Les vacances en préliminaires : le départ de Diabolos

sb10068502c-001Me restait donc quasi uniquement à emmener le chat chez Delphine et gendre n° 2.

Je ne me soucie pas trop pour lui, Delphine et lui se connaissent bien, et c’est fou comme les gens peuvent s’imaginer que les animaux nous oublient…

Achat donc de croquettes chez le vétérinaire (en pack de 3 kg, faut bien cela pour 3 semaines), + le fameux Feliway « le secret des chats heureux », à 11 Euros les 15 ml, tout de même. + 3 sacs de litière. Pour cela j’ai tout laissé dans la voiture bien sûr, et le félin ne se doutait de rien, même s’il avait des petits doutes depuis hier à me voir m’agiter comme je le fais depuis quelques temps (je ne suis pas une agitée de nature, et il le sait très bien).

J’ai sournoisement profité du fait qu’il pionçait dans l’ancienne chambre des filles et de Delphine, pour emballer sa petite couverture, son petit plaid, son petit couffin, sa petite brosse + la brosse pour les vêtements et les meubles en tissu, et j’ai tout descendu dans la voiture, en douce (Delphine ne voulait pas de grande/petite couverture pour protéger son fauteuil neuf).

Zut : le bac à litière. Le vétérinaire vu hier m’avait conseillé comme l’an passé de ne pas le laver à grande eau et lessive, afin que le monstre noir retrouve un peu de son odeur pouvant le tranquilliser, dans son chez lui de transit. J’ai essayé de faire discrètement mais avec un chat vous pouvez toujours courir : quand je suis remontée d’avoir été mettre le bac à litière dans la voiture, je l’ai retrouvé perplexe dans la cuisine.

4 pchitts de Feliway dans la caisse de transport, mise en place du chat dans la caisse de transport (à savoir les 4 pattes écartées pour ne pas rentrer, mais sinon, aucun coup de griffe, il ne se débat pas, il est vraiment mignon).

Je devais partir à 13 H 30 mais j’étais stressée dès midi, et j’ai prévenu Delphine que je partais vers 12 H 30.

  • 12 H 30, j’embarque le chat dans la voiture
  • 12 H 31 : copine refuse de démarrer. Diabolos sans avoir demandé le LA, débute « l’air des bijoux »
  • Un coup de pshitt de Feliway dans la caisse. Non deux… Ce n’est pas un anesthésiant, ça ne peut pas lui faire de mal, m’a dit le véto.
  • 12 H 34 : copine démarre et me voici sur la route.
  • Après le tunnel de St Cloud, on m’annonce que le périf nord est fluide. Ca tombe bien, ce n’est pas lui que je prends.
  • Jusqu’à la sortie du périf SUD, porte de Montreuil, ça va, je connais
  • Ca va mais le périf SUD est bouché. Je n’ai jamais vu un périf aussi constipé que lui, je n’ai jamais pu l’emprunter sans qu’il ne soit bouché
  • Un accident dans 4 km, manquait plus que cela
  • Diabolos est calme (c’est toujours ça), il a juste peur du bruit dans les tunnels, et on peut le comprendre, alors je ferme ma fenêtre. D’ailleurs je nous rends service à tous les deux : ça puire.
  • Porte de Montreuil à l’horizon : le commandant de bord/navigateur louche à nouveau sur l’itinéraire écris gros comme cela, scotché comme il faut à portée d’yeux.
  • Je dois trouver la rue d’Avron
  • Chic alors, dès la sortie, la rue d’Avron est déclarée en travaux avec un panneau déviation. Normalement je dois tomber dessus à un moment ou à un autre…
  • Et qu’est-ce qu’il se passe quand il y a une déviation ? Hein ? Et bien 3 rue plus tard, plus de panneau. Vous pouvez vous la flanquer où je pense la déviation au risque de vous retrouver dans le même état que le périf sud. A tout hasard, je vérifie que je ne suis pas dans la rue d’Avron : ben non (ça m’est déjà arrivé de chercher la rue en m’étant garée sous son panneau, en dérangeant 2 contractuelles)
  • Si Diabolos a renoncé depuis longtemps à l’air des bijoux, moi je commence à prendre sa suite, et je erre, en n’arrêtant pas de tourner car je sens bien que je suis proche du but. Tout ceci en disant plein de gros mots mais sans musique (et censuré, car je suis très grossière quand je m’y mets).
  • Miracle : une caserne de pompiers qui sont tous en train de cloper dehors. Etant une indécrottable à déranger la maréchaussée ou les contractuelles, ou les gardes du corps du président de la république quand je suis paumée, je m’arrête. Ma mère a fait mieux : un jour elle a mobilisé tout un car de CRS en venant me voir à l’hôpital à Paris, et c’est tout juste si des motards ne lui ont pas ouvert la route (mon rêêêêve)
  • Les paris sont ouverts entre eux : apparemment il y en a un qui connaît le quartier comme sa poche, peut-être qu’enfin ce sera lui qui payera un coup à boire aux autres pour qui ma question est une colle (parce que tant qu’à faire, j’ai donné le nom de la rue où je me rends, qui donne rue d’Avron)
  • Pas de problème madame : au feu à droite, et puis au prochain feu, première à gauche. Les mecs vous me devez une tournée !
  • J’arrive à bon port au bout de 90 minutes de parcours total, mais je me gare un peu comme je peux (mal), c’est fou comme c’est calme par ici, mais il n’y a jamais une place de libre.

Livraison donc, de Diabolos et son barda, + le fauteuil des jeunes qui m’avaient trainée à Ikéa pour lui + 1 chaise du mariage à eux et de la vaisselle Emmaus donnée par Pulchérie.

Diabolos reconnaît bien Delphine, il a l’air tout content. Contrairement à l’an passé quand je l’avais livré en pâture à ma soeur, il ne tremble pas de tous ses membres, apeuré (petit père il m’avait fait peine)  et commence à inspecter les lieux. C’est un grand studio très bien conçu, mais il faut ce qu’il faut, y compris vérifier 3 fois qu’on lui a bien donné des croquettes, à boire, et installé sa litière.

On papotte un peu en buvant un délicieux smoothie, mais…

Ce n’est pas le tout, mais il faut que je rentre. Normalement je sais faire.

J’ai bien dit normalement

Là je ne sais pas ce qu’il s’est passé, un gros car me bouchait la vue porte de Vincennes, et ayant loupé le périf je me suis retrouvée à Vincennes (très joli château, et très joli fort), puis à Charenton le pont où j’ai fait demi tour pour aller prendre le périf. Dès mon entrée à Vincennes, je savais de toutes manières que j’étais sur la mauvaise route, mais vu la manière dont roulent les parisiens, allez faire demi tour sans vous égarer encore plus…

Est ou Ouest ? Allez, au hasard, le nom des portes me dit quelque chose pour le « ??? » et je m’insinue sur le périf.

  • C’est limité à 80 on me le rappelle, je n’arriverai jamais à cette vitesse là, c’est impossible car c’est bouché. Dans l’autre sens aussi d’ailleurs, mais cela ne me console pas…
  • Le spray destiné à apaiser Diabolos n’aurait aucun effet sur moi. Dommage…
  • Que font toutes ces voitures sur le périf à 15 H 25 ?
  • Encore un accident
  • Ca puire c’est l’horreur
  • Et que ça traine…
  • Un camion veut m’empêcher de me rabattre quand la direction « Rouen » (qui me sauve toujours), et juste là. Les routiers ne sont pas sympas, contrairement à une légende…
  • Je me rabats tout de même. Une fois sur cette bretelle, je sais que je suis sauvée.
  • Ca roule enfin, mais je ne peux m’empêcher à Trappes, de quitter la RN10 pour prendre le chemin des écoliers, dans la forêt.
  • Arrivée pas loin de chez moi : 2 cerfs magnifiques batifolent dans un champ sur ma gauche. Blasée ? Je ne le suis pas. Je peux m’arrêter sans me faire klaxonner pour les admirer.
  • Pas de doutes, je suis rentrée à la maison, saine, et sauve…

Demain : valises que je ne pouvais pas faire sans éveiller vraiment les soupçons du félin, et jeudi….

Youpee, je m’en vais, sauf que mes parents vont me réveiller à 6 H 30, et que ça, c’est l’enfer.

(Jamais contente…)

PS : Feliway s’est révélé très efficace sur Diabolos alors que dieu sait qu’il peut stresser et être chiant. Je remercie donc ceux qui m’en ont parlé, et je le recommande donc, malgré son prix à priori prohibitif… Le psray semble convenir pour pas mal de pshits, et le mien est valable encore 2 ans. Alors, ne pas se priver si l’on ne souhaite pas droguer son chat… (non sponsorisé, comme ma fille, je refuse tout article sponsorisé)…

Le départ en vacances… les préliminaires

sb10068502c-001Je ne vous l’avais pas dit, quelle erreur coupable de ma part, mais je pars à la Grande Motte jeudi 2 septembre, pour 3 semaines.

