Quand Pôle emploi déménage…

Pôle emploiCe 26 mars promettait d’être une belle journée.

La veille, j’avais fini de trier des papiers importants (reste à acheter de quoi les ranger convenablement) et j’avais en tête d’aller à la SS (la Sécu !), puis dans la foulée, à Pôle emploi situé à 5 minutes maxi à pied, pour y remettre un dossier dont le contenu n’est pas le problème.

Je m’étais réveillée fraiche et dispose, ce qui est assez rare, mes papiers étaient bien comme il faut dans leurs deux chemises respectives, et j’ai trouvé de bon augure de trouver une place sans souci, juste devant la SS, en n’ayant eu aucun feu rouge en cours de route.

J’ai pu noter au passage d’ailleurs, qu’à la ville de Rambouillet, ils sont bien des rats à ne plus préciser la plage horaire au cours de laquelle on paye son stationnement, car estimant mon absence à 1 H environ, j’ai payé pour 1 H à 11 H 25, pour me retrouver avec un ticket valable jusqu’à 14 H 24 (j’ai perdu 1 Euro).

A la SS tout s’est bien déroulé, je suis repartie avec les trois attestations dont j’avais besoin, après une attente brève (5 minutes), et me voici partie d’un bon pas, vers Pôle emploi.

De loin je vois un panneau « agence fermée » et je me dis que c’était trop beau, que c’est ballot, parce qu’il va me falloir revenir, ou payer un timbre conséquent. Puis en m’approchant, je constate qu’en fait l’agence à déménagé.

Ce qui est l’ancienne agence était à 4 minutes à pied de la gare. Il avait été question de la déplacer dans la zone industrielle de Carrefour, mais cette zone avait été rejetée, car se trouvant trop loin de la gare pour les personnes venant à pied, et jugée trop excentrée.

Et la dernière fois que je m’y étais rendue, il n’y avait aucune affiche précisant que les locaux allaient changer de place (ils ont dû faire cela de nuit, un WE…)

Je regarde le plan habituel « vous êtes là » (c’est bon, je sais où je suis), accompagné d’un « la nouvelle agence est là » avec un itinéraire pour s’y rendre.

Connaissant Rambouillet quasiment comme ma poche, j’ai du mal à situer l’endroit pourtant. C’est visiblement une nouvelle ZI que je ne fréquente pas, mais je note en gros l’itinéraire à suivre, sur le petit carnet qui ne me quitte jamais.

Je retourne à ma voiture (j’ai toujours perdu 1 Euro) et je commence l’itinéraire.

En route, quelque chose m’échappe : je ne suis pas dans le bon secteur, les noms de rues ne correspondent pas, et je fais comme à l’ordinaire, je m’arrête pour demander mon chemin. En l’occurrence je dérange un charmant garagiste qui sait lui, où se trouve la nouvelle agence Pôle emploi, car on le lui demande 3 fois par jour depuis le 31 janvier au moins !!!

Je trouve donc la bonne route, pour faire quasiment le tour de la ville. En m’arrêtant pour demander une deuxième fois, je tourne la tête vers la gauche et victoire : j’y suis. Je reconnais le logo, parce qu’à l’entrée de ce qui est une impasse pleine d’entreprises multiples, est fléché « maison de l’emploi des jeunes et de la culture« . A quand un « atelier de l’emploi » ?

Trouver une place est coton : la nouvelle agence jouxte la CNAV (comme cela vous pouvez passez directement de « demandeur d’emploi » à « retraité » sans avoir à remonter dans votre voiture), et je me gare l’air innocent devant un centre de contrôle technique à qui je demande les tarifs, avant de me rendre l’air de rien dans la nouvelle agence.

Où règne un désordre assez indescriptible. Il est 12 H 20 (tout de même, il m’a fallu 3/4 d’heure pour trouver les lieux du crime).

  • Il y a le type qui était convoqué à 10 H 30, qui venait à pied de la gare, s’est rendu à l’ancienne agence, pour suivre scrupuleusement l’itinéraire et qui a les pieds en sang, mais pas les cordes vocales. Heureusement un garagiste obligeant l’a pris en pitié pour le véhiculer (sans doute mon pote m’indiquant la bonne direction).
  • Il y a la dame qui était convoquée aussi à 10 H 30, qui a marché une heure avant de se résoudre à appeler un taxi (qui ne savait pas non plus où se trouvait la nouvelle agence), et est-ce qu’on va lui rembourser la course ?
  • Il y a le malheureux qui venait pour s’inscrire, a loupé aussi son RV, et est-ce qu’il va perdre des jours précieux ?
  • Plus tous ceux qui à pied, à cheval et en voiture, ont tourné en rond, se sont égarés, et s’inquiètent de savoir si le fait d’avoir loupé leur RV va entraîner leur radiation.

Les seuls sereins sont votre sorcière dont la colère se calme, et une dame qui comme moi, passait juste pour déposer un dossier (contre accusé réception) et me confesse qu’à elle aussi, il lui a fallu 3/4 d’heure en voiture, alors qu’elle est née à Rambouillet, pour s’égarer partout avant de trouver, et que c’est un scandale.

