P’tite n’Héra…

femme-pleurantAinsi chantaient les filles :

« Petite n’Héra, c’est ma copine à moi ! P’tite n’Héra elle est maligne et puis coquine… » sur la musique de « Alison » (Jordy)… Héra adorait les filles, les enfants en règle générale : c’est bien les enfants, ça joue tout le temps…

P’tite n’Héra, c’était la chienne de mes parents, un épagneul breton plein d’amour, qui les accompagnait depuis tellement longtemps qu »on la croyait quasi immortelle, vétérinaire compris.

C’est lors de nos mésaventures en Crête en juillet 1992, que nous avions appris la mort du dernier épagneul de la lignée de la première. Empoisonnée la petite mère, par on ne sait quoi, et surtout, on ne sait qui (enfin nous avons des soupçons  sur les appâts empoisonnés destinés aux renards, par des chasseurs indélicats…)

Mes parents étaient inconsolables et ma mère jurait « plus jamais, plus jamais de chien, ce sont des bêtes à misère, trop de chagrin quand ils nous quittent ».

Ma soeur s’était mise en chasse d’un épagneul tout de même et en avait trouvé une portée à prix défiant toute concurrence. Pendant ce temps là, mon père mijotait une visite à la SPA alors que Mrs Bibelot jurait « plus jamais ! ».

Nous avons été ma soeur et moi, dans l’obligation de prévenir mon père d’une surprise, afin qu’il ne fasse pas coïncider l’arrivée SPA avec celle d’une petite chienne de 1 mois et demi, que nous avions réservée et payée.

Non sans doutes affreux. 3 jours avant l’arrivée de la petite puce, nous étions allées manger au restaurant toutes les 3, et là, Mrs Bibelot avait été catégorique « plus de chien vous m’entendez ? D’ailleurs si votre père m’en amène un, il pourra le rapportera d’où il vient »…

Sombre angoisse, mais l’arrivée était prévue pour le samedi, ma soeur allant la chercher le vendredi soir. Mon père était prévenu bien sûr qui sut éloigner sa femme le samedi matin et ne pas aller à la SPA.

L’arrivée fut épique. Ma chienne avait décidé de prendre en charge ce petit bout de chou, en la nettoyant bien des mauvaises odeurs du chenil (grande toilette) et en la suivant partout. C’était bon, il y avait une mère de substitution (qui le resta longtemps, d’ailleurs il n’y a aucune photo du chiot sans la goule de ma chienne en train de veiller au grain).

Restait à faire passer la pilule à maman. Nous avons décoré le bébé d’un ruban, et nous avons concocté le pire : la mettre dans le placard à chaussures où ma mère allait directement y ranger les siennes et prendre ses chaussons.

Las… La bestiole nous a échappé quelques instants. Elle avait franchi la grille, avait été récupérée de justesse par ma soeur, et mise dans le placard.

Arrivée de Mrs Bibelot :

« J’ai cru voir un petit chien »
« Ah bon ? » (ton hypocrite à 6200 %)

Ouverture du placard et le petit chien se précipitant sur elle, toute langue dehors :

« C’est quoi ce joli bébé, coutiou coutiou, qu’il est mignon, coutiou, coutiou ». Et que la petite léchouille un coup, et que ma chienne vienne surveiller (c’était pour longtemps), avec déjà ma mère en défense : « il est à qui ce petit chien ? ».

« A toi ».

Adieu veaux, vaches, cochons, couvées bonnes résolutions : c’était sa chienne et point barre. Et celle de mon père avec. Avec grand débat sur le nom à donner (et qui a imposé son nom ? je vous le donne en mille !)

Nous ne savions pas que nous leur avions offert 17 ans d’amour, d’affection, de soucis et de réjouissances. Elle nous a fait ses peurs : occlusion intestinale, coupure grave, rupture d’un tendon (toujours un dimanche) et a supporté plusieurs opérations, pour revenir chez elle, un peu plus maîtresse que ne l’avaient été les chiennes précédentes. Jean Poirotte avait renoncé à la faire obéir, sous prétexte qu’elle n’en faisait qu’à sa tête… Sans vouloir reconnaître qu’il avait pris de l’âge et quelque part renoncé.

Elle a même fait une déprime (véridique) à la mort de ma chienne, refusant de se nourrir, triste, reniflant partout. Sa maman/copine était définitivement partie. Les animaux dépriment eux aussi, mais comme ils n’ont soi-disant pas d’âme, beaucoup n’y croient pas…

Certains vont  jusqu’à dire qu’ils n’ont pas de souvenirs passé deux heures, je préfère en ricaner.

Elle a été une compagne de jeux extraordinaire pour les filles, proche des enfants, galopant en promenade, encore en 2007/2008, avec une fougue que le vétérinaire admirait. Elle était prête à tous les jeux dans sa jeunesse, avec une endurance qui l’a portée jusqu’à un âge respectable

En 2007, le vétérinaire optimiste, notait encore un rendez-vous pour 2008.

Et puis elle a développé une cataracte, est devenue quasi sourde, ce qui n’était pas très grave, car un chien a son flair qui le sauve de tout. Et puis elle a donné l’impression de perdre la tête (eh oui, pourquoi pas !) semblant ne pas se souvenir nous avoir déjà vus/reniflés. Et puis il y a eu perte d’appétit, et surtout graves problèmes à se déplacer. Dérapant sur le carrelage, tombant régulièrement n’arrivant plus à se relever, elle chouinait les quatre pattes écartées, les articulations visiblement totalement HS.

Puis de plus en plus de perte d’appétit, ne mangeant souvent pas du tout, malgré le steack haché acheté, le bon bourguignon pour humain, le foie cuisiné avec amour. Elle a maigri, maigri, tremblait souvent. Avait-elle froid ? ou mal quelque part ? Comment savoir ?

En janvier nous la savions condamnée à plus ou moins brève échéance. En juin elle a eu 17 ans, et mes parents ont repoussé, repoussé, le moment de faire venir le vétérinaire (pas question de l’y emmener). Le fait qu’elle ne mange plus a été déterminant, et il a bien fallu, difficilement, prendre la décision. Le moment où l’on se dit que ne rien faire, c’est par égoïsme, car tout ira en empirant.

La décision est très difficile à prendre, la peur de la mort étant très présente chez tous les êtres vivants. Et ce regard plein de confiance qui se pose sur nous alors que nous avons décidé que demain, à 18 H 30, cela se terminerait tout à coup, en nous disant que peut-être un jour nous préfèrerions en passer par là (on le pense mais on ne le penserait pas forcément au pied du mur)… La décision est inhumaine totalement malgré toutes nos excuses, et elle est la cause de nos sinus bouchés et de nos yeux larmoyants

Nous avons tout fait pour que son départ se passe « le mieux possible », sans angoisse pour elle, mais nous n’avons pas totalement réussi. Et malgré tout, nous avons dû tous espérer que le vétérinaire dirait qu’elle pouvait tenir encore un petit peu, monsieur le Bourreau… Il s’est demandé simplement comment mes parents avaient pu tenir pendant les 3 derniers mois devant l’état de la petite mère, malgré le foie, le bourguignon, le steack haché, et le munster.

Bref tout le monde a pleuré ce 28 juillet au soir, car elle a emporté avec elle 17 années qui nous appartenaient à nous aussi. C’est une partie de l’enfance des filles qui est partie avec elle.

Personne ne me fera croire que les animaux n’ont pas droit à une âme et quelque part un paradis où nous les retrouverons.

