Réédition : Les soldats de l'espérance ou : l'histoire du SIDA (ben oui quoi, on en parle en ce moment…)

Si l’on me prête vie, un jour je pourrai dire à mes petits enfants, que je suis née dans un monde où le SIDA n’existait pas. Au siècle dernier, à la fin du millénaire précédent. Que nous étions plein à être nés dans un monde où l’on ne pouvait même pas envisager ce type de fléau. Ne plus l’imaginer…

Je suis née dans un monde où nous avions vaincu (en théorie) la peste, le choléra, la rage, le typhus, la variole… tellement de maladies. Nous ne pouvions pas imaginer qu’il en apparaîtrait des nouvelles. Dont une toute nouvelle qui plomberait nos vies, avec les fièvres hémorragiques africaines dont on n’a que peu parlé à l’époque. C’est via des romans et films que nous avons découvert ces nouveaux fléaux : les fièvres hémorragiques africaines…

Je leur dirai que je suis née dans un monde où l’amour était sans danger de procréation non voulue, dans lequel les maladies vénériennes connues se soignaient sans problème, dans un autre monde que le leur…

Je me souvenais de manière assez floue de cette époque où nous avons entendu parler via les informations, d’un « cancer des gays » attaquant les homosexuels mâle de San Francisco, je me souvenais d’un Bobby Campbell acceptant de servir de cobaye pour tous les tests possibles, je me souvenais en vrac d’informations contradictoires. Je ne me souvenais pas par contre du jour où j’avais entendu prononcer le mot « SIDA » pour la première fois, du moment où nous avons eu la certitude qu’il s’agissait d’un virus. Je me souviens que cela a commencé à être évoqué un peu trop souvent à la TV alors que j’avais déjà Pulchérie, mais que Delphine n’était pas née, car je me souviens de l’appartement dans lequel j’étais en voyant ces informations de plus en plus alarmantes…

Et puis je suis tombée sur cette antique cassette VHS, enregistrée par mes soins sur Canal +, aux alentours de 1994 car le film date de 1993. Un film ayant 15 ans donc : « Les soldats de l’espérance ».

C’est l’histoire pure et simple du SIDA. Le héros est Don Francis, médecin du CDC, qui a assisté à une poussée de fièvre Ebola en Afrique en 1976 et qui a décidé de consacrer sa vie à la lutte contre les virus. Il y a également un médecin français à l’hôpital Claude Bernard qui commence à se poser trop de questions et à être mal vu car soignant « n’importe qui ».

On comprend dès le début, que via archives et recherches, il y a eu des cas très isolés de SIDA dès le début des années 1970. Et puis tout à coup c’est l’hécatombe qui débute dans le milieu homosexuel de San Francisco, via des pneumonies et des cancers de la peau très rares, voire incompréhensibles en l’absence d’autres pathologies. ON recherche le patient 0, ON va le trouver, et ON ne saura jamais comment il a été contaminé…

Dès le début de l’épidémie, le CDC va se heurter à l’insupportable inertie du gouvernement Reagan qui ne voit pas l’utilité de débourser un cent pour faire des recherches sur un mal qui ne frappe que les homosexuels. S’ils pouvaient tous crever…

Mais un grand nombre de personnes luttent, se battent, essayent de savoir, avec de piètres moyens. On ne se souvient pas quelles étaient les interrogations essentielles de la communauté scientifique à l’époque : qui était l’agent responsable de ces morts de plus en plus nombreuses ? Un virus ? Une nouvelle bactérie ? Quoi d’autre ? Tout le monde tâtonnait, avançait en aveugle, pour trouver des causes qui sont pour nous évidentes aujourd’hui.

L’hypothèse d’un virus s’avère la plus évidente, mais le ton du film est le reflet de la réalité « on le croit mais ce n’est pas prouvé« . Il semble que les malades soient aussi porteurs de l’hépatite B, première piste. Il faut des preuves. Si le virus est très contagieux, via l’air, ce serait une catastrophe énorme et mondiale (car les données de l’époque lui donnent 100 % de mortalité), comme la rage ayant muté en rhume ou grippe. Si virus il y a, est-il contagieux uniquement par voie homosexuelle ou tout simplement sexuelle ? Grave question pour les moralisateurs. Parce que si c’est uniquement par voie homosexuelle, c’est un SIGNE. Est-il transmissible aussi par le sang ce qui peut sembler évident ? Au bout de combien de temps devient-il mortel ? Personne hormis le CDC ne veut rien savoir concernant une diffusion hématogène possible. La banque du sang des USA freine des 4 fers. Et c’est ainsi que le CDC après avoir lutté en vain et proposé toujours en vain d’écarter comme donneurs les porteurs de l’hépatite, aura la preuve que, le virus ou autre est transmissible par le sang également, puisque des bébés ayant reçu des transfusions, des opérés, des hémophiles, commencent à avoir les mêmes symptômes que les gays dont certains espéraient l’extinction. C’est l’horreur qui commence…

Et toujours la recherche du virus, d’un virus, et une guerre entre l’institut pasteur qui théoriquement l’a découvert en premier, et le découvreur du premier rétrovirus, le professeur Gallo (rétrovirus qu’il a découvert, dont on ne sait toujours pas ce qu’il provoque comme maladie, les canins étant inexplicablement pour l’instant non atteints par les rétrovirus, alors que la leucose du chat a provoqué bien des euthanasies non justifiées).

Malgré le blocage des administrations, malgré les insupportables réticences de certains, malgré l’homophobie régnante, malgré la connerie humaine, les périodes où les services de secours aux USA et ailleurs, refusaient d’intervenir sur une personne perdant du sang par crainte de contagion, malgré la panique si humaine et ambiante, ce film peut toutefois aider à retrouver espoir en l’humanité.

Il y a ceux qui cherchent et qui se battent pour n’importe qui pourvu qu’il soit un être humain. Il y a la communauté homosexuelle si décriée qui met en place une chaîne de solidarité extraordinaire pour tous ceux qui sont atteints : il y a toujours un garde malade, quelqu’un de présent pour celui qui est atteint. Il y a leurs amis qui se fichent complètement de savoir s’ils sont homos ou non, mais qui ne voient en eux que des malades à sauver. Il y a ces défilés si tristes, mais poignants de chaleur humaine et de sensibilité. Il y a les célébrités qui, pour pousser à la recherche et en aider d’autres, iront avouer ce qui est inavouable pour beaucoup à l’époque (je suis homosexuel, voir Rock Hudson et le héros de psychose), d’autres célébrités qui se montreront avec des malades en les embrassant pour faire bien comprendre qu’ils ne sont pas contagieux comme cela. En dehors de l’américain qui veut le Nobel, il y a ceux qui pour aller jusqu’au bout de leur idéal de médecin et chercheur, iront jusqu’à risquer de voir leur carrière brisée net.

