Restons calmes surtout !

  • Le vendredi soir on est rentré du boulot pour trouver un avis de recommandé (l’horreur absolue). On se pointe à la poste le samedi et on tombe derrière un petit retraité qui a toute sa semaine pour lui, qui profite du samedi matin pour venir faire ses comptes avec la postière. Une heure d’attente…

  • A Rampion il y a un type qui collectionne les bons de réductions et passe 3 caddies pour bénéficier des dits bons, devant nous avec notre quart de pomme et un litre de lait. Une heure d’attente…

  • Le chat nous prend pour une grosse souris pendant que l’on repasse re-li-gieu-sement (surtout moi), et passe son temps à se planquer pour nous sauter dessus.

  • Le téléphone sonne à 0 H 30 : une erreur

  • L’eau chaude et l’eau froide sont coupées avec 1/2 d’avance sur l’horaire prévu un matin de semaine forcément…

  • Le fisc ne veut toujours pas savoir que l’on a changé de nom

  • Truchon s’ennuie. Du coup il veut refaire le catalogue avant ce soir 18 heures

  • L’ex téléphone le bec enfariné en disant juste « c’est moi ». Moi qui ? Quel ex ? J’ai dit « lequel » ?

  • El système Doctor décide de squatter l’ordi et a au moins 835 erreurs à éradiquer dare dare faute de quoi c’est l’explosion

  • Encore un homme politique bourré d’idées à la TV, je préfère encore la petite maison dans la prairie

  • Le collant file à l’enfilage

  • Le train avait de l’avance et n’a pas attendu les retardataires

  • Le talon de chaussure se casse net à la base, dans les escaliers, dans le métro, devant une foule hilare

  • La voiture déteste l’humidité et nous le rappelle juste avant un rendez-vous important

  • La voisine du dessus (madame Vampire) décide un beau jour que finalement elle se lèvera à 3 heures et non pas 4 heures du matin, et qu’il faut qu’elle commence par sa douche…

  • Internet merde… Le haut débit n’est qu’un souvenir depuis 8 jours…

A vous (si je mets tout vous en avez pour 2 plombes à me lire…)

29 avril 1945

Alphonsine_accoucheMalgré les soucis qui sont les siens, elle s’est levée tôt Alphonsine. Toutes les femmes de la famille en ont fait autant : Mrs Tricot, Mrs Morgan, Tante Hortense, mon arrière grand-mère, les autres. Toutes étaient debout dès le petit matin.

Alphonsine, Mrs Tricot et Mrs Morgan, se sont fait un shampoing et une petite mise en pli. Pas les plus âgées pour qui le shampoing c’est une fois l’an.

Elles ont mis du temps à choisir leur toilette, réfléchi à deux fois pour la jupe machin, ou la jupe truc (pas de pantalon à l’époque), le caraco à porter sous le chemisier le plus joli. Elles ont parfois ressorti le plus jolie col de dentelle sur lequelle elles ont passé des heures quand leur mère leur apprenait le point d’Alençon ou le point de Venise.

Elles ont mis du parfum ou de l’eau de cologne. Pour les plus jeunes : poudre de riz, eye liner et mascara en cake… Elles se sont faites toutes belles, sous le regard parfois narquois de leur époux, quand époux il y avait.

Elles se sont retrouvées dehors avec plein de femmes s’étant roulées dans leur commode comme elles. Elles se sont souvenues ensemble des heures noires, des disparues, de celles qui avaient sacrifié leur vie pour l’avenir. Elles se sont souvenues ensemble de l’autre guerre, où il s’en était tant passé.

Pour se retrouver, quasi les premières devant la mairie où le bureau de vote allait ouvrir.

29 avril 1945 : pour la première fois, les françaises vont voter, il n’en manque pas une !

Très en retard sur d’autres femmes, dont les turques et les tunisiennes (entre autres, je vous passe la liste). Certains partis, surtout de gauche avaient rejeté ce droit de vote des femmes, sous des prétextes idiots : elles voteraient pour le prestige de l’uniforme, en écoutant la voix du curé… Ceci a été démenti dès le premier scrutin. Mais bon, les femmes étaient forcément très bêtes à les écouter, même si elles avaient pris la relève en 14/18, ou s’étaient sacrifiées peu de temps auparavant, ayant le droit de torture et de mort, mais pas celui de vote…

Je me souviens de leur toujours émotion à mon arrière grand-mère, et à tante Hortense, quand elles allaient voter. Même émotion pour la génération suivante d’ailleurs. Pour rien au monde elles n’auraient râté un scrutin. C’était tout une cérémonie.  L’abstentionnisme d’aujourd’hui leur flanquerait de l’urticaire…

Elles savaient, toutes ces femmes, ce que cela représente que le droit de s’exprimer…

Notre sac à main…

Sac___main_993284_001Le truc indispensable à toute femme qui se respecte, dans lequel nous détestons que l’on fouille. D’ailleurs c’est à tel point que la copine ou l’amie qui nous dit « regarde dans mon sac » déclenche le réflexe dit « de recul horrirrifié ».

