Mon bac (part 2)

Après la philo, l’anglais oral, venaient les épreuves les plus marquantes. Bureau Secrétariat : coefficient 6 et 5 heures à y passer, éliminatoire le cas z’échéant. Epreuve administrative : coefficient 4 et 3 heures, droit, et j’en passe.

Les profs nous avaient fait la morale. Bien manger le matin, venir avec un en-cas pendant l’épreuve de 5 heures. Obéissante et disciplinée, je m’étais donc fait un gâteau au chocolat la veille de l’épreuve éliminatoire et Mrs Bibelot m’avait acheté de quoi me faire un petit déjeuner consistant, en se promettant d’être debout 1/2 heure avant l’heure à laquelle je devais poser le pied par terre, on se demande pourquoi.

Pas de panne d’oreiller. J’avais dormi moins profondément en songeant aux oeufs au bacon (miam), au jus d’orange, aux toasts grillés avec confiture d’orange (miam), au thé de Ceylan achetés par maman. Vous allez vous dire que je n’étais qu’un ventre et vous n’aurez pas tort.

J’ai donc petit déjeuné sévère avec Mrs Bibelot se souvenant de ses vacances en Angleterre. Je savais que c’était l’épreuve à ne pas louper. Après ma douche, papa étant venu vérifier que c’était bien moi, j’ai même eu le temps de me faire en plus du gâteau au chocolat (je n’étais déjà pas très sucre), un club sandwich impressionnant.

J’ai passé mon épreuve à manger, c’est mon souvenir majeur alors que le sujet pfuittt, et ce, malgré le petit déjeuner. Ceci sous l’oeil désapprobateur de celles qui jeûnaient. Nous n’étions que 2 à ne pas être arrivées à jeun et à boulotter continuellement (16/20 pour moi, 15,5 pour l’autre, à X 6 vu le coefficient) : de vrais hamsters. C’était mal vu, cela donnait l’impression que nous n’en avions rien à faire ce genre « rongeur », ce qui était totalement faux.

Les autres épreuves se passèrent un peu de la même façon, moins la bouffe, je pouvais survivre 3 heures tout de même. Je restais sans angoisse, sentant les parents et tout le reste de la famille stressés…

Venaient 3 semaines de révisions à passer avec meilleure amie oeuvrant dans une autre académie. Venaient 3 semaines à préparer notre rattrapage éventuel (et honteux) dans la maison de nos vacances de jeunesse dont nous parlons souvent encore, 32 ans plus tard…

Je cherche un taf…

Je cherche du travail et cela me titille de rédiger une petite annonce, avant d’écrire à la présidence de la république pour devenir inspectrice des sous-préfectures (avec la voiture de fonction qui va avec).

  • Secrétaire rhumatisante cherche CDI grassement payé, dans n’importe quelle société, pour y tricoter peinarde en écoutant de la musique (funèbre), jusqu’à sa retraite.

  • Le patron devra être affable et compréhensif face à une dame âgée qui ne sait pas ce que sont : un fax, un copieur, un ordinateur. Il lui fera un chocolat le matin et un thé l’après midi (elle n’aime pas le café). Pas de sucre dans le thé mais un nuage de lait, s’il vous plaît.

  • Il fera ses numéros de téléphone tout seul et n’aboiera jamais. Il aura en charge l’arrosage de ses plantes vertes, la gestion de son agenda et de répondre à ses mails, dont je ne sais même pas ce que c’est.

  • Frappe efficace et rapide sur machine mécanique Olivetti de 1917 uniquement, mais pas plus de 5 pages par jour pour cause de rhumatismes

  • Patron jeune et dynamique exigé (moins de 45 ans de préférence, après on tombe dans l’hallucinant).

Mes atouts, et pourquoi vous allez m’embaucher :

  • Je ne vous ferai pas de bébé

  • Je réponds au téléphone avec une voix de déesse qui calme les mécontents en moins de 3 minutes (mais pas plus de 10 appels par jour, sous peine de voir mon sonotone se détraquer)

  • Je suis toute prête à laisser quiconque venir s’épancher auprès de moi, avec une bonne tasse de thé, et cela peut durer plusieurs heures

  • Je tire les cartes comme personne

  • Il est écrit dans les astres que si vous ne m’embauchez pas, votre société coulera (ci-joint le thème astral)

  • J’ai un sort pour se débarrasser d’une belle mère encombrante, et un autre contre les disputes même dans une société. Un autre pour déclencher une épidémie de gastro dans votre entreprise si vous ne m’embauchez pas…

  • Vous serez cité sur mon blog pour m’avoir embauchée, et ça, c’est la pub d’enfer.

Cordialement à vous.
Une sorcière au chômage.

Merci de bien faire vos courses, comme moi.

Soyez sympas, soyez de bons consommateurs. De toutes manières, contraints et forcés, nous devons bien consommer sous peine de mourir de faim.

Pour nous faire passer la pilule et les prix parfois astronomiques, les vendeurs ne nous vendent plus de quoi ne pas mourir de faim mais d’autres trucs vachement chouettes, que s’en passer c’est ridicule.

J’ai donc fait l’inventaire de mon caddy et je suis plutôt contente de moi.

