Que sont les cadeaux devenus ?

Cadeaux_53329594Cette image idyllique est de la pure intox !

Donc après mon premier mariage (quelle idée aussi de se remarier) je me suis retrouvée ainsi qu’Albert, en possession de la quasi totalité de notre liste de mariage (ouf !) et de :

  • Un nappe et des serviettes brodées par une brodeuse ayant la bloblotte, dans des tons orange, vert, marron et violet, à faire se retourner Leonard de Vinci dans sa tombe (ou un autre peintre célèbre, je ne veux vexer personne)

  • Un service de verre représentant la tronche de Rabelais (on fait mieux), avec gravé : « beuvez toujours ne mourrez jamais » (j’ai dit Rabelais pas François Villon)

  • Un vase marron avec des chiures de pigeons de toutes les couleurs. C’est du « Vallauris » qui coûte très cher, mais pas de bol s’ils font de très belles créations, mon grand oncle a toujours adoré les chiures de pigeons

  • Un service à porto dont les verres et la bouteilles étaient entourés de faux cuir de cordoue d’une mocheté infâme, atroce, même pas bien imité.

  • Une assiette décorative à accrocher, mais d’un moche tel, que j’ai sû tout de suite que c’était le furoncle qui l’avait achetée  (les parents d’Albert ne nous avaient rien offert, ayant contribué à la noce, mais elle avait noté que j’aimais bien accrocher de jolies assiettes)

  • Un vase assez joli, offert par les cousines d’Albert non invitées, dans lequel je pouvais au moins mettre un buisson d’hortensias : immense mais joli

  • 72 mouchoirs offerts par la méchante grand mère, alors qu’Albert et moi étions accros aux kleenex (c’est plus hygiénique)

  • 12 paires de draps alors que sur la liste de mariage figurait en gros une couette… (c’était les débuts de la couette, ça vous en bouche un coin hein ?)

Que sont-ils donc devenus…

  • La nappe et les serviettes brodées avaient été offerts par la femme habillée en Scarlett avec des anglaises. C’était un calvaire pour moi, à chaque fois que nous les invitions son mari et elle, de les retrouver pour les faire trôner sur la table (beurk). Je suis hyper maniaque sur le linge de maison, ça c’était moche, c’était donc toujours dans le panier de linge sale depuis la dernière visite du couple, et non pas avec mes nappes basques ou de chez Souleïad ou venant de ma famille ou toutes simples. J’ai fait bouillir le tout accidentellement en machine le lendemain d’une excellente soirée passée avec eux. Pulchérie avait 2 ans et les avait bien évidemment fait mourir de rire étant en grande forme. Aisé de dire que cette enfant si précoce avait touché au programmateur du lave linge (vu qu’ils l’avaient vue grimper sur le piano)… Hop débarrassée de la nappe et des serviettes avec brio. Personne ne pouvait en vouloir à ce trésor d’avoir escaladé le lave linge et tourné malencontreusement le programmateur sur 90°. J’appris le décès du service de table avec des sanglots dans la voix à cette excellente amie qui avait un goût affreux (pour moi, on a toujours le mauvais goût de quelqu’un d’autre)

  • Le service de verres : il était hors de question que l’on s’en serve. C’était une vague relation qui nous l’avait offert, que nous ne recevions jamais : je l’ai donc refourgué au furoncle à l’occasion de son anniversaire une année où je lui en voulais de quelque chose, qui fut ravie d’avoir une bru aussi sympatique « finalement » : elle avait un goût de chiotte.

  • Le vase à chiures de pigeons avait été rangé à côté du vase des cousines dans le bas du buffet, sous l’étagère des assiettes et autres plats bien lourds. Un soir où nous regardions la TV avec Albert alors que j’attendais Pulchérie il y eut un grand boum dans le buffet et un bruit de « brisé ». Nous nous sommes regardés avec Albert en disant simultanément « pourvu que ce soit le Vallauris ! ». C’était bien lui, le ciel étant parfois clément. Albert a réparé l’étagère branlante et jeté sans larmes les débris de l’objet. Mon grand oncle n’en a jamais rien sû bien évidemment

  • Le service à Porto, j’ai essayé de le refourguer au furoncle, mais même elle n’en voulait pas. J’ai testé les brocantes : mais il aurait fallu que je paye pour qu’on me le prenne, il ne faut pas pousser non plus. J’ai donc finit par le descendre aux poubelles bien en vue. Miracle 4 heures après, descendant la vraie poubelle : le service avait disparu (hé hé, qui donc ?)

  • L’assiette atroce n’était accrochée que quand le furoncle et staline venaient, à savoir pas souvent (je l’échangeais avec une autre, en risquant ma vie sur un escabeau (j’ai le vertige sur un escabeau)). Albert la trouvait parfaitement atroce frémissait d’horreur en la regardant, et préférait mes assiettes à moi (tout de même, je tiens cette mini marotte de Mrs Bibelot). Un jour, de manière perfide, j’ai saboté l’accrocheur de moche assiette. Ce qui fait que quand le furonce a voulu s’en saisir comme de coutume lors d’une de ses visites, pour s’en extasier elle l’a laissé tomber et l’a cassée. Du coup j’ai pu lui faire une mini scène et déplorer sa maladresse (oui je sais je suis une garce, mais contre elle tous les coups étaient permis). Le seul problème c’est qu’elle m’en a racheté une autre, encore plus moche, mais comme c’était juste avant qu’Albert ne me quitte, j’ai pu lui en envoyer les débris par la poste (je suis assez rancuneuse quand je m’y met) avec une lettre lui expliquant (enfin), ce que je pensais d’elle (d’après sa mère elle a mis 1 an à se remettre de cette lettre et à pouvoir en parler, mais avec joie et à la demande de sa mère qui était adorable, les grands parents d’Albert avaient eu un double de l’exquis courrier en son temps…)

  • Albert a refusé de prendre les 72 mouchoirs de sa grand mère en me quittant : c’est super pratique comme chiffon. J’en ai gardé 12 exemplaires pour la postérité, quand Pulchérie montera son musée de l’ancien…

  • 11 paires de draps sont depuis mars 1981 chez Mrs Bibelot qui d’un coup de machine à coudre, va les métamorphoser en housse de couette. Avec la 12ème paire elle avait fait des petits draps pour Pulchérie et après, Delphine…

J’attends des applaudissements…

Enfer et damnation !

T_l_phone_en_panne_ims260_061_copierLe dimanche ce n’est pas mon jour. J’aime bien le dimanche pourtant, mais c’est souvent la journée où il m’arrive une tuile, genre flaque d’eau géante dans la cuisine, invasion d’IVNI, panne de lave linge à changer d’urgence, etc…

Donc ce dimanche, Pulchérie me bippe frénétiquement sur msn sur le coup de 11 H 34 pour me demander pourquoi je n’ai pas répondu à son appel téléphonique. Elle a plein de trucs à me dire… Ca doit être important parce qu’elle m’appelle rarement : on parlotte via msn.

« Tout simplement ma chérie, parce que le téléphone n’a pas sonnéééé. Ca lui arrive parfois de me faire le coup du « je ne sonne pas ». Recommence… » (ma fille est aussi patiente que moi…)
« Qu’est-ce que tu attends pour décrocher ? » bippe msn avec furie avec genre le grand bourdon de notre dame pour que je ne loupe pas la sonnerie…
« J’attends que ça sonne » (ma fille n’a aucune patience, on dirait moi, c’est insupportable). Je regarde comment faire le grand bourdon de notre dame aussi quand que je m’en vais la bipper d’urgence (t’as la recette du cake aux olives ?)

J’empoigne mon téléphone, qui semble aller farpaitement bien sauf que, enfer et damnation, je n’ai pas la tonalité. Ma ligne est probablement perturbée et si Internet ne marchait plus, subitement, je serais totalement coupée du monde. Mon sang se fige dans mes veines, ma glotte se coince, mon tendre duvet se hérisse, mes jambes flageolent (oui docteur !) (je ne vous épargne pas la crampe dans le mollet droit (pourquoi toujours le droit ?)).

Pas grave (pour elle, encore que j’imagine très bien ce qu’elle donnerait en cas de panne de n’importe quoi), Pulchérie me fait part de ce qu’elle avait à me dire vu que msn fonctionne. Avec un instinct très sûr elle ne me sent pas vraiment attentive (et nous correspondons via clavier…). Ce qu’elle a à me dire en plus m’intéresse vraiment, mais je pense à mon téléphone aussi, je ne peux m’empêcher d’y penser. Et voici ce qu’il se passe quand on est une obsessionnelle (pas pour le rangement hélas) :

  • Où est l’antique téléphone que m’a donné Mrs Bibelot il y a peu (un gris à cadran ?) que je puisse tester si c’est le téléphone ou la ligne qui merde ? (tout en lisant Pulchérie)

  • Si je débranche tout pour tout rebrancher et que je n’ai  plus internet non plus après les manips ? (même si le téléphone revient, je n’ose envisager cette éventualité) (tout en lisant Pulchérie)

  • Je réponds à Pulchérie pour qu’elle sente que je suis là…

  • Si je testais le téléphone de ma chambre ?