Je n’ai jamais été très sac à main. J’en ai un en service et point barre. Eventuellement un deuxième pour une grande occasion (un peu plus petit que l’autre). Ce n’est pas moi qui me ferait remettre à l’ordre par mon banquier pour l’achat du 108ème sac…

Mon premier m’avait été offert par tatie Chérie. Il était en cuir, magnifique, je le revois encore et je regrette de ne pas l’avoir gardé comme relique. Je n’y trimballais pas grand chose hormis une brosse à cheveux car j’avais 16 ans, et ne le prenais qu’à de rares occasions.

Après j’ai adopté le fourre tout, surtout quand j’ai commencé à travailler à Paris et donc à prendre le train tous les jours. C’était le fourre tout le plus absolu. J’y trimballais d’ailleurs un tricot et un livre en plus du reste.

Il est intéressant de voir que le temps passant le « reste » change curieusement. Jadis j’avais mon porte-feuille, une brosse à cheveux, un miroir, un crayon khôl, deux rampax + le tricot et le polar du siècle + un petit carnet dans lequel je notais tout pour le perdre, c’était bien la peine de me donner du mal.

Quand j’ai eu les filles avec moi, j’ai rajouté : un petit sachet de lingettes, une culotte de rechange (pour elles), une petite bouteille d’eau + un sachet de petits gâteaux au caz’où. Le sac était nettement plus conséquent mais il n’y avait plus de tricot (j’ai renoncé à tricoter trop tard, mais renoncé tout de même, je vous raconterai). Le sac avait tout de même de quoi ruiner une épaule et ses articulations et il a tenu ses promesses, personne n’est jamais content et je suis une éternelle râleuse.

Le temps passant encore, la santé se détraque parfois, ou bien nous devenons plus sensibles aux virus ou autres… Donc quand je bossais encore, mon sac comportait :

Un nécessaire de survie. Dom m’a demandé ce que c’était, je réponds ici. Combien de malheureux avaient pris l’habitude de venir me voir en cas de pépin, parce que j’avais une petite trousse contenant :

  • De l’antalgique (oh que je regrette aujourd’hui, d’avoir tant dépanné Truchon au cours de ses migraines en échange de soi-disant sa reconnaissance éternelle…)

  • De l’anti-gastro (trèèèèèès important à certaines périodes, un de mes ex-collègues, comprenant que je ne reviendrais jamais, s’est acheté enfin de l’immodiuuuuum)

  • De l’anti spasmodique (sous 3 formes différentes)

  • Du pchitt à mettre dans le nez en cas d’attaque de coryza qui chez moi ne pardonne pas (mais que je ne prêtais pas non plus)

  • Une pince à épiler

  • Deux épingles de sûreté

  • De quoi recoudre un bouton (un petit machin de dépannage marrant, mais très utile)

  • Quelques pansements en cas d’ampoule

  • Du vernis à ongle transparent pour rattraper le collant qui file.

(Quand je pense que souvent je me dis que je ne suis pas or-ga-ni-sée…)

Deux porte-feuilles. Je répartis, comme cela si un pick-pocket m’en chourre un, il me restera forcément une pièce d’identité + un truc qui ne ressemble pas à un porte feuille pour les papiers afférents à la conduite du véhicule.

1 brosse à cheveux, 1 peigne, 1 miroir, 1 crayon khôl, 1 mascara.

Mon chéquier avec les ordonnances en cours dedans…

Les rampax de rigueur, que quand une collègue (toujours la même), venait m’en piquer un, j’étais énervée qu’elle ne soit pas capable de s’occuper d’elle toute seule.

Un livre mais de poche pour l’heure du déjeuner.

Mes lunettes de repos (mais lunettes quand même, et ça m’énerve de ne pas pouvoir les oublier)

Mon téléphone portable + une batterie de rechange.

Si je me remets au tricot, le prochain sac c’est le sac à dos, comme ça je pourrai prendre une couverture de survie en plus du reste, on ne sait jamais, ça peut servir.

Et vous les filles, c’est quoi l’indispensable ? Les hommes, marrez-vous en silence…

PS : utiles précisions : la vie n’est qu’un long calvaire, et quand je me déplace sur Paris je retire du sac la moitié de son contenu pour reprendre une petite bouteille d’eau.

L'inconscience n'a pas de limites…

EndoraPoint n’est dans mes habitudes de me gausser de tout et n’importe quoi, ni d’émettre moultes critiques à l’égard des uns et des autres.

