La flippe d'enfer…

Il y a des personnes qui me font flipper. Mon père par exemple. Il va voir le médecin quand il faut, mais quand il faut soudain une visite à domicile, c’est forcément celle des pompiers et du SAMU, il ne peut pas s’empêcher de faire son intéressant. On le lui a fait déjà remarquer, mais il s’en fiche : le SAMU et les pompiers c’est un minimum pour lui, il n’est pas arrivé à 70 balais pour rester discret.

Meilleure amie n’est pas mal non plus. Nous nous connaissons depuis l’âge de 12 ans. Si vous comptez bien et que vous avez compris que j’ai 50 ans, cela fait 38 ans que nous nous connaissons. Pour moi c’est comme une soeur, même si j’en ai deux. Je pense en être une pour elle, même si elle en a une. Donc, nous nous faisons du mouron l’une pour l’autre au caz’où et comme elle le dit souvent : heureusement qu’on (s)ça toutes les deux. Ne critiquez pas l’orthographe, de toutes manières ce n’est pas français.

Donc meilleure amie devait être opérée un beau vendredi. Dès le mardi j’ai commencé à flipper. Et pourvu que tout aille bien. Et est-ce qu’elle sait que je peux lui donner mon sang de donneur universel vrai (lequel ? question piège à toblerone…) en cas de besoin ? Son chirurgien est-il un connard contre lequel il faudra porter plainte ? Bref… J’étais morte d’inquiétude.

Son mari aussi, et je l’ai nettement senti quand j’ai appelé à 11H 30 alors qu’elle n’était même pas entrée en salle d’op (j’étais encore au chômage). Pour faire passer le temps en espérant qu’il ne m’oublierait pas après le père et la mère, la soeur et les autres copines (moins anciennes que moi, je suis prioritaire, désolée les filles), je me suis dit que je pouvais passer le temps à faire quelques jeux supra intéressants sur mon ordi, après avoir constaté la néantitude des petites annonces.

J’ai essayé d’être cool, j’ai juste rappelé strictement toutes les heures, à savoir 12 H 30, 13 H 30, 14 H 30, 15 H 30, etc. Jamais il n’avait décroché le téléphone aussi vite : il attendait des nouvelles de l’hôpital.

Puis enfin la nouvelle, la bonne nouvelle Ingrid Bétancourt a été libérée mais c’est qui ?, meilleure amie venait de regagner sa chambre ENFIN réveillée. Avec 5 heures de retard sur le timing normal.

Si tard ? J’étais inquiète. Lui avait-on refilé la maladie du sommeil dans la jungle pendant son anesthésie ? Le lendemain, alors que je l’appelais pour lui demander des nouvelles, plus de 24 H après son réveil (délai que j’avais vécu en sachant que là théoriquement on a retrouvé toute sa tête (quand elle existe)), elle m’affirma avoir bien passé sa visite chez le vétérinaire et qu’il fallait qu’elle me laisse, parce que ce serait bien que je la rappelle dans 8 jours n’est-ce pas, quand son collier anti moustiques fonctionnerait.

J’étais inquiète, son mari aussi et j’ai donc décidé de leur foutre la paix pendant au moins 24 heures.

J’ai tenu parole. C’est elle qui m’a rappelée en s’excusant avec toute sa tête de m’avoir raccroché au nez le matin même (la veille), au sujet d’une histoire de cafard, elle ne se souvenait plus bien.

PARCE QUE :

Alors que tout le monde flippe avant une opération, à l’idée simple de l’anesthésie, que du coup on vous prémédique, que vous iriez au peloton d’exécution avec le sourire, et bien meilleure amie dort tellement mal, qu’elle en dort bien la veille à l’idée qu’on va l’endormir. Comme quoi le psychisme n’est pas vain.

Comme elle sait qu’elle va dormir, elle dort bien la veille au soir donc, sans se demander une seule seconde si elle va se réveiller, ce que tout le monde fait, normalement. Moi avant mes anesthésies je ne supportais pas l’idée que je n’allais même pas sentir que je m’endormirais, pour certainement ne pas me réveiller. Avant tout passage au bloc, j’ai fait mon testament (avant de monter en avion également).

Quand elle sent qu’elle se réveille, meilleure amie ne supporte pas cette idée. Faire coucou à l’anesthésiste ne fait pas partie de ses priorités, heureusement qu’elle a toussé quand on lui a retiré l’intubation. Mais bon, elle dort trop, ça inquiète. Et elle, entend parfaitement qu’on lui cause, mais ne veut pas répondre « je dors enfin, foutez moi la paix ».

Alors que tout le monde est content qu’elle soit réveillée, elle maudit le ciel. C’est quand qu’on la ré-opère et qu’elle redort ?

Moi, la vue de l’anesthésiste me fait flipper. Et quand il me dit « à tout à l’heure », je me dis qu’il me bourre le mou et que je vais mourir sans m’en rendre compte, qu’il le sait, mais qu’il n’a pas le choix. Chez moi, la prémédication a autant d’effet qu’un cautère sur une jambe de bois.

Donc, meilleure amie me fait flipper.

Et je suis bien contente que du coup, elle ne dorme pas bien à nouveaux. Ce n’est pas pour rien qu’il y a des cachets pour dormir, car ne pas dormir, ça peut rendre n’importe comment, à tel point qu’on s’en fiche de mourir.

Et ça ce n’est pas cool… Et seuls ceux qui ne savent pas ce qu’est l’insomnie peuvent dire « les médocs, c’est le mal »….

Je pense qu’il serait bon de prévenir ses enfants pour l’avenir, que meilleure amie adore multiplier les effets de l’anesthésie générale…

Ce qu'on est mignon quand on est petit !