J’ai su assez tard que je partirais, car mes parents n’avaient pas abordé le sujet avec moi, pour découvrir quand moi je l’ai fait qu’ils s’étaient préoccupés de mon problème capital : caser le chat, allias Diabolos.

Qu’il n’est pas question d’abandonner au bord de la route parce qu’il est tatoué (je rigole, même si ce n’est pas drôle), ou de le laisser crever de faim chez moi (un cadavre dans mon appartement ? jamais !). Je me demande d’ailleurs, comment certains peuvent le faire sans avoir le moindre scrupule ou le moindre remord…

Ma soeur, pour des raisons tout à fait valables, ne voulait pas accepter de le prendre comme l’année dernière, aucun voisin me demandant des nouvelles du minou minou minou dont on voit souvent la petite tête dépasser du balcon de cuisine ne pouvant également, car justement ils partent en septembre aussi. Ce n’est rien que ma faute si ma cage d’escalier est encombrée de retraités… Moi en fait je fais excentrique avec mon style chômeuse en longue maladie…

Quant à laisser Diabolos tout seul à la maison avec une personne passant le nourrir et l’abreuver une fois par jour (j’avais trouvé), et s’occuper de sa litière, c’est exclu, je l’ai fait une fois pour une semaine,  il avait déprimé et entamé une grève de la faim.

Il y a bien un truc spécial garde chien ou chat, juste à côté, mais un chat c’est minimum 15 euros par jour : c’est jumelé avec les impôts, c’est sûr… (la pauvre bête n’ayant droit pour ce tarif, qu’à une petite cage. Sinon, pour 25 euros il a tout le confort…) (possibilité de me recycler, mais pour voler son monde, je refuse, j’ai encore une conscience, profitons-en pendant qu’elle est là…)

A tout hasard, j’ai demandé à Delphine, ma dernière option, qui a cohabité avec Diabolos en son temps. Elle m’a précisé qu’elle devait demander à Gendre n° 2 ce qui me semblait normal, et m’a rappelée rapidement pour me dire que c’était OK.

Je rends ici hommage à gendre n° 2 qui est toujours un charmant garçon (comme le gendre qui a signé), car il n’aime pas particulièrement les chats. Il ne leur ferait pas de mal, mais bon, je sais que la perspective de garder Diabolos 3 semaines + 3 jours ne le réjouit pas spécialement.

D’un autre côté, s’il avait dit « non », il serait devenu l’infâme individu qui prive de ses vacances une belle doche qui ne lui a jamais rien fait (enfin je crois), et c’est là que l’on se dit que dans la vie on n’a pas toujours vraiment le choix ma pauvre Ginette (et qu’on est bien peu de chose et patati et patata)…

En plus, je crains un peu, car Diabolos aime un peu tout le monde, sauf le gros chien qui se promène parfois sur la pelouse derrière l’immeuble, alors que lui est sur le balcon de la cuisine. Il aime tout le monde et particulièrement les enfants et les zommes avec un petit z parce qu’il s’agit du sexe masculin et non pas de l’homo sapiens en général.

Privé des uns et des autres, je crains fort qu’il ne s’amourache de gendre n°2, ne se plante devant lui pour le contempler amoureusement en ronronnant pendant des heures, et n’essaye d’aller prendre un bain avec lui à défaut de s’installer sur ses genoux. Heureusement, Delphine connait fort bien ce chat, et je pense qu’elle saura limiter les dégâts…

A moins que gendre n° 2 ne craque, et refuse de me rendre mon chat à mon retour…

Le problème crucial est d’emmener Diabolos chez sa soeu-soeur… et son beau-frè-reu…

Le jeune couple habite du côté de Nation. A Paris donc, et mes fidèles lecteurs, connaissent mon amour des déplacements vers la capitale et particulièrement ceux qui se font en voiture. Pour ceux qui débarquent je le leur apprends : aller à Paris en voiture est pour moi une douloureuse épreuve doublée d’un long calvaire.

Paris, je m’y perds, si je prends les quais c’est toujours dans le mauvais sens, je loupe la bonne intersection, je vocifère contre les conducteurs parisiens, les piétons parisiens, les 4 X 4 parisiens, les parisiens en règle générale, et cette putain de bordel de merde de circulation de mes fesses qui fait que ça ne roule jamais comme il faut. Je sais que le périphérique tourne, mais je sais aussi qu’il change vicieusement de nom suivant l’endroit. On part par le périf sud et arrivée à destination, pour revenir, on a le choix entre « est » ou « ouest ». Evidemment,  je me trompe toujours.

Je sens donc que le voyage destiné à emmener Diabolos chez Delphine et gendre n° 2 va trèèèès bien se passer, d’autant que je n’ai jamais pu aller chez eux en voiture, sans me perdre. Donc, les seuls points de repère que j’ai, sont mauvais…

Pour le retour, idem, je ne sais jamais quel périf je dois prendre. Mais là j’ai des repères ce qui est assez exceptionnel…

Là où cela va devenir idyllique totalement, c’est que j’emmènerai le chat.

Vous savez ? ce petit félin à plusieurs pattes, deux de devant pour courir, deux de derrière pour freiner, deux à droite et deux à gauche. Qui miaule pour se faire entendre…

En voiture, Diabolos ne miaule pas, il imite la Castafiore en essayant de chanter « l’air des bijoux », mais il chante faux. Ce qui ne le décourage nullement, il persiste, signe, et miaule toujours…

Ce concert grandiose qui m’avait déjà saoulée l’année dernière alors que je l’emmenais chez ma soeur à 7 km, il va falloir que je me le farcisse pendant :

  • 50 km avant d’arriver à Paris
  • 1 H 60 minutes à tournicoter parce que bien entendu, je vais me perdre.
  • Si, c’est obligé. Quand je erre dans le 20ème en voiture, je comprends ce qu’ont vécu certains colons au Canada sous le règne de Louis XIV, quand ils espéraient échapper aux iroquois… Mes condoléances…

Ceci sous la menace de me faire arrêter pour tapage et désordre sur la voie publique. Le tapage à cause de Diabolos qui fait klaxon non homologué comme personne, le désordre, parce que je serai sortie de la voiture pour appeler Delphine en larmes « je suis à Bercy qu’est-ce que je fais SNIF ! », et qu’une femme échevelée, rouge, sanglotante, et éructant dans un téléphone portable dûment rechargé pourtant, ça fait désordre.

Diabolos à trimballer en voiture, ça fait désordre de toutes manières, dès l’ascenseur.

Mes frères et soeurs, priez pour moi qui vous voulez, pour que cette horrible épreuve se passe bien et donc n’en soit pas une !

Et encore je vous ai épargné les détails croustillants concernant la mise en boite de la bête, le trimballement de la bête dans sa boîte (régime) et de son matériel, et les caprices de copine qui ce jour là, va certainement refuser de démarrer du premier coup, pendant que l’autre rira de se voir si beau en ce miroir…

La vie n’est qu’un long calvaire. J’essayerai de vous raconter ça avant de prendre la poudre d’escampette avec mes parents, leur glacière, ma mère qui quand elle ne conduit pas a peur, et leurs merveilleuses recettes ! (j’en passe)

Juste le mardi 31 août à passer, juste le mardi 31 août à passer…

PS : recharger mon portable le lundi 30

Les affreux moutards…

boxe-copierVivement la rentrée et paix sur terre aux profs et instits de bonne volonté.

Après l’épisode de la pierre reçue par moi et de mon clash avec le père d’un bambin, aussi charmant que son fils, la troupe n’a pas été consignée à la maison à finir ses devoirs de vacances.

« Les gosses, faut bien que ça s’amuse »…

Rentrant chez moi pile poil une semaine après cet épisode hilarant, j’entends que l’on s’amuse un peu fort derrière chez moi.

A savoir côté cuisine et chambres qui donnent sur une pelouse rustique et un bois.

Je vais jeter un oeil de mon balcon de cuisine et je découvre, patatras, la bande de gamins de « l’autre jour ».

Qui s’en donnent à coeur joie :

  • En coupant les uns après les autres, les bambous soigneusement plantés il y a 3 ans de cela, et qui commencent à être bien développés et à faire très joli
  • En arrachant à tout va ce qu’ils peuvent, d’un saule pleureur planté l’année de mon arrivée (1995) et qui commence à être vraiment beau
  • Et je rêve ou quoi, mais LE sale gosse a de nouveau un lance pierres dans les mains, avec lequel il essaye d’avoir un des deux chats errants dans le secteur, et au sujet desquels toute la copropriété s’est cotisée pour faire pratiquer une stérilisation, et que tout le monde nourrit.