  • Pas de tonalité non plus celui-là. Je le débranche et je récupère le filtre : il peut toujours servir.

  • Je réponds à Pulchérie qui s’énerve sur msn, elle tape sacrément vite, comment fait-elle en n’ayant jamais pris de cours ? Moi j’ai trimé pour taper comme l’éclair !

  • C’est hallucinant ce que j’ai comme fils dans le secteur téléphone : deux pour le téléphone, deux pour le signal d’appel, un pour internet, et j’en passe, un vrai merdier. A droite du buffet, dans 5 cm d’espace c’est vraiment n’importe quoi et bien des branchements à la Charles Hubert ! Je le hais celui là, qu’est-ce que j’ai bien pu lui trouver ? J’étais folle, je suis folle, pourquoi suis-je née ? et pourquoi me suis-je remariée avec ce crétin ? Pourquoi suis-je encore vivante après toutes mes conneries ?

  • J’enregistre la conversation msn car je vais en oublier la moitié c’est certain.

  • Je réponds à Pulchérie qui m’intime de cesser de penser à mon téléphone (comment le sait-elle ?), je suis aussi obsessionnelle qu’elle, c’est insupportable (elle me précise « t’es folle, on dirait moi »)  (la pauvre a de qui tenir, Albert l’est aussi (insupportable obsessionnel : en fait quand il veut c’est comme quant il ne veut pas, idem, tout le monde y passera, j’ai légué ça à ma fille, je m’en veux).

  • Elle continue à me faire part de son super truc (réellement !), je lui demande si elle peut appeler france télécom pour leur signaler que mon téléphone ne fonctionne plus, mais Internet si, preuve que ma ligne n’est pas HS à 100 %.

  • Elle me répond avec un calme à souligner vu sa nature, qu’un n° en 0800 c’est la peau des fesses et que je n’ai qu’à avoir un portable comme toute personne civilisée. C’est le gentil qui règle le téléphone : elle ne va pas lui infliger le téléphone de la belle doche (on imagine les comptes désopilants en fin de mois…). Elle pourrait tout de même faire un effort, j’agonise limite à 50 km d’elle et elle ne manifeste aucune envie de venir recueillir mes dernières volontés  ou de m’aider !

  • Je ne suis pas civilisée, elle devrait le savoir et que je ne veux point de portable. D’ailleurs je suis à quatre pattes devant mes connexions multiples et son bip msn commence sérieusement à me chauffer le cervelet. J’adore le gentil et je peux tout de même lui rembourser une communication en 0800 !

  • Elle s’en fout : je n’ai qu’à évoluer et m’acheter un portable, et mettre le manteau rose que Delphine m’a offert (ça va reconnecter mon téléphone, je le sens bien et le manteau rose n’a rien à voir dans cette affaire !) : elle m’agace ma fille et les fils multiples encore plus.

  • On se met d’accord sur le super truc avant de se bouffer le nez sur msn comme nous savons si bien le faire (preuve qu’on s’aime), je la quitte pour aller chez la voisine qui n’attend certainement que moi. Pulchérie ricane, je l’entend d’ici, même si elle est à Paris.

  • Le téléphone de la voisine fonctionne : ça vient de chez moi. C’est le bordel chez elle : ça me rassure, je ne suis pas la seule à ne pas vivre dans « maison et loisir » (ce n’est pas le problème du jour mais bon chez elle c’est pire que chez moi, ça me rassure…)

  • Après 8 minutes d’attente, le 1011 (gratuit) me répond et me précise qu’ils ont une perturbation sur ma ligne : ils doivent venir vérifier d’où ça vient (à mes frais, ben voyons)

  • Merde alors, pas que ça à faire que de prendre un RTT pour attendre un crétin qui va forcément me dire que mes boitiers agonisent. Ma voisine se propose. Je me visualise en train de remettre les fils en ordre : ça va être l’horreur.

  • La sadique en ligne me suggère de tout débrancher et de tout rebrancher et oui, je peux perdre internet, la vie n’est qu’un long calvaire.

  • Je m’exécute flageolante. Je teste l’antique téléphone retrouvé après avoir eu une illumination (en fait il était rangé à un endroit normal, donc je ne le retrouvais pas). Toujours rien. La tonalité est absente.

  • Le téléphone de ma voisine est très pratique, il fonctionne de chez moi sans soucis, mais je n’ai que deux mains pour vérifier dans la foulée qu’Internet fonctionne encore et que non, je n’ai toujours pas la tonalité. Ma voisine se sert un scotch en attendant le retour de son téléphone, le chat se barre dans les escaliers.

  • Le téléphone de ma chambre ne donne aucun résultat non plus : c’est beau le modernisme. Rien ne fonctionne : je paye pour rien.

  • France Télécom ne se dérange pas le dimanche, ne sait pas visualiser le pourquoi d’une perturbation sur ma ligne : c’est beau le service public

  • RV pris entre ma voisine et france télécom pour mardi. Elle récupère le chat qui a bien envie de bouffer son petit chien, et se sert un autre scotch sans m’en proposer un au passage (comptez sur les autres)

  • Penser à lui acheter un bouquet de fleurs et de tout bien préciser pour la visite du technicien qui va défaillir devant les fils que je vais ranger au prix d’une heure de travail en me ruinant les genoux

  • Toujours pas la tonalité. Mais Internet fonctionne.

  • J’avise Pulchérie de prévenir au moins la proche famille : je ne suis pas morte, je suis juste injoignable. Je l’entends soupirer via le clavier

  • Je tirlipotte les branchements pour la 104ème fois. A genoux je récupère la tonalité en trifouillant un boitier merdique (déjà tirlipoté pourtant), mais merde, j’ai été déconnectée du service sur Internet (j’ai des yeux dans le dos parfaitement au point : l’écran me confirme)

  • J’en ai marre de tout, je vais aller cultiver de l’escargot Léo en Australie… Ou reprendre l’idée de Mrs Bibelot d’aller cultiver du chou en Finlande (les mères ont toujours de bonnes idées)

  • Je redémarre l’ordinateur qui ne retrouve plus le truc en OO qui me permet de vous inonder d’horribles posts crétins. Il paraît qu’il faut que je le réinstalle. M’en fous, je me barre en Finlande, je mets un panneau « à vendre » sur mon balcon avec mon numéro de téléphone (gniarf gniarf)

  • Je pense qu’un démon s’est emparé de moi, je ne sais pas comment le chasser, et puis finalement c’est très bien comme ça !

  • J’ai toujours la tonalité. C’est juste un petit faux contact apparement. Je retire le post-it « acheter des fleurs pour la voisine » pour un autre « annuler rendez-vous avec France Télécom » (très pratique les post-it, surtout que je ne les lis jamais). Me faut téléphoner à genoux en  pressant le boitier mais pas grave, je peux faire, je ne suis pas sénile non plus. Il faut que je récupère Internet. J’enlève le deuxième filtre qui fait pencher le tout un peu trop. J’ai toujours la tonalité… Apparement tout est bon…

  • Ben non : la connexion n’arrive pas à se refaire…. Une voix suave s’inscrit sur l’écran pendant 30 minutes : « veuillez patienter »  « la connexion n’est pas possible, certains fichiers ont été supprimés de votre ordinateur ». Crétin : je n’ai touché à aucun fichier, j’ai encore toute ma tête  (si !)

  • Dom m’a un jour proposé ses services pour Internet ou mon blog. Je n’ai pas son numéro de téléphone. Cette bienheureuse ne connaît pas son bonheur et vit normalement son dimanche, sans savoir qu’elle l’a échappé belle, car si j’avais eu son téléphone, j’étais capable de l’appeler.

  • Tiens revoilà Wanadoo. 15 secondes. Tout se perd de nos jours, il me faut redémarrer l’ordi qui galère à mort : plus rien ne fonctionne, tout prend trois plombes. 180 minutes, c’est long. Pourtant les petites lumières de mon boitier internet sont bien là. Celle de gauche me semble un peu blafarde comparée à l’autre…. Est-ce normal ? et le 1011 qui ne répond pas…

  • Le téléphone fonctionne : les 4 pièces sont prisés dans mon secteur, je retire le panneau « à vendre » après le 4ème appel, et le chat essaye de se barrer sur le balcon voisin : c’est un chieur de première. J’en ai marre de le récupérer partout, je lui ferme la porte du balcon au museau : il attendra 10 minutes (après je craque)

  • J’allume une bougie en demandant à mon ange gardien de faire quelque chose pour moi et de se débrouiller avec les fils. Le faux contact est toujours là, je scotche les prises ensemble : c’est divin, mais ça marche (et qui ira regarder à droite de mon buffet dans les 5 cm qui servent à ces foutus connexions s’il y a du scotch ?). Plus de faux contact (nouveau post-it : racheter des prises qui fonctionnent sans faire de faux contacts) (ce n’est pas gagné, la technologie moderne c’est de la merde)

  • J’appelle Pulchérie pour lui dire que j’ai récupéré le téléphone. Elle est ra-vie. Mais je la sens occupée et si je lui parle d’internet je pense qu’elle va m’envoyer un tueur à gages…

  • Je redémarre l’ordinateur pour la 5ème fois en priant le ciel pour qu’il n’explose pas.