Idée géniale des ménagères pour égayer notre rentrée. Après tout on ne parle que des mômes non ? Alors à notre tour.

C’est là !

Et je suis quelque part dans cette mozaïque…

N’oubliez pas d’aller jouer chez nos chères ménagères ! Il y a un désodorisant à sac à main un grand prix à gagner.

Je n’ai pas perdu tous mes neurones, je me suis reconnue + 2 autres…

HI HI !

Voici la liste des blogueuses (et du blogueur) dont je fais partie :

Azzedbénédicte CajuCalpurniaDom et ManouGallïane et ElienaïJulietteKatia Gin FizzLadyblogueManuMHSardine ShalimaSonia SpikeViolette

Et chez moi la mozaïque n’est pas floue, pas de ma faute s’il y a un méchant sorcier qui en veut à la lisibilité des adresses blog quand le post est en ligne…

CAR : la vie n’est qu’un long calvaire !

EDIT DU SAMEDI 6 SEPTEMBRE 21 H : REGARDEZ BIEN TOUTES LES PHOTOS. IL Y A UN PETIT TRUC QUI POURRAIT VOUS FAIRE PENCHER VERS MOI… QUI POURRAIT VOUS FAIRE DIRE « BON SANG MAIS C’EST BIEN SUR » !

Quand j’ai vu la mozaïque avant parution, je me suis dit pourtant que ce truc là allait me griller.

Il tourne, il tourne l'orage…

Mardi 27 mai 2008, alors qu’un déluge s’abat sur nous depuis le début de l’après midi, à 20 H premier grondement.

Diabolos qui n’a pas été élevé par des parents ne souhaitant pas que leurs enfants aient peur de l’orage, dresse une oreille et 2 moustaches. Il me regarde, et comme je ne moufte pas, se recouche, mais aux aguets.

De 2 choses l’une dans mon secteur et ce, rapport à la forêt : les orages passent rapidement, ou bien ils s’installent jusqu’à épuisement, ceci nettement plus rarement. On ne sait donc jamais à quelle sauce on va être lavés. 20 H 02 premier éclair et machinalement je compte… cela se passe à environ 7 km. Pourtant des rafales de vent secouent les arbres du petit bois lonlère, et des trombes d’eau s’abattent . J’ai beau être au 2ème sur 4 étage, j’ai l’impression qu’il pleut sur ma tête comme si j’étais direct sous le toit. Résolument le chat n’aime pas, et il se dirige vers son abri favori. Lui sait sans doute que cela va péter pour de vrai, Moi je me contente de transpirer : il fait lourd malgré les trombes.

20 minutes après c’est l’apocalypse. J’adore l’orage, et ce, depuis que je suis toute petite et que l’on m’a expliqué qu’il ne fallait pas avoir peur, mais pas non plus se réfugier sous un arbre, ou laisser des courants d’air chez soi. Les éclairs se succèdent, pas le temps de vraiment compter, c’est sur nous. Et comme à l’ordinaire le secteur de forêt des Vindrins va trinquer, qui attire la foudre depuis des temps immémoriaux et que même les non trouillards quittent au moindre grondement dans le lointain. Je ferme une fenêtre par acquit de conscience, j’ai l’impression de respirer mieux. Déjà cela se calme.

Mais ce n’est pas le jour du calme. A 21 H nouvel éclair et coup de tonnerre immédiat : l’orage est piégé par la forêt, nous en avons pour la nuit, autant se résigner.

Après ce coup de tonnerre qui a claqué comme pas souvent, sonnerie à ma porte. Allons bon ! qui vient sonner chez moi à 21 H ? C’est madame Vampire, décidément cette femme est une manne pour la blogueuse compulsive que je suis une vraie plaie.

Elle, on ne l’a visiblement pas élevée de manière à ce qu’elle n’ait pas peur. Elle est terrorisée. Ses dents claquent, elle est encore plus blanche que moi au naturel, ses genoux s’entrechoquent, ses yeux se croisent, ses cheveux sont en bataille (oui docteur !). Pour un peu, j’aurais peur à la regarder.

Elle ne rêve pas : ma télévision est allumée, et pourrais-je l’éteindre si cela me plaît ? Et bien ça ne me plaît pas, je n’ai jamais éteint ma télévision pendant un orage, ni tante Hortense qui a vécu de façon moderne jusqu’à près de 100 ans, en pavillon qui plus est. Oui mais il faut que je comprenne qu’elle meurt de peur et qu’on lui a toujours dit qu’il fallait débrancher l’antenne et éteindre le poste. Et il faut que je comprenne également qu’avant elle était en pavillon, mais que son défunt mari lui avait aménagé un placard dans lequel elle se réfugiait pendant les orages, assise sur une chaise, dans le noir, en se bouchant les oreilles.

Je visualise la chose, et intérieurement je m’esclaffe. Mon calme semble l’énerver (bien fait, elle m’énerve assez). Je lui parle paratonnerre, elle me répond parapluie. Cela claque à nouveau et elle pousse un cri strident qui risque de rameuter tout le monde. Je suis bien l’exemple de l’inconscience des jeunes (en français dans le texte) et c’est en partie de ma faute si le monde va à sa perte et si le prix du pétrole est un vrai scandale. J’ai droit à son discours émaillé de cris stridents à chaque coup de tonnerre et ça n’arrête pas. Elle doit énerver Zeus dans les nuages…

Zeus n’est pas le seul d’ailleurs, voici que se pointe son voisin de pallier, forcément alerté par ses hululements grotesques. Car à chaque coup de tonnerre, elle crie, et dans la cage d’escalier, cela résonne. Comment ça elle a peur de l’orage ? Elle devrait avoir peur de son robinet dont le bruit maintenant équivaut à celui d’un DC10 faisant chauffer ses réacteurs. Elle ne crie plus malgré le nouveau claquement vraiment proche mais prend un air pincé qui lui va très bien. Devant lui, elle ne peut pas arguer de jeunesse et d’inconscience : il a son âge.

