pas de m’endormir… Il se fait d’ailleurs arrêter par les flics cet imbécile doublé d’un chauffard, et c’est la mine de ma fille et sans doute la mienne qui font qu’ils le relâchent après moultes palabres. Arrivée au club : personne pour nous accueillir. Je saurais après que Delphine s’était mise à nous attendre dès mon coup de fil. 4 H 30 se sont écoulées (1 H 30 de bagnole tout de même). Pulchérie et moi nous écroulons dans nos lits respectifs après toilette et Delphine arrive. Petite mère… J’ai l’impression de l’avoir abandonnée depuis la nuit des temps, alors qu’il ne s’est passé que deux nuits et une journée complète, même si finalement nous rentrons en fin de la deuxième journée (il devait être aux environs de 17 H 30, puisque nous avons pu dormir un peu avant le dîner, j’ai un peu perdu la notion du temps ce jour là)… Elle est à la fois heureuse de nous voir (câlins) et triste. Mais tout le monde avait tellement pitié de la voir attendre en fixant la route, toute silencieuse, grave et concentrée, qu’on avait réussi à la décider à aller faire un petit tour sur la plage ramasser des coquillages et du coup, elle a loupé notre arrivée… Elle s’en veut…

3 jours encore au club. Pulchérie vedette. Elle doit toujours avoir la jambe surélevée donc on lui trouve les meilleurs fauteuils + un coussin et idem pour moi. Toujours quelqu’un pour la porter (on voit bien que je fatigue). Un repas spécial crétois est prévu en son honneur le lendemain de notre retour + une fête spéciale le soir. Une vedette de la chanson de l’époque qui séjournait avec nous (eh oui, déjà qu’avec Albert j’avais eu Stallone au Maroc…), pose avec elle pour une photo souvenir en s’étant proposée… Une fois reposée par une bonne et longue nuit (avec Delphine blottie contre moi, sa soeur occupant l’autre lit avec tous les oreillers prêtés par l’hôtel pour qu’elle ait bien le pied surélevé), et rassurée pour ma fille, je profite de la piscine, de l’amitié qui s’est formée encore plus autour de moi, des 3 derniers jours (malgré la bouffe toujours aussi nulle), avec Delphine mal remise de l’accident constamment sur mes genoux ou avec moi me racontant « votre absence maman, j’avais tellement peur… »

Delphine jouait et mangeait avec Nicolas (sous la surveillance aigüe des parents…), elle faisait pause toilette et beauté avec une jeune fille en séjour avec son copain, qui l’avait prise en amitié et lui avait d’ailleurs fait les ongles et une jolie coiffure, et elle dormait avec Malika, qui était seule dans une chambre à deux lits (et était journaliste à France Presse, je sais cela n’a rien à voir) (et désespérée d’avoir pris 3 semaines dans ce club de merde, nous allions tous l’abandonner pour une semaine de trop). Tout le monde s’était occupé d’elle, d’ailleurs Europe assistance était venu vérifier et enquêter sur le sort de Delphine.

Et Colette de me confier son premier coup de fil à mes parents (suivi de beaucoups d’autres). Elle était tombée sur Jean Poirotte et lui avait expliqué le problème. Puis tout à coup « je ne vous ai pas dit de quelle fille il s’agissait » « Oh répondit Jean Poirotte, c’est Pulchérie évidemment, ça coule de source« .

« Et nous qui pensions que tu avais un peu exagéré l’autre soir… » « Ma pauvre, bon courage pour la suite« .

Voilà, vous savez tout. Reste le retour de Crête qui fut épique aussi…

Car la vie n’est qu’un long calvaire…

Les supers vacances en Crête (part 2/3)

Les_supers_vacances_en_cr_te_2Retour au club en rentrant d’Héraklion (le car n’était plus looong vu que j’avais fait la séance « claques » (une chacune, et pas bien forte, je n’étais pas une brute)) Douche des filles.

  • Maman on peut aller dans la salle de jeux pendant que tu te lave ?

  • Oui mes chéries, voici des sous, et ne prenez pas l’ascenseur (3 étages, nous sommes au second et la salle de jeux au premier sous sol)

  • Ouiiiii on sait, tu nous l’as répétéééé 136 fois (et nous on t’as désobéi 136 fois mais motus, elle n’en saura rien cette pauvre Mouth débile…)

C’était en effet un ascenseur sans porte, avec parois déroulante. Mes parents avaient le même, mais muni d’une sécurité… Celui là, non. Elles avaient donc interdiction formelle de l’emprunter sans moi.