C’est parce que l’on me dit que c’est faux, que je n’ai pas la foi…

Adieu notre belle Héra ! Elle a retrouvé ma Chloée et maintenant, elles nous attendent, en retrouvant leurs jeux d’antan… Elles, ne nous ont jamais trahis… Nous ne pouvons pas en dire autant, ayant commandé la mort pour elles…

Ceux qui n’ont pas d’animaux par choix ou par goût, ne peuvent comprendre le chagrin qui est le nôtre. Le chagrin engendré par la perte d’un animal, n’a rien à voir avec la perte d’un être cher. Il est violent, certes, mais dure moins dans le temps, notre raison jouant, certainement… Les années peuvent passer, on ne les oublie pas, mais la tristesse s’estompe définitivement pour ne laisser la place qu’aux bons souvenirs. « Vole vole mon loup sauvage comme aux temps des vertes années (Jean Ferrat) »

Les attrapes couillons…

85153338Soir de désoeuvrement intense (la vie du chômeur n’étant pas une longue succession de moments grandioses) j’ai regardé la première partie d’une émission sur M6 qui traitait de la « détoxination » (ou détox).

Ne cherchez pas, ce n’est pas dans le dictionnaire. C’est tout nouveau cela vient de sortir. Cela consiste à faire sortir les toxines (mais pas la connerie) de notre corps autrement qu’avec l’aide de nos reins dont on se demande à quoi ils servent.

  • Et d’un : la nourriture. Certains restaurants vous prennent une fortune pour vous faire boire du jus d’herbe (j’ai dit : herbe, pas légume) et vous faire manger du foin (comme ils ont raison !). Comme je tonds la pelouse de mes parents une fois par semaine, je me suis dit qu’il y avait peut-être là un débouché de reconversion intéressant pour moi dans un avenir proche (en plus il y a énormément de trèfle, et c’est vachement bon pour la santé, que je pense vu que les abeillens en raffolent).
  • Et de deux : l’absence de nourriture. Vous prenez une chambre fort chère dans une sorte de gite rural pour… jeuner pendant 7 jours.
    Quand je dis chambre, j’exagère, on dirait une cellule monastique et le lit est annoncé « dur comme ça ». Bref, vous rentrez dans les ordres pour jeuner pendant 7 jours.
    Vous allez donc presque jeuner car vous avez droit à un jus de fruit le matin, un bouillon de légume le soir, et de faire 10 km de marche à pied par jour (c’est même une obligation) en buvant 3 litres de flotte. Ca détoxine parait-il. Et si vous avez un malaise le 3ème jour au matin (à 150 Euros la journée c’est ballot), ce n’est pas une crise d’hypoglycémie c’est votre corps qui détoxine. Là encore, j’emprunterais bien à mes parents leurs 3 chambres à l’étage (3 X 150 Euros par jour x 7) pour servir à 3 couillons une orange pressée le matin et un bouillon de légumes d’herbes le soir. Et puis j’irais les faire crapahuter dans la forêt et ce serait moi qui mangerais les champignons ramassés (fricassés de préférence) en douce la nuit. Personne n’a précisé si jeuner chez soi était aussi détoxinant : certainement pas. Et puis c’est ballot, 7 jours vous avez le droit de vente, mais les cures de 47 jours (pourquoi 47 ?) sont interdites en France, pourtant c’est l’une d’elle qui a sauvé l’aubergiste de la grippe aviaire et d’un sale cancer. Il y aurait donc là une possibilité de combler le trou de la SS (la Sécu !). Jeunons tous, dieu reconnaitra les siens !
  • Et de trois : là pas de débouché pour moi mais j’ai trouvé le truc super. Il était une fois un médecin qui suite à des pratiques plus que douteuses s’est vu interdire d’exercer par l’ordre des médecins (et il faut quand même en faire). Il ne s’en cache pas. S’en fout. S’est auto-proclamé « psychothérapeute » car ce n’est pas règlementé, et détoxine à tout va, en faisant subir à ses patients des bains de lumières de couleurs diverses suivant ce dont ils souffrent. Quand vient l’arc en ciel, le malade est gravement atteint. Et puis il masse aussi, mais juste la plante des pieds. Rien que l’idée ça me chatouille. Il fait pratiquer le sauna à certains patients, et vend à prix d’or des pilules à base de plantes et des tisanes d’herbes dégueulasse à consommer toute la journée. Et ça marche (enfin, son affaire). Son forfait journée détox est modique : 250 Euros c’est donné non ? Ses patients reconnaissent être crevés après la journée, mais considèrent que c’est bon signe… Plus on était intoxiqué et plus on est crevé en détoxinant. J’aurais pensé que c’était le contraire, mais je suis nuuulllle…
  • Le top c’est une machine, vendue au salon de la détoxination. Un truc à bain de pieds dans lequel trempe un appareil qui fait de l’électricité (assez proche du principe de l’électrodéionisation dont on fait grand usage dans le traitement des eaux pour éliminer les ions calcium/magnésium). Le but : faire sortir les toxines par la plante des pieds. Et ça marche, au fur et à mesure que le bain avance, l’eau prend une couleur maronnasse du plus bel effet et tout le monde est en admiration. La personne de « caméra cachée » ne pensait pas avoir autant de toxines à éliminer même au niveau des pieds. Après analyse de l’eau et démontage de l’engin acheté, il apparaît que cet appareil contient une bobine de fil de fer et que la couleur de l’eau est due à de la rouille qui se forme très rapidement grâce au courant électrique. Ce qui est confirmé par l’analyse de l’eau. Evidemment la bobine est à changer régulièrement sinon ça ne détoxine plus. Pour la modique somme de 1500 Euro l’appareil et 150 Euros la bobine de rechange, vous aurez la possibilité de prendre un bain de pieds à l’eau ferrugineuse chez vous. Et ça part comme des petits pains.

Moi je n’ai pensé qu’une chose : finalement pourquoi se priver d’arnaquer son prochain consentant et admiratif ? Puisque ça marche et que ça rapporte gros ? Je m’en vas acheter des gélules vides, les remplir avec de la pelouse de mes parents broyée (du trèfle), et les vendre achement cher parce que ça détoxine…

C’était finalement plus rigolo que la précédente émission sur les régimes car là tout de même sur 3 jeunes filles ingurgitant chaque jour une ampoule destinée normalement à un cheval (et allant jusqu’à doubler la dose pour maigrir plus vite), ampoules fournies illégalement sur Internenette, il y en a eu une qui est morte d’une crise cardiaque (sans avoir perdu un gramme).

Moi je le signale comme ça au passage, mais je me verrais très bien me faire payer pour traquer l’attrape couillon sur le oueb ou ailleurs : sur ce plan là, je fais partie des sceptiques de nature, très très sceptiques, et bien contente que certains achètent les machines pour examiner de près (on n’est jamais déçu)…

Pour le jeûne, je ne peux m’empêcher de signaler toujours au passage que certains bien connus, ont jeuné 40 jours dans le désert pour trouver l’inspiration divine.

Z’auraient du jeuner plus longtemps, cela aurait détoxiné tout le monde pour les millénaires à venir.

Mais j’ai mauvais esprit… C’est bien connu…

Je pourrais présenter mes excuses à ceux qui pensent sincèrement que de bouffer du trèfle ou de ne rien manger va arranger leurs échalottes, mais même pas.

Moi aussi j’espère toujours dans le truc miracle, mais pas quand le miracle c’est nous prendre pour des cons…

A lire ou a découvrir : Michel Peyramaure

Mon premier livre le concernant, je l’ai lu à 16 ans et il s’agissait du livre « le bal des ribauds« , qui se passe juste avant l’an 1000, et a pour héros principal Archambaud de Comborn en Limousin, dit sur sa fin « jambe pourrie ».

L’époque est rude, et Mainell, fille d’un Essartier, se verra favorite de celui que l’on surnommera par la suite, « le boucher du Limousin ». Archambaud n’avait guère culture ou délicatesse, mais su mener à bien les destinées d’une province. Le livre est prenant qui suit ses héros jusqu’à la fin, sans concession aucune, mais avec tout de même ça et là, des pointes d’espoir. C’est vraiment un livre à lire, malgré son titre pouvant décontenancer.