Nous papotons un peu sur tout ce qui a changé depuis 1974, nous sommes bien peu de choses ma bonne dame 🙂

Le personnel fait face avec le sourire. J’admire, car je sais quelle tâche difficile est la leur…

  • Personne ne sera radié.
  • Même ceux qui auront renoncé, faisant sauter le standard (qui est donc en panne 6 H par jour, 5 jours par semaine)
  • La mairie n’a toujours pas mis en place dès la gare, un fléchage minimum, et ce, alors qu’ils sont là depuis fin janvier…
  • Et ils n’ont pas le droit, eux, de s’occuper de ce fléchage…
  • Ils en sont les premiers navrés.
  • Surtout ceux qui viennent en train et se tapent désormais au mieux 35 minutes de marche à pied à l’aller ET au retour.
  • D’ailleurs il y en a deux qui ont dérapé sur une plaque de verglas lors de la dernière glaciation, et se sont cassé une jambe car l’itinéraire n’est jamais salé (c’est trop reculé, ça ne l’a jamais été, je connaissais bien ce secteur avant l’apparition de la grande ZI, depuis j’ai perdu un petit ami de vue)…
  • Non on ne peut pas mettre la nouvelle adresse sur les convocations : les employés transmettent leur planning à la Défense, et le reste est édité et envoyé de là-bas automatiquement.
  • Ils se demandent d’ailleurs si la Défense est au courant du fait qu’ils ont déménagé…
  • Et gnagnagna…

Soulagement de la réceptionniste quand je lui donne mon dossier sans faire de commentaires : les autres s’en sont chargés et elle va le faire aussi. Elle me précise donc que c’est comme cela tous les jours… Qu’ils ne savent pas pourquoi ils ont déménagé puisque les locaux ne sont même pas plus grands, avec une zone d’accueil très inconfortable, que là-haut ON se fout de leurs problèmes, etc… A son aigreur, je me doute qu’elle doit être de ceux qui viennent de la gare et subissent 1 H de plus à passer loin de leurs foyers… Moi aussi je l’aurais mauvaise.

Elle vérifie que tout est en ordre, me donne une décharge, et je repars, outrée.

De qui se moque-t-on ? Les choses ne sont pas assez difficiles comme cela ? Il faut en rajouter ? Sans pouvoir prévenir du déménagement ? Sans pouvoir afficher un plan qui se tient, au lieu de la grande courbe en lieu et place de la ligne droite qu’il faudrait mettre ? Et quand je dis grande courbe, je parle de 6 kilomètres à faire au lieu de 2.

Quand je suis rentrée chez moi, assez contente tout de même d’avoir réglé ces fichues histoires de fichus papiers, je me suis précipitée sur le net pour constater que :

Même sur les pages jaunes, blanches, ou sur l’accueil du site, l’adresse du Pôle emploi de Rambouillet est toujours à l’ancienne place. Au 5 février je pourrais comprendre, au 26 mars j’ai plus de mal…

Sans doute parce que le cas où quelqu’un se dirait soudainement « tiens, je vais vérifier avant de partir, s’ils n’ont pas déménagé… » n’est même pas envisageable… D’ailleurs cela ne m’est jamais venu à l’idée…

Mais il y a le cas aussi de celui ou celle qui vient pour la première fois. Pas envisageable non plus, le nombre de sans emploi n’augmentant sans doute pas…

Il est à noter que depuis la première fois où j’ai été dans l’obligation de m’inscrire à ce qui ne s’appelait pas encore « Pôle emploi », en 1981, les locaux ont déjà déménagé 4 fois avant celle-ci. Saufs qu’ils restaient à proximité de leur ancien emplacement, avec d’affichées, des données nettement plus claires.

La vie n’est qu’un long calvaire…

(PS : j’ai préféré rester polie et donc ne pas vous dire le fond de ma pensée concernant la technocratie…)

Leçon loupée (et un trauma de plus, un…)

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Je donne toujours des cours de soutien à ma nièce la petite fée, en français, histoire/géo, éducation civique. Nous souffrons toutes les deux de ces cours qui sont parfois du n’importe quoi, mais là  n’est pas le problème.

Pour agrémenter le dernier cours où nous avons toutes les deux souffert sur les compléments circonstanciels, elle m’avait demandé pourquoi le premier jour du printemps changeait régulièrement.

En effet le printemps peut débuter le 20, 21 ou 22 mars (et non pas comme on le prétend sur M6 le 19, 20 ou 21).

Je sais en effet que mon PAPA est né un 22 mars, 1er jour du printemps pour lui, vu son heure de naissance, en 1938…  Et je sais donc également (astrologie et astronomie obligent) que ceux nés cette année là le 21 n’étaient pas encore du signe du bélier, mais encore dans les poissons, mais tout le monde s’en fout (en plus il faut connaître l’heure de naissance et la remettre en heure solaire, mais mes éphémérides n’appartiennent qu’à moi, NA !)

(NB : si vous êtes nés un 20, 21 ou 22, il faut vérifier votre signe solaire réel, et démerdez-vous).

Je lui ai donc fait un petit cours rapide sur la révolution de la terre autour du soleil, en soulignant que cela ne tournait pas vraiment rond puisqu’il s’agit d’une Ellipse,  et que 365 jours + 1/3 n’était pas facile pour tomber juste, d’où les variations de dates,  et qu’en fait il y avait :

  • L’équinoxe de printemps et d’automne, dates qui marquent les deux jours de l’année au cours desquels le jour et la nuit font le même temps.
  • Le solstice d’été et celui d’hiver, jours au cours desquels le jour est plus long que la nuit (en juin) avant de recommencer à raccourcir, et inversement.
  • Qu’en plus pour les solstices il fallait calculer dans le sens inverse dans l’hémisphère sud (début de l’été quand c’était pour nous l’hiver, et inversement CQFD)
  • Et qu’encore en plus dans certains pays voisins de l’équateur, tout ceci n’existait pas parce que pour ces pays là, c’était 12 H de jour et 12 H de nuit, sans aube réelle et sans crépuscule comme nous les connaissons, parce que c’est comme ça

Elle faisait le soleil dans la pièce, du genre fixe avec une lampe à la main et moi la terre tournant autour, avec une orange (l’air pas con du tout…) dont j’avais pris soin de basculer l’axe (puisque la terre a un axe basculé rien que pour nous emmerder (et que ma soeur pourrait avoir chez elle une mappemonde cela serait plus simple que de faire l’andouille avec une orange ou une clémentine (ou un melon c’est comme vous le sentez))).