  • Dieu soit loué, tout redémarre bien. Je ne sais pas pourquoi mais en 15 secondes j’ai tout et je n’ai jamais été aussi heureuse de ma vie de recevoir un spam (en fait 12). J’aime tout le monde.

  • Sauf le premier qui s’approche de mes connexions et qui se prendra un coup de je ne sais quoi sur le crâne (nouveau post-it : acheter une matraque)

  • J’ai vécu les 16 heures les plus longues de ma vie entre 11 H 34 et 15 H 56, heure à laquelle j’ai terminé ce post.

  • J’ai décroché mon téléphone 42 fois entre la fin du post (edit donc) et le moment où j’ai été me coucher : la tonalité était toujours là.

Vous faites comment vous, pour supporter ces abominations ? La vie n’est qu’un long calvaire….

Les joyeuses chansons de notre enfance

Chansons_d_enfance_10150583J’ai tilté sur une remarque de ma soeur au cours de l’anniversaire de Delphine (ma rapidité de réaction est légendaire ET le restera). Sa fille la petite fée, était en train d’apprendre une chanson dont ma soeur se souvenait soudain, et qui est horriblement triste (horrorrifiante à tout dire, (faut suivre) dixit Delphine qui l’avait chanté à sa soeur qui avait trouvé le qualificatif exact).

Vous devez la connaître : « mon amant me délaisse, O gaie, vive la rose… je ne sais pas pourquoi, vive la rose et le lilas… »

C’est vrai que ce n’est pas drôle du tout, je vais vous en faire quelques unes qui ont bercé mon enfance (et celles de pleins d’autres malheureux), à apprendre à vos chérubins dont vous retrouverez musique et parole sur le net (les chansons, je pense que les chérubins vous les avez sous la main). C’est de la vieille chanson française, ils apprendront un peu d’histoire (peut-être) et sauront pourquoi ils sont fondalement dépressifs plus tard, pas la peine de rechercher un autre trauma existentiel.

  • « Mon amant me délaisse O gaie, vive la rose… Il va en voir une autre… Bien plus belle que moi… On dit qu’elle est malade… Peut-être elle en mourra (et gnagnagna, vive la rose et le lilas) ». Bilan des équations : quand la rivale sera morte et enterrée (un lundi), l’amant confus et repentant reviendra pour se faire claquer la porte au nez (le mardi). On démarre bien, mais on peut encore rigoler un coup en imaginant qu’elle lui coincera le nez dans la porte.

  • « Auprès de ma blonde, qu’il fait bon, fait bon, fait bon… Auprès de ma blonde, qu’il fait bon dormir« . Ca c’est la chanson par excellence (oui je sais encore des blondes) que tous les malheureux soldats français ont chantée sur les routes de France ou de Navarre, même en 40 (ça rythme bien la marche). Ca tombe bien, il s’agit d’un guerrier prisonnier qui n’est pas sur le point de revenir vu qu’il faudra qu’elle donne « Versailles, Paris et St Denis, les tours de Notre Dame, le clocher de mon pays » (enfin c’est ce qu’elle est prête à donner mais comme cela n’est pas de son ressort, il est mal barré dans sa Hollande (« les Hollandais l’ont pris » et je ne me souvenais pas des hollandais comme ennemis héréditaires : j’avais les anglais et les autrichiens + les allemands, ça me suffisait largement !)

  • « Sur le pont du nord un bal y est donné… Marianne demande à sa mère d’y aller… Non non ma fille tu n’iras pas danser… Monte dans sa chambre et se met à pleurer… ». En bref la gamine veut aller au bal, ses parents ne veulent pas, elle y va quand même sur les conseils avisés de son frère avec « sa robe blanche et sa ceinture dorée », le pont s’écroule, elle ne noie : bien fait pour elle, elle n’avait qu’à écouter sa mère (hé hé : ça c’est de la chanson éducative ou ne je m’y connais pas).

  • « Ecoutez cette histoire, que l’on m’a racontée, du fond de ma mémoire je vais vous la chanter, elle se passe en Provence au milieu des moutons, dans le sud de la France au pays des SAN-TONS » (hommage à la cousiiiine qui avait eu la chance extrème d’apprendre cette chanson triste à mort et devait la chanter à Noël). En bref c’est l’histoire d’un âne qui se crève toute sa vie « marchant toujours en tête aux premières lueurs pour tirer sa charette il mettait tout son coeur » dans une ferme qui marche bien « les étables étaient pleines de brebis et d’agneaux », et qui termine en saucisson d’Arles quand le fermier fait faillite à cause de l’autoroute qui va passer sur ses terres (non en fait il crève tout seul « pauvre bête de somme« , dans son étable, sans remontant et sans tanxène après avoir aidé jusqu’au bout de ses forces le cantonnier après la faillite de la ferme) : c’est super pour fêter Noël : on applaudit.

  • « Perrine était servante (bis) chez Monsieur le Curé digue-donda-dondaine« . Elle me terrorisait celle là, de chanson, quand j’étais petite. Voici un amoureux transit qui vient visiter sa belle, servante chez Monsieur le Curé. « Vl’a M’sieur le curé qu’arrive, où je va-t-y ben te cacher ? ». Dans la huche. « Il y resta 6 semaines, les rats l’avaient bouffé » (pourquoi diable l’avait-elle oublié ainsi ce malheureux, le curé s’était-il assis sur la huche pendant 6 semaines ?). « On fit creuser son crâne pour faire un bénitier dgue-donda-dondaine, on fit monter ses jambes pour faire un chandelier et gnagnagna et gnagnagna » : ça me remontait le moral pour 3 semaines et je loupais ma compo de calcul (on ne disait pas « maths ». Je sais c’est nul mais je la loupais quant même).

  • « Mon petit oiseau a pris sa volée » : le piaf n’a pas pris une trempe. Il se crashe sur un oranger, il s’est cassé l’aile et tordu le pied (on le sent bien parti, se casser l’aile pour un oiseau ce n’est pas le top). Il veut bien se soigner mais il veut surtout se marier sur un oranger donc on comprend qu’il va crever (et du coca vous reprendrez ?)

  • « Marlbrought s’en va en guerre mironton mironton mirontaine… ne sait quand reviendra… » Madame aura beau monter dans sa tour pour guetter le chemin qui poudroie (non là c’est Barbe Bleue), son jules ne reviendra pas, tué par des infidèles ou je ne sais qui. C’est pareil, c’est à se pendre.

  • « Mon père m’a donné un mari, mon dieu quel homme quel petit homme ! ». Bon celle-là je l’adorais assez aussi. En bref un paternel indigne donne comme mari à sa fille un tout petit homme que le chat prend pour une souris (c’est dire…) Elle est pas belle la vie ? (bon d’un autre côté elle était débarrassée du mari. Je ne sais plus si c’est le chat qui l’a eu ou s’il a crâmé (rescapé du chat)  dans l’incendie de la literie vue que cette sotte s’éclairait à la bougie et en foutait partout un vrai cauchemar)

  • « C’est la mère Michel qui a perdu son chat » : elle a pas de fric, le père Lustucru ne le lui rendra pas. ET Gnagnagna ! (peut-être qu’il le bouffera ??? et gnagnagna !)

  • « Il était un petit navireu, il était un petit navireu« …. Je vous la gardais pour la fin. Sur Gogole elle a été édulcorée, mais à l’origine, quand que j’étais petite c’était « on tira à la courte paille pour savoir qui qui qui serait mangé…, le sort tomba sur le plus jeune et ce fut lui lui lui qui fut mangé ». Ca s’arrêtait sur cette triste fin,  donnait envie de naviguer à fond (le Titanic à côté, c’est de la petite bière). Et il fallait chanter cela en classe le samedi après midi, en étant heureux de vivre !

La vie n’est qu’un long calvaire. (vous z’avez tout le WE pour m’en trouver des joyeuses, j’en ai plein de tristes pour faire un deuxième post super déprimant à mort nananéreu…)

Ben oui, on apprend ça à nos gosses pour en faire des joyeux plus tard…

Je me suis donc mariée… (fin du tome 1)

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Donc le bilan réel de la journée (où sont mes 23 ans ? qui me les rend ?)  :

  • Le chignon était très réussi et un grand bravo à tatie, mais je ne remercie pas les photographes qui m’ont mitraillée au vin d’honneur : sur toutes les photos on dirait que je gobe une mouche : honte à eux (et à moi de répondre aux questions : la mariée taisez-vous il y aura toujours la photo prise au moment ou vous dites « quoiiiiii ? »)

  • Le chapeau d’Albert était trop petit, il fut donc prié de le tenir dans la main pendant toute la séance photos et de mieux choisir son chapeau la prochaine fois !