Sans hésiter j’ai donc attaqué d’autres romans de cet auteur :

La lumière et la boue (roman sur la guerre de 100 ans). J’avais tort. D’avoir attaqué la trilogie sans hésitation aucune…

  • Vol. 1 : Quand surgira l’Etoile absinthe
  • Vol. 2 : L’Empire des fous
  • Vol. 3 : Les roses de fers

J’étais en cloque de Pulchérie, j’aurais pu faire une fausse couche d’horreur, sans pouvoir d’un autre côté, lâcher la trilogie parce que c’était très bien écrit et  qu’il y a un héros (David Blake, un anglais en plus !) dont je voulais savoir ce qu’il était advenu de lui : en 1981 je manquais de réalisme, parce qu’il était forcément mort depuis le temps !

Ces trois volumes étaient très bien. Vraiment. Pour qui aime faire des cauchemars la nuit, c’est perfect. Je les ai donnés à la bibliothèque du village de mes parents. On m’en remercie toujours, car la trilogie n’est jamais disponible, toujours prise. Il est vrai que c’est d’un réalisme à ne pas y croire, pauvre chochotte de femme enceinte.

Donc, avant de concevoir Delphine, j’ai entamé l’histoire hilarante et rigolote des cathares (tout le monde sait ça), via, « la passion Cathare ». J’avais déjà lu des trucs sur la croisade contre les Albigeois et je ricanais d’avance, il ne m’aurait pas avec :

  • Vol. 1 : Les fils de l’orgueil
  • Vol. 2 : Les citadelles ardentes
  • Vol. 3 : La tête du dragon

C’était super également, mais bon, il m’a eue, c’est comme ça, caprice de femme enceinte finalement sur le 3ème tome, j’ai décidé de ne jamais relire la trilogie. JAMAIS. Je n’ai qu’une chose à dire aux filles : si je veux relire « la passion Cathare » ou la trilogie sur la guerre de 100 ans, c’est qu’il est temps de faire quelque chose : bouillon de 11 heures ou champignons hallucinogènes vous avez le choix (vous préciser que je préfère la seconde option ?).

J’en ai lu et relu, et j’en relirai encore sur les Cathares (hélas, cela fait partie de mes points d’histoires préférés), mais là, non, c’était impossible, quasi, à vouloir en finir. On a beau savoir comment ça se termine, trop de détails, c’est trop de détails. La fin de Montségur étant le top du top, naturellement, dans un livre d’histoire sobre c’est déjà poilant, alors avec des précisions… Pour un futur médecin légiste il est peut-être intéressant de savoir comment se consume un être humain sur un bûcher, je ne sais point trop…

Et pourtant j’adore curieusement cet auteur, qui refuse tout compromis avec l’histoire et ses atrocités. Pierre Naudin (ICI) à côté c’est la comtesse de Ségur (née Rostopchine) (ce n’est pas de sa faute, elle est née comme ça). Vraiment. Pourtant, là encore, un réel talent de documentation, d’écriture, même si plus dure, beaucoup plus dure. Je n’ai supporté de lui que les romans isolés, pas les sagas… Ah si, je me suis farcie une biographie de  Jeanne d’Arc de lui, que j’ai beaucoup appréciée  : un havre de bonheur à côté du reste (bon OK elle est brûlée vive, mais elle n’est pas la première hein ?)

Un peu de documentation sur lui ICI

Mais bon, à vous de vous forger votre opinion !

Pour moi c’est un excellent auteur. J’ai peur tout de même de le relire et de retrouver mes cauchemars de 1981 et 1984 (dates de naissance des filles).

Quoique… Comme j’ai pris un peu de bouteille, je vais peut-être trouver que finalement, c’est de la petite bière…

Ceux qui ne sont pas comme les autres (réédition du 29 mars 2007)

Handicap_s_57520743Il faut en parler un jour. C’est important pour soi et pour les autres. C’est important pour moi, car dans mes chroniques, elle apparaîtra forcément.  C’est avec un peu d’émotion que je vais vous parler de ma soeur juste cadette, juste derrière moi, celle à cause de qui j’ai refais pipi dans ma culotte à 18 mois (et oui, à l’époque des couches à laver à la main, les enfants étaient propres très tôt).

On ne choisit pas sa famille, on ne choisit pas de naître, où, quand et comment, ses frères et soeurs on ne choisit rien du tout, la liberté est à mon sens une utopie.

J’ai peu de souvenirs de ma toute petite enfance. Tout commence vraiment avec la conscience du fait que la cadette n’était pas comme les autres. « En retard » disaient les médecins, dupant au passage mes parents, car un retard ça peut éventuellement se rattraper.

Cela a commencé par une anorexie du nourrisson, ce qui a intéressé diablement Delphine qui a travaillé dur là dessus quand elle faisait des études de psycho et que l’anorexie était son truc de prédilection (elle devait vouloir comprendre comment on peut ne pas manger).

J’ai comme un vague souvenir de mon père la faisant manger (ma soeur) pendant des heures en lui chantant des chansons, et de maman pas disponible pour la même raison. Je la détestais cette petite soeur, et je regardais le cérémonial du dîner avec haine. Cela reste très vague et très flou, et paradoxalement très net. Il y avait d’autres choses à vivre. Après cela a été pour elle les terreurs du soir et papa lui tenant la main des heures en lui chantant doucement une chanson. J’étais jalouse, j’étais seule, j’étais malheureuse. Moi aussi je voulais la main de papa tenant la mienne, mais je faisais semblant de dormir…

Papa et maman se sont vraiment remués pour elle, parce qu’il y avait peut-être quelque chose à faire vraiment. Les premiers spécialistes consultés ont été pessimistes : elle ne saura jamais parler correctement, jamais lire, jamais écrire. A l’époque on regardait maman de travers en se demandant ce qu’elle avait bien pu faire pour ne pas avoir cette enfant venue trop tôt après une première grossesse, et « voilà le résultat madame ». Elle en a pleuré plus d’une fois, car non, elle n’avait rien fait contre cette grossesse. Elle n’avait pas fait de mal à son enfant. Elle n’avait pas tenté un avortement. Mais tout est toujours de la faute de la mère !

Le problème de nourriture est apparu quelques jours après le BCG pratiqué très tôt chez elle comme chez moi auparavant : l’homme aux abeilles, mon grand-père paternel, était tuberculeux. Mes parents restent persuadés que ce vaccin pratiqué trop tôt a été la cause déclenchante des problèmes, et toute la famille avec. A tel point que mes deux filles n’ont reçu leurs premiers vaccins quels qu’ils soient, que vers 2 ans, et pas avant, sans que la pédiâtre ne moufte en me disant que cela pouvait être une erreur…

Maman s’est battue comme un diable et mon premier souvenir vrai était que moi je devais aller à l’école (et je m’y sentais abandonnée par elle) parce qu’elle emmenait ma soeur chez une répétitrice, tous les jours. Une femme qui lui a appris à parler, à reconnaître les couleurs, à compter, et tout en tas de choses. La science de mes parents était impuissante face à ce qui la bloquait. Ils ne savaient pas débloquer ce qui ne voulait pas en elle. Mais bon, elle a su parler, apprendre à lire et à écrire, compter. Elle a pu aller dans une classe spécialisée non loin de chez nous. Mon frère changea d’école pour l’accompagner et la protéger de la méchanceté des autres. Car l’anormal attire chez les enfants la pire férocité.