  • J’ai tout compris tatie (regard illuminé, c’est toujours ça, elle a suivi, c’est après que ça se gâte…)
  • Il y a l’intox ou le paradoxe du printemps et celui d’automne.
  • Et puis le colchique d’été et celui d’hiver
  • SUPER, je vais super bien répondre au prof si un jour il en parle (j’espère que cela ne restera qu’un vague espoir pour elle, parce que si elle précise que c’est sa tatie qui le lui a dit, je serai mal…)

Obligée de faire un post-it, vu qu’elle m’a coupé net mon accès sur son compte face de bouc où je ne peux plus lui envoyer de message :

  • EQUINOXE æquinoctium, de æquus (égal) et nox, noctis (nuit). Ceci parce qu’à l’équinoxe jour et nuit ont une durée identique, donc jour et nuit de durée égale (le truc dont je voulais qu’elle se souvienne, et j’espère que d’avoir consulté WKPDIA lui aura suffit)
  • SOLSTICE et non pas colchique qui est une plante,  du latin solstitium (de sol, « soleil », et sistere, « s’arrêter, retenir »),  le tout à recopier 10 fois... (et moi je suis le pape François et j’attends ma soeur).

J’ai bien peur que mon post-it n’ait été égaré très rapidement (d’où le fait que je puisse devenir le pape et attendre ma soeur).

Elle expliquera à ses enfants qu’il y a l’intox ou le paradoxe du printemps et celui d’automne, et les colchiques d’été et d’hiver.

En maudissant sa tante (moi), si elle a un enfant qui s’intéresse même uniquement de loin, à ces phénomènes astronomiques, et qui se foutra donc forcément de sa tronche, comme fille ainée le fait régulièrement avec moi (mais pas concernant ce sujet précis ou celui de la musique classique, elle a d’autres trucs autrement plus importants à  me signaler comme : « twitter c’est l’avenir » (le sien))

Je ne serai plus là pour assister au désastre, mais la vie n’est tout de même qu’un long calvaire, surtout pour elle (ma nièce) qui devra affronter un trauma existentiel : celui de s’être ridiculisée…

Essuies glaces, chauffage voiture et briquet égaré…

scene-de-menage1Quand nous partons à la Grande Motte qui est un long trajet, papa me cède volontiers le volant, mais pour les petits trajets c’est sa voiture et point barre.

Le jour de la St Patrick (dimanche donc) nous allions déjeuner chez tatie chérie, et j’aime bien de temps à autres, me faire véhiculer, en profitant, à l’arrière, des intéressantes conversations de mes parents à l’avant.

Dont je ne risque pas de louper une miette, en me gardant bien d’intervenir, parce qu’ils sont durs d’oreilles tous les deux, surtout maman, et que donc, ils ont pris l’habitude de hausser le ton.

Quand on le fait machinalement, devant eux, ils croient utiles de préciser « pas la peine de crier comme ça, nous ne sommes pas sourds » (et moi je suis le pape et j’attends ma soeur…).

Depuis 25 ans que maman s’est décidée à prendre le volant, ayant passé le reste de sa vie à se faire véhiculer, avec permis passé à 18 ans, elle n’a pas perdu la bonne habitude de donner des conseils à mon père.

Avec moi, elle ne le fait jamais, car en cas de conseils, je lui demande de me rappeler ma date et heure de naissance, ce qui calme tout de suite le jeu, d’autant que pour poser ces questions je lève volontairement le pied jusqu’à arriver à 30 à l’heure (dans une zone à 70) et qu’elle comprend finement qu’elle me gonfle, sans avoir envie de prendre le volant.

Cela commence avec le chauffage ou la clim :

  • Tu pourrais mettre le chauffage plus fort, je suis gelée.
  • Tu pourrais mettre la clim plus fort, je suis en nage.
  • J’ai toujours froid aux pieds
  • J’ai toujours les joues en feu
  • Réponse qui tombe inéluctablement : tu n’as qu’à t’occuper des boutons de réglage, je conduis MOA…
  • Maman tripote les boutons de réglage et tout va bien, elle peut se concentrer sur autre chose

Autre chose qui ne va jamais :

  • Tu vas trop vite
  • Pourquoi te traine-tu comme ça, nous allons être en retard
  • Depuis le moment qu’il n’est pas tombé une goutte, tu pourrais arrêter tes essuies glaces dont le crissement me tape sur les nerfs.
  • Depuis le moment qu’il retombe de la flotte tu pourrais remettre en route tes essuies glaces.
  • Attention à droite
  • Attention à gauche
  • Je te signale qu’il ne pleut plus
  • C’est limité à 30
  • Si tu prends une prune tu ne viendras pas te plaindre
  • Ce n’est plus limité à 50
  • N’oublies pas que l’on tourne à droite dans environ 1 km (sur un trajet fait régulièrement depuis que j’ai l’âge de 4 ans, sans modifications notables de la route…)

J’admire le calme de mon père, qu’il perd parfois :

  • Puisque c’est comme ça tu n’as qu’à prendre le volant !
  • Tu me dis ça sur l’autoroute, c’est trop facile…
  • Alors tu te tais…

Quand ils se boutiquent, maman baisse systématiquement le son de radio nostalgie. Je sais très bien que c’est une manoeuvre pour nous faire croire qu’elle entend très bien, elle me fait le coup pendant les vacances, alors je mets le son au plus bas, jusqu’à ce qu’elle craque « on n’entend rien, et j’adore cette chanson » (alors que moi j’entends très bien…).

En fait elle n’a pas besoin d’écouter, elle veut juste se concentrer pour continuer sa discussion avec papa… Voir plus haut.

Papa qui finit par craquer parce que lui n’entend plus rien non plus, et qu’il adore cette chanson. Réponse de ma mère, d’une mauvaise foi pas possible « moi j’entends très bien, donc je ne suis pas dure d’oreille ».