La voici qui remonte, en poussant toujours des cris stridents au moindre coup de tonnerre. Elle claque sa porte comme de coutume. Elle va peut-être vider un placard et se réfugier dedans. Qu’elle y reste me signale son voisin qui en a autant marre que moi de cette femme qui :

  • Héberge un DC10 et ses réacteurs chez elle
  • Décolle avec l’ascenseur sous notre nez alors qu’elle nous a très bien vus arriver et qu’il y a de la place pour 4
  • Passe sa vie à faire du bruit
  • S’en va espionner à l’AG des copropriétaires d’un air rusé
  • Se gare toujours à cheval sur sa place et celle d’un autre
  • A un chien qui hurle à la mort toute la journée, sans doute pour couvrir ses bruits à elle…

L’orage a perduré jusqu’à 5 heures du matin. De mon canapé, puis de mon lit… j’entendais les hululements et cris stridents réguliers de l’abrutie du dessus, d’autant que comme de coutume, l’orage s’éloignait trompeusement pour mieux revenir nous surprendre avec fracas 20 minutes plus tard.

La vie n’est qu’un long calvaire, et faites quelque chose quelqu’un, un jour nous allons la tuer…

Une fable de la fontaine au mois d'août, quand la terre s'est arrêtée de tourner comme tous les ans…

J’en ai marre du mois d’août, avec tout le monde parti (sauf les cons de mon immeuble), tout les magasins fermés, l’impression de vivre dans une ville fantôme. J’en ai raz le bol de cette parenthèse obligatoire et ceux qui aiment l’heure d’été ne peuvent pas partir en juin ?

Donc, pour mes lecteurs fidèles, regrettant de ne pas être partis comme TOUT LE MONDE et les moutons de Panurge ça peut se relire, voici un exemple de ce que mon père m’apprenait pour que je me souvienne bien du vrai de vrai.

Le corbeau et le renard, je n’en voulais rien savoir, jusqu’à ce que l’on me donne des bases pour m’en souvenir… Prêts ? Partez !

  • Un pignouf de corbac sur un touffu planqué, s’envoyait par la gueule un coulant baraqué.
  • Renard le combinard qui n’avait pas croqué, se radina en lousdé pour lui faire à l’estom.
  • « Eh mon pote, je n’avais pas gaffé que tu étais si bath et si bien baraqué. Sans attiger, si tes choquottes sont kif kif avec ta bouillotte, t’es bien le plus giron des mectons du loinquet ».
  • Le corbac à ces mots se senti chanstiquer. Il ouvre son clapoir et lâche le frodogome.
  • Renard s’en saisit sans casquer un rotin en disant :
  • « je t’ai bien eu avec mon baratin ! » Les marles auront toujours la loi avec les caves »
  • Ce rencard vaut bien un fromage tête de nave ».

Excusez du peu pour l’orthographe incertaine, et encore aujourd’hui je peux dire : merci papounet !

Donc, le compte rendu du premier jour…

  • Je me réveille en sursaut à 1 H du matin, avec l’impression que j’ai loupé mon réveil. Non, TVB, j’ai encore quelques heures à dormir.
  • Je saute mutine et tout, de mon lit, au premier couic des informations de 6 H 30. Normalement avant 9 H je ne suis qu’une larve…
  • Je me demande si c’est bien moi.
  • Je me rassure : c’est bien ma tête dans la glace. Ca ne va pas durer ce saut de puce, je me donne jusqu’à la semaine prochaine…
  • A 7 H 30 je suis prête et je regrette le quart d’heure supplémentaire que j’aurais pu passer au lit (déjà).
  • A 7 H 45 je pars, on ne sait jamais, sur mes 5 minutes de trajet, il peut y avoir un impondérable.
  • J’arrive avec 10 minutes d’avance. On m’offre gentiment un café. Puis comme je ne peux pas tout refuser, j’accepte un thé. C’est de l’earl grey, je déteste.
  • Tout le monde vient me souhaiter la bienvenue. L’ambiance est détendue, il n’y a pas dans l’air, cette oppression horrible qu’il y avait chez Truchon.
  • On me décrit mon poste, je sens que le soir, je vais avoir la migraine. C’est un poste varié qui demande de la concentration et de l’organisation.
  • Je ne suis organisée que dans le boulot, ça tombe bien.
  • On me présente le logiciel de gestion commerciale en me précisant que c’est une daube.
  • C’est une daube.
  • Finalement je maîtrise, mes 5 premières factures et 2 premières commandes sont justes.
  • Il paraît qu’il faut organiser totalement le secrétariat. Effectivement c’est un bordel infâme, j’en ai au moins pour 6 mois. Tout le monde attend avec impatience quelque chose qui tienne la route, sans qu’il faille perdre 2 H à chercher le moindre document.
  • Les gens ont l’air normaux, surtout le patron, ça me perturbe.
  • En plus il blague.
  • En plus il est drôle par comme l’autre du con d’avant.
  • Il y a un gros chien noir dans les locaux qui m’a prise en amitié. Je ne pourrai donc plus porter que du noir (en bas). Fort heureusement il n’a pas le droit d’aller dans les bureaux. Sinon j’avais droit à ce croisement labrador/géant de je ne sais quoi, sur mes genoux.
  • J’ai tout à apprendre, mais tout le monde me précise qu’il me faudra du temps, que c’est normal, et que chacun a le droit d’avoir son rythme. J’hallucine.
  • J’hallucine encore plus que l’on se dérange pour bien m’expliquer quand je m’en vas poser une question.
  • Je constate que dans cette société aussi, il faudrait avoir fait « mec bourré deuxième langue » pour déchiffrer les rapports, bons d’intervention et autres. Rien n’est parfait.
  • Il n’y a que le chien pour aboyer.
  • Plus d’angoisses.
  • Mes horaires sont fixées pile poil comme je le voulais.
  • Nuit à venir : rêver du logiciel daube. Mais ce n’est pas grave parce que :
  • J’ai l’impression de revivre !

