Le manque de bol c'est…

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Nouvelle rediffusion, y’a pas qu’à la TV…

Le manque de bol c’est une série de petits tracas, de petites tuiles, de petits trucs qui nous pourrissent la vie.

On en rit parfois mais longtemps APRES. Parfois on n’en rit jamais.

La liste n’est pas exhaustive, vous pouvez m’aider ! Et je précise une fois de plus qu’il ne s’agit pas spécialement de moi…

  • Avoir les yeux caca d’oie dans une famille où tout le monde épate en bleu des mers du sud
  • Etre blonde de partout sauf des jambes
  • Avoir un dégoût prononcé et naturel pour tout ce qui est légumes, surtout verts
  • Prendre un kilo rien qu’en lisant la carte du restaurant
  • Avoir les cheveux de tante Hortense et les oreilles de l’oncle Jules et non pas le contraire qui fait si joli sur notre soeur
  • Epouser Charles Edouard
  • Avoir un col qui refuse de s’ouvrir pendant l’accouchement et de se refermer après l’accouchement
  • Se faire arrêter par les flics le jour où exceptionnellement on conduisait les enfants à l’école en nuisette sous un vague imper…
  • Avoir des poils qui ne supportent pas de se faire arracher. Un poil = un bouton, deux poils = un abcès
  • Faire une allergie monstrueuse au sperme de Hubert Louis qu’on compte bien épouser quand on aura quitté Charles Edouard
  • Voir cette salope de Sophie débouler avec la robe que l’on comptait s’acheter en sortant du bureau ce soir
  • Voir cette magnifique robe qui nous a coûté si cher, en solde – 50 % le lendemain, et il y a toujours notre taille
  • Sentir que ce parfum qui nous plaisait tant vire à l’anti-moustique sur nous passé 2 heures, sans éloigner les moustiques
  • Se mettre à puer des pieds au moindre stress et contaminer les chaussures qui restent irrécupérables
  • Faire vivre le pharmacien du secteur avec nos produits anti pieds qui puent…
  • Crever sous la pluie après avoir assassiné Charles Edouard avec le cric, et dissimulé l’arme du crime dans le puit de tante Hortense
  • Se remarier
  • Etre la clef de voute du cabinet de son médecin
  • Avoir une pustule qui pousse le matin du jour où l’on a un super rancard le soir
  • Faire tous les effets secondaires avec une préférence pour les « dans de rares cas », à tous les médicaments
  • Attraper des amibes à Deauville
  • Attirer les moustiques. TOUS LES MOUSTIQUES DU SECTEUR et donc servir d’anti-moustiques à nos proches qui ne risquent pas de nous perdre : on est sous le nuage de sales bêtes.
  • Avoir un ticket avec le plombier qui nous colle donc une future panne dès qu’il intervient
  • Emménager dans une résidence qui ne comporte que des vieux, avec deux adolescents dont la chaîne stéréo déclenche une émeute le deuxième jour alors que les cartons ne sont pas tous vidés
  • Rencontrer l’homme sublime et tout et tout, et découvrir qu’il est homosexuel
  • Ne JAMAIS bronzer. Brûler OUI (en 10 minutes), mais brunir JAMAIS
  • Perdre subitement ses cheveux pendant que les poils superflus prennent une vigueur nouvelle
  • Avoir l’élastique du slip qui cède pendant que l’on rentre dignement dans un restaurant
  • Avoir le cheveux raide raide raide, tellement raide qu’en les remontant un peu et en les coinçant avec une barette on s’orne forcément d’un palmier
  • Se précipiter dans la mer (enfinnnnnn !!!!) et atterrir sur un tas d’oursins
  • Avaler la seule huitre décédée bien avant son ouverture
  • Poser le pied sur une vive en reprenant pied après un délicieux bain
  • Etre maudite du fisc qui ne se rappelle jamais de notre adresse complète, de notre nouveau nom, combien on a d’enfants, ou se trompe sur nos revenus à son avantage (bien sûr)
  • Avoir un frère ou une soeur à qui tout réussit alors qu’on loupe tout
  • Ne pas supporter les transports en commun et avoir deux filles résolument parisiennes
  • Avoir plusieurs phobies
  • Récupérer à la SPA un chat paranoïaque et hystérique passé les premiers jours d’adaptation
  • Découvrir d’ailleurs avec lui qu’on est aussi allergique à son poil alors que le chat d’avant passait très bien
  • Faire une allergie également aux préservatifs, aux spermicides et autres…
  • Arrêter systématiquement toutes les montres
  • Etre antipathique sans savoir pourquoi, au concierge de l’immeuble
  • Avoir une voiture qui fait « pif blong blang » alors qu’on se rend à un entretien d’embauche
  • Avoir un patron caractériel
  • Se complaire tranquillement chez soi, avec une voisine qui s’ennuie, s’imagine qu’on s’ennuie également et vient donc nous tailler une bavette

ET J’EN PASSE !!!!! A VOUS !!!

Les heureux parents

Là encore, un article passé inaperçu à mes débuts, le 15 juin 2006, que je jette dans l’arène avec ou sans lions…

Vous vouliez un enfant, vous l’avez, bravo.

