Nos chers petits et leurs gaffes innocentes…

C’était pendant l’horreur d’une profonde nuit, l’époque où nous songions très sérieusement à mettre le deuxième en route. Albert tenait de ses parents la sale manie de laisser notre porte de chambre ouverte pour tout bien entendre dans l’appartement, et celle de Pulchérie l’était aussi, parce qu’elle avait peur des monstres.
Tout à coup la phrase qui tue, dite d’une petite voix fluette « coucou je suis dans le lit, je n’ai pas fait de bruit« …
Effectivement elle n’avait pas fait de bruit. Après Albert a fermé les portes…

Delphine en vacances chez ses grands parents paternels, et pointant un doigt innocent vers les seins du furoncle (mon ex belle mère) « ceux de ma maman, ils sont en l’air« .

Ma nièce du côté d’Albert, habituée à me voir en décontracté le WE, alors que nous nous préparions pour une méga fête le soir, et me voyant sortir de la chambre : « oh tatie que tu es belle comme ça, on dirait presque ta maman ! »

A la plage, une fille d’une cousine de ma belle soeur (suivez), dont la mère était limite maigre, pointant là encore un doigt accusateur sur un bourrelet de ma belle soeur « c’est quoi ça ? »

Une de mes nièces, délicate, parlant de son oncle quasi chauve depuis ses 18 ans « Hector a des cheveux tout le tour »

A mettre dans le même sac que :

 » Il faut être gentil et faire un bisou à tante Hortense parce qu’elle va bientôt être morte » de Pulcherie à son cousin germain…

Et le « ouinnnn je ne veux pas embrasser tante Hortense parce qu’elle pique »… (Delphine 1 an plus tard)

La vie n’est qu’un long calvaire…

Ma fille a bouffé du papier (ou, moins glorieux, la dernière fois où j’ai fait pipi dans ma culotte…) (2)

DODIEAu moment où ma mère est arrivée, Monsieur Gendre a sorti du frais une nouvelle bouteille de mousseux pour bien la servir.

Pendant ce temps là, deux amis de Pulchérie, des compagnons de promo de l’école Boulle, nous racontaient une mésaventure qui leur était arrivée avec ma fille.

Une mésaventure avec ma fille ? (aînée…?). Fichtre diantre, comment cela avait-il été possible ?

Je ricanais à l’avance, d’autant que je venais de tirer la première bouffée de mon premier joint (à 52 ans il était temps que je ne meure pas idiote). (Et après l’anti terrorisme, rapport aux histoires de bombe de Pulchérie quand elle était à l’école maternelle, voilà les stups…). Continuer la lecture de « Ma fille a bouffé du papier (ou, moins glorieux, la dernière fois où j’ai fait pipi dans ma culotte…) (2) »

Ma fille a bouffé du papier (ou, moins glorieux, la dernière fois où j’ai fait pipi dans ma culotte…) (1)

DODIELe mariage de Pulchérie avait été bien programmé, avec une idée que j’ai trouvée géniale : les amis arrivant pour la fête vers 22 H au lieu de repartir après le vin d’honneur.

Je sais, la photo date un peu (et le mariage également), mais bon, c’est comme ça, je suis chez moi, je fais ce que je veux.

D’abord…

J’avais prêté ma voiture et il y avait un chauffeur de prévu pour aller chercher les fêtards à la gare, et raccompagner chez eux, ceux qui auraient un peu trop bu, les arrivés tardifs pouvant dormir dans une tente, à l’endroit requis. C’était vraiment super bien organisé. Continuer la lecture de « Ma fille a bouffé du papier (ou, moins glorieux, la dernière fois où j’ai fait pipi dans ma culotte…) (1) »

Biologiste : encore une vocation mise à mal…

prix-nobel-copierAyant renoncé à devenir une artiste célèbre, j’avais été fort impressionnée, juste après la naissance de ma dernière soeur (surnommée la « suite et fin » au bout de 10 ans) par une visite organisée par le collège d’un je ne sais plus quel museum d’histoire naturelle.

J’avais été fascinée en particulier, par les animaux conservés dans des bocaux remplis de formol.

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Ma chienne… suite et presque fin, car il y aura d’autres souvenirs…

Le départ d’Albert ne secoua pas du tout la chienne. J’étais là c’était le principal. Oh, elle était contente de le voir de temps à autre, quand il venait prendre et ramener ses filles, mais jamais elle n’a fait mine de vouloir le suivre et aller avec lui.

Départ de la maison maintenant pour direction chez mes parents où je devais passer 3 mois, et où je suis restée 4 ans, suite à de mauvais coups du sort. Chloé se plaisait bien chez mes parents, où elle avait une copine (leur chienne, l’ex nounou. J’avais perdu mon premier chat et en avais adopté un qui l’ignorait superbement ce qui la laissait perplexe : « elle ne veut pas faire joujou ? »). La vie de famille lui convenait parfaitement et que je sois libre ou pas, elle allait se promener tous les jours pour cavaler à fond la caisse (elle a un jour battu un lévrier, le maître était scié et moi aussi !!!)