Donc merci à tous pour vos pensées positives !

Un bienfait n'est jamais perdu…

Et moi qui déteste les dictons…

MAIS… Il était une fois une gentille sorcière qui, en 1994, a été dans l’obligation d’accepter n’importe quel boulot parce qu’elle était RMiste, avec 2 filles à charge. Qui a dû supplier un homme pour qu’il l’embauche, parce que même le SMIC c’était mieux que le RMI. Et un homme qui lui disait qu’elle était trop qualifiée, mais n’avait plus envie de la voir ramper à genoux devant lui, pour décrocher le job (je n’exagère pas vraiment…).

Et c’est ainsi que j’ai rencontré le patron le plus charmant de mon existence. C’était un domaine que je ne connaissais pas, mais j’avais le temps de m’y mettre. La société était en fait au bord du dépôt de bilan, il avait tout rapatrié chez lui pour sauver les meubles, et donnait de son propre argent pour la faire survivre (d’où les salaires minimum pour moi et un technicien indispensable). Pendant ce temps là, l’actionnaire majoritaire, vivait des rentes de ses autres sociétés en le laissant se débattre et perdre de l’argent.

C’était un homme vraiment charmant. Cela me faisait mal au coeur de le voir se battre pour rien. Je passais mon temps à répondre aux fournisseurs que oui mais, le règlement partirait le lendemain. En fait, j’attendais la fin, sans rien pouvoir faire.

Il était tellement malheureux quand enfin l’actionnaire majoritaire, le vrai patron, a décidé de mettre la clef sous la porte au lieu d’insuffler un peu d’argent, qu’il m’a fait vraiment peine, parce que j’ai un coeur d’artichaut. Après mon licenciement, le sachant perdu dans ses papiers, j’ai sacrifié une journée pour aller l’aider gracieusement à tout transformer en archives.

Je connaissais bien sa femme qui passait bien sûr tous les jours me voir dans le bureau mis en place à la hâte dans une annexe de leur maison. Femme charmante également.

Et puis j’ai retrouvé un travail chez mon avocat tordu, et puis après, chez Truchon. Et puis mon seul vraiment charmant patron est mort un soir, en faisant un petit somme dans son fauteuil. Manque de bol, quand j’ai croisé un enterrement un beau jour, on m’a juste dit que c’était l’ancien maire du village de mon enfance, et je n’ai pas pensé à lui, mais au maire suivant, ce qui ne m’a pas attristée… Du coup j’ai loupé les condoléances sincères à sa femme, quand j’ai su la vérité 2 mois trop tard.

Je savais par Mrs Bibelot que cette femme qu’elle rencontrait souvent (et moi pas), demandait toujours de mes nouvelles. Et puis il y a eu une brocante où je ne voulais pas me rendre, parce que la pluie menaçait. C’était en juin. C’est le destin. ON m’a poussée à y aller, et le premier stand, c’était cette femme que je n’avais pas revue depuis plusieurs années, mais dont je savais qu’elle s’inquiétait régulièrement de moi. Nous avons donc discuté longuement, avec beaucoup de chaleur, et quand elle a sû que j’étais au chômage, elle m’a demandé mes coordonnées. « Je ne vous promets rien, mais notre assistante ne convient pas, je vais parler de vous à mon patron ». Son patron, est celui qui a racheté les parts essentielles de la société qu’elle avait montée avec son mari, après le décès de celui-ci. Et à la façon dont elle ne me promettait rien, j’ai compris qu’en fait, elle me promettait beaucoup, ou alors c’était comme une intuition, mais je sentais que la chance allait tourner. J’y ai cru très fort, sans savoir pourquoi…

6 semaines plus tard, lundi : appel téléphonique. L’assistante a donné sa démission. Donc elle appuie fortement ma candidature, et Inch Allah… Elle se souvient à quel point j’ai été dévouée, que l’on pouvait compter sur moi, de mon travail. C’était miraculeux pour moi que Truchon avait essayée de démolir moralement, ainsi que d’autres… RV pris avec le directeur pour le lendemain, bon feeling, bon tout ce que j’espère. C’est à 5 minutes de chez moi, c’est tout à fait dans mes cordes, je croise les doigts, toute la famille le fait… J’ai l’impression que l’entretien est vraiment positif…

Quand elle m’a appelée pour m’offrir le poste, elle m’a dit qu’aucune rencontre n’était anodine et je pense comme elle. Je pense que quelque part, c’était la chance qui tournait, et surtout qu’il y avait eu ce moment, où j’ai aidé un homme dans la détresse, sans rien attendre en échange. C’était peut-être il y a 13 ans, mais c’était à ce point hier, qu’il y avait quelqu’un pour s’en souvenir… Et effectivement rien n’est anodin. Car le jour de la brocante, s’il avait plu 1 H plus tôt, je n’aurais pas rencontré celle qui serait importante pour moi.