Mais là, le hanap est plein. Je n’en puis plus, ce n’est plus possible (tiens, l’on dirait ma niaise aînée…)

Arrêtez de ricaner d’abord, c’est très sérieux. Ce n’est pas parce que je suis en train de lire un pensum sur le moyen âge qu’il y a matière à rigoler.

Je plante le décor. Je suis allée déjeuner et passer un très bon moment chez tatie chérie. Pour cela je dois au départ, emprunter la RN 10, puis l’autoroute, puis me farcir les berges de la Seine limitées à 50 pour d’obscures raisons (le souvenir du cheval sans doute).

Au retour, bien évidemment, je fais l’inverse : les berges de la Seine limitées à 70 dans ce sens (pour toujours d’obscures raisons), et après l’autoroute puis la RN 10.

Le samedi ça bouche à mort sur la RN 10, j’ai mes petits chemins pour rentrer chez moi, mais l’autoroute, je ne peux absolument pas l’éviter.

Et là, l’horreur.

J’accède à la bretelle normalement roulante mais là ça bouche un maximum. Théoriquement c’est signe d’accident. Ca klaxonne à tout va, dès fois que ça puisse déboucher (jamais prouvé), on roule au pas, que-se-passe-t-il ?

Sortie de la bretelle d’accès, je suis carrément sur l’autoroute. Une zone assez dangereuse. Ca vient de Rouen ou d’où je viens, ça vient de Paris, c’est toujours source de prudence extrême.

Ca pour être prudents, les gens sont prudents, je n’ai jamais vu ça. Ca roule à 3 à l’heure à l’endroit où la venue de Rouen se téléscope sur celle de Paris. 4 voies.

Et là, en plein milieu des 4 voies, faisant signe qu’ils vont sur la gauche : UNE FAMILLE EN VELO. LES PARENTS ET DEUX MINOTS D’ENVIRON 7 ET 10 ANS (je dis ça à vue de nez, ça aurait pu être ma soeur, mon beau-frère, mon neveu et ma nièce vus de dos…)

Ils sont en plein milieu de l’autoroute, j’en ai froid dans le dos. Je ne suis pas la seule. Une femme me fait signe sur ma gauche et j’entr’ouvre ma vitre « on appelle les flics, vous pouvez en faire autant ? ». Mais comment donc. Ils sont au courant vu qu’ils ont eu 70 appels environ, ils arrivent et plus vite que ça d’abord et me précisent d’être prudente (non je vais écraser tout le monde…)

La famille persite et signe, elle se prépare avec de l’avance à emprunter le tunnel qui mène à Trappes et se met donc sur la gauche, au ras de la barrière de sécurité centrale. Les minots pédalent (sans casque), le père fait des bras d’honneur aux automobilistes qui les doublent prudemment à 2 à l’heure et lui signalent que : l’autoroute ce n’est pas pour les cycliste. Il s’en fout il emmerde tout le monde. C’est ce qu’il ressort de ce qu’il me dit quand je passe prudemment sur la droite de la petite famille.

4 voitures ont apparement décidé de les encadrer et protéger : deux derrière, une à droite, une autre tout derrière avec les warnings plein pot. Là on ne peut pas dire que l’automobiliste n’est que con… Dans mon rétro en me dégageant doucement (peut-être qu’il y a les cousins devant…) je vois comme un espoir les gyrophares de quelque chose qui va remettre tout à sa place. J’ai le coeur qui bat, je pense à ce qui aurait pu arriver. Trop tard me direz-vous, mais c’est ma nature.

Je ne sais pas ce que cela pourra coûter aux parents. Cher j’espère, car j’en frémis encore de les imaginer engageant leurs mômes sur l’autoroute à cet endroit si stratégique et si dangereux, même si l’on est prudent… A moins qu’ils ne soient venus de la direction « Paris », mais tout de même en empruntant la jonction Rouen/Paris, à mon sens, le pire.

Parce que ce n’est pas le tout de vilipender l’automobiliste à tout va : les motards ou les cyclistes font très souvent n’importe quoi.

Et la voiture qui aurait embouti la petite famille aurait eu tous les torts, même si elle avait respecté les limitations de vitesse.

Quand je vous dis que…

Je l'ai échappé belle…

Je_l_ai__chapp__belle_53273197_copierUne histoire somme toute ordinaire, mais notre vie est pleine d’histoires ordinaires…

En ce moment j’ai moyen la pêche, voire même pas du tout. Et depuis 1995 quand j’ai une vraie contrariété, cela me coupe l’appétit (ne m’enviez pas, rien n’est pire que l’assiette débordante que l’on vous colle sous le nez pour que vous repreniez des forces, alors que la simple idée de manger vous donne envie de gerber).