Elle me faisait de sales coups. Malinois ou pas, tout ce qui était gibier à poil l’intéressait (le faisan levé par sa copine l’indifférait par contre superbement). La première fois qu’elle s’est retrouvée confrontée à un sanglier, il était mort, dans la cour de mon grand père. Elle a sauté dessus, hargneuse pour essayer de le bouffer, et mon grand père m’a suggéré de la faire dresser pour faire « chien de sang » (ce que les malinois réussissent très bien effectivement puisqu’ils adorent le pistage, d’ailleurs ils adorent tout ce qui est distrayant et rigolo pour eux, d’où le fait qu’ils soient de plus en plus utilisés au détriment du berger allemand).

Sans doutes aucun sur ses possibilités, elle partait au cul de biches, cerfs, chevreuils, lièvres, lapins ou harde de sangliers. Et là, rien à faire alors qu’elle m’écoutait pour tout le reste : elle traçait derrière, que je me ruine les cordes vocales ou pas.

Combien de fois l’ai-je attendue, au bord de l’énervement, de la haine, de l’inquiétude ? Combien de fois mes parents également, quand je travaillais ? Toujours attendre le chien où l’on s’est garé, c’est là qu’il va revenir.

Bonjour l’attente en plein hiver, à se geler les fesses sur une barrière de chemin, en panne de clopes. Pour voir revenir en trottinant au bout de 6 heures, la coupable qui ralentissait le pas à ma (notre) vue, avant de se mettre à se rouler sur le dos pour faire sa soumission. Du sang plein la gueule : vérification immédiate. Elle n’est pas blessée, elle a juste choppé le lièvre et l’a bouffé tranquille dans un buisson, la garce !

Nonobstant le lièvre, la morfale réclame sa soupe en rentrant. Peut se brosser. Première punition pour s’être sauvée aussi longtemps : pas de soupe. Pas nécessaire d’ailleurs. Je me rappelle d’un beau jour où elle avait disparu vers 15 H, était revenue à la voiture à 19 H 30. J’étais d’humeur joyeuse. Elle a commencé à péter vers 22 H et c’était abominable et bien la preuve qu’elle avait bouffé la bête dans son intégralité. D’ailleurs il lui a fallu 2 jours pour la digérer, comme dans la nature. 2 jours pendant lesquels elle réclama sa soupe sans grande conviction. Mon grand père venu déjeuner le dimanche, devant les dégâts olfactifs récurrents, nous pronostiqua un lièvre (il avait une expérience personnelle très longue…)… Elle resta à l’eau claire jusqu’à cessation de pets empoisonnés et fit une cure de haricots verts le lendemain.

Il y eut aussi le jour extraordinaire où elle avait disparu et où il neigeait comme pas possible. Elle rentra dans la nuit jusqu’à la maison (à 23 H nous avions renoncé), sauta le grillage, trouva porte close, et se coucha comme un chien de traineau dans la neige, en boule, les pattes protégées, le museau sous la queue, entièrement protégée par sa bourre (son sous poil) qui faisait le bonheur des petits oiseaux quand nous la brossions au printemps. Avons nous rigolé devant la mésange partant avec une touffe de poils qui lui bloquait la vision ! Elle était saine et sauve mais avait trop marché dans la neige et nous fit savoir avec moultes plaintes, qu’elle avait mal aux pa-pattes. Et moi de lui mettre de la biafine pendant qu’elle se coulait contre mon cou pour le câlin maman…

Et puis un beau jour, l’achat de mon appartement. J’y suis partie avec la chienne mais 1 heure de courses et elle hurlait à la mort les voisins m’en informèrent immédiatement. J’étais sur une piste de travail qui se concrétisa. Impossible de laisser cette chienne ayant toujours vécu en pavillon, toute la journée toute seule, même avec le chat.

Jean-Poirotte et Mrs Bibelot la prirent donc. Elle venait de passer 4 ans chez eux, elle y était comme chez elle, et chez eux elle serait bien utile comme chien de garde, plus que chez moi.

Je la voyais bien entendu très souvent. Je restais sa maman et elle ne me quittait pas d’une semelle pendant mes visites, ni ses soeurs non plus (on rassemble le troupeau !). Elle me regardait partir avec tristesse, sans chercher à me suivre. Elle savait. Mais elle était chez elle chez mes parents et je n’ai jamais pensé qu’elle puisse y être vraiment malheureuse. Il est certains que les filles et moi lui manquions… C’était pour elle pourtant, ce choix du pavillon où elle était chez elle… Là elle déclara d’autres priorité : ma mère en premier lieu, mon père en second, ne pouvant se faire écouter si sa femme était présente. Je n’avais qu’à me pointer pour que le « au pied » soit à mes pieds à moi…

Elle resta toute sa vie néanmoins, le chien obéissant que tout le monde peut apprécier, mais ne laissant pas rentrer n’importe qui (les proches OK, mais pas le reste, un chien de garde qui laisse rentrer une personne qu’il a vue une fois n’est pas un chien de garde).

Elle avait 16 ans quand j’ai été obligée de prendre la décision ultime. La trahir en lui épargnant le pire qui était déjà trop là. Je ne l’avais pas vraiment vue vieillir ma chienne, je ne voulais pas voir.

