Moi aussi je faisais la cuisine

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Jour d’ennui sans doute, ou de lassitude devant la cuisine familiale, un beau jour j’ai décidé de me mettre à cuisiner. Je devais avoir environ 13 ans.

En fait c’était chez mes grands parents paternels chez lesquels j’adorais passer mes vacances (ils avaient la télévision et en plus je les adorais, j’alternais avec Mrs Morgan chez qui c’était super aussi, et qui avait également la télévision, oui je sais on dit TV maintenant, mais mes parents étaient contre (il eusse fallu que je le leur dise, et maintenant c’est trop tard)) J’ai comme un souvenir très vague de mon grand père se forçant un peu pour me dire que c’était excellent. Tout ce dont je me souviens avec une certitude absolue, est que j’ai attaqué par un dessert.

Des iles flottantes caramélisées. Le pauvre homme détestait le lait et donc la crème anglaise, et le caramel (impossible pour moi de comprendre que l’on puisse détester le caramel, donc la nougatine). (Admirons au passage l’abnégation de cette génération qui avait connu la guerre et les privations et lui le stalag pendant 5 ans, et qui pouvait ingurgiter n’importe quoi sans broncher ou presque, ma grand mère ayant interdiction de lui servir des rutabatrucs)

Cela n’a l’air de rien mais c’est très difficile à faire (les îles flottantes), surtout si comme moi on a la fâcheuse habitude (pas perdue depuis) de ne pas lire une recette jusqu’au bout avant de commencer (pour découvrir à 16 heures qu’il faut laisser au frigo pendant 24 heures… avec des invités attendus pour 19 H 30, direction le boulanger qui n’a plus qu’une bombe glacée naze à me proposer)

J’ai donc fait tourner 2 crèmes anglaises (en gardant les blancs d’oeufs), avant d’aboutir à la crème parfaite (2 heures à touiller et ma grand mère inquiète pour ses oeufs de réserve, m’intimant toutes les 30 secondes de ne pas hausser le feu sinon « c’est l’échec assuré »).

J’ai lu trop tard qu’il fallait réserver un peu de lait pour y faire pocher les blancs (en quantité, on l’aura compris) et opté pour le pochage à l’eau sucrée habilement suggéré. Très réussi, sauf que la poêle était ruinée par le caramel se formant au fur et à mesure. Du coup j’ai abandonné la poêle pour faire mon caramel final et pris une casserole. Le téléphone a sonné, c’était pour moi : meilleure amie s’ennuyant en Bretagne (je l’aiiiiimeeuu ! il me manqueeeuuu !). Casserole défunte à son tour. Mais je suis arrivée au bout de ma recette que j’ai voulu agrémenter avec des amandes grillées. Vite une poêle ! Et vlan le programme TV de demain : j’y cours.

Rien ne brûle plus vite que des amandes effilées dans une poêle et la poêle avec (j’en ai ruiné 9 de poêles y compris 3 à Mrs Furoncle, je sais de quoi je parle). Ma grand mère stoïque me laissa achever. Jeta les récipients décédés à jamais, récura la cuisine et mangea la part de son mari au bord de l’évanouissement (il détestait vraiment le lait et le caramel).

Pas grave, le surlendemain je leur ai fait un gratin de crustacés un peu trop salé mais sinon pas mauvais… Pour eux qui avaient connu la guerre, c’était un calvaire de plus, mais bon les grands parents se doivent d’être indulgents…

Je ne sais plus le nombre exact de pannes de cuisinière, ou de coupures intempestives de gaz qu’elle a pu avoir ma grand mère, quand je prononçais le mot fatal « je nous ferais bien un petit plat »…

MAIS : la vie n’est qu’un long calvaire….

Les filles ça cuisine aussi (ça en fait des choses)

Filles_et_cuisineVous pensiez tout savoir sur les filles avec mon billet de 3 km sur « conseils utiles aux ignorants… », et les autres. Et bien NON. Et encore je suis loin de la fin !

Un jour où elle ne sait pas quoi faire « mamannn j’m’ennuuiiiie », la fille décide de faire de la cuisine. La première fut Pulchérie qui devait avoir 12 ans, et s’ennuyait mortellement pendant ses vacances, les occupations proposées par Mrs Bibelot et moi même étant ringardes comme de coutume, et sa meilleure amie (Vivie) partie.

La fille ne va pas se faire la main sur du bête pain perdu ou des oeufs sur le plat, ni même une salade de tomates. Elle attaque direct avec une recette de dessert de préférence, bien compliquée.

Munie de tous les ingrédients et du livre célèbre « la cuisine de Tante Hortense » que Mrs Bibelot tenait de sa grand mère et annoté de partout, Pulchérie s’est donc enfermée dans la cuisine pendant 3 longues heures, sa soeur regardant pour la 35ème fois « la folie des grandeurs » et ayant décidé de fuir la cuisine avec un instinct très sûr.

De la cuisine nous parvenaient des bruits de casseroles, de plats violemment posés sur la table, tout un remue ménage inquiétant, d’autant qu’aucun bruit d’eau ne venait nous rassurer sur l’état futur des ustensiles de cuisine qu’elle avait tous monopolisés.

Quand elle a émergé pour aller regarder une niaiserie à la télévision, la cuisine ressemblait à Berlin en mai 1945 et une superbe tarte aux fraises nous attendait. A nous le récurage des plats (il en faut autant pour faire une tarte ?) et de la cuisine.

Pour la tarte elle avait pris pour la pâte la recette de « la pâte à sablés » (le gâteau) et non pas la recette de la pâte sablée. La tarte était exquise (rendons lui cette justice), mais ne résistait pas au découpage, c’était dramatique et le grand père y a laissé sa réputation de découpeur hors pair.

Comme elle s’ennuyait ferme, nous avons eu droit aux éclairs au chocolat faits maison, à la tarte à la rhubarbe, à la bête mousse au chocolat, aux îles flottantes pralinées, à la crème renversée, à la tarte au citron meringuée, aux choux à la crème, à des charlottes multiples et variées. Il était temps que sa meilleure amie (Vivie) rentre de vacances, nous avions tous pris 3 kg.