  • La séance photos devant la petite fontaine rétro et la jolie mairie, ça lasse au bout d’une heure et 60 minutes début mars en petite robe 1900

  • La femme du meilleur ami d’Albert s’était déguisée en Scarlett dans « Autant en emporte le vent » avec une robe faite dans des rideaux + des anglaises à l’ancienne et avait voulu poser 42 fois à côté de moi (sinon c’était une femme charmante sauf au téléphone où elle pouvait tenir 3 heures en racontant la vie de gens qu’on ne connaissait pas). Adobe Photoshop n’existait pas : il n’y avait que le découpage fébrile de la photo pour éliminer les rideaux.

  • La méchante belle soeur avait cru bon de « terminer » sa robe de mariée pour le soir et de se mettre en crème elle aussi ce qui est d’une impolitesse suprême, mais c’était bien d’elle. En plus elle rigolait comme un trombonne à coulisse et comme le plan de table avait été fait au dernier moment, elle était quasi en face de moi ce qui m’a un peu perturbé le repas et la digestion du vacherin (je pense que je vais faire un post sur elle, ça me soulagera et les filles aussi).

  • Le furoncle avait super bien choisi sa toilette : une jupe genre écaille de serpent avec le haut allant avec, les chaussures idem + le sac : elle ressemblait à une sardine géante (ou un maquereau je ne veux insulter aucun poisson, vous avez le choix) (rajoutez la tronche de cake et vous serez définitivement séduits)

  • Le mari du furoncle avait fait reluire ses moustaches : il ressemblait encore plus à Staline qu’il idôlatrait d’ailleurs, qu’à l’ordinaire (comment ça vous ne saviez pas qu’il ressemblait à Staline ?) (mon rêve : le raser pendant son sommeil…). Il a pris le chou de ma seule grand mère croyante une partie de la soirée et si elle en avait eu un, cette sainte femme l’eut saigné à blanc avec un chandelier volé dans l’église (si nous y étions allés), en lui éclatant le cervelet discrètement derrière le bar du restaurant…

  • Mon grand père paternel m’a manqué terriblement et j’aurais bien consolé ma grand mère en lui refilant un chandelier pour trucider Staline, mais je n’en avais pas…

  • Le garagiste de mon père était un con et son ami fleuriste un escroc : deux brouilles, deux chasseurs de moins dans l’équipe de mon grand père (le drame absolu : comment tuer un sanglier innocent à 12 seulement ?).

  • La méchante grand mère d’Albert avait complexé tout le monde en faisant à 40 personnes son compliment favori « tu n’as pas un peu grossi toi ? Si si, je trouve, tu as biennnnn grossi… ». Et même à des gens qu’elle ne connaissait pas alors qu’on ne pouvait pas dire qu’elle représentait la ligne haricot…

  • Je venais de signer à la mairie devant témoins et tout, avec un homme qui voyait des soucoupes volantes après 32 coupes de champagne et je ne pouvais pas aller dé-signer le lendemain, contrairement à une légende stupide. Un éléphant rose je voulais bien, mais une soucoupe volante vous avouerez…  (on imagine la soucoupe volante se posant et l’éléphant rose qui en sort)

  • Je m’étais inscrite dans la catégorie « voleuse » en dérobant une jarretière bleue dans un magasin (une chose bleue, une chose empruntée, j’ai craqué, j’ai honte, mais j’avoue enfin (j’ai lavé la chose et je suis allée la remettre à sa place sous l’oeil torve d’un vigile vachement utile (il n’avait jamais vu quelqu’un déposer quelque chose dans le vrac au lieu de le piquer) (on a dit « emprunté »…)

Mais le top du top :

La méchante belle soeur était tout juste enceinte du cousin germain de Pulchérie qui ont un mois et une semaine d’écart (10 novembre – 18 décembre).

Elle avait gardé pour elle cette excellente nouvelle pour ne pas nous gacher notre mariage (?), mais son mari avec un coup dans le pif, vers le milieu du vin d’honneur donc, sur le coup de 19 heures, avant de faire croire à la femme du patron qu’il était pilote de ligne, commença à distiller la nouvelle avec précautions oratoires de rigueur, à savoir raconter à tout le monde que Coraline était enceinte, que cela s’était passé tel jour, à telle heure et dans telle position (eh oui, nous portions le même prénom la méchante belle soeur et moi, je suis donc contre les définitions de la personnalité via le prénom !).

Tout le monde profita de la nouvelle (confirmée le lendemain du mariage), surtout les amis de la famille, du village de mes parents et de mes grands parents, invités au vin d’honneur, qui commencèrent à regarder Albert avec consternation vers 19 H 30 : ce crétin qui épousait une femme enceinte de son beau frère (ils ignoraient bien sûr la similitude des prénoms mais avaient bien repéré qui m’avait mise enceinte). Quant à moi j’étais à jamais perdue de réputation… (et je le suis toujours, une réputation perdue ne se repêche nulle part, mais cela m’a plutôt fait rire)

Nous eûmes la surprise quand mon grand père, tout heureux d’apprendre que j’attendais Pulchérie (un des premiers avertis), eut comme réponse des amis du village à qui il claironnait qu’il allait être arrière grand père pour la première fois : « oh, on le savait depuis longtemps ! »… Surprise de mon grand père bien sûr… Questions de tout le monde, la nouvelle étant vraiment fraîche… REPONSE ! après moultes interrogations…

Voilà le bilan de ce mariage : pour tout un village ma grossesse fut vachement, vachement longue… (11 mois, et le premier qui me parle des éléphants aura droit à une claque virtuelle…)

Je me suis mariée… Part 2

Je_me_suis_mari_e_56801229L’avant veille du mariage (un jeudi soir donc), Albert et moi nous sommes couchés le plus tôt possible, cannés. J’avais des courbatures partout et pour la démarche de la mariée descendant les marches de la mairie je craignais le pire, d’autant que je n’avais pas « fait » mes chaussures.

Pour l’absence d’église il nous avait fallu être très fermes, les plus intolérants sur ce coup là étant les non pratiquants des deux familles, comme quoi il y a toujours des surprises

Le maire avait délégué ses pouvoirs à un de ses adjoints ami de papa qui était ravi de me marier m’ayant connue haute comme ça. Tout était prêt.

Sauf le bouquet de la mariée non commandé par Albert comme le découvrit Mrs Bibelot avec horreur le vendredi en fin d’après midi. Réquisition d’un ami fleuriste à Jean Poirotte qui se fit une joie de le préparer pour un tarif prohibitif (entre amis hein…). Mrs Bibelot refusa d’avancer le prix du nénuphar supérieur à celui du safran à Albert : ça porte malheur (et les perles donc, elle ne savait pas plus que moi). L’ouragan pointait : le mariage avait lieu le lendemain (détestant me lever de bonne heure, j’avais choisi 16 heures pour la Mairie et j’avais bien raison ! Le mariage, les photos, et hop ! tout le monde au vin d’honneur et au reste).

Albert partit régler le bouquet de la mariée en fin de soirée le vendredi en maudissant sa future belle mère (chacun son tour), alors que je lui avais demandé de faire des neuvaines pour qu’il ne pleuve pas le lendemain. Et c’est là que nous avons réalisé que nous n’avions pas préparé la table ! Qui, où, comment, avec qui ?.

Dessin solennel de la table en fer à cheval, fiches des invités à caser avec une vague inquiétude planant : où placer le furoncle (la mère d’Albert pour ceux qui n’ont pas tout suivi). Impossible de mettre la mère du marié sur un bout de table à la sortie des cuisines. Après discussion : on ne pouvait la mettre nulle part, sauf, en refaisant toute la table côté est et ouest, les mariés trônant plein nord avec leurs amis (nous avions punaisé nos papiers sur la table de Mrs Bibelot).

Finalement un arrangement fut trouvé, sans qu’Albert ne comprenne. La femme du remplaçant du maire était aussi bête et méchante que le furoncle, on décida de mettre les parents du marié en face de l’autre couple. Quelques couples à déplacer Est/Ouest pour éviter que l’ex soixante huitard ne s’entretue avec le stalinien zélé et à 23 H tout était bâché…

Nous avions déposé une liste de mariage aux galeries farfouillettes et recevions régulièrement des avis de cadeaux dûment choisis par nous. Certaines personnes manquaient à l’appel et nous avions peur avec raison, ces personnes là étant connues de tous pour leur goût délicieux… Le samedi matin la famille d’Albert débarqua et sa gentille grand mère (il en avait une méchante), m’intima l’ordre de me rendre chez mes parents, une mariée ne devant pas se préparer sous le même toit que le marié qui avait juste à se raser, enfiler son costume, après avoir regardé le match de rugby un jour où la France a gagné…

J’avais tout embarqué chez mes parents où ma tante vint me rejoindre pour la coiffure. Pour constater que j’ai vraiment le cheveux fin et raide (pour la répétition j’avais mis des bigoudis et elle avait trouvé un peu de texture, là elle dû sortir son fer à friser et frôler la dépression devant la capacité de mes cheveux à ne prendre que le faux pli, mais elle eut raison de tout). Coiffure aboutie, maquillage, habillage, bien entendu j’étais en retard. Je ne vous raconte même pas l’animation qui régnait dans le 5 pièces de mes parents avec plein de femmes en slips et les caquetages qui allaient avec (mon père et les hommes intelligents s’étant réfugiés chez moi devant le match avec le futur marié et ses beaux-frères).