Je la savais pleine de rhumatismes mais avec le coeur solide, et les dépenses vétérinaires s’élevaient peu à peu pour antalgiques et autres…

Et puis un soir où j’allais voir mes parents, je l’ai vue sortir, boitillant, marchant avec vraiment trop de peine, remuant la queue du plaisir de me voir, souffrant de marcher.

Elle est venue se blottir contre moi en tremblant un peu. Pourquoi n’étais-je pas venue depuis 3 semaines ? J’avais la réponse : par lâcheté devant l’évidence. J’ai pleuré. C’était la fin. Vu sa démarche ce n’était plus la peine d’espérer quoi que ce soit. Elle souffrait ma fi-fille. Depuis des mois je lui achetais des antalgiques prescrits par le vétérinaire. Là, elle pouvait à peine marcher. C’était bien parce que c’était moi qu’elle était sortie, car elle entendait encore fort bien, sinon elle bougeait le moins possible et refusait les promenades : très mauvais signe.

J’ai appelé le vétérinaire tout de suite. Pas question de l’y emmener, elle avait trop peur dans le cabinet. Il accepta de se déplacer le lendemain matin pour qu’elle parte en douceur et surtout sans terreur. En pleurant, nous l’avons gavée de saucisson, de chocolat, de fromage, de tout plein de bonnes choses. Elle était dans son panier, semblant regretter de ne plus pouvoir aller courir avec moi, derrière un chevreuil, dans les bois, mais ravie de cette provende inespérée.

Comme l’a si bien écrit Jean Ferrat « vole vole mon loup sauvage, comme au temps des vertes années » (chanson : Oural- Ouralou)

Il vole encore mon loup sauvage, mon compagnon d’infortune, et sous ses pattes infatigables, ma jeunesse demeure quand tout à coup à cause de son absence, je pleure… Chloé, je ne t’ai pas aimée. Je t’aime toujours…

Paroles de la chanson :
C’est dans l’aube chère à Verlaine
Que tu courais notre domaine
Humant l’air des 4 saisons
Odeurs de thym et de bruyère
Sous tes pattes fraîches légères
S’élevait comme une oraison
Berger des landes familière
Tu vivais digne et solitaire
Animal doué de raison
J’écris ce jour anniversaire
Où tu repose sous la terre
A deux pas de notre maison
Oural, Oural, Ouralou…
On voit souvent des souveraines
A la place des rois qui règnent
Rien qu’en posant nos yeux dessus
Il faut se méfier du paraître
De nous deux qui était le maitre ?
Nous ne l’avons jamais bien su
Tu vécu la vie parisienne
La nuit sur les quais de la seine
Les music-hall et les tournées
Et cette vie qui fut la mienne
Il me semble que tu l’entraîne, à la semelle de tes souliers
Oural…
Jour après jour il faut l’admettre
Voir ce qu’on aime disparaître
C’est ce qui fait vieillir trop tôt
Au paradis des chiens peut-être
Ton long museau à la fenêtre
Tu nous accueilleras bientôt
Au triple galop caracole !
Je vois tes pattes qui s’envolent
Chevauchant l’herbe et les nuées
Le vent siffle dans ton pelage
Vole vole mon loup sauvage !
Comme au temps des vertes années.
Oural…

Vole vole mon loup sauvage, vole dans ma pensée ma petite Chloé…

Ma chienne… part 4

Plus besoin de nounou un beau jour. L’escalier était terminé, la maison aussi (enfin c’est une façon de voir, il fallu 2 ans au maçon pour faire 2 appuis de fenêtre oubliés quand il faisait la façade,et parce que je l’appelais tous les soirs à 22 H 30 et que quand il ne répondait pas je laissais sonner jusqu’à plus soif). Nous étions enfin chez nous !

Chloé apprécia moyen la jolie chambre (en travaux) que nous lui proposions le soir pour aller faire dodo sans nounou. Elle n’était pas propre encore et je peux donc certifier que l’urine de chien pour décoller la moquette est un truc à connaître. Elle hurlait à la mort. De l’étage on l’entendait vaguement. Heureusement que c’était vaguement, car elle s’est obstinée à hurler toute la nuit 1 mois complet

Le soir elle venait se coucher à côté de moi sur mon fauteuil pour regarder la TV avec intérêt. Autre erreur. Elle était petite mais devait grandir. Donc éviter de prendre sur ses genoux ou à côté de soi un chien qui est amené un jour à avoir besoin de toute la place. Cela s’est bien passé avec elle, elle était juste interloquée de ne plus tenir à côté de moi comme avant, reniflait le fauteuil (est-ce bien celui-là ?), et finit par se résigner à aller dans son panier où elle avait toute la place qu’elle voulait.

Elle n’eut pas le temps de s’ennuyer : l’arrivée du chat eut lieu 4 semaines après notre emménagement. Elle avait enfin une copine même non nounou, et je commençais à découvrir l’intéressant caractère du malinois jour après jour.

  • Chien sportif, à proscrire quand on vit en appartement. Tous les jours je l’emmenais promener, lui apprenant le rappel et plein de trucs au passage. Elle passait son temps à courir et passa beaucoup de temps à courir, à une vitesse impressionnante, tout au long de sa vie.