Je vais donc régulièrement manger chez mes parents. Cela « m’entraîne » un peu, j’y mange, même si ce ne sont jamais les quantités qu’ils me souhaiteraient. Comme je suis arrivée à mon poids dit « de forme », dès que je perds un kg, Mrs Bibelot le repère immédiatement et me fait la morale. Autant demander à un aveugle d’écarquiller les yeux pour y voir clair. Quand on n’a pas faim, quand on a perdu l’appétit, il est très difficile, voire impossible de se forcer…

Je n’aime pas les frites (les filles non plus), ce qui n’empêche pas ma mère d’en faire de temps à autres. Or ce qui fait que je n’aime pas cela en premier lieu, c’est l’odeur de friture. Et depuis 9 mois (et l’arrivée de nouveaux voisins dans l’escalier d’à côté, mais nous avons en commun les gaines d’aération de leur cuisine et de ma salle de bain), on m’inflige 3 fois par semaine d’atroces odeurs de fritures qui s’insinuent me semble-t-il, jusque dans mon flacon de shampoing.

Donc ce jour là Mrs Bibelot avait décidé de faire des frites. J’ai souffert pendant tout le temps de cuisson (quelle odeur insoutenable), j’ai continué à souffrir après le repas, alors que je lisais et attendais que ma mère émerge de sa sieste pour aller traîner dans les magasins faire des courses, dans la cuisine pour moi définitivement ruinée par l’odeur de friture… J’ai même aéré en grand malgré une certaine fraicheur, pour que cela cesse.

L’odeur m’a poursuivie pendant toute la durée du ciel de traîne dans les magasins des courses. En rentrant chez moi je me suis déshabillée (mauvaise habitude que celle de se mettre « à l’aise » sitôt rentrée à la maison), et j’étais toujours poursuivie par l’odeur de friture. A croire qu’elle s’était greffée dans mon nez. J’ai eu un doute, je suis allée prendre une douche et me laver les cheveux 12 heures plus tôt que prévu (je me les lave le matin) : j’avais raison, ils sentaient très nettement la friture.

Ouf ! Tranquille. Soirée cool, plus d’odeur. J’ai tout de même passé une mauvaise nuit : je rêvais de Truchon en frite géante… Mon ex boulot me rattrape, et je dors aussi mal que je mange… Donc je me lève quand je peux, et que je sais que je ne pourrais plus dormir (avec réveil obligatoire de 2 à 5 heures du matin…).

Je me lève donc, à l’aube… 10 heures du matin. Ce n’est pas possible, les voisins commencent déjà leur friture. L’odeur est insupportable. Je fais ce que j’ai à faire, le nez toujours un peu en l’air, à renifler cette atroce odeur qui vient de… Mon panier de linge sale. J’ai envie d’en avoir le coeur net : ce sont bien mes vêtements de la veille qui puent le graillon… Et en plus ils ont contaminé tout le panier. Me voici obligée de mettre en route une méga lessive et de laver le panier qui pour moi sent tout autant la friture que le reste.

Pourquoi l’ai-je échappé belle vous demandez-vous ? Je vais vous le dire : je suis fumeuse et non, je ne suis pas prête à faire cesser cette tare parce que je ne suis pas en état de me mettre les nerfs encore plus à fleur de peau. Or c’est écrit partout : l’odorat en prend un coup lorsque l’on fume. Arrêter de fumer c’est retrouver enfin le sens du goût et des odeurs.

Pitié : si en arrêtant de fumer je sens 3 fois plus les odeurs de friture ou autres (car je suis très sensible aux odeurs bonnes ou mauvaises et je peux chercher pendant des heures « d’où cela vient »), autant me flinguer tout de suite au lieu de le faire à petit feu…

Et vous, l’odorat joue ou non dans votre vie à vous empoisonner parfois l’existence ? Delphine tenant de moi petite, reniflait ses mains quand elle se sentait patraque, en me demandant « maman, qu’est-ce qu’il m’arrive ? ». Je n’ai jamais découragé son petit flair et sa certitude d’être malade quand ses mains sentaient pour elle « le vinaigre »…

Et ne me parlez pas du livre « le parfum ». Je viens de le terminer et je n’ai pas aimé du tout… Mais votre avis sur notre relation avec les odeurs dans un monde soi-disant « propre » et « aseptisé », m’intéresse…

Premiers courriers…

Un beau jour l’enfant adoré passe la porte du CP. En théorie en juin il sait lire et écrire, voire même bien avant. Ne reste plus qu’à lui apprendre l’aurtografe.

Première carte de Pulchérie qui sortait du CP. Albert avait fugué et c’était le premier mois de juillet que les filles passaient sans moi. Pulchérie ne voulait pas de son cousin pendant les vacances, qui lui disait du mal de moi en répétant les paroles de mon adooooorable ex belle soeur (la méchante belle-soeur, mère du cousin).