Vous allez désormais faire partie des radoteurs, car vous allez répéter un bon millier de fois les phrases qui suivent. Vous pouvez éventuellement imprimer la liste et la scotcher à la porte de leur chambre pour quand ils sauront lire et le feront (rien n’est moins sur… Qu’ils lisent la liste…)

J’ai essayé de respecter la chronologie et l’âge qui passe…

  • Un biberon à ton âge ? (5 ans, le soir ET le matin)
  • Il n’y a pas de monstre sous le lit, ni dans le placard (jusqu’à 8 ans environ)
  • Bon d’accord je regarde (on craque toujours)
  • Non pas la porte ouverte avec la lumière de la salle de bain allumée (on craque toujours)
  • Qu’est-ce qu’on dit ? (merci)
  • Je n’ai pas entendu le mot magique (s’il te plaît)
  • Bisou maman…
  • Goûtes, tu verras si tu aimes ou pas
  • Il est l’heure d’aller te coucher
  • Il n’est pas encore l’heure de se lever (6 heures le dimanche matin)
  • Tu as assez regardé la télévision
  • Laisses ce téléphone tranquille c’est maman qui répond (pour éviter le « maman est partie faire caca »)
  • Termine ton assiette
  • Une cuillerée pour papa, une cuillerée pour maman
  • Ranges tes jouets dans le coffre
  • Je compte jusqu’à 3…
  • Arrêtes de grignoter comme cela on dîne dans 1/2 heure
  • Tu as fait tes devoirs ?
  • Tu appelles cela savoir sa récitation ?
  • Tu ne sais pas tirer la chasse d’eau ?
  • Pourquoi ta brosse à dent est-elle archi sèche ?
  • J’en parlerais avec ton père
  • Ton père ne veux pas
  • Arrête de te précipiter sur le téléphone comme ça c’est parfois pour moi
  • Qu’as-tu fait de ma pince à épiler ?
  • Baisse cette chaîne stéréo
  • Tu ne peux pas écouter autre chose qu’Edith Piaf ?
  • C’est une position pour téléphoner ? J’ai failli te marcher dessus
  • Tu peux raccrocher ? j’attends un appel urgent
  • La porte !!!!
  • Viens mettre la table, dernière édition
  • Il y a un panier spécial pour le linge sale
  • Mac Do : pas plus d’une fois par mois
  • Si tu veux maigrir arrêtes de grignoter les trucs appéro
  • C’est quoi ce bulletin ?
  • Comment ça tous tes profs sont des cons ?
  • C’est qui ces mecs qui m’ont aidée à décharger mon coffre des courses de la semaine ?
  • Si tu ne ranges pas ta chambre je m’en charge et je te préviens…
  • Je t’avertis…
  • Il te faut trois heures pour prendre une douche et vider le ballon d’eau chaude ?
  • Laisse mes affaires tranquilles
  • Je n’ai pas de comptes à te rendre
  • Aller te chercher à deux heures du matin ? Tu rêve. Tu dors sur place ou tu ne sors pas (efficace, mais mère indigne assurée)
  • Tu me parles sur un autre ton
  • C’est cela, appelle « enfance et partage »
  • Je faisais les mêmes mensonges à mes parents, ils ne me croyaient pas plus que je ne te crois
  • Moi aussi j’ai été jeune et con. Ca te la coupe hein ?
  • ARGGG qu’est-ce que c’est que ce poster ?
  • Je te signale au passage que…
  • La maison n’est pas un hôtel
  • Je ne suis pas ta bonne
  • Tu peux faire 900 mètres à pied je ne suis pas un taxi
  • L’argent ça se gagne
  • Non mais tu as vu le prix ?
  • C’est quoi ce pull en plein mois d’août ?
  • Couvres toi tu vas encore tomber malade, il fait moins 5 je te signale…
  • Je vois tes profs dans 3 semaines et si cela ne s’est pas amélioré tu files en pension
  • Encore un mot comme ça et tu vas directement chez ton père
  • Où est la télécommande ?

Liste non exhaustive… mais ne surtout rien rayer, surtout si vous avez des filles…

Un bienfait n'est jamais perdu…

Et moi qui déteste les dictons…

MAIS… Il était une fois une gentille sorcière qui, en 1994, a été dans l’obligation d’accepter n’importe quel boulot parce qu’elle était RMiste, avec 2 filles à charge. Qui a dû supplier un homme pour qu’il l’embauche, parce que même le SMIC c’était mieux que le RMI. Et un homme qui lui disait qu’elle était trop qualifiée, mais n’avait plus envie de la voir ramper à genoux devant lui, pour décrocher le job (je n’exagère pas vraiment…).

Et c’est ainsi que j’ai rencontré le patron le plus charmant de mon existence. C’était un domaine que je ne connaissais pas, mais j’avais le temps de m’y mettre. La société était en fait au bord du dépôt de bilan, il avait tout rapatrié chez lui pour sauver les meubles, et donnait de son propre argent pour la faire survivre (d’où les salaires minimum pour moi et un technicien indispensable). Pendant ce temps là, l’actionnaire majoritaire, vivait des rentes de ses autres sociétés en le laissant se débattre et perdre de l’argent.

C’était un homme vraiment charmant. Cela me faisait mal au coeur de le voir se battre pour rien. Je passais mon temps à répondre aux fournisseurs que oui mais, le règlement partirait le lendemain. En fait, j’attendais la fin, sans rien pouvoir faire.

Il était tellement malheureux quand enfin l’actionnaire majoritaire, le vrai patron, a décidé de mettre la clef sous la porte au lieu d’insuffler un peu d’argent, qu’il m’a fait vraiment peine, parce que j’ai un coeur d’artichaut. Après mon licenciement, le sachant perdu dans ses papiers, j’ai sacrifié une journée pour aller l’aider gracieusement à tout transformer en archives.

Je connaissais bien sa femme qui passait bien sûr tous les jours me voir dans le bureau mis en place à la hâte dans une annexe de leur maison. Femme charmante également.

Et puis j’ai retrouvé un travail chez mon avocat tordu, et puis après, chez Truchon. Et puis mon seul vraiment charmant patron est mort un soir, en faisant un petit somme dans son fauteuil. Manque de bol, quand j’ai croisé un enterrement un beau jour, on m’a juste dit que c’était l’ancien maire du village de mon enfance, et je n’ai pas pensé à lui, mais au maire suivant, ce qui ne m’a pas attristée… Du coup j’ai loupé les condoléances sincères à sa femme, quand j’ai su la vérité 2 mois trop tard.