PARCE QUE OUI ! TADAMMMMM ! JE L’AI LE JOB ! JE L’AI SU LE VENDREDI MIDI ET J’AI SAUTE DE JOIE COMME UNE GAMINE !

Le 18 août au matin, enfin, je serai à nouveau sur les rails… Croisons toujours les doigts… Parce que le seul hic, c’est que le patron n’a pas l’air caractériel du tout (comme Truchon) et ça, je sens que ça va me perturber grave…

L'emménagement de Delphine

Dans la série quiproquos et compagnie, l’emménagement de Delphine a été une occasion de vérifier une fois de plus que l’absence de dialogue peut parfois être fatale.

Déjà l’appartement des amoureux n’étant disponible qu’à partir du 10, une relation prêtait le sien entre le 30 juin et le 10 juillet (sans pouvoir faire garde meuble, d’où les allers et retours dans les Yvelines). Finalement moyennant finances pendant qu’on peut exploiter… 100 euros par semaine c’était donné pour une daube glauque sans grand confort, dans une sale rue bien sombre, et rien à redire… Pour Delphine cela restera une relation, vraiment lointaine, une relation quoi…

Seul jour d’emménagement possible : le lundi 14 juillet. Delphine vendant des glaces dans le Marais n’a pour jours de congés que le lundi et le mardi. Gendre n° 1 était disponible le 14 (férié) fort heureusement, car Delphine et gendre n° 2 l’ont constaté : pour un déménagement les rangs des amis se restreignent considérablement (même quand ce n’est pas férié ou juste un 30 juin où ils se sont coltinés 7 étages toute la matinée). Reste la famille.

Nous n’avons pas su tout de suite si Gendre n° 1 serait disponible pour cet emménagement. J’avais donc réquisitionné ma mère. Mauvaise idée : elle me suivant au volant du break, moi forcément paumée, nous aurions pu mettre environ 4 heures pour arriver et encore, j’étais optimiste, car Nation, je sais où c’est en métro, mais en voiture que nenni. La bonne nouvelle était que les Champs n’étaient pas dans le périphérique de l’intrigue du jour, mais c’était la seule.

Gendre n° 1 et Gendre n° 2 se sont arrangés, les deux soeurs aussi, tout ceci séparément d’où quiproquos, mécontentements, incompréhensions, et j’en passe (avec moi au milieu récoltant les appels de bilan…). Finalement Gendre n° 1 a été OK pour le lundi 14 juillet. Il devait conduire le break et moi le suivre au volant de ma toute bête voiture, en ayant rabattu les sièges arrières pour faire le plein. Il souhaitait partir de bonne heure, et j’ai caché ma joie de devoir me lever à 7 H un 14 juillet, même si je ne travaille pas.

Nous étions convenus de charger les voitures la veille au soir, pour juste avoir à partir à 8 H au plus tard.

J’ai découvert avec horreur, que le concepteur de ma voiture était un tordu. Rabattre les sièges arrières c’est simple normalement : pas sur cette voiture là. Mode d’emploi en main, je me suis torturé les méninges pendant que tout le monde faisait la sieste, et puis finalement j’ai pu crier victoire en découvrant le bouton caché qui permettait de décoincer une barre vicieuse qui semblait vouloir rester bien en place. Je me suis juste vrillée une vertèbre pour trouver le bouton, il n’y avait que moindre mal (pour les autres).

Puis il a fallu déterminer comment répartir le chargement entre les deux véhicules. Ayant vu le break chargé deux fois j’avais ma petite idée, et il s’est avéré que pour Gendre n° 1 et moi, des années à jouer au tétris sur une game boy n’avaient pas été des années perdues, même si la dernière couette est rentrée sauvagement et précipitamment avant fermeture du coffre. Le dimanche soir, les deux voitures étaient chargées, et je me préparais au pire à l’idée de suivre l’autre voiture le lendemain. J’avais à la fois tort et raison.

Gendre n° 1 est comme moi : il est toujours à l’heure. En plus, moi le suivant, il ferait le maximum, tout son possible, pour que je ne le perde pas de vue (quel délicieux garçon !). Nous sommes donc partis à l’heure prévue avec une marge de 10 secondes environ, le maximum supportable pour lui et moi. Comme il respecte les limitations de vitesse en plus d’être à l’heure, je n’avais pas besoin de scruter mon indicateur à moi, juste à le suivre. Cela roulait bien, c’était divin. Il m’avait tout de même expliqué comment faire après avoir pris le périf sud (que je déteste), mais je préférais ne pas le perdre de vue.

J’ai un défaut horrible : je respecte les distances de sécurité. Dans une zone à 130, je laissais donc la distance s’agrandir entre mon guide et moi. Et qu’est-ce qu’il se passe quand vous respectez les distances de sécurité ? Hein ? J’attends… Et bien il y a toujours un abruti qui vient se coller devant vous alors qu’il a toute la route. A l’arrivée juste avant le périf, il y avait cinq connards qui s’étaient infiltrés entre mon sauveur et moi, on se demande pourquoi, puisque c’était plus que fluide.

Gendre n° 1a donc rusé et ralentit bien en-dessous de la vitesse limite pour que tout le monde le double, sauf moi bien sûr, et nous sommes arrivés comme une fleur, à 8 H 45, au bon endroit. à 9 H 30 tout était torché car nous n’avions pu stationner qu’à des endroits strictement interdits et pas envie de nous y attarder.