Ne pas rentrer dans la cuisine pendant que la fille oeuvre, c’est dangereux :

  • Elle peut vous réquisitionner pour laver les plats et saladiers, vous avez tout le temps, toute la nuit devant vous

  • Vous lui faites peur : elle relève le fouet des blancs qu’elle bat en neige sans arrêter le batteur et vous vous retrouvez entièrement moucheté

  • Vous pouvez glisser sur une coquille d’oeuf : un accident est si vite arrivé

  • Elle vous demande l’oeil mauvais si les fraises sont fraîches : vous jouez avec votre vie.

Pulchérie était la reine du riz au lait. Elle mettait le riz au lait en route et l’oubliait. 4 casseroles de flinguées dé-fi-ti-vement… (j’ai tout essayé même le HCl pur et la soude caustique, pas en même temps, mais contre 5 cm de carbonisé, on ne peut rien…)

Delphine elle, a directement attaqué une salade ultra composée. On n’a jamais retrouvé la recette, elle avait fait des variantes délicieuses mais ne se souvenait plus lesquelles…

Quant au nettoyage de la cuisine après avoir oeuvré, elles ont mis du temps à s’y mettre… Une fille en cuisine c’est du boulot pour la mère, même si elle a fait le repas…

Car la vie n’est qu’un long calvaire…

P comme Parent d’élève 2ème

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J’ai bien sûr déjà abordé le sujet… Un beau jour, on cesse d’être une personne ordinaire, on devient parent d’élève. Dur dur.

Ce soir en allant à la pharmacie, je me suis remémorée une lutte dont j’avais oublié l’existence. Une lutte contre des bestioles immondes que rapportent (parfois) nos chères têtes blondes, brunes ou rousses.

Devant moi donc, une femme achetant le nécessaire absolu anti poux. Oui vous avez bien lu : poux hiboux cailloux genoux. Lotion, shampoing, peigne électrique qui paraît-il les tue direct quand on le passe dans les cheveux. Elle a laissé une somme rondelette au pharmacien ravi.

Quand que j’étais petite (la préhistoire je vous dis), une fois par mois une infirmière venait à l’école inspecter toutes les têtes. L’enfant porteur était immédiatement traité et ne pouvait revenir qu’après une visite de contrôle attestant qu’il était exempt de bestioles. Maintenant au non de la non exclusion, ce genre de pratique est interdite.

J’ai eu la chance et mes frères et soeurs avec moi, de ne pas avoir de « tête à poux ». Comme il y en a qui attirent ou repoussent les moustiques, les aoûtats ou autres bestioles, il y aurait ou non des têtes à poux.

Hélas, mes deux filles rentraient dans cette catégorie. Têtes attirant les poux, Delphine attirant en plus les moustiques (le meilleur anti moustiques que j’ai eu à la maison, depuis qu’elle est partie ils me repiquent), Pulchérie étant boudés par les moustiques mais cible de prédilection pour les aoûtats. J’étais prête à accepter cette fatalité, mais certains parents non. A tel point que certains au son de « mon enfant est propre », ne regardent jamais la tête du leur quand un mot est affiché style « attention, les poux sont de retour ». Mon ex méchante belle soeur était de ce style et le furoncle en son absence dû traiter ses deux enfants infestés par les bestioles : elle se refusait même à regarder si…

Pulchérie revint du CP un beau soir en se grattant la tête. Examen rapide et consternation. 3 bestioles minuscules se balladant dans son cuir chevelu. Direction la pharmacie pour acheter tout ce qu’il faut, désinfection en règle, lavage de tout ce qu’il se doit, et désinfection préventive de Delphine.

Cela dura tout le CP. On me déroulait le tapis rouge à la pharmacie au son de « si les autres parents ne traitent pas ça ne sert quasi à rien… » La maitresse a qui je signalais honnêtement le problème me rétorqua un beau jour, d’un air excédé que j’étais la seule à me plaindre. Forcément cela venait de moi et d’une hygiène douteuse…

Sortie de fin d’année, j’accompagne les trésors. Dans la classe de Pulchérie, une petite Valentine dont les cheveux jusqu’aux genoux faisaient l’admiration de tous. Une autre maman et moi avions sympathisé et réuni nos deux groupes pour n’en faire qu’un (et passé notre journée à compter jusqu’à 12). Nous avons donc remarqué toutes les deux que la petite Valentine passait son temps à se gratter. La tête, les épaules, le dos, les cuisses. Là, l’autre me signale à voix basse, comme honteuse qu’elle a passé son année à traiter sa fille contre les poux, sans oser en parler, s’étant faite rembarrer la première fois par la maîtresse… Je découvre donc que je n’étais pas la seule…

Nous soulevons la splendide chevelure de la gamine. Elle grouillait de poux. Des poux adultes. Je ne pensais pas que cela pouvait devenir aussi gros, n’ayant trucidé chez Pulchérie que des bébés et des lentes. La gamine était couverte de piqûres dans le dos, sur les épaules, partout où ses cheveux la touchaient. La rage nous prend et nous appelons la maîtresse en train de contempler les ours polaires au zoo de Vincennes. Cris horrifiés de cette dernière quand elle découvre le carnage, et l’autre maman et moi en train de lui signaler qu’elle ferait mieux de réfléchir dans l’avenir quand on lui signale des poux, avant d’envoyer bouler la mère qui se plaint. Car celle qui se plaint est celle qui traite en vain…

Le temps passe, jusqu’au CM2 et là, rebelotte dès la rentrée. En plus, Pulchérie qui dort avec sa soeur, l’infeste à chaque fois. Je signale à l’instit, un vieux de la vieille qui passe une annonce. Il voit bien lui, que certains se grattent et que certains parents haussent les épaules quand il le signale discrètement. Et on traite, on traite, on se ruine en produits, en lessives, en insecticide (faut tout désinfecter). En plus, certains produits deviennent inefficaces. J’ai récupéré des « vivants » après un temps de pause de lotion multiplié par 4… Jusqu’au jour ou deux mamans et moi demandons à l’instit de frapper un grand coup. Ras le bol de traiter nos gamines (les produits irritent Pulchérie qui en a des croutes sur la tête, une de ses copines aussi), de chercher le produit miracle. En fait une multitude de parents se plaignent régulièrement.