  • Pour commencer, je me suis arrêtée à une sandwicherie pour m’acheter, non pas le traditionnel sandwich au thon/mayonnaise/salade du plein du lundi midi (désormais), mais DES OMEGAS 3. J’ai entendu mes artères me dire « merci » et j’ai répondu « pas de quoi »
  • J’ai cherché et trouvé des yahourts ANTI RIDES. Il fallait la trouver celle-là, mais ils l’ont fait. Je me suis rabattue sur des yahourts ordinaires, parce que le prix des anti rides c’est carrément de l’arnaque. Et en voiture, au retour, ma peau s’est mise à tirailler, les imbéciles comme moi n’ont que ce qu’ils méritent.
  • Pour continuer au rayon laiterie, j’ai pris des petites fioles qui AIDENT A AUGMENTER NOS DEFENSES IMMUNITAIRES et mon cul ce n’est pas du poulet. J’en prends tout bêtement parce que j’aime ça, si mon intestin me dit merci au passage, je lui dirais « pas de quoi ». Et puis j’ai un peu l’impression finalement que ça me vaccine. Pas contre la connerie des autres par contre, et c’est giga dommage.
  • En ce qui concerne le chocolat, c’était écrit en tout petit alors qu’il faudrait être mieux informés que ça, mais ce n’est plus du chocolat, c’est un astucieux mélange de magnésium et de sérotonine, l’anti dépresseur idéal. J’ai fait le plein, parce que bientôt cela risque d’être délivré uniquement sur ordonnance, on ne se méfie jamais assez.
  • J’ai pris de la vitame A et du carotène dissimulés dans des carottes, et de l’acide folique injecté dans des choux fleurs.
  • Manquant d’anti oxydants, j’ai repris des oignons et des échalotes. Je ne vois même pas pourquoi on leur donne encore leur nom à ces trucs là.
  • Au passage, j’ai pris de l’ail pour la circulation du sang et du persil pour l’haleine, l’un n’allant pas sans l’autre mais bon, les principes actifs ne se contrarient pas.
  • Et puis pour la première fois depuis un petit moment j’ai pris un pot de, comment on dit déjà ? En fait c’est de l’énergie équilibrée à base de noisettes, l’idéal, c’est grâce à cela pris au petit déjeuner que les bleus ont été au maximum de leur forme pour l’Euro 2008. Je ne fais pas de foot, mais cela peut peut-être m’aider à ne plus comater au réveil. J’ai pensé à leur entraîneur qui ne devait pas en prendre lui et que comment que c’est bien fait pour lui.
  • Je ne bois plus de lait, mais exclusivement du calcium. C’est meilleur. J’en ai pris pour la semaine, j’ai peur de perdre un os.
  • J’ai tout de même snobé les yahourts qu’on ne peux manger qu’avec une paille : ils ont oublié de dire que boire ou manger à la paille peut donner de l’aérophagie. Et j’ai snobé aussi la crème du mont Ventoux chocolat ou vanille, parce que rien que d’évoquer la pub et la voix atroce du gamin, j’étais au bord d’une crise d’urticaire géant.
  • Pour éviter l’engorgement de mes artères et du reste, je me suis précipitée sur la margarine XY qui fait baisser le taux de cholestérol. Ce n’est pas que j’en ai de trop, mais justement, je ne veux pas que mon taux grimpe. J’ai regardé avec mépris les andouilles prenant de la vitamine A enrobée de cholestérol, dans du beurre.
  • Pour l’huile, j’ai pris des acides gras insaturés, ou mono saturés, ou saturés. En fait c’est moi qui sature. C’est précisé dessus quand c’est meilleur pour nous, je fais confiance. Cette utile précision aide à faire passer le taux diabolique de calories de ce truc là.
  • Je ne bois pas de jus de fruit et je me suis dit que j’avais tort, car je me prive de tout plein de vitamines de la A à la Z. S’ils le pouvaient ils en inventeraient des supplémentaires de vitamines, les marchands de médicaments.
  • En ce qui concerne la flotte, je me suis privée une fois de plus du calcium, du magnésium, du manganèse et d’autres trucs super chouettes pour fatiguer les reins, le pire étant la trèxcon qui fait pisser, tellement que nos reins essayent de nous débarrasser des sulfates.

Désormais nous ne mangeons plus. Nous rajeunissons, nous repulpons, nous vitaminons, nous omégatons, vidangeons nos artères, et anti déprimons. Pour digérer le passage à la caisse il faudrait par contre ingurgiter environ 1 kg de sérotonine et de magnésium et un beau jour on trouvera que le surpoids, ça déprime…

J’attends le slogan publicitaire qui dira « avec les yahourts machin, la vie cessera d’être un long calvaire ! » (Idée déposée à la société des auteurs).

Tag de Caju et Louisianne…

Merci les filles !

1 – Pourquoi (comment) as-tu choisi cette adresse pour ton blog ?
2- Pourquoi (comment) as-tu choisi ce titre pour ton blog ?
3- Pourquoi (comment) as-tu choisi ce pseudo ?

Pourquoi cette adresse pour mon blog et son titre ? Parce qu’à l’époque une de mes collègues à qui j’avais brillamment tiré les cartes, me traitait en riant de « sorcière mais gentille ». Et puis j’ai toujours adorééééé ma sorcière bien aimée. J’assume, mais quand je tombe dessus, j’ai l’impression de retomber en enfance et je me marre toujours.