  • Chien de berger à l’origine, c’était certain : aller me promener avec les filles + Mrs Bibelot ou Albert, en s’égaillant pour chercher des champignons, déclenchait chez la chienne des angoisses mortelles. Il fallait qu’elle rassemble son troupeau et n’était jamais aussi heureuse que quand nous restions groupés. Elle ne mordillait pas gentiment les mollets des filles pour les ramener près de moi parce que je le lui avait interdit, mais le regrettait fort. Idem pour Albert ou Mrs Bibelot : tout le monde rester groupir nonmaiheu !

  • Chien très attaché à ses maîtres effectivement. Surtout moi. D’ailleurs le maître c’était moi. Elle n’écoutait et n’obéissait qu’à moi. Ce qui ne l’empêchait pas d’adorer les autres (Albert, les filles), mais sans leur obéir une seconde. Pratique tout de même : qu’un mec s’approche des filles en promenade, la chienne prenait son air le plus aimable (le peigne) en faisant Grrr ! Quant à moi, à l’époque où je pouvais encore tenter un satyre, elle en mordit un assez violemment (bien fait !). Elle sentait quand j’avais peur et là, ne me lâchait pas d’un cm.

  • Chien de garde oui : le maçon qui n’avait jamais de retard par contre pour se faire régler ses dernières factures (« vous pouvez vous brosser pour le crépis de la maison tant que les appuis de fenêtres ne seront pas faits »), qui avait pris l’habitude de rentrer chez moi n’importe comment pendant toute la durée des travaux, en fit les frais un matin où il ouvrit le portail puis posa la main sur la porte d’entrée sans aucune gêne (et sans avoir sonné). J’étais furieuse parce que je sortais du bain et qu’il aurait pu me voir à poil, mais la chienne qui batifolait dans le jardin le vit tout à coup s’apprêtant à rentrer. Un fond de pantalon de plus en moins, j’ai pu expliquer au maçon que sa manière de rentrer sans prévenir était insupportable maintenant que nous étions en place. Il ne moufta pas et repartit en me faisant voir un petit morceau de son cul

  • Chien d’intelligence rapide : pas besoin de lui expliquer 3 fois un truc, ou un jeu. Le tout étant de faire du dressage un moment marrant. C’est la raison pour laquelle elle a ingurgité avec plaisir tout un tas de corvées (couchée, assise, au pied, pas bouger, etc…). La seule chose qu’elle n’a jamais voulu comprendre c’était qu’il était interdit d’aller chercher à manger sur la table, le buffet ou carrément dans la poêle. Mais là ce n’était pas de la bêtise, c’était juste qu’elle préférait avoir bouffé le poulet et se faire gronder, que de faire celle qui avait compris.

  • Et surtout, à l’époque difficile où je pleurais Albert : chien fidèle et aimant. Je me souviens des soirs où j’attendais que les filles dorment pour me mettre à pleurer. Coup de museau sous le bras, et la chienne venait se blottir sous mon bras après un bref jappement « je suis là moi ! »

Et elle a toujours été là, et ne m’a jamais trahie.

Ma chienne… part 3

Elle a hurlé donc, toute la première nuit. Le lendemain matin Albert hagard me signala qu’il nous fallait la prendre dans notre chambre. Pas question ! on commence comme ça, et on se retrouve 7 mois plus tard avec un malinois dans le lit et le mari dans le panier… (moi hors de question que je pieute dans un panier et c’était déjà moi la référence)

Fallait familiariser la petite mère avec d’autres endroits, d’autres chiens. Je partis donc chez mon grand père avec les deux filles en train de yoyotter dans la voiture des « la petite Chloé à ses soeurs-soeurs ! ». La petite Chloé fut ravie de découvrir d’autres chiens (3) même non malinois, et passa sa journée à sursauter au moindre bruit dans l’indifférence générale. Premier principe : ne pas consoler un chien qui a peur, sinon il pense tout bêtement qu’il a bien raison d’avoir peur et il a de plus en plus peur.

Le coup des hurlements à la mort la nuit fit blêmir Jean Poirotte. Moi j’étais naturellement livide, n’ayant pas fermé l’oeil de la nuit. Il se voyait lui, rentrant chez lui pour se faire expulser pour cause de « tapage nocturne » (c’en était un, tapage…).

Albert ayant décidé de faire jouer la clause « pénalités de retard », le maçon (curieusement en retard) se grouillait tout à coup. Notre emménagement n’était plus qu’une question de jours, et de nuits… Comment faire ? Pour l’avenir Chloé devait dormir un premier temps dans la chambre du rez de chaussée (en travaux) puis, une fois propre, la moquette déjà ruinée pouvant être définitivement arrachée et remplacée, dans la véranda. Elle pourrait toujours hurler à la mort nous ne l’entendrions pas. Mais là, tout l’immeuble en profitait…

Mrs Bibelot la voyant blottie contre sa deuxième chienne eut une idée de génie. Qu’à cela ne tienne, mais Aïté allait faire la nounou. Je l’emmènerais le soir (chez elle, sans ses parents d’accord, mais tout de même chez elle), et je la ramènerais le lendemain matin pour qu’elle passe la journée à la campagne.