A l’époque personne ne s’interrogeait sur ce que pouvaient penser les frères et soeurs d’un enfant différent. Personne n’a jamais demandé à mon frère ce qu’il a pensé de son changement d’école. LUI, le vivait assez bien. Moi on savait que je le vivais mal, je ne m’en cachais pas vraiment, au risque de passer pour une soeur indigne…

J’ai réalisé tardivement que pour moi c’était une norme que d’avoir un enfant différent à la maison. Aucune de mes copines de classe ne savait ce que c’était que d’avoir un malade ou un « différent » à vivre tous les jours. C’était normal pour moi les classes spécialisées, le devenir incertain, les répétitrices, l’espoir qui fait vivre. Car devant les progrès malgré tout faits, on parlait toujours de retard… C’est pas sympa. Parce que mes parents se disaient que si à 15 ans elle avait l’âge mental d’un 9, à 22 on irait beaucoup mieux…

Moi j’avais ma soeur avec qui je ne faisais rien de spécial. Elle était différente et c’est vraiment la honte (face à la férocité des autres) de trimballer avec moi pour jouer dehors, du différent qui fait que le lendemain, tout le monde va nous traiter de folle. Cela doit exister encore. Moi on me l’a fait. « Ta soeur cette folle, tu dois bien être folle aussi !!! » en dansant une ronde diabolique autour de moi. On s’isole un peu. Surtout que les parents attendent beaucoup de celle qui n’a pas de problème (et à quoi bon le leur reprocher aujourd’hui, ils étaient si jeunes et si désemparés). J’en ai gardé une phobie de la foule ou de la réunion même de personnes amies, trop importante. Comme si tout à coup on allait me refaire la ronde infernale…

Est venue l’adolescence et le casse tête pour les parents. Vous pensez peut-être que les structures abondent, qu’il n’y a que l’embarras du choix. Vous avez tort. Mes parents avaient trouvé une classe spécialisée mais qui ne pouvait la prendre que jusqu’à 16 ans. Ils insistaient régulièrement pour que je la sorte avec moi et mes amis, mais pour la première fois je faisais front avec opiniâtreté. Il était hors de question que j’impose ma soeur aux autres, au risque de me faire exclure. D’où disputes et menaces. Rien n’y a fait et aujourd’hui je ne le regrette toujours pas. Un jeune de 18 ans n’écoutera pas la complainte du « j’amène ma soeur, ça lui fera du bien de se sentir normale… »

Après ses 16 ans, basta, démerde toi les parents… Un lycée privé sur Maule qui pouvait la prendre, la mère supérieure ayant bien compris le problème. Mais pas la mère inférieure qui la ridiculisa devant toute une classe à lui poser une question à laquelle elle ne pouvait pas répondre et l’humilia pendant deux heure, devant une classe ricanante et cruelle. De toutes manières la crise devait venir.

Chute verticale avec un grand V. On sait ce qu’il s’est passé aujourd’hui. Elle a fait sa première crise de « phrénie » géante, et nous avons été priés de venir la récupérer vu qu’elle ne voyait plus que les yeux de la mère inférieure et qu’elle avait peur. Hôpital psychiatrique pour ce que le psychiatre de service appelait « dépression nerveuse ». Remède : cure de sommeil chez les parents : les parents c’est l’idéal pour tout : non ? les fossés de Vincennes sont par là ! Il fallu un autre médecin la trouvant en pleine crise  après 2 semaines de cauchemar pour ordonner une ré-hospitalisation point barre… Nous ne savions pas ce qu’elle avait, car l’autre s’obstinait avec sa « dépression »…

Un centre trouvé sur Nantes (Coucou Dom !), s’occupant des gens comme elle, du mieux qu’il pouvait. Pas trop au point non plus, mais elle y est resté 7 ans, et existe-t-il le « au point » ? comme s’il y avait une solution à tout…

La séparer totalement de la famille pour qu’elle puisse « évoluer » était un de leur thème de prédilection, la solution à tout, le mal ne pouvant venir que de la famille et non pas d’un cerveau malade.

Etait-il le mieux pour elle ? Convoquer les parents une fois par mois pour essayer de  comprendre ce qu’ils avaient fait de mal quand elle était petite pour qu’elle en soit là était-il le mieux pour eux ?, surtout que les parents n’avaient pas le droit de la voir ? Nous avons tous développé à cette époque une psychose du psy qui persiste encore chez certains. Et elle en a gardé une addiction pour maman qui a dû tant lui manquer, qu’elle en est devenue pathologique (elle ne peut pas aller faire pipi sans demander l’avis de sa mère)

Et l’angoisse des parents grandissant après le premier pépin cardiaque de papa : qu’allait-elle devenir ? Le centre a éjecté ma soeur à la seconde crise. d’une façon qui ne fut pas à sa gloire du tout. Qu’ils soient débordés par la réalité de la maladie était une chose, l’éjecter en nous la laissant quasi sur le trottoir avec ses cartons en était une autre.

Il eut été préférable de prévenir la famille que les crises reviendraient et de plus en plus fréquentes, et de nous dire enfin QUOI au lieu de s’abriter derrière le secret médical. Quand nous en sentions arriver une (crise), personne ne nous croyait. Maintenant on nous croit. Quand on tire le « bip alarme », on se penche sur le cas, c’est écrit en gras et rouge dans son dossier que personne ne veut se débarrasser d’elle mais que si l’on signale qu’il y a un problème, c’est qu’il y en a un. Et Dieu qu’il en a fallu, et des hospitalisations d’urgence, dont une fois où elle avait perdu sa tête et s’était égarée  toute la journée jusque dans le nord de Paris dans une gare inconnue de nous tous, où un passant avait écouté son délire pour nous appeler et la garder hors de danger (béni soit-il…), pour appeler un taxi qui la ramena saine et sauve chez les parents, à la grande honte de l’hopital de jour qui n’avait pas moufté sur son absence, alors que la veille elle avait brisé les lunettes de sa psy, et tout cassé dans la baraque…

Un espoir, après Nantes et l’hôpital de jour qu’elle quittait régulièrement pour l’hôpital tout court, en Belgique sur une fondation de la reine F…. Refusée, car trop instable. Elle va bien un moment (avec camisole chimique) et puis rentre en crise, à tuer tout le monde… Combien de fois suis-je allée la voir avec Mrs Bibelot, à l’hôpital psychiatrique du coin ? Je déteste cet endroit. J’y ai souvent déploré le manque de structures en France. L’HP ce n’était pas pour elle. Il y a forcément autre chose.

Il est anormal ? C’est bon jusqu’à 16 ans, 30, 60…. Si c’est impossible à assumer, tuez-les tous, faites comme les nazis et gazez les ! (premières expériences nazies sur les handicapés. Sauf que les allemands se sont révoltés : c’était leur famille, merde ! pas des juifs étrangers)

Un mieux. CAT, appartement associatif. Rechute et à chaque fois c’est plus bas que la marche la plus basse précédente… Et là un centre qui peut la prendre. Handicapés mentaux, physiques, ils sont les bienvenus jusqu’à leur mort, pas de limite d’âge, la terreur. Soulagement des parents.

C’est là qu’elle vit désormais. Ils ont comprit que l’exclure en punition  (une fois) parce qu’elle a giflé un soignant n’est pas une solution (surtout que là on la renvoie chez les parents qui ne peuvent rien). Ils sont  désormais reliés direct à l’hosto psy qui a son dossier et n’hésitent pas. Elle vient passer des vacances chez les parents et des WE aussi. Nous savons qu’un jour il nous faudra nous la partager mon autre soeur, mon frère et moi. Mais comment le vivra-t-elle ? Sans maman elle est perdue… C’est son repère, sa parole, sa foi.

Tout ça pour dire quoi ? Que quand j’avais 18 ans, j’aurais bien aimé parler maquillage, draguage, et verts pâturages avec ma soeur. Sauf que pour moi une soeur c’est : soit la petite (trop petite pendant longtemps, avant que l’on ne se retrouve entre adultes), soit celle juste derrière moi avec laquelle je ne pouvais rien partager. Que je ne sais pas ce que c’est que d’avoir une soeur quasiment de son âge avec laquelle on peut faire plein de trucs, qu’il en manque une. C’est peut-être à cause d’elle que les disputes des filles m’ont fait longtemps si mal, elles qui ont la chance s’être proches et de bien s’entendre finalement.

Je la regarde simplement parfois, le regard un peu vide, sous camisole chimique sous peine qu’elle ne se tue et quelqu’un au passage, vivre une vie de merde et souvent je me dis que ce n’est pas juste. Pourtant quoi que je puisse faire, il y a toujours un moment où elle m’énerve et je m’en veux après.