Pourquoi l’ajout dans le titre :  l’adage allant avec « la vie n’est qu’un long calvaire », est apparu bien malgré moi dès le début. Pulchérie m’a précisé qu’il était bien d’avoir un adage, même si elle et bien non. Je l’ai gardé et elle l’a rajouté quand elle a déménagé mon blog.

Quant aux pseudos, c’est plus compliqué.

Avant de créer mon blog sur canalprout, j’en avais visité pas mal et commencé à commenter sous le pseudo Calpurnia. C’était le nom de la femme de Jules César, réputée pour son don de voyance et j’en ai un petit… Pour les commentaires ici et là, Calpurnia passait très bien.

Et puis j’ai créé mon blog et voulu me créer une adresse mail. Et j’ai eu la surprise d’apprendre que Calpurnia était refusé car faisant trop femme en cuir avec un fouet. J’ai reçu X réponses négatives m’informant que le serveur était sérieux et que j’étais priée de dégager. J’étais consternée. D’un autre côté je ne suis pas allée partout soumettre mon adresse à droite et à gauche vu ce que l’on m’avait dit : pas trop envie de racoler trop de pervers…

Donc, me rongeant les poings, j’ai trouvé coraline parlotte comme adresse mail. J’en voulais une sans n° après le pseudo et emballé, c’était pesé. Coraline parce que des Caroline il y en a des palanquées et parlotte, parce que je suis muette, cela tombe sous le sens.

J’ai donc été une vraie débutante : la calpurnia qui répond, avec une adresse de Coraline… Prénom que j’ai gardé pour moi, quand je raconte mes trépidantes aventures… Quand je me suis rendue compte de mon erreur avec ces deux prénoms, il était trop tard… Mais d’un autre côté si j’avais été Calpurnia dans mes aventures, j’aurais vu débarquer plein de masos et merci bien…

Les cyclistes

J’ai la chance extrêêêême d’habiter un parc naturel régional plutôt sympa.

Nombreux sont ceux qui profitent de ce parc naturel régional et particulièrement les cyclistes dès que le soleil montre son nez (autant vous dire que durant l’été 2007 nous avons eu une paix royale).

Vous allez dire que je suis une râleuse impénitente, une rouspéteuse incorrigible, une emmerdeuse de première (pas faux !). Mais je HAIS les cyclistes, particulièrement le week-end.

Déjà au départ le vélo et moi on fait 5. J’en ai trop bavé à remonter la pente pour revenir du lycée au home sweet home douillet. Ah, pour y aller au lycée, c’était facile : cela descendait injustement tout le temps. J’en ai trop bavé pour me payer la mobylette que papa me refusait (tu as des mollets, à toi de t’en servir). J’en ai trop bavé de mes hanches dont le médecin déclara un jour à Jean-Poirotte et Mrs Bibelot que le vélo était très mauvais pour elles (et j’ai eu ma mobylettei).

Oh, j’ai le droit de pédaler. Sur du plat exclusivement et il est très rare de pouvoir faire 60 bornes sur du plat exclusif (surtout dans mon coin). Enfin en gros, je n’aime pas le vélo. Regarder mon père avachi étendu avec grâce sur son canapé à contempler le tour de France me flanque de l’urticaire. Bref.

Je n’en reste pas moins tolérante. Si ceux qui aiment le vélo veulent pédaler, c’est leur problème, sauf que sur les petites routes de campagne, cela devient rapidement le mien également.

  • Ils roulent de front. C’est interdit par la loi. Si si, à moins d’une autorisation préfectorale (comme pendant le tour de France) et de la police les suivant. 2 qui roulent de front et se rabattent en vous entendant arriver devient une denrée rare. C’est pourtant la première chose que j’ai appris à mes filles. Rouler de front quand il n’y a personne, sinon, prendre sa portion de bitume et n’emmerder personne (d’ailleurs c’est la loi : n’emmerder personne)

  • Comme ils roulent de front, on ne peut pas les doubler. Ce n’est pas que je sois spécialement pressée le WE, mais quand je sais que je vais me cogner le peloton pendant 12 bornes, je deviens très grossière.

  • Parce que très souvent, ils roulent tous en peloton, se prenant pour le tour de France, avec tous le même maillot « France bleue Mayenne ». Ils sont tellement en peloton d’ailleurs que les doubler est impossible et que les croiser relève en plus de la haute voltige (avec suite et fin dans le fossé)

  • On les klaxonne pour leur demander le passage : que n’avons nous pas fait là ? La route est à eux, elle leur appartient. Ils se regroupent encore plus pour bloquer définitivement le passage.

  • Le peloton passe à vitesse grand V au stop. Les cyclistes s’arrêter au stop ? Vous rêvez vous !!! Le code de la route est pourtant autant pour eux que pour les motards (en règle générale). Les feux rouges, connaissent pas non plus. L’automobiliste derrière respecte le stop, puis le feu rouge, mais hélas, il retrouvera le peloton d’ici peu.

