Je vous souhaite à tous une bonne et heureuse année 2013.
Pour bien rire en décembre prochain, gardez tous les horoscopes que vous trouverez !
Relire tout ce qui était faux est toujours un grand moment !
Cette année, je n’aborde pas Noël de manière trop joyeuse, même si j’accompagne mes parents pour qui c’est important, de plus en plus à mesure que le temps passe. Les filles ne seront pas là, mais chez leur père, et il me manquera quelque chose.
Je songe aux Noëls de mon enfance. Où sont-ils ? Que sont-ils devenus ? Maintenant je songe aussi aux Noël de l’enfance de mes filles et je me pose la même question, en me demandant où est passée la jeune femme que j’étais, car je ne l’ai plus rencontrée depuis longtemps en sachant qu’elle ne reviendra jamais…
Même si pour 2007, 2008 et 2009, cela a été d’excellents Noël, moins en 2010 où il y avait plein de problèmes, et ++ pour 2011 où mes deux filles étaient là, il me manque, depuis l’âge adulte de mes filles, quelque chose qui ne reviendra jamais : mon enfance et mon innocence que j’avais prolongées dans les leurs.
Mon enfance, mon innocence, celles de mes filles également. Un monde disparu qui n’existe que dans nos mémoires.
J’étais petite ou ado, et Noël c’était toujours le même cérémonial. Mrs Morgan était remariée avec un homme boucher, et donc, le 25 décembre, ils travaillaient jusqu’à 13 heures (et le 24 aussi jusque fort tard, d’où ma haine du travail obligatoire pour certains quand c’est la fête pour les autres). La tradition fut prise d’aller chez les parents de Jean Poirotte qui avaient de plus un appartement assez grand pour loger tout le monde.
Cela a duré jusqu’en 1978, un an avant la mort du prisonnier, j’avais 20 ans. Il y a des photos de cette année là, où il chante, heureux, sans savoir qu’il ne verrait pas le Noël suivant. Ou bien le sentait-il dans son corps et voulait-il l’oublier ? Nous ne le saurons jamais…
Maman faisait le sapin (un faux par écologie avant l’heure et surtout pour éviter les aiguilles par terre) vers le 20 décembre pour ne pas être en retard, vu que les guirlandes lumineuses éclairaient les magasins vers le 15 décembre seulement (là cette année, j’ai trouvé que les éclairages étaient apparus encore plus tardivement que les années précédentes). Le soir, à partir du « soir du sapin » elle nous mettait sur le « tourne disques », des chants de noël et on se battait pour retourner le 33 tour.
Le 24 nous partions chez les parents de Jean Poirotte, frémissants d’impatience. Nous chantions des chants de noël dans la voiture, papa faisant la voix basse et maman la haute, c’était joli comme tout, sans doute les plus beaux moments du monde, mais nous ne le savions pas…
Mamie croyante (Mrs Tricot), s’arrangeait toujours pour terminer le sapin au moment de notre arrivée (le 24 décembre donc). La crèche était prête, sans le petit Jésus qui n’arriverait que dans le courant de la nuit (logique). Nous l’aidions à terminer le sapin dans lequel elle accrochait des bougies au risque de flanquer le feu à l’appartement et l’immeuble avec. Elle terminait ensuite de mettre la table pour toutes les personnes devant nous rejoindre le lendemain.
La tradition dans ma famille était le passage du père Noël pendant que les enfants dorment après s’être couchés sagement (hum), ayant déposé leurs chaussons au pied du sapin à défaut de cheminée. On entrouvrait la fenêtre du balcon pour que le père Noël puisse rentrer tout de même, cette absence de cheminée nous inquiétant, juste avant d’aller nous coucher.
On ne réveillonnait pas, le grand jour ayant lieu le lendemain. Chez ma meilleure amie c’était le contraire : réveillon et jour calme le lendemain. Mrs Tricot préparait un en-cas pour les affamés et allait à la messe de minuit (à minuit) en laissant les incroyants devant un ou deux bons films en noir et blanc et une tranche de pâté. Parfois elle allait à la messe plus tôt dans la soirée à contrecoeur, et les adultes allaient au cinéma, nous laissant sous la garde de l’aïeule ronchon mais si sympa, qui jouait avec nous aux petits chevaux ou nous racontait des histoire horrirrrifiante (faut suivre) avant de nous expédier au lit en nous promettant d’ouvrir la fenêtre du balcon.
Je l’accompagnais, très tôt ma grand mère, pour cette messe, lui laissant croire que j’entrerais un jour dans les ordres (sans le savoir). J’adorais en fait : me coucher tard, la crèche géante, voire même vivante avec de vraies personnes et un vrai bébé, l’ambiance de communion, l’odeur d’encens (et des crottes de vrais moutons éventuellement), et les chants de cette messe de minuit. « Minuit Chrétien » me donne toujours des frissons. Elle allait toujours dans une chapelle dans laquelle les bonnes soeurs étaient toutes espagnoles et infirmières et chantaient avec des voix impressionnantes et un accent horrrrriiiiible. Il faisait froid dans mes souvenirs. Il neigeait souvent. Je revenais avec elle, en lui tenant fort la main et elle me racontait le miracle du Christ alors que je pensais « miracle du père Noël ». Mais comme j’étais la seule qu’elle avait emmenée, je me sentais grande, et maintenant j’aimerais tellement me sentir encore petite…
Je me souviens très bien de la dernière fois où j’y croyais (tard, les grands ne caftaient pas dès le CP). Je me suis couchée en me promettant de ne pas dormir pour « le surprendre ». Il y a eu des bruits un peu partout, des déplacements de meubles. L’après midi j’étais allée avec maman faire des courses et elle avait dit à une vendeuse, dans un magasin de jouets, qu’elle voulait « ceux là » en désignant deux édredons à landaux de poupée.