Je repartais avec Delphine qui voulait voir sa maman et la famille, et naturellement en repartant, je me suis trompée en prenant le périf extérieur au lieu du périf intérieur (ou l’inverse, faut qu’ils changent le nom du périf à un moment donné, c’est plus fort qu’eux). Je m’en suis fort heureusement aperçue tout de suite (vu le nom des portes qui ne correspondaient pas à mon aller) même si nous parlottions un peu et j’ai refais un tour à Nation comme je le pouvais, pour prendre la bonne direction. J’en ai profité au passage pour non admirer les alentours et critiquer les concepteurs d’immeubles dans les grandes villes, car j’attaquais ma période « tout m’énerve, je critique tout ».

Malgré les méchants présages « à Paris un 14 juillet, vous n’êtes pas prêts d’être rentrés, on vous gardera du poulet… » à 10 H 30 j’étais heureuse d’être de retour dans ma campagne.

Parce que même si tout avait été comme sur des roulettes, je ne ferais pas cela tous les jours…

Une journée qui compte… part 3

Delphine m’avait assuré que je pouvais me garer dans la cours de l’immeuble. Sauf que je n’étais pas au volant de ma voiture, mais d’un break que je conduis une fois tous les 4 ans et dont les mesures ne sont pas exactement dans ma tête. Et que la manoeuvre me semblait légère pour passer le portail fort étroit et le couloir qui suivait, et me retrouver coincée dedans vu les voitures mal garées devant le dit portail.

Ma fille crispée, insistant, et moi négative définitivement. J’avais pu me garer sur un emplacement « privé » que je pouvais donc occuper à condition de rester à proximité du véhicule pour le dégager le cas échéant. Mais Delphine était toujours crispée, parce que j’étais en retard. Mère en retard, liaison dans le tiroir, c’est bien connu…

Je me suis déplacée pour voir ce qu’il fallait charger et j’ai tout de suite vu que tout ne tiendrait jamais dans le break. J’ai déjà déménagé 13 fois, j’ai l’oeil. Là, Delphine m’a précisé de la boucler, et que comment que tu me parle ma chérie ? qu’elle était assez stressée comme ça, alors qu’en fait j’avais en tête déjà qu’il faudrait faire un deuxième aller et retour et m’en réjouissais très secrètement à l’avance. Dans ces cas là, charger au maximum, et se tirer rapidement pour pouvoir revenir le plus vite possible. Quant on n’a pas le choix, autant prendre l’option la plus rapide, et c’est l’âge qui vous apprend cela.

Mais l’emplacement du véhicule la crucifiait et elle insistait pour que j’aille coincer le break de papa dont l’attestation d’assurance était obsolète, dans le portail de la fichue entrée de sa fichue cour. Fort heureusement, des voisins compatissants lui ont refilé un chariot roulant et le chargement a pu commencer.

Je vous passe les détails, c’était assez folklorique. Et puis Delphine tout à coup a réalisé qu’effectivement tout ne tiendrait pas dans le coffre aux sièges rabattus, et qu’il fallait donc charger la place passager. Gendre n° 2 prendrait le train pour m’aider au déchargement. C’est là que j’ai dit qu’il fallait revenir, et encore, je n’avais pas vu tout ce qu’il restait, non encore dans la cour. Donc inutile que je voyage seule et lui aussi, d’autant que pour le retour, lui qui connaissait bien le quartier pourrait peut-être trouver tout de suite le boulevard Henri IV…

Ma fille s’est décrispée. Tout irait bien, tout serait déménagé le bon jour, et s’il fallait faire un autre voyage, puisque j’étais d’accord pour le faire… En fait elle ne savait pas que je serais disponible pour un deuxième voyage, mes journées étant tellement occupées…

Nous voici donc partis avec gendre n° 2. Nettement plus sympa de voyager avec quelqu’un à qui causer, qui aime bien la musique que l’on écoute. Et puis ils m’avaient trouvé un itinéraire de retour nettement plus simple. A gauche, encore à gauche, tout droit et là : place de la concorde. Là je suis quasi chez moi. J’ai pu remonter les champs en pestant contre les parisiens et en zigzagant comme eux, et en avant pour la province.

Le seul hic, c’est que nous avions pu fermer le coffre de justesse, et qu’une lumière restait allumée sur le tableau de bord. Je compte sur vous pour ne pas le dire à mon père, mais en fait, le coffre était mal fermé à cause du chargement, même s’il semblait réellement bloqué. Je roulais donc doucement, avec une vision du coffre s’ouvrant sur le périf, et les affaires de Delphine se répandant sur la chaussée, créant un accident gigantesque avec plein de morts et une attestation d’assurance toujours non valide. Ne jamais dramatiser surtout. Nous sommes arrivés à bon port pour tout décharger et repartir en réfléchissant bien à l’itinéraire cette fois. Le coffre fermait normalement, tout allait bien.

Exit la porte de Passy, je suis sortie porte Dauphine, j’ai enquillé l’avenue Foch comme je sais si bien le faire, puis les champs, pour, après la place de la concorde, me retrouver sur les mêmes quais que le matin. Bien la peine de m’être fait suer à passer place de l’Alma et j’en passe. Evidemment, nous étions alertés gendre n° 2 et moi sur la nécessité de prendre le boulevard Henri IV que nous avons loupé. Pour finalement nous y retrouver tout à fait par hasard (l’entrée doit être dans une autre dimension). Gendre n° 2 avait reconnu un trajet qu’il faisait EN BUS. Sauf qu’à un moment donné, seuls les bus avaient le droit de passer et que je n’ai pas osé en suivre un en faisant celle qui n’avait pas vu le panneau « interdit aux voitures ». Nous avons un peu tourné et puis tout à coup il a pu voir, parce qu’il ne surveillait pas un scooter à l’oeil vicieux, que nous étions dans le fameux boulevard, et nous sommes arrivés rue des Tournelles comme une fleur, pour trouver Delphine détendue, qui avait d’ailleurs fait les soldes et portait une fort jolie marinière que je lui piquerais bien.