Départ de l’équipe de fer. Je sors de la douche et je termine la séance démêlage de tignasse quand Delphine déboule, en larmes, bouleversifiée : « maman ! Pulchérie s’est blessé le pied dans l’ascenseur, ce n’est pas grave, mais elle crie très fort, pauvre Pulchérie ! Pauvre Pulchérie ! »

Elle s’écroule sur mon lit, au bord de la crise de nerfs, en criant toujours « Pauvre Pulchérie ! » pendant que j’enfile à la  hâte un caleçon et un T shirt et me précipite dehors. Dès l’attaque de la descente de l’escalier, hurlements horribles : c’est ma fille, je reconnais le krikitu, elle est vivante, mais j’ai les jambes qui tremblent, et encore plus quand j’arrive au niveau de l’accueil ou je bifurque vers le krikitu : la porte de l’ascenseur est pleine de sang, cela fait une traînée du haut en bas et la réceptionniste est livide qui m’indique d’un doigt tremblant le niveau inférieur. J’arrive au niveau salle de jeux en suivant une trace sanglante,  où un homme plutôt verdâtre porte ma fille qui hurle. Il va tomber dans les pommes c’est sûr et me la faire tomber, en plus !

Je regarde le pied de Pulchérie que ma vue fait taire un instant et mon coeur manque un battement. Je hurle « hôpital ! » à l’homme qui va s’évanouir et je récupère ma puce pour m’écrouler sur un canapé en la portant comme je peux (pendant qu’il s’affale sur le sol, ne pas compter sur les hommes quand ça saigne en pendouillant). Elle hurle à nouveau (pas de claque pour avoir pris l’ascenseur, c’est bon, je peux crier). Cela a l’air grave mais c’est tellement sanglant que tout le monde se détourne en pâlissant (jamais vu autant de personnes blèmes en même temps depuis…). Moi je sais que c’est grave (je peux tout regarder sauf si cela concerne les yeux), j’ai peur, j’ai mal pour elle.

Le chef de l’établissement arrive à la hâte, très pâle également (il est responsable de la sécurité et dans l’ascenseur il n’est pas précisé que les enfants doivent être accompagnés : normes grecques). Il me kidnappe ma fille et part avec deux interprètes à l’hôpital le plus proche, Rethymnon. Je pars récupérer Delphine toujours au bord de la crise de nerfs pour la confier au couple d’amis qui ont un fils « ne t’inquiète pas on s’occupe d’elle », et je pars à mon tour avec le chef des sports. Arrivée à l’hôpital où l’on trouve la bonne salle au son du krikitu Un médecin est en train de répandre du liquide sur le pied de Pulchérie (probablement un anesthésiant) et elle se calme rapidement, en précisant « ça va beaucoup mieux ». Examen attentif de la blessure, grimaces du médecin. Echanges. Le médecin parle en grec au premier interprète qui traduit en anglais au deuxième, qui traduit en français.

« Ils ne peuvent rien faire ici, elle part en ambulance pour Héraklion immédiatement » (j’en viens, ils se moquent de moi ?). Moi il me faut retourner au club ou tout le monde m’attend, anxieux et où  surtout j’ai Delphine que j’ai laissée en larmes, et aussi pour prendre de quoi m’habiller, (je ne suis vêtue que d’un T shirt et d’un caleçon et uniquement de ça). Le chef d’établissement précise que j’ai 3/4 d’heure au club pour régler mes problèmes (et lui, faire nettoyer son ascenseur je présume) En mangeant un morceau je confie Delphine aux amis. Celle-ci est silencieuse et visiblement traumatisée. Tout le monde me rassure : on va recoudre Pulchérie, ce n’est rien. Non… La recoudre ils pouvaient le faire ailleurs. Je ne dis rien, on prétend toujours que je suis pessimiste. Je prends mon sac à main avec le nécessaire, j’enfile une culotte et un soutif (oubliés lors du premier habillage à la hâte) + un peigne et une brosse à cheveux dans mon sac.

Au moment où nous partons avec le chef d’établissement (et 1/2 heure de retard), téléphone : Pulchérie est entrée au bloc de l’hôpital d’Héraklion, inutile de rouler comme des cinglés (car les grecs roulent comme des cinglés) , il y en a pour trois heures au moins. Et moi je ne sais rien. Je ne sais pas ce qu’on va lui faire, ce qu’elle a exactement…. Arrivée à l’hôpital où on me laisse dans la salle d’attente. Le chef d’établissement a prévenu Europe Assistance auprès de qui j’ai souscrit… et il est désolé de devoir me laisser là… Il a de la paperasse à faire rapport à l’accident de ma fille « madame excusez-moi »… Je sens qu’il me hait et ma fille 10 fois plus…