Je me suis bien entendue endormie sur ma promesse de veiller toute la nuit et de le surprendre sans faire craquer le parquet. C’est fou ce que l’on se réveille tôt un 25 décembre quand le père Noël passe pendant notre sommeil. Nous arrivions mes frères et soeurs et moi, encore endormis à moitié (fait curieux, maintenant quand je dors à moitié et que je peux éviter de me lever, je ne me lève pas…).
J’ai vu ce matin là mon père terminer d’allumer les bougies, maman ayant refermé la porte du salon trop tard (bougies que Jean Poirotte surveillait avec angoisse, un extincteur à la main, et qu’il soufflait le plus tôt possible). J’ai eu un doute sur le miracle du père Noël illuminant le sapin. Fugitif, mais le doute était là.
Nous avons vérifié : le petit Jésus était bien dans la crèche et nous avions des clémentines dans nos chaussons (chose importante, une année, ma petite soeur hyper gâtée a sangloté parce qu’elle n’avait pas eu de clémentines dans ses chaussons, les halles étant en rupture de stock). Pendant ce temps là, ma grand mère qui recevait traditionnellement ses frères et soeur et leur grande marmaille ce jour là, laissait brûler, comme chaque année, les garnitures de bouchées à la reine dans le four. Mon grand père avisé, était déjà parti en acheter de rechange…. (Je me suis toujours demandé adulte, pourquoi il n’achetait pas dès le départ, le double pour s’éviter une sortie en pestant…)
Oui le père Noël était passé. Dans mon landau de poupée, tout ce qu’il fallait (dont la poupée), et un des édredons vus la veille. Regard sur maman qui m’a suppliée en réponse d’un regard, de ne rien dire. J’étais grande, j’avais le droit de savoir. Il était temps pour moi, elle l’avait décidé. Ce n’était qu’une mini trahison : sur ce coup là nous serions complices, mes frères et soeurs ne devant pas encore savoir.
J’avais compris avec une certaine déception. Le père Noël c’était eux tous. Car même les absents pour cause de vente de dindes de dernier moment, donnaient leurs cadeaux à l’avance car c’était le père Noël qu’il nous fallait remercier. J’ai compris en un éclair que les cloches c’était eux aussi (!) et que la petite souris n’était qu’une histoire sympa (vu qu’il me manquait 2 dents).
Qu’importe la déception du jour, elle fut vite oubliée lors du déjeuner traditionnel : huitres, saumon pour les enfants, foie gras que nous trouvions très bon comme pâté, bouchées à la reine succulentes, la dinde aux marrons (et certains pour s’en plaindre alors que ce n’était qu’une fois par an). Après le déjeuner, papa sortait sa guitare et toute la famille chantait. De vieilles chansons horribles (dont j’ai parlé un jour) et d’autres, toutes plus belles les unes que les autres. Nous étions assez nombreux pour faire des « canons » (j’adore), et l’on chantait jusque tard le soir, quand les gourmands de nouveau affamés se proposaient pour terminer les restes dans ce que l’on pourrait appeler un bordel organisé.
Le frère de ma grand mère ému par cette journée (il avait le vin ému), partait généralement en sanglots. La vue des coquilles d’huitres dans la poubelle sortie décuplait son chagrin et nous nous rigolions bien.
Il triturait dans la poubelle en pleurant, jusqu’au moment où il réalisait que c’était un de ses gendres qui prendrait le volant : quelle horreur ! Il était très bien SNIF, capable, SNIF, de conduire…
La magie de la nuit de Noël fut là longtemps. C’était une nuit pas comme les autres. On y respirait un air pur, de paix, différent. On entendait des chants d’espoir. On se réunissait le 25 décembre sans penser qu’un jour les rangs se creuseraient, qu’il manquerait plein de monde, que les traditions seraient méprisées par les plus jeunes (comme chanter à Noël : les filles détestent, ainsi que ma soeur qui aimait tellement cela petite).
On disait que les guerres s’arrêtaient et les plus anciens évoquaient leurs pires souvenirs de Noëls d’horreur mais d’espoir. Tout le monde s’aimait. C’était magique, cela ne s’expliquait pas en fait, c’était « dans l’air ». Il nous semblait que le monde s’arrêtait pour un temps…
Nous étions heureux. Tout le monde était là, la grande journée avait eu lieu, le père Noël était passé, nous avions chanté. Lorsque l’on est enfant, normalement on est heureux pour Noël. Seulement on ne sait pas à quel point. C’est plus tard que nous comprenons, car le bonheur c’est toujours le passé.
Le 25 décembre en rentrant tard à la maison, papa faisait un détour volontaire pour nous faire voir les illuminations de Versailles. Mais les guirlandes lumineuses n’avaient pas le même aspect pour moi, comme si quelque chose en avait soufflé l’éclat. C’était fini, la magie était terminée.