Mon sang ne fait qu’un tour, mais j’hésite à intervenir, même de mon balcon. A toujours râler, je vais passer pour une emmerdeuse…

La lâcheté m’étouffe sur ce coup là, mais qu’à cela ne tienne, je ne suis pas seule au monde, pour une fois, en ce mois d’août où ma résidence se vide.

Voilà qu’arrive d’un pas martial, un de mes voisins, dont les enfants sont bien élevés, qui ne trainent jamais à faire n’importe quoi, disent bonjour, et vous tiennent la porte ouverte en cas de besoin. Je les vois partir à la piscine chaque début d’après midi quand je sors de chez moi pour me vider la tête : eux s’occupent agréablement.

Ce père, un comble, expédie même ses deux  pré-adolescents faire des courses à Champion « ta mère te l’a demandé, alors plus vite que ça ». Et la première fois que j’ai entendu ce dialogue, j’ai sourit, songeant à l’air horrifié de Delphine jadis, à qui j’avais demandé d’aller acheter du pain et un litre de lait « je vais avoir l’air de quoi, avec mon pain et mon litre de lait ? »…

Je sens que cela va chier, je reste sur le balcon de ma cuisine pour voir la chose. Je fais rarement la concierge, mais là, la tentation est trop forte.

  • Premier acte du drame : il choppe le môme au lance pierres par le col, lui arrache l’arme du crime ET lui flanque une baffe. Enfin un genre de claque, pas de quoi faire une marque… EN PRISON !!!
  • Le môme braille. Je reconnais son krikitu.
  • « Tu la ferme ou je t’en colle une autre, c’est quoi ces manières de vouloir tuer ou blesser cette pauvre bête ? Quel est l’imbécile qui t’a donné ce lance pierres ? »
  • L’autre rétorque toujours en hurlant que l’imbécile c’est son pèèèèèère !
  • Les autres se figent, mais qu’à cela ne tienne, c’est leur tour.
  • « Et vous ? De quel droit abimez-vous ces arbres et plantes qui appartiennent à tout le monde ? Vous me donnez vos noms et vos adresses et plus vite que ça, sinon j’appelle la police » (il sort un carnet de sa poche de la main droite et palpe la pochette dans laquelle se trouve son portable, pour montrer qu’il ne plaisante pas)
  • Les moutards s’exécutent, confus, pendant que le braillard part en courant au son de « papaaaaaa au secours, un vilain bonhomme nous embête ! »

Et voici le père, habitué sans doute à se déplacer au moindre krikitu, et je jubile sur mon balcon.

Les choses risquent de rester moins verbales qu’avec moi. Je connais mon voisin : charmant et tout, mais il ne faut pas le faire chier. Il a un jour flanqué des baffes à des adolescents qui s’amusaient à renverser les poubelles et leur a fait tout ramasser… On ne les a jamais revus…

Effectivement, ça se gâte rapidement après un bref échange. Le père ne peut pas demander à l’autre s’il a ses règles (et toc !) donc il se rabat sur le terrain glissant de la paranoïa (il faudrait arrêter d’employer des termes non appropriés).

L’autre lui précise qu’il est non seulement paranoïaque, mais également psychopathe et tueur en série et qu’il va le lui démontrer illico en lui pétant la gueule.

Comme avec moi, l’autre recule tout en continuant à plaider la cause de ces pauvres gosses qui s’ennuient et qu’il faut bien qu’ils s’occupent non ?

NON PAS COMME CA !

Mon voisin est vert de rage, je jubile toujours sur mon balcon, et là, ils me voient tous les deux :

  • Ah madame Dabra ! Vous êtes témoin de ce que faisaient ces sales gosses ?
  • Oh oui, d’ailleurs, pas plus tard que la semaine dernière, j’ai été blessée par un lance pierres et j’ai déposé une main courante à la police. Je vois qu’on a donné à nouveau un engin admirable au chiard qui braille
  • Le chiard vexé du terme, s’arrête net.
  • Non mais vous êtes complètement inconscient lance mon voisin à l’autre qui essaye de me fusiller du regard à nouveau. Votre fils a blessé quelqu’un et vous lui redonnez son lance pierres ?
  • Avec perfidie je précise que j’ai laissé le lance pierres au commissariat et que celui-ci est donc une nouvelle mouture, remise au fils par le père (et où est donc le saint esprit ?).

Cela a été juste une bourrade, le mec que l’on pousse d’un coup sec, qui ne s’y attend pas et qui tombe (le père).

Il braille à son tour. Ce pauvre choupinet est tombé sur une pierre et il a maaal !

  • Bien fait pour vous pauvre con !
  • Ne m’approchez pas et rendez-moi ce lance pierres !
  • Ce lance pierres je vais vous le planter où je pense, ça vous donnera à réfléchir à chaque fois que vous voudrez vous asseoir ! (ah oui, ça se précise, je veux absolument voir la chose…)

Ca se gâte vraiment. Arrive mon voisin du dessous d’en face. 70 ans bien sonnés, mais en pleine forme, carrure imposante. Je ne sais pas ce qu’il faisait avant sa retraite, mais comme mon père, on n’a pas dû l’emmerder souvent…

  • Non mais c’est bientôt terminé ? Monsieur relevez-vous, Monsieur Choc, calmez-vous. J’ai assisté à votre intervention, vous aviez parfaitement raison, mais il faut savoir s’arrêter. Les enfants vont présenter des excuses, le père va reprendre le lance pierres, et tout le monde va rentrer sagement chez lui
  • Non, répond monsieur Choc, le lance pierres, je le garde (zut, je vais louper un grand moment pornographique)
  • Pour les excuses, les gosses font non de la tête
  • Le père se relève et toise le nouveau venu
  • Non mais vieux con, vous ne pourriez pas crever plutôt que de vous mêler de ce qui ne vous regarde pas ? (quel admirable exemple pour les mômes…)

Le « vieux con » n’avait pas du tout l’intention de « crever », et si l’autre à peine relevé s’est retrouvé au tapis à nouveau, c’est en se tenant la mâchoire.

Je ne sais pas jusqu’où en seraient allées les choses, si deux flics n’avaient pas débarqué au moment où le père venait de se relever à nouveau, bien décidé à rendre coup pour coup.

En effet, je l’ai su après, dès que les gosses ont commencé à faire les andouilles, une autre voisine avait appelé la police. Je l’ignorais mais dans la zone pavillonnaire qui jouxte ma résidence, cette petite bande d’affreux moutards avait causé pas mal de dégâts depuis la mi août, avec toujours le braillard protégé par son père en cas de conflits. Sinon pour certains, cela avait été la surprise en rentrant des poubelles renversées, des fleurs arrachées, de pneus dégonflés, et pour une maison 2 vitres cassées…

Tout le monde en avait causé un jour ou l’autre, et j’avais d’ailleurs le lendemain du coup de la pierre lancée par Pierre, raconté ma mésaventure à une de mes voisines avec laquelle je taille volontiers une bavette car elle est charmante.

Sur la demande des flics et de Monsieur Choc, je suis descendue à mon tour. J’ai répété l’histoire de ma main courante, mon altercation avec le père ici présent, et raconté ce que j’avais vu les mômes faire avant l’intervention de monsieur Choc.

Par contre, il ne faudrait pas vieillir. C’est moche. On perd la boule.

Car sur le coup, je n’ai eu aucun souvenir d’avoir vu Monsieur Choc pousser le père par terre, et le « vieux con » lui flanquer un bourre pif…

C’est bêêêête !

La fugue des bidous… (part two)

siphie-bb-martyriseeLà, plus de temps à perdre, ameuter prévenir tout le voisinage. Tous les gens présents ont des chats et les aiment, on me demande leur description, et pas de soucis, on nous préviendra si l’on retrouve les corps sur la route si on les voit passer, voire même, on leur mettra la main dessus (quels innocents !)

Les anciens « à poil »désormais vêtus,  et d’autres voisins sont là pour me consoler, et parler tout particulièrement d’une maison horrible qui vient d’être construite dans le secteur (et qui aura son post).

Car je suis en larmes. Ces chats n’ont pas l’habitude de l’aventure et de l’exploration, il peut arriver n’importe quoi car aucune route n’est loin. Tout comme il peut leur arriver de rentrer sans problème. Mais moi j’ai déjà perdu 2 chats qui connaissaient bien leur territoire et se sont fait surprendre, alors j’en suis malade.