Le plan marcha diaboliquement bien. Chloé munie d’une nounou ne pleurait pas la nuit. Je passais moi, juste mon temps à faire des aller et retours pour :

  • Ramener la nounou chez elle en déposant les filles à l’école (la rentrée avait eu lieu et le maçon chef de travaux était maudit jusqu’à la 7ème génération de sa race (c’est rare))

  • Récupérer les filles à l’école

  • Retourner pour chercher la nounou

Je me suis toujours posé la question : sans cette nounou, les autres font comment ? Et bien pour éviter l’émeute, le chien termine sur leur lit. D’où l’avantage certain de choisir un petit chien…

Parce qu’avec un dogue de Bordeaux qui ressemble à son père, son père à son frère et son frère… Albert aurait été mal barré (et moi donc !)

Ma chienne… part 2

Chlo_e_2Quand on prend un chien de race, on est tenu théoriquement de lui choisir un nom en rapport avec la lettre de l’année. Là c’était le C. Albert recommença son trip du nom comme quand j’attendais les filles,  filles qui donnaient leur avis, la famille aussi.

Généralement, vous l’avez sans doute remarqué, mais moins on sollicite d’avis et plus on en a…

Le nom doit être assez bref à prononcer en plus, rien n’est plus difficile que de se faire écouter de Nabucooooodaunausaure-au-pied-j’ai-dit. Continuer la lecture de « Ma chienne… part 2 »

Ma chienne… Part 1

Voilà ce que c’est que de trier des photos. J’y pense souvent mais là j’avais carrément les larmes aux yeux.

Elle s’appelait Chloé. C’était un berger belge malinois. C’est le chien que l’on voit de plus en plus souvent avec les forces de l’ordre, à la place du berger allemand…

Nous venions d’acheter notre maison, un peu isolée et je voulais un chien de garde. Pas n’importe quel chien rapport aux filles.

L’épagneul breton classique dans la famille était à exclure, tout au moins pour garder la maison : ceux de mes parents et de mon grand père ont toujours été du genre à faire une léchouille au cambrioleur ou à se mettre sur le dos pour se faire gratter le ventre par n’importe quel étranger. Le type de bête féroce qui part vers la grille ou le portail en aboyant férocement en remuant la queue de plaisir à l’idée qu’il y a une visite qui va changer de l’ordinaire…Je savais que le Colley s’entend très bien avec les enfants, mais sur le plan garde… Exit bien évidemment le dogue de Bordeaux, la mâtin de Naples ou autre molosse qui demandent un maître à poigne vraiment conséquente et d’acheter un semi remorque pour le trimballer avec le reste de la famille. Exit également le yorshire qui sur le plan « garde », ne me rassurait pas vraiment même s’il prend peu de place dans une voiture. Je n’étais pas chaude pour le berger allemand, sachant à l’époque qu’il y en avait plein de vendus sans certitude des origines, ce qui a posé pas mal de problèmes car certains étaient véritablement tarés ce qui a beaucoup nuit à la réputation des authentiques (j’avais une copine et son mari qui en avaient un super. Ils lâchaient la gamelle de soupe sur le sol de la cuisine, se précipitaient hors de la cuisine en refermant la porte en catastrophe, car le chien avait tenté d’en bouffer un rapport à sa gamelle… Autres joyeusetés : une fois sur deux le chien refusait de les laisser rentrer chez eux et ne supportait pas qu’ils se fassent un bisou : il sautait en mordant sur l’un OU l’autre). Moi me faire terroriser par un chien : hors de question. Me battre toute la journée aussi !

Jean-Poirotte nous conseilla un malinois. Je n’avais jamais entendu parler de cet animal là. D’après lui c’était idéal en famille, et vraiment rassurant sur le plan du gardiennage. Je commençais donc à enquêter sur le berger belge en général et le malinois en particulier. Pour finir par appeler un éleveur qui avait des chiots à vendre d’ici peu (comprendre que la chienne était vachement en cloque). Le prix de l’animal ne fit pas reculer Albert qui voulait également ce chien et je partis un beau jour avec ma soeur pour aller choisir ma chienne née la semaine précédente comme l’avait précisé l’éleveur qui m’avait appelée pour m’annoncer la bonne nouvelle (ma soeur se souvient d’ailleurs de cette expédition qui vous fera rire un jour, rappelez-le moi éventuellement…).

Pourquoi une chienne ? Parce que toute la famille en possession d’un chien avait une chienne. En cas d’absence et d’obligation de confier la bête c’était plus pratique. Oui, parfaitement, car une femelle en chaleur + un mâle = un long calvaire.

L’éleveur s’est dûment renseigné (il était temps, j’avais rejoint le nord de Paris depuis mon sud des Yvelines). Apparemment il n’était pas du genre à vendre son chien à n’importe qui, et cela me rassura. J’avais du terrain où le toutou chéri pourrait s’ébattre, je ne travaillais pas, la forêt était proche, nous avions l’habitude des chiens, je pouvais le rassurer sur sa vie à venir.