Ne restait qu’à changer d’année, chez les mêmes personnes, et pour nous les enfants qui avions eu tous nos cadeaux à Noël, c’était vraiment dur de voir ces adultes se complimenter pour un tire bouchon offert, ou une 33ème écharpe en soie un premier janvier, alors qu’il nous manquait tant de jouets…
La vie n’était déjà qu’un long calvaire…
Y penser, c’est encore pire… Je ne compte même pas les années d’après, car ce sera le pire du pire…
Je vous ai présenté le Bleuet* l’année dernière (ICI) et son étrange rencontre de ce qui a du être un ange, dans les tranchées de la grande guerre. D’un post à l’autre en renvois, finalement vous savez tout…
Le premier mort de la famille (un cousin germain du bleuet) qui comprenait hélas pour eux, beaucoup d’hommes en âge de se battre, et peu de filles, fut celui que mon arrière-grand-mère et sa soeur (Tante Hortense), appelaient « le cousin Mac ».
Le 26 août 1914, le mortuaire arriva, à une époque où les municipalités faisaient « quelque chose » en hommage au mort, tué, celui-là, au 23ème jour de la guerre. Après il y en eut de trop, on renonça, c’était déjà bien assez pénible comme cela d’avoir à se déplacer encore une fois, une fois de trop, pour annoncer une mauvaise nouvelle à une famille désormais endeuillée ou à nouveau endeuillée. (Le maire de la commune eut tout de même l’obligation d’apprendre à une femme la mort de son mari et de ses cinq fils…)
Mais la cérémonie ne consola bien évidemment pas les parents, Léon étant leur seul fils, qu’ils avaient eu sur le tard, à la quarantaine, désespérant depuis leur mariage 15 ans avant la naissance miraculeuse, d’avoir la famille de leurs rêves.
Sa femme s’étouffait de douleur nuits et jours, refusait de recevoir qui que ce soit venant la consoler, maigrissait à vue d’oeil, alors « l’oncle Mac » prit une grande décision, à 63 ans.
Il irait chercher le corps de son fils, là-haut dans le nord. Il le ramènerait, il le mettrait dans le caveau de famille à 800 mètres de la grande maison. Il y aurait enfin un endroit où sa femme pourrait aller épancher sa douleur, un endroit où se recueillir… Il ferait SA guerre à lui, puisqu’il avait été trop vieux pour prendre la place de son fils.
L’odyssée de cet homme nous est quasi impossible à comprendre. Tante Hortense et mon arrière Grand-mère savaient, il leur avait tout dit, mais nous, nous ne savons plus.
Il a pris le plus d’argent possible, si possible en pièces d’or (c’était une famille très aisée). Il a emprunté deux ou trois tenues de garde chasse, de paysans, d’homme ordinaire, et il est parti en train, vers le nord.
Puis il a payé grassement un paysan (inapte à la guerre donc quelque peu handicapé) pour l’accompagner avec sa charrette jusqu’au lieu fatal où était enterré son fils.
Il avait tous les papiers possibles et imaginables pour passer en zone « interdite ». Jamais il n’a vendu le faussaire de la commune, qui les lui avait délivrés…
Ce n’était pas encore trop le désordre DEBUT OCTOBRE, et même si certains ont été surpris de voir cet homme digne mais ferme arriver, ils surent écouter ses doléances.
Léon était enterré à un endroit précis qui lui fut montré, mais le père voulait être sûr. Il ne voulait pas que rapport à une erreur de mémoire ou de plaque d’identité inversée, il puisse ramener le corps de quelqu’un d’autre…
Il a donc fallu déterrer le corps, et à la demande du père qui l’a fait lui-même, ouvrir le cercueil sommaire qui le contenait. Par la suite, les cercueils ne furent plus nécessaires, le linceul non plus, on enterra les corps comme on le pouvait… (en mélangeant parfois les morceaux, excusez-moi les jeunes, pour cette horrible précision !)
Je n’ose même pas imaginer ce que scruta le père, de ce qu’il restait d’un fils mort un 23 août, en ce début octobre. Je ne peux même pas imaginer quels furent les sentiments qui l’animèrent à ce moment là. Nous savons seulement qu’il reconnu la médaille de baptême que son enfant portait toujours et « un problème au niveau d’une canine de la mâchoire supérieure ». C’était bon, c’était bien son fils, et il voulait l’embarquer.
« Impossible lui rétorqua le chef du secteur ». Vous ne passerez jamais avec un cercueil dans cet état et CE qu’il y a dedans ».
Le père commanda donc un cercueil au village le plus proche. Le cercueil dans le bois le plus dur, le plus imperméable, fermant le mieux possible, le cercueil le plus beau, et 10 jours après, le corps de Léon quitta sa première boîte pour rejoindre la seconde et dernière. Plomber le cercueil était impensable : le plomb était bien trop précieux…
Le commandant du secteur sans trop d’hésitations (c’était les tous débuts, et pour eux, la guerre devait durer au maximum un an), délivra un certificat comme quoi l’oncle Mac emportait bien le corps de son fils Léon Mac, mort le 23 août 1914, enterré sur place à X (top secret) et déterré sur la demande de son père, avec l’accord de l’administration et des armées, pour être inhumé chez lui.
Le père anesthésié moralement désormais, récupéra la médaille. Il avoua être resté 3 jours sans manger pour finir par vomir intact, le repas pris 72 heures auparavant, juste avant le transfert du corps d’un cercueil à un autre et la récupération de la médaille.
Puis il paya grassement l’homme qui avec sa charrette, lui, le cercueil de son fils et son fils, allait le ramener chez lui, dans ce qui était encore la Seine et Oise et devait devenir un jour « les Yvelines ».