J’attends, des heures me semble-t-il. Pulchérie apparaît enfin, sur un brancard mais bon. Elle est bien réveillée. Elle regarde son pied sous le drap « maman j’ai un plâtre ! ». Allons bon ! Pourquoi diantre un plâtre sur une blessure de ce style ? Je vérifie : elle ne délire pas. Bisous maman… Le médecin ne parle qu’anglais, je n’y comprends rien. Il confie la petite à une infirmière adorable : Nickie qui a l’air d’aimer beaucoup les français. Mais elle n’en parle pas un mot, et pas plus d’anglais. Nous parlerons par signes (ça marche très bien quand on sait que quand on fait non de la tête, pour les grecs ça veut dire oui, et inversement, mais dur dur de supprimer une habitude remontant à toujours… (d’ailleurs pour dire oui ils disent « na », et moi je comprenais toujours « non »)

Nous voici dans une petite chambre où il y a déjà deux enfants. Les parents rouspètent à l’arrivée du lit de Pulchérie (aucun enfant crétois ne séjourne à l’hôpital sans quelqu’un de sa parentèle à ses côtés). On me donne un fauteuil. Pulchérie s’endort suite à l’anesthésie générale, et moi je me sens d’une solitude absolue, perdue dans un cauchemar.

3 heures du matin : Nickie arrive « téléphone ! ». Je suis surprise mais j’y cours. C’est Europe Assistance. J’en pleure de joie d’être épaulée, soutenue, réconfortée, en français… Le représentant passe me voir le lendemain, et on avise (rapatriement ou pas…). Je dors un peu dans mon fauteuil après cet appel miraculeux. Je note ici qu’il est absolument fabuleux de voir la capacité de réaction de ces gens qui vous savent seuls et perdus… C’est un réconfort absolu.

Le lendemain, on nourrit bien ma fille, mais pas moi, ce n’est pas prévu. Les familles des enfants voisins (une jambe brisée avec des broches dépassant de partout, et un bassin fracturé pauvres petits pères) me donnent gentiment à manger. Il y a des barbecues sur les balcons, c’est très spécial. Pour les soins aussi : on s’occupe bien de Pulchérie, mais ratage de bassin et pipi dans le lit : c’est à moi de changer les draps en allant me servir dans la buanderie (et je suis vachement douée pour changer les draps de quelqu’un qui ne peut pas bouger et doit garder la jambe surélevée sur 5 oreillers). C’est écrit en grec dans la buanderie, c’est pratique (mais bon là-bas l’hôpital c’est gratuit). Pas de médecin, juste des infirmières pour les soins classiques et changement de perf. J’insiste auprès du représentant d’Europe Assistance qui est arrivé vers 10 heures : je veux rentrer en France. Je ne peux pas laisser Delphine seule comme cela et puis, j’ai peur médicalement parlant. Qu’a-t-on fait à Pulchérie ? A-t-elle été bien soignée ?

Finalement il y aura une part 3…

Parce que la vie n’est qu’un long calvaire…

Les super vacances en Crête

Je vous ai déjà parlé des départs en vacances il me semble, maintenant, telle la Comtesse de Ségur voici les vacances, pas toutes bien sûr parce que…

Il y a dans ma vie les supers vacances en Crête dont les filles et moi gardons un souvenir ému… J’ai l’autorisation de Pulchérie de parler de cette histoire mémorable.

Divorce réglé, argent de la communauté touché, je décide d’emmener les filles en juillet passer deux semaines dans un club de vacances en Crête. Surprise…

J’avais choisi un club avec un club enfants, pour pouvoir me détendre sans avoir constamment les filles sur le dos, et surtout excursionner sans elles, gardant des souvenirs émus des excusions imposées par Mrs Bibelot quand j’étais petite (je détestais). Et ce club très précisément pour faire du parachute ascensionnel au dessus de la méditérannée…

Arrivée au club après un voyage éprouvant (et surtout très long, comme tous les voyages), chambre super, dîner super, gens sympas, tout va bien. Les filles sympatisent avec un garçon dans leurs âges, du coup les parents et moi avec… Un groupe se forme déjà qui le restera jusqu’à la fin, c’est comme cela l’humain…

Premier matin où tout le monde débarque en pensant « premier jour de vacances »  : démission du responsable du club enfants. Pas de club enfants donc. Le zodiac destiné aux parachustistes tombe en panne à 11 H 30 alors que je vais m’inscrire : il ne sera jamais remplacé (comme le responsable du club enfants). Arrivée d’un nouveau cuisinier : le buffet crétois typique se comporte de vagues tzatzikis et tomates fêta + du porc à toutes les sauces (nous nous sommes beaucoup balladés dans l’île sans jamais voir un seul de ces animaux), avec de la purée, des pâtes et quelques tomates… Desserts à l’anglaise : de vagues gelées et mousses diverses… Déception de beaucoup : on se croiraît au Saufitelle.