Au moins elle vit et malgré mes références, elle profite de la vie peut-être mieux que moi avec mes merdes ordinaires, à sa manière. C’est en la regardant que je me dis que la vie en elle-même est importante. Elle a ses joies si éloignées des miennes mais qui existent… Je n’arrive pas à les comprendre… Si je prenais le quart de ce qu’elle prend en médicaments, je dormirais toute la journée c’est clair, mais elle vit. Elle s’angoisse toujours pour un rien malgré la camisole chimique. Sa vie n’est qu’une longue angoisse, mais elle ne vit que par elle… Certains impatients attendent qu’elle rattrape son retard et du coup ils l’engueulent. Ca m’arrive parfois et après j’ai honte. J’ai été habituée à ce mot « retard ». Et longtemps j’ai pensé qu’un jour finalement, elle serait comme moi… J’ai trop de deuils à vivre, je ne peux pas vivre celui d’une soeur qui est bien vivante.

Et puis je me console en me disant qu’à une certaine époque, on l’aurait flanquée dans une cellule dans d’atroces conditions, laissée délirer à en mourir, mise dans une cage ou brûlée vive.

Mais bon, nous n’en sommes plus là, mais je pense que la France a du retard à rattraper… Question structures, ça laisse à désirer… (délirer)

Je sais que je ne suis pas la seule à connaître cette situation…. Il faut simplement oser en parler…. Chaque famille est unique, mais elle est notre norme.

Et vous qu’en pensez-vous ? Vous n’avez pas l’impression qu’il plane toujours comme une culpabilité dans les familles qui hébergent un être différent ? ET si le ciel l’a voulu et que vous ne connaissiez pas, y avez-vous déjà songé ?

Et pour le frère, les soeurs de ces gens différents, il y a le poids de la culpabilité à porter : celle de n’avoir pas ces problèmes là, d’avoir finalement « de la chance et pas le droit de se plaindre ». Un peu comme la culpabilité du survivant qu’un de mes grand pères rapporta d’Allemagne en 1945…

Une sorcière pas drôle sur ce coup là…

L'arroseuse arrosée (c'est moi…) (mea culpa)

85132759J’ai bien fait de rappeler à tout le monde comment Delphine prend ses médicaments (quand elle les prend). Ca m’apprendra tiens !

Je signale que contrairement à ce que certains pourraient penser, je déteste être dans l’obligation de me soigner quand c’est « régulièrement ». Je ne suis pas une adepte de l’ordonnance longue comme ça et du cachet à prendre à la moindre occasion…

L’anti hypertension me gave grave par exemple,  parce que je dois le prendre tous les jours, jusqu’à la fin de mes jours en théorie. Par contre, contre l’urgence urgente (angine, flegmon, mycose, etc…), je me soigne immédiatement et sans délais et je respecte soigneusement la posologie et la durée du traitement. Et je sais avaler mes cachets, mes sachets ou gélules, sans faire de grimaces et sans cracher partout (NA !).

Pour faire bref, depuis 4 ans, je souffre d’allergies saisonnières. Comme je n’ai pas appris à faire avec depuis mon enfance, c’est un truc « nouveau » que j’assume assez mal. Sauf que cela se solde du début du printemps aux premiers frimas, par une rhinite  allergique chronique et des conjonctivites idem. Je fais très bien le lapin russe qui renifle en disant plein de gros mots et qui adore l’arrivée de l’hiver et de son heure d’ailleurs (ha ha, il fallait bien que je le place…).

Acromion me prescrit donc : du collyre anti allergique, et un pichhh à me mettre dans le nez 2 fois par jour. Impossible de les oublier ces deux là sinon je suis vite rappelée à l’ordre avec les yeux rouges (impossible de me maquiller) et le dez bouché…

Pour dorbir c’est pas dop, et j’ai donc des problèmes de sommeil récurrents pendant une bonne partie de l’année, car le pichhh n’a qu’un effet limité.

Hors qui dit dez bouché dit ronflements éventuels (car il est bien connu qu’une femme ne ronfle jamais). Qui dit ronflements dit apnées du sommeil souvent, et qui dit apnées du sommeil dit : mauvais sommeil, fatigue, hypertension favorisée, ainsi que prise de poids et déprime. En allant me renseigner sur ces problèmes de rhinites saisonnières, j’ai tilté sur la prise de poids car depuis 2 ans, pendant la période déclarée ci-dessus sous serment, j’ai tendance à avoir des problèmes pour me maintenir à flot (en fait limite je coulerais comme un sac de patates si je ne faisais pas attention, et même faire attention ne suffit pas toujours, les apnées du sommeil modifient le métabolisme).

J’étais en train de me dire qu’il fallait que j’en cause avec Acromion, quand je me suis souvenue que depuis 2 ans il me prescrivait 6 mois par an, un antihistaminique à prendre par voix orale.

Que j’ai acheté scrupuleusement. J’ai compté les boites, elles étaient bien toutes là… Dans un sac plastique sous mon lit, au grand complet naturellement, car je n’en ai jamais pris un seul cachet.

Pourquoi ? Allez savoir… Un truc à prendre tous les jours, certainement inefficace, à quoi bon risquer de flinguer  mon tube digestif avec une connerie ? J’ai regardé au départ la boite, telle Delphine, en me demandant si oui ou non ? j’y va-t-y ou j’y va-ty pas ? ce, pendant de longs jours, et comme j’ai retrouvé l’intégralité des boites  sous mon lit, je me dois d’avouer que je ne me suis pas lancée…

Sauf que, comme je jardine pas mal chez les parents, le soir c’était devenu la cata, le pichhh semblant ne plus fonctionner. Et qu’en désespoir de cause, le dez bouché et dorbant bal, je me suis résignée à sortir le sac poubelle plastique de dessous mon lit, et à prendre un cachet toujours valide, juste pour voir, et finalement pour me retrouver miraculée et continuer  le traitement…

Plus de dez bouché, plus de nyeux qui coulent, pas de démangeaisons après avoir tondu la pelouse, pas d’urticaire sur l’arrachage de la fleur à Horloge, enfin une nuit complète normale…

Donc désormais je prends mon cachet scrupuleusement tous les soirs… Car il n’est pas mentionné quand le prendre, et j’ai donc découvert toute seule que dans l’heure qui suit la prise, on s’endort, enfin moi, en tous cas…

Ca va, j’ai de quoi faire jusqu’à l’hiver, et même l’été prochain dites donc.

Parce que c’est bien beau de critiquer ceux qui ne se soignent pas, mais je n’étais pas mieux (quoique, pensant ce médoc inutile, genre placebo…). D’un autre côté Acromion ne m’a jamais demandé ce que donnait chez moi ce médoc, donc c’est de sa faute

Mais enfin, tout le monde sait bien que l’on voit toujours la paille dans l’oeil de son voisin, et jamais la poutre que l’on a dans le sien.

Ca va j’ai retiré la mienne (de poutre) et j’interdis formellement à Delphine de venir ricaner ici… (elle va se gêner tiens…).

En illustration en exclusivité pour vous, ma méchante, vendue à l’insue de son plein gré au grand kapital de G…y image (explications ICI) (avec son aimable autorisation)

Petite histoire du shampoing…

Shampoing 2

Devant l’affluence de requêtes gogoles ayant abouties chez moi après la question piège « shampoing », je me sens dans l’obligation de faire un post non exhaustif sur le shampoing afin que les malheureux ne sachant pas comment se laver les cheveux n’arrivent pas chez moi en vain. (Ce n’est pas la pire des requêtes mais je reste soft, sinon où irions nous ?…)

Pour l’histoire du shampoing je vais vous faire la machine à remonter le temps et cela va vous scier, parce que théoriquement, remonter le temps, c’est impossible (si je dis le contraire, la méchante me flingue et sera inculpée de mamanticide).

Donc, quand que j’étais petite, on nous lavait les cheveux deux fois par mois, avec du shampoing éventuellement à un jour fixé appelé « le jour du shampooing« . Le mot « Shampoing » (et vlan gogole remonte) est important et prouve que ma mère était moderne, car le shampoing avant, peu de temps avant, juste sur le coup, c’était du savon de Marseille découpé en copeaux avec un économiseur à légume, mis à macérer dans de l’eau jusqu’à obtenir une bouillie lavante. Ou de la poudre de je ne sais plus quelle racine soit disant lavante (donc à sec), ou bien de l’infusion de lierre soit disant lavante également.