Quand on suit un peloton pendant un nombre respectable de km (pas de bol), non seulement la vie n’est qu’un long calvaire, mais en plus on devient un tueur en puissance. Comment qu’on les écraserait tous et dieu reconnaîtra les siens…

D’ailleurs c’est simple, par chez moi, nombre d’automobilistes règlent leurs laves-vitres de manière à les arroser en les doublant. Moi j’avais dressé les filles (parfaitement), avant que la ceinture à l’arrière ne soit obligatoire, pour qu’elles leur fasse les pires grimaces quand j’avais enfin réussi à les doubler. Et puis vicieuse, j’écrasais sur le frein, mais jamais assez pour les laisser me doubler, mais pour qu’ils profitent bien des grimaces des filles. Enfin bref, je leur pourrissais la vie dès que c’était mon tour (donc je ne pénalisais jamais les rares gentlemen de la pédale, respectueux du code de la route)

Nous pourrir la vie, c’est ce qu’ils font. Le gentleman cycliste, par ici, on ne connait pas… Et c’est l’emmerdeur de première du dimanche matin, qui au volant de sa voiture va pester contre la personne qui va faire ses courses en vélo, ne bloque pas la route, mais l’empêche de doubler dans une côte, en plein virage…

Un temps pour tout…

Il y a trop de temps à vivre dans notre vie, pour les passer tous en revue. Il y a malgré tout le temps où il faut tourner la page, il y a le temps où il faut regarder devant et non derrière, il y a le temps du souvenir qu’il faut laisser mourir. Non pas oublier, mais se rappeler sans amertume et sans larmes. Il y a le temps de la sagesse qui doit venir.

Qui étais-tu petite ? Et quelle était ta destinée ? Elle était écrite dès ta naissance, comme pour chacun d’entre nous, mais personne n’aurait pu y croire… C’est à cause de destinées comme la tienne qu’il vaut mieux ne pas savoir. Que c’est une bénédiction de ne pas savoir.

Les parents imaginent toujours pour leurs enfants, comme un chemin parsemé ça et là de cailloux blessants, mais un chemin qui va le plus loin possible, vers de lointains paysages. Tu devais contempler de ton regard bleu les vertes prairies, les torrents impétueux, les étoiles brillantes, les forêts enchantées. Tu avais devant toi un long chemin, des enfants à venir, des souvenirs à engranger, des amours à pleurer, des amours à aimer.

Pourquoi ta destinée était-elle finalement de laisser une plaie béante dans le coeur de ceux qui t’aimaient ? Pourquoi devais-tu laisser tes parents suffoqués par le chagrin, étouffés de larmes, pleurant silencieusement au coeur de toutes les nuits trop noires, après toi ? Pourquoi ta destinée était-elle de changer certains regards pour toujours et à jamais ? Les destins restent muets, sans doute honteux, et toi, tu ne savais pas pourquoi… Tu ne le voulais pas ce pourquoi, tu ne la voulais pas ta destinée. Tu ne l’avais pas choisie, car nous la subissons tous.

Pourquoi 5 syllabes ont-elles suffit à tout changer ?

Leucémie aigüe. Tu étais née trop tôt après la guerre pour qu’il subsiste le plus petit espoir qui existe désormais, même si parfois on l’oublie. A l’époque de l’annonce faite à tes parents, 100 % de décès, c’était la règle, le même taux de mortalité qu’avec la rage. Aujourd’hui peut-être aurais-tu une chance, même infime, malgré tout un espoir vrai.

Tu n’avais que 3 ans et juste 2 années encore à vivre, brûlée de rayons, gonflée des médicaments du dernier espoir, de l’ultime tentative, bourgeonnant de tests de la dernière chance que personne ne voulait t’infliger, ni te refuser, souffrant sans comprendre, aimant encore rire avec ta soeur et votre langage secret, et faire des farces. 2 années à avoir toutes les maladies, toujours quelque chose de forcément terrible pour toi. 2 années d’espoirs vains mais ne voulant pas mourir. 2 années à ne rien, ne surtout rien te dire, à t’imaginer de méchants contes et d’affreuses sorcières pour t’expliquer tes misères et tes gros malheurs. 2 années pour toi à parfois exiger de dormir avec ton reflet, ta jumelle, comme si elle pouvait te transfuser la vie non menacée qu’elle portait. 2 années à rejeter ta mère pour te blottir contre celle avec laquelle tu avais partagé 8 mois de vie et d’espérance de devenir. 2 années pendant lesquelles finalement tu savais… Et c’est cela le plus atroce.

L’hôpital était devenu ta promenade habituelle, l’endroit où ta mère t’emmenait en perdant dès la veille un kg de larmes et de perte d’appétit. Les prises de sang te faisaient toujours pleurer, les ponctions lombaires aussi. On te disait courageuse, mais le courage c’est affronter ce que l’on comprend, et toi tu ne comprenais pas. C’était juste ton innocence et ton amour de la vie que l’on perçait avec des aiguilles ou des trocarts inhumains, devant une mère paralysée par ta souffrance. Un simple rhume te repoussait aux frontières de la vie, une grippe n’était pas envisageable, une rougeole pouvait te tuer. Tout le monde était vacciné contre tout ce qu’il était possible de t’apporter risquant de te tuer.