Ils purent parfois prendre un train avec leur charrette, firent ce qu’ils purent pour éviter la réquisition des deux bidets la traînant, et un beau jour, un 11 novembre 1914, Léon put être enterré de manière légale et reconnue, « chez lui », dans « son » village où il eut droit à une deuxième cérémonie officielle, ce qui lui fit une belle jambe, et Tante Hortense put venir pleurer sur sa tombe (nous le savions bien que c’était lui, l’homme X de sa vie).
L’homme qui avait aidé l’oncle Mac resta sur la propriété jusqu’à la fin de ses jours, logé, nourri, salarié, aimé. Avec lui, chargé du chenil « pour la gloire », l’oncle allait parler tous les jours, l’oeil terne et morne, regardant ailleurs, et revoyant ce que nous ne devrions pas voir, sentant ce qu’il avait senti quand le temps se réchauffait et que des émanations trop nettes lui rappelaient ce qu’il se passait derrière lui, dans le cercueil, dans la charrette.
La mère de Léon récupéra la médaille de son fils en pleurant, mais de pleurs apaisés. Désormais, elle avait une tombe sur laquelle aller se recueillir, et pouvait sans déshonorer la famille, recevoir ouvertement celle qui aurait pu devenir sa bru.
L’oncle Mac ne fut plus jamais le même.
Il y avait pour lui :
Le cousin Mac repose au cimetière familial dans le village de mes parents. Les siens l’y ont rejoint, tante Hortense aussi, et quasi tout le reste de cette génération qui a été maudite pour on ne sait quelle raison.
Si son père ne s’était pas dérangé, peut-être serait-il au milieu d’autres, si bien représentés sur cette photo où la terre de France se souvient… Ou peut-être serait-il disparu à jamais, tant de corps n’ayant jamais été vraiment retrouvés après de multiples bombardements…
Car la vie n’est qu’un long, long, long, calvaire… Surtout quand on évoque cette période là…
1.300.000 hommes, rien que pour la France, sacrifiés pour que l’on remette cela 20 ans plus tard…
PS : cette histoire est 100 % authentique. Trop de papiers ont disparu pour que je puisse vous donner les lieux exacts, mais ce voyage, ce père l’a fait.
PPS : un jour férié qui tombe un dimanche, vraiment ces hommes là sont morts pour RIEN !
Photo : Merci MARCUS !
Il faut bien parfois qu’il se passe des trucs qui sortent de l’ordinaire, sinon la vie serait bien triste…
Il y a donc eu LA nuit, comme tous les ans d’ailleurs.
2012 n’avait pas de raison de déroger à la règle, sauf que papa était prié de ne pas être obligé d’aller à l’hôpital. Nous avions dû être très fermes sur ce point là, car nous avons été obéies…
Le soir, dans le cadre du plan pré-arrêt de la clope, comme nous ne regardons pas la TV, j’allais me pieuter vers 21 H, avec un livre. Cela me faisait 12 H sans fumer (rien que d’écrire le mot, je souffre…)
Cette année, mon lit n’était pas disposé comme les autres années, et j’avais vue sur la petite porte fenêtre qui donne sur l’extérieur. J’aimais bien dans la nuit voir une lueur me permettant de me situer, et c’est juste avant d’éteindre que j’allais fermer la fenêtre en position « basculante » pour que personne ne rentre (quand j’y pensais, on reconnaitra là mon naturel terrorisée de nature).
Un soir, alors que j’avais terminé mon polar sanglant italien « le chuchoteur », et que je m’étais replongée dans les clichés de l’histoire de France, on m’appela de l’extérieur sur le coup de 23 H 30 (j’éteignais 1 heure plus tard d’ordinaire).
Précision : la cuisine est totalement vitrée anti-casseurs, et nous fermons des stores tous les soirs. Par contre, son studio à elle, donne sur une terrasse (qui là où nous sommes est donc fermée). Je peux donc théoriquement, ouvrir les stores sans risquer grand-chose, et même une fenêtre.
Elle par contre, est tellement terrorisée qu’elle n’ose pas ouvrir ses stores, et encore moins sa porte fenêtre. D’ailleurs pourquoi ouvrir une porte fenêtre en laissant les stores fermés ? Je lui demande de le faire tout de même pour que nous puissions dialoguer…
Prudente, j’allume la cuisine, et je prends la planche à découper au cas où un monte en l’air ne s’approche de moi à l’ouverture de la fenêtre, pour lui en flanquer un grand coup sur la tronche. On reconnaitra bien là mon tempérament de victime désignée.
Elle rentre chez elle, me demande d’une voix angoissée si j’ai ouvert les stores et la fenêtre, et je réponds que oui.
Des halètements immondes me parviennent également, à tout le moins c’est un couple de mâtins de Naples en train de copuler (ou des dogues de Bordeaux), en tous cas de très gros chiens qui sont peut-être accompagnés par des maîtres mal intentionnés, parce qu’effectivement, ON marche.
J’ai l’air chouette avec ma planche à découper que je tiens par la poignée. Heureusement papa laisse toujours son couteau qui coupe bien, ouvert sur la table (on reconnaitra bien là mon tempérament de victime désignée, toute prête à prendre une arme et à s’en servir).
Je scrute vainement l’extérieur. Le bruit et là, mais rien n’est visible… Et j’ai laissé la lampe de poche dans l’entrée… D’un autre coté je n’ai que deux mains : une pour le couteau, et l’autre pour la planche (avec le tranchant cela doit faire plus mal quand on frappe avec…)
Le halètement immonde s’arrête, les pas des hommes mal intentionnés décroissent, le calme est revenu.