Il passe donc une annonce bidon comme quoi, devant les plaintes répétées de certains parents las de traiter leurs enfants alors que d’autres ne font visiblement rien, il va procéder lui-même à l’inspection de toutes les têtes et demander l’apport d’une infirmière pour cette inspection qui aura lieu jeudi (c’était un mardi)… Bien évidemment c’était faux, aucune infirmière ne se serait déplacée, comme au bon vieux temps…

La pharmacie du village a été dévalisée, mais l’épidémie a été stoppée net en mars (il était temps)… Le pharmacien nous déclara que certaines étaient venues, l’air pincée lui demander la totale pour le caz-où… avec un gosse se grattant frénétiquement… Mais elles n’avaient pas regardé bien sûr : comme ma connasse de belle soeur, leurs enfants ne pouvaient pas avoir de poux…

C’est LA lutte qui m’a le plus horripilée et le plus ruinée au cours de ma carrière de parente d’élèves (Delphine ayant eu ses épidémies également une fois sa soeur partie au collège où elle ne récolta plus rien)

Désolée si certains pensent que leurs enfants ne peuvent pas avoir de poux parce qu’ils sont propres : ce style d’invasion n’a rien à voir avec la propreté, et ce ne sont pas forcément les mieux tenus qui sont porteurs…

Je vous quitte, du coup ça me gratte…

Ah oui j’oubliais : la vie n’est qu’un long calvaire…

P comme Parent d’élève…

Parents_d__l_vesVous étiez parents tout court, et puis un beau jour le petit ou la petite passe le seuil de l’école maternelle, et vous voilà parents d’élève…

Vous allez devoir affronter des instituteurs successifs, avec lesquels le courant ne passera pas forcément (mais pour le bien de l’élève on la boucle), des bulletins qui se seront pas tous glorieux, et puis surtout, surtout, d’autres parents d’élèves.

Je faisais partie de ceux qui n’ont pas trop de questions à poser à la réunion fatale du début d’année : l’instituteur va se charger de nous mettre au courant. D’autres le devancent tout de suite avec une liste de 3 pages car ils n’ont que des questions et des objections à tout : repérez les, ils vous gonfleront pour toutes les réunions à venir, si vous ne déménagez pas. Les enfants en effet se suivent généralement d’une classe a l’autre.

Pulchérie avait une copine de CM2, (pendant que Delphine débutait son CE1 dans cette école où elle allait faire tout son primaire) dont la mère m’a pourrit la vie pendant toute l’année scolaire. A savoir qu’elle était en compétition, via sa fille, avec tous les autres parents d’élèves. Pas de chance pour elle, la classe était dominée depuis le CP (Pulchérie tombait là tout à coup) par deux têtes d’exception que sa fille n’avait aucune chance de battre. Je savais par contre par Pulchérie, toujours honnête et outrée par la triche, que Ludivine copiait plus que largement sur une des deux têtes d’où une baisse de résultats si une grippe venait à terrasser l’autre.

La seule conversation de cette femme était « combien Pulchérie a-t-elle eu à sa compo de maths ? 17 ? Ludivine a eu 1/2 point de plus » (m’en fous). « Jusqu’à quelle heure Pulchérie travaille-t-elle le soir ? Ah mon dieu, Ludivine révise jusqu’à 22 heures » (m’en fous toujours). Elle prenait la parole dès le début d’une réunion et ne la rendait à l’instituteur qu’après l’intervention exaspérée d’un autre parent (elle était brouillée quasiment avec tous, d’où son affection pour moi, fraîchement débarquée « en CM2 »).

Passage en sixième, Pulchérie échappe à Ludivine qui se retrouve dans une autre classe, sans les grosses têtes. Je me croyais débarassée de la mère : j’avais tort. Je me suis toujours demandé si elle n’avait pas placé des micros espions dans ma voiture, voire même la maison de mes parents, pour savoir quand j’en sortirais. Je la voyais surgir, poussant la poussette de son 4ème pour me raconter les déboires de Ludivine travaillant jusqu’à minuit à s’en user les yeux (bien fait la copieuse) et s’enquérir des (bons) résultats de Pulchérie qui la consternaient dans la mesure où elle s’était traînée derrière l’autre avc 1/2 point de retard pendant le CM2. Il m’a fallu lui préciser un jour « les résultats scolaires de Ludivine ne m’intéressent pas du tout, d’ailleurs demandez-vous pourquoi elle s’en sort mal sans Charlène à proximité » pour en être débarrassée (je sais ce n’est pas charitable, mais il faut ce qu’il faut, je n’allais pas me l’appuyer une année de plus). Elle m’a quittée ce jour là rouge comme une framboise et outrée, mais bon c’était pour une bonne cause (la mienne).

Il y a plusieurs sortes de parents d’élèves, que l’on retrouve partout :

  • Ceux qui trouvent qu’il y a trop de devoirs

  • Ceux qui trouvent qu’il n’y a pas assez de devoirs

  • Les lèves tôt qui étaient pour le maintien de la classe le samedi matin pour filer faire leur plein à l’hypermarché sans la compagnie de leurs têtes blondes (ou brunes)

  • Ceux qui étaient contre le maintien de la classe le même jour, car ils ont des milliers de choses à faire dès le vendredi soir, y compris filer en province (maintenant c’est de l’histoire ancienne)

  • Ceux qui prennent l’école pour une garderie et y envoient leurs enfants avec une maladie bien contagieuse. Exaspération de l’instit qui voit les rangs se creuser.

  • Ceux dont les enfants n’attraperont jamais un pou, donc, ils ne leur regardent pas la tête et ils ont tort : c’est leur gamin non traîté qui en refile régulièrement aux autres, merci pour les parents qui traîtent leurs enfants (là c’est le terrain miné par excellence)

  • Ceux qui vous toisent parce que leur môme a 1/2 point de plus que le vôtre nananèreu !

  • Ceux qui sous prétexte que vous êtes au chômage donc disponibles, vous refilent leur pétition à faire circuler (que l’on benne vu qu’on n’est pas d’accord avec le samedi non libéré).