Il y a eu cette nuit où la médecine t’a réanimée sous les yeux de tes parents qui ne pouvaient même plus pleurer. Et puis 3 jours plus tard, il y a eu ton départ, et une famille à jamais endeuillée, se demandant le pourquoi de 3 nuits plus tôt, et pourquoi ne pas t’avoir épargné 3 jours de souffrances qui faisaient taire ton babillage. Il y a eu deux personnes qui plus jamais n’ont pleuré après toi. Il y a eu tes frères et soeurs à jamais coupables d’avoir survécu. Il y a eu ce jour sombre et pourtant si ensoleillé où l’on t’a emmenée vers ta dernière demeure, cette tombe restée volontairement sans croix, sans pierre gravée, ce petit monticule de terre sous lequel tu repose depuis 45 ans…

Quand on le regarde ce petit monticule, il y a l’image insoutenable du fin squelette que tu es devenue sous cette terre mangeuse de chair, la négation absolue de la mort, que nous portons en nous. Et puis on ferme les yeux pour mieux penser à toi, et il y a les enfants que tu n’as pas eus, les amours que tu n’as pas vécues, les forêts enchantées que tu n’as pas parcourues, toute une vie que tu n’as pas vécue mais que tu aurais pu vivre sans parcourir des chemins forcément différents pour tous.

Et maintenant le temps rapproche de toi ceux qui t’aimaient, et se profile le jour où tu les accueilleras dans ce quelque part que nous n’imaginons pas et parfois en lequel nous ne croyons pas. Enfin tu seras victorieuse, quoique sans joie. Et le temps comble le fossé de ton absence, de chairs pouvant encore attendre, d’âmes perdues par le manque de mémoire, d’accidentés partis trop tôt…

A jamais et pour toujours pourtant, il y a tes grands yeux bleus qui ne comprennent pas, tes tresses blondes dont la lumière semble soufflée, éteinte, par la maladie. Et pour ceux qui restent, il y a du chagrin, de la peine à croire en une entité d’amour et de justice, un refus souvent, de rentrer seulement dans une maison du culte. Pour encore longtemps, il y aura des fleurs poussant comme seules sur ta tombe, abreuvées malgré tout des larmes de ceux qui silencieusement, en douce, avec culpabilité, viennent de temps à autre te rendre visite, en s’excusant de vivre.

Et il y a toujours la survie de l’espoir, pour ceux qui t’ont mise au monde, et espèrent envers et contre tous, envers et contre eux-mêmes, malgré ce en quoi ils ne croient pas, malgré tout…

Il y a ce moment qui viendra fatalement, où tu les attendras, tes petites mains ouvertes se tendant vers eux en criant « papa ! maman ! » de ta voix à jamais enfantine et enfin joyeuse. Tu sentiras le bébé trop aimé et le soleil qui ne brûle pas et non plus le désinfectant honni. Tu chanteras les comptines qui t’ont été refusées mais qu’ils ont tout de même chantées pour toi, et tu aimeras trop fort ceux qui sont nés après toi dont tu diras que tu les protège. Et tu mettras tes petits bras autour du cou de ceux qui ont tant à t’apprendre même si tu as tout compris, tu pourras leur dire que tu les aime tellement fort que tu peux enfin accepter de mourir, et que ce n’était pas la peine qu’ils souffrent autant… Tout le monde pleurera, mais enfin de joie, là où tu les attends.

Ils le savent, c’est une certitude pour eux : tes yeux seront bien d’azur, et tes nattes dansant dans ce paradis fait pour toi et pour eux, auront la blondeur rayonnante de l’enfance et de l’espoir. Dans l’au-delà où, ils y croient très fort malgré eux, tu les attends, tu seras vivante pour toujours et à jamais indemne et heureuse enfin, fleurant bon l’amour, l’avenir et le bonheur sans nom. Et les rides du chagrin s’effaceront, et les sourires refleuriront, et les regards redeviendront purs et sans larmes.

Il fallait le dire, mais le dire enfin, c’était le dire vraiment. A celle qui restera pour toujours l’éternelle enfant victime d’une injustice affreuse, pendant que nous vieillissons petit à petit pour aller la rejoindre…

Adieu petite…

1958 – 20 juin 1963

Le retour de l'oral d'anglais

Epreuve d’anglais oral à passer à Versailles, au lycée Marie Curie (ou bien Pierre et Marie, je ne sais plus, sauf que c’est elle qui a vraiment découvert le radium).

Convocation à 8 H 30. J’arrive à l’heure grâce à la voiture de Jean Poirotte. Je passe la première assez décontractée et j’attends les copines dont une a la mauvaise idée d’avoir un nom commençant par V. C’est simple, on doit l’attendre jusqu’à 13 H 30 et on crève de faim (à 18 ans, on crève de faim à toutes les heures).

Nous voici donc parties pour la gare des chantiers en échangeant nos impressions. Nous arrivons à la gare en ayant nos impressions. Nous voyons que le prochain train pour Rambouillet est quai C, dans 1 minute, donc nous laissons nos impressions pour un court laps de temps.

Cavalcade dans les escaliers. Certaines vident un peu de leur stress et nous arrivons sur le quai en même temps qu’un train dans lequel nous montons sans réflexion.