Papa arrive à régler le son de radio nostalgie, pas comme le chauffage ou la clim, mais jamais maman ne se plaint que c’est trop fort, pas comme le chauffage ou la clim…

Finalement nous arrivons toujours à bon port. A bon port le jour de la Saint Patrick, c’est non fumeur donc il leur faut sortir pour fumer, dans le petit jardin de l’appartement en bord de Seine. Le moins souvent possible, je dois le reconnaître.

Papa a évidemment oublié son briquet dans la voiture. Tout comme il a oublié ses lunettes de soleil à la maison, cela fait 4 ans que je lui serine de s’en acheter une deuxième paire qui restera dans la voiture (en fait non, il rentrera à la maison avec et les y laissera, donc je n’insiste pas).

Papa oublie toujours son briquet dans la voiture où il est certain de le retrouver, alors que s’il l’oublie chez sa soeur, il n’aura plus qu’à s’en racheter un (je précise que c’est un beau briquet, pas un bête bic…)

Il sort donc avec maman.

  • Oh merde, j’ai oublié mon briquet dans la voiture. Tu peux me passer le tien ?
  • PSHIIIT (et moi il faudrait que je tienne).
  • Rends-moi mon briquet que j’allume ma cigarette, merci.
  • PSHIIIT (et moi il faudrait que je tienne).
  • Nous avons tous entendu que papa avait allumé son cigarillo avant de rendre son briquet à maman.
  • Qui ressort 1 H après pour en griller une. Je l’accompagne pour fumer une des 5 ou 6 que je fume toujours depuis une petite rechute.
  • « Coraline tu peux me prêter ton briquet » ? Ton père m’a évidemment embarqué le mien…

Il faut reconnaitre à sa décharge qu’à une époque papa s’était taillé une sacrée réputation, dans une famille de fumeurs, à piquer les briquets des autres. Ce n’est pas qu’il le faisait exprès. Il vous empruntait le vôtre, allumait son truc qui pue, et mettait machinalement le briquet dans la poche de sa chemise. Un jour en lui faisant les poches nous lui avons trouvé 7 briquets, le sien, deux qu’Albert avait perdus, celui de ma belle soeur, celui de mon frère, et le mien…

C’était il y a longtemps, l’époque où nous traquions nos briquets égarés, avant le cadeau fait à Jean-Poirotte d’un briquet en argent massif estampillé 100 % argent français, exempts de viande de cheval, avec pierre + mèche à changer, plus recharge en essence qui pue encore plus que le cigarillo.

Je prête donc mon briquet à maman, un truc énorme que personne ne peut me piquer parce que le spermatozoïde qui trône dessus n’appartient qu’à moi (ICI).

Une heure après, ils ressortent tous les deux :

  • Bibelot, tu peux me passer ton briquet, j’ai toujours le mien dans la voiture.
  • Ah non alors, c’est toi qui me l’a piqué, regarde dans tes poches.
  • Papa véhicule ses yeux dans ses poches : point de briquet
  • Regarde donc bien dans les tiennes…
  • Je te dis que tu me l’as piqué…
  • Non, regarde dans tes poches.
  • Ah oui, le voila…

Reste le voyage du retour, avec les giboulées de mars.

Je vous épargne donc le dialogue, la musique, le bruit des essuies glaces, la température toujours trop ou pas assez, et l’odeur du briquet à essence que mon père a retrouvé seulement au deuxième feu rouge, parce qu’il s’était assis dessus en remontant dans la voiture pour le retour.

La vie n’est qu’un long calvaire…

Les réseaux sociaux…

Femme au téléphone 4Elle est loin de la terre où dort son jeune héros l’époque où pour communiquer on décrochait son téléphone, ou bien, plus compliqué, on écrivait…

Car c’est fou ce que l’on a pu écrire. Meilleure amie et moi-même depuis nos 12 ans, âge où nous sommes connues, nous avons échangé un nombre assez incroyable de missives.

Nous partions en juillet (un mois) et sa famille en août (un mois également). Martyres de l’amitié contrariée, nous nous sommes écrit chaque année tous les jours pendant cette longue période de séparation, sans attendre la réponse.

Soit 62 lettres chacune pendant les grandes vacances, attendant notre retour définitif à la maison pour nous ruer sur le téléphone afin de prendre RV, puis nos vélos, puis mobylettes pour nous retrouver enfin et tout bien nous raconter. Ceci pendant 6 ans…

Cette correspondance a hélas disparu, et nous le déplorons parfois, 40 ans après. Elle m’avait en effet rendu mes lettres en se mariant, ne voulant pas que son mari tombe dessus, et j’ai brulé les siennes et les miennes en m’installant avec Albert, ne comptant pas non plus sur sa discrétion éventuelle (c’est quoi cette boîte à chaussures ? tiens je lis, zut alors…)

Pourtant c’était vraiment innocent quand j’y repense, et je suis certaine que nous serions mortes de rire à nous relire, car en plus tout était raconté dans le détail… Ce détail insignifiant des années plus tard, mais si important pour l’adolescent…

J’ai gardé pieusement tous les courriers que les filles m’adressaient quand elles partaient en vacances avec leur père, et je les relis parfois avec nostalgie.

Maintenant je recevrais un texto… Ou bien j’irais faire un tour sur FB pour prendre de leurs nouvelles. Et je n’aurais rien à relire, ni aucun échantillon d’écriture ou d’évolution de leurs écrits…

Parlons-en d’ailleurs de FB…

J’y ai peu d’amis, 30 maximum je pense, majoritairement de la famille proche, des amis dans la vie + quelques amis blogs ou ayant eu un blog, avec lesquels je dialogue parfois via le t’chat + 1 ou 2 lectrices.