La première fois que je l’ai vue, la mère avait été enfermée de l’autre côté du grillage du chenil et m’impressionna par les dents qu’elle nous montrait : un vrai loup avec le sourire (le « peigne » comme disait mon pôpa). Une bonne mère, inquiète pour ses petits qui paraît-il faisait le même sourire à tout visiteur non attendu. J’ai eu du mal à croire que la bestiole qui tenait dans la main, aurait un jour cette tronche là.

Sur les 7 chiots de la portée, 4 femelles dont il m’avait choisi, d’après lui, la plus jolie (la plus charbonnée en fait). Elle avait son petit museau tout plat comme tous les chiots qui tètent encore, me renifla en pleurnichant et en couinant après sa mère. Je l’aurais bien embarquée tout de suite, mais c’était impossible. Le chiot a besoin de sa mère et d’apprendre les codes de la meute avec elle et ses frères et soeurs. Il faut attendre les 2 mois, c’est l’idéal.

L’éleveur avait bien senti que j’étais très intéressée par ce type de chien qui s’était endormie dans mon cou en me tétant l’oreille. J’étais prête à lui faire faire de l’agility, à la présenter à d’éventuels concours. En me documentant sur le malinois, j’avais découvert un monde extraordinaire, celui de l’élevage, des concours, car l’amour tout court de son animal, je connaissais déjà. Mais là, il s’agissait d’un autre chien que celui qui ravissait mon grand-père, mon père et mon frère : le chien de chasse (d’où l’épagneul breton dont un de mes ancêtres a contribué à créer la race)…

Restait à lui trouver un nom…

Madame Baron…

Madame Baron ne m’aime pas et je ne sais pas pourquoi.

Je viens de galérer pendant tout mon CE2  ON M’A  FAIT SAUTER UNE CLASSE !   faite avec billet d’excellence juste à temps, fin mai, avec la gentillesse de Madame Vincent qui m’encourageait et me caressait souvent la joue, ainsi qu’à ma compagne de misère qui avait également sauté une classe. En effet, sans que je sois consultée et pire, avertie,  on m’avait fait sauter une classe, passant du CP en CE2 en perdant au passage toutes mes amies… Je ne m’en suis jamais vraiment remise…

Dans le regard de Madame Vincent, je sentais sans les comprendre, une certaine pitié pour ma compagne de misère et moi, ainsi que de la révolte face au fait que nous étions devenues des parias de l’école. Cette femme certainement, se révoltait contre la course à la première place à tous prix…

Nous étions les crâneuses qui sautent une classe pour nos anciennes amies, les chouchoutes de Madame Vincent pour les autres. Isolées, seules, perdues…

Je passe donc en CM1 haut la main, ce qui n’a pas empêché mes parents de me faire réviser mon programme et de me préparer au prochain, pendant le mois d’août, le mois de juillet étant traditionnellement un mois passé au bord de la mer, sans devoirs.

Curieusement, des deux institutrices à s’occuper du CM1, Madame Baron a une bien meilleure réputation auprès des élèves, que Madame de Poissy qui a l’air plus revêche et semble crier souvent. Je suis donc contente d’être affectée à Madame Baron. Le seul vrai sourire qu’elle me fera, sera celui de la rentrée en CM1, alors qu’elle dévisage toutes les élèves pour voir qui elle connait ou non de vue. ON m’a coupé les cheveux sans trop me demander mon avis (une fois de plus, je voulais une coupe au carré…), au cours de l’été, donc elle hésite un peu, et au hasard, me fait un sourire. Ce sera le seul.

Je suis sage et appliquée, je n’ai pas trop le choix. Moi si bavarde, je ne l’ai jamais ouvert en classe avant la seconde. J’écoute et je me penche sérieusement sur tout. Cela me semble facile, cela me change de l’année précédente.

Première note : 10/10 : elle décortique pour vérifier qu’elle n’a pas loupé une erreur, et me donne mon cahier d’un air mauvais. Elle ne crie pas elle, jamais. En fait, elle jette les cahiers sur les bureaux, avec d’une petite voix, un commentaire désobligeant ou pas de commentaire. Sauf pour certaines. Elle a des lunettes à verres gros comme ça, et derrière ses lunettes, je trouve son regard méchant. Elle me fait peur, elle me fera toujours peur. Pas un compliment, rien, alors que les deux nanties d’un 9/10 ont droit à tous ses encouragements.

Elle ne m’aime pas. Jamais elle ne loupe une réflexion cinglante à me faire pour une broutille. Jamais elle n’accroche un de mes dessins sur le mur. Jamais elle ne m’interroge quand je lève le doigt. Le samedi après midi où c’est bibliothèque, elle me refuse toujours le livre pour lequel je m’inscris. Jamais elle ne me complimente, moi qui me cramponne à la première place. Elle me traite comme les derniers rangs.

Car dans sa classe nous sommes classés par ordre de mérite : la rangée près de la porte n’a jamais droit à un regard de sa part, elle jette les cahiers sur les tables en précisant « nul comme d’habitude ». La rangée centrale c’est le moyen et la rangée près de la fenêtre, ce sont les meilleures (école non mixte). Pour chaque rangée les meilleures sont placées près de son bureau, les moins bonnes dans le fond. Inutile de vous dire que les dernières du rang près de la porte iront en « fin d’étude », une classe qui n’existe plus.