La conclusion logique est tout de même que sans blocage de l’administration, la recherche aurait avancé beaucoup plus rapidement. Que l’homophobie a condamné beaucoup d’humains qui ont été contaminés autrement que par voie « homosexuelle » (et j’espère être claire, sur le plan de l’homosexualité, je n’ai aucun jugement à porter, ce n’est pas mon style, chacun doit vivre sa vie comme il le souhaite) .

Si vous avez l’occasion de le voir, je vous conseille vivement ce film « LES SOLDAT DE L’ESPERANCE ». Il rafraîchira la mémoire à certains (comme moi), et en apprendra beaucoup à ceux qui connaissent le SIDA depuis leur naissance. Car quand le SIDA est apparu, personne n’en connaissait rien, et c’est ce que nous oublions petit à petit. Dans ce film on revit toutes les découvertes majeures, et leur prix… Et pour les plus anciens, nous pouvons nous souvenir de ce que nous avons vécu en découvrant PETIT A PETIT cette maladie

La vidéo c’est la fin du film, au son d’Elton John « the last song », un making off des célébrités ou non, mais premiers morts du SIDA. C’est un rappel de manifestations émouvantes, des premiers à vraiment s’impliquer. Les chiffres donnés à l’époque, sont malheureusement à revoir à la hausse. Je sais que c’est un peu long, mais je pense que cette vidéo vaut la peine d’être vue jusqu’au bout.

Richard Preston disait de l’Ebola (ici) « il s’est retiré soudain dans la forêt d’où il venait, il reviendra« .

Le SIDA n’a pas besoin de revenir. Il est toujours là. Il représente l’amplification la plus forte d’un virus, à notre connaissance, depuis les débuts de l’humanité, car beaucoup pensent que celui qui accompagna l’homo sapiens à ses débuts (voir « l’odyssée de l’espèce »), a été décimé par un virus.. C’était peut-être déjà celui là… Qui peut savoir ?

Et ces certains et d’autres pensent avec terreur que ce n’est peut-être qu’un début. Car ce virus malgré ce que l’on peut croire sans y réfléchir, n’est que peu contagieux. S’il vient à muter pour devenir contagieux aussi par voie respiratoire, s’il peut « s’aérosoliser », ce sera notre fin…

Je souhaite vraiment pouvoir parler à mes petits enfants un jour, de l’apparition du SIDA dans nos vie, en racontant également, comment il en a disparu, parce que l’on a trouvé le traitement, le vaccin miracle…

Si vous êtes du genre à parler de « châtiment de Dieu », ou autre, merci de passer votre chemin… Aux autres, bienvenue !!! (21 septembre 2008 – première édition)…

Aujourd’hui, des spots quotidiens nous rappellent le nombre de morts encore d’actualité, un nombre qui finit par ne plus rien représenter tellement il est énorme, qui n’évoque rien finalement. Alors restons lucides, arrêtons de compter, et voyons la vérité en face. Le SIDA tue toujours et il tuera longtemps… Il est fait pour tuer, et il tuera encore longtemps… Le continent africain restant le plus atteint.

Et un grand merci à notre pape (enfin celui des autres, parce que ce n’est pas le mien) pour avoir soutenu la cause anti-sida, au cours de son dernier voyage (qu’il reste chez lui au Vatican, là où est sa vraie place)…

Je me pose une question tout de même (juste une…) Comment peut-il prétendre que le préservatif aggrave le problème au lieu de l’améliorer ?

Benoit, on t’aimera quand tu seras dans la crypte de la basilique St Pierre… Bien au froid et nous foutant enfin la paix…

J'ai testé le parcours moderne du combattant…

A savoir, tester ce qui s’appelle désormais le « pôle emploi », regroupement tout à fait justifié des Assedics et de l’Anpe, mais qui aurait pu se faire correctement, en se donnant quelques moyens.

Déjà que j’étais fort heureuse de me retrouver à nouveau à devoir vivre sur le dos des autres, et que j’adore mon désormais ex patron de m’avoir mise en congés… Car chacun sait qu’être chômeur c’est le grand panard… Me manquaient le treillis et les rangers, et une arme de poing ou de destruction massive. Le vert kaki me va bien, la mitrailleuse lourde, je n’ai jamais testé, si cela se trouve cela me va comme un gant également…

A chaque fois que je me retrouve confrontée à un service public, je me dis que, si l’on travaillait comme cela dans le privé, il y aurait des millions de chômeurs en plus (sans compter les facteurs déportés vers les colonies, car la poste, c’est  part).

Donc mardi 17 février, je suis officiellement au chômage. Reste à m’inscrire comme telle… A mon avis, vu la poussée du chômage en janvier et février, les autorités ont tout fait pour que les chômeurs supplémentaires, à compter d’une certaine date, ne puissent plus s’inscrire et les anciens, actualiser leur situation. Ca se rattrapera bien sûr, mais cela va permettre de fausser quelque peu les statistiques (qui sont de toutes manières truquées, tout chômeur sait cela).

La dernière fois (en 10 ans), en décembre 2007, je m’étais pointée, pauvre innocente, aux Assedics avec tous mes papiers pour m’entendre dire qu’il me fallait prendre RV par téléphone. Et que NON, on ne pouvait pas me donner au moins le RV alors que j’étais là. Je suis donc passée par l’obligatoire case téléphone pour avoir un RV, et sans le savoir, je mangeais mon pain blanc.

Car là, au chômage à nouveau depuis le 18 février au matin, j’ai eu le choix entre :

  • Un serveur internet affichant avec grossièreté et régularité « serveur surchargé, merci de vous reconnecter dans 15 minutes » (ou lors de créneaux horaires tout aussi surchargés). Même à 2 heures du mat c’était « surchargé », franchement ça gonfle et on se demande de qui on se fiche (les chômeurs), car il n’y a pas 2 millions 300 mille personnes qui se connectent à 2 H du mat, pleines de frissons..
  • Un serveur téléphonique demandant d’appuyer sur étoile, 1, 2, 3, taper le code du chômeur, pour ne jamais identifier le code (nous n’avons pas compris votre code, appuyez sur le bouton !). et revenir au serveur d’accueil après avoir subit pendant un bon moment « une voix amie un conseiller va vous répondre ».
  • Pour agrémenter mes journées, j’ai expérimenté l’un et l’autre, l’un après l’autre, ou le téléphone pendant la connexion internet foirant, pour que nada…
  • Sur un forum il m’a été répondu que si je me déplaçais avec tous mes papiers, je me ferais envoyer bouler, devant prendre RV par téléphone. C’est là que la mitraillette serait bien utile, car pour le moins on serait dégagés des contingences d’une vie bassement matérialiste pour un certain temps, même si l’on n’a tué personne (tentation, tentation…)
  • A noter : faut pas être victime d’une tempête et d’une coupure d’électricité, et/ou de téléphone. Dans ces cas là, point de salut ! Droits perdus, recherches foutues, poil au nez.