Cela s’arrête là, car j’ai limité assez rapidement, vu que :

  • Je me contrefiche complètement de voir s’afficher sur ma page la pizza qu’unetelle est en train de manger à tel restaurant. Elle n’a rien de mieux à faire que de photographier ce qu’elle mange, ce qu’elle essaye en boutique, les chaussures de ses rêves, et de balancer cela à tout ses amis. Une fois nous avons eu droit à sa tasse de café sur son bureau. Exit.
    Pendant ce temps là, d’autres se donnent beaucoup de mal pour partager avec vous de réelles belles photos, des moments magiques de leur vie : chapeau !
  • L’orthographe et le style de certains me faisaient mal aux yeux. Un petit exemple, relevé lors de mouvements de grèves assez sévères pendant le quinquennat du petit Nicolas : et bien le pleuple se rebelle pour se faire entendre mais faite te le avec un peu de inteligence sans trucs cassé sinon tous ces mouvement Ivons dans les poubelles de l’état car le gouvernement ne voit que le coté finance mais ne voyent pas le cote de la vie de la santé a quoi sert de cotisées pour les retraite en etant a peut pret sur qu’on auras pas le plaisir d’y allée ou de très peu 62 ans. Exit.
  • S’il ne me semble pas malsain que certaines informations que certains préfèreraient dissimuler, se répandent sur le net, il me semble que la moindre des choses serait de vérifier de temps à autres la véracité de ce qui circule. Généralement beaucoup relaient sans doutes ou scrupules n’importe quoi, en considérant que c’est VRAI. Cette semaine c’est un tableau comparant les revenus/dépenses d’une famille de 5 enfants avec 1 salaire bas et ceux de la même famille vivant uniquement des aides de l’état. Il s’est avéré que c’était un canular, mais certains continuent à le diffuser. Exit.
    Un grand merci par contre, à ceux qui ont relayé en précisant que c’était faux de manière documentée…
  • Beaucoup n’hésitent pas à étaler leurs opinions religieuses, politiques de manière outrancière. Chacun son opinion soit. Mais un peu de retenue ne ferait pas de mal, en évitant le n’importe quoi et les chiffres dont l’origine reste inconnue…

Le fatal « vu à la TV » qui donne toujours du poids à certaines publicités pour certains, est en train d’être remplacé par « lu sur le Net ». Cela ne rend pas les faits plus vrais ou incontestables…

Les rumeurs ont toujours galopé, vraies ou fausses, mais maintenant en quelques heures, le mal est fait, et il en restera toujours une trace.

C’est la raison pour laquelle si j’y vais tous les jours, c’est pour jeter un coup d’oeil, avoir des nouvelles de certains, et pas grand chose de plus…

Tout ceci n’est que la preuve que chaque médaille a son revers, mais j’avais envie d’en parler…

La vie n’est qu’un long calvaire…

Si j’étais une héroïne de Mary Higgins Clark…

Blonde Rétro 1Ma maison ou appartement serait meublé avec goût…

De vieux meubles en parfait état.

le chauffage ronronnerait au lieu de faire GLANG.

Mon peignoir serait toujours d’une blancheur parfaite et moelleux à souhait (ça c’est le jour de l’achat), tout chaud à la sortie de la douche
Je saurais me lever tôt en m’étant couchée tard

Et me réveiller fraiche et dispose…

Je prendrais l’apéritif tous les soirs, avec un verre de chardonnay (sans chardonnay, point d’intrigue).

La salade d’asperges serait incontournable, et la salade tout court également.

Les crevettes aussi seraient incontournables et les restaurants toujours parfaits. On ne mange pas bien ailleurs qu’aux USA, et ce, sans obèses. Car les restaurants italiens servent du diététique.

Les procureurs seraient intègres, ou les avocats, rarement les deux à la fois (sinon l’intrigue serait morne)

Je serais naturellement mince, très jolie, et bien habillée

Bien habillée avec un tailleur et de jolis sweaters

Le tailleur serait en tweed de préférence

Ma garde robe serait d’un goût parfait avec des couleurs toujours parfaitement assorties

J’irais à l’église ou au temple.

Les chiens et les enfants seraient toujours bien élevés.

Je me retrouverais forcément à un moment ou un autre à cap Cod…

J’aurais un très beau jardin ayant naturellement la main verte.

Ou un appartement avec une vue imprenable sur Manhattan…

Je pourrais éventuellement être une veuve inconsolable qui se consolera malgré tout à la fin.

Tout ceci n’étant pas important, l’important étant le héros qui me sauvera la vie au dernier moment, forcément beau, riche et bien portant…

La journée de la femme…

Femme furieuseJ’aborde rarement les sujets de société, mais étant chez moi et y faisant ce que je veux (d’abord), je vais déroger à mes habitudes pour m’élever totalement contre la journée de la femme (ou des droits de la femme)…

D’ailleurs, globalement, je suis totalement contre toutes les journées organisées au cours de l’année.

Ca me gonfle, je ne trouve rien de mieux à dire.

Que se passe-t-il le 8 mars ? Qu’en ressort-il ?

Absolument rien. Ah si…

Depuis 8 jours, dans la boîte aux lettres, malgré le ticket anti publicité (le non gaspillage de papier c’est toute l’année), un nombre impressionnant de promotions sur tout ce qui est produits de nettoyage et autres trucs typiquement féminins (lessive, éponges, sacs poubelle, tout ce qui fait de la vie d’une femme un chemin parsemé de pétales de roses).

Depuis que j’ai ma box, je ne suis plus sur liste rouge et j’ai reçu deux appels fort intéressants aujourd’hui :

  • Le magasin « Boucher » qui normalement n’avait que mon numéro de portable, qui m’a proposé 50 % de remise sur les centrales vapeur (les femmes repassent plus que les hommes parait-il). Quand j’ai demandé si je pouvais reporter ces 50 % sur un ordi, on m’a dit que ce n’était pas prévu parce que c’est la journée de la femme qui repasse et non pas la journée de la femme qui surfe sur le net. J’ai adoré.
  • Je ne sais plus quel magasin proposant suivant la tranche d’âge 50 % de remise également sur les crèmes qui vous rendent fatalement merveilleuse (on se demande comment on peut se considérer comme un thon régulièrement). Je leur ai demandé si le jour de la fête des pères, enfin la veille, ils faisaient 50 % sur les produits « hommes », mais non, pour la fête des pères, c’est perceuse, et c’est le magasin d’à côté.