Je savais par Mrs Bibelot que cette femme qu’elle rencontrait souvent (et moi pas), demandait toujours de mes nouvelles. Et puis il y a eu une brocante où je ne voulais pas me rendre, parce que la pluie menaçait. C’était en juin. C’est le destin. ON m’a poussée à y aller, et le premier stand, c’était cette femme que je n’avais pas revue depuis plusieurs années, mais dont je savais qu’elle s’inquiétait régulièrement de moi. Nous avons donc discuté longuement, avec beaucoup de chaleur, et quand elle a sû que j’étais au chômage, elle m’a demandé mes coordonnées. « Je ne vous promets rien, mais notre assistante ne convient pas, je vais parler de vous à mon patron ». Son patron, est celui qui a racheté les parts essentielles de la société qu’elle avait montée avec son mari, après le décès de celui-ci. Et à la façon dont elle ne me promettait rien, j’ai compris qu’en fait, elle me promettait beaucoup, ou alors c’était comme une intuition, mais je sentais que la chance allait tourner. J’y ai cru très fort, sans savoir pourquoi…

6 semaines plus tard, lundi : appel téléphonique. L’assistante a donné sa démission. Donc elle appuie fortement ma candidature, et Inch Allah… Elle se souvient à quel point j’ai été dévouée, que l’on pouvait compter sur moi, de mon travail. C’était miraculeux pour moi que Truchon avait essayée de démolir moralement, ainsi que d’autres… RV pris avec le directeur pour le lendemain, bon feeling, bon tout ce que j’espère. C’est à 5 minutes de chez moi, c’est tout à fait dans mes cordes, je croise les doigts, toute la famille le fait… J’ai l’impression que l’entretien est vraiment positif…

Quand elle m’a appelée pour m’offrir le poste, elle m’a dit qu’aucune rencontre n’était anodine et je pense comme elle. Je pense que quelque part, c’était la chance qui tournait, et surtout qu’il y avait eu ce moment, où j’ai aidé un homme dans la détresse, sans rien attendre en échange. C’était peut-être il y a 13 ans, mais c’était à ce point hier, qu’il y avait quelqu’un pour s’en souvenir… Et effectivement rien n’est anodin. Car le jour de la brocante, s’il avait plu 1 H plus tôt, je n’aurais pas rencontré celle qui serait importante pour moi.

PARCE QUE OUI ! TADAMMMMM ! JE L’AI LE JOB ! JE L’AI SU LE VENDREDI MIDI ET J’AI SAUTE DE JOIE COMME UNE GAMINE !

Le 18 août au matin, enfin, je serai à nouveau sur les rails… Croisons toujours les doigts… Parce que le seul hic, c’est que le patron n’a pas l’air caractériel du tout (comme Truchon) et ça, je sens que ça va me perturber grave…

Coiffure et commentaires

Devant le trop d’empressement des blogueurs en cette période, je me permets (et je fais ce que je veux d’abord), de rééditer ce post du 15 juin 2006, époque où je débutais et n’ai eu aucun commentaire…

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais généralement il ne viendra à l’idée de personne (à part une très bonne amie ou une mère (ces mères quelle plaie…)) d’aborder une jeune femme, femme tout court en lui disant :

  • C’est quoi cette robe ?
  • T’as vu ton look ?
  • Il pue ton parfum
  • Tu pue du bec
  • T’as une gueule à faire peur aujourd’hui
  • Dis moi ce que utilises comme crème de base que je n’achète pas la même
  • Le mascara bleu laisse tomber
  • T’as un poil là, et un autre là aussi d’ailleurs
  • Je ne sais pas si tu as remarqué mais tu as un bouton
  • Putain ta peau !!! Qu’est-ce qu’il s’est passé ? T’as voulu faire des UV avec ton micro-ondes ?

Par contre, dès qu’il s’agit de coiffure tout le monde se lâche, et avec un sans gêne inimaginable. NE SURTOUT RIEN RAYER !

  • J’aimais mieux avant
  • C’est mieux maintenant
  • Pourquoi pas plus clair ?
  • Pourquoi pas plus foncé ?
  • Pourquoi pas des mèches tricolores ?
  • Quelle idée ces mèches tricolores ?
  • Pourquoi pas plus court ?
  • Pourquoi les avoir coupés ils étaient beaux ?
  • Pourquoi dégradé ?
  • Drôle de coupe, tu aurais dû faire dégradé…
  • Tu as été coiffée par un stagiaire ?
  • Ah tu t’es coupé les cheveux toute seule ? Non ? Pardon. Change de coiffeur
  • Quelle drôle d’idée cette permanente…
  • Quelle drôle d’idée de te faire défriser…
  • La couleur est jolie mais on voit bien que ce n’est pas naturel du tout.
  • Je dis ça, je ne dis rien…
  • Arrghh, je ne t’avais pas reconnue…

Etre prévenue : cela ne plaira pas à tout le monde. Seul un être se taira : l’homme qui ne voit rien. Où s’il voit il dira « Combien ? »

Pourquoi le capillaire ne connaît-il aucune limite en ce qui concerne l’impolitesse ?

L'emménagement de Delphine

Dans la série quiproquos et compagnie, l’emménagement de Delphine a été une occasion de vérifier une fois de plus que l’absence de dialogue peut parfois être fatale.

Déjà l’appartement des amoureux n’étant disponible qu’à partir du 10, une relation prêtait le sien entre le 30 juin et le 10 juillet (sans pouvoir faire garde meuble, d’où les allers et retours dans les Yvelines). Finalement moyennant finances pendant qu’on peut exploiter… 100 euros par semaine c’était donné pour une daube glauque sans grand confort, dans une sale rue bien sombre, et rien à redire… Pour Delphine cela restera une relation, vraiment lointaine, une relation quoi…

Seul jour d’emménagement possible : le lundi 14 juillet. Delphine vendant des glaces dans le Marais n’a pour jours de congés que le lundi et le mardi. Gendre n° 1 était disponible le 14 (férié) fort heureusement, car Delphine et gendre n° 2 l’ont constaté : pour un déménagement les rangs des amis se restreignent considérablement (même quand ce n’est pas férié ou juste un 30 juin où ils se sont coltinés 7 étages toute la matinée). Reste la famille.