Las, lundi 2 mars, j’ai réussi à me connecter avec une non identifiée du pôle emploi, après 4 heures d’attente. Vous avez bien lu : 4 heures d’attente. Pas folle, j’avais prévu clopes, pas de boisson pour ne pas avoir envie d’aller pisser, et DVD à arrêter si jamais on me répondait « allô ? »

Ce qu’une malheureuse a fini par faire en me confessant à voix basse (à quoi bon si elle est sur écoutes ?) que les deux semaines précédentes cela avait été l’horreur sur le plan des inscriptions et actualisations, et le programme révisé pour le pôle emploi merdique pas du tout au point. J’acceptais tout à fait de la croire. Elle a été ravie que je sois contente de l’avoir en ligne, au lieu de se faire engueuler. Du coup elle m’a refilé un RV en fin de matinée pour le lundi suivant, et non pas à 8 H, m’a précisé que j’en avais pour 1 H 30, ex chômeuse ou pas.

Là j’ai commencé à m’énerver. Je veux bien me pointer avec tous les papiers nécessaires, c’est logique, mais me re-farcir le film d’animation racontant les droits et surtout obligations du demandeur d’emploi, j’veux pô. J’ai une réplique toute prête si on m’oriente vers mon ancien cabinet de « consultants ». J’irai jusqu’à la présidence de la république à genoux via le site qui répond toujours, mais je ne remettrai pas les pieds dans ce cabinet de consultants, quitte à être fusillée dans les fossés de Vincennes, pour haute trahison vis à vis des finances de l’état, et qu’est-ce que c’est que cette chômeuse qui refuse de se soumettre à la connerie au plus haut point pour avoir le droit de toucher ses indemnités ? (de merde, mais de toutes manières je n’ai JAMAIS trouvé de travail via l’ANPE ou un quelconque cabinet de « consultants »).

Z’êtes prévenus. Eux pas encore, mais cela ne saurait tarder…

Remettre les pieds chez eux, plutôt mourir, plutôt faire Rambouillet/l’Elysée à genoux (avec la presse de préférence, et plein de copains…). Enfin non : à pied, c’est bien suffisant quand on porte une banderole !

La vie n’est vraiment qu’un long calvaire…

Et la solidarité, on s'asseoit dessus ?

13 janvier 2009. Journée un peu morose au boulot, date anniversaire pour ma collègue d’en face, du jour où elle a enterré son fils ainé qui n’avait eu que 16 années à vivre. Il pleut, il fait moche même si le froid s’éloigne un peu, et la voir se perdre de toute évidence dans ses souvenirs me fait un peu mal.

Il y a des journées comme celles-ci. A 17 H tout bâclé, je pars vers la maison, enfin mon appartement, mon immeuble, mon chez moi douillet pour moi.

La route privée de ma résidence, fait pour moi un U avant que je ne puisse me garer. Un petit rondpoint gère les déplacements et joue les ralentisseurs. J’ai une place privée. Puis, conception de l’immeuble oblige, il y a une marche à monter, puis un petit escalier à descendre pour rejoindre le hall. Cela a permis de mettre des appartements en rez de jardin et de ne pas sacrifier un appartement pour faire hall d’entrée (sauf que bien évidemment l’architecte a fait n’importe quoi en mettant une marche à monter et non pas une de moins à descendre, ne cherchez pas, ce sont les architectes…). Ne vous en foutez pas c’est important : le ralentisseur, et la topographie des lieux…

Donc à peine arrivée à hauteur de ma place pour me garer, je la vois. La vieille dame. Elle est assise sur la petite marche et il est clair pour moi qu’elle est tombée et n’arrive pas à se relever. Je fais ma manoeuvre rapidement : elle ne quitte pas ma voiture des yeux, et en me voyant en descendre, me fait un signe tremblant de la main.

Evidemment, je me dirige vers elle. Sa main droite saigne, elle a du sang plein le visage, elle tremble.

Oui elle est tombée, et n’arrive pas à se relever. 4 voitures sont passées sans s’arrêter dont une qui s’est garée un peu plus loin, de laquelle sont sortis 4 jeunes qui sont rentrés direct dans le hall d’à côté.  Il fait encore jour, on ne peut pas ne pas la voir. Elle a froid, elle a peur, elle ne pourra jamais se relever toute seule. Elle sert étroitement son sac et sa canne.

Aïe, elle pèse plus lourd qu’il n’y paraît. Je n’arriverai jamais à la relever toute seule. Je vais poser mon sac et mon parapluie dans l’entrée et elle crie « ne m’abandonnez pas ». Non je ne l’abandonne pas, je lui ai dit « je reviens ». Arrive un minot rescapé du collège, je le connais bien. Il s’arrête près de la dame et sur un signe de moi, la rassure. Non je ne l’ai pas abandonnée, elle n’est pas abandonnée, il reste à côté d’elle après m’avoir crié que son père n’est pas rentré, d’un air navré.

Des jeunes hommes valides (3 désormais) dans le hall, aucun n’est rentré. Je remonte le petit escalier, et j’essaye en la prenant à bras le corps, aidée du minot qui semble terrifié et affolé. C’est un poids mort qui tremble et là, passe une voiture sans s’arrêter.

Si mes yeux avaient été des pistolets je lui flinguais ses roues et sa carrosserie à ce connard. Il ne va pas me faire croire qu’il n’a pas vu une vieille dame assise sur la petite marche, les fesses dans l’eau, et moi et le minot essayant de la relever ? Si il me le fera croire si je le retrouve et il ne faut pas que je le retrouve, alors que 4 pneus c’est si vite dégonflés…

Et là, elle pleure, elle se voit mourant là de froid et d’injustice. J’épie les fenêtres et qui est chez lui. Miracle, le voisin du dernier étage s’il n’est pas de prime jeunesse, est un homme visiblement encore très bien portant. Je sonne chez lui et le voici qui arrive avec sa femme, tous les deux catastrophés.

Difficile à nous deux de relever la vieille dame et il y a l’escalier à descendre. Le minot toujours un peu pâlot prend la canne et le sac à main, et péniblement nous arrivons à la faire arriver dans le hall. Combien de pas hésitants et tremblants, d’arrêts ? Qu’importe.  A chaque marche c’est la peur de la chute pour elle et nous, l’impression qu’un brancard serait bien utile. Elle pèse combien cette dame ? 45 kg tout mouillé, mais c’est le poids mort. Dans le hall cela s’anime un peu. La femme du voisin est là, qui a averti une autre vieille dame qui a toute sa tête. Faut-il appeler les pompiers ? Non pas à notre avis. Elle s’est juste ouvert la main sur une arête coupante de marbre contre lequel tout le monde vocifère depuis 4 ans, et le sang sur le visage c’est quand elle s’est essuyé les yeux. Quand elle a pleuré.

Ma voisine la connaît bien, et se précipite pour aller prévenir les enfants qui sont proches et dont elle a les coordonnées. Elle a les coordonnées de tout le monde et Je la soupçonne d’avoir les numéros de portables des filles, dieu sait comment. Mais la dame ne peut pas rentrer toute seule chez elle, personne ne l’envisage. Hésitante et toujours tremblante, elle s’accroche à mon bras, et lâche le monsieur, qui s’assure qu’à nous deux cela ira.