Lavez-vous les cheveux avec du savon de marseille et vous comprendrez ce que je veux dire ou bien avec de l’infusion de lierre si vous savez le reconnaître de l’ortie vulgaire… C’est comme cela que toutes mes copines se faisaient laver la tête (d’où l’expression d’ailleurs, car ce n’était pas plaisant du tout, pendant et après)  et moi avec le flacon acheté en pharmacie par maman (la grande surface perçait tout juste) je n’étais qu’une crâneuse. Maman mettait du vinaigre dans la dernière eau de rinçage pour faire briller (et ça, c’est toujours valable en cas d’eau calcaire)

Donc notre mère osait le « 2 fois par mois« , contre toute logique car elle, de son temps, on lui autorisait le une fois par mois grand maximum, avec du savon de Marseille ou, si les parents avaient les moyens, chez le coiffeur avec du shampoing, du vrai. Pour vous faire une idée, relisez cet excellent livre d’Agatha Christie (cherchez vous trouverez) où l’héroïne se décide à aller se faire faire un shampoing chez un coiffeur, ayant le cheveux plus que crade après 1 mois à chercher du boulot en Angleterre + 1 mois à chercher son chemin en Afrique du nord tout ceci sans se faire un seul shampoing (se lavait-elle le reste ? la question reste sans réponse) (en plus chez le coiffeur elle se fait enlever et décolorer en blonde, à la dégouter de se laver le scalp pour le restant de ses jours).

Ma mère m’avait autorisé, elle, à l’adolescence, le « une fois par semaine » avec force soupirs (genre « tu fais ce que tu veux ma pauvre petite » (ben oui), alors qu’actuellement elle se lave la tête tous les deux jours). Si l’on dépassait cette extrême limite c’était risquer de perdre tous ses cheveux, la desquamation du cuir chevelu en vue, la lèpre et la peste noire qui s’annonçaient, une vieillesse se pointant à se morfondre sans cheveux dans un hospice avec personne pour venir nous rendre visite (pour le cas où un homme aurait tout de même craqué pour nous et nous ayant fait un enfant découragé lui par notre crâne chauve). Les cheveux c’est quelque chose ! Mais c’était indiqué partout par de vrais spécialistes (!) : plus d’une fois par semaine était interdit sous peine de dégradation du bulbe capillaire et décès définitif du cheveux, sans parler des galères et du bagne toujours envisageables.

Hors j’avais (j’ai), le cheveux gras comme une majorité de personnes. Le cheveux gras n’existe plus désormais, il « regraisse vite », c’est écrit partout. Et se laver les cheveux une fois par semaine dans ces conditions c’est 5 jours avec les cheveux huileux et l’horreur. Donc j’ai transgressé les règles et décidé de me les laver 2 fois par semaine (je les ai toujours, comment ce fait-ce ?).

Cette prise de position eut lieu au grand damn de mes grands mères ayant elles, connu le diktat absolu du « une fois par mois grand maximum« . Une fois par trimestre étant l’idéal ! Sans shampoing. Elles se faisaient un mélange jaune d’oeuf/rhum, laissaient poser, rinçaient, refaisait leur mélange, ou une autre mixture secret de famille. Pendant la guerre, le jaune d’oeuf valant de l’or, je ne sais pas comment elles ont fait (au savon fait maison sans doute : cendre + potasse). Le jaune d’oeuf était sensé nourrir et nettoyer le cheveux et le rhum à masquer l’odeur (testez… ça sent toujours l’oeuf).

Intéressée dès 12 ans par les cheveux, j’ai interrogé mes arrières grand mères qui elles se lavaient les cheveux une fois par an. C’était là encore le maximum autorisé. Pas pendant les règles, et jamais l’hiver… Pour entretenir une chevelure de 1 mètre environ que l’on ne coupait jamais sauf une fois par an en lune croissante de quelques centimètres (coupe effectuée traditionnellement par la grand mère, sinon on ne répondait plus de rien), il y avait le peigne qui dégraissait (d’où les peignes à dents rapprochées de nos ancêtres), la brosse qui enlevait la poussière (voici la raison du brossage quotidien et long, et des fameux 100 coups de brosse). Elles passaient des heures à brosser et peigner leur abondante (et grasse) chevelure. Elles rinçaient à l’eau de pluie, les puits et les citernes n’étant pas fait pour les chiens (et l’eau courant bien chlorée n’existant pas).

Le cheveux « propre » n’était pas de mise. La comtesse de Ségur relate dans « les deux nigauds » les beaux cheveux gras et pommadés de mademoiselle Sulpicie… Les malheureuses n’ayant pas des cheveux regraissant vite étaient condamnées à les enduire d’huile et de moelle de boeuf… On les envie ! Les économies qu’on aurait fait ! (les bouchers ont manifesté contre le cheveux propre).

Je ne sais pas, n’ayant pu interroger aucun survivant, comment et combien de fois par an les cheveux étaient lavés au moyen âge… Encore que cette période ait été plus propre que la Renaissance où l’on a pensé que c’était l’eau qui véhiculait la peste, d’où l’absence de salle de bain dans les châteaux et l’originalité de Diane de Poitier se baignant tous les jours (elle en est morte à force, bien fait pour elle, si si, elle est morte je vous dit…)

J’ai connu l’époque du shampoing + vinaigre dans l’eau pour les faire briller. Jean Poirotte voulant des filles à cheveux longs et ma petite soeur, la veinarde, ondulant naturellement jusqu’à faire des anglaises, Mrs Bibelot se précipita sur le premier démêlant sorti. En pharmacie, une ampoule à diluer dans 1 l d’eau. Cela puait atroce (cela s’appelait Lixel et a disparu depuis). Puis le parfum changea (obligé : on ne voulait pas non plus puer le cadavre pour avoir le cheveu brillant et démêlé) pour le une fois par semaine, et un beau jour je trouvais à Monoprix un après shampoing, le tout premier, de chez « miss Helen » qui me permit de me démêler sans larmes et à petit prix (Miss Helen a quasi disparu aussi et c’est bien dommage)…

Aujourd’hui il y a tellement tout ce qu’il faut que je me prends à rêver à ce qu’aurait été ma vie à 12 ans, s’il y avait eu tout cela, y compris l’autorisation de se laver les cheveux tous les jours si besoin…. Pour mes filles bien sûr, tous les shampoings et soins, quand elles le voulaient… Pour moi les spécialistes n’étaient plus que du n’importe quoi… (d’ailleurs les mêmes vous disent aujourd’hui qu’il faut laver sa tignasse tous les jours sous peine de galères et de bagne, l’échaffaud étant à la retraite…)

J’ai la recette du shampoing nourrissant pour cheveux gras ou sec et du soin qui va avec…. Somme prohibitive (mais vous en aurez pour votre argent), accepte carte bleue… Me contacter. Ma petite chute de cheveux de l’hiver n’était qu’une fausse alerte, donc je peux dire que malgré mon grand âge, j’ai les cheveux impecs…

La chevelure c’est important, mais la vie n’est qu’un long calvaire (parsemée ça et là de shampoings…)

Réédition du 22 septembre 2006

A suivre : petite histoire du shampoing pour meilleure amie et moi…

Comment changer les piles du lampadaire hallucinogène…

lumiere-copierNon, je n’ai rien bu, pas fumé la moquette (je n’ai pas pied quand j’y nage), et pas mangé de champignons.

C’est juste que préparant mon expédition petit WE tant attendu de la mi-juin avec Louisianne, j’avais deux ou trois bricoles à fignoler le soir, en particulier mettre mes canapés à l’abri du désarroi de Diabolos abandonné avec 50 litres de flotte et 15 kg de croquette pour environ 60 H MAXI.