« Tiens » dit Véronique quand le train démarre « Rambouillet c’est par là ? ».

Elle a raison, Rambouillet c’est dans l’autre sens. Nous descendons donc à la station suivante que couvre encore notre billet en maudissant notre hâte, car un autre train arrivait à Versailles, allant dans l’autre sens, pendant que nous montions avec trop de précipitations dans cet imbécile de train partant vers Paris.

Nous regardons bien le quai qui va nous permettre de rentrer chez nous et d’aller manger. Quai D. Nous nous y précipitons même si, vu l’heure, le prochain train va mettre 1/2 d’heure à arriver.

Nous échangeons à nouveau nos impressions sur ce fichu oral. Cela nous prend du temps. Nous voyons des trains passer à droite, et repasser à droite, sans sourciller : il était bien indiqué « quai D ».

18 ans, toute une insouciance, il nous faut un homme avec casquette qui ressemble à un chef de gare, pour nous tirer de nos considérations distinguées sur le bac et ses épreuves. Il est 15 H 30. Tout de même !

  • Il nous demande « ce que nous fichons là ».
  • Nous lui répondons poliment que nous attendons le train pour Rambouillet annoncé quai D
  • Il nous rétorque que le quai a changé depuis 1 H 1/2 voire plus, et que nous avons loupé 3 trains. Nous sommes ravies Thérèse !
  • Nous lui demandons pourquoi une annonce n’a pas été faite par micro
  • Il ne sait pas pourquoi, il est confusionné légèrement mais sans plus
  • Nous lui précisons notre situation précaire et que nous crevons de faim
  • La SNCFeu s’excuse et nous offre les sandwiches
  • Nous allons prendre possession des sandwiches pendant que le 4ème train passe quai A
  • Nous prenons le bon train, au bon quai, 1/2 d’heure après
  • Je rentre à la maison pour trouver Mrs Bibelot dans tous ses états : j’ai loupé mon épreuve d’anglais oral et du coup je me suis jetée sous le train, elle a vécu un véritable enfer

Je commence légèrement à le penser : la vie n’est qu’un long calvaire…

Elle était là, pourtant…

Elle s’est penchée sur toi le jour où tu es né et même peut-être bien avant, pour te faire naître dans une famille aisée et unie. Elle était souriante et belle, parfumée et protectrice. Elle t’a donné la beauté, le charme, l’intelligence, trop de courage et trop d’intrépidité.

Elle a accompagné tes premiers pas précoces, encouragé la famille à t’admirer, t’a aidé à grandir en te proposant le meilleur d’elle-même. L’avenir s’offrait à toi, il était TOI. L’éternité du passé sans toi n’existait plus, l’éternité de ton futur était là, pour toujours. Elle te chuchotait à l’oreille que tu étais le maître de ta destinée, alors que la destinée silencieuse, savait.

Elle a inspiré et admiré tes premières blagues couronnées de succès face à tes cousines et ton petit frère. Elle t’aidait à briller, te donnait des idées, faisait retomber le bras de la grand-mère portant la cravache que tu méritais bien. Elle riait de tes farces et de ta vie de petit garçon qu’elle protégeait.

Elle était à tes côtés, te poussant toujours plus loin quand tu as pris le manche d’un avion pour voler toujours plus haut et raser toujours plus bas le poulailler de ta grand mère qui te faisait tant rire à brandir sa canne en te menaçant car tu menaçais ses poules. Elle était là pour protéger tes moteurs de la panne, pour t’aider à t’élever encore plus. Et tu l’aimais, et tu lui parlais certains soirs, sans trop savoir à qui tu t’adressais.

Elle était là, quand tu as choisi de courir en voiture sur les circuits. Elle était là pour te faire gagner, te donner la gloire en restant à l’écart, silencieuse mais bien là. Elle a donné la pichenette à ta voiture pour te faire gagner en marche arrière, elle était la première à applaudir quand tu as remporté les 24 H du mans. Elle t’a poussé à choisir tes coéquipiers qui t’accompagneraient plus tard. Elle inspirait ta famille qui t’admirait et te poussait, en son nom, à continuer toujours plus.

Elle était là pour toi, à se repaître de tes heures de gloire, des articles dans les journaux. Elle donnait le vertige à tous ceux qui t’approchaient. Elle t’enivrait et trinquait avec toi au coeur de tes rêves les plus fous.

Elle était là quand tu as rejoint les forces alliées en Angleterre. Elle était là pour ta place dans la royal air force. Elle était là quand en bravant 1000 dangers tu es revenu en France à bord d’un Lysander.

Elle était là quand ils t’ont arrêté, là pour les pousser à faire n’importe quoi : te mettre dans un convoi à bord de ta propre voiture. Elle était là pour que tu pense encore être maître de ton destin qu’elle dirigeait avec poigne.

Elle était là quand tu t’es échappé. Elle riait de leur bêtise et te poussait à le faire. Elle te poussait à aller encore plus loin, puisqu’elle était là. A aller toujours plus loin.

Elle était au chevet de ta mère pour les empêcher de te prendre. Elle a fait son premier faux pas en laissant ta mère mourir et toi tu as cru que c’était juste la fatalité.