Nous n’avons pas su tout de suite si Gendre n° 1 serait disponible pour cet emménagement. J’avais donc réquisitionné ma mère. Mauvaise idée : elle me suivant au volant du break, moi forcément paumée, nous aurions pu mettre environ 4 heures pour arriver et encore, j’étais optimiste, car Nation, je sais où c’est en métro, mais en voiture que nenni. La bonne nouvelle était que les Champs n’étaient pas dans le périphérique de l’intrigue du jour, mais c’était la seule.

Gendre n° 1 et Gendre n° 2 se sont arrangés, les deux soeurs aussi, tout ceci séparément d’où quiproquos, mécontentements, incompréhensions, et j’en passe (avec moi au milieu récoltant les appels de bilan…). Finalement Gendre n° 1 a été OK pour le lundi 14 juillet. Il devait conduire le break et moi le suivre au volant de ma toute bête voiture, en ayant rabattu les sièges arrières pour faire le plein. Il souhaitait partir de bonne heure, et j’ai caché ma joie de devoir me lever à 7 H un 14 juillet, même si je ne travaille pas.

Nous étions convenus de charger les voitures la veille au soir, pour juste avoir à partir à 8 H au plus tard.

J’ai découvert avec horreur, que le concepteur de ma voiture était un tordu. Rabattre les sièges arrières c’est simple normalement : pas sur cette voiture là. Mode d’emploi en main, je me suis torturé les méninges pendant que tout le monde faisait la sieste, et puis finalement j’ai pu crier victoire en découvrant le bouton caché qui permettait de décoincer une barre vicieuse qui semblait vouloir rester bien en place. Je me suis juste vrillée une vertèbre pour trouver le bouton, il n’y avait que moindre mal (pour les autres).

Puis il a fallu déterminer comment répartir le chargement entre les deux véhicules. Ayant vu le break chargé deux fois j’avais ma petite idée, et il s’est avéré que pour Gendre n° 1 et moi, des années à jouer au tétris sur une game boy n’avaient pas été des années perdues, même si la dernière couette est rentrée sauvagement et précipitamment avant fermeture du coffre. Le dimanche soir, les deux voitures étaient chargées, et je me préparais au pire à l’idée de suivre l’autre voiture le lendemain. J’avais à la fois tort et raison.

Gendre n° 1 est comme moi : il est toujours à l’heure. En plus, moi le suivant, il ferait le maximum, tout son possible, pour que je ne le perde pas de vue (quel délicieux garçon !). Nous sommes donc partis à l’heure prévue avec une marge de 10 secondes environ, le maximum supportable pour lui et moi. Comme il respecte les limitations de vitesse en plus d’être à l’heure, je n’avais pas besoin de scruter mon indicateur à moi, juste à le suivre. Cela roulait bien, c’était divin. Il m’avait tout de même expliqué comment faire après avoir pris le périf sud (que je déteste), mais je préférais ne pas le perdre de vue.

J’ai un défaut horrible : je respecte les distances de sécurité. Dans une zone à 130, je laissais donc la distance s’agrandir entre mon guide et moi. Et qu’est-ce qu’il se passe quand vous respectez les distances de sécurité ? Hein ? J’attends… Et bien il y a toujours un abruti qui vient se coller devant vous alors qu’il a toute la route. A l’arrivée juste avant le périf, il y avait cinq connards qui s’étaient infiltrés entre mon sauveur et moi, on se demande pourquoi, puisque c’était plus que fluide.

Gendre n° 1a donc rusé et ralentit bien en-dessous de la vitesse limite pour que tout le monde le double, sauf moi bien sûr, et nous sommes arrivés comme une fleur, à 8 H 45, au bon endroit. à 9 H 30 tout était torché car nous n’avions pu stationner qu’à des endroits strictement interdits et pas envie de nous y attarder.

Je repartais avec Delphine qui voulait voir sa maman et la famille, et naturellement en repartant, je me suis trompée en prenant le périf extérieur au lieu du périf intérieur (ou l’inverse, faut qu’ils changent le nom du périf à un moment donné, c’est plus fort qu’eux). Je m’en suis fort heureusement aperçue tout de suite (vu le nom des portes qui ne correspondaient pas à mon aller) même si nous parlottions un peu et j’ai refais un tour à Nation comme je le pouvais, pour prendre la bonne direction. J’en ai profité au passage pour non admirer les alentours et critiquer les concepteurs d’immeubles dans les grandes villes, car j’attaquais ma période « tout m’énerve, je critique tout ».

Malgré les méchants présages « à Paris un 14 juillet, vous n’êtes pas prêts d’être rentrés, on vous gardera du poulet… » à 10 H 30 j’étais heureuse d’être de retour dans ma campagne.

Parce que même si tout avait été comme sur des roulettes, je ne ferais pas cela tous les jours…

Ma caissière préférée…

La vraie est dans mes favoris, l’autre sévit à Rampion, à 300 mètres de chez moi et c’est déjà quasi trop près, j’aurais peur qu’elle ne débarque pour s’inviter à boire un coup…

Je sais que le boulot n’est pas marrant, mais j’ai l’audace de me dire à chaque fois que je passe à sa caisse, qu’il y a des limites et qu’elle ne les connaît pas. Tout le monde a eu droit à tout :