Et moi je suis juste sous son nez dans le rang près de la fenêtre. A chaque distribution de carnets, ça déménage. Moi je ne bouge pas. Je suis enfin la première après avoir été 2 fois seconde. Mais Madame Baron ne m’aime pas. Elle me regarde d’un sale oeil en recomptant les notes.

Nous avons toutes notre « semaine » de planifiée dans l’année, par ordre alphabétique. C’est celle « de semaine » qui essuie le tableau, secoue les tampons par la fenêtre, passe scrupuleusement l’éponge sur le tableau noir le soir, distribue les cahiers, les ramasse, descend les stores l’après midi, et va déclencher la sonnette de la récréation, acte important qui revient aux CM1 : nous adorons toutes, et avons hâte que cela soit notre tour.

Quant mon tour vient, elle s’occupe de tout, toute seule, ou bien, comme par inadvertance, demande à une autre élève de descendre les stores ou d’aller déclencher la sonnette. MA semaine se passe alors que je commence à avoir une boule d’angoisse dans le ventre.

Madame Baron ne m’aime pas… Je ne sais pas pourquoi… Mais je le sens, et ça me fait mal.

Je n’ose pas en parler à mes parents. Une maîtresse d’école ça ne se critique pas, elle a forcément raison contre moi. Et moi je ressens une injustice terrible, et je ne comprends pas. Moins je comprends et plus je m’applique. Il faudra un 3ème carnet en novembre où je suis la première enfin au lieu de seconde, pour que maman commence à se poser des questions. A cette époque là, je « me lève » toutes les nuits, quelque chose ne va pas.

Je suis première. On nous donnait des billets d’honneur ou des billets d’excellence. C’était comme ça et maman a gardé tous mes billets d’excellence ou d’honneur, et mes grands parents me donnaient de l’argent pour avoir si bien réussi. J’aurais dû être heureuse de bien travailler, d’être première, mais ce n’a pas été le cas.

Quand la directrice qui distribuait les carnets par ordre de mérite en commençant par la première, est arrivée, Madame Baron m’a regardée de son regard méchant derrière ses lunettes, et a demandé à ce que l’on me retire mon billet d’excellence sous le prétexte que je n’avais rien fait de valable en dehors des compositions. Elle a précisé que je me fichais du monde les 3/4 du temps. J’étais mal car je ne savais pas me foutre du mondes les 3/4 du temps. Je regardais ma table, une boule dans la gorge pour ne surtout pas pleurer, avec l’envie de mourir s’il me fallait rentrer à la maison sans mon billet d’excellence. Je n’avais pas bien compris comment sur un carnet on pouvait repérer le premier de la classe, je ne regardais que les notes et pas le classement. Et je savais que j’avais tout le temps bien travaillé, qu’elle mentait et voulait me faire du mal. La directrice n’a donc pas commencé par la première de la classe, j’arrivais en 4ème position dans la distribution.

J’ai hésité à rentrer à la maison. Je ne savais pas où aller, mais je savais que j’allais mourir ce soir là, de honte, de chagrin, de colère, d’injustice. J’irais me coucher en pensant bien fort à mourir, et je ne reverrais plus jamais Madame Baron parce que la mort parfois venait chercher des enfants innocents. Plus jamais je n’aurais peur du problème du début d’après midi, qu’elle faisait toujours corriger par une autre que moi, même si j’avais réussi. Plus jamais elle ne me ferait peur.

Pleurer, je l’ai enfin fait en rentrant à la maison. Maman a tout de suite vu que j’étais première, en voyant les moyennes affichées et j’ai eu des félicitations qui ont ouvert les vannes, parce que l’on m’avait retiré mon billet d’excellence. Et je hoquetais que ce n’était pas juste, que ce n’était pas vrai, qu’elle avait menti. Il n’y avait que ce que je pouvais raconter, il n’y avait rien d’écrit, aucune trace, sinon dans ma mémoire, et j’entends encore le laïus près de 50 ans plus tard…

Maman n’a rien dit contre Madame Baron, elle m’a embrassée pour mon excellent résultat, et j’ai tout de même compris que si elle ne disait rien, elle n’en pensait pas moins, et était de mon côté. Papa en rentrant, m’a félicitée à son tour, après discussion à voix basse avec maman. Les mots leur manquaient pour la vraie angoisse, pour l’humiliation du billet d’excellence qui m’avait été refusé, et c’était pour moi le plus important… Le soir, en entendant de notre chambre, mes parents parler un peu fort, j’ai bien compris que c’était virulent des deux côtés. J’attendais un miracle : mon billet d’excellence avec des excuses… Il leur a fallu 30 ans pour m’avouer qu’ils avaient eu l’un et l’autre, l’envie d’aller tout simplement flanquer une claque à Madame Baron mais y avaient renoncé pour ne pas empirer ma situation…

Il y a eu un mot sec, écrit par maman, qu’elle m’avait remis pour la maîtresse, précisant qu’elle gardait le carnet, distribué le vendredi, jusqu’au lundi, comme de coutume. Il fallait ramener le carnet signé le samedi matin et c’était l’horreur pour moi, depuis le CP, d’être la seule à le ramener le lundi, car les grands parents voulaient le voir le WE (même s’ils me donnaient ce qu’on appelait « des sous »).