Le prix des excursions n’est pas celui annoncé par l’agence (tout le monde s’insurge mais les prix ne baissent pas), et il me faut payer en plus (ce qui n’était pas prévu au départ, pour tous les parents idem) pour les filles (qui n’ont pas de club enfant…)  qui du coup sont toute la journée avec moi. Elles préfèrent la piscine à la mer ces enquiquineuses, j’aurais du mal à de temps à autre aller me tremper dans la grande bleue… (avec deux martyres de la mer à mes côtés, préférant faire splatch dans la piscine sous prétexte qu’elles détestent le sable et que la mer c’est salé…(le chlore ne les dérangeant pas))

3 jours après l’arrivée tout le monde tire la tronche : rien de ce qui était annoncé de bien ne fonctionne. Les groupes se soudent (les français contre les belges en règle générale, allez savoir pourquoi eux on leur fait des frites alors que nous voulons manger crétois ! et qui eux s’amusent bien). Je suis la seule femme seule avec des enfants, mais il y a d’autres célibataires toutes féminines. Nous nous organisons des promenades et excursions nous-mêmes. Certains attendent la fin des deux semaines avec hâte (c’est un comble) et tout le monde mitonne la lettre qui va être envoyée par tout le monde à l’agence, au retour… Nous découvrons que les belges pour le même prix ont droit à 3 semaines (bien fait pour eux, mais c’est d’une injustice flagrante). Puis je décide de faire l’excursion du siècle à Héraklion où nous passons la journée.

Les filles rouspètent parce qu’il faut se lever tôt. Le car c’est loooong… La visite des ruines du palais du Minautore les gaaaave profondément, les histoires mythiques crétoises elles s’en taaaapent. Déjeuner au restaurant où nous mangeons enfin crétois (« maman je préfèèèèère le porc ! »). Puis visite du musée d’Héraklion où va avoir lieu la séance « claques » que je retiens depuis le matin (j’avais tort, il valait toujours mieux débuter par elle, après j’avais la paix). Sur quelques photographies prises dans le musée, le visage des filles est un peu crispé, puis enfin, elles admirent un peu, et sont bien sages… Le retour en car se passe bien. Reste la soirée…

La veille au soir, nous avions longuement discuté entre parents des bêtises de nos enfants, pendant que les trésors jouaient dans la salle de jeux (importante pour la suite) où c’était donné et où ils dépensaient toute notre petite monnaie (quasi rien en Francs, car c’était bien avant l’idée même de l’Euro). Pulchérie avait remporté la palme des bêtises dans un éclat de rires général, mais j’avais bien senti que l’on pensait que j’exagérais (même pas…) sur ce coup là, les célibataires ne regrettant plus de ne pas avoir d’enfant…

La suite allait le leur prouver… Que je n’exagérais même pas…

Les filles on part en vacances !!!!!

Echaudée par un départ en vacances annoncé trop tôt (c’est quand dans une semaine ? C’est quand après demain ? c’est quand demain ? aujourd’hui on est demain ?), je préparais les valises en douce pendant que les filles faisaient de la soupe dans le jardin avec de l’eau, de l’herbe et un sac de plâtre oublié par le plâtrier (un saladier de fichu entre autres) sous l’oeil intéressé de la chienne et du chat, qui adoraient les inventions des filles (ils étaient bien les seuls à l’époque).

Les filles en voiture (leur cousine devant nous rejoindre le lendemain par avion avec billet « enfant voyageant seul » façon de parler tout l’équipage s’occupant de l’innocente), Albert un mouchoir à la main, me voici partie sur le coup de 18 heures avec la chienne et mes deux gamines pour faire 800 km et rallier les Saintes Maries de la Mer où mes parents prenaient pension 1 mois par an (toujours juillet, août ils ne pouvaient pas), et nous attendaient de pied ferme.

Albert devant nous rejoindre pour la dernière semaine. Après nous devions rallier une autre villégiature en bord de mer pour y passer 3 semaines et continuer à y martyriser les filles (avec sadisme, on l’aura compris).