  • Elle vient d’ouvrir sa caisse, vous êtes son premier client. Donc elle va bailler à s’en décrocher la mâchoire, en oubliant de dire bonjour comme d’habitude. Vous pouvez généralement inspecter ses amygdales et affirmer qu’il n’y a pas d’angine qui couve. Au pire vous pouvez voir son slip après avoir visionné son tube digestif.
  • Vous avez eu l’idée idiote d’acheter le journal. Avant de commencer à scanner vos articles, elle vérifie son horoscope du jour, la météo qu’elle commente, et veut aller en page 3 pour savoir comment Carla était habillée pour la conférence des évêques. Quand vous lui faites remarquer qu’elle peut s’acheter le journal elle-même, elle se vexe. Donc au cours de la journée elle aura le temps de faire l’intégrale du journal, parce que ce n’est pas sympa de vexer une caissière.
  • Elle adore détailler les étiquettes de ce qu’elle scanne et demander si le colorant E666 est cancérigène ou non, après vous avoir détaillé le nombre de calories, lipides, glucides, protéines. 5 ans qu’elle demande ce que sont les protéines, à la longue ça fatigue. Cela fatigue également de passer vraiment trop de temps avec elle.
  • Elle vous regarde dans les yeux, ne répond pas au « bonjour », et quitte sa chaise avec précipitation après vous avoir demandé de rabattre le sens interdit signifiant qu’après vous, elle ne prendra plus personne. On pense qu’elle a une envie pressante et on la voit revenir avec un filet à provisions bien plein. Elle précise qu’elle n’aime pas gâcher sa pause en effectuant ses achats. Vous, vous avez juste perdu 10 minutes en pensant qu’elle avait une cystite, mais elle s’en tape. Elle vient elle, de faire ses petites courses.
  • Elle est la seule à dire régulièrement « bon, bah, je vous dois 5 centimes ». Si on lui précise que l’on tient à ces 5 centimes et qu’elle peut demander de la monnaie à sa collègue, elle hausse les épaules et on entend clairement « quel radin(e) celui(celle) là ».
  • Quand elle baille seule à sa caisse, ne surtout pas lui demander où sont les ampoules, les piles, le jus d’orange ou la crème fraiche. Au lieu de répondre qu’elle n’en sait rien, elle vous regarde d’un oeil un peu vide au son de « c’est quoi ? »
  • Tiens, vous avez acheté du malibuuu. Elle n’y a jamais goûté. Non jamais goûté. Vraiment jamais jamais goûté. Vous ne pouvez pas lui en faire goûter un bouchon ? Non ? Les clients sont tous des rats.
  • Le matin, ne pas lui préciser « bonne journée » sous peine de vous entendre rétorquer « tu parles ! », car elle tutoie tout le monde sauf le chef du magasin.
  • Le soir ne pas lui souhaiter une bonne soirée. Véridique, elle est capable de vous sortir qu’avec tous les cons qu’elle s’est appuyée toute la journée, le temps qu’elle s’en remettre il faudra déjà qu’elle se lève.
  • Elle a un cil dans l’oeil. Vous le voyez ? Vous pouvez le lui retirer ? Même si elle vous signe une décharge ? Elle revient…

Moi je dis « chapeau » ! Parce que cela fait tout de même 5 ans que cela dure.

Une journée qui compte… part 3

Delphine m’avait assuré que je pouvais me garer dans la cours de l’immeuble. Sauf que je n’étais pas au volant de ma voiture, mais d’un break que je conduis une fois tous les 4 ans et dont les mesures ne sont pas exactement dans ma tête. Et que la manoeuvre me semblait légère pour passer le portail fort étroit et le couloir qui suivait, et me retrouver coincée dedans vu les voitures mal garées devant le dit portail.

Ma fille crispée, insistant, et moi négative définitivement. J’avais pu me garer sur un emplacement « privé » que je pouvais donc occuper à condition de rester à proximité du véhicule pour le dégager le cas échéant. Mais Delphine était toujours crispée, parce que j’étais en retard. Mère en retard, liaison dans le tiroir, c’est bien connu…

Je me suis déplacée pour voir ce qu’il fallait charger et j’ai tout de suite vu que tout ne tiendrait jamais dans le break. J’ai déjà déménagé 13 fois, j’ai l’oeil. Là, Delphine m’a précisé de la boucler, et que comment que tu me parle ma chérie ? qu’elle était assez stressée comme ça, alors qu’en fait j’avais en tête déjà qu’il faudrait faire un deuxième aller et retour et m’en réjouissais très secrètement à l’avance. Dans ces cas là, charger au maximum, et se tirer rapidement pour pouvoir revenir le plus vite possible. Quant on n’a pas le choix, autant prendre l’option la plus rapide, et c’est l’âge qui vous apprend cela.

Mais l’emplacement du véhicule la crucifiait et elle insistait pour que j’aille coincer le break de papa dont l’attestation d’assurance était obsolète, dans le portail de la fichue entrée de sa fichue cour. Fort heureusement, des voisins compatissants lui ont refilé un chariot roulant et le chargement a pu commencer.

Je vous passe les détails, c’était assez folklorique. Et puis Delphine tout à coup a réalisé qu’effectivement tout ne tiendrait pas dans le coffre aux sièges rabattus, et qu’il fallait donc charger la place passager. Gendre n° 2 prendrait le train pour m’aider au déchargement. C’est là que j’ai dit qu’il fallait revenir, et encore, je n’avais pas vu tout ce qu’il restait, non encore dans la cour. Donc inutile que je voyage seule et lui aussi, d’autant que pour le retour, lui qui connaissait bien le quartier pourrait peut-être trouver tout de suite le boulevard Henri IV…

Ma fille s’est décrispée. Tout irait bien, tout serait déménagé le bon jour, et s’il fallait faire un autre voyage, puisque j’étais d’accord pour le faire… En fait elle ne savait pas que je serais disponible pour un deuxième voyage, mes journées étant tellement occupées…

Nous voici donc partis avec gendre n° 2. Nettement plus sympa de voyager avec quelqu’un à qui causer, qui aime bien la musique que l’on écoute. Et puis ils m’avaient trouvé un itinéraire de retour nettement plus simple. A gauche, encore à gauche, tout droit et là : place de la concorde. Là je suis quasi chez moi. J’ai pu remonter les champs en pestant contre les parisiens et en zigzagant comme eux, et en avant pour la province.