Aller jusqu’à l’ascenseur, la faire entrer, récupérer son sac et sa canne. Puis ouvrir chez elle. C’est joli comme tout. Pas mon petit nid douillet, les meubles ce n’est pas trop mon style, mais les 5 pièces dans ma résidence sont terriblement bien conçus.

Je l’aide à déboutonner sa veste de fourrure, elle n’y arrive pas. Elle tremble tellement… Elle est bien mise et coquette et en moi chemine la question « et si ? »

« J’avais mis de la fourrure pour ne pas avoir froid. Je sais que ce n’est pas bien, mais que voulez-vous, cette veste me vient de ma mère…

Passe un temps réellement mort…

« J’ai Parkinson mademoiselle. Normalement je n’ai pas le droit de sortir, ce sont toujours mes enfants qui m’emmènent et m’accompagnent quand je le désire. Mais là, après cette neige et ce froid glacial, j’ai eu envie d’aller en ville toute seule, d’être autonome. J’ai réussi à aller boire une tasse de thé « chez Dorothée », et je suis revenue doucement, j’étais contente »

« Mais j’ai Parkinson mademoiselle. Et on ne sait jamais quand ça reprend. Ma jambe a tremblé comme je voulais monter cette maudite petite marche et je suis tombée. Comme un bébé qui apprend à marcher, sauf qu’un enfant ça se relève tout seul mademoiselle. Et je suis restée là, toute seule, assise, à regarder les voitures passer alors que je leur faisais signe. Quand je vous ai vue vous garer, je n’avais qu’une peur : que vous passiez à côté de moi en faisant semblant de ne pas me voir »

Elle tremblait toujours « de froid » et pleurait à nouveau, contemplant sa main coupée avec étonnement. Elle m’a indiqué comment nous faire une bonne tasse de thé, je l’ai installée dans ce qu’elle m’a indiqué comme étant SON fauteuil et sur ses indications je suis allée chercher une compresse dans la salle de bain pour désinfecter une coupure nette et pas grave. Et une autre pour laver ce sang de ce visage, dont je voulais m’assurer qu’il n’était pas le résultat d’une blessure.

Et puis elle a bu sa bonne tasse de thé avec un plaisir évident, et moi la mienne pour ne pas la désobliger (au jasmin, berk…) en faisant comme tous les Parkinsoniens, en s’aidant de son autre main. Elle a un peu arrêté de trembler et m’a déclaré ne plus avoir froid mais qu’elle avait un châle dans sa chambre à tel endroit, que je suis allée lui chercher. Je n’ai pas voulu le lui mettre, (elle s’est parfaitement débrouillée toute seule) pour ne pas l’humilier d’avantage. Si elle n’avait pas réussi, bien sûr que je l’aurais enveloppée dedans…

J’étais ennuyée de la laisser seule, donc, ne voulais pas la laisser seule, mais apparemment les enfants sont vraiment disponibles pour leur mère. A peine le châle mis, sa fille débarquait, en alarme « maman ! » et s’est confondue en excuses et remerciements à mon égard pour m’offrir une deuxième tasse de thé au jasmin…

Et moi je regardais l’appartement si bien arrangé, cette vieille dame avec toute sa tête et encore une bonne dose d’inconscience, et je me disais enfin : « et si… et si c’était moi ? ».

Oui peut-être qu’un jour ce serait moi, la vieille dame inconsciente, voulant se prouver qu’elle le peut. Et je serais condamnée à rester à terre jusqu’à ce qu’une âme charitable normale s’inquiète de moi ?

Quand je suis redescendue, dieu soit loué, il y avait des gens qui m’attendaient pour me demander des nouvelles. Mais bien sûr, eux, dans leur appartement, devant la TV, ils n’avaient rien pu voir ni entendre et cela je le comprends tout à fait. Ma voisine m’a donné les n° de tel des deux enfants au caz’où et j’ai pu rentrer chez moi, un peu glacée malgré le thé (au jasmin, berk).

Car les autres, ceux qui sont passés sans seulement ralentir, donnant au fil des minutes certainement longues vu le sang qui décorait la dalle de marbre, à cette dame des angoisses à n’en plus finir. Eux ? Qui sont-ils ?

La solidarité on s’asseoit dessus ? Chacun pour soi et dieu pour tous ? Dieu reconnaitra les siens ? Moi d’abord, moi jamais ? Qui est seul au monde ?

Une main tendue, de la gentillesse, de la compassion, savoir être rassurant, demander de l’aide, rester à l’écoute, aider surtout, n’est-ce pas la moindre des choses ? N’avons nous pas appris à nos enfants à se mettre « à la place des autres ? » et même  au travers e des animaux, quand, telle Sophie ils découpaient des mouches ?

Le connard aveugle dans sa BM qui m’est passé sous le nez, alors que le minot faisait signe, qui est-il ?

Comme le dis la chanson des enfoirés « aujourd’hui nos paupières et nos portes sont closes, les autres sont toujours, toujours en over dose ». Une vieille dame assise sur un trottoir, un soir de janvier pluvieux et encore froid, c’est vraiment l’over dose ?

Je suis rentrée chez moi triste pour elle, mais la conscience en paix… En moi s’insinue juste la peur, la vraie. « Et si ? ». J’ai réalisé après qu’elle m’avait tout le temps appelé « mademoiselle ». Pour elle je suis une demoiselle. Que serais-je dans 10 ou 20 ans ?

La mère indigne…

Il était une fois dans un beau pays, deux jeunes filles somme toute assez raisonnables, pas du genre à en faire baver de trop à leur mère un peu débordée. On dira pas de trop, ce n’était pas des anges non plus.

Il était une fois une mère qui avait fait la leçon sur certains sujets à des enfants l’écoutant religieusement, le casque sur les oreilles avec la musique à donf (ces mères quelle plaie !).

Un beau jour une des filles essaya un joint dans une soirée, joint qui ne lui fit aucun effet. Sa mère racontant n’importe quoi, elle essaya une deuxième fois, histoire de faire comme les autres. Bien entendu elle n’en souffla mot à personne sauf à sa soeur.

« Je ne dirai rien » déclara la soeur, « croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer ». Serment pathétique de la jeunesse qui ne sait pas ce que représente une croix de fer (je m’égare, comme d’habitude).

La testeuse commença tout de même à faire des remarques sur ces histoires de drogues dont il fallait se méfier, qui ne font même pas l’effet d’un petit verre alcoolisé. « Moi je ne bois pas d’alcool » déclarait-elle, à la famille pétrifiée et totalement alcoolisée…

Puis, sans savoir qu’il y a joint et joint, elle retomba dedans sans appréhension pour faire comme tout le monde. Là c’était différent. Elle planait un peu, et avait envie de dormir. La vie était belle et sa mère lui avait raconté n’importe quoi pour lui dissimuler l’existence de ce paradis. Le temps passant un peu, elle se sentit un peu nauséeuse, mais un prince charmant vicelard lui assura qu’une bouffée de plus mettrait fin à ce malaise inopportun.