  • Ceux qui militent contre l’instit excellent qui est trop sévère, à l’ancienne qui exige du respect non mais, ils rêvent, pour militer l’année d’après contre l’instit qui remplace le précédent cité qui est parti à la retraite et a été remplacé par un jeune franchement trop cool : ils rêvent encore. Ceux là ne seront jamais contents de l’instit sans se poser de question sur leur môme dont ce n’est forcément pas la faute s’il galère parce qu’il n’en glande pas une.

  • Ceux dont l’enfant n’est qu’un pauvre bouchon innocent, alors que votre môme n’est qu’une teigne infâme, même si le bouchon innocent lui a ruiné le tibia droit.

Bon courage à tous et vous saurez pourquoi la vie n’est qu’un long calvaire, car quand le trésor adoré rentre à la maternelle, vous en avez pris pour 15 ans s’il n’y a pas de loupé.

La vie n’est qu’un long calvaire…

Les filles dorment dans une chambre (enfin on appelle cela comme ça)

Chambre_en_fouillisEt oui je sais, ce titre est trop long…

Quand elles étaient petites, Pulchérie et Delphine avaient chacune leur chambre. Elles passaient d’ailleurs leur temps à s’installer l’une chez l’autre, passé 20 H 30, discrètement qu’elles croyaient (la charge de la brigade légère sur ma tête tous les soirs). Puis vint l’époque des vaches maigres et un retour chez mes parents, où nous partagions une immense chambre, coupée en deux par deux placards. Leur méthode de rangement s’opposait farouchement à la mienne, encore que je suis loin d’être maniaque (heureusement), et il y eut des frictions, après la nuit où me levant sans bruit, je posais le pied sur une chaussure de barbie renversée (ça fait mal les talons aiguilles !), et une autre fois sur une ceinture dont la pointe me perça carrément le talon (bon elles étaient réveillées malgré mes précautions, mais se percer le talon ça fait très mal (j’en entend qui rigolent… Il en faut pour percer le talon et ça se sent très nettement))

Arriva le moment espéré où j’eus mon chez moi, et les filles emménagèrent dans une grande chambre pour deux (pas les moyens de prendre plus grands, et la même surface avec trois chambres c’était moche). La chambre est vraiment grande et je l’avais joliment arrangée et coupée en deux par l’ameublement (je n’allais pas monter une cloison non plus, Jean Poirotte était contre, il faisait déjà les travaux de papier peint et montage de meubles en kit).

En bonne mère pas encore indigne, je rangeais régulièrement la chambre, n’y rentrant que munie de chaussures de sécurité (punaise dans le talon au début de l’histoire des posters, suivez bon sang !) et d’un casque pour me protéger d’objets tombant du plafond, Delphine adorant accrocher des objets au plafond (qui attend un peintre, maintenant qu’elle a retiré ses voilages de la dernière heure, merci de votre aide).

Je rangeais donc. Tiens des épluchures de Kiwi, tiens une chaussette (on ne trouve jamais la seconde pour faire la paire, c’est pour moi et d’autres femmes un mystère non élucidé : qu’est devenu la deuxième chaussette ?), tiens un slip, tiens un journal intime, tiens ma pince à épiler, tiens une tomate cerise, tiens sa dernière compo de maths (quoi ???? 3/20 ?????), tiens mon coupe ongle…

Le surlendemain tout était à refaire et je désespérais, quand une journaliste psychologue eut l’excellente idée d’écrire un article sur la chambre de l’adolescent. Je la cite en gros « passé un certain âge, délaissez sa chambre même si c’est un fouillis infâme (ça l’est). Si vous ne supportez pas cette vision, contentez vous de fermer la porte. C’est son territoire, il le gère comme il veut, il doit apprendre à le gérer »… Je n’écoute pas toujours ce qui est dit dans les journaux féminins loin s’en faut, mais là elle tombait bien cette psychologue et je ne demandais qu’à la croire.

Bénissant cette femme, j’appris donc aux deux filles que je ne mettrais plus les pieds dans leur chambre (youpee !) sauf pour récupérer ma pince à épiler (beeerk). Elles s’enguirlandèrent donc joyeusement, n’ayant pas du tout la même manière d’envisager la chambre de rêve. Pour Pulchérie c’était tout bien rangé, pour Delphine rien de rangé et « vive l’anarchie ! ». Pulchérie détermina donc une ligne idéale coupant la chambre en deux, et aucune épluchure de kiwi n’était autorisée à dépasser cette ligne.

D’où le choc en entrant dans la chambre (devinez pour quoi faire ?) avec deux chambres en une (même le plafond était coupé en deux). Le placard c’était idem : une étagère bonne pour l’armée la plus stricte du dictateur le plus infâme, l’autre en désordre avec le chat couché dessus, bien emmitouflé dans un pull douillet (et en vrac).

Une fois par mois elles décidaient de tout ranger et y passaient une journée, me laissant 2 sacs poubelles à descendre aux ordures (deux ? oui !) et le panier de linge sale débordant. En fait les crises de rangement débutaient par un « je n’ai plus rien à me mettre, que fait Mouth avec ses lessives ? tout est par terre dans la chambre faut qu’on range un peu ». J’avais en plus 4 machines à faire au minimum, ayant en bonne mère indigne décidé de ne pas laver ce qui n’était pas dûment mis dans le panier de linge sale.

Pulchérie partie, Delphine s’occupat de la chambre seule. Une fois par mois elle en changeait toute la disposition, et rangeait à fond, ce qui lui donnait des courbatures pour 4 jours. Le lit eut 27 places, dont une au milieu de la chambre, le dit lit transformé en canapé (relever un sommier pour faire dossier ne lui posant aucun problème, le tout étant de le fixer mais elle était d’une ingéniosité diabolique (j’en ai déjà parlé)).

Maintenant que Delphine est partie, j’aimerais beaucoup faire de cette chambre une chambre d’amis, où elles pourraient dormir lors de leurs visites… Manque de bol il y a tous leurs cours qu’elles ne peuvent se résoudre à jeter après tri (elles peuvent garder leurs rédactions qui nous font toujours mourir de rire), un canapé rescapé du premier appart de Delphine, 3 coffres pleins à craquer, et tout un tas de bardas qu’un de ces jours je m’en vas descendre aux poubelles, ou brocanter.