Elle avait bien prévenu son père : elle ne voulait pas de son cousin. Sa soeur bien sûr était acceptée, ainsi que le fils de l’autre Coraline QUOI-QUE ! D’où la première carte postale qu’elle avait rédigée elle-même.

« Ma chaire maman,
« Ici cé bien, y’a un lac, deux mers et un toboggan aquouatique et je saute de dent
« Y’a Grégory et Delphine qui m’abètent, alors que j’étai venu parce qu’i y’avai pas Arnaud (là on sent la haine)
« Ta fille qui t’aimeu
« Pulchérie

Première carte de Delphine également, 3 ans plus tard, qui aimait à écrire comme elle parlait et qui parlait beaucoup bouffe
« Ma chaireu maman, heu, commen sava, heu, ben heu…
« Pulchérie dit : moi ossi sava heu…
« Ici cé beau et chaut et on mange byen. Le chien du bergé a tué une marmmmote et du cou jé gouté la marmmmote grillé et cété bon. (là on sent l’appétit toujours présent)
« Il y’a du bon formage ici et cé bon et ossi des tartes au prune dans le four a pein
« Je te lèsse pour allé dans le lac me bégné
« Ta fille qui t’ém tré for
« Delphine
« Pulchérie di : je técriré demain aujourdui jépas l’temp »

Et vous savez ce que l’on fait nous les mères, en recevant ces courriers ? On pleure de joie et on commence à attendre le facteur qui peut apporter autre chose que des factures.

Insistez je vous en prie pour que vos enfants vous écrivent. Fi du téléphone, des mails, du moderne. Rien ne vaudra jamais la petite lettre, ou la petite carte écrites par leurs soins, y compris l’adresse, timbrées par eux, que l’on garde dans une boîte. D’ailleurs ils sont les premiers à demander à les relire quand ils grandissent…

Il ne m'énervera plus…

Tout était en place pour une tragédie antique. Je venais de me cogner mon emménagement chez moi, les cartons de chez mes parents à mon chez moi (enfin chez soi !), la sortie des meubles du garde meuble, un chantier inqualifiable pendant 3 semaines, à continuer à dormir chez mes parents avec les filles, pendant 2 semaines.

Filles parties chez leur père, l’homme m’annonce que le samedi soir nous sommes invités chez Philippe et Irène. Ils habitent Paris, je dormirai donc chez lui, à la Garenne Colombes. Il m’attends vers 19 H, vu les embouteillages sur le périf, et qu’Irène nous attend vers 20 H, ce qu’elle me confirme.

Toujours pas de portable à l’époque.

  • Evidemment je suis en bas de chez lui à 18 H 55

  • Je sonne : personne

  • Je retourne dans ma voiture et commence à attendre

  • 19 H 55 : je file à la cabine téléphonique et j’appelle mes parents pour savoir s’il n’a pas téléphoné. Comme je ne suis pas chez moi, le relais c’est forcément eux.

  • Jean-Poirotte me confirme qu’il n’a pas téléphoné.

  • Je lui donne jusqu’à 19 H 30 pour arriver, faute de quoi je m’en vais. Là, ça sent vraiment le roussi.

  • Lâchement maintenant je lui donne jusqu’à 20 H

  • 20 H 15, alors que je fais ma marche arrière, il arrive. Il était chez sa mère comme d’habitude, et n’a pas vu le temps passer. On ne part pas direct il a sa douche à prendre

  • 20 H 30 : il a réussi à décoincer le robinet de la salle de bain

  • 20 H 45 il sort de la douche

  • 21 H : il est fin prêt et moi au bord de l’explosion.

  • De 21 H à 22 H : périf bouché

  • 22 H : il prend son temps pour se garer. Moi je meurs de faim et de honte pour ce retard inexcusable. Il traîne la patte derrière moi, et je lui intime de se dépêcher car je suis au bord du malaise

  • 22 H 02 : l’inconscient me rétorque « oh moi ça va j’ai mangé une escalope à la crème et des frites chez ma mère » (pendant que je l’attendais, c’est simple, je le hais)

  • 22 H 05 : il a perdu le code de la porte d’entrée de nos hôtes, il faut qu’il trouve une cabine.

  • 22 H 15, je m’avachis épuisée de faim, de rage et de fatigue (les cartons, je les sens encore) devant un appéritif.

  • 3 H : nous arrivons devant chez lui. Je descend de voiture

  • Je suis tellement fatiguée que j’hésite : mais là trop c’est trop, je ne passerai pas une nuit de plus à côté de ce crétin abruti bouffeur d’escalope (même à la crème)

  • Je monte dignement (si) dans ma voiture sous son regard stupéfait. Je le revois encore, la bouche ouverte comme un poisson hors de l’eau depuis 15 secondes

  • Je démarre. Il a le bon goût tout de même de s’écarter pour que je fasse ma manoeuvre sans lui écraser les pieds (j’en étais capable)

  • Je rentre chez moi, pour m’écrouler dans mon lit.