Raccompagnée par deux amies complaisantes, Cendrillon égara une chaussure dans le hall d’entrée de son immeuble, se trompa d’étage et essaya pendant 5 minutes d’ouvrir la porte d’un couple de voisins qui déclenchèrent chez elle une sonnette d’alarme en l’avertissant au travers de la porte, qu’ils appelaient les flics.

Monter un étage c’était difficile. Un éléphant occupait l’ascenseur, et ses jambes ne la portaient plus. Elle monta donc l’étage sur les fesses, et encore, péniblement. Restait à se relever pour ouvrir la porte et la marraine la fée marâtre ou bout de 5 minutes à entendre fourbanser dans sa serrure, se leva de fort mauvaise humeur pour ouvrir à sa progéniture.

La dite progéniture se tenait sur le pallier, légèrement vacillante mais un sourire extatique figé sur ses lèvres. Pupilles dilatées, air un peu hagard, elle avait tout de la jeune fille qui n’est plus très claire.

Avant que la marâtre ait pu émettre la moindre remarque en voyant sa fille tituber dans l’entrée, cette dernière leva un doigt :

-« Tu entends maman ? Ce sont les arbres qui poussent ! Comme c’est bôôô ! ».

Elle se dirigea vers le grand balcon pour mieux entendre les arbres pousser et pourquoi pas chanter l’ode à l’arbre qui pousse, mais renonça, c’était trop loin, au moins 5 mètres, et s’affala dans un des fauteuils en cours de route pour fondre en larmes. Elle ne pouvait pas aller entendre de plus près les arbres pousser et c’était injuste parce qu’un arbre qui pousse c’est bôôô. Le chien vint la renifler et elle redoubla de pleurs parce qu’il avait un champignon sur la truffe et que la marâtre ne l’avait pas remarqué.

La marâtre se taisait, à mi chemin entre l’exaspération et l’amusement, et attendant le moment où les choses risquaient de basculer, ce qui ne manqua pas d’arriver. Dans un hoquet, Cendrillon se dressa subitement et couru sans vaciller vers les toilettes dans lesquels elle se précipita. Elle restitua du taboulé, de la salade de maïs et des tomates dans la cuvette et piailla quand la marâtre tira la chasse d’eau : on ne noie pas des tomates, c’est très vilain.

Assise dans les toilettes elle se remit à pleurer sur l’injustice de la vie et la mort des tomates, puis se sentit à nouveau mal. Et là, la marâtre, car c’en était réellement une, lui apporta une cuvette, et des lingettes à ne pas jeter dans les wc, et laissa Cendrillon en plan se démerder avec son reste de joint.

Cendrillon était seu-le. Sa soeur blottie dans son lit, l’écoutait être malade sans pouvoir bouger un doigt, car l’idée que cela puisse être contagieux la terrifiait depuis qu’elle souffrait d’une phobie de la régurgitation. Sa mère écoutait également de loin en se disant avec sadisme que c’était une bonne leçon et qu’elle n’aurait rien à ajouter.

Puis, Cendrillon se traîna jusqu’à son lit avec la cuvette à portée de main au caz’où qui n’eut pas lieu, et s’endormit au milieu des arbres qui poussent en chantant, entourée de chiens portant un cèpe de bordeaux sur la truffe…

Le dimanche, Cendrillon émergea complètement pâteuse. L’odeur de la brioche grillée, du chocolat chaud et du gigot d’un appartement voisin se mélangeaient en elle, provoquant un rappel cruel du malaise de la veille au soir vers 2 heures du matin. Courageuse mais pas trop téméraire, elle attendit d’entendre la marâtre et la soeur indigne rire dans la salle de bain pour se lever et dériver vers la cuisine où elle se servit un verre d’eau. Puis elle décida d’affronter la marâtre en pratiquant, comme Napoléon, l’attaque comme moyen de défense. Elle ouvrit donc la porte de la salle de bain et lança aux deux personnes présentes, médusées :

-« Tu es contente hein ? Tu as gagné ! Si il y a une chose qui est certaine c’est que les joints c’est plus jamais ! J’espère que tu as compris !« .

Et elle claqua dignement la porte de la salle de bain pour aller finalement se recoucher, abandonnant soeur et mère muettes de saisissement…

Edit du mardi midi : attention, je n’ai jamais prétendu que Cendrillon était une de mes filles. Cette mésaventure est arrivée à une de mes ex-collègues qui en veut toujours à sa mère, 15 ans après…

Merci de voler au secours de ma fille !

Décidément après des appels au peuple (pas encore terminés) pour aller voter pour la mère chez Holàlà (et lui laisser des commentaires, et des messages privés, et des bonnes notes (l’étoile de droite), et gnagnagna), voici un nouvel appel au peuple concernant Pulchérie cette fois ci.

La fille, la mère : c’est l’équipe de fer…

Qui nonobstant les avis maternels, (vous imaginez bien, elle n’allait pas dire « vi maman », sauf en songeant « cause toujours… ») a décidé de se ruiner une cheville en participant à une course en talons. Mais si, vous avez déjà entendu parler de cette épreuve inventée par des kinés, marchands de plâtres et chirurgiens orthopédistes course formidable.

Si j’ai bien compris le concept (courir en talons hauts, rien qu’à l’idée, ma cheville gauche se révolte), je n’ai pas trop compris le règlement (c’est comme pour Holàlà d’ailleurs, et paf, comment que je le replace une deuxième fois…)

Je sais simplement qu’il faut voter pour elle et ses copines. Ce que j’ai fait. Je vous remercie donc de bien vouloir aller jeter un bref regard sur les très jolies chevilles de ma fille (ce sont les siennes sur la photo) et après d’aller voter pour elle. Elle précise bien que l’équipe s’appelle « les dindes », et normalement on arrive directement dessus avec un simple clic. Reste à voter ce qui est aussi simple que sur Holàlà, (youpla) voire même plus : c’est plus clair, on sait quelle note on donne…

Cliquez sur la page de l’équipe des dindes pour aller voter. (Pulchérie, quand tu rectifie ma page, merci de mettre de la couleur….)

Mais si c’est simple…

Et puis ne traînez pas hein, parce que sinon vous allez oublier et que les votes se terminent d’après ce que j’ai compris dans peu de temps (savoir que je n’ai pas compris grand chose, COMME DE COUTUME)

D’ailleurs je profite de ces appels au peuple (qui seront forcément suivi d’effet) pour faire une piqûre de rappel à Delphine :

« Delphine pense à me ramener l’ouvre boîte de ton arrière grand père qui a fait la guerre dans le Sahara et que tu m’as piqué… Je te donnerai le mien en échange… Oui tu sais que le mien est nul parce que c’était celui que tu t’étais acheté, mais l’autre, j’y tiens »

Bon, là, je crois que j’ai tout dit. Pour ce jour…

Ou comment faire d’une pierre trois coups…

J’aimerais être quelqu’un d’autre pour m’applaudir… (Eh oui, j’étais en congés aujourd’hui…)

C'était un jour comme les autres…

C’était un jour comme les autres, une consultation de routine, une de celle que toute femme vit régulièrement.