Pulchérie et son mâri nous ont confié leurs chats, qu’elle horreur que de leur annoncer une mauvaise nouvelle !

D’ailleurs ma nièce qui s’inquiète du drame, mais le vit en même temps avec une certaine excitation teintée de peur, me demande si je vais envoyer un mail à Pulchérie dès le soir même.

Et dans le fond du jardin, tous les autres appellent toujours « Sophie BB ! Sacha BB ! ».

Appeler la mère est intéressant, sauf qu’elle ne reviendra pas sans son fils, et que lui, est en pleine crise d’adolescence et que les appels et mises en garde de sa mère IL S’EN TAPE !

On dirait mes filles à une certaine époque tiens… Il y a des coups de pieds au cul qui se sont perdus !

Maman a dégagé un morceau de clôture qui ne sert à rien vu la taille des chats, pour les aider éventuellement à remonter plus facilement (jamais vu un grillage dont les interstices sont aussi larges, mais les chats sont partis via les ronciers, donc ils devraient théoriquement revenir par là).

A force de guetter et d’appeler, ma soeur aperçoit tout à coup Sacha BB, revenu dans le jardin voisin d’origine. Il est gris et blanc et se voit mieux que sa mère qui est gris foncé (gris souris on pourrait dire). Cet andouille est grimpé sur un arbre (genre : je monte aux arbres tous les jours)  et évidemment, sa mère l’a suivi. Comme elle le voit bien, elle ne miaulait plus depuis un moment, ce qui manquait pour l’orientation de nos recherches.

Ils sont là, à vue d’oeil. Sophie miaule finalement en réponse et surtout pour inciter son fils à la suivre, car elle sent bien à la façon dont on l’appelle, que nous l’avons VUE. Elle veut rentrer, mais JAMAIS SANS SON FILS. Et l’autre ne l’écoute pas. D’ailleurs il aurait du mal : c’est difficile de faire demi tour sur une branche d’arbre inconnu.

Et puis enfin, Sophie se lance, elle fait demi tour, descend de l’arbre, et appelle son fils de plus en plus fort. Il hésite et puis se laisse tenter. Il doit commencer à avoir faim, et soif, il y a trois heures que cela dure, il se décide à la suivre.

Mais elle ne rentrera pas par le chemin que ma soeur lui indique : le plus simple. Non, elle émergera la première des ronciers, juste d’où ils sont partis, suivie de près par son fils que la grande aventure ne tente plus.

Nous leur mettons illico le grappin dessus : ils détestent, mais on s’en fout, direction la maison où ils grimperont les escaliers 4 à 4 pour aller se remettre de leurs aventures, boire un coup et manger.

Privation de sorties pendant quelques jours et puis non, finalement jusqu’à la fin du séjour… Sophie est ressortie une fois, mais j’en avais marre de la suivre partout, alors… Ces pauvres bêtes n’ont plus eu que les 200 m2 de mes parents pour se défouler, ce dont ils ne se sont pas privés…

(En illustration pas très nette, je dois l’admettre, Sophie BB en train de se faire martyriser sur la terrasse de mes parents AVANT la fugue)

La fugue des bidous… (part one)

sachaLes bidous ce sont les chats des jeunes mariés, en villégiature chez mes parents pendant le voyage de noce.

Vous avez tout compris, les chats sont partis à Tahiti et les jeunes mariés chez mes parents…

Sophie BB s’amusait beaucoup dehors, Sachat BB (son fils) a mis plus de temps à s’y aventurer. Nous regrettons maintenant qu’il s’y soit risqué, Sophie BB me suivant comme mon ombre, lui pas.

Sauf que, dans le fond du jardin de mes parents, il y a comme un manque de clôture efficace sur 2 ou 3 mètres, donc un risque de fugue.

Je veillais donc soigneusement à ce qu’ils n’aillent pas de ce côté là, les accompagnant toujours pendant leurs pérégrinations dans le jardin. Là, ma nièce qui jouait avec eux les a accidentellement emmenés à l’endroit fatidique, et les deux explorateurs ont réussi à entrer dans un roncier pour aller visiter le vaste monde, enfin, Sacha en tête, suivi par sa mère qui s’inquiète toujours pour lui. Je suis arrivée trop tard : patatras, les voici dans le jardin qui jouxte celui de mes parents après avoir sauté environ 1 m 50.

  • 1ère peur affreuse : il y a un chien dans ce jardin normalement. Sauf que non, car les propriétaires sont en vacances. Premier soulagement…
  • 2ème peur affreuse : si Sophie semble vouloir revenir et écouter nos appels, Sacha lui, ne veut pas et sa mère ne reviendra pas sans lui, l’évidence évidente s’impose. Même dans la maison, s’il n’est pas à côté d’elle, elle s’inquiète et l’appelle.
  • 3ème peur affreuse : nous savons très bien qu’ils peuvent passer d’un jardin à un autre, jusqu’où par contre, c’est un mystère. Sauf qu’ils peuvent en se promenant de trop, tomber sur UNE route.
  • Mrs Bibelot, mon père et moi, envisageons toutes les hypothèses (bien entendu les plus dramatiques possibles, comme cela, on ne risque pas de mauvaises surprises, c’est une philosophie !)

Au bout d’un moment, les bidous disparaissent de notre vue. Ma nièce et moi descendons donc la ruelle, et puis basta, les voisins du fond sont en vacances, elle saute le portail sans grande difficulté (il fait 1 m20 environ). Elle revient en courant : elle voit très bien les chats, mais ils sont passés derrière un autre grillage, dans une autre propriété, et elle ne peut pas les attraper (nous nous sommes munies de pièges à panthères au cazou…)

Vu l’endroit indiqué, nous remontons la ruelle : ils sont chez les autres voisins de mes parents, partis en vacances le matin même. Sophie BB grimpée sur le mur mitoyen, semble vouloir revenir mais pas son petit gamin mal élevé fils. Là, c’est dramatique, parce que de ce terrain là, ils peuvent aller n’importe où.

Au hasard, nous descendons à nouveau (armées de serviettes de bain pour envelopper les chats et éviter toute griffure), chez les voisins des voisins chez qui ils peuvent passer sans inquiétude.

J’ouvre ici une parenthèse intéressante, sur les personnes qui, habitant un pavillon avec un grand terrain, N’ONT PAS DE SONNETTE OU DE CLOCHE ET QUE L’ON NE PEUT DONC PAS ALERTER, laissent leur portail ouvert, ce qui fait que l’on finit par rentrer parce qu’on en a marre de s’égosiller.

Pour les trouver à poil sur leur terrasse (ils savent que les premiers voisins (ceux du fond du jardin) qui seraient susceptibles de les voir, sont partis en vacances. On aurait pu tomber sur pire, je suis d’accord, mais bon, mes parents ont une cloche ET une sonnette !

Moi perso, si j’ai envie de me foutre à poil quelque part, je m’assure que personne ne peut me voir ou me surprendre, mais je dois avoir un problème.

Gêne profonde, j’empêche ma nièce d’avancer pour lui éviter le pire : la zigounette du Mr qui pendouille du côté droit du transat… Je n’ai théoriquement rien vu, nous appelons juste du coin de la maison. La dame arrive en slip, son mari doit être parti en passer un.

Non, ils n’ont pas vu de chats traverser leur jardin, mais il faut dire que c’est grand. (Et qu’à poil sur un transat, généralement on ne fait pas le guet).

Les bidous peuvent donc avoir traversé la ruelle, être retournés à l’origine de leur fugue ou être passés ailleurs même là où qu’il y a un gros chien qui n’a pas l’air commode et pas du genre à accepter de gaité de coeur de voir deux chats inconnus, lui passer sous le nez…

Nous sommes consternavrées…

Le mot est faible : je suis en larmes et morte d’inquiétude…

La vie n’est qu’un long calvaire et le bidou mâle fugueur… (sur la photo il se demande s’il peut sauter sur le mur : il le peut, aucune hauteur ne lui fait peur, il est taillé pour cela).

C’est aujourd’hui dimanche, tiens mon petit enfant, voici un lance pierres, toi qui les aime tant…

lance-pierres-copierIl me semble que mes filles étaient bien élevées. Bien sûr comme tous les enfants, elles faisaient des bêtises en toute inconscience… L’inconscience est l’âme des enfants et leur plus grand danger…

Par contre je les ai mises en garde très tôt sur les comportements dangereux, pour elles-mêmes ou les autres. Pour moi c’était le B A BA d’une bonne éducation…

Dans mon secteur, on voit un peu de tout. Il y a les enfants bien élevés qui disent bonjour poliment et sont visiblement bien encadrés. Limite, on les plaindrait…

Il y a par contre ceux qui laissent leur gosse de 3 ans jouer sur le trottoir de l’autre côté de la route (pour rentrer chez lui, le gosse va traverser en courant, sans regarder), ceux qui ne se préoccupent pas de savoir ce que la bande de gamins fait tout l’après midi dehors (généralement des conneries !).