Le seul hic, c’est que nous avions pu fermer le coffre de justesse, et qu’une lumière restait allumée sur le tableau de bord. Je compte sur vous pour ne pas le dire à mon père, mais en fait, le coffre était mal fermé à cause du chargement, même s’il semblait réellement bloqué. Je roulais donc doucement, avec une vision du coffre s’ouvrant sur le périf, et les affaires de Delphine se répandant sur la chaussée, créant un accident gigantesque avec plein de morts et une attestation d’assurance toujours non valide. Ne jamais dramatiser surtout. Nous sommes arrivés à bon port pour tout décharger et repartir en réfléchissant bien à l’itinéraire cette fois. Le coffre fermait normalement, tout allait bien.

Exit la porte de Passy, je suis sortie porte Dauphine, j’ai enquillé l’avenue Foch comme je sais si bien le faire, puis les champs, pour, après la place de la concorde, me retrouver sur les mêmes quais que le matin. Bien la peine de m’être fait suer à passer place de l’Alma et j’en passe. Evidemment, nous étions alertés gendre n° 2 et moi sur la nécessité de prendre le boulevard Henri IV que nous avons loupé. Pour finalement nous y retrouver tout à fait par hasard (l’entrée doit être dans une autre dimension). Gendre n° 2 avait reconnu un trajet qu’il faisait EN BUS. Sauf qu’à un moment donné, seuls les bus avaient le droit de passer et que je n’ai pas osé en suivre un en faisant celle qui n’avait pas vu le panneau « interdit aux voitures ». Nous avons un peu tourné et puis tout à coup il a pu voir, parce qu’il ne surveillait pas un scooter à l’oeil vicieux, que nous étions dans le fameux boulevard, et nous sommes arrivés rue des Tournelles comme une fleur, pour trouver Delphine détendue, qui avait d’ailleurs fait les soldes et portait une fort jolie marinière que je lui piquerais bien.

Retour chez mes parents à 18 H, avec les embouteillages de rigueur, déchargement de la voiture, plans pour le vrai emménagement. Il faudra absolument 2 voitures (donc si possible gendre n° 1 pour en conduire une, il connaît Paris comme la garde robe de Pulchérie), dont le break, et bien étudier l’entassement du « presque rien » de Delphine, dont une TV, un four, un futon, une imprimante, un ordi, de la vaisselle, du linge de maison, une tonne de livres on dirait sa mère, le reste (dont la garde robe et les papiers) bref, pas grand chose (9 m2 finalement c’est grand quand il faut les déménager).

Nous n’avions rien mangé de la journée tellement nous avions tout fait vite, et mes parents après nous l’avoir proposé, ont vu disparaître le reste de paëlla du dimanche. Ceci sur fond de questions sur le prochain grand jour : la sortie garde meuble et l’autre départ sur Paris…

Serait-ce encore une journée qui compte ?

Compte rendu du dimanche : la liste de Schindler

Pulchérie était en CM2. J’étais allée voir ce film avec mon copain du moment, Monsieur le toujours en retard en retard, dans des conditions qui ne m’avaient pas convenu du tout.

Et d’un, il était en retard, donc nous sommes rentrés les derniers pour nous retrouver assis au premier rang. Je déteste. Tout le monde déteste, c’est bien pourquoi on ne s’assied jamais au premier rang spontanément. Et de deux : c’était une VO sous-titrée. Là, au risque de faire hurler les puristes, je déteste la VO sous-titrée, même si avec une VO en anglais je m’en tire à peu près pour comprendre que les sous-titres c’est n’importe quoi. Je perds mon temps à lire les sous-titres en me disant que merde, nous avons le meilleur doublage du monde. Donc, je déteste la VO sous-titrée et les filles taisez-vous, vous ne me changerez pas, c’est trop tard, je la déteste depuis trop longtemps.

Je voulais donc revoir le film, dans de meilleures conditions pour moi. J’ai décidé arbitrairement que Pulchérie était en âge de découvrir certaines vérités, et que Delphine était trop jeune et trop sensible. Après consultation du maitre de Pulchérie qui devait pour la fête de fin d’année aborder le thème de la résistance via un poème d’Aragon, il s’est avéré qu’il aurait bien aimé emmener sa classe voir ce film mais que certains parents s’y opposaient violemment.

Je suis donc partie avec ma fille dans la voiture, abandonnant Delphine en larmes qui braillait que nous allions bien nous amuser et elle paaaaas ! Mrs Bibelot devait pourtant l’emmener manger une glace et s’acheter un joli chemisier…

Dans la voiture j’ai expliqué à Pulchérie les dessous les plus sombres de l’histoire, sans oublier le côté « argent » dont il est souvent question dans le film. Et je lui ai dit qu’au fur et à mesure, je lui dirais qui s’en sortait ou non, pour lui éviter de trop grandes angoisses, car le film est flippant.

Ce que j’avais apprécié et que j’apprécie toujours, c’est qu’au départ, le personnage d’Oskar Schindler n’est pas sympathique. C’est un profiteur de guerre, qui va s’humaniser au fur et à mesure, révélant le meilleur qu’il peut y avoir en nous, alors que Goethe ne montre que le pire de l’homme, tout en restant humain malgré tout, au travers de son attirance pour une juive, un personnage plein de contradictions.

Dès le début du film, Pulchérie me tenait très fort la main. Je la sentais se crisper, et de temps à autre, devant un personnage je pouvais lui dire « il/elle s’en sortira ».