Il y a eu le moment où la gynéco s’est un peu figée, où son ton a changé, où elle a insisté sur la zone qu’elle palpait, en refusant tout à coup de continuer à parler. Il y a eu ce moment où Jacqueline s’est sentie tomber dans un gouffre, ce moment où son coeur s’est serré pour trop longtemps. Il y a eu l’ordonnance pour la mammographie, les paroles rassurantes qui ne rassuraient pas parce que le ton était déjà pour trop longtemps différent, trop neutre.

Il y a eu l’attente dans l’arrière boutique du radiologue, où elle se sentait transie, glacée de l’intérieur, comme déjà à la morgue, son coeur battant la chamade, un refus absolu planté en elle : le refus de mourir. Pas déjà, pas maintenant ! Un jour peut-être, un jour c’est sûr, mais pas dans trop peu de temps. Trop d’attente pour trop de clichés de contrôles…

Il y a eu la ponction et l’attente des résultats, mais elle savait. Elle savait que ce n’était pas un kyste. Elle a pleuré de n’avoir pas allaité ses enfants puisqu’il paraît que cela protège du cancer du sein. Elle payait d’être une mauvaise mère, la Faculté le lui a laissé entendre, même si nous lui disions que non, et que rien n’est vraiment prouvé.

Il y a eu la boule que l’on retire, sans retirer celles d’angoisses qui coincent la gorge, les enfants trop enthousiastes et optimistes à son chevet. Elle n’avait que les copines Jacqueline, pour en parler vraiment, pour pleurer, pour refuser la pitié, tout en ayant besoin de soutien, besoin que l’on écoute et partage ses angoisses et cette peur qui la faisait téléphoner souvent à 3 H du matin. Il y avait le téléphone qui la reliait à celles qui parfois, jadis, avaient pu lui donner une fausse impression de ne pas l’apprécier et qui maintenant lui tendaient les bras. Elle découvrait Jacqueline, que la solidarité féminine existe, et cela lui réchauffait le coeur, terrassait parfois sa peur.

Il y a eu les rayons pour l’aider à terrasser la bête qui se nourrissait de sa vie. Elle ne voulait pas arrêter de travailler Jacqueline, parce que son travail c’était aussi sa vie. Elle s’y rendait après ses séances pour entendre, muette et épuisée, son patron se plaindre de son rhume… Avec tout un personnel horrifié par le comportement de l’avocat tordu, devant et derrière elle pour lui ordonner de s’arrêter et de se reposer. Mais elle ne voulait pas se reposer pour trop penser au moment où elle deviendrait poussières.

Elle a pleuré Jacqueline, trop pleuré peut-être, sachant que le véritable espoir était bien loin dans le temps. Pas envie de mourir, pas envie de vieillir pour savoir si elle vivrait ou non, tout en sachant qu’un jour qu’elle voulait le plus lointain possible, la mort aurait gain de cause.

Elle a écrit son journal Jacqueline et commencé à aider les femmes comme elles, souffrant dans leur féminité de cette tumeur injuste.

Et puis le temps a passé. 10 ans déjà !!!! Les examens étaient bons. Toujours bons, toujours négatifs pour le mauvais, toujours parfaits quoi. Et il y a eu le jour où le cancérologue lui a dit qu’elle était considérée comme guérie, définitivement guérie de cette fois là. Parce qu’il peut toujours en venir un autre, un crabe… Ailleurs, on ne sait pas pourquoi…

Il y a eu le vendredi 17 octobre 2008 où elle a entendu le mot « guérie madame ! n’ayez plus aucune inquiétude ! » « maintenant je vous revois dans 2 ans, juste pour la tranquillité d’esprit »

Il y avait toutes ces années où elle ne pouvait s’empêcher de se palper les seins, de guetter le moindre symptôme qui pouvait être le signe que le crabe n’était pas mort, oubliant qu’il métastase généralement ailleurs. Il y avait un pan de sa vie qui n’avait été qu’attente, et enfin, au bout du chemin, le résultat trop espéré.

Elle était tellement heureuse Jacqueline, qu’elle a envoyé un texto à ses enfants « enfin guérie, je suis trop heureuse et je vous aime trop ». C’était le restaurant pour le samedi 18 octobre 2008, avec champagne à volonté et taxi pour ramener tout le monde. C’était le premier jour vraiment heureux depuis trop longtemps.

Et puis c’était un jour comme les autres pour tout le monde. Elle est sortie de l’hôpital en lévitant, tellement elle était heureuse, pour rejoindre sa voiture. C’est ce que l’on imagine vu le texto… Il faisait beau, même si un peu froid ce vendredi, et elle était guérie. Même si le déluge avait été là, elle l’aurait trouvé magnifique. Il était 15 H 35.

Elle n’a pas vu le bus Jacqueline… Le conducteur l’a vue trop tard, elle s’est quasi jetée sous ses roues. Et la camarde qui l’attendait depuis si longtemps devait ricaner derrière un peuplier quand le SAMU est arrivé trop tard. Dès le choc, il était trop tard. Et, des médecins sortis sur l’alerte, celui qui pleurait le plus, était paraît-il son cancérologue… On peut le comprendre. Avoir annoncé sa guérison à une patiente, dans cette spécialité là, et la voir mourir bêtement 10 minutes après dans un accident de la route, c’est à se pendre…

Quand j’ai reçu le mail en rentrant d’une bonne soirée passée avec Louisianne, j’ai été pétrifiée. La joie et le bonheur sont autant assassins que le malheur. Jacqueline, tu avais prévu les amies à prévenir avec une liste mail, mais pas pour cette nouvelle là…

Prenez donc garde à vous. Sur un coup de joie, n’oubliez pas de regarder en traversant, de conduire normalement, que la vie ne vous est pas assurée à jamais même si fatalement elle se terminera un jour.

Adieu mon amie. Nous sommes 10 ce soir, pour qui tes enfants ont pris la peine de donner de mauvaises nouvelles, mais nous savons que cela leur a fait quelque part un peu de bien…. Nous découvrons en même temps que ton départ à quel point nous comptions pour toi. Et demain ils en auront l’assurance et le réconfort.

Décidément c’est la période où je vous régale vraiment de posts les plus gais possibles…

Les parents chiants…

Etre assistante maternelle n’est pas forcément une sinécure. Sauf que comme elle est « chez elle », beaucoup n’imaginent pas que c’est un travail à plein temps. Parfois plus d’ailleurs, parce qu’il faut avoir de bons nerfs pour supporter certains parents.

Il y a celui sur lequel on ne s’étend pas : qui dépose son enfant à l’heure le matin, en donnant juste un ou deux renseignements pouvant être intéressants, le récupère le soir, toujours à l’heure, en 4 minutes, vient le récupérer s’il tombe malade, et n’est pas trop intransigeant sur les méthodes éducatives de la « tatie » qui ne supporte pas d’être mordue. Quand il y a un RTT de pris par le père ou la mère, ils sont trop contents de s’occuper eux-mêmes de leur enfant, et préviennent à l’avance. Ca c’est l’idéal absolu dans un monde non idéal.