Evidemment je ne peux pas nier que la cause des femmes et de leurs droits ou non droits mérite encore et toujours que l’on s’y intéresse… En me disant parfois que ce n’est pas possible, que merde, on est au 21ème siècle et pas dans la Grèce antique…

Je suis toute prête à signer ce que l’on veut contre l’excision, les droits des femmes saoudiennes, ou de n’importe quel pays où elles n’ont que le droit de la boucler, parce que ce droit là on ne peut pas le leur retirer, mais pas spécialement parce que nous sommes le 8 mars

Je suis prête à signer n’importe quand sur beaucoup de choses qui me choquent et m’indignent, et pas uniquement concernant les droits des femmes.

Je militerais bien du coup pour une journée « anti prescription ». Vous trouvez cela normal vous, qu’en France les crimes de sang, inceste et pédophilies soient prescrits au bout de 10 ans ? Mais comme je suis contre les journées trucs, mon avis sur la prescription, je me le garde pour moi.

Le nombre de journées internationales ou mondiales pour tel ou tel truc que j’ai trouvé en faisant des petites recherches m’a laissée perplexe. C’est plus qu’impressionnant, et parfois du grand n’importe quoi :

  • La journée sans tabac : vous pensez bien qu’un fumeur invétéré va bien évidemment s’abstenir ce jour là…
  • La journée sans voiture : tant pis pour vous si vous habitez le trou du cul du monde, sans transport en commun à votre disposition.
  • La journée du paludisme : ce jour là, les moustiques ne piquent pas ?
  • Etc… (il y aurait même une journée du lait concentré sucré en berlingot, mais Wiki manque de sources…)

Je me souviens de Truchon arrivant le 8 mars avec une rose par femme présente dans l’entreprise. Se vexant en 2006 quand l’une de nous lui a fait remarquer que c’était gentil, mais qu’elle aurait préféré une augmentation de salaire. « Jamais contentes » à été sa réaction et pour pâques du coup, il n’a pas fait la cloche.

Et un de mes collègues, macho comme pas possible « ma femme ne fait rien le 8 mars, je m’occupe de tout, du coup j’ai confié les enfants à ma mère, et nous irons au restaurant ce soir ». C’était grandiose, et sa mère n’était sans doute pas une femme. Le pauvre devait s’appuyer aussi la fête des mères. On le plaignait…

La vision du journal du 8 mars me déprime toujours, les journaux TV aussi.

Ainsi qu’il l’est suggéré par pas mal sur FB ou ailleurs, je souhaiterais que la journée de la femme soit purement et simplement supprimée.

Et que l’on se penche sur leurs vrais problèmes toute l’année… Parce que passé le 8 mars, les sujets graves évoqués lors de la journée de la femme, et bien on n’en parlera plus jusqu’à l’année suivante…

Si cela vous tente, vous pouvez faire une petite lecture en tapant juste « journées mondiales »…

La vie n’est qu’un long calvaire.

(Je n’ai pas donné réellement le fond de ma pensée, car j’aurais été extrêmement vulgaire…)

Histoire de montre…

L_heure_d__t__10026396Ma première montre m’avait été offerte pour mes 10 ans, en prévision de mon entrée en sixième où j’aurais à prendre le bus et non pas un car de ramassage scolaire (ne confondons pas). Il allait me falloir être à l’heure, et comme j’avais avalé une horloge à ma naissance, il ne me suffirait plus de regarder par la fenêtre (l’école se trouvant juste en face), pour ne pas connaître le retard.

Ce n’était pas une montre de grand prix, une Kelton je crois, qu’il fallait remonter tous les soirs. J’aimais bien ce petit cérémonial, m’asseoir sur mon lit, remonter scrupuleusement ma montre avant de la poser sur ma table de nuit. Son tic tac me plaisait, et je m’arrangeais pour la disposer de manière à ce que je l’entende bien.

Elle ne m’a fait que 4 ans, mon frère l’ayant fait tomber en chahutant avec ma soeur cadette. Devant les débris, Jean-Poirotte m’avait dit qu’aucun horloger ne pourrait la remettre en état, et j’ai eu une nouvelle montre pour mes 14 ans, toujours une à remontoir, un peu plus chère.

Aucune pile à changer, en cas de pépin un horloger la démontait et vous réparait le problème. Certains mécanismes étaient inusables, Mrs Bibelot a encore une montre du 19ème qui fonctionne encore, et une pendule qu’il faut également remonter avec une clef. Maintenant je ne sais pas si le métier d’horloger se porte toujours bien.

C’est papa qui nous a tous appris à lire l’heure, à ses petits enfants également, en fabriquant une fausse horloge avec une boite de camembert, deux aiguilles découpées dans du carton, le tout monté avec une punaise…

Maintenant j’en connais qui, grâce à l’affichage digital d’une diabolique précision, ne savent plus lire l’heure sur une pendule normale ou une montre normale.

D’ailleurs le « il est midi et quart » est en voie de disparition, comme les ours blancs, remplacé par un diabolique « il est 12 H 14 ».

Et quelle n’a pas été ma consternation il y a 20 ans, alors que je devais changer ma très très vieille montre, de découvrir que celles que l’on remonte coûtent un rein, et quelle drôle d’idée madame de vouloir remonter votre montre… J’ai donc une montre à pile qui lâche quand elle veut, généralement le jour où l’on a un rendez-vous important…

Durée de vie de la montre : 5 ans maximum (je ne donne toujours pas dans le haut de gamme…), alors que celle de mes 14 ans m’a accompagnée jusqu’à mes 34 ans…

Ceci rejoint un peu mon post précédent. Je connais beaucoup de personnes qui ne portent pas de montre.