Ce qui n’est pas rien, et je me félicite (c’est toujours ça de pris, et j’adore cette expression je ME félicite…), d’avoir gardé d’antiques couvertures dont l’origine remonte au moins à la révolution, que Mrs Bibelot m’a refourguées avant l’invention de la couette en France. Ce sont ces antiquités qui protègent mes canapés contre Diabolos en règle générale (et elles donnent un cachet fou à mon petit intérieur)…

Et voici que je rentre chez moi après avoir été baguenauder je ne sais plus où (si je sais, je suis allée aider ma mère à piquer les cerises aux merles et sansonnets) pour constater que le lampadaire halogène ne fonctionne plus.

Merde ! Les piles l’ampoule a encore une fois grillé pour la 2ème fois en 9 ans. Mais comme je suis assez futée parfois, quand j’ai acheté les 2 piles ampoules il y a 6 ans, j’ai rangé la seconde pour au cazoù, dans un endroit tellement biscornu que je suis certaine (en effectuant l’opération) de me souvenir que c’est là.

Ceux qui connaissent ma mère de qui je tiens ce sinistre penchant ricanent déjà, les autres, peuvent aller voir LA.

Déjà s’assurer que c’est bien l’ampoule qui merde, et pas la prise. Me voici débranchant la bête avec peine, croyant que la prise est fondue et que la panne vient de là, pour la transporter dans ma salle de bain qui bénéficie aussi d’une prise de terre non occupée (je m’amuse comme je veux, d’abord). Ben non, c’est bien l’ampoule qui est morte, la salope. Constatation tout de même : la prise de l’halogène refuse de se débrancher sans l’aide d’un travailleur de force (et comme je n’en suis pas un, j’ai dû me démerder toute seule). Par contre pour la rebrancher pas de problème car :

Je trimballe à nouveau la bête pour la remettre à sa place et la rebrancher (je m’électrocute en changeant l’ampoule si je veux, d’abord).

Reste à trouver l’ampoule de rechange

Vaste projet. Manque de bol, je savais comment j’allais occuper mon WE et la recherche d’une ampoule n’était pas du tout prévue (surtout de l’halogène car sinon, pour le reste, je sais où c’est).

Je suis allée à tout hasard regarder si je n’avais pas rangé dans un moment d’égarement cette foutue pile à sa place avec les ampoules dont je ne manque jamais, à baïonnette, à vis, grande taille, petite taille, de 40 à 100 W, j’ai même des ampoules pour la voiture qui seraient d’ailleurs mieux dans cette dernière (ah non, c’est du change, excuses, je suis tellement surprise d’avoir prévu du rechange pour la voiture que j’en tombe presque par terre).

Aller m’imaginer une seule minute que l’ampoule pour l’halogène était rangée avec les autres ampoules relevait du pur fantasme de ma part bien entendu, mais bon, on peut toujours avoir un espoir. Sauf que je me souvenais très bien avoir pensé « je vais la mettre là, je suis certaine de l’y retrouver du premier coup« .

Sauf que… Non. Pour le « du premier coup » c’était évidemment loupé.

N’ayant pas le temps de fouiller partout, je suis allée regarder dans les endroits les plus saugrenus : boîte à cirage, pharmacie,  tiroirs de ma table de nuit, congélateur, coffre fort à bijoux et lingots d’or, et j’en passe… Pour avoir tout à coup perdu deux heures un soupçon horrible, qui devint certitude…

Ce n’était pas la deuxième fois que le lampadaire tombait en rade. C’était la troisième. Je me revoyais subitement changer la première ampoule, et Charles Hubert faisant de même, donc une deuxième fois, et Charles Hubert changeant une ampoule ça ne s’oublie pas. Donc je cherchais partout une ampoule déjà utilisée. Ma légendaire étourderie (qui n’égale pas celle de ma mère) m’ayant empêché d’en racheter d’avance.

Et de les ranger, comme il se doit, avec les ampoules.

Parce que sur ce coup là (de l’ampoule à halogène), on ne m’y reprendra pas : ce sera rangé à sa place.

Donc pour ceux arrivés là aux hasards des recherches gogoles : pour changer l’ampoule du lampadaire halogène :

  • Acheter des ampoules de rechange
  • Les ranger à la bonne place
  • En sortir une du carton
  • Ranger l’ampoule de secours avec les ampoules et non pas dans le placard à chaussures pour « être certain de l’y retrouver »
  • Débrancher le lampadaire (si c’est possible, j’insiste)
  • Mettre l’ampoule dans le mauvais sens (oui il y a un sens, il y a des sadiques d’inventeurs qui sévissent un peu partout)
  • Rebrancher le lampadaire pour constater qu’il y a encore un problème avec l’ampoule
  • Re-débrancher le lampadaire
  • Changer l’ampoule de sens
  • Rebrancher le lampadaire
  • De rage foutre une baffe à l’ampoule qui était mal ajustée
  • Crier « YOUPEE »…
  • Et MERDE ça brûle vite !
  • Partir en WE avec une cloque

Une sorcière bricoleuse…

Farpaitement : quand Diabolos me regarde oeuvrer en disant plein de gros mots, je vois bien qu’il pense « mon dieu quel bonheur, mon dieu quel bonheur, d’avoir un humain qui bricole ».

Les filles sont malades : Delphine (réédition du 1/09/2006)

Enfant_malade_2_53272231Delphine a attendu presque un an avant de tomber malade pour la première fois (spécialité des deux soeurs BB : l’otite, Pulchérie ayant préféré pour la suite l’angine bien marquée ressemblant à la variole ou la mononucléose super infectieuse).

Delphine était malade gentiment. Juste un peu de fièvre, les symptômes qu’il fallait, c’était l’enfant parfaite en apparence. Tout ce qu’elle a fait était rigoureusement décrit dans le premier dictionnaire médical venu.

Sauf que Delphine n’a jamais pu faire de la fièvre avec le sourire comme sa soeur. Non, passé 38° c’était délire et cauchemars. Elle se relevait à 7 ans avec la grippe (sa spécialité 4 ans de suite) pour mettre en l’air la crèche de noël sous le prétexte que les rois mages allaient détruire le royaume, ou me réveillait à 2 heures du matin en me suppliant de lui retirer 76 des 78 récitations qu’elle avait à apprendre pour le lendemain…

A 15 ans encore, elle m’appelait au boulot, paniquée, ne sachant même plus qui elle était. Le temps que j’arrive (travaillant à 2 minutes), elle avait retrouvé ses souvenirs, mais pas celui de m’avoir appelée en catastrophe.

De plus, elle n’a jamais rien pu avaler de mauvais. Déjà pour la feinter avec le fluor et la vitamine D il fallait ruser diaboliquement quand elle était bébé (moralité j’ai des dents en parfait état, puisque je prenais triple dose pour qu’elle ait la sienne dans le lait maternel).

Elle recrachait avec le sourire l’intégralité de la cuillère d’antibiotique sur otite purulente et tympan éclaté. La pédiatre me prescrivait triple dose (pincer le nez, refermer la bouche, je préfère encore faire prendre un cachet au chat…). Le pshiit dans le nez était suivi d’un éternuement, bref, elle était impossible à soigner. Elle préférait piqûre ou suppositoire, mais aucun médecin n’avait le coeur de lui prescrire la piqûre que Mrs Bibelot fait parfaitement (on ne sent rien). Son meilleur souvenir de maladie est son opération de l’appendicite où elle avait une perf dans laquelle on lui mettait tout, en lui fichant la paix.

Elle nous a fait naturellement la rougeole à 6 ans en quittant le CP, que le médecin a eu du mal à diagnostiquer car c’est une maladie quasi éradiquée en France. Sauf que Delphine n’avait pas pu être vaccinée, étant en otite perpétuelle. Sur un 41° il fallut lui faire prendre de l’aspirine en urgence car elle n’était vraiment pas bien (un dimanche bien sûr sinon ce n’est pas drôle) et ce fut épique. En plus nous allions déjeuner chez ma tante, mais comme il faisait chaud, elle pouvait sortir (ma fille).