Prête en retard comme il se doit, papa m’emmena après le départ de tout le monde, heureux comme tout, sauf que le garagiste lui avait réparé une aile froissée la semaine précédente en temps et en heure (pour le vendredi donc), en la repeignant de la mauvaise couleur. Je partis donc en voiture bicolore rejoindre tout le monde.

Ce qui est curieux c’est cette impression d’être absent de ce que l’on vit. Dire bonjour à tout le monde, embrasser tout le monde en évitant le rouge à lèvre de tante Hortense sur mes joues divines, entrée dans la mairie au bras de papa sans voir le bordel dans le cortège derrière, à découvrir sur le film la semaine suivante : c’est quoi ce travail, personne ne sait marcher au pas ?

A la question bête et rituelle répondre « oui » sobrement (et non pas comme une amie à moi « je ne suis pas venue ici pour dire non ! », le maire lui reposa la question…) Moi d’une petite voix, Albert avec détermination. Signatures. C’est fait nous sommes mariés et l’ami de papa fait son petit discours, vu qu’il m’a connue toute bébé, qu’il manque du monde qu’il salue au passage. Sachant que nous voulons un enfant pour très bientôt, nous signale que « ça commence par un tube digestif embouché d’un klaxon » et que dans 24 ans nous serons en train de pleurer parce que l’enfant chéri se marie…

Le vin d’honneur était très bien. C’est au cours de ce dernier que certains me firent la surprise du cadeau. Un vase marron avec des chiures de pigeon jaune/bleu/rouge (ayant coûté très cher en plus), un service de verres à vin avec écrit dessus « beuvez toujours ne mourrez jamais », une nappe et les serviettes assorties brodés main, un service à porto que je n’ai jamais pu refourguer à personne même à 1 € dans une brocante, le tout à frémir d’horreur mais quand on est la mariée on fait au moins aussi bien que Lady Di… (seule meilleure amie avait des serviettes de toilettes super qui résistent toujours !)

Le repas fut très bien également, la table était super bien organisée et l’aile Est a vécu un grand moment lors de la rencontre du Furoncle et de la femme du remplaçant du maire (l’un d’eux déplora de ne pas avoir eu de magnéto pour enregistrer l’intégrale de leurs conneries). Le repas était excellent, nous avons bien bu, bien mangé et bien dansé (le seul couac fut la trombine des vacherins excellents mais pas du tout bien disposés).

Un de mes beau frères a réussi à faire croire à la femme du patron (ancienne hôtesse de l’air) qu’il était pilote de ligne, il engueulait sa femme parce quand son mari a bu une femme doit faire la tronche, et tante Hortense fit une valse avec un ami d’Albert qui l’avait sympathiquement invitée : elle était ravie.

Le furoncle tirait une tronche de cake après le repas pendant que tout le monde dansait et qu’il commençait à y avoir du laissé aller dans les tenues (j’ai un film, j’ai des preuves) : j’étais sa bru sa vie était foutue.

J’avais très peu bu et j’ai ramené Albert à l’hôtel où nous avions décidé de nous réfugier pour laisser notre appartement aux autres. Albert n’était pas franchement en état de conduire voyant les arbres tomber sur la route les uns après les autres + une soucoupe volante (c’est hallucinant le nombre de soucoupes volantes qu’il a pu voir certains soirs…). Pour arriver à la chambre il y avait un escalier à monter et j’ai renoncé à ce qu’il ne me prenne dans ses bras pour me faire franchir le seuil de la porte en nous tuant tous les deux.

Le lendemain mes parents avaient prévu un buffet froid. Dans mon souvenir, j’étais juste un peu fatiguée et tout le monde était en forme (RV chez mes parents prudents à 14 H pour les gens n’étant pas rentrés chez eux). Le dimanche s’est terminé tard. Pas autant que le mariage où le restaurateur nous avait viré à 4 heures avec diplomatie, mais tout de même, heureusement que nous avions trois jours pour nous en remettre.

Ce n’était pas le tout : nous étions mariés et nous avions un enfant à mettre en route ce qui représente une tâche écrasante à assumer (ne comptez pas sur moi pour vous donner des détails crapuleux). Le voyage de noce eut lieu plus tard, alors que j’étais enceinte de Pulchérie et la voiture pas du tout conforme à la photo…

Mais cela c’est une autre histoire que ce voyage de noce…

Je me suis mariée… Part 1

Je_me_suis_mari_e_1_871303_001Je me suis mariée. La première fois avec Albert qui m’avait demandé ma main (ce qui signifie que je me suis mariée une deuxième fois : vous avez gagné le droit de dévorer un pot de nutella et je vous le redis : quelle idée de se REmarier)

Quand nous nous sommes rencontrés, nous étions l’un et l’autre contre le mariage. Assez curieusement les hommes ne semblent apprécier que moyennement qu’une femme soit contre le mariage. Pour eux, on veut forcément les emmener à la mairie et ils développent tout un tas d’arguments contre, qu’ils se gardent pour eux avec dépit quand on leur précise « moi aussi je ne tiens pas à me marier ».

Pour eux forcément c’est louche (elle veut pouvoir me tromper à qui mieux mieux), vu qu’on rêve depuis que l’on est toute petite de se déguiser en meringue, mettre un voile sur la tête, et prendre l’air innocent et rougissant devant monsieur le maire et monsieur le curé alors que l’on concubine depuis déjà 2 ans… (pour certaines ce n’est pas faux, le fantasme de la tenue de « mariée » reste très fortement incrusté).

Donc Albert me demanda ma main, (après une crise au cours de laquelle j’avais failli rentrer chez ma mère), au grand désarroi de sa famille qui me détestait (et à ma grande surprise, je ne m’y attendais pas, à ce qu’il me demande ma main). J’ai dit « oui » justement parce qu’ils me détestaient (pas tous, mais bon ses parents, une de ses soeurs et donc son mari) et que d’un côté il leur prouvait qu’ils n’avaient qu’à la boucler. De plus nous avions en tête d’avoir un enfant et à l’époque cela me chagrinait que ma fille puisse porter un autre nom que moi (maintenant le problème est théoriquement résolu, mais les pères pas du tout d’accords pour que l’enfant prenne le nom de sa mère) (et oui, je voulais une fille) (et oui le problème est résolu, vu le divorce mes filles ne portent pas le même nom que moi !!!).

Préparer un mariage relève du parcours du combattant. Il faut déjà définir une date. Apprenant nos intentions matrimoniales, sa soeur (la pas gentille du tout d’Albert), décida de se remarier en novembre 1980, nous coupant l’herbe sous le pied. Nous n’allions pas faire cela en décembre juste avant les fêtes, ni juste après, février ce n’était pas possible fait trop froid, et nous avons donc arrêté le second samedi de mars.

La date arrêtée : prévoir les faire parts en n’oubliant personne. Constater qu’inviter tout le monde est impossible vu le budget. Dans mon cas papa payait pour toute la famille (donc pour moi pas de problèmes), mais les parents d’Albert l’avaient restreint. Obligation de faire des coupes sombres dans la famille d’Albert, et d’éliminer ses cousines et leurs maris (de ma faute bien entendu, c’est ce qu’on leur a fait croire) plus tout un tas de gens qu’il ne voyait jamais. L’incident diplomatique se profila immédiatement vu qu’une taupe (je me demande bien qui cela pouvait être), informa les cousines et les autres que si leur cousin (ou autre) ne pouvait pas les inviter, il invitait tout de même ses meilleurs amis et que c’était dû à ma néfaste influence.

Les faire parts envoyés, restaient : à trouver une salle ou un restaurant, un traiteur, une toilette pour la mariée, organiser l’hébergement de la famille de province (quelle idée aussi d’habiter en province). Avec Albert nous avions en plus eu la bonne idée de programmer un déménagement le week end précédant le mariage…

Pour la toilette, Mrs Morgan qui me rêvait en meringue, se proposa à me la payer avec THE budget. Menace de rupture avec Albert qui voulait bien que je sois en blanc, mais pas dans une robe de mariée (le salaud !). Fleur bleue, bavant devant les meringues, j’allais choisir avec lui (les filles ne faites jamais ça, c’est votre jour) à reculons une robe plutôt jolie mais qui ne faisait pas du tout robe de mariée (en fait c’était tunique grecque), avec Albert donnant son avis et aux vendeuses qui sentaient que l’heure était grave l’envie de le trucider.