Je ne vous parle pas des bagages encombrant le coffre de la grande voiture dont le réservoir faisait très exactement 81 litres (j’ai évoqué le sujet de l’obsession d’Albert avec le contenu exact du réservoir) : « tu n’auras pas à refaire le plein ma chérie ». Et dont le quart seulement du contenu était utilisé au retour (je parle des bagages, le réservoir ayant ses limites)…

Au bout de 3 km « quand c’est qu’on arrive, c’est long ! ». Que celui qui n’a jamais entendu cette phrase fatidique alors qu’il y a 800 km à faire, me jette la première valise (excepté ceux qui n’ont pas d’enfants bien entendu). Que celui qui ne l’a jamais prononcé en fasse autant (sauf s’il n’a jamais fait plus de 3 bornes en train ou en voiture…)

Ne pas déprimer du tout. Je me disait qu’il était 18 heures 05, qu’elles étaient crevées et qu’elles allaient dormir, ayant mangé avant de partir (la salade de riz et le riz au lait, ça plombe l’estomac). Une mère c’est toujours un peu innoncent et ce, jusqu’à un âge avancé.

Venait le moment où elles se demandaient qui prenait le plus de place à l’arrière et décidaient que c’était dégoutant que l’autre prenne plus de la moitié du siège. Coups de pieds, crêpage de cheveux, hurlements dangereux pour la concentration du conducteur. Eh non à l’époque le réhausseur n’était pas obligatoires, on se contentait de leur boucler une ceinture qu’elles débouclaient immédiatement (pas obligatoire, on renonçait rapidement).

Premier arrêt « claques » (j’étais une mère indigne) à l’entrée de l’autoroute au bout d’une demie heure, sous l’oeil horrifé d’un routier à qui Pulchérie tirat la langue (ce trésor…) Il fut encore plus horrifié sans doute à mon départ, car le lendemain elles m’avouèrent lui avoir montré leurs fesses au démarrage, ces petits coeurs.

Après, un grand calme miraculeux… mais j’étais intriguée par le fait que tous les conducteurs de camion que je doublais, ricanaient TOUS… En fait les filles s’étaient déculottées , et donc montraient leur petit cul cul à tout le monde… Un gosse qui pleure après le deuxième arrêt « fessée » n’est pas long à s’endormir, et nous voici arrivées sur le coup de minuit trente, et Albert rassuré m’aboyant dans l’oreille « à combien tu as roulé ????? » « Ben 180 il n’y avait personne sur l’autoroute » (exact, c’était en milieu de semaine vers le 7 juillet). Lui en effet se traînait à 50 au volant de la Mercédès sans doute ? et les radars ne pullulaient pas comme de nos jours… Moi j’allais toujours trop vite (6 H 30 pour 800 bornes avec personne sur la route, c’était honnête) (et ce n’est pas moi qui se fit prendre à 250 au lieu de 90 et condamner à rouler à bicyclette pendant 3 mois, ceci après notre séparation, ce qui me fit bien ricaner, (je sais je suis une garce immonde)).

Albert m’ayant quitté et le divorce ayant été prononcé, un peu à l’aise rapport à ce que j’avais touché, le juge ayant trouvé mes exigences normales, je les emmenais en Crète pour deux semaines, dans un centre prévu pour les enfants (on notera qu’elles étaient réellement martyrisées). Silence sur ce voyage, bouclage des valises en grand secret et réveil des filles au son de « on part en voyage dans 1 h » (et ne protestant même pas d’être réveillées de bonne heure) et direction l’aéroport où pour une fois elles furent sages, assises avec leurs petites robes et chapeaux sur les deux trois valises, et un peu angoissées de la disparition de leur môman, alors que j’allais me renseigner sur le retard de l’avion, les ayant confiées à un vigile attendri (pauvre naïf).

Dans l’avion elles furent un peu impressionnées le temps du décollage. Après elles eurent soif, faim, et envie de faire pipi toutes les 15 minutes (c’est rigolo les toilettes dans l’avion, et l’hôtesse qui donne du chocolat chaud et un croissant dès qu’on meurt de faim). Elles boudèrent les crayons de couleur et le papier offerts par une hôtesse aguerrie, et repérèrent tout de suite les copains qu’elles pourraient se faire à grand renfort de courses dans l’allée centrale. Pas de bol ils étaient dans un autre club, celui que j’eusse dû choisir, le mien se révélant pourri…

Mais cela c’est une autre histoire… Un enfant en avion ne risque pas de faire une phlébite lui, c’est moi qui vous le dit.

Je m’égare. Le « quand c’est qu’on arrive » est la phrase clef du départ en vacances, à renoncer d’y aller…

(Non mais sinon c’était des anges. Elles étaient juste vivantes mes petites puces que j’adore… Mais la vie n’est qu’un long calvaire)