Et puis il y a l’imbécile suprême qui offre à son fils de 7 ans un magnifique lance pierres et le lâche dans la nature avec, sans surveillance, et sans consigne. Faut pas trop s’affoler non plus, dans 7 ans, il lui offrira un fusil de chasse…

Un lance pierres c’est fait pour lancer des pierres, et vous imaginez bien qu’aucun gamin ne s’en privera. Et s’il peut casser quelque chose avec, et bien, il sera ravi. J’ai eu mon lance pierres quand j’étais petite, je sais de quoi que je cause, avec les avertissements d’usage dont je n’ai tenu aucun compte, ce qui fait que j’ai dû en être propriétaire environ 24 H… Pourtant c’était pratique pour péter les ampoules des lampadaires…

DONC, mardi 17 août, j’ai RV avec mon médecin traitant (pas le référent), et bien évidemment, je suis en avance. La résidence est calme, le parking à peu près vide comme tous les mois d’août. J’ouvre ma portière et là, je ressens un choc terrible, juste en dessous de la tempe gauche. Un caillou roule à mes pieds : on envoie des pierres dans ma résidence maintenant ? Personne à l’horizon, et j’ai mon RV. Je suis du genre à arriver à l’heure sur un brancard, plutôt qu’en retard…

Je pars donc, me sentant un peu sonnée tout de même. Au premier feu, je me regarde dans le rétroviseur : cela saigne, et on dirait qu’il y a comme qui dirait un petit morceau de chair qui pendouille. BERK !

J’arrive au centre où l’on m’annonce que mon médecin a du retard. Cela tombe bien car si c’était possible, pourrait-on me donner du désinfectant ? La secrétaire relève la tête et sursaute : « que vous est-il arrivé ? ». Je lui explique pendant qu’elle appelle un infirmier.

« Nous vivons dans un monde de plus en plus fou » me dit-elle, alors que l’infirmer arrive. Direction la salle de soins où il ne lui semble pas que cela soit trop grave. Il y a effectivement un tout petit morceau de chair/peau qui va se détacher dans 2 ou 3 jours, et il me flanque la dose de Bétadine. C’est marron, je suis ravissante, et toujours un peu sonnée… Psychologiquement et pour de bon. Il me précise, ce qui me rassure que 3 cm plus haut, sur la tempe, cela aurait pu avoir de plus graves conséquences.

Je rentre chez moi vers 16 H comme de coutume, après être passée prendre le thé avec Mrs Bibelot. Là, je ne suis plus sonnée du tout, j’ai mal, je suis furax, et je décide de partir en enquête.

La trajectoire du projectile est difficile à évaluer, mais la chance est avec moi. A peine descendue de voiture, j’entends une bande de mômes en train de s’éclater dans la petite aire de jeux prévue pour les zamours de notre vie, à moins de 10 mètres. Je vais jeter un coup d’oeil et je repère immédiatement un sale petit con môme qui semble épater ses copains avec un lance pierres magnifique, et qui vise je ne sais quoi dans un arbre. Inutile de chercher plus longtemps : c’est de là que venait le projectile qui m’est arrivé dans la tronche : ma voiture est dans le prolongement de l’arbre. Si je n’ai rien entendu au moment fatal, c’est qu’il devait être seul et s’entraîner…

Toujours furieuse, je rentre dans le petit square où le moutard me voit arriver sans frémir, l’air innocent comme tout. Et comme je suis toujours furax, sans qu’il ait pu le prévoir, je prends possession du lance pierres.

Il braille. Il hurle. Il trépigne. Il va rameuter tout le monde !

  • C’est mon père qui me l’a fabriqué, il est à moi, vous n’avez pas le droit !
  • Regarde ce que tu m’as fait avec ton lance pierre ! (il y a du sang séché, de la Bétadine, un endroit où cela commence à virer violet)
  • M’en fous, c’est à moi ! Rends moi mon lance pierres, je vais te tuer avec ! (quel charmant bambin, quel trésor adoré, j’ai loupé quelque chose…)

Quelle voix en plus ! cela va donner quand il aura mué… Attiré par l’organe du fils chéri, arrive le père, et je sens tout de suite que cela va bien se passer.

  • Que ce passe-t-il, que faites vous à mon fils ? (inquiétude légitime)
  • Pour l’instant rien, je lui ai juste confisqué son lance pierres. Bonjour monsieur !
  • Bonjour madame (ton contraint)
  • Il y a que votre fils s’amuse à lancer des pierres un peu partout et que l’une d’elle m’a blessée (je montre)
  • Un lance pierres c’est fait pour lancer des pierres (logique, mais là, nous sommes mal barrés, car c’est rare, mais quand la sorcière est mal vissée, elle est mal vissée… et on ne défend pas son gamin en toutes circonstances !)
  • Peut-être, mais pas n’importe comment et sur n’importe quoi ! J’aurais aussi bien pu prendre la petite pierre dans l’oeil !
  • Vous faites une histoire d’un bobo de rien du tout !
  • Et si je vous flanque mon poing dans la figure (quand je vous le disais que j’étais mal vissée), vous allez faire une histoire d’un bobo de rien du tout ? (il recule, il a peur, quand une femme se met en colère généralement les hommes n’en mènent pas large)
  • Voyons madame, calmez-vous, vous avez vos règles ou quoi ? (l’argument massue. Si vous n’êtes pas contente de vous être pris une pierre dans la figure c’est parce que vous avez vos règles !)
  • Et vous ? Vous avez les neurones dans les testicules ? (Ca va mal se terminer, il va se prendre le plus dur du lance pierres dans la tronche, je le sens bien, mais lui aussi, il se tient à distance respectueuse…)
  • De quoi parlez-vous ?
  • De votre haute intelligence monsieur ! On ne laisse pas un gamin de cet âge jouer avec un lance pierres sans surveillance !
  • Il s’amuse, comme tous les gosses.
  • Et bien monsieur, j’ai bien repéré votre maison. Je vais de ce pas faire don de cet engin magnifique à mon neveu de 12 ans, qui pourra s’amuser tout à son aise à proximité de vos fenêtres, de votre voiture, et de votre gueule de con !
  • Ce lance pierres m’appartient, je vous ordonne de me le rendre ! Et puis d’abord soyez polie !
  • Je suis polie !
  • Vous m’avez traité de gueule de con !
  • Amenez votre père que je vous refasse ! Ce n’est pas de votre faute, mais vous avez une gueule de con ! (sorcière désormais folle de rage)
  • Monsieur, je vais immédiatement au poste de police, et nous y débattrons du « à qui appartient le lance pierres ».
  • La marmaille ne dit rien et reste silencieuse. Le moutard semble consterné de constater que du côté du père cela sent la déroute (un traumatisme, UN !)
  • Silence en face. Si les yeux du con avaient été des révolvers, je tombais raide, la réciproque étant valable…
  • Allez viens Pierre (authentique), on rentre à la maison !

Je suis allée déposer le lance pierres et une main courante, au poste de police, parce que je ne jette la pierre à personne, mais j’étais tout de même à deux doigts de m’agacer…

Les flics m’ont déclaré que dans ce cas très précis, ils se déplaceraient histoire de faire voir que… mais qu’il eut été préférable que je porte carrément plainte.

Bon, comme j’aurais été capable d’émasculer le père avec le lance pierres, j’ai préféré laisser pisser… Cela les a bien fait rire !

Cela fait des siècles qu’on le dit : nous vivons une drôle d’époque… Si j’avais appris qu’une de mes chéries avait blessé quelqu’un avec un lance pierres que je n’ai jamais eu l’idée saugrenue de lui offrir, j’aurais été morte de honte…

C’est la différence fondamentale entre cet homme et moi. Pour lui, c’était normal…

Et si qu'on faisait des crêpes chez les grands parents ?…

crepesDelphine est venue passer le samedi 14 août à la campagne.

Dès son arrivée, elle avait en tête de faire des crêpes.

Comme ma soeur devait nous rejoindre avec ses enfants, elle savait qu’elle aurait du soutien pour  son projet. Moi j’aime bien les crêpes, mais je ne les digère plus, à tel point que cela me rend malade, JE LE SAIS, et cela s’avère  TOUJOURS VRAI (que pourrais-je prendre préventivement pour ne plus me priver de ces choses exquises, y a-t-il un médecin dans l’avion la salle ?).