Réunion de la famille au grand complet pour la prise du médicament parfumé à l’orange et indispensable, dixit SOS médecin (qui avait diagnostiqué la rougeole et non pas une bête scarlatine comme le pensait le médecin de famille parti se promener, le rat, mais bon les débuts de la rougeole ressemblent à la scarlatine : seul problème : les antibiotiques n’agissent pas contre la rougeole).

  • Delphine renifle le médicament (ne jamais boire n’importe quoi, on pourrait l’empoisonner, telle son père qui prenait son aspirine par quart de comprimé)

  • Delphine décrète que cela sent la lessive (elle a dû y goûter un jour)

  • Devant nos instances « c’est important, si la fièvre monte encore, tu pourrais mourir » (oui je sais… Mais bon on fait ce qu’on peut)

  • Déclare qu’elle va réfléchir. Sa soeur reste à lui tenir la main et un discours important et pédagogique sur les dangers de la fièvre (elle avait déjà 9 ans et était très inquiète. Il me faut vous préciser que Delphine ressemblait à une aubergine pustulée avec sa rougeole)

  • A la visite suivante, déclare à tout le monde « je préfère mourir ». Direction la pharmacie de garde pour découvrir que l’aspirine n’existe pas en suppositoires : c’est quoi ce travail et que fait le gouvernement ?

Lui faire avaler une gélule relevait de l’impossible, un cachet également mon dieu quelle horreur ! Aujourd’hui elle a 24 ans et le cérémonial est toujours le même :

  • Contrainte et forcée elle se dilue un sachet dans un verre d’eau (ou prépare sa gélule ou son cachet, « je suis adulte maman (ou n’importe qui d’autre) »), se prépare un verre de jus d’orange

  • Elle contemple la boite de médicament + l’ordonnance pendant une petite heure, puis le verre, la gélule ou le cachet pendant environ 1/2 heure en se préparant psychologiquement et en zieutant la TV comme elle peut, vu qu’elle délire à moitié vu son 38°.

  • Si c’est une gélule ou un cachet, elle l’avale avec le verre d’eau, avale le jus d’orange, fait d’horribles grimaces pour conclure « je ne l’ai pas avalé ». Lui apporter en urgence un litre de n’importe quoi (sauf du lait) pour faire passer le médoc. Tout le monde a son litron en main pour pallier le problème.

  • Si c’est du dilué, elle attrape le verre, grimace, recrache, avale le jus d’orange et prend l’air victorieux de celle qui a réussit… Oui elle a réussit à ne pas le prendre. Et vu son âge les médecins ne prescrivent plus triple dose…

Fort heureusement elle est rarement malade. Sa soeur également, je pense qu’elles sont bien immunisées. Sinon quand Delphine succombait à une époque à un rare virus, sa soeur à Paris comme elle et donc proche géographiquement parlant, allait lui tenir la main et lui faire avaler ses médocs avec un entonnoir et un pilon, un fusil braqué sur sa tempe, le beau frère lui tenant un couteau sous la gorge… En cas de grippe se déclarant, j’étais  priée de la prendre à la maison et de la sauver de la mort en perdant 4 RTT.

Maintenant c’est gendre n° 2 qui se débrouille avec Delphine : je ne sais pas ce que ce charmant garçon a fait dans une vie antérieure pour mériter cela.

Il faut ce qu’il faut et la vie n’est qu’un long calvaire, surtout pour les proches de Delphine quand elle est malade car elle est prête à mourir plutôt que d’avaler un sachet de n’importe quoi même miracle. Pour le cachet ou la gélule elle est en progrès, je pense que pour ses 70 ans, elle sera au point.

Les filles sont malades : Pulchérie (réédition du 31/08/2006)

Pulch_rie_est_malade_55948987Ben oui, j’avais prévenu, pendant la période estivale il y a rééditions (mais pas que…)

On a beau faire de son mieux, un beau jour le trésor adoré tombe malade.

Pour les deux filles j’ai reculé au maximum la première maladie, comme je pouvais, avec les moyens mis à ma disposition par la nature.

Les faire naître en hiver déjà. C’est bien aussi pour les impôts la naissance en fin d’année avec la 1/2 part qui compte sur toute l’année écoulée (naissance le 2 janvier ça craint). Les enfants sont protégés par les anticorps de la mère pendant au moins un mois, prolonger cette protection avec un allaitement assez long, ce que j’avais prévu de faire. J’ai tenu jusqu’au printemps. Le premier été de Pulchérie s’est bien passé les anticorps de maman jouant toujours.

Sauf qu’en emmerdeuse de première elle n’a jamais rien pu faire comme tout le monde et a débuté sa carrière de malade en faisant tout de travers. Sa spécialité était le symptôme inconnu par les médecins ou la maladie rare. C’est le genre à souffler à 27 ans dans un alcootest et à faire des couleurs qui ne sont pas dans le manuel ou des bulles de savon, ce qui serait smart pour le flic en exercice (alors qu’elle ne boit que très rarement).

Pour la première d’une longue série d’otites, elle a choisit de nous gerber dessus avec des jets allant jusqu’à 3,50 mètres, avec le sourire, sans perdre l’appétit et sans température.

Perplexité de la pédiatre appelée immédiatement et sans délai (et qui se déplaçait). Cette enfant avait l’air en pleine forme, l’aurions nous dérangée pour rien ? Non a-t-elle conclu finalement en nettoyant ses lunettes entièrement aspergées du repas précédent pendant que je cherchais un chemisier de rechange à lui prêter. Regard dans les oreilles : ah oui c’est ça !

Pulchérie était une spé-cia-liste de la température inexpliquée. Un vague et petit 38° ? Connaissait pas. Non avec elle c’était normal ou 40,5°. Comme elle restait en pleine forme j’avais appris à décrypter les yeux battus et lui tâtait le front au moindre « calin maman » (elle détestait normalement, les câlins dépassant 3 secondes) : zut elle a de la fièvre. Jusqu’à combien va-t-elle monter ?

Elle nous a fait une roséole rare et splendide. A savoir 3 jours de fièvre (40,5°) et le 4ème jour éruption d’un genre d’urticaire généralisé qui a rassuré la pédiatre : c’était la roséole. Pour la rubéole qui théoriquement passe inaperçue, elle a fait la totale également, et aucune maladie infantile pour lesquelles il n’y avait pas encore de vaccin n’a été « légère ». Pour les oreillons elle ressemblait à Louis Philippe et pour la  scarlatine à une fraise géante.

Comme on ne trouvait rien au début des symptômes, la pauvre s’est coltiné une tonne de prises de sang qui la terrorisaient, et je on la comprend. Un beau mois de juillet elle est monté à 41 alors que nous étions en vacances, sans aucun symptôme autre qu’une fièvre de cheval. Prise de sang… Le grand père, la grand mère, la mère et le père pour la tenir. Hurlements puis après l’horreur un « j’ai rien sentit » : on a vu des lueurs d’envie de meurtre dans les yeux de l’infirmière. Elle a perduré avec son 41 pendant 5 jours dans le mystère le plus total : aucun laborantin n’a rien trouvé. Ce mystère reste entier.

Pour l’appendicite elle n’a su que nous faire une péritonite (masquée au départ, Albert détestant les maladies croyant qu’elle faisait une allergie aux vavouts) opérée juste à temps, et a rameuté toute la faculté en nous faisant la vaccine (révisez vos cours de bio sur l’origine du vaccin)… La moindre angine ressemblait à une mononucléose et il a fallut un jour que je me gendarme pour éviter la sempiternelle prise de sang qui la précipitait dans un buisson avec un duvet, un croûton de pain et un quart de pomme…

Sinon à soigner, elle était cool, avalait n’importe quelle horreur avec le challenge « avec le sourire ma chérie et tu dis : c’est délicieux ». Ce qu’elle faisait (ne pas trop regarder sur le sourire crispé). Elle pouvait avaler n’importe quoi pour éviter piqûre et suppositoire (une spécialité française parait-il mais oh combien efficace)

Parce que Delphine, c’était et c’est toujours une autre histoire.

La vie n’est qu’un long calvaire.