Elle me remercie. Je l’entends refermer son store qu’elle avait ouvert finalement en grand, j’en fais autant, et je retourne terminer mon chapitre. Mes parents n’ont pas moufté, et pourtant leur porte de chambre est ouverte.
Parenthèse : je ne sais pas si vous avez déjà eu l’occasion d’entendre un ou plusieurs hérissons à l’ouvrage, mais cela fait un raffut pas possible.
La seule fois de ma vie où j’ai campé, c’était avec ma soeur et mon beau-frère dans leur tente, moi dans la mienne avec Delphine et Pulchérie. Une nuit les deux filles m’avaient réveillée, angoissées.
Les deux filles m’avaient vue sortir dans la nuit avec une lampe de poche, en imaginant déjà le « à notre regrettée maman » qu’elles feraient graver sur ma tombe. Pour toute arme, j’avais pris un cintre en ferraille (le tétanos tue lentement, mais tue quand même), pendant que mes deux filles s’armaient chacune d’une bombe anti-moustiques…
Là, pareil, 3 hérissons en train de se régaler avec les restes de fruits et autres, qu’avaient laissés les campeurs voisins qui étaient partis en fin d’après midi. Les filles étaient sorties à mon appel et nous avions pu constater que ces trois bestioles faisaient au moins autant de bruit qu’elles. Ces hérissons là par contre, n’avaient pas été dérangés par la lampe de poche et avaient continué à fourbanser dans la nuit… Dans un camping, ils devaient avoir l’habitude…
Fin de la parenthèse.
Le lendemain matin, je me lève et maman me pose immédiatement la question :
Elle me présente sa jambe gauche, entièrement marbrée et griffée de partout, en me précisant que fort heureusement papa avait insisté pour qu’elle se mette du gel à l’arnica (oui heureusement, vu la trombine qu’à pris sa jambe les jours suivants, on se demande à quoi cela aurait ressemblé sans du gel à l’arnica appliqué toutes les 4 heures…).
Le temps que nous nous racontions nos histoires différentes, pour les répéter à papa qui venait de se lever et n’y comprenait rien, il était l’heure d’aller faire les courses.
Heureusement que la voisine est sortie en même temps que nous pour me remercier, car je sentais que maman avait des doutes concernant mon histoire, vu qu’ils n’avaient rien entendu (le store s’ouvrir et se refermer) ni vu (la lumière s’allumer et s’éteindre). Elle au moins, avait un témoin fiable : sa jambe.
Une conclusion s’impose. Même si je souffre de troubles de l’endormissement graves, quand je dors, je dors (seul un moustique même anémique est capable de me réveiller instantanément).
Et mes parents aussi… (idem pour les moustiques)
Parce que tous les 3 à 3 heures d’écart, nous avons fait un raffut pas possible, allumé les lumières, etc… Et que l’autre chambre n’a rien entendu, alors que nous gardons les portes de chambre ouvertes pour mieux entendre s’il se passe quelque chose de suspect.
La vie n’est qu’un long calvaire.
Grâce à Miss Julie, il y a un bout de temps, je me suis souvenue soudain que j’avais fait l’acquisition il y a quelques années, d’un CD du groupe America dont je ne pouvais plus écouter le vinyle, étant dépourvue d’un TOURNE DISQUES ou pour les puristes d’une platine moyen-âgeuse (titre du 33 tours : « Holyday »).
Et me voici me souvenant des moments privilégiés de ma jeunesse au cours desquels j’écoutais ce DISQUE, ainsi que d’autres d’ailleurs, et partant, à 2 H du matin à la recherche du fameux CD…
Car inutile de vous leurrer, je ne range pas mes CD par ordre alphabétique. Ils sont déjà tout de même classés par genre : musiques de films, classique, new age, etc, le etc représentant une grosse partie des plus de 300 CD que je stocke chez moi, et que j’écoute tous, tous les jours, vous l’imaginez bien…
J’ai d’ailleurs dans mon porte-feuille avec ma carte bancaire, outre l’interdiction de m’acheter un vêtement noir, celle d’acheter un CD musical sans y avoir réfléchi 36 fois, sauf pour « le lac des cygnes » qui me manque cruellement.
J’ai donc retrouvé le CD (quasiment le dernier sur une étagère, c’est toujours comme ça), en criant Allez Luya Kir y est Hélène y sonne. Puis je me suis empressée de le copier sur mon ordi, de faire une sauvegarde de la copie sur mon disque dur externe et de l’écouter.
Pour prendre conscience d’une chose consternavrante :
Avec ma copine de l’époque de l’achat de ce 33 TOURS, quand j’ai connu Albert alors qu’elle se faisait avoir par un militaire bordelais ayant une fiancée à Bordeaux (mais le cachant bien sûr), nous écoutions ce DISQUE régulièrement.
Enfin, une face de ce disque et pas l’autre… Jamais l’autre… La flemme de le retourner ? Je ne sais pas…
Car si j’ai bien reconnu avec émotion, larmes aux yeux, et l’impression de rajeunir, mes morceaux chéris, je me suis demandé à un moment donné si l’ordinateur n’avait pas merdé dans sa copie.
Ben non, l’ordinateur n’est pas aussi givré que moi. J’avais tout simplement droit à la deuxième face du 33 TOURS que je n’avais jamais écoutée… La découverte a été sans plaisir aucun et j’ai viré « la deuxième face » de mon ordi, illico.