Et puis il y a eu l’arrestation, le moment où tout a basculé, ce 18juin 1944, date anniversaire du moment où tu avais choisi ton camp. Il y a eu la rue de Paris de sinistre mémoire dont tu as connu les horribles caves, la torture. Il y a eu le train dans lequel tu es monté alors que l’on parlait déjà de liberté. Il y a eu ce trajet sans fin, avec la soif, la faim, la peur sans doute, trop de questions, la déchéance annoncée. Il y a eu les camps, où tu la croyais encore à tes côtés pour tenter encore une révolte.

Et puis il y a eu l’horreur, il y a eu la mort. L’horrible vérité pour ceux qui t’aimaient, trop de témoins pour avoir encore des doutes.

Quand as-tu su Robert, quand as-tu compris, que la chance t’avait abandonné ?

1895 – 1944
Robert Benoist, champion automobile, assassiné à Buchenwald par les nazis le 11 septembre 1944

Mon bac (part 1)

Le temps du bac revient inéluctablement, comme les hirondelles au printemps, le muguet au mois de mai, et les guirlandes dans le sapin en fin d’année.

Ca fait combien de temps déjà ? Un bout de temps, mais c’était hier pour moi. J’avais 18 ans et je devais passer mon bac. Je me revois encore, passant dans le sens sortie les grilles du lycée début mai (nous avions en technique les premières épreuves vers le 15) en pensant bien le quitter pour toujours, pour 2 semaines de révisions, avec en vue, après les premières épreuves 3 semaines à passer avec meilleure amie dans la maison de campagne familiale vide que nous occupions pendant nos vacances scolaires, pour réviser afin de nous préparer à l’oral de rattrapage.

La première épreuve : philo comme pour tout le monde. Coefficient 1 pour moi et j’avais brillé toute l’année avec 0,5/20 parce que le prof était sympa (mais rasoir). Là 1 dissertation à faire entre 3 choix, qui tombait hyper bien : j’avais lu un truc là-dessus chez Mrs Morgan le dimanche précédent. J’ai donc brillé sans le savoir à l’avance, mais je sentais bien ce coup là (14/20, le prof à voulu voir ma collante pour y croire).

Deuxième épreuve : anglais oral (l’écrit c’était pour le rattrapage). Bac technique : nous passions les épreuves non techniques à Versailles, le reste devant se dérouler dans notre salle habituelle dans notre lycée. Je dormais comme un ange en attendant le moment délicieux d’affronter un prof d’anglais inconnu, à tel point que je n’ai pas entendu sonner le réveil mis sur force 10 par Mrs Bibelot…

Curieusement, moi qui suis d’un naturel plus que souvent angoissé, les examens, les entretiens d’embauche, ne m’ont jamais stressée. Jamais. Je dormais donc du sommeil du juste quand maman a débarqué dans ma chambre, en alerte : j’allais rater mon train, c’était l’évidence car j’avais 15 minutes pour me préparer, parcourir 1 km jusqu’à la gare, et donc louper le train et mon épreuve forcément, vu que je faisais partie des premiers appelés de par mon nom de famille commençant par un B. Elle réveilla papa et son nom de famille commençant pas un B (et pourquoi pas Z hein ?), qui dormait aussi profondément que moi, parce que la voiture c’était le mieux pour arriver à l’heure et qu’il était le seul à savoir conduire.

Pestant, papa me conduisit jusqu’à Versailles, en me faisant remarquer que franchement, Coraline, on ne dort pas avant son bac d’anglais, ou alors juste un petit peu, mais la panne d’oreiller ça ne fait pas sérieux. S’il dormait lui, aussi profondément à 7 H 45, c’est précisément parce qu’il s’inquiétait de cette épreuve de langue et n’avait pas fermé l’oeil de la nuit. Il me lourda façon « siège éjectable » devant le lycée versaillais, avec mes copines que nous avions récupérées à la gare de Rambouillet après les avoir prévenues, un bon quart d’heure après le départ du train. Il nous lourda d’autant plus vite qu’une d’elle avait oublié : sa convocation et ses lunettes. Comme elle venait pour soutenir les premières à passer, c’était jouable de la ramener en temps et en heure, et papa pu maudire la distraction féminine, d’autant qu’il avait, lui, oublié ses clopes et pas le temps de passer les prendre avant de ramener la distraite à Versailles in extremis.

C’est super un enfant qui passe son bac !

5 minutes après mon arrivée je passais devant le juge avec honneur. Evidemment j’attendis mes copines, ce qui se solda par une arrivée gare des chantiers en cavalcade. Direction Rambouillet : quai C. Nous dégringolons les marches à temps : un train arrive dans lequel nous nous engouffrons. Et là, petite voix de la plus angoissée des 5 « tiens, Rambouillet c’est par là ? »

Non Rambouillet c’était l’autre train, de l’autre côté du quai et le voyage de retour vaut son post à lui tout seul

Mes parents étaient donc mortellement angoissés alors que je restais cool et confiante…

Un joyeux bon anniversaire (bis)

Cette journée du 9 mai n’a pas été totalement parfaite, cela aurait été trop facile.