Mais ça se gâte souvent :

  • Il y a le mari qui trompe sa femme et qui dépose donc l’enfant avec 1 H 1/2 d’avance, sans prévenir. Quand l’horaire prévu est 10 H – 19 H et que l’on a prévu de commencer sa matinée tranquillement en allant faire ses courses, il est toujours sympa de le voir arriver si tôt.
  • Il y a le mari qui trompe sa femme et qui récupère donc l’enfant avec 1 H 1/2 de retard, sans prévenir. Injoignable sur son portable évidemment, et c’est le jour où la « tatie » a RV chez le médecin pour les rappels de vaccin de ses enfants à elle.
  • Il y a le père qui vient récupérer son môme, s’avachit dans le canapé, très décontracté, en donnant plus que nettement l’impression qu’il n’attend qu’une chose : qu’on lui propose un apéritif.
  • Il y a la mère qui doit travailler toute seule dans un bureau sans voir personne de la journée, et qui n’a qu’une envie : tailler une bavette avec « tatie », quand elle vient récupérer sa fille. Moralité elle s’incruste pendant 1/2 H sans s’imaginer que « tatie » a une deuxième journée après le départ des enfants qu’elle garde.
  • Il y a la mère qui en 3 ans de temps, ne manquera jamais 1 H de boulot. Quant le gosse est malade, qu’on l’avertit qu’il a 39, elle ne viendra pas plus tôt et le déposera le lendemain matin avec l’ordonnance et les médocs. A la nounou de jongler pour aller chercher ses enfants à l’école, avec un « petit » 40° pendant 3 jours. Le jour où cette mère met son gamin à l’école, elle est scandalisée d’être appelée pour venir chercher son gosse malade, tout de suite, immédiatement, sans délai, car l’école n’est pas une infirmerie (chez la nounou non plus)
  • Il y a ceux qui, quoique prenant un RTT de temps à autre, laisseront tout de même l’enfant à l’ass-mat, même s’ils n’ont qu’à se faire bronzer dans le jardin et pas l’excuse d’avoir la cuisine à repeindre. Ce sont généralement les mêmes qui fourguent leur môme aux grands parents quand ils partent en vacances, on se demande pourquoi ils ont fait des gosses (ou un, après on espère qu’ils s’arrêteront là).
  • Il y a l’angoissée végétarienne qui espère et le répète matin et soir, chaque jour que dieu fait, que la nourrice forcément indigne à un moment ou à un autre, ne lui a pas refilé un peu de jambon.
  • Il y a les adeptes de l’éducation très permissive. On ne doit dire « non » à leur gosse sous aucun prétexte et le laisser s’épanouir en pourrissant la vie des autres. C’est facile à éduquer ça (et on craque toujours).
  • Il y a ceux qui pour avoir la paix plus tôt le soir, demandent à la nourrice de zapper au maximum la sieste du chiard. 1) c’est le moment où elle peut souffler un peu, 2) les enfants ont besoin de sieste, 3) quand on essaye de zapper la sieste on se trimballe un môme infernal tout l’après midi.
  • Il y a ceux qui vous déposent un enfant avec une gastro très contagieuse, sans prévenir, et surtout sans linge de rechange.
  • Il y a le père qui en déposant l’enfant le matin, laisse entendre à la nourrice qu’elle peut le recoucher tout de suite, parce que n’est-ce pas, bien sûr…
  • Il y a le et la maniaque qui en première demande exigent que « tatie » porte des manches longues et pantalons pour qu’il n’y ait pas de contact peau/peau entre elle et l’enfant (authentique). Qui grimacent quand l’enfant s’est amusé un peu dans la pelouse parce qu’il y a une tache de vert sur la salopette en jean. Qui déposent un ballot de linge pour que l’enfant soit changé toutes les heures. Qui ne comprennent pas qu’un enfant ne se garde pas dans sa chaise haute pour rester aseptisé…

Après des années d’expérience, on doit voir les parents d’un autre oeil…

Soyez positifs qu'ils disaient…

  • J’ai vu des dauphins torturés, crier pour échapper à la mort et peut-être demander pitié
  • J’ai vu des enfants au ventre gonflé et aux membres squelettiques attendre tristement la mort
  • J’ai vu des loups chassés faire front à un hélicoptère avec courage, autant de courage que le tireur dans l’hélico…
  • J’ai vu des images tellement atroces sur tous les camps de la mort et les génocides qu’elles m’en donnent toujours des nausées
  • J’ai vu des tigres et des panthères traqués pour leur fourrure, se battre jusqu’au bout pour sauver leur vie, et des chiens écorchés vifs dans certains pays pour que leur chair soit meilleure
  • J’ai lu des témoignages de guerre tellement prenants que j’ai refermé les livres pour un bon moment, et songé devant le mémorial de Verdun, en regardant tous ces cranes dans une tour, qui avaient été des hommes aimant la vie
  • J’ai vu un tas d’animaux euthanasiés par la SPA qui attendaient de partir vers un crématoire fait pour eux
  • J’ai lu des crimes, des tortures, la folie des hommes un peu trop souvent, et rien ne va en s’arrangeant
  • J’ai croisé le regard d’un animal abandonné, attendant de comprendre pourquoi
  • J’ai trop lu de ces enfants torturés, de ces filles violées par leur père, de ces horreurs que l’on ne comprend pas
  • J’ai vu des chevaux dont on avait crevé l’oeil pour qu’ils aillent bien à l’abattoir
  • J’ai vu la souffrance et le désespoir que la médecine se refusait à traiter vraiment pour éviter l’accoutumance à anxyolitique et morphine, chez une personne de 90 ans
  • J’ai vu le regard horrifié de l’animal à l’abattoir qui comprend, qui sent, qui sait, qui a peur
  • J’ai vu des reportages qui font que l’on se demande si l’on peut continuer à regarder la télévision
  • J’ai vu un homme battre en riant un cochon qui refusait de se laisser embarquer dans le camion qui l’emmenait vers la mort
  • J’ai entendu un orphelin africain dire « je suis trop grand pour être adopté » des larmes plein les yeux, et j’ai éteint le poste, parce que moi, je ne pouvais pas assumer un enfant de plus.
  • J’ai vu une éléphante abattue pour 2 défenses, et son petit essayant de la réanimer, le reste de la troupe avec
  • J’ai trop lu l’histoire, ses tortures, ses bûchers, ses guerres, ses horreurs quasi ordinaires qui font honneur à l’imagination humaine.
  • J’ai trop vu les résultats de ces catastrophes naturelles, ces tsunamis, ces tremblements de terre, ces éruptions volcaniques, et leurs victimes innocentes, en me demandant si peut-être la terre ne se vengeait pas de ses seuls vrais méchants enfants.
  • J’ai vu des hommes couper les ailerons des requins avant de les rejeter vivants à la mer

C’est stupide, c’est idiot, ce n’est pas logique, c’est ce reportage qui a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. J’ai fait un bilan bref de l’inhumanité de l’humanité. J’ai bien été obligée d’admettre que la cruauté humaine est sans limite. Je me suis demandé comment on pouvait. Je me suis demandé comment un être soi-disant évolué, à tel point qu’il prend généralement soin de ses morts à sa façon, qui croit généralement en un être supérieur, pouvait se prétendre humain en agissant dans beaucoup de circonstances, comme il agit.