Retour chez mes parents à 18 H, avec les embouteillages de rigueur, déchargement de la voiture, plans pour le vrai emménagement. Il faudra absolument 2 voitures (donc si possible gendre n° 1 pour en conduire une, il connaît Paris comme la garde robe de Pulchérie), dont le break, et bien étudier l’entassement du « presque rien » de Delphine, dont une TV, un four, un futon, une imprimante, un ordi, de la vaisselle, du linge de maison, une tonne de livres on dirait sa mère, le reste (dont la garde robe et les papiers) bref, pas grand chose (9 m2 finalement c’est grand quand il faut les déménager).

Nous n’avions rien mangé de la journée tellement nous avions tout fait vite, et mes parents après nous l’avoir proposé, ont vu disparaître le reste de paëlla du dimanche. Ceci sur fond de questions sur le prochain grand jour : la sortie garde meuble et l’autre départ sur Paris…

Serait-ce encore une journée qui compte ?

Compte rendu du dimanche : la liste de Schindler

Pulchérie était en CM2. J’étais allée voir ce film avec mon copain du moment, Monsieur le toujours en retard en retard, dans des conditions qui ne m’avaient pas convenu du tout.

Et d’un, il était en retard, donc nous sommes rentrés les derniers pour nous retrouver assis au premier rang. Je déteste. Tout le monde déteste, c’est bien pourquoi on ne s’assied jamais au premier rang spontanément. Et de deux : c’était une VO sous-titrée. Là, au risque de faire hurler les puristes, je déteste la VO sous-titrée, même si avec une VO en anglais je m’en tire à peu près pour comprendre que les sous-titres c’est n’importe quoi. Je perds mon temps à lire les sous-titres en me disant que merde, nous avons le meilleur doublage du monde. Donc, je déteste la VO sous-titrée et les filles taisez-vous, vous ne me changerez pas, c’est trop tard, je la déteste depuis trop longtemps.

Je voulais donc revoir le film, dans de meilleures conditions pour moi. J’ai décidé arbitrairement que Pulchérie était en âge de découvrir certaines vérités, et que Delphine était trop jeune et trop sensible. Après consultation du maitre de Pulchérie qui devait pour la fête de fin d’année aborder le thème de la résistance via un poème d’Aragon, il s’est avéré qu’il aurait bien aimé emmener sa classe voir ce film mais que certains parents s’y opposaient violemment.

Je suis donc partie avec ma fille dans la voiture, abandonnant Delphine en larmes qui braillait que nous allions bien nous amuser et elle paaaaas ! Mrs Bibelot devait pourtant l’emmener manger une glace et s’acheter un joli chemisier…

Dans la voiture j’ai expliqué à Pulchérie les dessous les plus sombres de l’histoire, sans oublier le côté « argent » dont il est souvent question dans le film. Et je lui ai dit qu’au fur et à mesure, je lui dirais qui s’en sortait ou non, pour lui éviter de trop grandes angoisses, car le film est flippant.

Ce que j’avais apprécié et que j’apprécie toujours, c’est qu’au départ, le personnage d’Oskar Schindler n’est pas sympathique. C’est un profiteur de guerre, qui va s’humaniser au fur et à mesure, révélant le meilleur qu’il peut y avoir en nous, alors que Goethe ne montre que le pire de l’homme, tout en restant humain malgré tout, au travers de son attirance pour une juive, un personnage plein de contradictions.

Dès le début du film, Pulchérie me tenait très fort la main. Je la sentais se crisper, et de temps à autre, devant un personnage je pouvais lui dire « il/elle s’en sortira ».

Elle a compris pourquoi la petite fille en manteau rouge, la seule couleur du film, m’avait fait penser à ma petite soeur, à sa tatie. Cela m’avait frappé la première fois. Cette petite fille m’avait évoqué ma soeur avec ses jolies boucles, son air perdu quand on massacre autour d’elle. Cela aurait pu être elle, toute sa famille ayant déjà disparu. Et la liquidation du ghetto a de quoi faire trembler, parce que là, malgré ceux que l’on suit et qui vont s’en sortir, il y a tous les morts bien visibles, surtout sur grand écran (la scène perd de son intensité sur petit écran)

Malgré mon avertissement, quand le convoi des femmes est dirigé sur Auschwitz, qu’elles ne seront pas gazées, mais repartiront indemnes, j’ai senti ma fille tétanisée, souffle coupé, au moment où elles entrent dans la salle de douche pour « désinfection », au moment où leur peur est palpable. Elle m’a planté ses ongles qu’elle ne rongeait plus dans ma main à moi, et a vécu, je l’ai bien senti, l’horreur que cela avait du être quand ce n’était pas une douche réelle. Elle n’a pas compris pourquoi les Kapo voulaient retenir les enfants qui repartaient, au son du toujours « comment peut-on vouloir la mort de petits enfants ? ».

Et puis à la fin, quand Schindler pleure tout à coup qu’il aurait pu en sauver plus, qu’il avait gaspillé trop d’argent qui représentait des vies, elle a versé toutes les larmes de son corps, parce que c’était trop beau, pour ne pas s’arrêter quand les survivants suivis des acteurs qui les ont représentés dans le film, viennent déposer sur la tombe de leur sauveur, chacun une petite pierre.