Papa a gardé de l’époque où il travaillait de ses mains, l’habitude de ne porter ni montre, ni alliance, ni quoi que ce soit qui peut se prendre dans une machine et vous faire perdre un doigt ou vous blesser gravement. Maman n’en porte pas sous prétexte qu’elle a l’heure partout (dans la voiture, dans la cuisine (une pendule et deux réveils, aucun ne donnant la même heure à la minute près), sur le magnétoscope DVD/VHS, son four, etc…

Idem quand je bossais encore, j’étais quasi la seule à porter une montre, avec Dame Venesia qui en avait une de valeur. Pourquoi avoir une montre puisque même sur l’ordinateur, on pouvait voir l’heure ?

Je garde pourtant toujours la mienne. Il faut dire que je n’ai jamais pris la peine de mettre l’heure sur mon lecteur DVD/VHS, mais maintenant je l’ai sur ma box. Ce qui ne m’empêche pas de consulter ma montre de temps à autre. En voiture idem, je n’ai pas l’heure, le boîtier musique + affichage de l’heure ne m’ayant pas été vendu avec. Je suis donc bien contente de pouvoir consulter mon bras, pour savoir si je suis à l’heure ou pas.

Savoir d’ailleurs, que ma montre avance toujours de deux ou trois minutes, c’est fait exprès, depuis l’époque où je prenais le train, où le train était à l’heure (eh oui, ça existe) et qu’à une minute près et bien, nous étions bons pour attendre le suivant (et être en retard, ce qui ne m’arrive quasiment jamais, si j’ai deux minutes de retard tout le monde s’alarme : il m’est arrivé quelque chose).

Là encore on va me dire :

  • Tu as ton portable
  • Tu as l’heure sur ton four micro ondes dans la cuisine
  • Tu as l’heure sur ta box
  • Tu as l’heure sur ton radio réveil

Le tout étant à remettre à jour deux fois par an au mieux, lors des changements d’heure, ou après une coupure de courant. J’étais toujours heureuse en me réveillant la nuit pour constater devant mon radio réveil clignotant 0:00 (il y avait donc eu coupure de courant), d’avoir MA MONTRE pour faire la remise à l’heure. Car tous les appareils électriques étaient dans le même cas : remis à zéro…

A une époque où les filles veillaient à ce que tout soit à l’heure (sans porter de montre), elles remettaient à l’heure le magnétoscope pour le salon, le micro ondes pour la cuisine et pestaient qu’il n’y avait pas l’heure dans la salle de bain (d’où le fait que prendre un bain et vider le ballon d’eau chaude leur prenait environ deux heures…).

Et puis quand on est à pied, c’est irremplaçable (non, ne me demandez pas de sortir mon portable, il me faut ouvrir mon sac, le récupérer, le scruter s’il y a trop de soleil, ça m’insupporte…)

Oui, la montre aussi, il faut la remettre à l’heure : mais pas en cas de coupure de courant…

Et je bénirai celui qui remettra en vente, à prix normal, LA MONTRE DE MON ENFANCE : celle qui se remonte tous les soirs (ou le matin, c’est au choix)…

Il faut que je pense à faire un petit lexique pour les plus jeunes (mon neveux, mes deux dernières nièces).

  • Qu’est-ce qu’un tourne disque
  • Pourquoi remonter une montre
  • Pourquoi remonter un réveil
  • Etc…
  • Dans 10 ans, j’aurai l’équivalent d’un dictionnaire.

La vie n’est qu’un long calvaire…

Les enterrements…. (1) (Les gaffes)

ChristAprès l’enterrement du cousin Marc le 28 janvier, nous étions de nouveaux d’enterrement ce jeudi 28 février avec Mrs Bibelot, Jean-Poirotte ayant chobbé un rhube balencontreux lui perbettant de s’excuser…

Car si papa peut affronter les trocarts, intubations, prises de sang, pontages, tachycardies, etc, avec un rhume, il agonise purement et simplement et reste dans son lit en attendant la bort en dous disant de lui foutre la baix.

Donc il n’allait pas se rendre à l’enterrement de ce bieux cobain de toujours avec lequel il avait d’ailleurs eu des mots assez graves, il y a… assez longtemps pour qu’ils se réconcilient longtemps après (en gros j’avais 15 ans au départ de la brouille et 40 quand ils se sont dit à nouveaux bonjour avant de passer à « comment vas-u » ?).

Il n’avouera jamais, la tête sur le billot, que cette mort lui a flanqué un coup, car justement c’était un vieux copain avec lequel, et gnagnagna et gnagnagna… du même âge…

Là il y avait du peuple. Contrairement à ce que nous avions vécu pour le cousin Marc dont l’auditoire était réduit à son strict minimum, l’église était pleine à craquer car le défunt était un agriculteur très connu dans la région, et membre d’un club d’amateurs de vieilles voitures, et certains sont restés dehors à se geler les miches, pendant que tout le monde se gelait le reste dans l’église, l’oraison funèbre du prêtre ayant été la plus soporifique qu’il m’ait été donné d’entendre.

En plus il avait une voix endormante, et mon voisin de gauche (un parfait inconnu pour moi), s’est mis à ronfler à un moment donné, et m’a remerciée de l’avoir réveillé d’un coup de coude quand il a fallu se lever.

A l’église on passe son temps à se lever et à s’asseoir, je le signale pour ceux qui ne le savent pas…

Avant de revenir dans un épisode deux sur les enterrements, je me suis rendue compte (toujours rapide), qu’il y avait des choses à éviter de dire. Parce que tout le monde l’a dit.