Comme quoi l’ancien a du charme, mais aussi ses défauts. J’avais vécu la même expérience avec les Moody Blues et « day of future passed », meilleure amie et moi n’écoutant que la deuxième face avec Night in wight satin…
Alors que c’est l’intégralité du 33 TOURS qui valait le déplacement…
La vie est pleine de surprises… Et je vous pose la question : vous, vous écoutiez les deux faces du disque convoité, ou juste celle pour laquelle vous l’aviez acheté ?
(Et un long calvaire… Si vous croyez que Pulchérie m’a mailé qu’elle a échappé au cyclone machin, vous vous fourrez le doigt dans l’oeil jusqu’au genou…)
Delphine (à gauche) a parlé nettement plus tard que sa soeur (à 6 mois près), mais rassurez-vous, elle s’est largement rattrapée depuis.
Je dis cela pour ceux qui face à un cadet ou un petit dernier, s’inquiètent d’un éventuel retard qui sera normalement fatalement rattrapé en temps et en heure.
Pour le premier rien n’est jamais fait assez tôt, pour le second, il aura bien le temps, pour le troisième, le plus tard sera le mieux.
Je suppose que pour le quatrième et les suivants au cazoù, on se résigne à leur faire téter des frites trempées dans le ketchup dès la maternité, pour qu’ils la bouclent (en toute innocence bien sûr), enfin bref que l’on est totalement cool…
Donc, Delphine parlait parfaitement bien, et contrairement à sa soeur, avait vraiment du culot. Elle adressait la parole à un peu tout le monde, passé ses 18 premiers mois à scruter les inconnus d’un air suspicieux, genre « voyons voir ».
Pour Pulchérie, le pauvre coincé à la caisse de Carrouf, me précisait « c’est bon, on dit bonjour elle dit le reste. »
Pour Delphine « elle me regarde comme si QUE j’étais un serial killer ».
Le même, jamais content : elle répond c’est trop, elle ne répond pas, c’est indigne…
Bref il faisait chaud depuis 2 jours, chaud chaud chaud et beau (célèbre contrepèterie belge), et un beau matin, voici les trésors de ma vie me réveillant à 9 H 30 vers la mi août.
(Oui, j’ai toujours eu une répulsion naturelle pour ceux qui vous réveillent à 5 H 30, le biberon peut attendre, et donc, n’est-ce pas, bien sûr, mes filles n’étaient pas spécialement matinales…) (la mère indigne) .
J’emmerdais à pied à cheval et en voiture la mère de Joël et la pub, faisant partie des femmes pour qui pendant 3 jours le tampon n’offrait qu’une protection toute relative, pendant une heure maximum, avant fuite révélatrice…
Mes réelles hémorragies mensuelles laissant de marbre les gynéco, pourvu que cela ne dure pas plus de 5 jours… (et c’était des femmes !)
Les filles savaient parfaitement ce dont il s’agissait en attendant avec hâte que cela leur tombe dessus, et surtout désirant savoir quand (chez ma soeur, elles m’ont toutes les deux fait cela la première fois, alors qu’elles étaient en vacances ou WE avec ma soeur !… et je n’ai donc eu droit qu’à un coup de téléphone HEU-REUX : « maman, j’ai mes règles enfin) ». Elles ont déchanté PLUS TARD). (Faites des gosses)…
Je n’avais jamais parlé d’un péché originel quelconque, impureté ou autres conneries, et tout à coup elles considéraient ce « privilège qui fait femme », comme une contrainte insupportable (pour elles).
Bref, c’était NON pour la baignade et ma progéniture descendit s’engueuler dans la cuisine pour savoir qui terminerait le chocolat, avant que je ne descende. 5 minutes étaient le maximum avant étripage en bonne et due forme…
1 heure après je ne sais plus ce que je faisais, quand j’entendis Delphine apostropher de la fenêtre de sa chambre, la voisine du fond du jardin.
Accourue dès la première phrase, j’ai dit « bonjour madame Richard », avant de refermer la fenêtre.
Car je sentais bien la suite :
Je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais depuis que le monde est monde, les femmes peuvent dépenser une énergie incroyable pour que le phénomène soit ignoré.
Mrs Morgan, de qui je tenais mes règles hémorragiques, était de l’époque « serviettes en tissu » (couches pour bébé idem d’ailleurs). A laver donc, et comble de l’horreur, l’eau s’évacuait dans le caniveau. Eau que tout le monde pouvait voir.
Sa mère et elle-même, concentraient leurs lessives mensuelles pour un même jour, diluant le plus possible chaque eau de rinçage pour qu’aucun flux rouge trop évident ne révèle à qui que ce soit, qu’il s’était passé quelque chose (de pourtant fort naturel).
Quant à faire sécher la lessive « de la honte » dans le jardin, alors que cela pouvait être surpris par des voisins, c’était JUSTE impossible.
Donc il fallait JUSTE rallumer le poêle pour procéder au séchage en toute discrétion. Canicule ou pas d’ailleurs…
Au cas où les voisins penseraient JUSTE qu’une femme de 38 ans et sa fille de 16 échappaient à la malédiction mensuelle…
Juste étant le mot à la mode, vous m’excuserez du peu…
J’étais assez âgée pour comprendre quand elle m’expliqua le pourquoi de la chose. Règles en retard, polichinelle dans le tiroir, règles de retour, avorteuse au grand jour peut-être ? Et dénonciation possible même s’il ne s’agissait pas de cela…
Je n’en étais plus là.