Nous sommes rentrées, elle silencieuse et pensive, sans trop de questions que j’avais devancées. A sa soeur qui l’enviait elle a précisé « tu parles comme je me suis amusée » ! Elle s’en souvient encore, et ce n’est pas pour rien qu’elle a une fois de plus levé la main pour répondre « présente », afin de réciter à la fête de l’école « celui qui croyait au ciel et celui qui n’y croyait pas ». Déjà qu’elle avait déposé une gerbe ronde le jour du 11 novembre en sacrifiant une grasse matinée…

Delphine a attendu pour voir ce film. Aujourd’hui encore, je vous parie mon thé du matin pour 8 semaines, qu’au moment où Schindler s’écroule en pleurant, elle sera répandue sur le canapé, en inondant la moquette… Comme j’en fais autant, je ne critique pas…

De temps à autre tout de même, je m’en veux de les avoir traumatisées…

Une journée qui compte… part 2

Au départ c’était sympa, cela roulait bien, et puis j’écoutais de la musique. Dans ma voiture je n’ai pas d’auto radio ou autre, donc je cogite ou je m’ennuie. Je profitais donc de la musique en me disant « pour l’instant ça va ». Oui jusqu’à l’entrée sur le périf nord cela ne pouvait qu’aller, je connaissais par coeur.

A la sortie Porte de Passy les choses se sont gâtées car je n’étais jamais passée par ce coin là. Je reluquais donc mon itinéraire que je m’étais recopié en le schématisant, et je conduisais, un oeil sur la route, un oeil sur l’itinéraire, un pied sur le frein, l’autre sur l’embrayage et le troisième je ne sais trop où d’ailleurs. Mais tout allait bien, d’un troisième oeil je visualisais le nom des rues et j’avais tout bon.

Puis j’ai attaqué les quais la mort dans l’âme, comme c’était écrit toujours sur l’itinéraire, avec en tête que quai Henri IV il me fallait prendre à gauche le boulevard Henri IV puis la rue Lesdiguières (comme dans Angélique, donc je me souvenais), puis la rue des Tournelles dans le prolongement. C’était tout simple et pour un peu je me serais esclaffée.

Il y a eu un loupé quelque part, peut-être au moment où un 4×4 m’a bouché la vue sur la gauche (un 75 bien sûr, qui voyait bien que je cherchais et qui donc m’a klaxonnée en doublant), car tout à coup j’avais deux options : Bercy ou Nancy, Paris Nord, etc. J’ai compris que j’étais mal embarquée et faire demi tour sur les quais vous me direz comment faire tant qu’il n’y a pas de pont ou de feux qui le permettent. Je savais qu’une fois emmanchée dans la direction opposée, il me restait à chercher la direction « Bastille » et qu’au pire, Delphine viendrait m’y chercher. Sauf que piétonne dans Paris, elle ne connait pas les sens interdits.

J’ai suivi la direction Bercy la mort dans l’âme en attendant une occasion de changer de cap. Normalement j’aurais dû arriver rue des Tournelles et Delphine, bien réglée sur l’exactitude de sa mère, a commencé à s’inquiéter et mon téléphone portable a sonné. Hors je ne décroche JAMAIS quand je conduis. Il y avait beaucoup de flics et je n’ai pas imaginé une seule minute que des poids lourds envisageaient une opération escargot et je me suis arrêtée avec les warnings de papa en route, la larme à l’oeil, pour expliquer à un pandore très sympathique que j’étais perdue et que plus jamais, je ne remettrais mes roues à Paris.

Je lui ai fait peine et il m’a montré le feu rouge à 5 mètres, qui me permettait de faire demi tour. Il m’a conseillé de prendre direction Bastille et après enquête n’a pas su me dire où se trouvait le boulevard Henri IV.

Me voici donc ayant fait demi tour, guettant la direction « Bastille » (arrêtez de ricaner, c’est insupportable !), mon portable sonnant à nouveau, musique coupée pour mieux me concentrer. J’ai pris à droite au bon moment et j’ai fait trois fois le tour de la place de la Bastille en cherchant un endroit où me garer pour appeler au secours.

C’est là que deux contractuelles sont apparues, pour moi comme des anges sauveurs : ELLES devaient savoir où était le boulevard Henri IV. Effectivement. J’y étais. Elles ont compris à ma tronche que je ne me fichais pas du tout d’elles, confirmé de continuer tout droit en respectant les feux rouges, et j’ai pu appeler enfin Delphine pour lui dire que j’étais devant la banque Truc du début de la rue des Tournelles.

Sauf que j’étais garée à un endroit stratégique, idéal pour faire un casse. C’est ce que m’a expliqué un flic également sympa finalement qui venait de me demander les papiers afférents à la conduite du véhicule, pendant que son copain avait la main sur une arme à feu, alors que je venais de raccrocher mon téléphone portable. Il paraît que j’étais idéalement placée pour récupérer des complices surgissant de la banque avec plein de sous dans un sac de voyage (mon rêve, le sac de voyage plein de billets…). Pur hasard bien sûr (enfin en ce qui me concerne, et si j’avais un casse à faire je ne le ferais certainement pas à Paris) et je pense que mon histoire de boulevard Henri IV et la suite les a vraiment déridés et que c’est pour cela qu’ils n’ont pas vu, ou fait semblant de ne pas voir que l’attestation d’assurance de papa datait de 2 ans (la bonne est toujours dans son enveloppe, dans le tiroir de gauche du bureau, maman la mettra dans la voiture quand elle y pensera, en 2009).

Enfin, me voici devant le bon numéro de la rue des Tournelles. Gendre n° 2 m’attends, il m’a ouvert le portail, je n’ai qu’à rentrer dans la cour…