Innocente comme toujours, Delphine a attendu que sa grand mère émerge de sa sieste pour lui demander si elle avait :

  • De la farine
  • Des oeufs
  • Du lait
  • Un parfum quelconque, pour faire des crêpes.

Questions superflues car ma mère a toujours tout ce qu’il faut pour faire n’importe quoi, sauf de la semoule à couscous quand elle en fait un…

Assemblée de femelles comme le dit mon père car ce dernier était le seul mâle dans la place (heureusement, il a l’habitude). En effet il y avait :

  • Ma mère, mais chez elle c’est normal
  • Ma soeur qui n’est pas comme les autres
  • Mon autre soeur
  • Moi-même
  • Delphine
  • Ma nièce
  • Mon neveu s’étant lâchement absenté sous le prétexte fallacieux d’aller au cinéma avec des potes.

BREF il fallait faire des crêpes, et Delphine s’y est collée illico. Avec une partie de la famille pour y aller de commentaires multiples, on dirait qu’elle n’est pas habituée…

  • Tu sais faire la pâte ? (ma mère. Je ne critique pas, je précise toujours aux filles de faire attention en traversant)
  • Oui mamie je sais faire la pâte à crêpe (j’ai bientôt 26 ans !)
  • Tu mets bien la farine en premier (on ne refera pas ma mère)
  • Soupir
  • N’oublies pas la pincée de sel (moi, j’avoue…)
  • Soupir
  • Touille bien sans faire de grumeaux (ma soeur)
  • Rajoute le lait petit à petit (ma mère)
  • Tu as mis la pincée de sel ? (ma mère)
  • Tiens c’est curieux, moi je touille dans le sens des aiguilles d’une montre (ma mère)
  • Ben moi pas (Delphine)
  • Moi je mets du beurre salé fondu dans la pâte, c’est meilleur (ma soeur)
  • Moi je ne mets pas de gras dans ma pâte (moi)
  • Tu as tort, c’est meilleur (ma soeur)
  • Delphine en soupirant met le beurre à fondre
  • Baisse le feu ma chérie tu vas faire brûler le beurre (ma mère)
  • Mon père qui arrive : tu mets quoi : du rhum ou de la fleur d’oranger ?
  • De la fleur d’oranger (Delphine)
  • Ben ce n’est pas plus mal, nous n’avons que du rhum blanc (ma mère)
  • Oui, avec du rhum ambré c’est meilleur (mon père)
  • L’idéal c’est le mélange des deux (ma soeur)
  • Je préfère le cointreau (moi)
  • Cette poêle là attache, prend l’autre (ma mère)
  • Pourquoi tu garde des poêles qui attachent, tu en as au moins 15 (Delphine)
  • C’est sentimental, elle appartenait à Mrs Morgan (ma mère)
  • Tu as besoin d’une spatule ? Tu ne sais pas faire sauter les crêpes ? (mon père)
  • Je vais t’aider (ma soeur)
  • C’est quoi cette poêle de merde ? (la même)
  • Toi non plus tu ne sais pas faire sauter les crêpes ? (mon père)
  • Si, tiens regarde ! (ma soeur)
  • Loupé ! (la même)
  • Regarde papy, je sais faire sauter les crêpes (Delphine)
  • Loupé ! (la même)
  • Elles sont bonnes mais elles manquent un peu de parfum…
  • Elles pourraient être plus cuites…
  • Oh non, c’est parfait comme cela…
  • Non elles pourraient être plus cuites…

Merci ma puce !!!

La vie n’est qu’un long calvaire (et les crêpes indigestes, ou alors je n’en mange pas assez souvent, c’est peut-être la base du problème…)

Le contrôle technique, copine et moi…

controle-techniqueCopine c’est la voiture qui a remplacé Titine, et que je n’aime pas.

Je n’aime pas ses angles morts, elle est difficile à manoeuvrer, elle démarre quand elle veut de temps à autres (justement au moment où le dépanneur arrive), bref, je ne m’y sens pas à l’aise.

En 3 ans, je n’ai toujours pas réussi à m’y faire.

Je me pointe au garage mardi 10 août pour prendre RV pour le contrôle technique. Font chier avec ça : en 3 ans, j’ai fait 13 000 bornes. Cela pourrait être comme pour les garanties : 3 ans, OU X km, ou carrément tous les X km (il y en a qui flinguent une voiture à faire 250 000 bornes par an, en toute légalité).

Chez mon petit garagiste, ils font un pré-contrôle, et s’occupent de tout. En plus une fois sur deux ils oublient de me faire ma facture (on vous l’enverra : jamais, et quand honnête et tout je me pointe pour régler 6 mois après, ils ne savent plus combien je leur dois).

Le patron avec lequel j’ai un ticket, (on se demande pourquoi), tique un peu : en ce moment ils sont débordés et théoriquement en congés (pourquoi ne suis-je pas mécanicienne ?), il veut vérifier lui-même que je dois faire le contrôle technique avant le 16 août (j’ai acheté la voiture le 17 et il datait de la veille)  et me demande ma carte grise.

  • « Ah oui effectivement ça urge madame, parce que le contrôle technique il fallait bien le faire en août, mais août 2009« 
  • Vous êtes sor ?
  • Tout à fait sor…

Plus ahurie que moi sur le coup, on ne doit pas pouvoir faire, ma tronche doit valoir son pesant de cambouis, car tout le monde rit dans le garage (moi y compris au bout d’un moment). Dur comme fer, je m’étais mis dans la tête qu’il s’agissait de 2010 pour le contrôle technique.

Du coup ils la prennent en urgence mercredi 11 pour qu’elle passe à la moulinette le jeudi 12 et je n’ai plus qu’à prier St Christophe ET Ste Rita pour que tout se passe bien et que rien de grave ne vienne grever mon budget… (raté, les freins arrières à refaire m’ont plombée de 350 Euros (hors taxes))

Le plus comique de l’histoire, est que je roulais avec une conscience tout à fait sereine, limite j’aurais fait coucou aux flics si j’en avais croisés. Par contre le mercredi 11 j’ai pris le volant la peur au ventre pour aller chez mes parents (3 km) puis porter Copine chez le garagiste (3 km), Mrs Bibelot me suivant avec sa voiture qu’elle me prêtait  pour à mon avis 2 jours et non pas 1.

Car mon garagiste a tout de même un défaut : ce n’est jamais prêt à temps… même quand il n’est pas en vacances, ce qui ne sautait pas aux yeux, car je ne l’ai su (qu’il était en vacances) que quand je suis allée récupérer cette PTBDM de voiture le vendredi 13…

Mais bon, il aurait vraiment fallu une malchance extraordinaire pour qu’un contrôle me tombe dessus, justement le jour où je devais aller porter Copine au garage. Ma malchance ne va pas jusque là, ça me rassure un petit peu (mais juste un peu…).

Le moins drôle de l’histoire, c’est la récupération donc de la voiture le vendredi 13. ON la termine. Elle a passé le contrôle, le garagiste certifiant sur l’honneur au contrôleur qu’il doit réparer ce qui pourrait justifier une contre visite.

Je dois d’ailleurs signer un triple de la facture, attestant que le travail a bien été fait, en échange de quoi on me remet le vrai rapport ne mentionnant pas la contre visite obligatoire pour les freins arrières (et celui mentionnant le contraire pour prouver qu’on ne m’arnaque pas)…

Et là, je le sens hésitant tout à coup sur la facturation. Il sait que je suis au chômage/arrêt maladie. Cela le consterne et moi aussi : (ils auraient bien besoin d’une secrétaire, le temps passé à faire une facture permettrait de changer 4 pneus), et me fait cadeau d’une heure de main d’oeuvre. Pour les freins, matériel et liquide,  il ne peut rien faire, le prix c’est le prix, et nous pouvons donc discuter à égalité de cette PDBDM de TVA.