Et depuis le temps que je le dis, un beau jour je vais le faire !!!!

PS : C’est fait : Delphine et Pulchérie ont pris le taureau par les cornes et c’est une vraie chambre ! (sauf pour le papier et les peintures, et que du coup j’y mets mon propre bordel) SNIF car ce n’est plus la chambre « des filles« . (Jamais contente !)

La vie n’est qu’une gigantesque pitrerie (je vous ai bien eus sur ce coup là !)

Delphine au supermarché avec maman…

Dès sa naissance, Delphine a été branchée bouffe, la survie de l’espèce passant par elle.

Il est très agréable d’avoir une enfant qui mange sans problème, est curieuse de tout « je peux goûter maman ? » « mais oui ma chérie » « oh, c’est bon le boudin », et qui vide son assiette après avoir terminé celle de sa soeur.

J’allais faire mon plein le vendredi midi à Carrouf. C’était le jour des stands de dégustation et Delphine n’était pas bien haute, vu qu’elle n’allait pas encore à l’école maternelle. Je ne l’asseyais pas dans le caddy, elle ne risquait pas de me perdre de vue, n’essayant pas de se perdre (comme sa soeur). Elle déambulait donc à son aise dans le magasin, moi à portée de vue.

Pour elle, ces stands de dégustation étaient une aubaine, et il m’a fallu du temps pour comprendre qu’en rentrant, il était inutile de la faire déjeuner : c’était fait.

Je revois mon petit bout de bonne femme, dans sa robe préférée, repérant les stands intéressants : fromage, charcuterie, terrines. Elle était trop petite pour être vue de la présentatrice qui voyait ses canapés fondre comme neige au soleil… Devant le stand, ma Delphine, sa petite main attrapant le canapé, puis un autre, puis un autre… Jusqu’au jour où elle a été prise en flagrant délit au stand « fromages ».

La dame voyait bien que ses canapés disparaissaient, mais, elle ne voyait personne. Jusqu’au moment où elle a vu une petite main attraper « hop là », un morceau de reblochon. Elle s’est penchée, a découvert ma fille en train de boulotter, avec son air grave et souriant à la fois, juste en dessous de la ligne d’horizon de la table de dégustation.

  • Ah c’est toi petite biquette ? qui pille mes fromages tous les vendredi ? » ?
  • Vi !
  • Et tu veux quoi ma poussinette ?
  • Du Babert !
  • Tiens, voilà une jolie part de camembert ma biquette… Dieu qu’elle est mignonne votre puce madame. C’était tellement adorable, cette petite main que j’ai vue tout à coup. (j’espère que vous avez les larmes aux yeux au moins…)

La même main qu’au stand charcuterie vers lequel elle se dirigeait, en habituée, elle connaissait par coeur le parcours de dégustation. N’y a jamais été prise d’ailleurs. Les rillettes, saucissons, saucisses sèches, jambons crus, y disparaissaient mystérieusement… Avec la complicité certainement avouée de la dame aux fromages juste à côté. Car on ne m’ôtera jamais de l’idée que la dame du stand charcuterie déposait le « à déguster », volontairement à portée de ma puce…

Elle extorquait un fruit un peu tapé au rayon fruits et légumes et rentrait à la maison pour aller digérer en faisant sa sieste…

Championne du monde dans le style. Manquant être battue par son cousin, 15 ans plus tard, qui savait très bien dire, quand ma soeur s’arrêtait au stand charcuterie

« moi je l’aime bien le petit sisson ».

Et il repartait avec quoi le chiard ? Avec deux tranches de saucisson, deux de mortadelle et deux d’andouille. Personne ne pouvait résister devant ses yeux innocents de celui qui aime le saucisson, et c’est les larmes aux yeux (tout de même) que les gérantes du stand charcuterie/viande fraiche, le voyaient partir, l’air innocent en boulottant son butin…

Jusqu’au jour où il a tout gerbé sur la caissière, à cause d’une peau mal venue. Delphine sort donc, tête haute, du concours…

Comment aimer les bandes d’ados…

Fille_et_bricolageJ’ai loupé cela avec les filles, et je l’ai regretté longtemps. Car j’ai connu au moins trois mères vachement fortiches pour faire trimer leur marmaille. Je ne sais pas comment elles faisaient, mais le fait était là.

Moi je n’avais pas le truc. Sinon vous pensez bien que j’aurais fait refaire papiers, peintures, moquettes, etc, en ayant juste à acheter le nécessaire et en montrant comment procéder.

Déjà, les faire participer aux bêtes tâches ménagères me pompait mon énergie, alors pour le reste… Jugez plutôt…

En premier lieu ces trois femmes étaient migraineuses de nature. Pas la vraie migraine. Le mal de tête qui permet de vivre, mais allongée sur le canapé sans trop de bruit autour sauf celui de la TV. Celle qui nécessite que les enfants restent à proximité pour apporter le verre d’eau, le paquet de gâteaux. Cela m’a toujours scotchée le « je ne peux pas sortir, maman a mal à la tête, il faut qu’on reste ». J’ai fait deux migraines dans ma vie : couchée dans le noir, et foutez moi tous la paix en me laissant mourir tranquille.

Donc un bon coup de migraine qui ne les empêchait pas de faire une liste pour les deux ou trois adolescentes. Du genre :

  • Faire la salle de bain à fond avant de la repeindre, les pots sont dans la salle de bain
  • Faire la cuisine à fond avant d’y mettre un coup de peinture, les pots sont dans la remise et les pinceaux également
  • Lessiver les toilettes et y mettre un coup de peinture, gnagnagna
  • Passer l’escalier au papier de verre et vernir une marche sur deux deux jours de suite, faut tout de même pouvoir monter se coucher
  • Repeindre les étagères de l’entrée en mauve
  • Tondre la pelouse
  • Ranger la remise

Ca, ça occupe les vacances à l’époque de Pâques, ou je ne m’y connais pas.

Mais les mères indignes avaient bien raison. Les filles, résignées (ça existe), obtempéraient sans moufter, ça laisse rêveuse. Je pense que si j’avais accroché une liste dans le même genre, j’aurais retrouvé Pulchérie et Delphine réfugiées chez leurs grands parents avec un quart de pomme et un croûton de pain (faut suivre).