Hors donc, ma mère m’avait sournoisement invitée à passer la journée avec elle, en m’imposant quasi d’aller dormir chez elle la veille au soir, pour laisser le champ libre à Delphine qui devait déménager mon appart, mais ça je l’ignorais…

La ville choisie c’est super, quand on peut se garer. Le vendredi c’est jour de marché, et nous avons pas mal tourné en rond pendant 3/4 d’heure, pour finalement trouver de la disponibilité dans un parking aérien et bien entendu payant, non loin du château.

Mrs Bibelot s’y gare en frôlant de justesse un poteau, et nous voici parties pour notre excursion en repérant bien l’endroit. On ne sait jamais, on pourrait se perdre et on aurait l’air fines à chercher la voiture ailleurs…

Ce n’était pas le tout, mais je devais être rentrée chez moi vers 19 H maxi sans le savoir, et Mrs Bibelot goupilla tout bien pour que nous soyons à l’heure. C’était sans compter avec le paiement (pas trop cher), et la sortie du parking.

Caisse traditionnelle acceptant d’après les dessins, la carte bleue. Nenni, basta, point de possibilité de régler avec la carte bleue que la machine régurgitait avec application. C’est simple, on aurait dit un bébé de la famille 5 minutes avant la tétée suivante. Pas de monnaie à mettre non plus, l’endroit prévu pour étant bouché avec du chewing gum desséché d’horreur.

Il était précisé de voir avec l’accueil en cas de problème. Il y avait un téléphone précisant « accueil » et après 22 sonneries, lasses, nous sommes montées récupérer la voiture. Mrs Bibelot était furax (14 minutes de retard sur son timing), et moi assez relax car totalement innocente, mais prête à dire à l’agent de l’accueil ma façon de penser.

Récupération de la voiture, arrivée non sans encombres à l’accueil : Mrs Bibelot déteste conduire dans les parkings de ce genre, ayant toujours l’impression dans les montées que sa voiture va caler, dans les descentes que ses freins vont lâcher.

Je descend de la montagne à cheval de voiture et je m’approche du bureau d’accueil. Bien évidement celui ci est fermé et il n’y a pas âme qui vive. Juste à côté : la sortie avec une caméra de surveillance. A côté du bureau un téléphone rouge (!) avec au dessus une précieuse indication « pour contacter un agent, faire le 12 666« . Je décroche le téléphone (rouge) et je constate qu’il n’y a pas de clavier. Mais décrocher le téléphone suffit à le faire sonner : dans le bureau… vide… C’est vraiment diabolique.

La patience étant ma vertu première n’est pas mon fort dans ce genre de situation et je vois ma mère qui fait de grands moulinets des bras dans la voiture : elle a désormais 20 minutes de retard sur son timing. Je m’approche de la barrière pour voir s’il n’y a pas un bouton de secours permettant de la faire se lever en cas d’urgence. Non. En cas d’urgence on reste coincés car il faut payer. Ce n’est pas que nous ne voulons pas, mais il faudrait pouvoir.

Je retourne au téléphone rouge, au cas où entretemps il sonnerait ailleurs, mais non, il sonne toujours dans le vide, enfin dans le bureau vide, ce qui est quasi pareil. Et aucun agent n’est sorti des WC par exemple, pour prendre son poste. Je retourne donc à la barrière et je me fais la remarque que j’en connais certains qui l’auraient déjà fait valdinguer sans douceur aucune, à grands coups de pieds et avec plein de gros mots. Je déplore quelque peu d’être une exquise créature d’une politesse sans limite avec un sang froid digne d’un saurien.

Moi je suis donc une douce nature en plus, et je prends la barrière dans mes petites mimines pour voir si par hasard elle se lève sans faire d’histoire. C’est en insistant un peu que je me suis retrouvée avec la barrière dans les mains, que j’ai posé délicatement par terre avant de me précipiter dans la voiture, qui elle, était hors de portée de la caméra de surveillance placée au niveau de la barrière. Bien évidemment pour sortir il y avait un virage, ce qui permet à la caméra de bien voir la plaque d’immatriculation de la voiture du délinquant.

Mrs Bibelot a terminé son tour sur le parking, pour arriver à la barrière bien entendu inexistante désormais, et nous voici parties, en cogitant un peu.

Avec un peu de chance j’avais été filmée en accomplissant mon forfait, assez involontaire toutefois, mais nous n’allions pas rester là encore beaucoup plus longtemps. Vu l’orientation de la caméra, il n’était pas possible de voir dans quelle voiture j’étais montée et somme toute, le seul film valable était celui d’une twingo innocente, franchissant la barrière sans mettre son ticket pour en déclencher l’ouverture, et ce n’est pas nous monsieur l’inspecteur, c’était ouvert et pis c’est tout !

La Maréchaussée ne nous attendait pas au domicile de Mrs Bibelot et nous avons été finalement soulagées. Il faut en effet être un délinquant chevronné pour se contrefiche éperdument de ce genre d’histoire. D’ailleurs un délinquant toujours chevronné, aurait peut-être asphyxié le gardien/agent de sécurité aux gaz lacrymogènes, ce qui explique peut-être son absence dans un bureau d’accueil d’apparence confortable.

Ou bien alors j’ai alerté outre le bureau, la maison blanche et le kremlin. Un téléphone rouge, ça laisse toujours rêveur, même si le plus célèbre était en fait un télex…