  • Mettons en place l’atmosphère, le dernier jour gris de février, à 0°, un petit vent coulis à décorner les cocus, de l’humidité en veux-tu en voila, un temps de merde, un vrai temps d’enterrement et un cimetière toujours exposé au mauvais vent… (froid l’hiver, chaud l’été)

La première à faire une gaffe, la pauvre petite mère, était une des petites filles du défunt, qui avait décidé de jouer un air de flute via Bach en hommage à son grand-père, et qui a prévenu tout le monde avant de commencer :

  • J’espère qu’il m’entendra là où il est, mais là, je suis morte de trouille.

En prononçant le mot « morte » et en regardant le cercueil, elle est devenue ponceau et a eu du mal à jouer son morceau (pourtant parfaitement exécuté) car on sentait bien, qu’elle aurait préféré disparaître sous terre.

Les commentaires allaient bon train, pendant que le soporifique prêtre encensait le cercueil, à tel point que l’on a pensé que l’encens c’était donné que certains allergiques ont dû prendre le large, et qu’il vidait ainsi le fond de l’église, car l’encens ne montait pas avec l’âme jusqu’au Seigneur, mais se dirigeait vers le fond (et le cimetière ?). Mais finalement, savons nous où se trouve le Seigneur ?

  • Putain, il fait un froid à crever
  • Je suis mort(e) de froid
  • Il va me faire crever avec son encens atchoum !
  • J’ai les pieds congelés, la gangrène guette et la mort avec…
  • Mrs Bibelot, Jean-Poirotte a bien fait de rester au chaud, c’est un coup à attraper la mort ici !
  • Si comme moi vous avez une foi tiède ou inexistante, évitez quand le prêtre dit « il est assit à la droite du seigneur où nous le rejoindrons un jour » : « putain on va être un monde fou » en parlant trop fort parce que votre mère est sourde et que du coup vous avez l’habitude de lui gueuler dans l’oreille, car le seul croyant de l’assemblée va fatalement être la personne juste devant vous. Qui va se retourner et vous flanquer la honte…
  • Alors que dans les rangs voisins tout le monde va pouffer (il parait que c’est nerveux), et ce jusqu’à la famille qui tenait comme elle le pouvait jusqu’alors….
  • En descendant les marches de l’église, inégales, les commentaires ont été bon train également : « fais gaffe, inutile de préparer un autre enterrement pour la semaine prochaine, un accident fatal est trop vite arrivé ».
  • Regarde tes pieds, inutile qu’un cercueil en entraîne un autre

Pendant que l’église se vide, ce qui prend du temps quand elle est archi pleine et qu’une moitié de l’assemblée est restée dehors, on parlotte, on demande des précisions.

  • Ton mari au fait, il est mort en quelle année ?
  • A l’enterrement de papa c’était horrible, il faisait une chaleur à crever
  • Là c’est le froid, je ne sens plus mes mains, mes pieds, mon nez (et le bec, alouette), j’ai l’impression d’être déjà un cadavre.
  • Le pauvre, il a mal choisi son jour… (essayez de mourir à une période météorologiquement acceptable, tout le monde vous en sera reconnaissant)

Au cimetière tout s’arrange…

  • Putain les pierres tombales de la famille sont dans un sale état, il faudra revenir nettoyer tout cela par un meilleur temps, parce que là, je suis morte de froid (ma mère, approuvée par moi)
  • Tu crois que la mousse crèvera avec ton anti mousse habituel ? (un autre)
  • Merde, ça fait quelque chose de voir le cercueil descendre (tout le monde mas revenons tout de suite aux préoccupations habituelles…). D’un autre côté vu le froid, le corps va rester intact un bon moment, tu as vérifié si le congélateur n’a pas encore fait des siennes ?
  • TU n’as qu’ t’en occuper du congélateur et je t’emmerde. Amen.. In nomine patris…
  • Tu fais une mauvaise blague ou quoi ? S’il fait doux dans 8 jours son compte est bon (au mort) (le cimetière du village est réputé pour être un mangeur rapide de corps… et le congélo  risqua sa vie aussi)
  • Les vers vont se régaler vu que le printemps se pointe
  • Ca va toi ? Non, je suis en train de crever de froid…
  • Au moins lui, ne craint plus rien (c’est d’un goût…)
  • Je voudrais bien en dire autant !
  • Moi aussi dit l’homme derrière je suis en train de crever de froid, je suis con à mourir, j’aurais dû prendre des gants !

Comme toujours, après avoir jeté ce qu’il fallait sur le cercueil, en l’occurrence des grains de blé rappelant que cet homme avait été cultivateur jusqu’au bout, je suis allée nostalgiquement saluer mes ancêtres et chers disparus, quasi tous dans ce cimetière, dans un rayon assez restreint.

  • Avec les pieds CONgelés, les mains que je ne sentais plus, mon nez qui faisait gouttière, et ma mère derrière me demandant d’aller rapidement récupérer ma voiture pour que nous nous rendions au foyer rural prendre une boisson chaude, parce que ce n’était pas le tout, mais qu’il était inutile que nous attrapions la mort vu que le principal intéressé, lui, l’était déja…

Un seul suffisait pour ce jour là… + papa agonisant d’un rhume à la maison.

Je pense que personne ne le fait exprès. Mais c’est tellement présent dans notre esprit qu’à un moment ou un autre, nous allons tous faire une gaffe. D’autant que nous utilisons des expressions courantes sans mesurer leur portée. C’est banal et ballot…

La veuve et ses enfants n’étant pas en reste : morts de froid, morts de chagrin, morts de trouilles, morts d’appréhension,  inertes devant l’inévitable, pétrifiés.

Bref, ce qui suivait le corbillard vers le cimetière, c’était Lazare livide sortant de son tombeau, multiplié par 100… Et au cimetière 100 cadavres en puissance… Lazare pouvant bien retomber dans la mort finalement…

La VIE n’est qu’un long calvaire.

(Photo : Gentille sorcière, un Christ dans ne me demandez pas quelle cathédrale, JE NE SAIS PLUS (NB : commenter les photos ASAP…)