C’est là que « la bande de jeunes » entre en scène. La mère n’a plus mal à la tête pour signifier à la bande qui vient chercher ses filles « pour sortir » officiellement, « pour traîner un coup » officieusement, que non, Maria, Mélusine et Stéphanie ne peuvent pas sortir tant qu’elles n’auront pas terminé de peindre la salle de bain.

Et là, qu’est-ce qu’elle fait la bande de jeune, à elle toute seule ? Elle ne va pas se fendre la gueule. Les garçons retroussent leurs manches : à eux 6 ils vont torcher la salle de bain correctement en deux temps et trois mouvements. Donc les filles peuvent sortir. Aujourd’hui tout au moins.

Ils se farciront tout le reste, en piétinant parce qu’il n’y a qu’une tondeuse.

Les grandes vacances étaient l’occasion d’avoir mal à la tête tous les jours, parce que la chaleur c’est pervers, mais également et c’est un must, de faire entièrement refaire la maison du grenier à la cave.

Moi je dis « chapeau ». Si quelqu’un réussit cet exploit de nos jours, mais les migraineux tyranniques doivent bien toujours exister, qu’il me donne son truc, même s’il est trop tard pour moi…

Car la vie n’est qu’un long calvaire…

Delphine et la fleur à Horloge…

Depuis qu’elle était petite, Delphine savait que la fleur maudite qui poussait n’importe où, s’appelait « la fleur à Horloge ».

Elle n’est pas très calée en botanique, ce n’est pas un truc de la famille : la botanique. Donc,  nous n’avons pas pu seriner les noms latins et l’historique du prunier venant au départ de Chine, à ma descendance (ni aux autres d’ailleurs). Ils ont au moins échappé à cela…

Donc nous avons :

  • La fleur à horloge dont Mrs Bibelot a eu l’inconscience d’en récolter des graines pour les planter chez son père. Maintenant c’est l’envahisseur devant lequel chaque année nous avons lutté parfois vainement… je ne sais pas si les actuel propriétaire (de notre ex) maison sont encore envahis, ou s’ils ont tout fait raser…
  • La fleur à RORO. Une horrible fleur orange et bien moche, qui défigurait la cour, et qui s’appelle comme cela car c’est ma première belle mère qui a gracieusement fait cadeau à mes parents du premier plan (un coup du furoncle : un !). Je me demande toujours pourquoi mes parents avaient pris le risque de planter cette horreur où elle se trouvait…
  • Les haricots Philibert… Ceci parce que le premier à en donner des plans à mon arrière arrière grand père, portait ce prénom. Chez mes parents on mangeait des Philibert, c’est comme ça, mais inutile d’en demander au marché…
  • Dans l’ancienne maison, il y avait « l’arbre à Nénesse ». C’était l’arrière grand père des filles du côté de leur père, via leur grand mère. Le nom scientifique nous a toujours totalement échappé, sauf que nous savions que c’était un poison pour les chevaux. D’un autre côté, comme nous n’avions que des chiens et des chats, PFFFFUIT !
  • C’est sans fin…

En mythologie ou histoire de France nous sommes très calés, en écriture aussi et ornithologie, mais sur le plan botanique c’est zéro pointé de A à Z…

Et donc Delphine, rancunière, me raconte qu’elle est allée se promener dans le parc de Vincennes avec une copine, et qu’elle voit tout à coup des fleurs à Horloge…. dont j’avais alors connu le vrai nom

« Tu es sûre demande la copine suspicieuse-on-se-demande-pourquoi, que c’est le nom de cette plante ?

  • Affirmatif ! on en cause dans ma famille depuis que je suis toute petite !
  • Ah bon ! On dirait pourtant des impatiens sauvages de l’Himalaya…
  • MEU NON, ce sont des fleurs à Horloge.

Mise au point avec mouth (c’est moi)

  • DIS DONC MAMAN, C »EST QUOI LES FLEURS A HORLOGE ?
  • Ben des Impatiens sauvages de l’Himalaya, pourquoi ?
  • Parce que je suis passée pour une conne dans le parc de Vincennes avec une copine…
  • Mais non ma chérie… Bon, si tu fais le marché de temps à autres, ne demande pas des haricots Philibert, c’est privé, c’est un truc de famille…
  • Et le muguet c’est le vrai nom ?
  • OUI (OUF !)

Parce que sinon, il y a aussi un champignon que nous appelons le « raboteux », et qui est un dérivé du cèpe de Bordeaux. Sauf qu’un cèpe c’est un cèpe, et un raboteux, un raboteux…

Tout comme le « suiiiiit » est un troglodyte mignon…

La vie n’est qu’un long calvaire et nous éduquons mal nos enfants.

D’un autre côté, ils ne gardent pas des souvenirs éblouis des moments où nous les avons VRAIMENT éduqués…

Pendant longtemps ma nièce, toujours traumatisée par mes cours d’histoire que ce ne soit pas Vercingétorix qui ait fondé Rome, répond toujours « je ne sais plus les noms », quand je lui évoque la savoureuse (pour moi) légende de la naissance de Rome. Je crains le pire : à 25 ans, elle dira au recruteur que c’est Vercingétorix qui a fondé Rome. Et il lui mettra 10/10 parce qu’il sera d’accord…

Bon, laissons tranquillement Delphine digérer l’impatiens sauvage du bout du monde…

La vie n’est qu’un long calvaire…

Les filles en visite : Delphine

Filles_en_visite

Les filles ayant quitté le domicile maternel, chacune pour une chambre de bonne à Paris, restaient désormais les visites (elles me reprochaient d’ailleurs mon manque de visites à moi, mais Paris n’est qu’une jungle, j’ai la phobie des transports en commun et j’étouffais dans une chambre de bonne : je suis une mère indigne).

Maintenant il y a belle lurette qu’elles n’ont plus de chambre de bonne…

Plusieurs types de visites étaient à décliner :

La visite programmée, j’étais dûment prévenue 8 jours à l’avance… (je cherche quand c’est arrivé… Ah oui c’était pour l’anniversaire de Delphine…). Impec, rien à redire, j’avais même fait son dîner préféré.