Il me fait cadeau de l’essence qu’il a remis (et je découvrirais plus tard qu’il en a remis plus qu’il n’en fallait)  et je le sens vraiment mal quand il me tend la facture. Il faut dire que quand il a commencé à dire « 797 » sans que je réalise qu’il s’agissait de ma plaque d’immatriculation, j’ai failli disparaître de son comptoir (elle est où la cliente ? Par terre, évanouie…)

Bilan : 498,72 euros. J’ai dû devenir toute blanche (contre coup du coup de la plaque), les larmes me sont montées aux yeux (les grandes eaux c’est mon truc), et j’ai vu le moment où j’allais lui dire que j’allais lui laisser copine en règlement de ma dette, et désormais rouler à pieds…

Ou bien qu’il fallait que je renonce à mes 3 semaines à la Grande Motte. Avec mes parents on mange toujours trop bien, on boit toujours un petit peu trop, j’ai trop de tentation même si je n’ai plus de fille souhaitant se marier pour l’instant. Je garderai mes larmes pour ma rentrée à la maison, et je ne téléphonerai à personne…

La vie n’est qu’un long calvaire…

Mais bon, je roule désormais en toute légalité, avec un compte en banque plus rouge que rouge… Et il faut paraît-il que je remercie le ciel de ne pas m’être pris 90 Euros d’amende pour défaut de contrôle technique…

Remercier le ciel n’est pas trop actuellement, dans mes cordes. S’il n’y avait pas mes filles, j’aurais préféré ne jamais naître…

A qui cela rapporte ce contrôle technique obligatoire, parfois injustes ? Parce que mon garagiste me l’a dit : pour le contrôle mes freins c’était niet, pour la sécurité vraie, ils pouvaient tenir encore 10 000 km… Mais il y a bien quelqu’un à qui cela profite, et comme pour beaucoup de choses, cela me révolte…

Et je le pense : tout finira mal…

J'ai un mort sur la conscience…

soldat-copierElle te l’a raconté qu’elle était dans la résistance et moi aussi ! Je la connais ma femme. Même si cela devait rester secret, 40 ans plus tard, elle n’a pas pu se taire… Moi j’aurais préféré me taire jusqu’à ma mort, mais puisqu’elle a tout dit, je peux enfin parler.Et je me dis que choisir de se taire jusqu’au bout n’était peut-être pas le meilleur de mes choix.

Chef de réseau, risquant ma vie, je ne savais pas que ma femme la risquait également, sous mes ordres à nouveau, après nos promesses mutuelles.

J’étais tout de même inconscient. Au pire dans ma tête, je serais parti en prison. Quand j’ai tout compris après la libération, j’ai été malade de savoir ce qu’étaient devenus certains de mes compagnons « disparus ».

Et il y a eu ce soir sur le bord de la Loire, où j’attendais avec d’autres hommes, des containers d’armes et de munitions devant arriver par le fleuve qui là où tu sais se coupe en deux avec une ïle dans son milieu.

Nous savions que le débarquement était proche, et ces containers, il nous les fallait absolument.

Et là, s’est pointé un petit jeune, un jeunot, un gamin quasi sans barbe, mais pour moi un allemand.

Tout était prêt, les barques, les cordes tendues en travers des deux branches légères de la Loire pour bloquer les containers, nous étions sur le qui-vive, et ce, bien longtemps après le couvre feu.

Je lui ai offert une cigarette en lui racontant que j’avais perdu mon chien, et que je l’attendais là. Il était Korrekt ! mais je n’avais aucune indulgence pour lui. Je le détestais même, à un point dont je ne me sentais pas capable avant la guerre. Et je savais que de plus haut, sur la Loire, arrivaient les containers attendus, et que mon réseau dans les buissons attendait un signe de ma part, et que de l’autre côté de l’ile se trouvant en plein milieu du fleuve, d’autres hommes attendaient ces mêmes containers. Nous dépendions pour ces containers, des caprices du fleuve.

Mais le minot s’incrustait : « GUT FAMILLE, FRANCAIS AMIS », et ne voulait pas partir, avec en prétexte, une conversation sur la beauté de la France et sa nostalgie du pays.

Ce n’était certainement pas un imbécile,  il  devait trouver ma présence douteuse à tout le moins, et j’ai toujours détesté les films  montrant les allemands comme des cons ne comprenant rien.

Lui, avait des doutes certains et scrutait le fleuve et ses alentours,  et a très bien compris en voyant tout à coup sur la Loire flotter les containers attendus. Il a porté la main à sa ceinture, sans doute pour donner l’alerte ou tirer sur les containers, sans penser que j’étais dangereux. Il avait tort. En le voyant saisir son arme, j’ai dégainé la mienne et je lui ai tiré dessus, en plein coeur.

Je ne peux même pas te dire que j’ai eu l’ombre d’une hésitation, d’un scrupule, d’un doute. J’ai tiré 3 fois, la troisième fois dans le crâne, pour être certain que je donnais le « coup de grâce ». Je sais maintenant que cette expression est atroce.

Il a juste eu le temps de me regarder de l’air de celui qui ne comprend pas, avant le coup  de grâce, il y a comme un ralenti dans mon souvenir, même s’il est tombé comme une masse. Je n’avais rien à faire de lui, rien du tout, et surtout pas l’envie de me faire prendre, ni mes camarades de réseau. J’ai juste poussé le minot dans la Loire, pendant que le réseau récupérait les containers et les armes, et j’ai vérifié que le cadavre partait bien dans le cours de la Loire, sans se coincer dans des herbes du secteur, après avoir récupéré son arme et le chargeur à sa ceinture. je n’ai donc pas opéré machinalement. J’ai tout fait en pleine connaissance de cause.

Sur le coup de l’action, du stress, on fait n’importe quoi, mais je suis rentré chez moi avant l’aube, avec le visage de ce gamin dans la tête, et la satisfaction d’avoir réussi la récupération d’un parachutage et la mise hors d’état de nuire d’un ennemi qui fatalement nous aurait causé plus que du tort.

C’était en mai 1944, pas vraiment longtemps avant le débarquement. J’étais satisfait de moi, j’avais rempli mon devoir.  J’avais fait ce que j’avais à faire, avec de mauvais rêves pour l’avenir, à faire trop souvent. Je ne savais pas tout simplement, que le devoir exige de nous des actes que l’on n’oubliera jamais.

Car tu vois ma petite fille,  plus de 40 ans après, je revois le visage de cet enfant d’à peine 20 ans, avec une netteté incroyable. Sans doute était-il heureux de constater une irrégularité, une promotion probable grâce à elle. Et puis il y a eu ce regard qui a tout compris et tout perdu en moins d’une minute.

Par ma faute. J’ai un mort sur la conscience ma petite fille, que j’ai poussé dans la Loire en veillant bien à ce qu’il parte au gré du courant. Alors que je m’était dit depuis le début de la guerre que ce serait un plaisir pour moi d’en tuer encore et encore des allemands. Là mes souvenirs ne me donnaient aucun plaisir, du regret mitigé seulement, de la mauvaise conscience. J’avais tué et point barre, et ce regard, même pas d’un bleu extraordinaire, je ne pourrais jamais l’oublier. Et me dire que je n’avais pas le choix ne changeait rien à mon souvenir.

Et je n’ai eu que celui-là pour faire de moi un héros. Ce gamin qui pouvait malgré tout faire tout perdre. J’aurais pu l’assommer mais comment le garder à l’abri et surtout, comment le nourrir ? Pas l’envie non plus, je ne sais pas ce qu’il s’est passé dans ma tête, je n’avais pas de solution pour lui, et j’ai tiré.

Tu n’es pas ma vraie petite fille. Je souhaite de tout mon coeur qu’aucune de tes filles, mes arrières petites filles qui peuvent tenir de moi, ne vivent un jour ce que j’ai vécu.

Car j’ai tout de même un mort sur la conscience. Je l’ai caché pendant très longtemps, évitant la croix de machin chose pour avoir tué un allemand.

Mon acte était tellement lâche et banal qu’il ne méritait aucune décoration. Et la vie a raison qui punit sans l’aide des hommes. Ce gamin, son regard, sa stupéfaction face à la mort, n’appartiennent qu’à lui et à moi, et à personne d’autre. Et comme c’est lui qui est mort, ce moment là, me hantera jusqu’à ma mort à moi. Comme je t’en parle, cela fait plus de 40 ans. Et comme je suis en bonne santé, cela peut se prolonger…

Qui a gagné ? Lui ou moi ? Je ne sais pas, et je ne le saurais jamais… Même s’il me plaît à croire que ces containers récupérés au prix de sa mort et de mon choix ont sauvé beaucoup de vie… Au jour de ma mort, je sais que c’est lui que je rencontrerai en premier, et nous saurons enfin où était la vérité si elle existe. Peut-être que nous avons une éternité à débattre sur la vérité.

Ma petite fille, pense à moi quand je ne serai plus là, je ne voulais pas le mal, lui non plus sans doute, c’était l’époque qui voulait la mort de notre âme, et j’ai un mort sur la conscience…

Que l’on nous épargne à toi et moi si possible très longtemps, d’avoir à choisir un camp…

L'anniversaire de mon "filleul" (réédition du 5 août 2009)

nouveau-neUN AN DEJA ! Et il marche, sourit toujours, et est bien plus mignon que le jour de sa naissance où il m’a flanqué la trouille de ma vie…

Seule cette introduction en « gras » n’est pas d’origine…

Je voulais vous en causer du mois d’août. L’occasion est trop belle, je vais le faire mais pas comme c’était prévu.