A partir du lendemain, le téléphone n’arrêta pas de sonner… Epuisée à nouveau (il appelait toutes les heures, nuit et jour) j’ai fini par décrocher, lui dire le fond de ma pensée, que tout était terminé. Il me suggéra qu’il pouvait se jeter de son 15ème étage. J’ai répondu « c’est cela, saute ! » et je n’ai pas raccroché le téléphone.

Le lendemain, je passais en liste rouge (bien la peine d’avoir mémorisé mon numéro).
Le surlendemain je recevais une lettre de 10 pages. Oui : 10. J’ai à peine lu « je t’aime », j’ai entamé la liste de tous mes défauts et de ses qualités, et puis à la 2ème page, j’ai été tout benner dans le vide ordure.

Crétin !!!

J’allais oublier : la vie n’est qu’un long calvaire parsemée ça et là de retardataires…

Il vaut mieux en rire…

Comme je l’ai déjà dit, certains ne savent pas lire vraiment et me prennent pour une véritable sorcière. C’est un peu agaçant parfois, mais à certains moments, très amusant.

Alors désolée pour celle qui m’a écrit, mais je vous livre ce mail reçu personnellement via « contacter l’auteur ». Je vous ai remis l’orthographe correcte, car le décryptage était fastidieux (SMS) et aurait pu vous décourager.

Chère sorcière, (ah on dirait que c’est moi, pfft !)

Je suis dans un état de déconfituration extrême et ma vie n’est qu’une déconfituration suprême (faut essayer le miel, ou le sucre tout bête). Je suis mariée avec un homme qui boit. Il n’est pas violent (c’est déjà ça), l’alcool le fait juste dormir, mais j’en avais assez de le regarder ronfler alors j’ai pris un amant qui ne boit que de l’eau (là je comprends tout à fait). Il est super (c’est quoi son tél ?), mais il est marié (finalement non), alors je suis allée voir un gourou pour le désamourer de sa femme, et l’amourer tout à fait de moi. (alors là je me sens mal barrée, vue le gourou et le désamourement en vue)

Le gourou m’a pris 1000 euros et 2 poulets vivants (bien tiens, pas fou) qu’il a sacrifiés au cours de la cérémonie en me versant du sang sur la tête qu’il fallait que je garde 24 heures (c’est peut-être bon pour le cuir chevelu…), Il m’a en plus donné un flacon de parfum radioactif (ben voyons) pour attractiver encore plus mon amant, parfum à mettre où vous pensez bien entendu (je crains le pire)

Le problème c’est que quand je suis rentrée avec la tête pleine de sang, mon mari pour une fois réveillé a cru que je m’étais blessée et il a appelé les pompiers (quel salaud !) Je ne pouvais pas leur expliquer devant mon mari qui est très jaloux, ce qui c’était passé, alors je les ai laissés m’embarquer. A l’hôpital on a fait venir un interne en psychiatrie (on dérange les gens pour n’importe quoi…) quand j’ai parlé des poulets que j’avais eu tant de mal à trouver. Il a été gentil, il m’a laissé repartir, mais ça m’a coûté un taxi pour rentrer car les pompiers étaient repartis (en plus des 1000 euros c’est tout de même malheureux, et les pompiers pourraient attendre non ?) Vous comprenez sorcière que ma vie est vraiment un long calvaire comme vous en causez si bien (ben oui mais jusqu’à présent j’ai échappé au poulet se vidant sur ma tête)

Le lendemain matin je puais la charogne de la tête (ben tiens), car il fallait que je garde le sang 24 heures et mon mari s’est plaint (quel salaud !). Pendant qu’il dormait je suis allée retrouver mon amant, après m’être parfumée. Lui il a trouvé que je puais de partout et finalement nous avons fait un rami (c’est crapuleux çà ???). Le lendemain, je m’étais bien lavée de partout, et j’ai mis le parfum radioactif qui me donne d’ailleurs des boutons mal placés (ça, si c’est vraiment radioactif, j’imagine bien). Après trois rendez-vous, malgré la radioactivité, mon amant ne supportait toujours pas l’odeur du parfum, du coup il s’est réamouré de sa femme et il m’a dit que tout était terminé. (en fait le gourou avait dû dire que le parfum était pour la femme de l’amant, ces gens là sont des incompris…)

Depuis cet horrible jour, mon mari qui n’est plus capable de rien rapport à la boisson qui lui bloque la zigounette ou le kiki vous comprenez (ça oui), trouve, comme mon amant que le parfum du gourou pue et menace de me quitter à son tour. (Oh c’est le pompon !)