Mais bon Madame Richard n’avait pas à savoir pourquoi nous n’irions aux étangs que quelques jours plus tard…
Alors que ma fille, en toute innocence, était prête à révéler le secret de ma vie…
Qui n’est qu’un long calvaire…
Certains l’auront sans doute compris : je déteste cordialement madame Van den Connasse, la présidente du conseil syndical.
Depuis que cette femme est à la tête de ce conseil, elle se prend pour Dieu le père, essaye de faire la pluie et le beau temps, décide des dates « chauffage » (généralement en désaccord total avec tout le monde, mais quand il faut allumer elle s’est barrée à la Guadeloupe en laissant des consignes qui ne la concernent pas), etc…
Je ne suis pas la seule à la détester, Monsieur Choc l’a déjà menacée de lui casser la gueule un beau jour, et quelqu’un d’anonyme (et non, ce n’est pas moi), lui dégonflant régulièrement 2 pneus. Globalement personne ne peut la sentir, mais peu se sentent autorisés à le lui montrer.
Sauf que là, personnellement (moi je), je n’en peux plus.
En effet, un simili ravalement est en cours, qui a commencé par son bâtiment, continué par celui jouxtant le mien, et maintenant c’est le mien que l’on repeint.
Du coup elle passe sa vie dehors. Cela fait 6 semaines que le cauchemar a commencé.
Parce que là, le coup de grâce.
Je devais passer mon contrôle technique au plus tard le 12 août. Du coup, comme cela tombait un dimanche, j’ai eu un RV pour le 10, 16 H 30.
Du coup j’ai perdu 2 jours. D’un autre côté comme mon contrôle précédent avait 1 an de retard, car j’étais intimement persuadée que je devais le faire en 2010 et non 2009, je n’ai pas perdu grand chose.
Je pars donc, prendre le thé avec Mrs Bibelot. Madame Van den Connasse était là, en train de surveiller les ouvriers montant l’échafaudage le long de ma façade, et les conseillant certainement utilement (on se demande comment elle ne s’est pas encore pris un pot de peinture sur la tronche, vu le regard que lui jettent les ouvriers).
Puis je pars faire faire mon contrôle technique, le garage étant situé juste à côté de l’immeuble du syndic.
A qui j’avais deux mots à dire concernant 5000 euros qu’ils m’avaient demandés en mai, alors que maintenant je suis en crédit chez eux de 2000 euros (3ème trimestre réglé).
Une erreur de leur part m’avait-on dit au téléphone. Une erreur aussi de me compter 3 fois la condamnation du vide ordure qui n’a toujours pas été effectuée. Le syndic passe sa vie à se tromper, mais jamais à son désavantage…
Je voulais un chèque de 2000 euros et des poussières, ne souhaitant pas qu’ils travaillent avec mon argent.
Madame Van den Connasse était là !
J’ai appris depuis qu’elle est leur pire cauchemar, s’y pointant un jour sur deux (sans doute entre mon départ et mon arrivée) pour les tarabuster à propos de tout et de rien.
L’ignorant, cela m’a fait un choc affreux.
D’autant que quand je suis rentrée après contrôle technique OK, et bien…
Vous l’avez deviné…
Madame Van den Connasse était à nouveau là, au pied de notre échafaudage.
La vie n’est qu’un long calvaire…
Juste avant mon coup à Auchan dans la série « la grande semaine de la voyance gratuite » (et du blanc plus blanc que blanc), j’avais eu droit à une vraie consultation. Enfin deux ou trois ans avant, voire plus… Je m’y perds…
Marie Claude, une amie à moi à l’époque, était dans une situation difficile, maîtresse d’un homme marié, qui avait une maîtresse officielle connue par l’épouse. Elle arrivait donc en troisième position, mais c’était l’homme de sa vie.
Elle cherchait l’amour (comme tout le monde), mais surtout l’argent, la situation, le bien montré et était très matérialiste. Un mec c’était avant tout l’argent, la situation, le beau costume, etc…
Mes tirages de cartes trop répétés (ne jamais en abuser et ne jamais refaire de tirage si RIEN n’a changé dans votre vie, mais elle ne voulait rien savoir et en exigeait un par semaine) lui faisaient ressortir régulièrement le pendu.
Exaspérée par mes tirages de cartes ne lui offrant aucun avenir avec l’homme de sa vie, elle décida d’aller consulter un voyant fiable, recommandé (par je ne sais qui) à Rouen.
Sauf qu’elle ne voulait pas y aller seule.
Comme j’étais RMIste à l’époque, elle balaya d’un coup mes objections.
Vous pouvez me payer un euro à :
Donc là j’étais au téléphone, j’ai haussé les épaules et j’ai dit OK vu qu’elle payait tout. Ce n’était pas intéressé de ma part, j’étais assez grande pour me tirer les cartes toute seule et savoir que j’étais dans la merde… (même sans les cartes je le savais d’ailleurs…). J’étais par contre assez curieuse de voir un voyant réputé officier et espérais être impressionnée.
J’ai eu donc droit à ma première consultation grandiose…
La salle d’attente avait un gros défaut : elle n’était pas insonorisée. J’ai donc pu tout entendre de la consultation de Marie Claude en retenant mon envie d’intervenir. Car elle, s’est faite manipuler de A à Z
Elle a dirigé la conversation consultation de A à Z sans s’en rendre compte, j’ai trouvé cela pitoyable. Le voyant n’avait qu’à rebondir sur ce qu’elle disait et l’assistante regarder sa manucure (impeccable).