Trop tard la robe était achetée sur ses instances. Me restait du budget de quoi craquer seule dans une boutique rue de Rennes pour une robe crème 1900 très mignonne en louchant sur les mêmes un peu plus sophistiquées en soie ou taffetas, de vraies merveilles, en me maudissant d’avoir demandé son avis à Albert… Achat de la seconde robe donc, et je déclarais au futur mari qui n’avait qu’un mot à dire pour cesser de l’être (le futur) que l’autre me servirait de robe de lendemain de noce car je venais de relire « autant en emporte le vent ». Pour se venger, Albert loua un costume 1900 dans lequel il était très bien, à condition qu’il évite de mettre le chapeau (trop petit). D’un autre côté pour aller avec le costume son grand père maternel lui céda la montre à gousset en or de la famille et Albert regretta la robe de mariée 1900 en soie ou taffetas qui lui aurait permis d’avoir la chaîne en or avec, et la rupture pointa son nez une fois de plus…

Papa avait de l’argent devant lui, il m’offrit en plus une veste en mouton rasé (j’ai dis mars) ainsi qu’un renard à Mrs Bibelot (hou la vilaine, mais à l’époque ça se faisait). J’ignorais l’adage « qui perle en mariage portera tout à loisir pleurera » et acceptais les boucles d’oreilles en perles que m’offrit ma mère pour le grand jour (je peux affirmer que l’adage est totalement 200 % exact, voir outre moi : Marie Antoinette et l’impératrice Eugénie, et certainement la reine Margot et d’autres, mais je n’ai pas pu vérifier).

Il fallait régler le problème des parents de Mrs Bibelot divorcés, mon grand père refusant de rencontrer Mrs Morgan sous quelque prétexte que ce soit… Un compromis fut trouvé : il serait mon témoin et assisterait au vin d’honneur, elle nous rejoindrait pour le dîner et la soirée. Ceci après 122 coups de téléphone et une menace de ma mère de démissionner et de partir cultiver du chou en Finlande (pourquoi du chou et en Finlande ? le mystère reste à ce jour entier).

Mes parents, Albert et moi avons fait tous les restaurants du secteur dès le 1er décembre 1980 et essayé des traiteurs multiples, pour découvrir la perle rare (un restaurant) au bord de l’indigestion et le porte feuille sacrément dégonflé contrairement à notre foie. Le restaurant fut retenu pour le vin d’honneur et le dîner + la soirée, vu qu’il avait l’autorisation de 4 heures du mat par les autorités (clause importante après digestion).

Restait à se battre pour se mettre d’accord sur le menu, avec une mariée qui n’aime toujours pas la viande rouge (moi, oui, je sais, je suis une chieuse). Les tractations furent affreuses : il y eu viande et poisson en plus de l’entrée. Albert et moi détestions la pièce montée et pour une fois d’accords, imposâmes des vacherins dont le restaurateur, apparement habitué aux engueulades concernant le menu certifia mensongèrement qu’ils seraient disposés en pièce montée.

Restait à loger tout le monde. Chez nous de préférence, ce qui fit que le déménagement eut lieu sur les chapeaux de roues car nous ne pouvions pas faire dormir la famille d’Albert dans des cartons (déjà que j’avais tous les défauts).

Il fallait que je sois coiffée ce jour là. Test fait chez un coiffeur qui me loupa comme pas possible, et eut l’audace de me présenter la note après m’avoir transformée en coker trempé. Je rentrais en larmes à la maison en voulant tout annuler. Tatie coiffeuse se proposa gentiment et la répétition coiffure eut lieu le WE précédant le déménagement. Le chignon 1900 était au point, le restaurant retenu, les cartons étaient tous déballés le mercredi précédant le mariage.

Tout était OK, prêt pour le grand jour… (Part 2) les deux futurs mariés étant sur les rotules…

La pire gaffe de ma vie !

La_pire_gaffe_de_ma_vie_53272141Il n’y a pas que les filles qui en ont fait de belles. Petite j’étais plutôt sage paraît-il et mes parents n’ont aucun vrai gag à me raconter (zut alors). Pourtant je les questionne dur pour mon blog et j’ai les moyens de les faire parler. Mais non, j’étais sage…

Je me suis rattrapée adulte, et là je m’en vais vous raconter la pire gaffe de ma vie, j’en rougis encore.

Je plante le décor.

Albert avait des grands parents (les arrières grands parents des filles) qui avaient des amis très chers. Les enfants s’étaient bien entendus, les petits enfants aussi. (Vous suivez c’est sympa).

Donc un beau jour, Albert décide d’aller rendre visite à tous ces amis sympas en Normandie (on aimait bien la Normandie) avec moi et Pulchérie qui avait 2 ans (je suis certaine : elle parlait normalement et je n’étais pas enceinte de Delphine c’est un créneau que je ne peux pas louper).

Pulchérie venait de découvrir le pouvoir des « petits sous » qui permettent de s’acheter des bonbons et elle détectait le bruit de la pièce de 5 centimes de F tombant par terre à 10 mètres voire même 20, et se précipitait pour la ramasser.

La petite fille des amis des grands parents d’Albert (la génération d’Albert donc) (vous suivez toujours c’est très sympa) avait une petite fille sourde de l’âge de Pulchérie, fraîchement appareillée, les parents s’étant rendu compte de sa surdité alors qu’elle avait 24 mois. Je n’ai jamais compris ce coup là vu que généralement on vérifie dès le début que BB sursaute au moindre bruit et suit une bougie des yeux (oui ne pas oublier la bougie dans la valise pour la maternité)… Je ne veux juger personne.

La petite entendait DONC depuis très peu, ce qui lui plaisait moyen (ce raffut qui la perturbait tout à coup, elle ne supportait pas, sans se rendre compte qu’elle avait la chance de pouvoir être traitée  !), la mère était en cloque du deuxième qui serait découvert sourd à 26 mois  LUI (on félicite les pédiatres au passage).

Donc rencontre de la petite fille des amis des grands parents d’Albert (vous suivez toujours vous êtes vraiment mignons tout plein, mais vous savez que…), ainsi que de sa soeurs maman deux fois. Très sympas, encore qu’atteintes de maternitude aigüe… Je déteste. Nous avons passé un samedi infernal avec le repas des petits (dont Pulchérie), finir le repas des petits, la promenade des petits, faire jouer les petits (Albert transformé en marchand de pommes de terre), faire dormir les petits, re-repas des petits… Calquer sa journée sur la soupe au potiron du chiard et les pâtes de 19 heures en monopolisant tout le monde, je trouve cela moyen (c’est mon problème).

Nous dormions FORT HEUREUSEMENT chez les grands parents amis des grands parents d’Albert, qui étaient charmants comme tout et ne risquaient pas de nous réveiller à 7 heures pour s’occuper « des enfants ». Ca tombait bien : Pulchérie pouvait pioncer jusqu’à 11 heures…

Donc déjeuner le dimanche midi chez ces gens charmants avant de repartir chez nous en échappant à la maternitude aigüe : Albert en avait sa claque et me trouvait tout plein de qualités subitement (je m’occupais bien sûr beaucoup de ma fille, mais je ne me sentais pas atteinte à ce point là…)

Discussion bien sûr sur les problèmes de surdité de la pauvre petite mère. On compatit, tout en se demandant in petto une fois de plus comment on peut faire pour ignorer que son enfant est sourd pendant 24 mois. On ne dit rien : le chagrin des arrières grands parents est légitime.

Et le chagrin est là. L’arrière grand père sort un mouchoir de sa poche pour se moucher parce qu’il pleure. IL FAIT TOMBER UNE PIECETTE sur le carrelage.

Et là du fond du couloir, petite voix de Pulchérie qui joue sagement dans la chambre d’amis avec ses poneys : « qui est-ce qui fait tomber un petit sous que je vais ramasser ? ».

Le vieux monsieur stupéfait oublie de se moucher : « Elle a entendu ? »

ET MOI DE REPONDRE :

« Ah bah ça, elle n’est pas SOURDE HEIN ! ».

Je me mords la joue, je deviens toute rouge, Albert me ruine le tibia  sur ce coup là… Le couple disparaît dans la cuisine pour le dessert, Albert m’en rajoute une couche « pourquoi tu as dis ça ???? »

Ben parce que chez moi on n’arrête pas de dire « Il n’est pas sourd » ou « elle n’est pas sourde », pour dire qu’il ou elle a l’oreille fine.

Ca m’a échappé.

Rien à rajouter, excuses ou pas, bredouiller n’importe quoi ce serait s’enfoncer encore plus. J’en rougis encore. Et vous, c’était quoi votre pire gaffe ?

La vie n’est qu’un long calvaire…

Le 11 novembre

11_novembreCette année le 11 novembre tombe un samedi, c’est scandaleux, et que fait la terre à tourner n’importe comment autour du soleil pour que cela tombe un samedi ? (Si ça change tous les ans c’est à cause de la rotation de la terre, et c’est aussi à cause de ça que votre anniversaire ne tombe pas le même jour de la semaine tous les ans…)

Un jour férié qui tombe un samedi, c’est l’horreur, sauf pour ceux qui travaillent le samedi. L’année prochaine cela sera un dimanche et tout le monde sera d’accord (sauf les gens du spectacle) : la terre fait n’importe quoi en tournant.