Dans ma cage d’escalier nous ne sommes que 3 appartements occupés sur 9. Tous les autres sont partis, même le vieux con d’en dessous.

Ne restent que mes nouveaux voisins de pallier avec leur petite Marion qui semble bien turbulente, ceux du dernier étage dont la dame devait accoucher le 19 août, et votre sorcière et son chat noir.17 H, coups de sonnette affolés. Quand on sonne dring dring dring dring, c’est soit pressé/urgent, soit quelqu’un qui pense que vous êtes sourd.

Je n’ouvre jamais sans demander de quoi qu’il s’agit. C’est le voisin, du dessus de chez madame Vampire, qui crie au secours…

J’ouvre. D’ordinaire cet homme charmant est noir, là il est gris clair…

  • Ma femme accouche, ma femme accouche ! Vous vous y connaissez en accouchement ?

Heu, je sais pousser en montrant mon kiki à 7 personnes dont un peintre égaré dans la salle d’accouchement, mais mon savoir s’arrête là.

  • Vous avez appelé les pompiers ?
  • Quels pompiers ?
  • Les pompiers… Le 18
  • Venez vite, venez vite, ma femme accouche.

Je le suis dans les escaliers.  Pendant qu’il appelle frénétiquement le 18 sa femme git sur un magnifique canapé blanc, qui apparemment ne va pas le rester longtemps. Elle souffle comme un phoque et me voit arriver telle le messie.

  • Perte des eaux il y a 1 H… contractions… 2 minutes… peux pas bouger…Faites quelque chose ! (ou est la tronçonneuse pour la césarienne ?)

Les pompiers ne peuvent pas être là avant 20/25 minutes minimum, mais ont rassuré le papa : pour un premier il faut le temps. Et puis si une voisine est là, elle va pouvoir aider, c’est bien connu, toutes les femmes s’y connaissent en accouchements.

  • « Essayez un médecin » que je dis, mal aimable, en le voyant toujours gris clair, tourner en rond, qu’on dirait Diabolos qui se prépare à se coucher

Il essaye, aucun n’est joignable, tous les répondeurs renvoient vers le même médecin qui ne peut pas être là avant 2 bonnes heures. Faudrait emmener la mère aux urgences dit-il au père de plus en plus clair. Pour qu’elle accouche dans ma voiture sans doute, son mari n’a qu’une camionnette de société…

Et là, elle précise qu’elle ne bougera pas, parce qu’elle sent que la tête est déjà fortement engagée. Elle est assise donc sur le canapé (blanc), vêtue d’un grand Tshirt, les jambes posées sur la table basse, écartées, donc je vois très bien qu’elle a gardé sa culotte et je sens qu’il va falloir la lui retirer… Elle est dans une bonne position théoriquement mais…

Je transpire. Déjà qu’il fait une chaleur pas possible.

Le père me demande s’il doit mettre de l’eau à chauffer (faut vraiment arrêter avec le coup de l’eau chaude), je lui demande d’aller chercher des serviettes de toilette propres, beaucoup, une cuvette, des ciseaux, du désinfectant, d’ôter la culotte de sa femme en la cisaillant avec une paire de ciseaux puisqu’elle ne peut pas bouger, et je vais me laver les mains dans la cuisine, en les passant au  moment du rinçage à l’eau de javel, verte de trouille : ça en fait des couleurs !!!

Pourvu qu’elle se trompe et que l’enfant attende au moins les pompiers. Mais comment on fait ? J’essaye de me souvenir du chapitre destiné à Albert « comment faire face à un accouchement inopiné » (j’en ai toujours ricané après coup) dans mon premier livre sur la grossesse, mais mes méninges se mélangent les pinceaux. En plus j’ai mal au ventre moi aussi, par solidarité sans doute.

Elle ne semble pas souffrir plus que ça cette emmerdeuse, je la vois reprendre son souffle après une sacrée contraction, et je soulève sa chemise de nuit, pour risquer un oeil. Pas l’habitude de fréquenter les femmes en leur zieutant le kiki. Je peux vous assurer que vous pouvez vous en passer, vous ne perdez rien.

Putain de bordel de merde, je vois confusément quelque chose. Elle n’a pas tort, cela doit être le haut du crâne de l’enfant ou alors elle a le kiki mal foutu. Elle pousse en plus et ça se précise. C’est bien la tête, elle va sortir, elle va sortir, je passe du désinfectant qui ne me semble pas poser de problèmes d’allergies éventuelles,  avec du coton, comme je peux, dans le secteur incriminé, en me demandant quel crime j’ai commis dans une vie antérieure, pour mériter cela.

Un grand boum derrière moi, c’est le mari qui n’est même plus gris qui vient de tomber dans les pommes… Heureusement j’ai toutes les serviettes de toilette de la maison à ma portée, je les dispose un peu partout, et je me demande comment procéder, quand tout à coup après un grand coup de « poussez madame » que même pas j’aurais osé dire, la tête sort complètement, et du sang aussi, du sang partout, maman j’ai peur.

Au même moment l’interphone sonne, enfin les pompiers, et l’autre par terre qui est incapable d’aller ouvrir la porte d’entrée et de préciser qui il est (à mon avis il ne le sait plus, j’aurais dû me méfier quand il m’a dit « quels pompiers »).

Le choix est cornélien. La tête est sortie, théoriquement je devrais tirer dessus (pourquoi est-ce lui et non pas moi qui est dans les pommes ?). Et si je lui arrachais la tête (au BB)  ? je serais inculpée d’infanticide volontaire.

Je sais tout de même, qu’à la prochaine contraction, si elle continue à pousser avec cette ardeur, l’enfant va sortir totalement même si on ne tire pas la tête.

Et tomber par terre si je suis en train d’ouvrir aux pompiers.

Je choisis l’option « je tiens la tête, mais je ne tire pas », et la mère me précise « allez leur ouvrir, je vais tenter de me retenir »… T’en foutrais moi, quand on accouche en quasi moins d’une heure, tu parles qu’elle va se retenir…

5 secondes pour ouvrir aux pompiers en glapissant « dernier étage à gauche en sortant de l’ascenseur », et voici le chiard qui sort et que je récupère. C’est gluant, c’est plein de sang, c’est merveilleux.

Je pose l’enfant sur le ventre de sa mère. Couper le cordon, plutôt mourir, d’ailleurs on ne sait jamais, s’il avait des problèmes respiratoires… Mais non, il ne crie pas mais sa petite cage thoracique bouge un peu. Il commence sa respiration doucement.

Les pompiers débarquent donc. Deux pour s’occuper du père (toujours dans les pommes), le médecin qui coupe le cordon, enveloppe l’enfant (un garçon) dans un linge stérile, avant de procéder à la délivrance (j’avais bien fait de prévoir une cuvette).

Moi j’ai la bloblotte, je pleure. D’émotion (une naissance même de petit chat, me fait pleurer), et de peur rétrospective : et si… et si… et si…

Il y a donc une pompière qui s’occupe aussi de moi, le médecin qui me félicite après s’être occupé de la mère que l’on va embarquer avec son môme à la maternité la plus proche et qui m’a embrassée de reconnaissance et demandé si je voulais bien être la marraine. Le père reprend conscience, apparemment il ne s’est pas blessé, mais il va faire un petit passage aux urgences (je peux certifier qu’il ne s’est cogné la tête sur rien).

Il a suffisamment reprit ses esprits pour me proposer un coup à boire.

Je déteste le cognac, 17 H 25 c’est un peu tôt pour l’apéro, mais j’ai bu mon verre de cognac sous l’oeil hilare du médecin (qui m’avait demandé si je devais ou non conduire) et je suis redescendue chez moi escortée, pour réaliser qu’heureusement j’étais en train de bloguer avec un très très long Tshirt, parce que moi, j’étais totalement sans culotte…

Moralité : copulation en novembre à proscrire car = accouchement en août, au moment où la France semble être rescapée d’une attaque nucléaire ou d’un sale virus. Je ne critique pas les pompiers qui étaient déjà sur un accouchement de jumeaux prématurés, mais ne pouvoir trouver personne pour aider, franchement, faut pas charrier…

Et autre moralité : le canapé en tissu blanc c’est à proscrire si vous souhaitez vous reproduire…

Encore autre moralité : comme me l’a dit le père avant de perdre son si peu : ne pas trop se fier aux dates soi-disant exactes à la minute près… Car la dernière fois que j’avais croisé la mère, elle ressemblait réellement à une montgolfière en pleine ascension et que j’avais du mal à croire qu’elle tiendrait encore 15 jours…

MAIS : la vie n‘est qu’un long calvaire