Je cherche un sort pour ne plus avoir de boutons mal placés car ça fait mal, retrouver mon amant et garder mon mari qui s’il boit, a tout de même hérité de son père de quoi nous mettre à l’abri du besoin pendant un bon moment (j’me disais aussi…).

Merci de m’aider, je suis au bout de la déconfituration (faut arrêter les confitures, d’ailleurs c’est mauvais pour la ligne !). Ce sort m’est indispensable pour sortir de l’impasse de la déconfituration. Merci de m’en trouver un sans sang de poulet ou coeur de boeuf (j’ai bien fait votre sort, mais il n’a pas fonctionné) (pauvre petite mère qui a dû ruiner la moquette).

Signé : Une âme en émotion. (et moi donc)

Je n’ai pas pu m’empêcher de mettre des commentaires… J’ai souffert à décrypter ce mail, comme pas possible, mais le résultat en valait la peine.

D’un autre côté, je ne sais pas si vous vous rendez compte, mais j’aurais pu la soulager de 1000 Euros, de 2 poulets rotis + une barquette de tarama (ben quoi, j’adore ça), en échange d’un tirage de cartes au milieu de fumée de papier d’arménie ou d’encens.

Moi je me trouve honnête… Je lui ai juste répondu que j’étais une fausse sorcière…

Edit : pas contente la dame. D’abord elle s’est trompée c’est un marabout (ravie), je suis une menteuse en me dénommant « gentille sorcière », et tout d’abord elle ékri tou byen kom y fô. Elle s’en fout elle ira voir ailleurs, mais doit-elle arrêter le parfum radioactif ? Elle m’écrit toujours perso, parce que sinon, on RISQUE de la prendre pour une foldingo… (ben voui)

Comme dirait Pulchérie : F…

L'évolution sans Darwin…

  • 1 jour : OUIINNNNNN ! OUIINNNNNN !
  • 1 mois : OUIINNNNNN !
  • 1 an : a gatiou a plou ! (coup dans la cuillère)
  • 2 ans : pas dodo, pas dodo
  • 3 ans, z’vais à l’école à la rentrée, pas dodo, pas dodo
  • 4 ans : pas l’école auzourd’hui ! pas dodo, pas dodo
  • 5 ans : z’aime plus zoël, ze préfère gaspard, pas dodo, pas dodo
  • 6 ans : je vais à la grande école à la rentrée, pas dodo, pas dodo
  • 7 ans : la maitresse est nulle, j’fais dodo ce matin
  • 8 ans : je n’ai pas de devoirs à faire, j’ai besoin de faire dodo
  • 9 ans : il me faut absolumment une console Truc
  • 10 ans : mamannnnnn ! j’ai les seins qui poussent ! Non, je n’ai pas sommeil.
  • 11 ans : me v’là en sixième, on passe son temps à passer de petit à grand, pour retourner chez les petits, j’en ai marre ! Ca me rend insomniaque
  • 12 ans : les profs sont tous des cons, ça me flanque la migraine, du coup je vais me coucher
  • 13 ans : tu peux me rendre la télécommande de la console truc ? Comment ça ? ça empêche de dormir ? RIEN ne m’empêche de dormir.
  • 14 ans : ma rupture avec Thomas m’a ruinée, tu n’as pas un somnifère à me refiler ?
  • 15 ans : ma soeur m’emmerde, c’est trop con à 12 ans.
  • 16 ans : je suis assez grande pour savoir ce que je fais, j’éteins quand je veux
  • 17 ans : comment ça « debout ! », il est à peine midi…
  • 18 ans : j’suis majeure et libre de te dire merde, mais non j’rigole !
  • 19 ans : dis, éventuellement, je peux rester jusqu’à 30 ans ?
  • 20 ans : comment ça « debout ! » il est à peine 14 heures !
  • 21 ans : dormir, tu plaisante, j’ai mes examens dans 3 semaines
  • 22 ans : tchao p’tite maman, j’file à Paris, j’ai trouvé une chambre de bonne. Au fait je t’emprunte temporairement tes tourne-vis (et je te pique ta pince à épiler)
  • 23 ans : ouiiiii je saiiiiis qu’il est 3 heures du matinnnnn, mais j’ai trop de chagrin fauuuut que je te paaaarle ! SNIF !
  • 24 ans : j’fais des insomnies, tu fais quoi dans ces cas là ?
  • 25 ans : tu te rends compte mamannnnn, je viens de passer le quart de siècle. Arrête de rigoler ce n’est pas drôle.
  • 49 ans : allooooo mamannnn, Truchon m’a virééeeee, je n’ai plus qu’à mouriiiiiir !