Mais il paraît qu’il faut positiver… Alors positivons.

Pourquoi aujourd’hui ? Parce que nous célébrons la fête de la liberté, de la république, de la laïcité, parce que nous célébrons paraît-il, le jour où le peuple a décidé qu’il était temps de changer, et pour un monde meilleur.

De quelle liberté bénéficions nous dans un monde vraiment meilleur ? De celle d’être le plus nuisible des animaux ? Il paraît que NOUS, nous avons une âme. C’est peut-être cela qui fait toute la différence…

La gestion d'un blog…

Ce doit être l’époque, ou la saison, allez savoir : Manou a rouspété il y a quelques temps contre les histoires de commentaires, moi je m’en vais rouspéter contre les commentaires désobligeants, que l’on dissimule à la blogosphère (enfin une toute petite partie de la blogosphère) en écrivant directement à l’auteur pour l’incendier.

Car voyez-vous, elle tombe de l’armoire dans la mesure où je vais bientôt avoir 2 ans, mais il paraît que « gentille » et « sorcière » sont ses domaines de prédilection, d’ailleurs elle a fait un article à ce sujet pour réhabiliter la sorcellerie. Je suis d’ailleurs invitée à suivre le lien qu’elle me met pour me prouver que… Elle peut se brosser jusqu’à faire crever ses bulbes (de poils, c’est un service que je lui rends, je le sais, je suis trop gentille).

De plus, tenez-vous bien :

  • Je parle de mes filles : elle aussi.
  • Je parle de la vie en général : elle aussi
  • Je parle des parents, des souvenirs : elle aussi
  • Elle a évoqué la grossesse et les accouchements : comme par hasard moi aussi
  • Quand je viens de parler de sacs à main : scandale, il y a 6 mois elle a fait la même chose

Je vous épargne la liste complète, donc j’en passe, bien sûr.

Faut vachement faire gaffe quand on tient un blog, parce qu’il y a plein de noms qui sont en fait des chasses gardées, genre un(e) autre que vous, est passé par la société des auteurs pour protéger les termes :

  • Filles
  • Vie
  • Parents
  • Histoire
  • Grossesse
  • Accouchements
  • Sacs à main
  • Poils
  • Cheveux et shampoings
  • Crème hydratante

Et j’en passe bien sûr

On peut supposer naturellement qu’elle règne également sur le domaine des points noirs et des pustules, des cors au pied et de la peste bubonique (la peste pulmonaire elle ne sait même pas ce que c’est).

Son mari quant à lui a déposé (soyons fous !) en exclusivité les domaines suivants :

  • Bricolage
  • Perçeuse
  • Clous rouillés
  • Tétanos
  • Durite
  • Joint de culasse
  • Cyclisme

Et j’en passe bien sûr

Il devient dur de faire un article, parce qu’avec le nombre de blogs féminins qui existent, il doit y avoir pas mal de cadavres sacs à main au hasard, dans les placards (j’en passe bien sûr).

Nous sommes tous priés bien évidemment, de lire tous les blogs francophones avant d’éditer un article. Pour constater avec consternation que tout le monde a eu la même idée le même jour rapport à une actualité politique, de mode, de santé, ou de beauté (noms déposés). Pour constater avec toujours consternation qu’on a loupé une semaine de boulot sans dormir et sans manger…

Je rejoins Pulchérie qui avait fait en son temps un article sur le thème « j’ai un blog môa ».

Il faudrait peut-être arrêter de « se la pêter » en s’imaginant que l’on est le nombril de la blogosphère que forcément tout le monde vient voir (ce que les statistiques peuvent formellement démentir) pour mieux plagier.

Qui était-ce ? Vous ne voulez pas que je lui fasse de la pub en plus ?

Décrypter les petites annonces…

EndoraQuand comme moi on consulte les petites annonces tous les jours (Waterloo morne plaine…), que l’on se renseigne surtout, on apprend à décrypter les dites petites annonces et à voir où sont les pièges.

  • Bonne gestion du stress nécessaire : vous allez bosser avec une bande d’emmerdeurs eux-mêmes stressés, dont vous deviendrez le puching ball, tout en gardant le sourire, nécessaire à la bonne cohésion de l’équipe. Je le sais j’ai donné chez Truchon sur la petite annonce duquel il y avait la même requête.

  • Savoir gérer les plannings est essentiel : les techniciens se bouffent le nez pour ne pas aller chez Trucmuche et vous allez devoir vous en mettre un à dos régulièrement, parce qu’il faut assurer l’après vente même chez Trucmuche.

  • Bonne orthaugraphe exigée : ça paraît effectivement nécessaire, sauf que le type corrigé, ne comprendra jamais que vous avez passé 4 heures sur 120 pages et trouvé 499 fautes. Il croit que vous avez glandé devant Internet.

  • Horaires : 39 heures sans récupération ou heures supplémentaires (pour un salaire de misère) : c’est un négrier, courage fuyez.

  • Vous aurez à gérer les notes de frais : avec une comptable sadique qui refuse de rembourser une bière un soir à l’hôtel. Vous ferez donc le tampon entre la comptable sadique et les techniciens, ingénieurs ou autres, qui la détestent de leur refuser une Kro quand ils sont en déplacement toute la semaine. L’ambiance se dessine déjà

  • Ambiance conviviale, voire familiale :  en famille on peut bosser 12 heures par jour. Et on ne s’engueule jamais plus qu’en famille dans certains cas…

  • Grande disponibilité exigée : faudra de temps à autre y aller le WE (toujours pour un salaire de misère), rester le soir jusqu’à 22 heures ou pointer à 6 H 30.

  • Petit standard à gérer : 200 appels par jour à filtrer, répartir, noter : vous aurez une crampe de l’écrivain à force de rédiger des post-it, et frôlerez l’otite purulente parce qu’on vous aura hurlé dessus via téléphone toute la journée.

  • Forte possibilités d’évolution : vous commencerez par faire juste du standard et de la frappe, puis vous ferez 8 heures de dactylo-magnéto par jour, puis vous vous mettrez au technique, puis vous vous mettrez à la sécurité, avec une augmentation de 15 euros par an. Enfin, un an sur deux…

C’est marrant, je viens de retrouver la petite annonce de Truchon datant de septembre 1998… Vous allez me dire que je suis timbrée, mais je l’ai scannée et je la lui ai envoyée avec commentaires…

Heu non, ce n’est pas marrant, la vie n’est qu’un long calvaire.