Payer aussi cher jusqu’à Rouen pour s’entendre dire ce qu’elle voulait entendre… Elle me donnait le fric et je retirais le pendu de l’équation… Ou je l’interprétais comme elle le voulait…
Pour elle et moi elle a casqué 2000 F à l’époque, c’était énorme. Plus l’essence, plus le restaurant.
Pour RIEN, sauf de l’espoir déçu, le pire…
IL ne lui a pas dit que son histoire ne mènerait à rien (le pendu que lui sur sa demande verbale et précise, analysait comme un « temps d’attente »).
La suite restait à venir.
Mais ça, le voyant ne l’avait pas vu ou si, mais pire, ce « psy » du « pauvre » l’avait égarée dans une mauvaise direction. Je crois que c’est ce qu’il ne faut vraiment pas faire !!!
Car après est toujours un autre jour (sans les cartes je peux vous le dire aussi)…
Si cela vous intéresse, apprenez, mais ne vous fiez jamais à un autre que vous…
Car la vie n’est qu’un long calvaire. Qu’il soit écrit ou non, c’est une autre histoire…
Cela fait tellement longtemps qu’avec Mrs Bibelot, c’est notre bref plaisir de l’année… On ne sait plus depuis quand finalement. Depuis que je suis petite, alors je ne compte plus…
Il parait qu’il porte bonheur. Je n’ai rien remarqué…
Le muguet dure 3 semaines, 4 certaines années, allez savoir pourquoi. En 2007 nous avons arpenté jour après jour, notre coin favori sous la pluie, sans renoncer d’aucune manière. Et cela donne ce qu’il y a sur la photo : 5 à 6 bouquets que nous remplaçons jour après jour, quand le plus ancien sent le « tourné » et que les clochettes virent au jaune…
Et il y a toujours « la dernière cueillette », le jour où face à du blanc à perte de vue, nous nous rendons compte que ce blanc est en train de virer au jaune pour préparer l’année d’après, que les brins sentent le « tourné ». Nous n’y touchons pas. A quoi bon cueillir une fleur qui sera morte demain ? Mais nous repartons le coeur gros, quelques brins encore valables dans la main, dont nous respirerons le parfum jusqu’à son dernier souffle. Et c’est brutalement que nous décidons que nous n’irons pas en chasse du dernier dernier brin demain.
Maman et moi, même combat : nous ne voulons pas savoir que nous sommes en train de ramasser la fin. La dernière cueillette se passe d’ailleurs toujours de la même manière. Maman me dit « ça me dégoute trop de laisser tout ça qu’on ne peut même plus ramasser », et j’obtempère en disant que j’ai mon dernier bouquet moi aussi et que nous pouvons partir et reprendre le chemin vers la voiture garée loin de là. Tous les ans nous nous relayons pour dire « non, pas demain »‘…
Je sais ce que je pense moi, quand je regagne la voiture, en respirant avec avidité ce dernier bouquet (personne n’a su créer un parfum « muguet » pouvant se confondre avec notre muguet des bois, le vrai). Tous les ans je peux surmonter Noël, le jour de l’an, mais pas le dernier bouquet de muguet.
Où serai-je, et où en serai-je quand les prochains brins fleuriront l’année prochaine ? Qui serai-je quand je ramasserai le premier brin odorant en souriant, avec du bonheur plein la tête, les yeux, le nez ? Serai-je encore là seulement ?
Et bien sûr, je sais que maman y pense aussi, avec une nostalgie et une appréhension supérieures à la mienne, car elle a 20 ans de plus que moi.
Mes grand-mères ne sont plus là pour nous accompagner. L’ombre des anciens passe, silencieuse, sur nos places…
Bien sûr que, reniflant notre provende sur le chemin du retour, silencieuses comme toujours, ce jour du dernier bouquet, nos pensées nous rapprochent, nos appréhensions aussi. Mais nous ne le disons pas… Enfin ELLE ne dit rien donc MOI non plus…
Il m’est toujours douloureux de voir ma mère se taire, face à ses propres interrogations… Je préfèrerais franchement ne pas être la seule à avouer (ici) que je songe à l’adage du midi (dont je recherche désespérément la véritable phrase en provençal).
Qu’à l’an qui vienne, si nous ne sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins.
Peuchère… Tout cela pour du muguet…
Après plusieurs années de 3 semaines d’avance, cette année, le muguet retrouve le souffle de ma jeunesse, avec ce que l’on appelle désormais « du retard ».
Nous n’y allons jamais le 1er mai, trop de monde, mais cette année 2012 il ne sera pas « fini » pour mon anniversaire du 9, comme les trois dernières années.
Nous avons 3 semaines devant nous après cette fête du travail qui me fait bien ricaner.
Car de travail, je n’ai point, et l’on me l’a dit, peu de chance que j’en retrouve. Alors je n’ai rien à fêter.
Si : une journée à glander totalement parce que je ne sortirai même pas de chez moi pour une fois.
Et ceux qui vont parler travail ce premier mai, je n’écouterais même pas leurs discours….
Car la vie n’est qu’un long calvaire, même si j’attends avec une palpitation secrète, le moment où je vais ramasser mon premier brin, et les autres… Et ces soirées où je me shoote au bouquet de muguet qui sent si bon…
(Photo : Pulchérie en 2010)
Ps : là c’est chez Mrs Bibelot. Généralement j’ai le même alignement sur ma table basse.
L’emmerdeuse type est bourrée de contradictions, c’est ce qui fait tout son charme d’ailleurs.
Globalement la vie n’est qu’un long calvaire…