Elle a compris pourquoi la petite fille en manteau rouge, la seule couleur du film, m’avait fait penser à ma petite soeur, à sa tatie. Cela m’avait frappé la première fois. Cette petite fille m’avait évoqué ma soeur avec ses jolies boucles, son air perdu quand on massacre autour d’elle. Cela aurait pu être elle, toute sa famille ayant déjà disparu. Et la liquidation du ghetto a de quoi faire trembler, parce que là, malgré ceux que l’on suit et qui vont s’en sortir, il y a tous les morts bien visibles, surtout sur grand écran (la scène perd de son intensité sur petit écran)

Malgré mon avertissement, quand le convoi des femmes est dirigé sur Auschwitz, qu’elles ne seront pas gazées, mais repartiront indemnes, j’ai senti ma fille tétanisée, souffle coupé, au moment où elles entrent dans la salle de douche pour « désinfection », au moment où leur peur est palpable. Elle m’a planté ses ongles qu’elle ne rongeait plus dans ma main à moi, et a vécu, je l’ai bien senti, l’horreur que cela avait du être quand ce n’était pas une douche réelle. Elle n’a pas compris pourquoi les Kapo voulaient retenir les enfants qui repartaient, au son du toujours « comment peut-on vouloir la mort de petits enfants ? ».

Et puis à la fin, quand Schindler pleure tout à coup qu’il aurait pu en sauver plus, qu’il avait gaspillé trop d’argent qui représentait des vies, elle a versé toutes les larmes de son corps, parce que c’était trop beau, pour ne pas s’arrêter quand les survivants suivis des acteurs qui les ont représentés dans le film, viennent déposer sur la tombe de leur sauveur, chacun une petite pierre.

Nous sommes rentrées, elle silencieuse et pensive, sans trop de questions que j’avais devancées. A sa soeur qui l’enviait elle a précisé « tu parles comme je me suis amusée » ! Elle s’en souvient encore, et ce n’est pas pour rien qu’elle a une fois de plus levé la main pour répondre « présente », afin de réciter à la fête de l’école « celui qui croyait au ciel et celui qui n’y croyait pas ». Déjà qu’elle avait déposé une gerbe ronde le jour du 11 novembre en sacrifiant une grasse matinée…

Delphine a attendu pour voir ce film. Aujourd’hui encore, je vous parie mon thé du matin pour 8 semaines, qu’au moment où Schindler s’écroule en pleurant, elle sera répandue sur le canapé, en inondant la moquette… Comme j’en fais autant, je ne critique pas…

De temps à autre tout de même, je m’en veux de les avoir traumatisées…

Une journée qui compte… part 2

Au départ c’était sympa, cela roulait bien, et puis j’écoutais de la musique. Dans ma voiture je n’ai pas d’auto radio ou autre, donc je cogite ou je m’ennuie. Je profitais donc de la musique en me disant « pour l’instant ça va ». Oui jusqu’à l’entrée sur le périf nord cela ne pouvait qu’aller, je connaissais par coeur.

A la sortie Porte de Passy les choses se sont gâtées car je n’étais jamais passée par ce coin là. Je reluquais donc mon itinéraire que je m’étais recopié en le schématisant, et je conduisais, un oeil sur la route, un oeil sur l’itinéraire, un pied sur le frein, l’autre sur l’embrayage et le troisième je ne sais trop où d’ailleurs. Mais tout allait bien, d’un troisième oeil je visualisais le nom des rues et j’avais tout bon.

Puis j’ai attaqué les quais la mort dans l’âme, comme c’était écrit toujours sur l’itinéraire, avec en tête que quai Henri IV il me fallait prendre à gauche le boulevard Henri IV puis la rue Lesdiguières (comme dans Angélique, donc je me souvenais), puis la rue des Tournelles dans le prolongement. C’était tout simple et pour un peu je me serais esclaffée.

Il y a eu un loupé quelque part, peut-être au moment où un 4×4 m’a bouché la vue sur la gauche (un 75 bien sûr, qui voyait bien que je cherchais et qui donc m’a klaxonnée en doublant), car tout à coup j’avais deux options : Bercy ou Nancy, Paris Nord, etc. J’ai compris que j’étais mal embarquée et faire demi tour sur les quais vous me direz comment faire tant qu’il n’y a pas de pont ou de feux qui le permettent. Je savais qu’une fois emmanchée dans la direction opposée, il me restait à chercher la direction « Bastille » et qu’au pire, Delphine viendrait m’y chercher. Sauf que piétonne dans Paris, elle ne connait pas les sens interdits.

J’ai suivi la direction Bercy la mort dans l’âme en attendant une occasion de changer de cap. Normalement j’aurais dû arriver rue des Tournelles et Delphine, bien réglée sur l’exactitude de sa mère, a commencé à s’inquiéter et mon téléphone portable a sonné. Hors je ne décroche JAMAIS quand je conduis. Il y avait beaucoup de flics et je n’ai pas imaginé une seule minute que des poids lourds envisageaient une opération escargot et je me suis arrêtée avec les warnings de papa en route, la larme à l’oeil, pour expliquer à un pandore très sympathique que j’étais perdue et que plus jamais, je ne remettrais mes roues à Paris.

Je lui ai fait peine et il m’a montré le feu rouge à 5 mètres, qui me permettait de faire demi tour. Il m’a conseillé de prendre direction Bastille et après enquête n’a pas su me dire où se trouvait le boulevard Henri IV.

Me voici donc ayant fait demi tour, guettant la direction « Bastille » (arrêtez de ricaner, c’est insupportable !), mon portable sonnant à nouveau, musique coupée pour mieux me concentrer. J’ai pris à droite au bon moment et j’ai fait trois fois le tour de la place de la Bastille en cherchant un endroit où me garer pour appeler au secours.

C’est là que deux contractuelles sont apparues, pour moi comme des anges sauveurs : ELLES devaient savoir où était le boulevard Henri IV. Effectivement. J’y étais. Elles ont compris à ma tronche que je ne me fichais pas du tout d’elles, confirmé de continuer tout droit en respectant les feux rouges, et j’ai pu appeler enfin Delphine pour lui dire que j’étais devant la banque Truc du début de la rue des Tournelles.