En fait on en prend pour perpète, et en plus on est innocent…

Trop tard pour lui…

Garfunkel_2C’était le médecin du village. Il était juif et ne savait pas que c’était un crime. Il exerçait depuis un petit moment, habitant au dessus de son cabinet avec sa petite famille : une femme et le choix du roi. Ils espéraient une petite fille de plus pour 1944.

Et puis la tempête nazie est arrivée jusque là. Personne pour les dénoncer : sans penser à mal, ils avaient adopté l’étoile jaune, comme c’était « prescrit ». Personne n’imaginait ce qu’il pouvait bien se passer et pourquoi il fallait tant les reconnaître.

Le premier embarquement cela a été la femme enceinte et ses deux enfants. Ils ont attendu le retour du médecin qui venait de pratiquer un accouchement difficile en sauvant la femme et l’enfant, et il est parti à son tour.

Ce qu’ils ont connu, nous le savons aujourd’hui, même si certains minimisent ou refusent l’évidence. Cela a été les wagons plombés, la soif, la faim, la chaleur ou le froid suivant la période. S’éclaboussant de merde et d’urine, serrés à mort les uns contre les autres en suffoquant, des hommes et des femmes cessaient d’être humains pour ne devenir que des nombres, que des ombres. Certaines femmes qualifiées de barbares parce que juives ont préféré étrangler leurs enfants plutôt que les voir mourir à petit feu sans à manger, et sans rien à boire dans ces wagons qui n’en finissaient pas de rouler. Mes filles sont grandes, une puissance suprème m’a épargné d’avoir à choisir entre les tuer tout de suite ou attendre. Lâchement, enfant, je me disais que je n’étais pas juive… Cela me rassurait sur ce passé si proche.

La date de l’assassinat est connue parce qu’il a eu lieu dès l’arrivée dans ce camp maudit. Il l’a su et compris trop tard… Lui était un homme valide, et médecin qui plus est. Juif ou non, c’était précieux et utile. Sa femme enceinte et les deux enfants ont filé direct vers la chambre à gaz et les crématoires. Il ne voulait pas y croire. Il refusait d’y croire. Il se répétait que les allemands étaient civilisés. Il l’a écrit, il a laissé des traces de ses pensées.

Presque 2 ans dans ce camp dit « de la mort ». Sans doute a-t-il pu survivre tout ce temps car il était médecin et que les nazis faisaient sortir les médecins du rang. Il a laissé quelques notes sur ce cauchemar « les médecins sortez du rang ! ». Un autre en a fait un livre qui relate le moment où il n’est pas sorti du rang tellement il n’en pouvait plus… Il a écrit qu’à un moment le mot « civilisation » cessa de représenter quelque chose pour lui.

Presque 2 ans d’espoir malgré ce qu’il voyait. C’est un squelette livide qui rentra en 1945 pour retrouver l’appartement vide et quelques patients qui venaient le voir pour lui apporter qui 6 oeufs, qui 1 litre de lait, qui un fromage, qui de l’affection et du soutien… En fait on essayait de le soigner plus qu’il ne soignait. Il ne pouvait pas se soigner lui-même. On ne parlait pas des blessures de l’âme et de la conscience à l’époque. Lentement il a repris son activité qui était de guérir, de soigner, d’aider, en espérant toujours.

Et si… Et si sa femme et ses enfants étaient dans un camp à recevoir les antibiotiques nouvelles et salvatrice. Et si, elle avait pu s’enfuir et prendre le temps du retour. Et si…

Il a attendu attendu attendu, jusqu’au jour où il a compris qu’ils ne reviendraient pas. Sa femme et le bébé qu’elle portait, ses enfants.

Juste avant une nouvelle année à venir, dans une maison vide d’espoir, vide d’enfants, vide d’amour, après une année de trop passée à espérer un miracle, à pleurer seul, à trop se souvenir, il a fait son choix d’en finir. Comme Madeleine longtemps auparavant, il a choisit la corde, ne laissant qu’un mot laconique sur l’espoir qui l’avait porté et qui était vain. Le pire peut-être est le « pardonnez-moi » qui terminait son message. Il demandait pardon du mal qui lui avait été fait et qui l’obligeait à violer une loi divine qui dit « tu ne sauras ni le jour ni l’heure ». Il était croyant. Enfin, il l’avait été.

Je pense à lui régulièrement. Mes grands parents et mes parents l’ont connu. A l’endroit où se trouvait son cabinet médical, c’est un office notarial désormais, mais garni d’une énorme plaque que je vous livre telle qu’elle est.

Du coup on se souvient de lui… Et je rends hommage à la municipalité qui a pris la peine que l’on se souvienne. Je trouve que l’hommage rendu à ce médecin est admirable. Je pense qu’il manque d’ailleurs, plein de plaques un peu partout… C’est mon avis, et je le partage.

PASSANT SOUVIENS TOI !