Delphine me téléphone au boulot le vendredi soir « je peux venir demain ? je resterai jusqu’à dimanche ». Coup de bol je n’ai rien de prévu, sinon reste à planquer l’amant sous le lit (ma mère un amant !!!!). Je dis OK. En rentrant du boulot j’achète de quoi la nourrir convenablement, prévoyant même le cas où elle ne repartirait que le lundi matin.

Le samedi quand je n’ai rien de prévu j’ai une sale tendance à zoner à mort tout en rangeant un peu, dans une tenue que je ne vous décrirai pas sous peine de vous voir quitter illico ce blog. Coup de fil à 15 heures « maman, j’arrive à la gare hyper chargée, est-ce que tu peux venir me chercher en voiture, j’arrive dans 3 minutes ? (la gare est à 5 minutes à pied). Bien obligée de dire oui. Me voilà donc enfilant un pantalon correct, un pull correct, des chaussures sans rien (c’est l’hiver) et de me précipiter à la gare avec ma vieille caisse (je persiste et je signe).

Que vois-je sortir de la gare ? Un énorme sac, monstrueux et, tenant le sac dans ses bras comme un très très très gros bébé, ma fille que je reconnais à ses chaussures et un oeil qui dépasse. Elle monte dans la voiture avec son sac : pas besoin de boucler la ceinture, elle a l’air bag.

Bisous maman, « j’ai apporté quelques lessives à faire » (utile précision). Sitôt arrivée à la maison, recherche du chat qui est toujours ravi de la voir après avoir flanqué par terre dans l’entrée : l’air bag + 3 petits sacs qu’elle portait en bandoulière. Direction la cuisine, où elle ouvre avec violence le lave linge et commence à y entasser le linge foncé. La machine se remplit doucement. Coup de téléphone, elle cherche son portable partout, parlotte avec je ne sais qui, raccroche. « Maman je peux aller voir tonton et tatie ? » (ma soeur habitait à 100 mètres, le coup de fil c’était elle).

A peine a-t-elle raccroché, qu’elle est déjà dans l’escalier. La machine à laver fait « couac » : elle l’a trop chargée et la sécurité s’est mise en route. A moi de récupérer la moitié du linge et de remettre le cycle en route. Puis le cycle achevé, je remets à laver l’autre moitié de linge en étendant la première. Vu la quantité à laver, il ne faut pas perdre de temps.

Troisième lessive à mettre en route. Les radiateurs sont déjà saturés, je cherche un deuxième tancarville pour étendre les lessives futures. Coup de fil à 19 H « dis ma metite mamaannnn, je peux rester dîner chez tonton et tatie ? » « mais oui ma chérie, amuse toi bien ».

Hop une pizza au congélateur : celle prévue pour le samedi soir. Quand je vais me coucher aux alentours de minuit, il y a du linge qui sèche partout. J’ai passé mon temps à détendre le déjà sec (chez moi l’hiver il fait chaud et les radiateurs sont bouillants) pour étendre le toujours trop mouillé, tout en remettant une lessive en route. L’ambiance est moite : on se croirait sous les tropiques.

Le dimanche je reprends le cycle des lessives infernales, je plie le linge sec, je fais un gros tas, décoratif sur ma table de salle à manger. Réveil de la petite vers 14 H 30 : elle s’est couchée à 4 heures du matin, ayant fait la folle avec ma soeur et mon beau frère. Elle s’installe dans la salle de bain, se fait couler un bain, et va se faire successivement les 35 masques que je possède, moi assise dans le couloir pour parlotter avec elle. Vers 17 heures, j’ai mal aux fesses, une créature divine (mais en caleçon) débarque dans le salon. Il y a toujours du linge partout « merci ma petite mouth ». On va pouvoir continuer à parlotter un peu. D’ailleurs finalement elle ne repart que lundi (gagné !).

Manque de bol, le dimanche soir je suis toujours hantée par l’idée de commencer ma semaine en étant crevée dès le lundi matin. Je me couche donc assez tôt avec un livre humoristique et un demi comprimé de somnifère. Il faut ce qu’il faut, pas ma faute si je n’ai plus 20 ans, et puis comme je me suis levée à midi, impossible de dormir sans un coup de pouce. Delphine squatte l’ordinateur dès que je suis partie me coucher et les cliquetis du clavier m’empêchent de me concentrer. Puis c’est son téléphone qui sonne, puis c’est la télé qu’elle allume toujours un peu fort. A minuit je me lève pour lui demander de faire moins de bruit, ceci pour le 3ème fois.

Le lendemain matin, je m’efforce de faire le moins de bruit possible, vu qu’elle s’est installée avec couette et tout le barda, dans le salon (vu les DVD répandus, elle a dû regarder la TV tard).

Le soir quand je rentre j’ai une inquiétude : Delphine a été enlevée ! Sûr et certain qu’elle n’a pu quitter l’appartement que sous la menace d’un commando terroriste. Il y en a partout (du linge qui ne devait pas être sec qu’elle reprendra la prochaine fois). La salle de bain ressemble à une piscine et tout est resté en vrac sur le canapé. Je l’appelle mais non ça va, elle est juste partie un peu vite, mais pas sous la menace, ce qui ne l’a pas empêché d’oublier un truc important genre chargeur de portable. Au passage d’ailleurs elle a échangé l’air bag pour ma petite valise noire beaucoup plus pratique et à roulettes qu’elle oubliera de me ramener 3 fois. A moi de faire l’Egypte avec l’air bag.

J’ai comme une vague idée de ce que doit être le passage d’un cyclone…

La vie n’est qu’un long calvaire…

Le restau sur les champs… (2)

Nous n’avions particulièrement pas prévu que Pulchérie, munie de son CD de Ace of Base et ayant digéré sa glace, n’avait qu’une hâte : rentrer. Exit le restaurant, notre vrai plaisir du jour avec ma mère. Elle s’en foutait complètement du restaurant. Delphine moins, qui n’avait pas décidé de faire limite anorexique.