Questions, et réponses, enfin, quand j’ai dit « madame Baron ne m’aime pas ».

Non, madame Baron ne pouvait pas me supporter. Maman l’avait plus ou moins compris avant cet épisode, à certaines de mes révélations « anodines ». Là, il fallait qu’elle m’en parle, je voulais mourir et sauter par la fenêtre depuis l’humiliation de la distribution des carnets. Du 5ème c’était risqué, elle n’a pas voulu laisser faire.

J’avais contre moi, deux concurrentes des plus sévères : Lise B, fille d’une institutrice de ma maternelle, que je me trainais depuis l’année des petits. Les parents de Lise B étaient divorcés ce qui était rare à l’époque, et sa mère mettait un point d’honneur à ce que ses 3 filles soient les premières en tout. Tout le monde la plaignait, cette pauvre femme abandonnée par un salaud, obligée d’élever ses filles toute seule.

Et puis surtout, il y avait Frédérique de Poissy dans ma classe, car bien évidemment il n’avait pas été question qu’elle se retrouve dans la classe de sa mère. Elle aussi, poussée au mieux, par sa mère et la collègue de sa mère qui ne supportait pas de me donner une meilleure note qu’à elle.

Je me souviens toujours de ma haine, quand papa regardant la photo de classe et ignorant tout, avait qualifié Frédérique de Poissy d’un « oh quelle adorable petite chipie celle-là ! ». J’étais quoi moi ?

C’est pour cela que madame Baron ne m’aimait pas. Je l’obligeais à trahir ses collègues en me mettant première, en me donnant de meilleures notes qu’aux filles forcément préférées de ses apparemment amies. Elle jouait même du 0,25/10 pour arriver à ses fins. Elle restait honnête en m’accordant la meilleure note ou en nous mettant à égalité, mais elle décortiquait toujours tout ce que je faisais, à l’affut de la moindre bricole. Et moi j’angoissais pour ne pas laisser passer une bricole. Nous écrivions au porte plume et le soupçon d’un pâté la réjouissait : elle pouvait me réduire ma note de moitié, ce traitement m’étant réservé… Tout était à l’avenant.

Tout le reste du CM1 j’ai été première après la première fois. Je me croyais débarrassée de Madame Baron pour le CM2, mais les effectifs étant insuffisants, elle s’est retrouvée avec une classe double CM1/CM2, avec en CM2 les meilleures de l’année précédente. Dont moi.

J’ai adoré apprendre cette nouvelle, moi qui me réjouissait d’avoir madame X ou madame Y si gentilles. On supprimait une classe (déjà) et maman n’a jamais réussi à convaincre la directrice de me mettre avec madame X plutôt qu’avec madame Baron. A la rentrée quand je l’ai vue arriver je me suis rappelée que Madame Baron ne m’aimait pas, ce qui s’est confirmé pendant tout le CM2.

Sauf que maman, suite à l’histoire du billet d’excellence que l’on ne m’a finalement jamais donné, avait pris la peine d’aller voir la directrice et qu’après cette visite, le comportement de la grosse truie violette s’était légèrement modifié… C’est d’ailleurs pour contrôler madame Baron que la directrice avait persisté à me laisser avec elle, ainsi que les 2 autres. Je ne comprends toujours pas ce raisonnement car le cas de figure n’était pas près de se renouveler…

Pour la fin du CM2, elle m’a juste oubliée pour le spectacle de fin d’année, ainsi qu’une autre qui menaçait aussi la place de ses petites chéries, et surtout m’a retirée de la distribution des prix (ça se faisait à l’époque, c’était grandiose pour ceux qui n’avaient droit à rien).

« Aucun prix pour elle, c’est normal » a-t-elle précisé à Mrs Bibelot une fois de plus indignée. « Elle lit bien TROP comme ça, elle n’a pas besoin d’un livre de plus ».

Un joli livre broché rouge et or, avec le ruban précisant le prix que l’on avait remporté, que l’on pouvait montrer à tout le monde avec fierté… J’en avais eu trois en CP, deux en CE2, et depuis j’étais évincée… Mais j’allais rentrer au collège, non sans angoisse, et j’ai ravalé mes larmes.

Mais bon, Madame Baron ne m’aimait pas… Vraiment pas, et jusqu’au bout il a fallu qu’elle le montre, qu’elle me fasse du mal, et qu’elle m’humilie… Car j’étais seule, exclue du spectacle de fin d’année, à regarder mes copines de classe danser au son des « filles de la Rochelle »…

La vie n’est qu’un long calvaire…

Etonnez-vous qu’un jour j’ai décidé pendant quelques mois, de ne plus rien faire…Pour retrouver ma vraie place, pour oublier cette classe sautée, pour oublier quoi.

Cela m’a permis de rencontrer meilleure amie depuis nos 12 ans.

MERCI MADAME BARON !