Sauf que j’étais garée à un endroit stratégique, idéal pour faire un casse. C’est ce que m’a expliqué un flic également sympa finalement qui venait de me demander les papiers afférents à la conduite du véhicule, pendant que son copain avait la main sur une arme à feu, alors que je venais de raccrocher mon téléphone portable. Il paraît que j’étais idéalement placée pour récupérer des complices surgissant de la banque avec plein de sous dans un sac de voyage (mon rêve, le sac de voyage plein de billets…). Pur hasard bien sûr (enfin en ce qui me concerne, et si j’avais un casse à faire je ne le ferais certainement pas à Paris) et je pense que mon histoire de boulevard Henri IV et la suite les a vraiment déridés et que c’est pour cela qu’ils n’ont pas vu, ou fait semblant de ne pas voir que l’attestation d’assurance de papa datait de 2 ans (la bonne est toujours dans son enveloppe, dans le tiroir de gauche du bureau, maman la mettra dans la voiture quand elle y pensera, en 2009).

Enfin, me voici devant le bon numéro de la rue des Tournelles. Gendre n° 2 m’attends, il m’a ouvert le portail, je n’ai qu’à rentrer dans la cour…

Une journée qui compte… part 1

Il y a des jours qui comptent dans notre vie. Des dates qui marquent, dont on se souvient. Le 30 juin 2008 sera du nombre des jours marquants, pour moi tout au moins. Je me permettrai donc de rappeler à Delphine qu’elle a quitté la rue des Tournelles, Paris 3ème, le lundi 30 juin 2008, quand la naissance de ses enfants et autres joyeusetés lui auront fait perdre de vue ce jour mémorable (pour moi).

Donc tout a commencé avec une question toute bête : si j’étais disponible, pourrais-je éventuellement « s’il te plaît ma petite maman » (sans hypocrisie, je suis une toujours hyper petite maman) aider Delphine à déménager ? A savoir prendre une voiture, au hasard le break de mon père, venir avec la voiture tant qu’à faire, qui serait chargée par Delphine et ses aides, dont gendre n° 2, emporter le contenu de la voiture à la nouvelle adresse pour déchargement ?

J’ai dit « oui » bien sûr, sous condition de ne pas avoir retrouvé de travail, ce que tout le monde comprenait.

Hors, il faut que vous sachiez que la simple idée de prendre ma voiture pour aller à Paris et y circuler, me réjouit tout autant que celle d’avoir un furoncle me poussant au coin du nez. Faire chez moi/les Saintes Maries de la mer ne me pose aucun problème, aller à Paris si.

Je déteste rouler dans Paris, qui est une ville pleine de parisiens qui traversent n’importent comment, de parisiens qui roulent sans mettre leur clignotant et trop vite, de parisiens qui se garent n’importe où, de parisiens qui ne maîtrisent ni vélo ni scooters, de parisiens impatients qui ne comprennent pas que vous cherchiez votre chemin, parce qu’eux, savent où ils sont. Bref, à Paris il y a trop de parisiens, et quand on s’y perd et qu’on demande son chemin à un péquin à portée de voix, c’est un anglais qui ne pas comprendre et lui of course cherche le Notre Dame de la Paris please. Ces gens qui se perdent, c’est crispant.

Donc Delphine m’avait assuré que le break de Jean Poirotte était suffisant. J’ai eu des doutes, même si sa chambre de bonne faisait 9 m2, mais je n’ai rien dit parce que je la sentais crispée. En effet, le programme avait changé entre la demande et la réalisation du projet : il fallait aller chercher ses affaires et les stocker une quinzaine avant le véritable emménagement, l’appartement de rêve trouvé n’étant disponible que le 10 juillet.

Devant ma mine consternée, mes parents m’ont rappelé qu’ils avaient de la place et ils ont eu tort : j’ai sauté sur l’occasion en leur disant merci d’avoir vidé une des cabanes de la cour pour la rendre disponible. Mon père qui connaît très bien Paris en voiture ne m’a par contre pas du tout proposé ses services, malgré mes allusions qu’un enfant de 6 mois aurait parfaitement pu comprendre. A moi donc de prendre son volant le 30 juin dans un premier temps, pour aller chercher les affaires.

Si je déteste aller à Paris en voiture, outre les parisiens, c’est que c’est une ville où je me perds. J’y connais plein de quartiers très bien pour y avoir travaillé ou habité (eh oui, 6 mois), mais je ne sais pas les relier entre eux. Je ne sais jamais si je vais vers l’est ou l’ouest, le nord ou le sud, et le premier qui me parle du soleil s’en prend une. Où est la Seine ? je n’en sais jamais rien, il paraît qu’elle fait des méandres. Quand je sais où elle est c’est que je suis sur les quais, donc, déjà perdue. Bref dans Paris je suis paumée. La seule chose que je sais faire c’est d’aller de chez moi aux champs Elysées sans hésitation aucune, après, c’est tout juste si je situe la rue de Rivoli par rapport à l’arc de triomphe, c’est vous dire mon niveau de néantitude.

C’était donc bien parti pour ma bonne humeur, d’autant que planchant sur Internet le meilleur itinéraire possible, j’ai eu droit à 3 itinéraires totalement différents, mais tous très compliqués. J’avais le choix entre entrer dans Paris par l’Est, l’Ouest, le Sud. Par le sud j’avais déjà donné, arrivant à Montparnasse avec 1 H 30 de retard après avoir suivi une benne à ordures pendant un temps infini, j’ai donc choisi l’ouest parce que l’itinéraire comportait moins de lignes…

Et me voici partie, au volant du break de Jean Poirotte, à 10 H du matin, pour retrouver Delphine pour 11 H 30…

Bien évidemment, itinéraire à portée de main, ainsi que portable chargé, bouteille d’eau et trousse de survie.

Tout de même…