Un jour férié c’est un jour férié, c’est sacré, on ne travaille pas et c’est vachement mieux de ne pas travailler un jour où l’on travaille d’ordinaire (enfin c’est mon point de vue). Je n’ai pas d’états d’âmes particuliers lors des jours fériés (je reviendrais sur certains d’ailleurs), sauf pour 2 : le 11 novembre et le 8 mai.

Parce que ces jours là, si vous restez chez vous à vous la couler douce et à faire la grasse mat
mes lecteurs adorés (et moi avec),
c’est
parce que des millions de gens sont morts
et que l’on a décidé de se souvenir d’eux
.

Vous avez compris ? Je ne vais pas être une sorcière rigolote sur ce coup là.

Le 11 novembre est la date anniversaire de l’armistice de 1918 qui nous préparait la guerre mondiale qui allait suivre, comme si une ne suffisait pas (Hittller s’est assez servi de l’humiliation de l’Allemagne en 18 pour réclamer des guerriers, je sais, j’ai fait une faute volontaire pour décourager gogole). Vous vous en foutez, vous êtes nés après, mais n’oubliez jamais que vous vivez sur ces morts… Nous ne sommes que l’avenir de ceux qui sont morts en pensant nous le donner meilleur… (espoir insensé, vu la nature humaine)

Le 11 novembre quand que j’étais petite, j’aimais bien : il n’y avait pas école. Jusqu’à ce jour fatal où j’ai assisté à une scène que je n’oublierais JAMAIS. Après je n’ai plus jamais pu le voir uniquement comme un jour férié où l’on fait la grasse mat. Le mal, la souffrance, rôdaient…

Ben oui, j’avais mon arrière grand mère et sa soeur : tante Hortense (que mon arrière grand mère appelait « la gamine » d’ailleurs, j’y reviendrai un jour). Qui avaient connu en plein cette guerre. Je me disais qu’elles étaient déjà vieilles à l’époque vu qu’elles avaient déjà 28/30 ans environ lorsque cela a commencé… (leur vie quasiment sur la fin, 30 ans c’était vieux pour moi qui en avait 14, ça fait sourire après coup)

Ce jour là, pour le repas dominical (l’horreur, le 11 novembre tombait un dimanche !), elles avaient ressorti de vieilles photographies (oui on disait avec « graphie ») et les avaient commentées, sans que mon grand père ne moufte (pourvu qu’elles ne parlent pas du Général…). Les photos étaient celles du mariage de mon arrière grand mère, des parents de mon grand père donc… Il restait pensif et mélancolique.  Nous savions qui étaient ces jeunes gens souriant et bravant l’avenir avec certitude. La photo avait été prise en 1910. Mon grand père regardait peu : il savait.. Il se souvenait de ce qu’avait été cette guerre pour le petit garçon qu’il était…  Je l’ai compris après.

« Tous morts » disaient-elles avec tristesse. Oui tous les hommes présents sur cette photo (et les autres), montrant une jeunesse heureuse et optimiste, étaient morts pendant cette guerre, sauf le marié qui avait eu la chance de revenir, gueule cassée et gazé, il en est mort (des gaz) quand les allemands ont envahi la France à la suivante. Les allemands en France il ne pouvait vraiment pas supporter, il a cessé de lutter contre ses poumons en vrac, alors qu’il s’était battu jusqu’au bout de l’horreur en disant « plus jamais » (il avait eu du bol, il avait été blessé et gazé juste à la fin, en 1918…). Oui cet homme que je n’ai jamais connu avait tenu le coup jusqu’au bout en se disant qu’il épargnait l’horreur aux générations futures… Ils y croyaient vraiment, tous.

Le repas s’est achevé tout de même sur le dessert, les hommes sont partis à la chasse, maman avec mes emmerdeurs de frère et soeurs, et je suis restée seule à écrire mon journal, tâche importante lorsque l’on a 14 ans…

Et tout à coup… Elles s’étaient fait un thé, et elles se souvenaient. Tout haut, ne pensant pas que dans mon escalier (où j’adorais écrire), je pouvais les entendre et d’ailleurs je ne faisais pas plus de bruit qu’une souris (et encore).

Oui ce 11 novembre c’était « le souvenir » (et non la célébration) de la fin de cette horreur, sauf que les morts ne se relèveraient jamais même si le jeu était terminé. Tante Hortense avait perdu son fiancé (qu’elle n’a jamais remplacé), tous les cousins, petits cousins, amis étaient morts, certains dès le début, d’autres sur la fin (un chanceux le 11 novembre 1918 précisément 4 heures après la signature de l’armistice). Tous les hommes présents ce jour heureux étaient morts. Ami, cousin, ils avaient tous déserté la terre entre 14 et 18… Pour elles le 11 novembre c’était la journée où elles revivaient quatre années qui avaient plombé leurs vies.

Le marié était encore à l’hôpital le 11 novembre 1918 et ne redeviendrait jamais comme avant après tout ce qu’il avait vécu et vu ce qu’il était devenu. Pour tout le village : aucun mâle à revenir à l’exception de 7 éclopés à jamais, tous les autres étant morts. Le 11 novembre c’était pour elles le symbole d’une guerre, des veuves, des fiancées  inconsolables et sans maris potentiels, des orphelins, un monde foudroyé, une génération fauchée.

Et elles pleuraient en se souvenant d’une femme du village (veuve, qui pensait sans doute que son mari allait revenir maintenant que c’était terminé) qui était sortie, débraillée le 12 novembre en chantant que tout était terminé et qu’elle était heureuse. « La pauvre, se rendait-elle compte ? » « ces cris de joie, comment pouvait-on être heureux ? Tu te souviens ? et ces horribles feux d’artifices avec tous ces disparus ? Tu te souviens du cousin Mac, le premier mort de la guerre ? » « et tu te souviens de la pauvre Madeleine qui s’est pendue en apprenant que Georges était mort deux jours après la fin ? » (un beau jeune homme sur la photo).

J’avais du mal à les entendre pleurer, une boule dans la gorge : elles ne représentaient plus uniquement des vieilles dames. Je découvrais leur jeunesse, leur chagrin. Elles étaient tout à coup la sagesse et la paix de l’esprit à jamais endeuillé, et je découvrais leur souffrance et que l’âge ne protège de rien. J’imaginais tous les hommes de ma vie ayant disparu, et j’ai refermé mon journal sans faire de bruit pour écouter et m’esbigner en douce après coup. Elles ont parlé longtemps et le temps s’était suspendu, personne n’est venu troubler leurs souvenirs.

Ce jour là, le 11 novembre, nous le leur laissions chaque année, et nous l’avons fait jusqu’au bout. Tout le monde s’éclipsait quand elles parlaient « thé ». Accord tacite de leurs proches : le 11 novembre n’était pas un jour de joie et il était à elles qui avaient vu la première guerre mondiale décimer leur génération. C’était pour elles la fin d’une époque. La fin d’une horreur. La fin tout simplement. L’horreur restait à jamais présente en elles.

Pour elles rien n’était terminé que leur jeunesse, à tout jamais avec ses fêtes et tous ceux qui n’étaient désormais plus là pour se souvenir. Pour toujours il y avait l’attente, la lettre espérée datée de 15 jours avant, l’angoisse du maire arrivant avec son chapeau et ses adjoints, précédant de peu l’avis mortuaire, qui allait chez la mère alors que l’on n’était que promise ou amoureuse… Il y avait pour elles à tout jamais les larmes et les sanglots d’une femme seule désormais et se devant d’être digne malgré la mort de son mari ou de tous ses fils. Il y avait les lettres contenant toute l’horreur de la guerre que les hommes leur taisaient (le croyant)  (« je te remercie de m’envoyer une ou deux paires de chaussettes, il fait subitement un peu froid, ne t’inquiète pas pour moi, je suis à l’abri dans une tranchée ») (Je n’aime pas lire ces lettres, elles sont trop atroce quand on sait).

Mon arrière grand mère se souvenait toujours de son coeur « explosant » quand elle avait vu arriver la délégation ne lui annonçant QUE la disparition. Elle se souvenait de son soulagement quand elle avait su qu’il était vivant, des semaines après (des semaines de quoi ?, comment pouvait-elle vivre son quotidien ?). Elle se souvenait de sa souffrance et de son choc en le voyant gueule cassée opérée par des chirurgiens défiant l’impossible (et encore il avait été relativement épargné si j’en juge par ce que j’ai pu voir comme photos des opérations pratiquées sur des atrocement mutilés, leurs chirurgiens préparant sans le savoir la chirurgie esthétique de nos jours) (et Pulchérie se demande pourquoi j’ai jeté l’oeil de verre : par respect peut-être, personne n’avait le droit de le regarder en rigolant, et pouquoi ne l’a-t-on pas enterré avec ?).