Elle a commencé (Pulchérie bien sûr) à chipoter devant les menus que nous contemplions avec toujours l’idée d’aller chez Lééééonnn. Là elle a carrément crisé car :

  • Ces salauds cuisinent le lapin avec de la bièèèèère

  • J’aime paaaaaas les moules

  • Et j’aime paaaaaaas les frites

  • Le reste Beuuuuurk… Etc…

Elle nous a fait un caca nerveux sur le trottoir. Tentation de la baffe à lui dévisser la tête, mais devant le public qu’il peut y avoir sur les Champs, ça la fout mal (de quoi se mêlent les autres, je vous le demande, une claque n’a jamais tué personne). Elle le sentait parfaitement et en a rajouté une couche pour nous trouver LE restaurant idéal (pour elle)…

Nous y sommes rentrées non convaincues. Un restau sur les Champs qui n’a pas un péquin à table à 19 H 30, c’est forcément louche. Nous ignorions débuter une grande aventure culinaire et que les aventuriers n’ont que ce qu’ils méritent : des merdes en général et seulement, parfois la gloire (je vous rappelle que Christophe Colomb cherchait les Indes et ne les a pas trouvées, et que du coup on ne lui a accordé que la Colombie, ce qui est consternavrant). (Comme toujours je m’égare)

Une superbe blonde à l’entrée, trônant derrière son téléphone et sa caisse, nous a demandé si nous venions dîner. Bonne question vu l’heure. Elle faisait très distinguée, jusqu’à ce que nous l’entendions décrocher son téléphone.

  • Ouais, l’Elysée Marrant j’écoute

  • Ouais, c’est pour dîner ?

  • OK je note, s’lut ! M’ouais, c’est noté.

Dommage, je ne peux pas vous retransmettre le ton. Sachez toutefois qu’Arletty avec son atmosphère, à côté d’elle, faisait très distinguée…

Nous commandons, Pulchérie ayant l’ordre de se décider rapidement vu qu’elle nous a entraînées dans un piège. Ma mère et moi commençons à nous demander pourquoi on ne lui a pas flanqué une baffe à lui dévisser la tête devant tout le monde, pour aller chez Lééééonnnn ! (Pulchérie on va chez Léon, c’est comme ça et pas autrement, ah mais !)

  • Première arrivée de plat : premier loupé, ce n’est pas ce que Mrs Bibelot a commandé. Le serveur l’air aigre, vérifie et confirme : ils se sont trompés de table (quelle autre table a du monde ?). Elle ne veut pas manger son plat quand même (aucune excuse) ? Non ? Quelle emmerdeuse (il l’a pensé tellement fort qu’on l’a entendu)

  • Arrive mon plat alors que les filles ont pris le menu enfant (je vous rappelle qu’elles détestaient le steack haché et les frites, et ont donc pris jambon grillé/purée c’est top à payer au restaurant). Moi j’ai pris des coquilles Saint Jacques. J’adore, normalement. Mais là, elles baignent dans une sorte de gelée suspecte. Pendant que Mrs Bibelot attend sa langue sauce piquante en lieu et place de la cervelle aux épinards précédemment apportée, nous testons mon plat. Elle trouve : c’est du riz qui a cuit dans la sauce et pris cette consistance gélatineuse. Ma mère est le Dr House de la cuisine.

  • Aimable, comme toujours, mais toujours prête à déraper dans le style emmerdeuse qui tue, j’appelle le serveur qui me confirme : c’est bien du riz qui, au lieu d’être présenté à part, est cuit directement dans la sauce avec le reste. Il me précise fièrement « c’est une spécialité du chef »

  • Et moi toujours aimable, je lui rétorque « et bien le chef ferait bien de changer de spécialité » (je sais que les filles s’en souviennent…).

  • J’ai commandé des coquilles St Jacques, j’ai eu des coquilles St Jaques, de quoi puis-je me plaindre ? On se le demande car :
  • Mrs Bibelot renonce à faire changer les rognons apportés en lieu et place de sa langue sauce piquante (ça tombe bien, elle aime les rognons) depuis le temps qu’elle attend. Mais on ne va pas faire tous les plats non plus…

  • Delphine pas du tout difficile, renâcle devant son jambon grillé/purée, ce qui est un comble car c’est son plat préféré. Pulchérie la boucle. On en profite, c’est tellement rare. Elle doit sentir venir le coup de Sirroccccco qui l’attend dans la voiture… Du coup elle avale le jambon et la purée et se dévoue pour terminer celui de sa soeur (quelle abnégation !)

  • Pour le dessert, elles n’ont plus faim. Elles veulent bien une glace, mais alors une boule seulement alors que 3 sont prévues par coupe. Je demande si l’on peut servir une boule à chacune et compter juste un dessert. On me répond sèchement « ouiiiiiii »

  • Mrs Bibelot et moi ne prenons rien, non merci, j’ai le riz gélatineux qui me plombe l’estomac et elle, commence à se débattre avec ses rognons. Il y a des luttes de ce genre qui peuvent perdurer plusieurs jours. Le garçon insiste, du coup nos précisions ne le satisfont pas.

  • La jolie blonde répond toujours au téléphone, de plus en plus mal aimable et de plus en plus mal embouchée. Le restaurant est complet, elle ne peut prendre personne (????)

  • L’addition arrive. Moment historique. J’arrive à faire rayer pour Mrs Bibelot « langue sauce piquante + rognons » et je rouspète pour les desserts. Pour chaque fille on a compté un dessert complet (donc 6 boules au lieu de 2). On m’a rajouté des cafés non bus (car jamais commandés) et pour moi un supplément pour le riz.

  • J’arrive à faire descendre l’addition en menaçant de faire un scandale. Delphine est toute pâle (pas de scandale, pas de scandale… petite mère)

  • De guerre lasse, je paye, et nous quittons cet endroit maudit où nous avons si mal mangé, pour si cher.

  • Et Pulchérie se prend le coup de Sirrrroccco dans la voiture.

  • Son grand père nous demandera le lendemain pourquoi nous ne lui avons pas flanqué une claque à lui dévisser la tête avant de rentrer chez Léééonnnnn (2 fois moins cher en prenant la totale et nous savons que nous nous serions régalée, enfin moi la fois où je suis allée chez Léon, je me suis régalée)

Bonne question…

On ne flanque pas une claque à une emmerdeuse sur les champs Elysées…

Car la vie n’est qu’un long calvaire…