Mon arrière grand mère lui a toujours tout pardonné après. Pouvait-elle faire autrement ? La guerre lui avait pris tellement d’êtres aimés, les enfants qu’elle aurait pu avoir et qui ne naîtraient jamais plus (les chocs répétés l’avaient ménaupausée précocement, ça existe). Comment pouvait-elle se réjouir UN 11 NOVEMBRE ? Et encore elle n’estimait pas avoir le droit de se plaindre : son homme était revenu : en vrac mais là tout de même.

Cette photo du mariage je l’ai chez moi. Je sais que tous les hommes présents ce jour là ne sont jamais revenus de l’enfer : sauf le marié. Et c’est atroce. Ils sont si nombreux, beaux et jeunes, plein d’espoir, regardant l’avenir avec défi surtout, comme tous les jeunes, et pourquoi sont-ils morts en fin de compte ? Qui se souvient de Plinistinius Gaeus mort contre les gaulois en 60 avant JC ? Pourquoi a-t-il donné sa vie en fin de compte ? (ne cherchez pas, c’est une image…)

C’était curieux pour moi de voir ces vieilles dames pleurer sur ce jour très précis qui me semblait un jour de délivrance, et cela m’a fait voir le jour férié d’une autre manière. Oui c’était une délivrance, la fin enfin, mais qui n’effacerait jamais les deuils. Le 11  novembre c’est un hommage

Ca tombe un samedi…  C’est très important ! C’est grave !

Quel jour sont-ils morts ? On dit « tombé au champ d’honneur« . Ca fait plus classe, mais cela veut dire la même chose… Ils sont morts tout simplement et nous on en profite… On ne travaille pas parce qu’ils ont vécu dans la boue, la faim et le froid ou une chaleur infecte, la crasse, parce qu’ils avaient peur, des poux et des morpions, la dysenterie, pensaient à leurs proches, attendaient une permission, voyaient leurs amis se faire tuer les uns après les autres, étaient aspergés de sang et d’autres choses immondes quand l’obus tombait sur le copain, parce que quelque part un obus ou un balle les attendaient… C’est ça le 11 novembre. C’est ce souvenir de ces poilus qui pensaient nous donner du meilleur pour l’avenir. Je n’oublie pas les allemands au passage qui ont donné aussi… mais pour qui ce n’est pas férié (comme quoi l’homme est con…)

Je suis tellement imprégnée du sujet qu’une année, le maître d’école de Pulchérie a cherché des volontaires pour déposer une gerbe devant le monument aux morts le 11 novembre (il est fou le maître, demain je fais la grasse matinée !). Je n’ai rien dit du tout, je n’étais pas en classe. Dieu sait pourquoi ma fille  a dit « présente ! ». Et je revois ma puce, réellement volontaire, sous une cape anti pluie avec capuche car c’était un beau 11 novembre triste, portant sa gerbe ronde avec dignité et fierté, bien droite, et la déposant en hommage à ses ancêtres, avec classe, au pied du monument aux morts, un 11 novembre pluvieux, en ayant sacrifié sa grasse matinée.

Vous ne pensez pas qu’il aurait peut-être été préférable qu’il n’y ait pas de guerre et donc pas de jour férié en célébration de sa fin ? C’est ce qu’ils doivent penser de là-haut tous ces sacrifiés, d’autant qu’on ne peut pas dire que cela ait rendu le monde meilleur…

Depuis longtemps le 11 novembre je pense à mes deux vieilles dames qui me manquent. Aujourd’hui encore je regarderai certainement un jour gris de toutes manières. Je me dirai que je n’ai jamais attendu MON homme, mon père, mon frère, je me dirai que je n’ai pas vécu cette attente… Et je remercierai le ciel de n’avoir pas connu cette horreur.

Je rends hommage à ceux qui m’ont précédée. Je n’arrête pas de me dire que je n’aurais pas eu leur courage… C’est très bête, mais c’est comme ça (je suis très facilement terrassée par l’angoisse). J’ai vu deux vieilles dames dignes pleurant sur l’absurdité et je n’oublierais jamais. Je pense que j’aurais été paralysée, en attente de nouvelles, incapable de vivre normalement… Nous n’avons qu’une vie et ce gâchis est à gerber, comme tant d’autres. Et nous nous sommes là à gémir que « ça tombe un samedi ! ».

La vie n’est qu’un long calvaire surtout quand il y a la guerre…

N’oubiez jamais ce que ces hommes ont vécu. A l’ouest rien de nouveau, à l’est non plus… Parce que cela continue ailleurs…

Et je serais contente (!) si en me lisant vous leur avez consacré une petite minute (bon OK, 5…)… (je ne sais plus quel auteur a écrit « la guerre serait un jeu merveilleux si les morts se relevaient quand elle est terminée »).

Et pour ceux qui le souhaitent, hommes ou femmes, à lire : « Les semailles et les moissons » de Troyat. Pour ceux qui n’ont pas peur « a l’Ouest rien de nouveau » (Remarke, ce livre me flanque trop le bourdon pour que je recherche l’orthographe exacte, c’est la même absurdité côté allemand). Pour les films vous avez « un long dimanche de fiançailles » et « les sentiers de la gloire ». On a mit du temps à parler des mutinés de cette guerre et des mutilés volontaires…

Bon 11 novembre à tous et à vos ancêtres hommes et femmes à qui penser aujourd’hui.

La photo est d’époque. C’est elle mon arrière grand mère, toute heureuse le jour de son mariage, avec tous ces innocents ne sachant pas que leur mort était programmée et que leurs femmes termineraient leur vie en noir…. (J’ai l’autorisation de Mrs Bibelot)

Faites attention… Part 1

Faites_attention_56800983Il faut faire très attention à ce que l’on dit à un enfant : il va le répéter, parfois de travers… En règle générale il faut faire très attention à ce que l’on dit devant un enfant, car il comprend plus qu’on ne le croit.

Ca écoute et ça cause. Ca interprète, ça comprend. Je le répète ayant eu un exemplaire (Delphine), qui parlait peu mais comprenait tout bien pour le sortir au moment où l’on ne s’y attendait pas et devant qui il ne fallait pas

On se rend compte de la capacité d’écoute le jour où l’on dit « ah merde alors ! » et que dessous la table où le chérubin essayait d’avaler un rang de perles sort un « amedalow ». Regards échangés : ne plus dire de gros mots : ça va être dur (plus le temps passe et plus on est grossiers je ne sais pas si vous l’avez constaté, mais je devais avoir 16 ans quand j’ai entendu Jean Poirotte dire « merde » pour la première fois).

On découvre alors nos travers de parlotte. Albert s’est rendu compte qu’il disait « putain » tout le temps quand Pulchérie s’est mise à charabiater des « utain de véviette (serviette) » « utain de avon (savon) » « utain de cuillère qui tombe ! ». Moi c’était « bon alors ! » « bon alors tu dis quoi mamie ? » « bon alors tu veux quoi papy ? » « utainbon alors a pas faim »… C’est charmant ! On réalise qu’il va nous falloir environ 10 ans pour échanger notre infirmité de langage contre une autre…

Vient le temps où le chérubin boit nos paroles (ça reste bref). J’expliquais donc à Pulchérie que tante Hortense était une très vieille dame (95 ans tout de même) avec laquelle il fallait être gentille, vu qu’elle était très vieille. Très vieille c’est quoi : « ben elle va bientôt mourir, elle aime bien parler avec les enfants parce qu’elle n’en a jamais eu son fiancé étant mort à la guerre dans les tranchés, il faut être gentille » (son père et toute sa diplomatie et sa délicatesse légendaires).

Tante Hortense était une vieille dame poudrée, propre, sentant bon et toujours bien habillée, pas de quoi faire fuir à part la moustache que je ne sentais plus, mais que Pulchérie sentait bien. « C’est parce qu’elle est vieille ma chérie » réponse « je ne veux pas être vieille avec de la moustaaaaaache et je ne veux pas lui faire un bisouuuuuu » « mais non ma chérie, tu ne seras jamais vieille avec une moustache, et il faut lui faire un bisou (rappel de son père « elle est très vieille et toi aussi tu aimeras qu’on te fasse des bisous quand tu seras très vieille!!!! »)

Heureusement la pauvre femme était très dure d’oreille, car un dimanche passé en famille, Pulchérie faisant le zouave avec son cousin dans les pommiers alors que Delphine têtait avec application (c’est fou ce qu’elle a pu manger avec application), arriva le moment où il fallut raccompagner tante Hortense chez elle. Moment fatal du bisou et de l’au-revoir à l’aïeule. Rassemblement des trésors.

Et Pulchérie de faire la leçon à son cousin le doigt en l’air :

  • « Il faut être gentil avec tante Hortense et lui faire un bisou, parce que son fiancé est mort à la guerre dans une tranche chiée, et en plus elle va bientôt être morte et c’est pour ça qu’elle a de la moustache et qu’elle pique… »

Oui, heureusement qu’elle était sourde, la pauvre.

Sinon quel calvaire !!!!!